Coton durable : accroître le potentiel

La culture du coton offre aussi un potentiel en termes d’atténuation des effets du changement climatique, selon un rapport de l’Institut international pour le développement  durable (IISD).

Le coton est plus bénéfique à la lutte contre le changement climatique que la plupart des fibres synthétiques utilisées dans le secteur textile, émettant un tiers de GES (Gaz à effet de serre) de moins par kilogramme de fibres produites. En 2019, quelque 2,5 millions d’agriculteurs ont produit au total entre 6,24 Mt et 6,46 Mt de coton fibre conforme NVD, d’une valeur à la plantation autour de 3 à 5 milliards de dollars, soit une hausse de 0,44 million de tonnes à 0,49 million de tonnes par rapport à l’année précédente.

Avec une croissance  importante, le coton conforme NVD représente maintenant 25 à 26% de la production mondiale totale. Selon l’IISD, en 2019, environ 92% du coton conforme NVD provenait d’Asie – Inde, Chine et Turquie –, l’Inde arrivant en tête avec une production de 349 786 tonnes. L’Afrique représente environ 4% de la production  (Tanzanie, Ouganda et Bénin). L’étude montre aussi que l’Inde, la Chine, les États Unis, l’Ouzbékistan et le Brésil offrent des NVD qui présentent le plus de potentiel d’expansion compte tenu de la taille de leur production cotonnière de type conventionnel.

Le Burkina Faso, le Mali, le Soudan, le Tchad, et l’Éthiopie peuvent, selon l’étude, favoriser le développement durable grâce aux exigences sur les producteurs pour adopter des pratiques de culture plus durables, eu égard à leur part dans la production mondiale de coton, l’application encore limitée de NVD et leur place dans l’Indice de développement humain.

Accord pour la paix : le président algérien reçoit les représentants des groupes armés signataires

Le Président algérien Abdelmadjid Tebboune, a reçu dimanche à Alger les chefs et les représentants des groupes armés signataires de l’accord pour la Paix dont l’Algérie est garante et qui patine depuis plusieurs années.

L’audience s’est déroulée au siège de la Présidence de la République en présence du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, M. Ramtane Lamamra et du directeur de Cabinet à la Présidence de la République, M. Abdelaziz Khellaf. Se félicitant du rôle que joue l’Algérie dans « la résolution des problèmes au Mali », le porte-parole de la délégation a indiqué que la rencontre avait permis de souligner l’engagement ferme de l’Algérie en faveur d’une « nouvelle dynamique de paix dans la région ». La CMA dans un communiqué a dit avoir évoqué ses attentes et ses priorités, et élaboré «des pistes de solutions pouvant aider à sortir de l’impasse et du statu quo actuel». Fin décembre 2022, les groupes armés signataires ont suspendu leurs participation au processus de mise en œuvre et de suivi de l’accord. Ils réclament entre autres la tenue d’une réunion en terrain neutre pour statuer sur l’avenir de l’accord. Les autorités de la transition rejettent l’idée d’une réunion hors du Mali.

Mali – Burkina – Guinée : Une fédération est-elle possible ?

Les liens de coopération entre le Mali, le Burkina Faso et la Guinée se sont renforcés ces derniers mois. Cela peut-il aboutir à une fédération? L’idée tient à cœur au Premier ministre du Burkina Faso et elle pourrait faire son chemin d’ici la fin des transitions dans les trois pays, qui en poseraient les jalons.

Le sujet et ses différents aspects de mise en œuvre ne sont  pas encore véritablement en discussions formelles entre les plus hauts dirigeants des trois pays. Mais le Premier ministre burkinabé, Apollinaire Kyelem de Tembela, a fait de l’idée de fédéralisme (entre d’abord le Mali et le Burkina puis la Guinée, qui les rejoindra) un rêve à concrétiser.

Il en a émis l’idée pour la première fois lors de sa visite à Bamako, le 1er février, devant ses compatriotes à l’ambassade du Burkina Faso. Selon lui, si cette fédération venait à se créer, elle pourrait être une puissance sur le plan économique vu les potentialités dont regorgent les différentes pays.

Le Chef du gouvernement burkinabé a réitéré son souhait en marge de la rencontre tripartite entre les ministres des Affaires étrangères des trois pays à Ouagadougou, le 9 février 2023, dans le « cadre des consultations politiques sur des sujets d’intérêt commun ».

« Si nous nous retrouvons, c’est pour essayer de mettre en commun ce qui nous réunit, de mettre de côté ce qui pourrait nous diviser. Nous devons jeter les bases qui vont permettre de réaliser ce rêve », a-t-il insisté, soutenant que la transition que traversent les trois pays n’était pas le fruit  d’un hasard, mais plutôt le « résultat de la lutte de chaque peuple, qui a refusé une certaine dictature ».

Fédération « enviable »

Les trois pays réunis disposeraient d’importants atouts dans la sous-région ouest africaine. Sur le plan économique, cette fédération constituerait un marché économique global dans un espace de plus de 57 millions d’habitants, soit un peu moins de la moitié de l’espace UEMOA (137 millions d’habitants).

Pour Siaka Coulibaly, consultant et chercheur indépendant burkinabé, ce marché permettrait de rendre viable un projet de monnaie commune. Les échanges commerciaux pourraient également s’intensifier et se fluidifier entre les différentes grandes villes des trois pays. Le premier acte concret de cette future fédération pourrait être la réalisation prochaine d’un chemin de fer reliant les trois capitales, Ouagadougou, Bamako et Conakry pour « permettre de mener une politique d’intégration ».

Selon les explications du Premier ministre burkinabé, la fédération des trois pays ne sera pas synonyme d’unicité ou d’uniformisation, mais plutôt une gestion d’ensemble des aspects de la souveraineté. Chaque État garderait ses principes clés, liés à ses réalités socioculturelles.

Conditions réunies ?

Siaka Coulibaly estime que les conditions sociopolitiques et économiques existent bien pour une « fédération heureuse » entre la Guinée, le Mali et le Burkina Faso. « Les peuples sont favorables globalement à cela, en particulier les jeunes, sous la poussée du panafricanisme et du kémitisme. Ils constituent 80% des populations des trois pays et pèseront de tout leur poids pour un projet de fédération », avance cet analyste politique.

En revanche, Birahim Soumaré, analyste en stratégie internationale, considère que cette idée de fédération constitue plus « une tactique vis-à-vis de la Cedeao » à un moment où les trois pays sont sanctionnés par la Cedeao et l’Union Africaine et que ces deux organisations continuent de presser par rapport à l’évolution du processus de sortie des transitions.

« Cette fédération leur servira de contre-organisation et rappellera, au sein de la Cedeao et peut-être de l’UA, la possibilité pour certains États de s’organiser entre eux  de façon souveraine, en dehors du cadre des organisations existantes », analyse-t-il, même si, pour lui, cela répond aussi au « désir de fond du panafricanisme, qui tente de se réveiller et de se réaffirmer sur la scène sous-régionale et continentale ».

À ce stade du projet, les fondamentaux ne sont pas encore définis et le processus, qui  risque, selon M. Soumaré, d’être plus long qu’on ne le croit, doit continuer de mûrir  durant les transitions dans les trois pays. Même son de cloche chez Siaka Coulibaly, qui pense que les transitions sont le meilleur moment pour une tentative de fédération, « car les procédures peuvent être simplifiées et les consultations populaires pourront être plus transparentes ». « Le projet, cependant, devrait être mûrement réfléchi afin de survivre aux transitions et de prendre corps dans les institutions qui viendront après elles », préconise-il.

Interdiction de la Chicha : L’OCS décide de sévir

 

C’est ce 15 février qu’arrivent à termes, les six moins accordés par l’arrêté interministériel interdisant la chicha au Mali. Assurant le leadership dans la mise en œuvre de la mesure, l’Office central des stupéfiants a décidé dès ce jour d’entamer les actions pour faire appliquer la mesure.

 

Le 15 août 2022, un arrêté interministériel du gouvernement interdisait l’importation, la distribution, la vente ainsi que l’usage de la chicha sur toute l’étendue du territoire malien. Un délai de six mois avait été donné afin que les usagers et les distributeurs se conforment à cette décision. Ce mercredi 15 février, ce délai est arrivé à terme et l’Office Central des stupéfiants est à l’œuvre pour faire appliquer l’interdiction. Des matériels ont été saisis et plusieurs personnes ont déjà été interpellées, à l’issue de la première opération menée dans la nuit de ce 14 au 15 février 2023 par l’antenne de la rive droite au niveau des quelques quartiers dont elle a la charge.

La décision d’interdire la chicha avait en effet été prise à la suite de plusieurs investigations et des certificats d’analyses du Laboratoire national de la santé.

Aux dires du chef des opérations, cette opération n’est que le début et d’autres sont à prévoir. Les matériels saisis seront détruits et les dizaines de personnes interpellées comparaîtront devant le procureur et pourrait encourir une peine d’emprisonnement d’un à dix jours ainsi que le paiement d’amendes allant de 300 F à 18 000 F CFA.

Mali : Les ex-rebelles fusionnent

Des observateurs redoutent que ce nouveau développement ne complique davantage le processus de paix actuellement au point mort.Les différentes composantes de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) ont décidé de fonctionner sous une seule bannière, le mercredi 8 février. C’était au cours d’une cérémonie qui s’est déroulée dans un stade plein à craquer à Kidal, une localité du nord malien qu’ils contrôlent depuis près d’une décennie.

Depuis 2019, au cours de différentes assises qu’ils ont tenues, les ex-rebelles de la CMA n’ont cessé d’exprimer la volonté de fusionner leurs mouvements armés en une seule entité politico-militaire. La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) – l’une des trois parties signataires de l’Accord de paix en 2015 – avait trois principales composantes en son sein. Il s’agit du Mouvement National pour la Salut de l’Azawad (MNLA), du Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad (HCUA) et du Mouvement Arabe de l’Azawade (MAA). La déclaration de fusion a été signée par les secrétaires généraux des trois mouvements armés respectifs, Bilal Ag Acherif, Alghabass Ag Intalla et Ibrahim Ould Handa.

En posant cet acte, ces responsables admettent la disparition de leurs mouvements armés au profit d’une seule entité politico-militaire. Pour le moment, aucun nom n’a été donné à celle-ci et les emblèmes de son nouveau drapeau n’ont pas encore été dévoilés. Il reste également à déterminer le nom de celui qui aura en charge de prendre la tête de l’aile politique et militaire de cette nouvelle structure ainsi que la durée de son mandat.

Avant cette fusion, les composantes de la CMA avaient leur propre autonomie de gestion et de prise de décision sur tous les plans. Elles étaient surtout organisées en un regroupement disposant d’un bureau exécutif dont le président est nommé pour un mandat de six mois non renouvelable ainsi qu’un chef d’état-major qui est censé faire un an.

Le président en exercice présidence de cette coordination était le secrétaire général du HCUA, Alghabass Ag Intalla. Ce dernier a récemment nommé un nouveau chef d’état-major en la personne du colonel Hamad Rhissa Ag Mohamed qui avait comme adjoint Alhousseini Ag Ahmedou. Ces personnes resteront en place jusqu’à la mise en place des organes de cette nouvelle entité politico-militaire prévue au cours d’un congrès dont l’organisation est annoncée pour bientôt.

Les initiateurs ont également adressé une invitation aux mouvements armés membres d’autres regroupements impliqués dans le processus tels que la Plateforme et l’Inclusivité afin qu’ils adhèrent à leur projet.

L’Accord d’Alger en sursis ?

Des observateurs redoutent que ce nouveau développement ne complique davantage le processus de paix actuellement au point mort à cause de la décision prise en décembre dernier par les ex-rebelles de suspendre leur participation aux différents mécanismes de mise en œuvre de l’Accord. Ils ont conditionné la levée de cette suspension à la tenue d’ « une réunion d’urgence » sur « un terrain neutre » avec la Médiation internationale dont le chef de file est l’Algérie pour faire une évaluation de l’Accord signé en 2015 dont l’application se fait en dent de scie.

La Médiation internationale a accepté cette initiative tout en voulant l’élargir aux autres parties signataires de l’Accord comme la Plateforme du 14 juin 2014 et les autorités maliennes. Ces dernières à travers le chef de l’Etat, le Colonel Assimi Goïta a refusé de participer à une quelconque réunion autour de l’Accord de paix en dehors du Mali. Avec cette situation, nombreux sont ceux qui craignent une reprise imminente des hostilités entre parties signataires de l’Accord de paix dans la mesure où chaque camp ne fait que renforcer ses positions militaires sur le terrain.

Accord pour la paix : sur un fil

Confrontée à des difficultés de mise en œuvre depuis sa signature en 2015, l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger n’a jamais autant frôlé la rupture. Alors que le début de la Transition, en août 2020, avait suscité un espoir de relance chez différentes parties signataires, le processus de paix est à nouveau bloqué depuis décembre dernier. La médiation internationale s’active pour le relancer, mais l’avenir de l’Accord semble de plus en plus incertain.

Le désaccord persiste entre le gouvernement de transition et les mouvements armés signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Alors que ceux-ci (Coordination des mouvements de l’Azawad, Plateforme du 14 juin d’Alger et Mouvements de l’Inclusivité), réunis au sein du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD), demandent la tenue d’une réunion en terrain neutre pour discuter de la viabilité de l’Accord, la partie gouvernementale rejette toute rencontre en dehors du Mali.

Les mouvements du CSP-PSD ont d’ailleurs décidé le 21 décembre 2022 de suspendre leur participation aux mécanismes de suivi et de mise en œuvre de l’Accord jusqu’à la tenue de cette réunion avec la médiation internationale. En cause, « l’absence persistante de volonté politique des autorités de transition à appliquer l’Accord pour la Paix et la réconciliation au Mali issu du Processus d’ Alger et l’inertie de celles-ci face aux défis sécuritaires ayant occasionné des centaines de morts et de déplacés dans les régions de Ménaka, Gao et de Tombouctou ».

À Kidal, Bamako indexé

Saisie début décembre pour l’organisation de la réunion en terrain neutre, la médiation internationale, accompagnée d’une délégation d’ambassadeurs d’États membres du Conseil de sécurité de l’ONU et du Comité de suivi de l’Accord pour la paix, s’est rendue le 1er février à Kidal pour échanger avec les groupes armés signataires et mieux cerner leurs attentes.

Lors de cette rencontre, les groupes armés signataires ont réitéré avec insistance la demande de tenue d’une réunion en terrain neutre et appelé la médiation internationale à raffermir sa conduite du processus de paix et à assumer ses responsabilités. Celle-ci en retour a indiqué la tenue prochaine d’une réunion de médiation élargie afin de rapprocher les positions des deux parties. « La CMA a signé l’Accord après des pressions et des garanties de la communauté internationale et elle doit tenir ses promesses. Si la communauté internationale ne peut pas forcer le Mali à mettre en œuvre l’Accord pour la paix de 2015, alors il faut penser à une autre solution et nous ne pouvons pas rester dans cette situation parce qu’elle dure depuis trop longtemps », s’est agacé pour sa part, Bilal Ag Achérif, Chef du MNLA et ancien Président de la CMA. Le Président de la Société civile de la région de Kidal a quant à lui déploré un « recul dans le processus d’application de cet Accord concrètement exprimé par les autorités de la Transition » depuis le coup d’État d’août 2020 contre IBK.

Bras de fer

Pourquoi le Cadre des groupes armés signataires insiste-il autant sur la tenue d’une réunion sur la viabilité de l’Accord en terrain neutre ? Attaye Ag Mohamed, Chef de délégation de la CMA au Comité de suivi de l’Accord (CSA), soutient qu’un terrain neutre permettrait plus de se retrouver dans l’environnement dans lequel l’Accord a été négocié il y a 8 ans à Alger. « Nous l’avons demandé pour que ce climat de discussions directes, en face à face, avec la médiation internationale puisse se créer, pour voir où se situe exactement le problème. Si c’est au niveau du gouvernement ou à notre niveau à nous ou encore si c’est la médiation internationale elle-même qui ne joue pas son rôle », explique-t-il, reconnaissant également une « confiance de moins en moins existante » sur les questions de fond.

Le gouvernement de transition, qui n’adhère à aucune rencontre en dehors des réunions du CSA, encore moins en dehors du Mali, affirme toutefois son engagement à poursuivre sans équivoque la mise en œuvre diligente de l’Accord pour la paix, mais dans les normes. « Nous, nous sommes un État. Les autres sont des mouvements signataires. Le gouvernement a indiqué que lors des réunions du CSA, pour qu’un ministre du gouvernement du Mali y participe, nous souhaitons que les principaux leaders des mouvements soient eux-mêmes présents, parce chaque fois que le gouvernement envoie des ministres, nous avons en face de nous des experts. Il y a un déséquilibre », a clarifié le ministre Abdoulaye Diop devant le Conseil de sécurité de l’ONU le 27 janvier, regrettant la décision de suspension des groupes armés signataires qui va à « contre-sens de l’élan positif qui a été imprimé ces derniers mois » à la mise en œuvre de l’Accord.

Accord en danger ?

En lieu et place de la réunion demandée par le CSP-PSD, le Mali a sollicité l’Algérie, chef de file de la médiation internationale, pour la tenue d’une réunion du CSA à un niveau ministériel dès ce mois de février, pour permettre de reprendre le dialogue avec les parties signataires, a indiqué le ministre Diop. Mais, pour l’heure, le CSP-PSD, qui maintient sa suspension des mécanismes de mise en œuvre de l’Accord, n’entend pas y participer.

Selon Moussa Djombana, analyste politique et sécuritaire, bien que la tenue d’une réunion en terrain neutre puisse aider à relancer les discussions, il est possible de sauver l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali sans sa tenue, qui fait l’objet de mésententes entre le gouvernement et les groupes armés signataires. « Il faut encourager le dialogue direct entre les parties. L’engagement de la communauté internationale doit aussi être franc et sincère, tout en impliquant la société civile malienne, sans laquelle rien n’est possible en termes de décisions fortes engageant l’avenir de la Nation », préconise-t-il.

Pour certains observateurs, le blocage actuel dans le processus de mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger pourrait déboucher sur une rupture si les positions des parties prenantes restent tranchées. « Je ne vois pas dans l’immédiat comment le processus pourra être relancé. C’est assez difficile », confie une source proche de la médiation internationale, qui explique que le point fondamental de blocage est le transfert des grades des ex-combattants des groupes armés dans la chaîne de commandement de la nouvelle armée reconstituée. Une Commission ad hoc a été créée pour plancher sur la question, mais elle n’a guère avancé.

Dans cette atmosphère de dégradation des relations entre Bamako et les groupes armés signataires, la Coordination des mouvements de l’Azawad a annoncé la fusion de ses différents mouvements en un seul, le 8 février 2023. Une semaine plus tôt, son Président en exercice, Alghabass Ag Intalla, a procédé à la nomination d’un nouveau Chef d’État-major, le Colonel Hamad Rhissa Ag Mohamed. La nomination de cet « indépendantiste » peut être perçue selon notre source comme un message de désaccord avec le processus de paix tel qu’il est conduit actuellement par les autorités de transition.

Mais, Oumar Sidibé, Doctorant et Professeur-assistant en Relations internationales à l’Université RUDN de Russie, pense pour sa part que les récents évènements s’inscrivent dans la dynamique des rapports de force. « On peut en effet remarquer un refroidissement des relations entre la CMA et le gouvernement de transition. Mais aucun des deux n’a intérêt à mettre fin à l’Accord et à risquer de nouvelles mésaventures. Les intérêts de tous ces acteurs convergent vers la paix, mais divergent sur la façon de l’établir », analyse t-il.

Pour lui, par ailleurs, le seul acteur qui bloque l’Accord depuis des années est le peuple malien « qu’il faudrait peut-être penser à saisir par consultation ou referendum ». « Il y a une forte pression populaire et de fortes demandes en vue d’une relecture de cet Accord, pour reconsidérer certaines dispositions qui sont perçues comme anticonstitutionnelles ou discriminatoires », rappelle M. Sidibé.

Calmer le jeu

Chérif Mohamed Ousmane Ag Mohamedoun Haïdara, Président des Mouvements de l’inclusivité, dont certains seraient membres du CSP-PSD, n’est pas sur même longueur d’ondes que les dirigeants des autres mouvements signataires. Dans un communiqué publié dans la foulée de la rencontre de Kidal, il a indiqué que les Mouvements de l’inclusivité soutenaient fermement la décision des autorités de la Transition de réfuter toute rencontre inter Maliens en terre étrangère.

« Tous les mouvements signataires de l’APR ne sont pas inscrits sur les listes du CSP. De même qu’ils ne le sont pas tous sur celles de la CMA, qui tente de dissimuler son infortune sous le couvert du l’hydre toujours en gestation appelée CSP », a fustigé celui qui est également membre du CNT.

Mais, pour calmer le jeu et éviter l’escalade, le Général El Hadj Ag Gamou, chef du GATIA, a lancé dans une vidéo, le 6 février, un message d’apaisement aux différents acteurs du processus de paix, en les invitant à l’union pour venir au secours des populations qui souffrent de l’insécurité grandissante. « L’heure n’est plus au bras de fer entre responsables d’un même pays, mais à la mobilisation générale pour l’intérêt de la population, qui ne réclame que son droit à la sécurité et celle de ses biens », a plaidé le chef militaire, qui appelle à éviter une « guerre entre Maliens qui ne nous grandira pas ».

Burkina-Mali-Guinée : un mini-sommet à Ouagadougou

Ces trois pays sont dirigés par des militaires, arrivés au pouvoir à l’issue de coups d’Etat.Les ministres des Affaires étrangères Malien Abdoulaye Diop et Guinéen Morissanda Kouyaté participent à un mini-sommet, ce jeudi 09 janvier 2023, à Ouagadougou, auprès de la cheffe de la diplomatie Burkinabè, Olivia Rouamba, a appris APA.

Les trois pays en transition en Afrique de l’ouest organise cette rencontre tripartite « dans le cadre des consultations politiques sur des sujets d’intérêt commun », rapporte une source diplomatique à APA.

« L’objectif est de fédérer les idées, les énergies et les moyens pour mieux se faire entendre par les organisations sous régionales, régionales et internationales. Il s’agit de parler d’une même voix, partager les expériences et discuter chacun en ce qui le concerne de sa transition », explique le ministère des Affaires étrangères Malien, dans un communiqué lu à la télévision nationale.

« Coalition » contre la Cédéao

Pour certains observateurs, il s’agit d’une « coalition » pour faire face aux injonctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) que ces pays accusent d’être à la « solde de la France ».

Le Burkina, le Mali et la Guinée sont dirigés par des militaires, arrivés au pouvoir à l’issue de coups d’Etat, condamnés par l’instance sous-régionale. La Cédéao avait imposé des sanctions contre les trois pays en avant de les lever, après avoir obtenu un « engagement clair » des autorités du Burkina Faso, de la Guinée et du Mali sur la durée de la transition et l’organisation d’élections crédibles et transparentes.

Mali : L’Onu regrette l’expulsion de Guillaume Nguefa

L’Organisation des nations unies (Onu) déplore la décision du gouvernement malien d’expulser Guillaume Nguefa, son responsable des droits de l’homme dans le pays, a appris APA mercredi.Le 5 février, le gouvernement de transition du Mali a déclaré Guillaume Nguefa Nguefa-Atondoko ANDALI « persona non grata » en sa qualité de Directeur de la division des droits de l’homme de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), et de représentant du Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme. Dans la foulée, M. Ngueffa a été sommé de quitter le pays dans les 48 heures. 

L’Organisation des Nations Unies (Onu) a affirmé qu’il avait été la cible de harcèlement et de menaces en raison de son travail au Mali, un pays en proie à une insurrection jihadiste menée par des groupes affiliés à Al Qaida ou à l’Etat islamique. 

Les autorités maliennes lui reprochent d’être lié au choix d’un membre de la société civile qui est intervenue lors de l’examen du rapport du secrétaire général de l’Onu au Conseil de sécurité sur la situation du Mali. Dans son intervention, Aminata Dicko qui fait partie de l’organisation non gouvernementale, Kisal, a dénoncé les exactions contre les populations civiles dans le centre du Mali. 

Le Secrétaire général de l’Onu souligne le besoin crucial pour les autorités maliennes de préserver les droits de l’homme, y compris en particulier la liberté d’expression, qui est cruciale pour le fonctionnement d’une société démocratique, indique un communiqué de l’Onu.

Le Secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, a exprimé « sa pleine confiance dans la Minusma et dans l’engagement et le professionnalisme de son personnel pour mettre en œuvre le mandat de la mission visant à soutenir le Mali et son peuple, y compris dans la promotion et la protection des droits de l’homme ».

Selon le patron de l’Onu, la doctrine de la « persona non grata » ne doit pas s’appliquer au personnel des Nations Unies et va à l’encontre du cadre juridique applicable à cette même organisation, notamment en ce qui concerne les obligations découlant de la Charte des Nations Unies et celles relatives aux privilèges et immunités de l’Onu et de son personnel.

Olivier Dubois : 22 mois de captivité

Cela fait 22 mois soit 669 jours que le journaliste Olivier DUBOIS, ancien collaborateur du Journal du Mali est retenu en otage par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans lié à Al-Qaïda. Il a été enlevé à Gao dans le nord du pays le 8 avril 2021. La dernière apparition d’Olivier Dubois remonte au 13 mars 2022 sur les réseaux sociaux, sans précision de la date à laquelle les images avaient été tournées. Olivier Dubois, père de deux enfants est le journaliste français dont la détention est le plus longue depuis 30 ans. Le Parquet national antiterroriste français (PNAT) avait ouvert une enquête préliminaire pour « enlèvement en bande organisée » et « en relation avec une entreprise terroriste ». Les investigations ont été confiées à des juges d’instruction le 3 octobre, a fait savoir une source judiciaire, mardi 10 janvier.

 

« La Russie est ici à la demande du Mali » (Abdoulaye Diop)

Le ministre malien des Affaires étrangères assure que le séjour de son homologue russe, Sergueï Lavrov, découle de la volonté de Moscou et Bamako de renforcer leurs relations diplomatiques.Abdoulaye Diop, qui recevait mardi matin Sergueï Lavrov, a souligné « le caractère historique » de cette visite de 48 heures au Mali. C’est en effet la première fois que le chef de la diplomatie russe foule le sol malien.

Selon le ministre malien des Affaires étrangères, ledit séjour « s’inscrit dans le cadre de la nouvelle dynamique, enclenchée par le gouvernement, consistant à élargir et diversifier les partenariats du Mali en vue d’une réponse efficace, et dans la sincérité, aux défis auxquels nous sommes confrontés ».

Pour le diplomate, son pays a fait le choix de « renforcer » sa coopération avec la Russie pour « démontrer » qu’il est libre de décider avec qui cheminer sur la base des piliers essentiels définis par le président de la transition : « le respect de la souveraineté du Mali, le respect des choix stratégiques et le choix des partenaires du Mali, mais aussi la prise en compte des intérêts du Mali dans toutes les décisions ».

Ainsi, le ministre malien des Affaires étrangères a insisté sur le fait que « la Russie est ici à la demande du Mali ». Et elle « répond de façon efficace aux besoins du Mali en termes de renforcement de capacités de ses forces de défense et de sécurité » dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

Car ce qui importe, a ajouté M. Diop, c’est de voir « comment travailler ensemble pour lutter contre le jihadisme », rappelant que « dans certains cas, le terrorisme est fabriqué pour déstabiliser nos pays ».

Dans ce sens, il a déploré l’instrumentalisation et la politisation des droits humains pour des « agendas cachés » ou « à peine cachés » visant souvent « à renverser le régime pour pouvoir atteindre un certain nombre d’objectifs ».

La veille de la visite de Sergueï Lavrov, le Mali a expulsé le directeur de la division des droits de l’Homme de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) à qui il est reproché d’avoir choisi Aminata Dicko pour parler au nom de la société civile malienne lors du récent examen du rapport du Secrétaire Général des Nations Unies sur le Mali. Celle-ci, dans son intervention par visioconférence, a dénoncé les exactions commises contre les civils peuls par l’armée et ses supplétifs russes.  

Dans sa communication, le ministre malien des Affaires étrangères a aussi tenu à se féliciter de « l’intérêt » que la Russie accorde à « l’approvisionnement régulier du Mali en produits de première nécessité dans un contexte particulièrement difficile ».  

« Vous avez pris des décisions importantes afin de permettre au Mali d’accéder à des quantités importantes d’engrais, de blé et aussi d’hydrocarbures », a salué l’hôte de Sergueï Lavrov, non sans dire que « nous comptons travailler de façon générale pour renforcer la coopération économique et commerciale ».

Pour finir, Abdoulaye Diop a exprimé sa solidarité à la Russie subissant des sanctions des pays de l’Ouest en réponse à la guerre qui l’oppose à l’Ukraine. « Les sanctions ne règlent pas fondamentalement les problèmes. Il faut s’asseoir pour dialoguer. Il faut identifier les causes des problèmes et y apporter des solutions, mais aussi éviter la sélectivité dans le traitement des questions internationales », a-t-il préconisé.

Fana : le récit de l’arrestation du principal suspect dans l’affaire des décapitations

Les autorités judiciaires de Fana ont annoncé l’arrestation du principal suspect dans la série de décapitations qui a créé la psychose dans cette ville. Récit d’une affaire hors norme.

Serait-ce l’épilogue du mystère des décapitations de Fana ? Depuis avril 2018 et le début de la série de décapitations dans la ville, les enquêtes n’avaient pas encore abouti. Pis, le mystère ne cessait de s’épaissir. Mais, en fin de semaine dernière, un suspect du nom d’Aldiouma Djibo, 42 ans, a avoué être l’auteur des crimes, selon les autorités judiciaires de la localité. 11 décapitations en tout, 10 à Fana et 1 à Bamako, d’après ce qu’il a affirmé aux enquêteurs. « Les détails qu’il donne des crimes correspondent à ce qui s’est passé » précise Boubacar Moussa Diarra, Procureur près du tribunal de Fana. Il ajoute que le suspect avait déjà été interpellé par le passé pour l’un des meurtres mais mis hors de cause faute d’éléments à charge probants.

En prison depuis 2021

L’enquête a commencé à évoluer après le 2 août 2021. Ce jour-là, Aguibou Bagayoko, un repris de justice d’une vingtaine d’années, avait été retrouvé décapité dans la concession qu’il occupait à Fana. La victime partageait une chambre avec Aldiouma Djibo et ce dernier avait rapidement disparu après le meurtre. Bagayoko, déjà condamné par la justice pour association de malfaiteurs et vol qualifié, fréquentait un groupe qui s’illustrait par ses larcins. Aux premières heures de l’enquête, tous les membres du groupe ont été arrêtés par la Police judiciaire. Mais les recherches se sont poursuivies, notamment pour retrouver Djibo. Dans un premier temps, les enquêteurs cherchaient à savoir s’il n’avait pas lui-même été victime du ou des assassin(s). Après plusieurs jours de traque, il sera localisé à Bamako, au niveau du quartier de Faladiè. Alors que les soupçons des enquêteurs à son égard grandissaient, il sera arrêté le 18 août 2021 dans une station d’essence près de la Tour de l’Afrique par le Commissariat du 7ème arrondissement. Transféré à Fana pour les besoins de l’enquête, pendant plusieurs mois il réfutera les accusations portées à son encontre et assurera ne pas être lié aux meurtres. Il restera cependant en prison et, depuis sa cellule, selon des sources proches de l’affaire, il essayera de semer le trouble. Il reconnaîtra les faits devant le Procureur Boubacar Moussa Diarra, avant de se rétracter devant le juge d’instruction en charge du dossier. Plusieurs semaines durant, les enquêteurs n’en tireront rien, mais une certitude se dégagera. Depuis l’arrestation de Djibo, plus aucune décapitation n’a été signalée. Ce n’est que début 2023 que la justice entrapercevra le bout du tunnel. Il assurera plus tard avoir choisi cette stratégie car craignant la peine qui lui serait infligée. Selon notre source, il est conscient qu’elle sera très lourde. « Des voleurs de bétails prennent plusieurs années, alors quelqu’un qui a tué… » se serait-il exprimé. Notre source poursuit en affirmant que les enquêteurs sont arrivés à le « persuader » de passer aux aveux. Comment s’y sont-ils pris ? Un voile couvre encore la réponse à cette interrogation.

Bemba Traoré, le facteur X

Dans la semaine du 23 janvier 2023, Aldiouma Djibo, avoue 11 meurtres, dont 1 dans la capitale. Il donne des précisions, avec des dates que seul le tueur ou un complice peuvent connaître. Les enquêteurs sont alors confortés dans la piste qu’ils exploitent depuis deux ans. L’assassinat de Bemba Traoré, un réparateur de radio d’une quarantaine d’années, sera le facteur X. Djibo raconte avoir remis sa radio et payé 1500 francs CFA à Traoré pour réparer son appareil. Mécontent du travail, il demandera quelques jours plus tard à ce dernier de le rembourser, ce que celui-ci refusera. D’après son récit, le réparateur de radio s’emportera contre lui et le menacera. Les jours suivants, il les passera à filer Traoré et à s’imprégner de ses habitudes. Il passera à l’acte dans la nuit du mardi 3 au mercredi 4 novembre 2020, jour de Maouloud. Traoré, marié, dort seul dans sa chambre alors que son épouse et ses quatre enfants dorment dans une autre pièce à côté. Djibo s’introduira chez lui et le surprendra dans son sommeil en lui assénant de violents coups de gourdin sur la tête, avant de le décapiter. Après le crime, il raconte avoir emporté avec lui le téléphone, la radio ainsi que la volaille de la victime. Les enquêteurs ont effectivement constaté que tout ceci manquait après le meurtre.

Sain d’esprit ?

Les motivations avancées par Djibo pour expliquer ses crimes tournent toutes autour de la vengeance. Le 13 mai 2018, une petite fille de 5 ans atteinte d’albinisme, Ramata Diarra est décapitée, éventrée et son sang et sa tête emportés. Aldiouma Djibo assure face au Procureur que c’est la mère de la petite fille qu’il visait. Quelques jours plus tôt, il aurait eu une altercation avec elle au marché. Mais, lorsqu’il s’est rendu dans leur maison, elle était absente. Il a donc pris sa fille pour se venger. Djibo connait bien la ville et ses habitants. Aux yeux de ces derniers, il est considéré comme un malade mental. Ses actions incohérentes ont contribué à cette conclusion. Il porte trois tenues les unes par-dessus les autres, avec de manière plus apparente une veste toute fripée et sale dans laquelle il garde des grains de mil. Muni d’un bâton, il appâtait des poules avec ce mil avant de leur taper dessus. La population locale l’a alors catalogué comme étant un malade mental qui se nourrissait de cadavres d’animaux. Avant cela, cet ancien talibé écumait les différents quartiers de la ville pour chercher l’aumône. Il était déjà décrit à cette époque comme étant à fleur de peau, supportant mal un « non » ou qu’on lui « manque de respect ». Grand amateur de reggae, il aimait cuisiner en écoutant ce genre musical.

Zones d’ombres

De multiples interrogations subsistent encore sur cette affaire et les investigations se poursuivent pour tenter d’y répondre. Djibo est-il vraiment sain d’esprit ? Se comportait-il ainsi simplement pour tromper la vigilance des locaux ? Le mobile des crimes était-il de la vengeance ou un rituel ? Est-il le seul impliqué ou a-t-il des complices ? Autant de questions dans une affaire qui n’a pas encore révélé tous ses secrets. Devant les autorités en charge du dossier, il assure par exemple avoir tué Binafou Touré, un gardien d’une antenne relais de la SOTELMA parce que ce dernier l’avait visé avec un lance-pierre. La famille de Touré a déposé plainte contre lui dans la ville, même si certains estiment ce mobile si léger qu’ils peinent à y croire. À la question « pourquoi décapite-t-il ses victimes ? », il aurait, d’après une source proche de l’enquête, assuré que c’était pour se protéger. Selon Djibo, un mort conserve dans ses yeux l’image de la dernière personne qu’il a vue. Ce serait pour cette raisons qu’il décapite ses victime et emporte leurs têtes avec lui. Toutefois, cette version n’a pas totalement convaincu les enquêteurs et la piste des crimes rituels n’est pas écartée. Car, en plus de la tête, le sang des victimes est prélevé. À quelles fins ? Les crimes rituels sont d’ailleurs l’hypothèse très vite le plus souvent avancée pour expliquer la série de décapitations. Et cela est renforcé par le profil de certaines victimes. Une jeune fille atteinte d’albinisme, une malade mentale et sa fille ou un ex-militaire décrit aussi comme un esclave. Mais, au-delà de ces cas spécifiques, les autres victimes n’ont rien qui les lie et aucune particularité. Les enquêteurs essayent encore de démêler tous les fils de cette affaire, qui n’a pas encore fini de faire parler d’elle.

Commerce : TradeMark Africa se déploie en Afrique de l’Ouest

TradeMark Africa, organisation non lucrative d’aide au commerce financée par les agences de développement des pays développés (essentiellement d’Amérique du Nord et d’Europe) a lancé ses activités en Afrique de l’Ouest ce 30 janvier, avec comme objectif d’y faciliter le commerce. La structure, créée en 2010 et dont le siège se situe à Nairobi au Kenya, avait jusque là opéré seulement en Afrique de l’Est, où elle a aidé, à l’en croire, à fluidifier le commerce (réduction des temps de transit des marchandises, amélioration de l’efficacité des frontières et réduction des obstacles aux commerce) et à favoriser l’intégration régionale en travaillant avec les organisations intergouvernementales régionales (UA, EAC, IGAD, COMESA, SADC), ainsi que le secteur privé et la société civile. Avec une enveloppe d’environ 80 millions de dollars, TradeMark East Africa (TMEA) qui devient TradeMark Africa (TMA) en se déployant en Afrique de l’Ouest, entend soutenir le Secrétariat de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et travaillera avec les organismes régionaux comme la Cedeao et ses États membres. En outre, TMA, dont le nouveau siège se situera au Ghana, « se concentrera sur le développement de corridors commerciaux numériques et verts », fait savoir l’organisation.

Sambou Yatabaré : l’ex-international malien incarcéré en France

Sambou Yatabaré, l’international malien du club français de ligue 2 Sochaux, a été incarcéré après une condamnation à de la prison ferme dans une affaire de violences remontant à 2017. 

Âgé de 33 ans, le footballeur malien Sambou Yatabaré a été interpellé et incarcéré à Besançon, dans l’est de la France, après une condamnation à de la prison ferme prononcée par le tribunal correctionnel de Bobigny, près de Paris, a annoncé le parquet hier vendredi 04 février 2023.

L’ex-international malien a été condamné à 12 mois de prison ferme le 4 janvier pour avoir frappé en 2017 un policier en civil lors d’une altercation sur un parking de l’aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle.

Yatabaré, qui jouait alors au Werder Brême, en première division allemande, avait été mis en examen pour violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique ayant occasionné une interruption totale de travail supérieure à huit jours, en l’occurrence 21 jours.

Selon le site internet du quotidien L’Équipe, qui cite des « sources concordantes », le joueur a été interpellé « mi-janvier peu avant l’entraînement de l’après-midi, alors que Sochaux venait de jouer au Havre ». Son club, Sochaux, a confirmé l’information, dans un communiqué publié ce jeudi, en ajoutant qu’«  aucun autre commentaire sur cette situation d’ordre privé, sans rapport avec le FCSM, ne sera fait par le club ».

Il n’avait pas pu assister à son procès, notamment en raison du fait qu’il avait omis de notifier un changement d’adresse au tribunal et n’était pas au courant de la tenue de l’audience, a indiqué Me Bouaou à L’Équipe. Son avocat dénonce une peine « incompréhensible » au regard de la nature des faits, très anciens et âprement contestés par son client. Une demande de mise en liberté a d’ores et déjà été déposée. Un nouveau procès dont la date reste encore à déterminer devrait bientôt se tenir. Sambou Yattabaré, frère cadet de Moustapha, a disputé 32 matchs avec les Aigles pour cinq buts inscrits entre 2008 et 2018.

 

GSIM – MSA : ce qui se joue derrière « l’alliance» de circonstance

Un peu plus de deux ans après sa dernière apparition, le chef du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) affilié à Al-Qaïda, Iyad Ag Ghaly, s’est montré dans une vidéo le 22 janvier dans la région de Ménaka. Selon plusieurs sources, il y était pour accepter l’allégeance de notables issus de tribus de la zone et membres du Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA). Ce ralliement, qui conforte un peu plus l’ancrage Al-Qaïda dans la zone, pourrait affaiblir le MSA et présager de nouveaux combats contre le groupe État islamique.

Selon nos informations, ces nouveaux membres du GSIM sont des notables de la communauté Daoussahak de la région de Ménaka. Une communauté issue de la tribu Tamasheq géographiquement présente dans une grande partie de la région de Ménaka et une partie du cercle d’Ansongo.

L’État islamique au Grand Sahara Sahel (EIGS) mène une offensive dans la région de Ménaka depuis mars 2022. Cette offensive, qui a conduit à des affrontements armés avec le GSIM, a occasionné des attaques non seulement contre les civils daoussahaks mais aussi contre les groupes armés, dont le MSA.

Systématiquement ciblés par l’État islamique depuis mars dernier (plusieurs tués) ceux-ci auraient préféré s’allier à « l’ennemi de leur ennemi », le GSIM, pour se défendre contre ces attaques.

L’analyste sécuritaire Ibrahim Maiga expliquait dans nos colonnes en avril dernier que les divergences entre les Daoussahaks, qui constituent le fer de lance du MSA, et la communauté peul Tolebe, fortement représentée au sein de l’EIGS, alimentaient le conflit entre le MSA et l’EIGS, au-delà des querelles d’ordre idéologique entre les deux camps.

« Ces derniers mois, ils (la communauté Daoussahak, ndlr) ont été meurtris par les attaques des groupes djihadistes, en l’occurrence l’État islamique. Pour sauver leur tête ils ont adhéré au GSIM. Iyad Ag Ghaly serait dans la zone depuis un moment et ils ont profité de cette présence pour lui prêter allégeance », explique Abdoul Nassir Idrissa, journaliste de la région. Il précise que ce n’est pas l’aile politique du MSA, mais plutôt « des notables, des chefs de tribus et fractions qui se sentent chaque jour persécutés ».

Le MSA impacté ?

Cette allégeance d’anciens membres du MSA au chef du GSIM n’a que peu surpris. Mais elle aura plusieurs implications dans l’évolution de la dynamique des forces en présence sur le terrain dans cette zone en proie à des combats pour son contrôle depuis des mois.

« Iyad Ag Ghaly marque sa présence à Ménaka. On sait tous qu’Al-Qaïda y était présent, mais d’une manière très timide, et c’est à la faveur de la guerre avec l’État islamique que le groupe s’est impliqué de plus en plus là-bas, à cause des échecs des autres factions face à l’État islamique. C’est sa façon à lui de montrer qu’il est soutenu dans la guerre contre l’État islamique », analyse une source spécialiste des mouvements djihadistes.

Si le chef terroriste y gagne dans l’ancrage d’Al-Qaïda dans la région de Ménaka, le MSA en revanche risque de s’affaiblir et de voir son influence réduite sur le terrain. Selon Abdoul Nassir Idrissa, la jeunesse daoussahak, qui constitue la branche armée du MSA, pourrait le déserter au profit du GSIM et le MSA pourrait devenir une coquille vide.

« Ces notables vont donner la majorité des jeunes daoussahak du MSA au GSIM et donc à Iyad Ag Ghaly », craint-il, soulignant aussi que le ralliement aux groupes terroristes de certains membres des groupes armés pro-gouvernement va créer « d’autres situations plus compliquées » sur le terrain.

Combats en vue

En relative accalmie depuis quelques semaines, les combats entre le GSIM et l’EIGS dans les régions du Nord pourraient reprendre très prochainement. Ce qui justifierait le renforcement des rangs du GSIM, qui, tout comme le groupe rival, a perdu beaucoup de combattants.

Dans une lettre attribuée à l’émir du GSIM de la région de Tombouctou en date du 16 janvier, ce dernier demande aux habitants de la localité d’Acharane (10 km de Tombouctou) de quitter les lieux pour ne pas être des victimes collatérales lors d’éventuels futurs affrontements.

Assistance humanitaire : un besoin de plus de 454 milliards de francs CFA

À travers le Plan de réponse humanitaire, la communauté internationale envisage apporter une assistance multisectorielle d’urgence répondant aux besoins vitaux et permettant aux populations des zones en crise au Mali de rester dignes, en assurant un accès minimum et équitable aux services sociaux de base et en préparant les bénéficiaires à mieux résister aux chocs. Ce Plan a été présenté le mardi 31 janvier 2023 par le Bureau du Mali de la Coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA). Visant à apporter une assistance humanitaire à 5,7 millions de personnes affectées par les conflits et les chocs climatiques, le Plan de réponse humanitaire 2023 pour le Mali nécessite pour sa mise en œuvre la mobilisation de 751,4 millions de dollars américains, soit 454,8 milliards de francs CFA. Malgré les efforts de l’État et de ses partenaires, qui ont assisté plus de 2,9 millions de personnes sur les 5,3 millions ciblées par la réponse humanitaire en 2022, par la mobilisation de 260 millions de dollars sur les 686 millions recherchés, la tendance des besoins est toujours croissante, avec une hausse de 17% par rapport à janvier 2022.

Interdiction de la chicha : un écran de fumée ?

Le 15 août 2022, un arrêté interministériel du gouvernement interdisait l’importation, la distribution, la vente et l’usage de la chicha sur toute l’étendue du territoire national. Les six mois accordés pour se conformer aux dispositions arriveront à terme ce 15 février 2023. Alors que les autorités réaffirment leur détermination à faire appliquer la mesure, les distributeurs ne semblent pas se précipiter. Le défi reste de savoir si les autorités parviendront à faire respecter la réglementation cette fois-ci.

L’arrêté interministériel n°2022-3597/MSPC/MJDH/MSDS/MEF/MIC/MJSCICCC-SG Gouvernement du 15 août 2022, portant interdiction de l’importation, la distribution, la vente et l’usage de la chicha ou tout autre appareil similaire sur l’étendue du territoire, est la suite logique d’un combat que les autorités mènent contre une « toxicomanie banalisée ».

En effet, c’est suite à plusieurs investigations et à des certificats d’analyses du Laboratoire national de la santé que l’Office central de lutte contre les stupéfiants (OCS) a conclu que la chicha permettait de « dissimuler la consommation de plusieurs drogues, dont le cannabis » et de médicaments détournés de leur usage. Il a donc initié cette décision d’interdire ce phénomène, qui favorise selon lui la consommation précoce de drogues chez les jeunes.

Mesure discriminatoire ?

« Nous n’avons pas pu évacuer nos stocks. Nous n’avons pas échangé avec les autorités et nous avons déposé une plainte le 14 octobre contre l’arrêté d’interdiction », s’indigne Mahamadou Diawara, Président des Distributeurs de chicha du Mali. Après avoir demandé un sursis à la décision avant le jugement au fond, la Cour suprême a rejeté ce 26 janvier 2023 la requête de l’association.

Mais celle-ci n’en démord pas pour autant. « Nous avons appelé des experts, nous appellerons d’autres experts d’ici pour démontrer que la chicha n’est pas une drogue », clame le Président de l’association. « La chicha est un tabac, pourquoi les autorités n’ont-elles pas touché au tabac ou à l’alcool », s’interroge-t-il ? Si la chicha est nuisible à la santé, l’alcool et la cigarette aussi.

Quant à l’usage « déguisé de drogue » auquel se livreraient les adeptes de la chicha, M. Diawara se défend d’être responsable d’un tel phénomène. « Nous n’avons rien à voir dans cela. Nous ne sommes pas des vendeurs de drogue », rétorque-t-il, ajoutant que la lutte devrait plutôt se concentrer sur l’interdiction d’entrée de la drogue. Parce que si elle « n’entre pas, elle n’est pas consommée ». Dénonçant des « analyses partiales », il nie que le tabac de la chicha soit plus nocif.

En outre, le secteur absorbe une partie du chômage. Selon le Président des Distributeurs, le secteur emploie des milliers de personnes, environ 3 000 emplois directs au moins, d’après les chiffres qu’il avance, difficilement vérifiables. Serveurs, cuisiniers, sociétés de gardiennage et de nettoyage, la chicha étant un point de convergence dans beaucoup d’espaces, comme les bars ou les night-clubs. S’ils ne souhaitent pas d’affrontement, les distributeurs promettent que l’application de la mesure sera difficile dans ces conditions. Ils sont prêts à aller en prison plutôt que de perdre leur travail. Déplorant l’absence de concertations, ils reprochent aux autorités de n’avoir pas mesuré toutes les conséquences de leur décision. « La chicha aujourd’hui est plus positive que négative dans l’économie. Pour toucher au tabac chicha, il faut toucher à la cigarette et à l’alcool, parce que tout est nuisible à la santé », même à des degrés différents.

Le bâton après la carotte

Dans une communication, ce 31 janvier, l’OCS rappelle que c’est à partir du 15 février 2023 que « l’importation, la vente, la distribution et la consommation de chicha seront interdites sur toute l’étendue du territoire national ». Signé de la Direction de l’Office Central des Stupéfiants – OCS », elle souligne que « les contrevenants s’exposeront à des lourdes sanctions d’emprisonnement et d’amende ». C’est pourquoi l’Office, sous le leadership du ministère de la Sécurité et de la Protection civile, ainsi ses collègues signataires de l’arrêté interministériel interdisant la chicha ou tout appareil similaire au Mali, invite à se conformer à l’arrêté interministériel d’ici le 15 février 2023.

Si les termes du communiqué ne permettent pas d’équivoque sur la volonté des autorités de faire appliquer l’arrêté, ils doivent compter avec celle des distributeurs de faire valoir leurs droits. Ils ont à cet effet attaqué l’arrêté interministériel devant la Cour suprême le 15 octobre 2022. D’abord pour demander la suspension de son exécution, avant de demander son annulation. Une demande de suspension rejetée le 26 janvier 2023.

Estimant qu’après 6 mois de campagne de sensibilisation les populations sont suffisamment informées, le Directeur général adjoint de l’OCS, le Contrôleur général de police Bassirou Bamba souligne que les autorités vont « sévir sans faiblesse », parce qu’il faut que « force reste à la loi ». Et, pour ce faire, des dispositions seront prises et les autres services en charge seront mobilisés pour faire respecter l’arrêté interministériel. Dans une interview accordée à la télévision TM1 le 1er février 2023, il rappelle aux commerçants, consommateurs et distributeurs de chicha que cette interdiction décidée par l’État dans le cadre de « l’impérieuse nécessité de préserver la santé de la population », s’impose à tous et sera respectée.

En attendant, l’arrêté prévoit des peines d’emprisonnement allant de 1 à 10 jours et des amendes de 300 à 18 000 francs CFA pour la production, l’importation, la commercialisation, la détention et l’usage de la chicha.

Selon une étude menée par le service de Pneumologie de l’Hôpital du Point G auprès d’un échantillon de 3 000 lycéens, 71% d’entre eux fumaient la chicha « et certains présentaient des symptômes respiratoires », selon le Pr Yacouba Toloba, chef dudit service. Concernant la dangerosité de la chicha, une autre étude de l’OMS avait déjà alerté, dans une note publiée en 2017, en rappelant les résultats de plusieurs études réalisées une dizaine d’années plus tôt. Compte tenu de la gravité du « tabagisme par pipe à eau », l’organisme mondial de la Santé suggérait aux autorités de régulation de prendre des mesures fiscales ou encore d’interdire ce tabagisme dans les espaces publics, tout en poursuivant la sensibilisation sur les effets nocifs.

Une substance dangereuse surtout pour des jeunes censés être l’avenir du pays. L’une des raisons ayant conduit la Mairie de la Commune IV du District de Bamako à interdire le produit dès 2019. « Si l’avenir d’un pays dépend de sa jeunesse, il faut qu’elle soit saine », expliquait le Maire de la Commune IV, M. Adama Bérété. Pas question pour lui donc de laisser la jeunesse se « détruire ». Car, assez souvent, ce sont des produits de substitution, comme l’alcool et ses dérivés ou la drogue, qui sont utilisés, rendant « les conséquences de cette fumée incalculables ».

Diversement appréciée, la mesure a d’abord été « incomprise », selon le Maire. Mais, entre approbation et réticence, la Mairie a souvent dû faire intervenir les forces de l’ordre pour faire appliquer la mesure. En dépit de tout cela, elle a beaucoup de mal à être respectée, plusieurs « chicha houses » se trouvant dans la commune couverte par elle. L’interdiction étant désormais étendue à l’ensemble du territoire, le maire espère que « nul n’est et ne sera au-dessus de la loi », qu’il faut appliquer avec la dernière rigueur.

Le défi du respect

Pour assurer la mise en œuvre et obliger les acteurs à se conformer, outre l’OCS, la Direction générale des Douanes, la Direction générale du Commerce, de la concurrence et de la consommation (DGCC), la Direction générale de la Police et la Direction générale de la Gendarmerie sont chargées de veiller à l’effectivité de la mesure d’interdiction. Même si les différentes entités concernées n’ont pas encore dévoilé leurs plans, selon certains les forces de l’ordre vont sévir afin que cela serve de dissuasion. Mais, pour un observateur qui a requis l’anonymat, ces actions seraient comme « suer sous la pluie ». Les boutiques de chicha ou encore les chicha houses seront les premières touchées, puisque très visibles, appuie-t-il. Mais qu’en sera-t-il dans les différents clubs, lounges ou restaurants, sans parler des domiciles et espaces privés ? Les forces de sécurité feront-elles des descentes ? Des questions qui trouveront sûrement un début de réponse lors des premiers jours du début effectif de l’interdiction. Ce qui sera déjà impossible à faire pour les autorités, c’est de contrôler totalement la consommation, notamment dans un cadre privé. À moins que grâce aux Douanes, ces produits ne soient réellement interdits d’entrée sur le territoire. Ce que certains clients craignent déjà, c’est que cette interdiction n’entraîne des coûts supplémentaires sur la chicha, avec des revendeurs et tenanciers de boutiques qui mettraient en avant les difficultés pour augmenter leurs prix. À moins de deux semaines de la date retenue pour l’interdiction effective, de nombreux clients et des personnes qui sont dans le milieu de la chicha n’envisagent nullement que la décision puisse être respectée.

Quid chez nos voisins ?

L’exemple chez nos voisins n’incite pas non plus à l’optimisme pour l’effectivité de la décision. L’exemple ivoirien est le plus illustratif. Dans le cadre de l’application d’un décret de 2012 interdisant de fumer dans les lieux publics, les autorités ivoiriennes ont essayé de sévir en 2022. Les forces de l’ordre ont mené des opérations d’envergure, mais cela n’a pas duré deux mois. Les opérations ont cessé, les contrôles aussi. Un journaliste sur place à Abidjan nous confirme que les consommateurs de la chicha fument partout comme si de rien n’était. Au Sénégal, l’interdiction décidée en 2020 est somme toute similaire à celle du Mali. Les autorités sénégalaises avaient également donné six mois aux importateurs et distributeurs de chicha pour s’y conformer. Mais, deux ans plus tard, les autorités n’ont pas réussi à faire respecter la décision. La raison, selon une source au Sénégal, est que les consommateurs ne s’affichent que rarement en public et que le degré de consommation est moindre que celui du Mali. Mais, après la décision des autorités maliennes, le Président de la Ligue sénégalaise de lutte contre le tabac (Listab), Amadou Moustapha Gaye, a saisi l’occasion pour interpeller le chef de l’État Macky Sall pour qu’il s’implique. À partir du 15 février, les capacités des autorités compétentes à faire respecter la décision seront scrutées, afin de déterminer si ce n’est ou non qu’un simple écran de fumée qui finira par se dissiper.

Mali : Sergueï Lavrov attendu à Bamako ce lundi

Le Mali s’est rapproché de la Russie, sur fond de brouille diplomatique avec la France. Le Ministre des Affaires Etrangères de la Fédération de Russie, Sergueï Lavrov sera en visite d’amitié et de travail, à Bamako, à partir de ce lundi 6 février.

Pour son premier déplacement dans la capitale malienne, le chef de la diplomatie russe y passera quarante-huit heures. Il répond ainsi à une invitation qui lui a été adressée par son homologue malien, Abdoulaye Diop lors de son séjour à Moscou, en mai 2022.

Durant son séjour au Mali, outre son homologue malien, Sergueï Lavrov rencontrera également le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga et le Président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta.

Pour les autorités maliennes «cette visite de haut niveau s’inscrit en droite ligne du choix politique opéré par le Gouvernement de la Transition d’élargir et de diversifier les partenariats stratégiques, conformément aux principes clés guidant désormais l’action publique au Mali. A cet égard, elle matérialise la volonté ferme des deux Chefs d’Etat malien et russe d’impulser une nouvelle dynamique aux relations d’amitié et de coopération bilatérale, avec un accent particulier sur le renforcement du partenariat dans les domaines prioritaires, notamment de la défense et de la sécurité ainsi que de la coopération économique, commerciale et culturelle ».

De plus, elles estiment que cette visite permettra « de renforcer le dialogue politique de haut niveau entre les deux pays et de renouveler l’engagement mutuel de consolider le partenariat stratégique en faveur de la paix, de la sécurité et du développement ».

Le renforcement des liens russo-maliens intervient après que les relations avec l’ex-puissance coloniale, la France, s’est nettement détériorée depuis l’arrivée des nouvelles autorités à la faveur de deux coups d’Etat en août 2020 et mai 2021.

Cette brouille diplomatique avec Paris a été marquée par l’expulsion en janvier 2022 de l’ambassadeur de France au Mali et les forces françaises de Barkhane et Takuba. Une situation qui fait suite aux nombreuses accusations formulées par les autorités françaises contre celles de Mali d’entretenir des relations avec « les mercenaires de la société privée de sécurité russe Wagner ». Des accusations reprises par d’autres pays occidentaux ainsi que des organisations internationales. Cependant, Bamako continue à nier ces accusations, affirmant entretenir avec la Russie une coopération d’Etat à Etat qui remonte aux années de l’indépendance en 1960. Une coopération axée selon les autorités maliennes sur l’instruction et l’équipement de l’armée malienne, justifiant notamment les récentes nombreuses acquisitions de matériels militaires par les autorités maliennes de la part de la Russie.

Après Bamako, Sergueï Lavrov se rendra à Nouakchott et à Khartoum.

Déclaré « persona non grata » Guillaume Nguefa sommé de quitter le Mali dans 48 heures

L’annonce a été faite dans l’édition du Journal télévisé de 20 heures sur la chaine nationale par un communiqué lu par le porte-parole du Gouvernement, le Colonel Abdoulaye Maïga.Le Directeur de la division des droits de l’homme de la MINUSMA, Guillaume Nguefa-Atondoko ANDALI a été déclaré « persona non grata ». Par conséquent, il est sommé « de quitter le territoire national dans un délai de 48 heures ».

Le gouvernement l’accuse de s’adonner à des « agissements déstabilisateurs et subversifs (…) en violation flagrante des principes et obligation que doivent observer les fonctionnaires des Nations Unies et tout diplomate accrédité au Mali, conformément aux conventions internationales pertinentes ».

Parmi les griefs retenus contre M. ANDALI figure la sélection « des usurpateurs s’arrogeant le titre de représentant de la société civile malienne en ignorant les autorités et institutions nationales (…) à l’occasion des différentes sessions du Conseil de sécurité des Nations Unies sur le Mali ». Le gouvernement indique que M. ANDALI « n’a jamais réussi à prouver les critères qui lui ont permis d’identifier les représentants de la société civile qu’il a utilisés ».

Le communiqué fait notamment allusion au dernier examen du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Mali, le 27 janvier dernier, au cours Aminata Cheick Dicko, membre de l’Organisation Kissal, est intervenue pour attirer l’attention de la communauté internationale sur les exactions contre les civils peuls commises par les jihadistes et les forces armées régulières et leurs partenaires russes.

A en croire le communiqué, ce rôle avait été confié à une première personne par M. ANDALI qui l’a refusé.

Selon les autorités « la conspiration est d’autant plus grande que l’organisation dont se réclame l’usurpatrice est une association étrangère non déclarée et ne disposant d’aucun droit d’exercer au Mali. A titre de rappel, ce forfait a été dénoncé respectivement par plusieurs acteurs dont le Conseil national de la société civile et la coordination des associations et ONG féminines du Mali (CAFO) ».

Tout en réitérant « sa disponibilité à maintenir le dialogue » le gouvernement entend « poursuivre la coopération avec l’ensemble de ses partenaires, conformément aux 3 principes de Goïta à savoir : le respect de la souveraineté ; le respect des choix stratégiques et des choix de partenaires opérés par le Mali ; la prise en compte des intérêts vitaux du Peuple malien dans les décisions prises » souligne le communiqué.

C’est le deuxième responsable de la MINUSMA à être expulsé par les autorités de la Transition au Mali. En juillet dernier suite à l’arrestation des 49 militaires ivoiriens finalement graciés par le colonel Assimi Goïta après avoir été condamnés à 24 ans de réclusion criminelle, le porte-parole de la mission, Olivier Salgado avait connu le même sort suite à des tweets qu’il avait fait soutenant que les autorités étaient informées de leur arrivée en tant que membres des Eléments Nationaux de Soutien (NSE).

Cette réaction  des autorités de Transition était attendue dans la mesure où elles ont tout le temps reproché à la mission onusienne d’«instrumentaliser » la question des droits de l’homme. D’ailleurs, lors du vote de la résolution renouvelant le mandat de la MINUSMA d’un an supplémentaire en juin  2022, le gouvernement avait clairement dit qu’il ne respecterait certaines dispositions notamment celles accordant la liberté de mouvement aux agents de la mission qui souhaiteraient mener des enquêtes sur les allégations de violations des droits humains.

Le Premier ministre burkinabé prône la création d’ « une fédération » avec le Mali

Le Premier ministre du Gouvernement burkinabè, Me Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla a clôturé, le jeudi 2 février dernier sa visite de travail de 48 heures au Mali.C’est la deuxième visite effectuée par un responsable de la transition burkinabé au Mali en trois mois. Le 2 novembre dernier, soit un peu plus d’un mois après son installation au pouvoir, le nouvel homme fort du Burkina Faso, Ibrahim Traoré a consacré au Mali son premier voyage à l’extérieur.

L’enjeu de ces visites est de renforcer l’axe Ouagadougou-Bamako sur plusieurs plans, mais principalement sur notamment la situation sécuritaire.

Toutefois, Me Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla, lors de sa visite de travail de 48 heures entamée, le mardi 31 janvier, est allé beaucoup plus loin que son président.  Le chef du gouvernement de la transition burkinabè a proposé la création d’une « fédération » entre son pays et le Mali. Une entité, à ses yeux qui pourrait également regrouper la Guinée, voire le Togo où il a fait un détour avant son séjour au Mali.

Dans sa vision de la nouvelle dynamique de la coopération maliano-burkinabé, il a indiqué que « nous pouvons constituer une fédération souple, qui peut aller en se renforçant et en respectant les aspirations des uns et des autres chez eux ».

Cette démarche est loin d’être la première du genre à être expérimentée. Déjà, entre 1958 et 1960, durant les années des indépendances, de nombreux pays tels que le Mali, le Sénégal, le Burkina Faso, le Benin, la Guinée, le Ghana avaient tenté en fédération ou en union, mais ces tentatives se sont soldées par des échecs obligeant chacun de ces Etats à proclamer son indépendance.

Apparemment, la volonté des actuels dirigeants burkinabé et maliens est de ressusciter ces projets profitant d’une opinion africaine qu’ils espèrent acquise à leur cause et n’étant pas très édifiée sur les raisons ayant conduit à l’échec de ces initiatives expérimentées par les pères des indépendances.  

Pour les actuels dirigeants de ces deux pays, le fait de disposer d’importantes ressources naturelles (or, coton, bétail) est suffisant pour concrétiser ce projet même si celles-ci ne sont pas transformées sur place. Mais pour le premier ministre burkinabé, Me Apollinaire Kyélem de Tambela, « c’est un chantier que nous devons essayer de tracer pendant la période de transition, parce que si les politiciens reviennent au pouvoir, ce serait difficile ».

Le Mali et le Burkina ont en commun le fait d’être confronté au terrorisme qui sévit de plus en plus sur la bande frontalière entre les deux pays.

Issues de coups d’Etats respectivement en mai 2021 et en septembre 2022, les transition en cours au Mali et au Burkina ont également mis fin à la présence militaire française sur leurs territoires. Si le Mali a été le premier dans ce cas depuis le 15 août dernier, les autorités burkinabé n’ont pris cette décision que très récemment donnant aux militaires français un délai d’un mois pour quitter le pays.  De plus, depuis décembre 2021, les autorités de la Transition au Mali ont décidé de se tourner vers la Russie au détriment de la France. Un partenariat orienté vers le renforcement de l’équipement et l’instruction, même si des pays occidentaux soutiennent un déploiement des « mercenaires de la société de sécurité privée russe Wagner ». Le même reprochent est fait aux nouvelles autorités burkinabé.

Avant d’avoir demandé aux militaires français de partir, les autorités en avaient fait de même avec l’ambassadeur français, Luc Hallade rappelé depuis fin janvier dernier par les autorités de son pays pour « consultations ». Comme pour sonner le glas de cette coopération militaire avec  la France, dans une récente sortie médiatique, le chef du gouvernement de Transition au Burkina Faso avait déclaré que « nos partenaires traditionnels (NDRL : La France) ne voulaient pas que nous ayons des armes. Ils les bloquaient… ».

Burkina : Mali, nouvel invité d’honneur du FESPACO

Le Togo n’est plus le pays invité d’honneur de la 28e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO).Le Mali est désormais le pays invité d’honneur de la biennale du cinéma africain qui se tiendra du 25 février au 7 mars 2023 à Ouagadougou, a annoncé le président du Comité national d’organisation, Fidèle Tamini, jeudi 02 février 2023. 

Bamako remplace ainsi Lomé (Togo), à trois semaines de l’événement placé sous le thème « Cinémas d’Afrique et culture de la paix ». 

M. Tamini a expliqué qu’il n’y avait pas de problèmes avec le Togo mais au regard des défis du moment, « il n’y a pas meilleur partenaire que le Mali pour être pays invité d’honneur ». Pour lui, le Mali est également un pays de cinéma et partage des visions communes avec le Burkina Faso.

Le Chef du gouvernement burkinabè, Apollinaire Kyélem de Tambèla a séjourné à Bamako, mercredi et jeudi dernier. En se rendant au bord du Joliba, il a fait une escale à Lomé où il s’est entretenu avec les autorités Togolaises, rassurant de l’excellence des relations diplomatiques entre les deux pays.

Depuis septembre 2022, Ouagadougou s’est beaucoup rapproché de Bamako, sur fond de crise diplomatique avec Paris. 

Vers un retrait anticipé du contingent allemand de la MINUSMA ?

La déclaration a été faite par le nouveau ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, nommé le mardi 17 janvier dernier à la place de Christine Lambrecht qui a démissionné la veille.L’Allemagne qui avait prévu en novembre dernier de maintenir son contingent au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) au moins jusqu’en mai 2024, pourrait finalement le retirer plus tôt. Pour le nouveau ministre allemand de la défense « le déploiement est actuellement une perte de temps et d’argent ».

Le ministre de la Défense Boris Pistorius – un social-démocrate – envisage un retrait anticipé de la Bundeswehr (les forces armées allemandes) du Mali. Pour lui, « dans les conditions actuelles, rester au Mali jusqu’en mai 2024 n’a aucun sens ». Il a ajouté dans un entretien avec le média allemand Süddeutsche Zeitung, que l’une des conditions pour que le contingent allemand soit maintenu au sein de la MINUSMA est que les casques bleus de la Bundeswehr ne soient pas empêchés d’utiliser à nouveau des drones pendant une période plus longue. Avant de déclarer que « la dernière fois que les drones ont volé c’était avant Noël ».

« Si nos soldats ne peuvent pas quitter le camp ou ne peuvent se déplacer que dans un petit rayon parce que les drones ne sont pas autorisés à voler, alors ils ne remplissent pas leur mission » a-t-il indiqué. Selon lui, « cette opération est une perte d’argent et de temps, surtout pour les soldats qui sont là, séparés de leurs familles et amis ».

Depuis l’incident qui avait conduit à l’arrestation des 49 militaires ivoiriens au Mali, l’utilisation de drones, comme les avions et les hélicoptères de la MINUSMA doit préalablement être approuvée par les autorités de Transition. Cependant, à plusieurs occasions, ces appareils ont été empêchés de quitter le sol et même s’ils ont été autorisés à le faire, c’est avec du retard.

Avec le retrait des forces antiterroristes sous le leadership de la France (Barkhane et Takuba) sur fond de crise diplomatique entre Bamako et Paris, la MINUSMA a perdu près de 40% de ses moyens puisque la sécurisation de ses convois et la fourniture de bien d’autres de ses services étaient assurées par ces forces.

Une décision devrait être prise en mai prochain par les autorités allemandes sur l’avenir de leur contingent déployé au Mali. Avant cela, le ministre Pistorius est attendu au Mali dans les prochaines semaines pour s’enquérir directement de la situation.

Mali – Burkina Faso : le fédéralisme au menu de la visite du Premier ministre burkinabè

Nourrissant déjà l’espoir de venir au Mali qui, selon lui, fait la fierté de toute l’Afrique depuis l’avènement au pouvoir du colonel Assimi Goïta, le Premier ministre burkinabé, Apollinaire Kyélem a lors de sa rencontre avec ses compatriotes à l’Ambassade du Burkina Faso ce mercredi 1er février 2023, trouve opportun sa visite au Mali pour mettre à profit l’idée du fédéralisme entre les deux pays.

Selon le chef du gouvernement burkinabé, si cette fédération parvient à se créer, elle pourrait être une puissance sur le plan économique vu les potentialités dont regorgent les différentes villes des deux pays.

Pour lui, être ensemble pour constituer une fédération ne veut pas dire une unicité ou une uniformisation, mais plutôt une gestion d’ensemble des aspects de la souveraineté.

Convaincu, le Premier ministre Burkinabé avoue que d’autres pays n’attendent qu’un déclic pour rejoindre cette Fédération Mali-Burkina. Il a même cité le Sénégal et le Togo qui ont déjà montré leur intérêt à cette idée, au cours de ses échanges avec certains responsables de ces pays. Le Premier ministre ajoute que la Guinée Conakry sera aussi favorable à une telle démarche.

 

Mali : Le plan de réponse humanitaire 2023 lancé

Au Mali, les besoins d’assistance humanitaire ont connu une hausse en raison de la dégradation de la situation sécuritaire.Bamako a abrité ce mardi 31 janvier, le lancement du plan de réponse humanitaire pour l’année en cours. Selon ce document, un peu plus d’un tiers de la population soit 8,8 millions de Maliens sont dans le besoin humanitaire, soit une augmentation de 20% par rapport à l’année dernière où le nombre de personnes à assister au Mali était de 7,5 millions.

Pour faire face à ce défi, le Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies (OCHA) au Mali cherche à mobiliser plus de 450 milliards de FCFA (751,4 millions de dollars). Ce qui n’est pas gagné d’avance au regard du peu d’engouement suscité par le volet humanitaire. Sans compter l’augmentation des foyers de tensions dans d’autres régions du monde et des aléas causés par les changements climatiques.

L’année dernière, sur les 686 millions de dollars requis pour financer les besoins humanitaires, seuls 38% des fonds (environ 260 millions) ont pu être mobilisés. Parmi les personnes dans le besoin ciblées par cette assistance on note des déplacés, des retournés, des communautés hôtes, des réfugiés, etc.

Selon Alain Noudehou, Coordonnateur Résident et Coordonnateur Humanitaire au Mali, ces fonds ont trois objectifs, à savoir sauver et préserver la vie et la dignité des populations avec des besoins critiques dans les zones de crise ; assurer un accès minimum et équitable aux services sociaux de base et conditions de vie des personnes et enfin renforcer la préparation aux urgences des ménages vulnérables exposés ou affectés par des chocs dans les zones de crise. L’Union européenne, à travers le chef de sa délégation au Mali, Bart Ouvry a promis de mettre dans la cagnotte un montant de plus de 32 milliards de FCFA au Mali pour soutenir les citoyens dans le besoin.

Les Américains, à travers l’Agence pour le développement international (USAID) ont promis de soutenir ce plan de réponse humanitaire sans préciser le montant de leur contribution. Les États-Unis sont d’ailleurs le premier des dix bailleurs à financer l’aide humanitaire au Mali. En 2021, ils ont accordé plus de 170 milliards de FCFA au Mali à travers l’USAID.

Toutefois, de réelles difficultés pourraient survenir à cause de la tension diplomatique opposant le Mali à la France dont le dernier épisode en date est l’interdiction depuis le mois de novembre dernier des activités de toutes les organisations non-gouvernementales financées ou soutenues par la France, y compris celles opérant dans le domaine humanitaire.

Mali : troisième visite du président de la Commission de l’UA

Les autorités de la transition malienne ont prévu d’organiser des élections présidentielles en 2024 pour un retour à l’ordre constitutionnel.Le Président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat a clôturé ce mardi 31 janvier, sa troisième visite officielle au Mali depuis le début de la Transition en août 2020. Une visite visant à constater le travail effectué par les autorités pour un retour à l’ordre constitutionnel normal prévu en mars 2024.

Il en a profité pour s’enquérir de la situation humanitaire du pays qui a connu une grande dégradation à cause de l’insécurité. Au cours de son séjour, le président de la Commission de l’Union a eu des échanges avec les autorités de la Transition, à leur tête le chef de l’Etat le Colonel Assimi Goïta ainsi que le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga. Il a ainsi pris connaissances des avancées réalisées par le processus de Transition telles que la mise en place de l’Autorité Indépendant de Gestion des Elections (AIGE) l’adoption de la Loi électorale, la création d’une commission chargée de finaliser le projet de nouvelle Constitution…

Lors de son séjour, le président de la Commission de l’UA a également eu une réunion de travail avec le Comité local de suivi de la Transition mis en place par l’Institution continentale, en partenariat avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et des Nations Unies. Il a rendu hommage à ce comité « pour le travail remarquable qu’il a accompli » dans l’accompagnement de la Transition.

« Nous sommes venus aujourd’hui faire le point avec les autorités de la Transition sur les étapes franchies et nous sommes heureux de constater que des progrès réels ont été accomplis par la transition malienne », s’est réjoui le Président de la Commission de l’UA. Evoquant l’audience que lui a accordée le Président de la Transition, Moussa Faki Mahamat a indiqué qu’à cette occasion, il a réaffirmé « le soutien de l’Union africaine au succès de la transition et notre désir ardent de voir la solidarité africaine s’exprimer en faveur de ce pays ».

Cette visite a aussi été l’occasion pour les autorités de la Transition d’exhorter l’Union africaine à lever les sanctions qu’elle a imposées au Mali, le 14 janvier 2022, s’alignant alors sur la décision de la Cédéao d’isoler Bamako en réponse au refus d’alors des autorités d’aller vers un retour à l’ordre constitutionnel dans les meilleurs délais. L’institution sous régionale a finalement levé l’embargo sur le Mali en juillet dernier après que la junte a accepté une transition de 24 mois.

Pour faire face aux défis humanitaires importants auxquels le Mali est confronté suite à la crise sécuritaire, les autorités ont sollicité la solidarité continentale à travers l’appui du Fonds humanitaire de l’Union Africaine. Pour toutes ces demandes, le président de la Commission a indiqué avoir pris bonne note et qu’il fera le point à son organisation pour la suite à réserver.

Burkina : le Premier ministre à Bamako

Me Apollinaire Kyélem de Tambèla doit rencontrer le président de la Transition malienne, Assimi Goita.Le Chef du gouvernement Burkinabè est attendu, ce mardi 31 janvier 2023, à Bamako, ont rapporté des sources concordantes.

Il doit y effectue une visite officielle de travail et d’amitié de 48 heures, ont précisé nos sources.

Elles ont indiqué qu’il devrait rencontrer son homologue malien Choguel Maïga ainsi que le président de la Transition, le colonel Assimi Goita.

C’est sa première visite officielle dans le pays après s’y être rendu en catimini en décembre dernier pour continuer en Russie, tout aussi secrètement.

Il s’agit de la 3e visite d’officiels burkinabè au bord du Joliba, après les visites du président de la Transition, Ibrahim Traoré et du président de l’Assemblée législative de transition, Dr Ousmane Bougma.

Depuis l’arrivée du capitaine Traoré au pouvoir en septembre 2022, Ouagadougou s’est rapproché de Bamako qui joue les intermédiaires avec Moscou.

Les deux pays ont récemment affiché leur volonté de lutter contre le terrorisme. En mi-janvier 2023, le Mali avait aidé le Burkina dans la recherche d’une soixante de femmes enlevées, le 11 janvier, par des jihadistes présumés à Arbinda puis retrouvées après une semaine de captivité, à Tougouri, par l’armée burkinabè.

Mali : Polémique autour du projet de Constitution

Le président de la Transition a pris un décret nommant les membres « de la Commission chargée de la finalisation du projet de Constitution ». Certains membres désignés ont décliné leur participation.Le 19 décembre dernier, le président le Colonel Assimi Goïta, président de la Transition au Mali avait rendu public un décret de création d’une commission chargée de la finalisation du projet de Constitution. Elle devrait avoir comme outil de travail l’avant-projet de Constitution remis au chef de l’Etat en octobre dernier par une commission mise en place à cet effet depuis juin dernier.

Dans ce décret, il était prévu de désigner 51 personnes dans la commission chargée de la finalisation du projet de Constitution. Toutefois, dans la liste publiée le 27 janvier, elles étaient plutôt 69 à avoir été nommée, soit 18 personnes de plus que le nombre prévu par le décret portant création de ladite commission.

Cette situation est qualifiée « incohérence » par des leaders politiques.

Président de la commission de rédaction de la Constitution, le professeur Fousseyni Samaké a été nommé coordinateur général de la nouvelle structure chargée de finaliser le projet qu’il a eu à piloter pendant plusieurs mois.

Le gouvernement est représenté dans cette commission par les ministres Alousséni Sanou des Finances, Ibrahim Ikassa Maïga de la Refondation de l’Etat, Fatoumata Sékou Dicko, ministre déléguée auprès de la primature, Mamoudou Kassogué, ministre de la Justice et le Colonel Abdoulaye Maïga, ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale. Parmi les cinq représentants du Conseil National de Transition ( CNT, parlement provisoire ), figurent Mamadou Diarassouba, Souleymane Dé, Abdoulmadjid Ag Mohamed Ahmed, Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune.

Bien qu’ayant rejeté l’avant-projet de Constitution, le Cadre des Partis politiques pour le Retour à l’Ordre constitutionnel (opposition) fait son entrée dans cette nouvelle Commission avec deux représentants: l’ex ministre Amadou Koïta du parti Socialiste (PS-Yeleen Kura) et Amadou Aya secrétaire général adjoint du parti CODEM (Convergence pour le développement du Mali).

La nomination de ce dernier a suscité la réaction de son parti, qui, dans un communiqué, dit avoir « été surpris de voir le nom d’un de ses membres figurer sur le décret ». Ce parti, qui rejette toute idée de l’élaboration d’une nouvelle Constitution, estime que son secrétaire général adjoint a été plutôt désigné sur proposition du Cadre des partis politiques. Il exprime son désaccord sur le choix des membres et rejette d’emblée toutes les conclusions qui sortiront des travaux de la commission.

Par contre, un des leaders du Cadre, Laya Amadou Guindo considère pourtant l’intégration dans cette commission comme une opportunité de faire entendre leur position tout en plaidant pour une révision à minima de la Constitution de février 1992.

La Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) – ex-rébellion – qui a aussi vu l’un de ses cadres nommé dans cette commission, a tout simplement informé l’opinion « qu’elle ne prendra pas part à la Commission chargée de la finalisation du projet de Constitution ». Pourtant, elle a confirmé avoir proposé un nom bien avant sa décision de suspendre sa participation aux organes de mise en œuvre de l’Accord prise fin décembre 2022. Elle a ainsi réitéré « avec insistance sa demande de réunion en un lieu neutre avec la médiation internationale pour discuter de la viabilité de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger ».

Selon le décret du 27 janvier dernier, les membres de la commission « bénéficieront des avantages ». Pourtant, les dix membres représentants le gouvernement et le CNT qui y siègeront, perçoivent déjà des indemnités.  

Ce décret a été pris à moins de deux mois d’un vote populaire prévu le 19 mars prochain.

Le document soumis sera directement voté au cours dun référendum sans être examiné ou adopté par le CNT.

Lutte contre le terrorisme : ce que propose Gbagbo à la Cedeao

L’ancien président ivoirien, en visite à Bayota, dans le Centre-est de la Côte d’Ivoire, a lancé un appel à la Cedeao dans la lutte contre le jihadisme en Afrique de l’Ouest.« Pourquoi le colonel Assimi Goïta a pris le pouvoir au Mali et il est soutenu par la population, il faut étudier çà ; pourquoi Ibrahim Traoré (au Burkina Faso) a pris le pouvoir et puis il est soutenu par la population, il faut étudier cela », a-t-il lancé.

L’ancien chef de l’Etat ivoirien a déclaré que « c’est parce qu’ils ont promis de lutter contre les jihadistes et qu’ils luttent contre les jihadistes », faisant observer que le capitaine Ibrahim Traoré, le président de la Transition au Burkina Faso « n’est même plus à son bureau, il est sur le terrain ».

« Donc, au lieu que la Cedeao prenne des communiqués pour leur donner des ordres méchants et les obliger à faire des élections comme si les élections pouvaient régler le problème du jihadisme, non, je propose à la Cedeao de créer une brigade anti-jihadiste », a-t-il suggéré.

Cette force comprendra « tous les militaires de tous les pays de la Cedeao et que ceux-ci se mettent en mouvement et en patrouille pour lutter contre le jihadisme », car « si on ne fait pas ça, c’est qu’on a rien fait », a-t-il poursuivi.

Selon M. Gbagbo, « en créant la brigade anti-jihadiste, on résout deux problèmes, premièrement on lutte contre le jihadisme, (notamment) contre le banditisme terroriste et deuxièmement, on évite d’appeler au secours des troupes européennes ».

De ce fait, « on n’appellera pas les troupes européennes parce que nous-mêmes, nous nous mettons en mouvement pour régler nos problèmes », a-t-il relevé, admettant toutefois « qu’il y a des problèmes pour lesquels on est obligé d’appeler des pays européens ».

« Pour lutter contre le jihadisme, on peut se mettre en mouvement pour créer notre brigade anti-jihadiste de la Cedeao en vue de lutter contre le fondamentalisme jihadiste », a insisté l’ancien président ivoirien.

Il s’est inscrit en faux contre « tous ceux qui ne pensent pas à ce problème-là, qui ne pensent pas aux solutions qu’il faut trouver pour ce problème et qui se mettent à engueuler les jeunes dirigeants », tout en indiquant que lui-même est « contre les coups d’Etat militaires et civils ».

Les dirigeants de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) se sont engagés le 4 décembre 2022, à Abuja, à créer une force régionale face au jihadisme et aux coups d’État afin de ramener la sécurité et la stabilité dans la région. 

Religion / Etat : quelle laïcité pour le Mali ?

Inscrit au Préambule de l’avant-projet de nouvelle Constitution, le terme est devenu hautement sensible dans les débats politiques. Et pour cause : plusieurs leaders religieux sollicitent sa suppression de la Loi fondamentale. Sur la scène publique et dans les mosquées, l’indignation s’intensifie.

Sous les ventilateurs fatigués de la petite mosquée de Sirakoro Meguetana, ce 20 janvier 2023, la température est un peu chaude. Tout comme le discours de l’Imam de ce lieu de culte, toujours en construction. « Au nom de la laïcité, au Mali on réfute les enseignements du Coran », lâche le religieux en plein sermon du vendredi. « Dans ce pays, on se dit tous Musulmans, à commencer par les plus hautes autorités du pays, mais nous refusons de le montrer aux yeux du monde. Par exemple, pourquoi, avant de commencer leurs discours, elles [les autorités] ne commencent pas par invoquer Allah et le Prophète Mohamed (PSL) ? Tout cela à cause de cette soi-disant laïcité importée des pays non Musulmans. Il faut que ça change », s’exaspère-t-il.

À quelques mètres du prêcheur, un fidèle hoche la tête pour marquer son assentiment. Un autre, tout de blanc vêtu, acquiesce à son tour et murmure : « l’Imam dit vrai, les Musulmans doivent se montrer plus fermes sur cette histoire de laïcité ».

De même que dans la petite mosquée de Sirakoro, ces discours s’amplifient dans la capitale malienne. Quelques jours plutôt, le 7 janvier, une dizaine de personnes se regroupait à l’invitation du Collectif des associations musulmanes du Mali, à la Maison de la presse, pour débattre d’une laïcité « négative, sectaire, agressive et intolérante », qui, selon elles, marginalise et exclut délibérément la communauté musulmane de presque toutes les instances de décision du pays.

« La laïcité est un système qui exclut les églises de tout pouvoir politique, administratif,  spécifiquement de l’organisation de l’enseignement. Dans notre cas, il faut remplacer église par la religion. Étant définie comme cela, qu’est-ce qui reste à la religion dans la gestion de l’État ? », s’interrogeait Mohamed Kimbiri. Déterminé, le Président du mouvement haranguait la foule : « tout ce qui se fait sans toi se fait contre toi. Nous n’allons plus quitter la scène politique soi-disant que ça ne nous concerne pas. Et, pendant ce temps, au moment des élections, nous devenons des bêtes électorales dont on sollicite les votes et après on les exclut de la vie politique ».  L’assistance approuve. Le religieux enchaîne : « on constate que depuis l’indépendance tous ceux qui ont essayé de réviser la Constitution ne se réfèrent pas à nos réalités, telles que définies dans la Charte de Kurukanfuga, mais font plutôt un copier-coller de la Constitution française. Alors que nos réalités diffèrent. Par exemple, la loi de 1905 qui a institué la laïcité en France, dans son article 2, dit que « la République ne reconnaît, ne salarie et ne subventionne aucun culte ». Cette forme de laïcité est antireligieuse et ne se conforme pas à notre histoire et à notre tradition », certifie-t-il. Même son de cloche au niveau du Dr Ahmadou Bolly. Également membre du Collectif, il estime qu’on ne peut pas construire le Mali Kura avec l’héritage colonial. « La souveraineté idéologique doit être cherchée via la Constitution », renchérit-il.

Le plus farouche des religieux et le plus connu, qui se mobilise contre la présence de la notion de laïcité dans la Constitution est Mohamed Mahi Ouattara. L’Imam de Sébénikoro, l’un des prédicateurs les plus suivis sur les réseaux sociaux au Mali, multiplie les prêches depuis novembre 2022 pour dénoncer « une laïcité qui constitue une entrave pour la religion musulmane » et « au nom de laquelle on se permet de tout faire dans le pays ».

Les raisons d’une révolte

Musulmane, chrétienne, animiste, athée… Plusieurs croyances sont pratiquées au Mali et la religion n’a jamais divisé le pays. De même que la notion de laïcité, qui a été toujours présente dans les anciennes Constitutions. Alors, pourquoi une polémique maintenant sur le sujet ?

« Au niveau de la communauté musulmane, vu qu’on estime le nombre de musulmans à plus de 90% de la population, on veut que la Constitution leur confère un pouvoir dans l’optique de prévenir tout ce qui pourrait faire entrave à leur religion. C’est ce qui suscite la révolte de certains leaders religieux. La laïcité telle que définie par la France ne leur convient pas. Ils pensent que si on laisse le mot laïcité dans la Constitution, tout peut être voté sur la base de ce terme. Je pense par exemple à l’homosexualité. C’est pourquoi ils veulent que cela soit carrément supprimé de la Constitution », explique l’enseignant-chercheur Mady Ibrahim Kanté, instructeur temporaire à l’École de maintien de la paix Alioune Blondin Bèye.

Ainsi, depuis octobre 2022 plusieurs leaders religieux se montrent de plus en plus critiques envers la laïcité, ce principe qui sépare la société civile et la société religieuse. À la fin de ce mois était apparue sur les réseaux sociaux une vidéo mettant en scène Mamadou Dembélé, un adepte du kémitisme, piétinant le Coran après avoir tenu des propos blessants sur l’Islam. L’acte avait provoqué une grande polémique au sein de la société et une vive colère des Musulmans.

« S’il est vrai qu’un mouvement de ce genre, qui insulte Allah, notre prophète et le Coran, existe au Mali, nous demandons aux autorités du pays de déchirer le récépissé dès demain. Si le mouvement continue d’exister, cela prouvera que les autorités ont failli à leur mission. À ce moment-là, les Musulmans agiront en conséquence », avait réagi le président du Haut conseil islamique du Mali, Ousmane Cherif Madani Haidara, suite à la publication des images blasphématoires. Dans une vidéo, sur la question de la laïcité, sans l’évoquer directement, il s’était montré ouvert aux différentes religions, estimant que nous avons hérité nos obédiences de nos ascendants et qu’en conséquence il était nécessaire de laisser les autres, notamment les Chrétiens, pratiquer leurs cultes en paix.

Vers un bras de fer ?

Engagées dans un processus d’adoption d’une nouvelle Constitution et d’une loi pour encadrer les prêches, les autorités de la Transition risquent de se confronter aux religieux, en plus des acteurs politiques qui demandent son abandon. Déjà, fin décembre, le Collectif des associations musulmanes du Mali, estimant être écarté du Comité d’Observation Stratégique (COS), de la Commission de Rédaction de la Nouvelle Constitution (CRNC), de l’Autorité Indépendante de la Gestion des Élections (AIGE) et de la liste additive des membres du CNT, avait indiqué via un communiqué qu’il entendait rester « mobilisé » pour « répondre au besoin » aux appels, à tout moment et en tous lieux, pour militer contre « une Constitution copie-conforme certifiée du modèle colonial ».

Le risque est grand et les autorités le savent. Depuis l’avènement de la démocratie et la création du Haut conseil islamique du Mali, en 2002, la réussite de plusieurs manifestations politiques a été rendue possible par la capacité de mobilisation des leaders religieux. Avec presque toujours l’Imam Mahmoud Dicko en première ligne. Le soulèvement contre le projet de loi portant Code des personnes et de la famille en 2009, c’est lui. Les manifestations ayant conduit à l’éviction de Soumeylou Boubèye Maïga de la Primature en 2019, c’est encore lui. De même, l’Imam à la barbe grisonnante a fortement contribué à la chute de l’ancien Président Ibrahim Boubacar Keïta, qu’il avait pourtant soutenu en 2013. Va-t-il de nouveau se dresser contre l’Exécutif pour la suppression de la laïcité dans la nouvelle Constitution ? La question suscite débat. Début janvier, lors d’un sermon du vendredi, le natif de Tonka, 69 ans, a montré son désaccord face à ce principe. « Partout dans le monde, les pays se glorifient d’être des pays laïcs, c’est à dire qu’ils gèrent leurs affaires sans Dieu. C’est le projet qui est en cours. Ils veulent diriger le monde sans Allah, le Créateur de ce monde. Ça ne marchera jamais », a-t-il fustigé. La CMAS, Coordination de mouvements et associations portant son nom, et dont il est le parrain, a également appelé les autorités de la Transition à surseoir à la révision de la Constitution le 9 janvier dernier, estimant « qu’aucune disposition du droit positif ne donne compétence au Président de la Transition pour élaborer une nouvelle Constitution et la faire aboutir par voie de referendum ».

Un modèle de laïcité à la malienne ?

Au Mali, où la religion occupe une place considérable dans l’espace public, la laïcité « à la française » est remise en cause. Sans autant militer pour un État islamique, certains religieux optent pour une laïcité à la Malienne, « qui respecte nos traditions, nos cultures et croyances », s’exclame Mohamed Kimbiri. Par exemple, comme celle de la Suisse, où la Constitution commence par le nom de Dieu, ou celle de l’Allemagne, où dans le préambule il est écrit « devant Dieu et devant le peuple allemand ». Nous souhaiterons aussi que le nom de Dieu paraisse dans notre Constitution ».

Dans une chronique publiée en novembre dans « Opinion Internationale », l’ancien Premier ministre Moussa Mara trouve aussi qu’il est indispensable de définir « notre propre voie » de la laïcité. « Cela contribuera à faire en sorte que les citoyens sachent que la religion est aussi un facteur de stabilité si elle est bien comprise. Seule la religion bien comprise permettra de lutter efficacement contre l’intégrisme religieux et les intolérances religieuses. En se fermant à la religion, on détourne son regard d’elle et on la confine dans un espace qui facilitera la radicalisation et, à terme, la violence », explique l’homme politique, selon lequel « plus que jamais l’État doit sortir de sa léthargie face à la religion, la considérer comme une donne incontournable et un facteur d’harmonie sociale. Donc une chance plutôt qu’une menace ! ».

Cela suffira-t-il à faire baisser la tension ? « Peut être que oui, peut être que non. Mais l’option d’un modèle de laïcité à la Malienne mérite d’être soigneusement réfléchie par les autorités du pays. Ne serait-ce que pour contenir la colère des religieux, capables d’élire un Président, de le démettre de ses fonctions ou de faire annuler une loi votée par l’Assemblée nationale », signale l’enseignant-chercheur Mady Ibrahim Kanté.

G5 Sahel : une redynamisation presque impossible sans le Mali

Depuis quelques semaines, les pays membres du G5 Sahel affichent une volonté de redynamisation de l’organisation sahélienne, dont le fonctionnement était au ralenti ces dernières années. Multiplication des rencontres ministérielles, appels du pied au Mali, qui s’en est retiré en mai dernier, Sommet extraordinaire des Chefs d’États en vue, le G5 Sahel semble tourné vers une difficile « renaissance » sans le Mali.

L’année 2023 est-elle partie pour être celle de la redynamisation du G5 Sahel ? Depuis son début, les réunions se multiplient entre les 4 pays membres restants pour « préserver et redynamiser » l’organisation.

Le 10 janvier, les ministres en charge de la Défense des pays membres se sont retrouvés en Séance extraordinaire à N’Djamena, au Tchad, pour parler du fonctionnement de l’organisation et faire des recommandations pour la lutte efficace contre le terrorisme dans le Sahel, vocation première du G5 Sahel depuis sa création, en 2014.

Dans le cadre du redimensionnement du Commandement et du renforcement des capacités de combat de la Force conjointe du G5 Sahel, pour la rendre plus opérationnelle et efficace, ils ont décidé de l’augmentation du nombre de bataillons à 14. Le Burkina Faso va désormais compter 5 bataillons, de même que le Niger, et la Mauritanie et le Tchad, 2 chacun.

Toujours dans la capitale tchadienne, les ministres des Affaires étrangères des pays membres du G5 Sahel se sont rencontrés le 18 janvier pour faire l’état des lieux de l’organisation, « en relation notamment avec le retrait du Mali », auquel ils ont à nouveau exprimé leur « souhait de voir rejoindre sa famille naturelle qu’est le G5 Sahel ». Ces diplomates ont également recommandé une mobilisation des ressources croissantes, organisées et efficaces des États-membres.

Inefficace sans le Mali 

Si la volonté de redynamisation de l’instance sahélienne est clairement affichée, plusieurs analystes s’accordent à dire qu’elle sera difficile et inefficace sans le Mali. Cela semble d’ailleurs être le cas des autres pays membres du G5 Sahel, qui ne cessent de plaider pour son retour dans l’organisation.

Le Mali, de par sa position géographique, était le seul pays qui se retrouvait dans 2des 3 fuseaux du G5 Sahel (Fuseaux Ouest avec la Mauritanie et Centre avec le Burkina Faso et le Niger).

« Sans le Mali, le G5 Sahel perd son élément le plus essentiel dans la lutte qu’il entend mener pour la sécurisation du Sahel. Aucune redynamisation sans ce pays et sans une capacité de financement propre aux États membres ne saurait donner à l’instance ses lettres de noblesse », tranche Soumaila Lah, Coordinateur national de l’Alliance pour la réforme du secteur de la Sécurité.

« Le Mali est frontalier de 3 des 4 autres pays membres du G5 Sahel et partage une superficie quadrilatère de plus de 300 000 km² avec deux d’entre eux. Cette portion constitue aujourd’hui l’épicentre du terrorisme dans le Sahel et aucun succès dans cet espace commun entre 3 pays ne saurait être viable et durable sans une véritable coordination entre eux », poursuit-il.

Mahamadou Sawadogo, chercheur burkinabè spécialiste des questions de sécurité, abonde dans le même sens. « Le Mali, le Burkina et le Niger forment le Fuseau central du G5 Sahel. Avec le retrait du Mali, il est difficile que ce Fuseau central survive. Ce qui veut dire que l’organisation a besoin du Mali pour contrôler ce Fuseau central, qui est d’ailleurs l’épicentre de la menace terroriste, parce que c’est à ce niveau que se trouve la Zone des 3 frontières », souligne-t-il.

Selon Soumaila Lah, le retrait du Mali de l’organisation constitue un véritable casse-tête  parce que le pays était jusque-là le maillon à partir duquel il était possible d’affirmer une certaine puissance sur les groupes armés terroristes et le banditisme transnational. Un retour du Mali, comme le souhaitent les autres pays membres, apparait comme essentiel pour une redynamisation efficace du G5 Sahel.

Mais cette possibilité a déjà été écartée par les autorités de la Transition, qui estiment que cette instance est noyautée par l’étranger. Dès lors, pour beaucoup d’observateurs, la « mort » annoncée du G5 Sahel semble inévitable.

Mali : que sait-on des nouvelles recrues du GSIM à Ménaka ?

Le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) veut renforcer son ancrage dans la région de Ménaka, considérée comme le fief de l’Etat islamique au Sahel (EIS).La dernière fois qu’il avait donné signe de vie, c’était à Taglith, dans la région de Kidal, pour célébrer la libération d’une centaine de membres du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) à la faveur de l’échange de prisonniers intervenue octobre 2020 entre Bamako et la filiale sahélienne d’Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Cette transaction qui a permis à l’humanitaire française Sophie Pétronin aux mains du GSIM depuis décembre 2016 de recouvrer la liberté de même que l’homme politique malien, Soumaila Cissé, décédé de la Covid-19 le 25 décembre 2020.

Dimanche dernier, Iyad Ag Ghali est réapparu une nouvelle fois à Ménaka, dans le nord-est du Mali, entouré de deux de ses plus importants lieutenants, Abdallah alBakay et  l’émir de Ménaka, Abou Daoud, selon Wassim Nasr, journaliste à France24 et spécialistes des mouvements jihadistes. Le chef jihadiste s’y est rendu pour accepter l’allégeance au GSIM de « notables » appartenant à des tribus de l’Azawagh dans l’est de Ménaka, non loin de la frontière nigérienne.

Des frustrés du MSA-D

Il s’agit, selon nos informations d’anciens membres du Mouvement pour le salut de l’Azawad tendance Daoussahak (MSA-D), né d’une scission du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). 

En conflit avec les leaders de ce mouvement touareg qu’ils accusent de les avoir abandonnés à leur sort après un revers face à l’Etat islamique au Sahel (EIS) anciennement appelé État islamique au Grand Sahara (EIGS), ils se sont rapprochés du GSIM. Les discussions avec la coalition jihadiste dirigée par Iyad Ag Ghali, touareg de la puissante tribu des Ifoghas, ont commencé l’année dernière et se sont poursuivies jusqu’au début de cette année. Des sources sécuritaires indiquent que c’est « au début du mois de janvier que l’allégeance » de ces chefs de guerre touaregs a été acceptée par Iyad Ag Ghali. Le journaliste Housseyne Ag Issa, affirme sur Twitter que la vidéo a été tournée le 21 janvier 2023.

Un « deal » gagnant-gagnant

Il explique que l’adhésion de ces « notables » au GSIM était prévisible car « ces communautés subissent facilement des massacres de masses » de « l’Etat islamique et de ses milices alliées depuis des années », faisant allusion à une série d’exactions menées par l’EIS depuis mars contre les Daoussahak. En octobre dernier, Human Rights Watch, une organisation de défense des droits humains, a publié un rapport faisant état de la mort de plusieurs centaines de civils issus de cette communauté qui est systématiquement ciblée par l’EIS alors que des sources locales évoquent un millier de civils tués dans la même période. Le même mois, le GSIM et l’EIS se sont affrontés dans des localités de Ménaka. Des combats au sortir desquels chaque groupe a revendiqué la victoire sans en apporter la preuve.

Cependant, ce qui ne souffre d’aucune ambiguïté, c’est l’importance que revêt pour la filiale d’Al Qaida, la région de Ménaka considérée comme le fief du groupe rival. Toutefois, pour asseoir une influence et « affirmer davantage son ancrage local afin de contrer l’avancée de l’EIS vers le nord, Iyad Ag Ghali avait besoin d’ « hommes du sérail ». Ce qu’il vient de trouver à travers ces anciens « notables » du MSA- D et leurs combattants lourdement armés à bord de leurs pickups.