ASMA-CFP : la vie sans Soumeylou Boubeye Maïga

L’An I du décès de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga rappelle l’immensité de l’homme et les défis que son parti doit relever pour continuer d’exister après lui.

Cela fait un an que le « Tigre de Badala » ne rugit plus. En prison depuis août 2021, accusé entre autres de « faux et usage de faux et d’atteinte aux biens publics dans l’affaire de l’acquisition de l’avion présidentiel et des achats d’équipements militaires », l’état de santé de Soumeylou Boubeye Maiga s’était sévèrement dégradé durant sa détention. Il est décédé le 21 mars 2022 à Bamako dans la clinique où il était hospitalisé depuis décembre 2021, sans jamais avoir été jugé. Le chroniqueur Mohamed Youssouf Bathily alias Ras Bath, invité à prendre la parole lors de la 3ème Conférence nationale du parti, le 11 mars dernier, a affirmé que Soumeylou Boubeye Maïga avait été « assassiné ». Convoqué le 13 mars par la police, il a par la suite été placé sous mandat de dépôt par le Parquet de la Commune IV pour « simulation d’infraction ».

Les militants de l’ASMA-CFP, qui évitent de s’exprimer sur cette dernière affaire, indiquent « rester unis, debout et plus que jamais déterminés » à œuvrer pour que le parti continue de « peser » sur l’échiquier politique malien. Une volonté qui, selon des analystes, ne sera pas simple à matérialiser.

« Il y a la culture de la personnification des partis politiques au Mali. Et l’ASMA ne fait pas exception à cela. La disparition de l’ancien Premier Ministre fait que le parti se retrouve dans une situation un peu délicate, dans la mesure où toute la question qui se pose c’est la pérennité du parti. Il n’est pas évident qu’il puisse trouver en son sein quelqu’un de charismatique et qui dispose des moyens financiers et intellectuels nécessaires pour faire face au vide qu’il a laissé », craint l’analyste politique Ballan Diakité. Outre l’absence de figure charismatique, le spécialiste met aussi l’accent sur la non représentativité du parti sur tout le territoire du Mali.

Une dissension interne risque également d’obscurcir l’horizon de l’ASMA. Le 2 mars dernier, le 3ème Vice-président, Aboubacar Ba, et le Secrétaire général adjoint, Boubacar Traoré, ont été suspendus « pour leurs initiatives et attitudes qui sont de nature à compromettre le parti et à porter atteinte à son image », a justifié l’ASMA dans un communiqué.

Pour le Secrétaire général du parti, Issa Diarra, « au-delà de tout ce qui s’est passé », le parti a su prendre un nouveau départ, avec de nouvelles ambitions. « Contrairement à ce que beaucoup de gens auraient pensé, la disparition de notre Président a requinqué beaucoup de militants et nous a donné beaucoup plus de courage pour ne pas baisser les bras. Nous sommes dans cette optique », assure-t-il.

Unité

Même après le décès de son Président, le parti essaye de jouer des coudes pour rester présent sur la scène politique. Avec le Cadre des partis et regroupements politiques pour le retour à l’ordre constitutionnel, dont il est l’un des principaux initiateurs, l’ASMA-CFP a participé aux différents ateliers et forums sur les réformes politiques et constitutionnelles organisés par les autorités de la Transition. Mais le manque de vigueur dans ses prises de positions ne réjouit pas tout le monde au sein de cette entité.

« Dès les premières heures de la Transition le parti s’est engagé dans une dynamique de soutien en vue de relever les défis sécuritaires et d’aboutir à un retour à l’ordre constitutionnel normal, à travers l’organisation d’élections justes, transparentes, crédibles dans un esprit de consensus et d’inclusivité », rappelle Amadou Baba Cissé.

L’ASMA se projette déjà pour les prochaines élections, si les dates sont tenues. Lors de sa première participation aux élections communales, en 2016, sur 185 partis qui s’étaient présentés, il était sorti 7ème, avec 300 conseillers et 14 maires. « Nous avons eu également 4 députés élus lors des législatives qui ont suivi. Mais nous ne nous satisfaisons pas trop de cela. Nous comptons travailler pour tirer ce parti encore plus vers le haut », indique le Secrétaire général Issa Diarra. Mais autre temps, autre contexte, puisque Soumeylou Boubeye Maiga vivait encore à ces dates et que son influence, renforcée après son passage à la Primature, lui avait permis de propulser haut le parti.

Olivier Dubois : le journaliste libéré après près de deux années de captivité

Le journaliste français Olivier Dubois, ancien collaborateur du Journal du Mali a été libéré ce 20 mars après 711 jours de captivité. Il avait été enlevé le 8 avril 2021 à Gao par le groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans d’Iyad Ag Ghlay. Nous n’avons encore que peu d’informations sur sa libération, mais Olivier Dubois a été libéré en même temps qu’un Américain Jeffery Woodke qui avait été enlevé au Niger en 2016. Sur des photos qui circulent sur les réseaux sociaux, on aperçoit les deux ex-otages à l’aéroport de Niamey. Pour sa première prise de parole, Olivier Dubois a remercié le Niger, la France ainsi qu’RFI qui lui a permis de garder contact avec les siens durant sa captivité. Le Niger aurait joué un grand rôle dans les libérations. Le Français et l’Américain ont été remis aux autorités nigériennes qui les a ensuite remis aux autorités francaises et américaines. L’ambassadeur de France au Niger, Sylvain Itté a remercié les autorités nigériennes pour avoir « activement contribué à ce dénouement heureux ». Olivier Dubois devrait arriver en France demain mardi.

3 questions : Pr Abdoul Sogodogo, Vice-Doyen de la Faculté des sciences administratives et politiques de Bamako (FSAP)

Avec le report du référendum, doit-on craindre un glissement dans le reste du chronogramme ?

Le gouvernement a donné un chronogramme pour l’ensemble des scrutins. Mais peu à peu, il apparaît que ledit chronogramme rencontre d’énormes difficultés liées au retard dans l’opérationnalisation de l’Autorité indépendante pour la gestion des élections (AIGE) et la finalisation du projet de constitution. Ce retard s’explique, en partie, par un souci de trouver un large consensus autour du processus politique. En essayant de se donner un peu de temps pour les derniers réglages, cela n’aura pas substantiellement un impact sur le reste du calendrier. D’autant que c’est le même organisme, une fois opérationnalisé, qui s’occupera du reste des scrutins.

Le porte-parole du gouvernement a assuré que le président de la transition tenait au respect de l’échéance 2024. Selon vous, ce délai est-il toujours tenable ?

Le calendrier paraît difficilement tenable pour deux raisons majeures. D’abord, la lenteur dans l’opérationnalisation de l’AIGE dont les démembrements n’ont toujours pas été installés alors que nous sommes déjà à mi-mars.

La nouvelle loi sur l’organisation territoriale n’est pas encore promulguée, or l’AIGE doit être déployée sur la base de cette nouvelle configuration territoriale, qui crée de nouvelles circonscriptions administratives. Vu l’ampleur et l’enjeu des travaux, ce travail préalable à l’organisation de toute élection au Mali prendra encore plus de temps. Et cela aurait un impact significatif sur le chronogramme. Le second défi majeur est lié au problème de financement. Est-ce que le Mali a le budget nécessaire pour financer toutes ces élections ? Surtout que le pays est sur une nouvelle dynamique caractérisée par un changement d’alliance géopolitique. Or, ce sont les partenaires « traditionnels » qui financent ou appuient considérablement nos pays dans l’organisation des élections.

Faudrait-il un réaménagement du chronogramme pour rester dans le délai imparti ?

Le remaniement du chronogramme risque d’être mal perçu par les différents acteurs nationaux et internationaux. En plus, ce n’est pas évident qu’ils y adhérent. Mais la réalité aussi laisse entrevoir qu’il va être difficile de pouvoir respecter le délai initial pour les raisons précédemment évoquées.

De ce point de vue, les autorités sont prises entre le marteau et l’enclume : si elles revoient le calendrier, cela pourrait davantage accentuer les clivages. Pour le moment, nous ne pouvons pas leur prêter une mauvaise intention. Le mieux est d’attendre et d’observer avant de tirer toute conclusion.

Aigles : Eric Sékou Chelle dévoile sa liste pour les matchs face à la Gambie

On prend les mêmes et on recommence ou presque. Hormis quelques joueurs absents sur blessure tels le gardien Bosso Mounkoro ou encore Yves Bissouma, le sélectionneur national Eric Sékou Chelle s’est appuyé sur une ossature qu’il connait déjà pour la liste des 26 joueurs qui prendront part à la double confrontation face à la Gambie. Une liste composée de trois gardiens de buts, 8 défenseurs, 8 milieux de terrain et 7 attaquants. Le capitaine Hamari Traoré, tout juste remis de blessure va tenir sa place au sein de l’équipe. Une arrière garde qui sera composée par des habitués dont Boubacar Kiki Kouyaté, Falaye Sacko ou Massadio Haidara. Toutefois, un nouveau venu viendra côtoyer les expérimentés susmentionnés. Issiar Dramé, défenseur évoluant à Bastia en France va honorer sa première sélection.  Ismael Coulibaly qui joue à Shieffield United en Angleterre va également faire ses premiers pas dans le nid des Aigles. Au sein d’un milieu de terrain très dense, le néo international devra prendre son mal en patience avec les présences de Mohamed Camara, Diadié Samassekou, Amadou Haidara et Cheick Doucouré notamment. La surprise en attaque est la présence de Fousseini Diabaté. Le feu follet passé par Leicester a longtemps été courtisé par le Mali. Sékou Koita, Nene Dorgeles, Adama Traoré « Malouda », Moussa Djenepo, Moussa Doumbia et un nouveau Boubacar Traoré, qui évolue en Tunisie complètent le secteur offensif. Le regroupement débutera le lundi 20 mars. Le match aller est programmé pour le vendredi 24 mars à Bamako et le retour quatre jours plus tard à Casablanca au Maroc. La Gambie n’ayant pas de stade homologué.

 

Emanuela Del Re : « l’Union européenne veut rester un partenaire important pour le Mali »

La Représentante  spéciale de l’Union Européenne au Sahel était en visite au Mali du 12 au 15 mars 2023. À la fin de son séjour, durant lequel elle a rencontré plusieurs acteurs (Gouvernement, politiques, groupes armés signataires de l’Accord pour la paix, médiation internationale…), elle s’est confiée  à Journal du Mali dans cet entretien exclusif.

Vous venez de terminer votre visite au Mali. Quel en était l’objectif ?

Ce n’est pas ma première visite au Mali. J’ai été ici plusieurs fois avant et j’ai rencontré plusieurs fois, pas seulement les autorités, mais aussi la société civile, les représentants des partis politiques et des mouvements du Nord. Cette fois, c’est particulièrement important parce que, comme vous le savez, l’Union Européenne, qui reste toujours à côté de la population malienne, veut reconfirmer son intention de rester un partenaire important pour le Mali. Je suis heureuse de dire que cela a été reconfirmé aussi par le ministre, que j’ai rencontré, ainsi que notre collaboration essentielle, surtout sur les questions pas seulement nationales mais aussi régionales.

Vous vous êtes imprégnée de la situation au Mali avec les différents acteurs sur le terrain. Quelles sont vos impressions finales sur cette situation globale?

Je peux dire que je connais déjà très bien la situation au Mali. Et je peux dire qu’à chaque fois j’ai l’opportunité, et c’est pour cela d’ailleurs que j’aime beaucoup être ici, directement dans le pays, d’apprendre un peu mieux ce qui se passe, parce que la situation ne change pas. Sur le plan sécurité, bien sûr, la situation est très grave, on le sait. On sait que les terroristes s’organisent au Nord et qu’il y a d’énormes problèmes de criminalité. C’est vraiment une situation qui a un très grave impact sur la population. C’est pour cela que l’Union Européenne est à côté de la population avec des projets qui peuvent garantir pas seulement la survie mais aussi le développement. Nous avons  à peu près 900 millions d’euros de projets pour le pays .Cela veut dire que nous sommes vraiment présents et notre activité a un impact énorme sur la situation économique, sociale, sécuritaire et surtout humanitaire. Je dois dire que nous sommes conscients de tous les problèmes et que nous comprenons très bien ce que traverse la population. Nous avons la volonté de rester partenaires du Mali. Je suis fière de dire que notre action a un résultat important.

L’UE dénonce la présence du groupe Wagner depuis près de deux ans au Mali, alors que le gouvernement la conteste. Est-ce que cela impacte sa coopération avec pays sur le plan sécuritaire et, dans d’autres domaines, où s’étend cette coopération ?

Nous avons dit à plusieurs reprises que pour nous, le choix d’appeler Wagner n’était pas un choix acceptable. En même temps, nous avons la volonté de rester à côté des populations maliennes. Cela veut dire que, pour nous, c’est important de continuer notre action, de surtout accompagner le Mali dans un processus d’appropriation. Notre rêve est de voir les FAMa, que nous avons aidées pendant beaucoup d’années, car nous avons entrainé plus de 18 000 soldats des FAMa à travers l’EUTM, combattre les terroristes et obtenir des résultats forts sur le plan sécuritaire.

L’EUTM va-t-elle poursuivre sa mission dans le pays ?

Pour le moment, comme vous le savez, cette mission a été réduite et il y aura d’autres changements. Pour toute autre décision concernant cette mission sur le territoire malien, nous attendons la fin de la Transition et les élections pour voir ce qui se passera avec le gouvernement élu, avec l’opportunité de discuter et de réviser notre présence ici et de voir s’il est possible de continuer certaines activités ou non.

Le référendum prévu pour le 19 mars a été reporté le 10 mars dernier. Avez-vous des craintes quant à un retour à l’ordre constitutionnel comme prévu en février 2024?

Nous espérons que le chronogramme va être respecté. Nous avons aussi  la volonté d’y contribuer, avec un appui financier au processus électoral, pour garantir que les institutions nécessaires soient mises en place et qu’il y a la possibilité de faire des élections libres dans une atmosphère constructive. Bien sûr, les décisions de report sont toujours un petit problème. S’il y a encore une prolongation de l’attente de la part des populations, c’est toujours quelque chose qui peut créer d’autres problèmes. Les autorités maintiennent leur attachement à rester dans le délai imparti, mais nous ne savons pas encore si cela sera vraiment traduit en réalité. Mais, pour nous, c’est important de montrer qu’il y a une volonté de retourner à l’ordre constitutionnel.

La mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation bloque depuis quelques mois. Vous venez de rencontrer les différents acteurs (groupes armés signataires et partie gouvernementale). Comment la médiation internationale compte-t-elle relancer le processus ?

Le 13 mars, pour vous dire que les choses avancent, nous avons eu une réunion de la médiation internationale au siège de la MINUSMA, à laquelle ont participé tous les acteurs, l’Union européenne, la CEDEAO, l’Union Africaine, l’Algérie, etc.  Cette réunion était très importante parce que nous avons eu l’opportunité de nous exprimer librement. J’ai parlé de la nécessité d’avoir plus de femmes dans le processus et de celle de faire marcher les commissions. Il y a la volonté de voir le processus avancer. Il y a eu la proposition de faire une autre réunion ministérielle. J’ai discuté avec les représentants des groupes armés signataires et ils m’ont dit qu’ils ont la volonté d’avancer. La volonté est là et la médiation internationale a l’intention de faire ce qu’elle doit faire : faciliter le processus, parce que nous ne pouvons pas imposer.

Doit-on s’attendre à la tenue prochaine d’une réunion du CSA ?

Nous avons évoqué cela. Je pense qu’ils vont décider de cela bientôt et j’espère qu’il y aura une grande participation. Comme je le dis, les propositions sont là, ainsi que l’énergie et la volonté. Les différents acteurs doivent trouver des compromis et des formules pour avancer dans le processus. Je crois que tous les ingrédients sont réunis et nous, en tant que médiation internationale, nous espérons pouvoir faciliter les choses.

Mopti : le Premier ministre Choguel Maiga en visite de trois jours

Le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maiga est arrivé cet après-midi à Mopti pour une visite de 72h. Le chef du gouvernement arrive dans une région qui souffre d’un manque d’eau et d’électricité depuis plusieurs jours. Selon des locaux, ce problème a paralysé les activités économiques et scolaires de la ville.  Ces problèmes viennent s’ajouter aux problèmes sécuritaires de la région. Deux jours avant la visite, le 14 mars, le Premier ministre a reçu une délégation des forces vives de la région de Mopti. La délégation lui a fait un rapport de la situation difficile dans la région.

Kidira Oil Terminal : un projet important pour les acteurs maliens et sénégalais

Avec un chiffre d’affaires annuel de 253 milliards de FCFA, les échanges entre le Mali et le Sénégal sont d’une importance stratégique pour les deux pays. 66% de la consommation de produits pétroliers maliens et 80% des exportations du Mali passent par Dakar. Des chiffres qui témoignent de l’importance de ces liens et justifient la rencontre initiée par les acteurs sénégalais du pétrole et leurs homologues du Mali. Ils sont venus présenter le projet Kidira Oil Terminal (KOT), qui s’inscrit dans le cadre de la diversification des sites de stockage pétroliers et se veut un projet impliquant des avantages mutuels pour les deux pays.

Kidira Terminal Oil (K O T), est « un projet important dans le cadre des relations naturelles et fraternelles que le Sénégal doit entretenir avec le Mali », s’est exprimé M. Ameyrou Gningue, Président du conseil d’administration de La société de pétrole du Sénégal (PETROSEN).

Suite aux découvertes importantes de pétrole et de gaz, dont la première tonne de gaz devrait sortir en octobre 2023 et le premier baril avant la fin de 2023. Il est donc important que dans ce cadre, les infrastructures qui accompagnent cette période soient mises en place.

La société de pétrole du Sénégal (PETROSEN) qui est l’instrument de la politique pétrolière du Sénégal a ainsi effectué sa mutation.  Elle compte à présent deux entités dont l’une s’occupe du training et services et l’autre de l’exploration et de la production.

« Nous avons trouvé un projet global de diversification des sites de stockage de pétrole. Au-delà des sites de Dakar, de Ziguinchor, Bargny,…, il est apparu nécessaire de réaliser un site à Kidira, à la frontière avec le Mali », précise le PCA.

Réalisé avec des partenaires spécialisés en logistique, ce projet ne peut être réalisé sans la participation du Mali, pour discuter ensemble du projet, insiste le responsable de PETROSEN. Les deux pays doivent donc cheminer ensemble pour sa réalisation.

Il y a des stocks, appelés stocks de sécurité, indispensables pour corriger les dysfonctionnements dans l’approvisionnement. Le site peut impacter ce stock de sécurité au Sénégal et au Mali, ne serait-ce que de ce point de vue, le projet devient stratégique pour les deux pays.

Le KOT, intermédiaire entre Bamako et Dakar, doit être un projet commun entre les opérateurs maliens et sénégalais et les autorités des deux pays, afin d’être bénéfique pour les deux. C’est en tout cas, l’esprit du projet qui se veut gagnant-gagnant pour les deux parties.

Avec le projet, il y a déjà une économie de plusieurs kilomètres sur la distance Bamako/ Dakar.

Un tour de table sera fait avec les personnes intéressées et certaines le sont déjà, assure le Directeur Général de PETROLOG, la société qui porte le projet avec ses partenaires. Des rencontres B to B seront organisées et les opérateurs maliens seront invités à Dakar. Des rencontres sont envisagées à la fin du mois de Ramadan.

Justice : Mahamadou Camara remis en liberté sous caution

L’ancien ministre de l’Économie Numérique, de l’Information et de la Communication, M. Mahamadou Camara, inculpé depuis le 23 septembre 2021 dans l’affaire dite des contrats d’équipements militaires est remis en liberté sous caution, informe le Procureur général de la Cour Suprême du Mali dans un communiqué en date de ce jeudi  16 mars 2023.

 « Monsieur Mahamadou Camara bénéficie de la mise en liberté, pour avoir acquitté l’intégralité des 500 millions de Franc CFA en terme de sûreté constitué sur chacun des 10 Titres fonciers entre les mains de Monsieur le Directeur National du Cadastre », indique le communiqué. Ancien Directeur de cabinet du président IBK, Mahamadou Camara avait été placé sous mandat de dépôt depuis près d’un an et demi  pour  « favoritisme, faux en écriture, usage de faux et complicité d’atteinte aux biens publics par usage de faux ». Alors qu’elle bénéficie également d’une ordonnance de mise en liberté sous caution, l’ancienne ministre de l’Economie et des Finances, Mme Bouaré Fily Sissoko incarcérée également  «  reste dans la position de détenue provisoire pour n’avoir pas, à ce jour encore acquitté la caution de 500 millions de Franc CFA à laquelle est subordonnée sa mise en liberté », précise le Procureur général.

« Il reste entendu que l’information judiciaire ouverte contre les personnes ci-dessus dénommées suit son cours dans le strict respect des principes directeurs du procès pénal, notamment ceux de la présomption d’innocence ainsi que du respect des droits de la défense », poursuit le communiqué.

Par ailleurs, les mandats  d’arrêt internationaux lancés contre l’ancien Premier ministre Boubou Cissé, les anciens ministres Tiéman Hubert Coulibaly et Mamadou Igor Diarra, l’ancien Secrétaire général de la présidence, Moustapha Ben Barka, l’ancien Directeur Général de la BMS, Babaly Bah ainsi que Mohamed Kagnassi, Amadou Kouma, Nouhoum Kouma,  Soumaila Diaby et Mamadou Lamine Diakité, « attendent toujours de recevoir exécution de la part des destinataires des différents pays où lesdites personnes sont susceptibles de résider ou se rendre ».

Nouvelle constitution : le Colonel Assimi Goïta valide le projet finalisé

Le président de la transition, le Colonel  Assimi Goïta a validé le projet de constitution qui lui a été remis par la commission  chargée de la finalisation le 27 février dernier, a indiqué le gouvernement mercredi 15 mars 2023, dans un communiqué signé du porte-parole, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Colonel Abdoulaye Maïga.

Selon le communiqué, ce projet de constitution sera présenté aux forces vives de la Nation le 20 mars 2023 par le président de la Transition qui, a par ailleurs instruit aux membres du gouvernement de se l’approprier et de « prendre toutes les dispositions idoines en vue de procéder à sa vulgarisation auprès de nos braves  populations ».

La vulgarisation du projet de constitution figurait parmi les raisons évoquées par le gouvernement de la transition pour justifier le report à une date ultérieure du Référendum qui était prévu le 19 mars 2023.

La  validation du projet de constitution par le président de la transition intervient alors que certains partis politiques et mouvements de la société civile réunis au sein de l’« Appel du 20 février pour sauver le Mali » demandent son abandon pour « défaut de qualité de son auteur d’une part et, d’autre part, le respect du chronogramme des élections, souverainement établi par les autorités de la Transition, en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel ».

Le Cadre d’échange des partis et regroupements politiques pour un retour à l’ordre constitutionnel, après avoir participé aux travaux de finalisation dudit projet propose également  de « surseoir  à la tenue du référendum et de mettre le projet de la nouvelle Constitution à la disposition du futur président de la République qui sera élu après la Transition ».

 

 

 

 

 

Report du référendum : Quel impact sur les relations Mali – CEDEAO ?

Au Mali, le report du référendum suscite des questionnements. Parmi lesquels l’impact que cela aura sur les relations entre le pays et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

En visite au Mali fin février dernier pour s’enquérir de l’état de progression de la Transition vers un régime démocratique, le Médiateur de la CEDEAO, Goodluck Jonathan, a exhorté les autorités du pays « à maintenir le cap pour le retour à un ordre constitutionnel au délai convenu ». Quelques semaines après, le 10 mars 2023, le gouvernement a annoncé un report sine die du référendum, premier scrutin devant être organisé dans le chronogramme qu’il a proposé à l’organisation sous-régionale le 28 juin 2022. De quoi présager d’un nouveau désaccord ?

« En effet, ça pourrait créer une autre possibilité de désaccord entre la CEDEAO et le Mali », estime l’analyse politico-sécuritaire Cheick Oumar Doumbia. Mais, en même temps, selon ce dernier, « faire le référendum et les autres élections dans les délais indiqués, au vu des réformes institutionnelles et politiques qu’il fallait mener, l’organisation sait que les autorités pourraient être confrontées à des difficultés qui impacteront le processus. En plus, il y a des législations de la CEDEAO qui stipulent que quand on change de Constitution et quand on révise la loi électorale il faut au moins 6 mois pour aller aux élections. Tout cela va faire que la CEDEAO sera plus conciliante à l’égard du Mali », explique-t-il. De même, Jean-François Camara, enseignant-chercheur à la Faculté des Sciences administratives et politiques de Bamako (FSAP), atteste que le report du référendum ne devrait pas avoir « un impact négatif » sur les relations Mali – CEDEAO.

« La CEDEAO tient surtout au respect du chronogramme donné par les autorités et il s’étale jusqu’en 2024. Et, dans ce chronogramme, elle tient surtout à l’organisation des élections générales, à savoir celles du Président de la République et des députés. Tant qu’on n’annoncera pas le report de ces dates, la CEDEAO ne va pas réagir négativement », pense-t-il.

Le risque de voir la relation s’amenuiser est toutefois de mise. L’Autorité indépendante de gestions des élections (AIGE), en charge d’organiser les scrutins, n’est pas opérationnelle du fait que ses démembrements ne sont toujours pas installés à l’intérieur du pays. De même restent la promulgation des six projets de loi portant réorganisation administrative du Mali et la vulgarisation du projet de Constitution. Des raisons qui, selon le gouvernement, ont nécessité le report du référendum. « Elles pourraient aussi avoir un impact sur les dates des autres élections. Et, du coup, aussi sur les relations Mali – CEDEAO », prévient l’analyste Cheick Oumar Doumbia.

Chronogramme électoral : l’inévitable glissement

C’était un secret de Polichinelle. C’est désormais officiel. Le référendum, initialement prévu pour le 19 mars 2023, a été reporté le 10 mars dernier à une date ultérieure. Ce report, qui ne faisait plus guère de doute depuis quelques semaines, pourrait impacter la tenue à date des autres scrutins prévus dans le chronogramme de la Transition.

« Ce report se justifie par la ferme volonté des autorités de la Transition d’appliquer les recommandations des Assises nationales de la refondation (ANR), notamment la pleine opérationnalisation de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE), à travers l’installation de ses démembrements dans les 19 régions administratives du Mali et le District de Bamako dans les plus brefs délais, ainsi que la vulgarisation du projet de Constitution », a expliqué le ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, Porte-parole du gouvernement, le Colonel Abdoulaye Maiga.

« C’est à nous, quand on regarde le temps restant, de fournir beaucoup d’efforts afin que tous les objectifs que nous nous sommes fixés soient atteints », a-t-il souligné, assurant que le Président de la Transition « tient fermement au respect de la date butoir que nous avons pu négocier avec la CEDEAO ».

Un chronogramme impacté

La loi portant création des circonscriptions administratives en République du Mali, dont dépend l’installation des démembrements de l’AIGE et le projet de loi portant modification de la loi N2022-019 du 24 juin 2022 portant loi électorale, adoptés respectivement les 20 et 28 février 2023 par le Conseil national de Transition (CNT), ne sont pas encore promulgués par le Président de la Transition.

Pour Hamidou Doumbia, Porte-parole du parti Yelema, un deuxième report va sûrement suivre : celui de l’élection des conseillers des collectivités territoriales, prévue en juin prochain, parce que « le Collège électoral devait être convoqué fin mars mais qu’aujourd’hui les démembrements de l’AIGE ne sont pas mis en place ».

« Il y a vraiment des doutes sur le reste du processus. Nous espérons que le gouvernement, notamment le ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, va rencontrer tous les autres acteurs pour qu’ensemble nous essayions de voir ce qui peut être fait pour que nous ne sortions pas du délai global », indique M. Doumbia.

« Il y aura forcément un décalage dans le reste du chronogramme », tranche pour sa part Bréhima Mamadou Koné. Selon cet analyste politique, le chronogramme que le gouvernement avait établi  était juste un « document de politique ». « Avec la mise en place de l’AIGE, c’est de sa responsabilité d’établir un chronogramme électoral, en synergie avec l’ensemble des acteurs, les partis politiques et les organisations de la société civile, et c’est sur la base de ce chronogramme qu’on pourrait être fixé sur la tenue des différentes élections à venir », soutient-il.

Dr. Ibrahima Sangho, Président de la Mission d’observation des élections au Mali (MODELE) est de cet avis. À l’en croire,  le chronogramme de juin 2022 avait  été donné « juste pour sortir de l’embargo de la CEDEAO ». « Un chronogramme réaliste n’est pas encore sur la table. Aujourd’hui, il n’appartient plus au gouvernement de donner un chronogramme, d’organiser des élections en République du Mali. Il appartient à l’AIGE d’organiser les élections, donc de donner un chronogramme », appuie l’expert électoral.

Impératif réaménagement

Le gouvernement de transition a indiqué que la nouvelle date du référendum sera fixée après concertation avec l’Autorité indépendante de gestion des élections et l’ensemble des acteurs du processus électoral. Cette nouvelle date, devrait, selon des analystes, conduire à un réaménagement de tout le chronogramme initial, ce qui pourrait aboutir à repousser la date des différentes élections ou à en abandonner certaines.

« C’est sûr que nous serons obligés de renoncer aux élections locales (élections des conseillers des collectivités territoriales, NDRL) et de nous concentrer sur le référendum et les élections  couplées présidentielle et législatives. Je pense que c’est possible de redéfinir les choses de cette manière », propose l’analyste Dr. Mahamadou Konaté, Directeur général de Conseils Donko pour la gouvernance et la sécurité.

« Ce qui est possible de faire pour sortir de la Transition, il faut le faire. À notre avis, le référendum peut se tenir en juin. Si c’est le cas, au premier trimestre 2024 on peut organiser les élections législatives et la présidentielle ou alors uniquement la présidentielle, pour mettre fin à la Transition », renchérit Dr. Ibrahima Sangho.

Dans un communiqué en date du 20 février, la Coalition pour l’observation citoyenne des élections au Mali (COCEM), composée de l’Association malienne des droits de l’Homme (AMDH), de la Jeune Chambre Internationale (JCI-Mali), de Wildaf Mali, du RPL (Réseau Plaidoyer et Lobbying) et de SOS Démocratie, avait proposé aux autorités de la Transition de prévoir le référendum le 25 juin 2023, l’élection des conseillers des collectivités territoriales le 29 octobre 2023 et celle couplée du Président de la République et des députés à l’Assemblée nationale le 4 février 2024 pour les premiers tours et le18 février 2024 pour les seconds, le cas échéant.

« Il est fort possible de changer un peu l’ordre des élections, de surseoir à certaines si la nécessité est. Mais ce qui est important, c’est que la Transition doit prendre fin comme prévu en 2024. Nous espérons que nous allons pouvoir travailler et essayer de dégager un chronogramme pour que nous puissions, avec une certaine rigueur, respecter nos engagements », plaide Hamidou Doumbia, pour lequel tout dépendra de ce qui sera discuté avec le ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation.

« Dès qu’on observe un  retard, il faut appeler les acteurs pour en discuter et travailler techniquement à voir ce qui peut être sauvé et non attendre que les échéances arrivent avant d’informer sur un report », insiste le porte-parole du parti de l’ancien Premier ministre Moussa Mara.

Février 2024, tenable ?

Malgré les assurances du gouvernement pour le retour à l’ordre constitutionnel « dans le respect de la durée de la Transition après avoir mené les réformes nécessaires », pour plusieurs observateurs, l’échéance de février 2024 qui a été donnée à la Transition risque de ne pas être respectée avec la tenue effective de toutes les élections prévues, en raison du retard pris et du décalage dans le calendrier qui va découler du report du référendum.

« On ne peut pas, à mon avis, tenir tous les scrutins tels qu’ils étaient prévus et rester dans le délai imparti de la Transition », avance Dr. Mahamadou Konaté, qui préconise la renonciation à au moins l’un des scrutins prévus pour rester dans le délai. Certains acteurs politiques qui alertent depuis quelques mois sur la lenteur dans la mise en œuvre du chronogramme de la Transition n’excluent pas, par ailleurs, que le gouvernement de transition traîne à dessein dans le processus afin d’aboutir à une nouvelle prolongation de la Transition au-delà des 24 mois supplémentaires convenus.

Dr. Mahamadou Konaté ne partage pas cette crainte. « Pour l’instant, je crois que le gouvernement a toujours l’intention de tenir le délai », glisse-t-il. « On n’est pas encore au point où des actes de mauvaise foi sont suffisamment patents pour démontrer que les autorités souhaitent à nouveau aller vers une prolongation de la Transition », recadre cet analyste.

Pour lui, jusqu’à la fin la fin de l’année  2023, « tant qu’on n’aura pas perdu la possibilité de redéfinir le calendrier et de renoncer à une ou deux élections pour se concentrer sur celles qui sont essentielles pour le retour à l’ordre constitutionnel, je pense que c’est toujours possible de tenir le délai de février 2024 ».

Football féminin : pourquoi tarde-t-il à décoller ?

Le football féminin est encore loin d’être une priorité au Mali. Les joueuses, qui trainent leur spleen, s’expatrient ou abandonnent, et les dirigeants ont posé le curseur ailleurs.

Sous d’autres cieux, notamment en Amérique du Nord, l’heure est à l’égalité salariale pour les sélections nationales masculines et féminines. Les Américaines, qui ont plus de succès que leurs homologues masculins, ont obtenu un accord historique en mai 2022. Il a fait des émules. Début 2023, les Canadiennes ont décidé de faire grève pour exiger la parité salariale entre elles et la sélection masculine et ont obtenu un accord de principe. Au Mali, nous en sommes encore loin. Le football féminin peine à prendre son envol et, d’après nos interlocuteurs, les décideurs ne se bousculent pas pour changer la donne. « Le championnat est bâclé. Il est organisé juste pour dire qu’il y en a un », juge, amère, Zeinabou Sidibé, ancienne joueuse du FC Amazones qui vit aujourd’hui au Canada pour ses études. 12 équipes composent le championnat de 1ère division. Elles sont réparties en 2 groupes de 6 et les 2 premières s’affrontent en finale. La saison dernière, elles ont joué en aller simple, cette saison en aller-retour. Un choix qui a le don d’agacer. Avant, lorsque Fatou Camara était à la tête de la Commission centrale du football féminin, la discipline se frayait un chemin. L’ancienne joueuse et capitaine de la sélection nationale avait réussi le pari d’organiser un championnat à 22 journées, avec des équipes régionales et des matchs se disputant dans des stades nationaux. Mais depuis qu’elle s’est envolée en 2018 vers Dakar pour prendre en charge le Bureau régional de la FIFA, la situation a changé, assure Sidibé. « Le football féminin n’a aucune valeur aux yeux des dirigeants ».

Difficile préparation

De ce championnat « précaire », la sélection nationale pâtit. Les meilleures joueuses s’expatrient dès que l’occasion se présente et d’autres abandonnent, d’autant que le conservatisme sociétal ne voit pas d’un bon œil une femme footballeuse. À l’orée des compétitions, faute de stades, les joueuses s’entrainent sur des terrains « amateurs ». Conséquence, l’équipe nationale enchaine les mauvais résultats. L’horizon est loin d’être rose.  Pour un analyste qui a requis l’anonymat, ce n’est pas surprenant. L’économie autour du football féminin est encore précaire, voire inexistante. « Cela ne fait pas se lever les foules. Il n’est pas étonnant que les dirigeants misent sur ce qui marche ».

Ras Bath : le chroniqueur placé sous mandat de dépôt

Mohamed Youssouf Bathily alias Ras Bath a été placé ce lundi sous mandat de dépôt. Selon son mouvement le CDR, il a été interpellé chez lui ce 13 mars vers 10h par le commissariat du cinquième arrondissement. Après une audition de plus de cinq heures sur ses propos tenus samedi 11 mars lors de la conférence de l’ASMA CFP, il a été placé sous mandat de dépôt par le procureur de la commune IV. Invité à prendre la parole le weekend dernier lors de la troisième conférence nationale du parti de l’ASMA CFP, le chroniqueur a affirmé que Soumeylou Boubeye Maiga, fondateur du parti a été « assassiné « . Il a appuyé assurant que les proches de Soumeylou Boubeye Maiga ont interpellé sur son état de santé en vain. Avant de tacler le CNT, ainsi que différentes formations politiques sur leur silence sur les circonstances de la mort de l’ex Premier ministre. En prison depuis août 2021, accusé entre autres de « faux et usage de faux et d’atteinte au biens publics dans l’affaire de l’acquisition de l’avion présidentiel et des achats d’équipements militaires, l’état de santé de Soumeylou Boubeye Maiga s’était sévèrement dégradé durant sa détention. Il est décédé le 21 mars 2022 à Bamako dans la clinique où il était hospitalisé depuis décembre 2021.

Synayogo Sakalé Traoré : une ambition sans égale

Sakalé Traoré aime les défis. Alors que son entreprise, Mamali Moringa, vient d’être primée aux Impact Days le 25 février dernier, elle se lance déjà dans un nouveau challenge : celui de s’implanter partout au Mali. « Nous ne nous arrêtons pas, il faut que Mamali soit dans les toutes régions du Mali d’ici janvier 2024 », indique celle qui promeut que l’on doit « plus être passionné par son travail que par l’envie de gagner de l’argent ».

Mamali est spécialisée dans la culture et transformation du moringa en produits cosmétiques et agroalimentaires, qu’elle commercialise. La poudre de la plante originaire d’Inde est utilisée comme complément alimentaire dans des tisanes et des cookies et dans la fabrication de produits pour cheveux, savons et laits corporels.

« Il y avait une de nos professeures qui l’utilisait beaucoup lors de nos séances de culture chinoise. Je lui ai demandé pourquoi tant d’intérêt envers cette plante et elle m’a dit qu’elle l’utilisait pour régénérer ses cellules. Quand je suis revenue au Mali, j’ai continué mes recherches et j’ai découvert que transformer le moringa pouvait créer beaucoup d’emplois », confesse la détentrice d’une Licence en gestion d’entreprise de l’université de Zufe, en Chine.

Aussi diplômée en Agrobusiness de l’IPR de Katibougou, l’entrepreneure de 27 ans a bien réussi son coup. Depuis 2015, année de son lancement, la société connaît « un grand succès auprès des consommateurs locaux et étrangers ». Ses produits s’exportent dans la sous-région, en Europe et aux États-Unis.

Et malgré des difficultés en 2020 dans l’approvisionnement en emballages de ses produits à cause de la Covid-19, l’entrepreneure en atteste : sa société, qui compte une douzaine d’employés se porte bien et ambitionne d’être un leader continental dans son domaine d’ici 2030. Un autre défi !

Nana Aïcha Cissé : « Depuis le retrait du Mali, l’organisation G5 Sahel se porte très mal »

Mme Nana Aïcha Cissé est la Porte-parole des femmes du Conseil national de Transition (CNT). Elle a assuré pendant deux ans la Coordination régionale de la Plateforme des Femmes du G5 Sahel. Début mars, elle a été classée parmi les 100 femmes impactantes dans le développement de l’Afrique. Entretien.

Vous venez d’être classée 12ème parmi les 100 femmes qui contribuent à l’essor de l’Afrique, selon le site « Les Africaines ». Comment avez-vous accueilli cette distinction ?

Je ne m’y attendais pas du tout. Je ne connaissais pas le site. C’est donc une très grande surprise accueillie avec un réel bonheur. La reconnaissance du travail fait toujours plaisir

Vous avez assuré la Coordination régionale de la Plateforme des Femmes (PF) du G5 Sahel. Quel bilan dressez-vous de votre mandat ?

Le Mali a été le deuxième pays (après le Burkina) à assurer la Coordination régionale de la PF. Nous pouvons dire que sous ce mandat la PF a connu des avancées essentielles pour assurer son opérationnalité. Il y a eu la signature d’un Protocole d’entente entre la Plateforme des Femmes et le Secrétariat Exécutif du G5S. À travers cela, le Secrétariat reconnaît la Plateforme des Femmes comme une organisation faitière qui fédère les autres organisations féminines pour contribuer à l’atteinte de ses objectifs en matière de Genre. Nous avons pu, au cours de notre mandat, amener la Plateforme à élaborer un Plan stratégique, suivi de son Plan d’action pour 5 ans. Nous avons eu la chance d’obtenir des financements pour commencer à le mettre en œuvre. Nous avons pu également organiser plusieurs rencontres d’échanges pour la  visibilité de la PF-G5 Sahel.

Le Mali a décidé en mai dernier de se retirer de tous les organes et instances du G5 Sahel. Que pensez-vous de ce retrait ?

Le G5 Sahel a été créé en 2014 mais n’a  connu son rayonnement que  lorsque le Mali a assuré sa présidence, en 2017. Dans le Sahel, le Mali est l’épicentre du terrorisme, à cause des multiples crises que le pays traverse. De ce fait, retirer au Mali ses droits et son leadership au sein du G5 Sahel n’est pas acceptable de mon point de vue. Le retrait du Mali est une décision politique très forte qui a tout son sens. Évidemment, elle exclut  en même temps les Maliennes de la Plateforme G5 Sahel. Il n’était pas souhaitable d’en arriver là, mais nous soutenons notre pays et nous avons immédiatement suspendu notre participation en tant que membres. Depuis le retrait du Mali, l’organisation G5 Sahel se porte très mal. La preuve, depuis 2021, la présidence tournante, qui dure un an, est toujours au Tchad.

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur la représentativité des femmes en politique au Mali ?

Un regard plein d’espoir. Malgré notre Loi fondamentale et les textes auxquels notre pays a souscrit au niveau régional et international, c’est la Loi 052 du 18 décembre 2015, instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives, qui a amélioré la représentativité des femmes en politique.

La Loi 052 du 18 décembre 2015 n’est pas strictement appliquée depuis son instauration. Selon vous, comment améliorer la position des femmes dans la sphère politique ?

C’est vrai que cette loi, qui constitue un acquis précieux pour les femmes, n’est pas appliquée à hauteur de souhait. Cependant, contrairement à l’administration d’État, c’est dans la sphère politique, à travers le processus électoral, qu’elle est la mieux appliquée. Pour améliorer la position des femmes et faciliter leur accès aux postes de responsabilités dans les organes dirigeants des partis politiques, la prochaine relecture de la Charte des partis doit être mise à profit pour instaurer des mesures contraignantes.

Vous êtes membre du CNT. Avec vos collègues femmes de l’institution, quelles actions menez-vous pour le renforcement de la protection des droits des femmes ?

Au CNT, se sont retrouvés des femmes et des hommes issus de toutes les couches socio professionnelles du Mali. En tant qu’organe législatif de la Transition, le CNT remplace l’Assemblée Nationale. Donc ses membres sont les représentants des populations (hommes et femmes). Chaque membre du CNT  a pour mission la défense des intérêts des populations maliennes.  Ce que nous faisons en plus (certains hommes avec nous), c’est le plaidoyer pour la prise en compte du Genre, chaque fois que cela est nécessaire, dans les lois que nous votons. Nous recueillons également les préoccupations des femmes du Mali, chaque fois que besoin en est, pour les porter au moment des débats. Nous organisons régulièrement des sessions de renforcement des capacités pour que chaque femme au sein du CNT puisse prendre part aux débats parlementaires et voter en connaissance de cause

 Toulaye : sensibiliser sur les violences faites aux femmes

Toulaye est une jeune femme plutôt épanouie. Mariée, elle a deux enfants et un bon travail. Son couple vit en parfaite harmonie, jusqu’à l’arrivée de sa belle-sœur divorcée. De plainte en provocation, elle se bat avec Toulaye qu’elle accuse de tous les noms. Sans trop chercher à comprendre, Siriki, son mari se transforme et commence à la battre. Un cycle de violence qui est malheureusement le lot de plusieurs femmes, victimes silencieuses, que l’Association des Femmes de l’Image (AFIM) essaye de défendre à travers ce film projeté le 8 mars 2023 au Ciné Magic Babemba.

« J’espère que le message est passé, que les hommes ont compris que les femmes ne sont pas des rivaux. Nous sommes complémentaires, même quand il y a des problèmes, il faut communiquer », s’est exprimée Salimata Tapily, à l’issue de la projection. Même si elle est heureuse de l’accueil du public, la réalisatrice aurait souhaité mieux faire. «  On n’a pas eu le temps de le perfectionner, on voulait tellement le finir pour le 8 mars ».  Mais l’essentiel pour elle, reste d’avoir fait passer le message. L’objectif du film était de montrer qu’il « y a des milliers de Toulaye, qui n’osent pas dire ce qu’elles vivent. Ce film est une dédicace pour toutes celles qui souffrent ».

Le film fustige les Violences Basées sur le Genre (VBG), dont il se veut une contribution à la lutte qui ne fait que commencer, annonce Diarra Kounandy Sidibé, une des actrices du film.

L’autonomisation et l’entrepreneuriat des femmes sont quand à eux magnifiés et incarnés par la comédienne, Alima Togola, qui joue le rôle de l’actrice principale, Toulaye.

Le message est celui de la violence conjugale, « vécue au quotidien par les femmes ». Malheureusement, souvent « derrière les violences faites aux femmes,  il y a des femmes, il faut se poser des questions ». Une réalité qu’ont voulu dénoncer les femmes de l’AFIM à travers le film. «   L’homme est violent parce qu’il est victime de la société qui lui demande  d’être homme », explique Alima Togola. Une façon de le pousser à agir y compris avec violence, car « celui vit en harmonie avec sa femme » est souvent qualifié  « d’esclave de femme », littéralement en bamanan.

Dans ce combat, c’est surtout les hommes qu’il faut sensibiliser, estime pour sa part, Ibrahim Touré, comédien et spectateur averti. « Il faut sensibiliser les hommes, leur faire prendre conscience de ce qu’ils font ».

Inégalités hommes – femmes : le fossé se creuse

« Au rythme actuel, il faudrait attendre 300 ans pour atteindre l’égalité des genres ». Cette déclaration du Secrétaire général des Nations Unies, à l’occasion de l’ouverture de la session annuelle de la Commission de la condition de la femme, ce 6 mars 2023, n’incite guère à l’optimisme. D’autant que les progrès réalisés ne sont plus des acquis. Il faut donc plus que jamais une mobilisation collective pour garantir à la moitié de l’humanité les droits essentiels à sa survie et à l’épanouissement du monde.

« Les droits des femmes sont bafoués, menacés et battus en brèche dans le monde entier. Les progrès réalisés au fil des décennies s’évanouissent sous nos yeux », a également déploré Antonio Guterres. Un constat qui éloigne davantage l’horizon de l’égalité des genres et fait dire à ONU Femmes qu’à ce rythme, elle ne sera atteinte qu’au bout de 3 siècles.

Si elles ne sont pas nulles, les réformes se font à un rythme très lent, affirme Docteur Kontin Marie-Thérèse Dansoko, Professeure d’enseignement supérieur et Point focal Genre au ministère de la Justice et des droits de l’Homme.  La mise en œuvre de la Loi 052 du 18 décembre 2015 sur la promotion du genre, dont l’adoption fut considérée comme un progrès, se heurte à des difficultés dans la pratique.

Lentes réformes

L’une d’elles concerne le manque de profils féminins pour occuper certains postes. Parce qu’il ne s’agit pas de nommer des femmes pour le simple fait qu’elles sont femmes. Elles doivent avoir les compétences requises, explique Marie-Thérèse Dansoko.

S’agissant de la mise en œuvre de la Loi 052 au niveau de la justice, dans la pratique, c’est plutôt du sur place. Pas de nominations ou de mutations qui permettent en effet une mise en œuvre effective. Pourtant, des femmes ayant atteint un certain grade peuvent occuper les postes de Procureurs, par exemple. Malheureusement, à ce jour, on ne compte aucune femme Procureur de la République. La dernière en poste en Commune I est l’actuelle ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée des Réformes politiques et institutionnelles.

Mais les « soucis » par rapport au poste de Procureur de la République ne sont pas qu’au niveau administratif. « Les femmes évoquent les contraintes familiales et sociales » pour ne pas occuper le poste, qui demande une grande responsabilité et un certain engagement. Ce qui rend difficile le combat pour la promotion de l’égalité, admet le Point focal Genre du ministère de la Justice.

Entre temps, les réformes entreprises au niveau du secteur de la Justice concernent principalement le Code pénal et le code de procédure pénale, pour intégrer certaines dispositions afin d’alléger les procédures dans le cas de certaines infractions. Notamment, le viol, qui est un crime que seule la Cour d’Assises est habilitée à juger. Habituellement, pour ce cas, il faut attendre la fin d’une procédure longue et lourde, avec une phase d’instruction. Pendant ce temps, la victime doit patienter. Il a donc été demandé de correctionnaliser certaines infractions criminelles, qui, au lieu de passer devant la Cour d’Assises, seront directement gérées au niveau des juridictions de droit commun.  Cette réforme permettra notamment de diligenter plus rapidement ces infractions.

En ce qui concerne le Code pénal, il s’agit d’intégrer des infractions en lien avec les Violences basées sur le Genre (VBG) – l’avant-projet de loi contre les VBG a vu son processus d’adoption être suspendu par le gouvernement en décembre 2020 – en attendant cette loi, qui crée la polémique, et pour prendre en compte certaines infractions identifiées, comme le harcèlement par exemple.

Des textes sont dans la phase de validation avec l’ensemble des acteurs, les magistrats, la société civile, afin que le document soit mis dans le circuit d’adoption. Il faut noter que d’autres réformes sont en cours au niveau de la Commission législative permanente qui regroupe les acteurs du secteur de la Justice à la Direction nationale de l’Administration judiciaire et procède à une forme de mise à jour des textes existants.

Atteindre l’égalité

Si les réformes, une fois adoptées, peuvent constituer des avancées, encore faut-il pouvoir les mettre en œuvre. Afin d’éviter donc le statu quo, la nomination de Points focaux Genre au niveau des juridictions, avec des hommes et des femmes qui doivent s’impliquer davantage dans la promotion des droits humains, dont ceux de la femme spécifiquement, constitue une étape importante et le cadre d’échanges entre ces relais se mettra bientôt en place.

Les documents de base des magistrats doivent être « révolutionnés », parce que la justice doit s’adapter et prendre en compte les « nouvelles infractions » jusque-là méconnues, suggèrent les acteurs. La justice doit prendre ses responsabilités, mais la loi pénale étant d’interprétation stricte, selon les spécialistes, le dispositif doit se renforcer pour que les magistrats travaillent plus facilement et que les victimes soient protégées en cas de recours à la justice.

Mais, pour atteindre un équilibre entre hommes et femmes dans la pratique, il faut « une discrimination positive », estime Docteur Kontin. Et aussi une sensibilisation à un changement de mentalité, y compris des femmes, qui doivent être conscientes et se sentir concernées. La solidarité féminine est essentielle pour offrir des modèles aux femmes et sortir de la « léthargie ».

Pour se battre à valeur égale, les femmes doivent également accéder à une éducation et acquérir les compétences nécessaires à leur épanouissement personnel et professionnel. Ce qui ne leur sera pas donné sur un plateau d’argent, prévient Marie-Thérèse Dansoko. Il faut s’imposer par le travail et les « femmes battantes » constituent à cet effet une fierté.

Questions économiques

Malgré la présence de femmes dans toutes les sphères de la vie socio-économique, les pesanteurs socioculturelles sont encore présentes et la promotion des femmes est encore perçue comme un danger par certains hommes. Ils y voient une déperdition de nos valeurs sociétales, ou pire une inversion de rôle fatale à notre société. C’est pourquoi les femmes dans leur lutte ont la délicate mission, « tout en conservant nos valeurs traditionnelles », dont il faut « prôner le respect »,  de  se battre pour leur épanouissement professionnel et économique.

D’autant que les réformes en faveur de l’égalité de traitement des femmes devant la loi ont un impact économique certain, selon le rapport de la Banque mondiale « Les Femmes, l’Entreprise et le Droit », publié le 2 mars 2023. Selon ce rapport, les femmes ne jouissent en moyenne que d’à peine 77 % des droits juridiques reconnus aux hommes. Et le document note qu’au rythme actuel des réformes, dans de nombreux pays une jeune femme qui entre aujourd’hui dans la vie active prendra sa retraite avant d’avoir pu obtenir les mêmes droits que les hommes. Dans un contexte  de ralentissement de l’économie mondiale, les États ne peuvent pas se permettre de mettre à l’écart près de la moitié de leur population, poursuit le rapport.

Compter avec nos valeurs

Pour y arriver, il faut se convaincre qu’il s’agit d’un processus où l’on ne peut tout avoir au même moment. Même si des efforts ont été accomplis, il faut un accompagnement et ces efforts doivent être accentués à plusieurs niveaux. D’abord du côté des autorités, qui doivent faire l’état des lieux afin de s’assurer que l’égalité prônée soit une réalité. Elles doivent notamment avoir le regard sur  la promotion des droits des femmes et s’interroger sur les causes des retards ou des reculs afin  d’apporter des mesures pour les booster.

Dans cette lutte, où sont souvent opposés les défenseurs des valeurs sociales et ceux des droits de la femme, les « leaders, notamment religieux » doivent adhérer « au fait qu’il ne s’agit pas d’une lutte contre les hommes. Et assurer que c’est la complémentarité dans le respect des valeurs », suggère Docteur Kontin.

Si l’appui des partenaires peut être nécessaire pour mener la lutte, ils doivent apporter leurs soutiens conformément aux besoins et  ne pas imposer leurs points de vue. Enfin, si toutes ces entités deviennent plus attentives sur les droits de la femme, « peut être que dans  5 ou 10 ans les choses évolueront positivement », espère la responsable Genre du ministère de la Justice.

Kayes : des « esclavagistes » condamnés à la peine de mort

Un grand pas a été franchi dans la lutte contre l’esclavage dans la région de Kayes. Au cours de la session spéciale de la cour d’Assises de la région au titre de l’année judiciaire 2023, ouverte depuis le 27 février et toujours en cours,au moins sept « esclavagistes » ont été condamnés à mort et à cinq ans de prison  pour les meurtres de Youssouf Cissoko, Mountaga Diarrisso, Gossi Cissoko et Djané Cissoko, quatre militants anti-esclavagistes, qui ont été battus à mort dans le village de Djandjamé le 1er septembre 2020.

Il s’agit de Djibril Badiaga, Moussa Sissoko dit Papi, Ousmane Diarrisso dit Tamba, Hameye Diarrisso, Mohamed Diawara, Mohamed Diaby dit Hameye, tous condamnés à mort et Lamba Cissé qui a écopé de cinq ans.

Si les associations de lutte contre l’esclavage par ascendance se félicitent des verdicts, les charges retenues contre les condamnés (associations de malfaiteurs, assassinats, complicité d’assassinat, coups et blessures volontaires) ne leur convient pas pour autant.

« Nous espérons toujours que le gouvernement va adopter une loi spécifique pour criminaliser l’esclavage par ascendance qui fait des ravages dans nos localités. Elle n’est pas spécifiée actuellement dans les lois existantes », regrette Mikhailou Diallo, le président régional Kayes de la fédération malienne des associations de lutte contre l’exclusion, la discrimination, l’esclavage par ascendance et les inégalités sociales (FMALEDEI).

Selon les organisations, les crimes liés à l’esclavage sont considérés comme des problèmes de terre, des conflits entre clans, des coups et blessures… par la justice.

« Il ne pourrait en être autrement en absence de loi criminalisant la pratique de l’esclavage par ascendance au Mali », atteste Me Lury Nkouessom, chef de file de la composante accès à la justice du projet Mali Justice Project (MJP).

Cependant d’autres mesures sont en vigueur au Mali pour lutter contre la traite des personnes. En février 2011, le gouvernement a créé le Comité national de coordination de la lutte contre la traite des personnes et les pratiques assimilées (CNLTP). Cela a été suivi par l’adoption de la loi n°2012-023 du 12 juillet 2012, relative à la lutte contre la traite des personnes et pratiques assimilées (elle prévoit des sanctions pénales pour les individus coupables de traite des personnes pouvant aller de 5 ans d’emprisonnement à la réclusion à perpétuité selon les circonstances), et le lancement d’un Plan d’action national (2018-2022) en février 2019. Le Plan d’action national 2018-2022, qui fait actuellement l’objet d’une révision par les parties prenantes, prévoit, entre autres, de promouvoir la coordination et la coopération des acteurs dans la lutte contre la traite des personnes. Le Ministre de la justice Mamadou Kassogué a, en outre, appelé, en décembre 2021, les procureurs généraux « à prendre des dispositions pour que des poursuites soient engagées pour tous les cas de violences physiques et d’atteintes aux biens exercées contre ces personnes en considération de leur statut ».

Au Mali, l’esclavage a été abolit par l’administration coloniale depuis décembre 1905. Las, il persiste toujours dans le pays notamment dans la région de Kayes où plusieurs cas ont été recensés récemment. Rien qu’en juillet dernier, le cadavre brulé et mutilé de Djogou Sidibé, 71 ans, a été retrouvé près de son champ, non loin de son village, Lany Mody, dans le cercle de Kayes. La raison de l’assassinat, à en croire, plusieurs organisations de lutte contre l’esclavage est liée au refus de la vieille femme de se soumettre au statut d’esclave.

 

Nouvelle constitution : des imams s’opposent à la laïcité

La Ligue Malienne des Imams et Érudits pour la Solidarité islamique au Mali (Limama) a appelé, mardi, tous les musulmans patriotes à voter contre le projet de la nouvelle constitution dans sa forme actuelle.

Cette demande a été formellement exprimée lors d’un point de presse à Bamako exigeant, en outre, le retrait pur et simple de la laïcité dans le projet de la nouvelle Constitution du Mali. Le secrétaire général de Limama, Gaoussou Sidiki Minta, appelle les autorités à remplacer la laïcité par un État multiconfessionnel. Selon lui, « la laïcité est une astuce que les gouvernants utilisent à leur guise pour cadenasser la ou les religions », soulignant que « cette pratique a été usitée tant par le pouvoir colonial que par tous les régimes de l’ère d’indépendance qui ont gouverné notre pays ». Mohamed Kimbiri, 1er secrétaire à l’organisation du haut conseil Islamique et président du collectif des associations musulmanes du Mali a de son côté indiqué que « la laïcité selon la mentalité française n’est rien d’autres que le rejet de la religion. La réalité française et la réalité malienne ne sont pas pareilles, donc, comment ça fait-il que nous allons faire de notre Constitution, une copie conforme certifiée du modèle français. C’est ça qui nous a beaucoup choqué ».

Olivier Dubois : 23 mois de captivité

Ce 8 mars, cela fait 23 mois que le journaliste français Olivier Dubois est retenu en otage par le groupe de soutien à l’islam et aux musulmans. Enlevé à Gao le 8 avril 2021, le journaliste est apparu dans deux vidéos, deux preuves de vie, en mai 2021 et en mars 2022. Olivier Dubois, père de deux enfants et ancien collaborateur du Journal du Mali est le journaliste français dont la détention est le plus longue depuis 30 ans. Dans une récente interview accordé à un média français, Abou Obeiba Youssef al-Annabi, le chef d’Aqmi a confirmé que son groupe détenait le journaliste et était ouvert à la « discussions ».

Mahamadou Landouré : un génie du basket en devenir ?

Avec son club, le Real Madrid, le jeune basketteur malien de 13 ans fait preuve de performances extraordinaires, qui lui prédisent une carrière sportive prometteuse.

Et si l’un des futurs meilleurs joueurs de basket au monde était Malien ? La question suscite débat depuis le 19 février dernier. Mahamadou Landouré, un jeune prodige malien, a ébloui le monde du basket par sa performance XXL en finale de la Mini Cup Endesa en Espagne. Le basketteur, désigné meilleur joueur du tournoi, a inscrit 56 points, capté 33 rebonds, effectué 5 contres et provoqué 14 fautes en seulement 35 minutes, obtenant une évaluation totale de 82. Devant 8 000 spectateurs au Pavello Olimpic de Badalona, en Catalogne, le natif de Djenné, au centre du Mali, a permis à son club, le Real Madrid de vaincre son rival de toujours, le FC Barcelone, avec un score final de 84 à 74.

Mais si le sportif, qui a fait ses débuts au centre de basket CPFB de Faladié avant de s’envoler vers l’Espagne, suscite autant d’intérêt, ce n’est pas seulement pour ses belles performances. C’est qu’à seulement 13 ans, le basketteur mesure 2m11 et dispose d’un bon physique athlétique. Un grand atout dans le monde du basket, où les grandes équipes misent sur les sportifs de plus de 1,80m avec un fort physique. Des atouts qui font prédire un grand avenir au joueur.

Mais lui préfère encore garder les pieds sur terre. « Je ne suis qu’un débutant. Il y a encore beaucoup de travail qui m’attend pour progresser dans ma jeune carrière. J’aspire à devenir un professionnel à part entière et à évoluer au plus haut niveau. Pour l’avenir, je ne me fixe pas de limites. Je rêve de jouer au plus haut sommet du basketball mondial et pourquoi pas en NBA », a-t-il confié dans une interview accordée à Afrik.com en 2022.

« Garder les pieds sur terre ». L’ancien basketteur du FC Barcelone a raison, car même lorsque l’on fait plus de 2m et qu’inscrire un panier est simple, fouler les parquets de NBA est loin d’être assuré. Pour preuve, l’Américain Bob Wegner, actuel basketteur professionnel le plus grand du monde (2m34), à 24 ans ne joue toujours pas dans la prestigieuse ligue américaine de basketball.

Mali : les médicaments ont-ils la même efficacité qu’ailleurs ?

Les médicaments sont utiles au maintien de notre santé, mais l’efficacité de certains d’entre eux pose question au Mali. S’il existe un mécanisme de suivi pour le circuit licite, beaucoup de médicaments échappent à ce dispositif. En outre, avec les conditions de conservation, difficile de garantir des médicaments efficaces à 100% du fabricant au consommateur.

Pour garantir la qualité et la sécurité des médicaments, il existe un dispositif, un mécanisme, le Schéma directeur d’approvisionnement et de distribution des Médicaments Essentiels et autres produits de Santé (SDADME-PS), axé sur les médicaments du circuit légal pour lesquels des contrôles administratifs et analytiques sont effectués.

Le premier niveau de contrôle est le statut du médicament dans le pays de fabrication, qui permet de savoir s’il y est autorisé ou non, avant d’apprécier les autres critères après un contrôle analytique au Laboratoire national de la santé (LNS). L’accent est ensuite mis sur le contrôle post commercialisation.

Un même médicament peut être fabriqué par plusieurs laboratoires et avoir des dénominations différentes sans que cela ne nuise à son efficacité, qu’il soit vendu ici, en Europe ou en Asie. C’est par exemple le cas des médicaments à base de paracétamol fabriqués par différents laboratoires, appelés différemment et dosés à 500 mg ou à 1g et présentés en comprimé, en sirop ou sous forme injectable (forme galénique). Les différences peuvent donc aussi concerner l’association du produit à d’autres molécules.

Efficacité conditionnée

« L’efficacité des médicaments d’ici est la même qu’ailleurs si les conditions de conservation sont respectées jusqu’au consommateur », explique le Dr Patomo Dominique Arama, Directeur adjoint de la Direction de la pharmacie et du médicament (DPM).

Au Mali, pour le circuit d’approvisionnement, les commandes sont faites sur la base des besoins. L’importateur adresse ses besoins au fournisseur, qui lui donne une facture. Elle est transmise à la Direction de la pharmacie et du médicament (DPM) pour visa, ce qui permet à l’importateur d’obtenir une levée d’intention auprès de la Direction générale du commerce de la concurrence et de la consommation (DGCC) et de récupérer les produits auprès des services de Douane. Les médicaments sont conservés selon les conditions définies par les fabricants, généralement précisées sur les conditionnements.

Ici, les grossistes-répartiteurs qui importent sont la Pharmacie populaire du Mali (PPM) et d’autres distributeurs. À l’extérieur, les fournisseurs sont des laboratoires pharmaceutiques industriels et des sociétés de distribution reconnues dans le secteur pharmaceutique.

Malheureusement, tous les produits ne rentrent pas dans le circuit réglementaire. Difficile donc de garantir l’efficacité et la qualité de certains médicaments douteux, qui sont « destinés à être saisis et détruits », selon le Dr Arama.

Opération de sécurisation du Nord: quel impact dans la zone des 3 frontières ?

Depuis Anéfis, au sud de Kidal, les groupes armés du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement  (CSP-PSD) ont lancé le 20 février une vaste opération de sécurisation des régions du Nord, deux semaines après la fusion en une seule entité militaire et politique des mouvements de la CMA. Objectif : contrer la récurrence d’attaques de groupes armés terroristes et de bandits armés dans les zones sous leur contrôle. Cette opération pourra-t-elle stabiliser la Zone des 3 frontières, en proie à l’insécurité depuis plusieurs années ?

C’est une grande première : près de 2 500 hommes et plus de 300 véhicules mobilisés. Les groupes armés signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation de 2015 issu du processus d’Alger ont déjà mené des patrouilles communes dans certaines régions du Nord, mais jamais ils n’avaient mobilisé autant d’hommes et de moyens. Tous les mouvements de la CMA, de la Plateforme du 14 juin d’Alger et de certains Mouvements de l’inclusivité y prennent part et ont fourni chacun du matériel roulant et des hommes armés. Avec pour centres de gravité Anéfis dans la région de Kidal et Ber dans celle de Tombouctou, l’opération couvrira particulièrement les endroits où les mouvements évoluent et les différentes localités sous leur contrôle.

« C’est pour faire face à toute menace ou inquiétude, que ce soit lié au banditisme ou aux groupes terroristes. Obligatoirement, l’opération  va aller dans les zones où il y a un peu plus de populations, qui font face à des menaces, laissées à leur propre sort », précise  Mohamed el Maouloud Ramadane, porte-parole du CSP-PSD. Quant à la durée des patrouilles, cela va s’étaler sur plusieurs mois, assure-t-il.

« Vues l’étendue territoriale et la distance qui sépare les bases des mouvements, l’opération va prendre du temps, d’abord pour les regroupements et puis pour les départs à partir des points de regroupements », dit-il, n’écartant pas la possibilité qu’elle soit prolongée pour atteindre ses objectifs si le temps qui lui a été accordé n’était pas suffisant.

Freiner l’avancée terroriste

L’opération de sécurisation a été lancée pour freiner l’avancée de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS), qui mène une offensive dans la Zone des 3 frontières, notamment dans la région de Ménaka, où plusieurs civils ont été tués depuis bientôt un an. Elle vient suppléer la riposte que tentaient de mener les combattants du MSA et qui avait occasionné à plusieurs reprises des affrontements avec les terroristes de l’EIGS, sans l’implication de l’armée malienne.

Le CSP-PSD espère contribuer à l’amélioration de la situation sécuritaire dans les régions concernées pour créer un climat de tranquillité au sein des communautés de ces différentes zones. Mais « le danger reste un affrontement armé qui pourrait coûter des vies humaines de plus. Nous avons déjà perdu beaucoup de vies humaines dans ce conflit », craint Abdoul Sogogodo, Vice-doyen de la Faculté des Sciences administratives et politiques de Bamako.

En effet, de son côté, le Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM) se prépare à des combats dans la région de Tombouctou. Dans une récente lettre adressée au chef du village d’Acharene (30 km à l’ouest de Tombouctou), l’émirat de la région appelle les habitants de la zone à s’éloigner de 10 km des bases militaires et à ne coopérer en aucune façon avec l’armée ou d’autres groupes armés « ennemis ».

Selon Abdoul Sogogodo, malgré les bonnes volontés affichées de certains groupes armés, le CSP-PSD ne dispose pas des ressources humaines et économiques nécessaires pour engager une lutte à long terme contre les groupes terroristes. « Il faut que l’État malien et ses partenaires s’appuient sur les groupes engagés dans la lutte pour le retour de l’État, mais ces groupes armés n’ont pas pour vocation de se substituer éternellement aux forces maliennes de défense et de sécurité », tranche cet analyste.

Selon lui, les actions récentes des groupes armés signataires de 2015, y compris le lancement de l’opération de sécurisation, sonnent comme un appel à la négociation pour la mise en œuvre de l’Accord.

ONU : le Mali récuse le statut de porte plume de la France

Dans une lettre adressée le 1er mars à Pedro Comissario Afonso, président en exercice du Conseil de sécurité, le gouvernement de transition récuse le statut de porte-plume de la France sur toutes questions examinées par le Conseil de sécurité concernant le Mali. Les portes plumes sont chargées de rédiger les projets de résolution et de déclaration auprès du conseil de sécurité. D’après le document, la France a porté la plume sur tous les sujets concernant le Mali au Conseil de sécurité depuis décembre 2012. Au sein du conseil de sécurité, ce rôle est généralement dévolu à la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis. En août 2022, le Mali a porté plainte auprès du Conseil de sécurité pour actes d’agression, de subversion, de déstabilisation et de violation de l’espace aérien malien par des aéronefs des forces armées françaises.

Réorganisation territoriale : une reforme qui ne fait pas l’unanimité

Initié depuis 2012, la Loi N°2012-017du 02 mars 2012 n’a jamais autant été proche d’être totalement appliquée au Mali. Malgré des contestations, elle a été adoptée par le Conseil National de Transition et est en phase d’être promulguée par le Président de la Transition.

C’est une ambition de plus de 10 ans de l’État du Mali qui est en passe d’être réalisée. Convoqués par le Président de la transition en session extraordinaire, le 20 février 2023, les membres du Conseil National de Transition (CNT) ont adopté avec des amendements six projets de loi portant réorganisation administrative du Mali. Ouvrant ainsi la voie à la mise en œuvre d’une réforme territoriale datant de 2012.

Les raisons de la réforme

Selon le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, initiateur du projet de loi, la Loi N°2012-017du 02 mars 2012 portant création de Circonscriptions administratives en République de Mali a opéré une grande réforme administrative en créant 19 régions et le District de Bamako, mais n’a pas créé les circonscriptions administratives de région que sont les cercles et les arrondissements.

Ainsi les nouvelles régions de Nioro, Kita, Dioïla, Nara, Bougouni, Koutiala, San, Douentza et Bandiagara n’ont pas été dotées de cercles et d’arrondissements alors qu’à leur tête ont été nommés des gouverneurs et les membres de leurs cabinets, ce qui posait le problème de leurs ressorts administratifs.

« Dès lors, il devient nécessaire de déterminer les circonscriptions administratives et les collectivités territoriales des 19 régions. L’objectif est ainsi d’opérationnaliser et d’assurer le fonctionnement régulier de chaque région en déterminant ses circonscriptions administratives (cercles et arrondissements) et ses collectivités territoriales (régions et communes) dans un cadre spatial dynamique permettant de promouvoir le développement économique, social et culturel des différents terroirs », se justifie le département de l’Administration territoriale dans son projet de loi, lequel, indique-t-il, permettra d’assurer le maillage du territoire dans le respect des équilibres territoriaux et socioculturels en tenant compte des questions sécuritaires et garantira la présence de l’administration et des services sociaux de base sur toute l’étendue du territoire national.

D’autres enjeux majeurs de la réforme sont de doter chaque région des moyens humains, matériels et financiers nécessaires à son fonctionnement et de permettre aux citoyens de jouir pleinement de leurs droits à travers l’exercice de leurs compétences territoriales et leur participation aux compétitions électorales, gage de bonne gouvernance locale.

Il s’agit également pour le gouvernement de « rapprocher les populations de l’administration, facilitant leur accès aux services sociaux de base », ainsi que de renforcer la sécurisation des populations par la présence effective de l’administration à travers un maillage raisonné d’occupation de l’espace.

La nouvelle réorganisation territoriale devra aussi garantir « une meilleure représentation des populations à l’exercice de la démocratie locale », à travers leur présence dans les instances de décision des collectivités territoriales.

Sur un autre plan, le vote des projets de loi était aussi attendu pour rendre opérationnelle l’Autorité indépendante des gestions des élections (AIGE) sur l’ensemble du territoire national. « Sans ces textes, il était très difficile d’opérationnaliser l’AIGE, parce qu’elle n’arrivait pas à mettre en place ses démembrements dans les différentes régions. Ces projets de loi se rapportaient au Code des collectivités territoriales. Les régions ne connaissaient pas leurs limites, surtout les nouvelles. L’AIGE ne pouvait donc pas connaître le nombre de régions et de circonscriptions électorales nouvellement créées pour déployer ses démembrements », explique Youssouf Z. Coulibaly, Président de la Commission de l’Administration territoriale, de la décentralisation, du culte et de la réconciliation nationale du CNT.

Les changements

La carte administrative du Mali se retrouve entièrement chamboulée avec la création de nouvelles circonscriptions administratives et collectivités territoriales. Outre le nombre de régions qui augmente de 9, celui des cercles passera de 58 à 159, les communes de 748 à 825 et les arrondissements de 330 à 475. Cela aura comme conséquence  l’accroissement du nombre d’élus, actuellement de 147 pour les députés et de 703 pour les maires.

Autre innovation majeure, les 6 communes de Bamako seront remplacées par 7 arrondissements. « Au CNT, nous avons jugé nécessaire d’ajouter un septième arrondissement à Bamako : l’arrondissement de Kalaban-Coro. Il y avait des localités qui étaient à Bamako mais rattachées à Kati et relevant de la région de Koulikoro. Les populations avaient des difficultés à aller auprès des administrations. On a donc pensé qu’il fallait rapprocher l’administration des populations. C’est ainsi qu’on a rattaché à Kalaban-Coro les quartiers qui sont dans sa périphérique. Et tous les autres quartiers relevant de lui et situés ailleurs dans Bamako ont été rattachés aux arrondissements les plus proches », justifie le membre du Conseil national de transition.

Un quartier comme Sirakoro Méguetana, par exemple, qui relevait de Kati et est situé entre les quartiers de Sénou et Yirimadio en Commune VI du District de Bamako, a été ainsi raccordé au 6ème arrondissement de la ville. Aussi et surtout, la capitale est devenue une collectivité unique, avec un seul Maire. Les arrondissements seront dirigés par des sous-préfets, avec des Maires délégués désignés par le Maire principal. « Bamako érigé en District avec un Maire résout énormément de problèmes, parce que dans les textes actuels qui régissent la décentralisation il n’y a pas de hiérarchie entre les collectivités territoriales. Cette disposition a fait que dans la ville, il n’y a pas de hiérarchie entre le Maire du District et les Maires des 6 Communes. Nous avons constaté durant des années des problèmes à cause de cela », atteste Yacouba Traoré, le Président de l’Association des municipalités du Mali (AMM). Ce dernier se réjouit aussi de l’augmentation du nombre de communes, car, rappelle-t-il, malgré leur nombre croissant, l’État du Mali est resté sous-administré.

« Si aujourd’hui, en tenant compte de ces difficultés, nous allons au nombre de 825 communes, je trouve la réforme salvatrice. Elle va permettre non seulement de répondre à la sous-administration mais également de responsabiliser davantage les communautés et les citoyens autour des objectifs de développement », affirme-t-il.

La matérialisation

Si promulguées par le Président de la Transition, les lois relatives à la nouvelle réorganisation seront effectives au Mali, mais leur matérialisation suscite toutefois des inquiétudes. Tant à cause de la situation sécuritaire du pays qu’à cause des ressources financières qu’il faudra mobiliser pour rendre opérationnelles les nouvelles circonscriptions administratives et collectivités territoriales. Des difficultés qui ont nui à cette réforme, engagée et adoptée sous l’ancien Président de la République Amadou Toumani Touré, qui prévoyait alors le passage de 8 régions à 19. Depuis, même les régions de Taoudénit et de Ménaka, qui ont été créées en 2012 et leurs gouverneurs nommés en 2016, ne sont pas réellement opérationnelles. Pour preuve, les autorités administratives de la Région de Taoudénit sont toujours installées et travaillent depuis Tombouctou.

Pour la réussite du processus, sur le plan financier, le ministère en charge de l’Administration territoriale a annoncé d’ores et déjà qu’une enveloppe financière de 263 milliards est prévue pour l’opérationnalisation de la nouvelle réorganisation territoriale « de façon séquentielle, selon les moyens de l’État ». Elle servira dans un premier , sur une période trois ans, d’entre autres, à construire des bureaux et logements, à acquérir  des équipements pour ces bureaux et du matériel roulant et à prendre en charge le  personnel.

Des remous

Alors que la réforme est considérée indispensable par certains, son effectivité crée cependant des remous dans certaines localités, qui estiment être « lésées » dans le découpage. Comme à Niafunké, où la population a battu le pavé ce mardi pour protester contre « un découpage qui affaiblit la localité ». Cercle depuis 1905, la collectivité de 8 communes qui sollicitait d’être érigée en région, voit son territoire réduit à 2 arrondissements (Niafunké et Soumpi).

« La pilule est d’autant plus difficile à avaler qu’avant notre cercle, à l’époque rattaché à la région de Mopti, comptait 15 communes. Après, rattaché à Tombouctou en 1977, on s’est retrouvé à 8 communes. Maintenant, à 2 arrondissements avec ce nouveau découpage. Niafunké se retrouve affaibli et fortement réduit », estime Hamadoun Cissé, le Président de la jeunesse communale de la localité.

Plusieurs localités de la région de Gao (Haoussa Foulane, Taboye, Tacharane etc.) s’indignent également contre la réforme. Une centaine de personnes ont manifesté aussi dans la ville de Gao le 28 février pour contester le projet.

Autre localité, autre revendication. À Mahou, dans la région de Sikasso, les habitants ont barricadé les entrées du village pour exiger leur rattachement au Cercle de Koury, à 27 km d’eux, plutôt qu’à Yorosso, situé à 57 km.

Des manifestations attendues par les autorités de la Transition ? Lors de l’adoption du projet au CNT, le ministre de l’Administration territoriale, le Colonel Abdoulaye Maiga, a indiqué « qu’il s’agissait d’un dossier explosif, car touchant quelque part à l’identité de nos populations », et prôné « il est important de dire qu’il n’y a pas de gagnant ou de perdant. Je pense que c’est le Mali qui gagne ».

Accord d’Alger : le gouvernement dénonce des violations des groupes armés

Dans une lettre du 24 février dernier adressée au ministre algérien des Affaires étrangères, chef de file de la médiation internationale pour la mise en œuvre de l’Accord d’Alger, le gouvernement du Mali accuse les groupés armés signataires d’avoir violé plusieurs fois l’Accord pour la paix et la réconciliation. Cela sans que la médiation internationale ne les condamne, indique-t-on dans la correspondance signée le ministre de la Réconciliation, le Colonel Major Ismaël Wague.

Le gouvernement dit recenser au moins 11 violations du traité de la part des mouvements. Il s’agit, entre autres, de l’installation d’Etats-Majors par certains mouvements armés dans le Gourmah en 2020-2021 ; la réouverture des postes de sécurité dans les zones de Kidal, Gao, Ménaka et Tombouctou ; des actions entravant le fonctionnement optimal des Bataillons des forces Armées Reconstituées (BATFAR) ou encore la conduite de patrouille TARTIT par des entités non reconnues (CSP-PSD) sans concertation, ni accord du gouvernement dans les localités du Nord précédemment citées. En outre, et surtout, le ministre Wagué s’attriste de l’opérationnalisation d’un tribunal islamique à Kidal qui a déjà délibéré sur le cas de deux éléments du BATFAR de Kidal et une collusion de plus en plus manifeste avec les groupes terroristes, en violation des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies.

« Ces cas flagrants de violation de l’Accord sont d’autant plus préoccupants qu’ils n’ont donné lieu à aucune condamnation de la Médiation internationale et leurs auteurs n’ont jamais été rappelés à l’ordre », déplore le Colonel Wagué.

Pour ce dernier, par « son manque de réaction », la médiation se discrédite et ses structures que sont la MINUSMA, l’Observatoire indépendant et le Groupe d’experts international « ne comblent pas les attentes ». Mettant même en doute leur pertinence.

Aussi, dors et déjà, le gouvernement notifie que « tout en restant attaché à la mise en œuvre intelligente de l’accord », qu’il rejettera d’office toute accusation qui serait de nature à le tenir responsable des éventuelles conséquences de la violation de l’Accord pour la paix et la réconciliation.

Elections : la loi électorale modifiée

Le Conseil national de transition (CNT), a adopté mardi 28 février un projet de loi portant modification de la loi N2022-019 du 24 juin 2022 portant loi électorale. C’était à l’issue de la deuxième et dernière séance plénière de la session extraordinaire de février 2023.

Adopté à l’unanimité, (129 voix pour, 0 contre, 0 abstention), le projet de loi apporte plusieurs modifications à la loi initiale de juin 2022 telles que l’élargissement des lieux d’implantation des bureaux de vote dans les garnisons militaires, l’institution du vote par anticipation des membres des Forces armées et de sécurité et le remplacement de la carte d’électeur biométrique par la carte nationale d’identité biométrique sécurisée comme unique document autorisé dans le bureau de vote.

L’une des innovations majeures est le raccourcissement du délai d’installation des coordinations de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE) qui passe de 6 à 3 mois au plus avant la tenue des scrutins.

« C’est à la pratique qu’on s’est rendu compte qu’effectivement, il va falloir intervenir sur la loi électorale pour apporter des modifications qui permettront de faire en sorte que le chronogramme qui est adossé à cette même loi électorale puisse permettre une application efficiente au bénéfice du processus électoral. C’est à la suite de cela que les innovations ont été entreprises », a expliqué devant les membres de l’organe législatif de la Transition,  Mme Fatoumata Sékou Dicko, ministre déléguée chargée des Réformes politiques et institutionnelles.

Toutes ces modifications apportées ont pour objectif de faire en sorte que le processus électoral se déroule de manière transparente, crédible et sécurisée, a-t-elle soutenu.

Le projet de loi initié par la ministre déléguée  chargée des réformes politiques et institutionnelles avait été adopté en Conseil des ministres le 15 février 2023.

Au cours de cette session extraordinaire convoquée par le Président de la Transition, le CNT a également adopté un projet de loi portant création des circonscriptions administratives en République du Mali, consacrant le nouveau découpage territorial qui retardait la mise en place des coordinations de l’AIGE.

 

 

Droits de l’Homme : Abdoulaye Diop à Genève pour porter la voix du Mali

Le Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye DIOP, prend part du 27 février au 03 mars 2023 à Genève, au segment de haut niveau de la 52ème session ordinaire du Conseil des droits de l’Homme.

Selon le département, la participation du ministre Diop qui est à la tête d’une délégation malienne permettra de promouvoir et protéger les droits de l’Homme au Mali, de mettre en exergue les efforts importants déployés, ou en cours par le pays pour la sécurisation et la protection des populations et de leurs biens.

Ce conseil de haut niveau sera aussi l’occasion d’après le ministère des Affaires étrangères de porter le message du Gouvernement en vue de déconstruire les allégations non fondées sur la question des droits de l’homme au Mali. Le 7 février dernier, lors de la visite au Mali du ministre des Affaires étrangères russe Serguei Lavrov, Abdoulaye Diop avait assuré qu’il était nécessaire de dépolitiser les droits de l’homme. Le 27 janvier dernier lors de l’examen d’un rapport sur la situation au Mali, le ministre des Affaires étrangères avait regretté « une instrumentalisation de la société civile ». Cette indignation faisait suite à l’intervention d’Aminata Cheick Dicko, vice-présidente de l’organisation Kisal sur des exactions présumées des partenaires russes de l’armée malienne. Plusieurs rapports pointent du doigt des exactions commises par Wagner au Mali. Le gouvernement dément la présence des paramilitaires russes sur le sol malien et conteste les accusations portées à l’encontre de leurs partenaires et des FAMa.

Lors de son séjour, plusieurs activités importantes sont inscrites dans l’agenda du Ministre DIOP, notamment, sa rencontre avec le Haut-commissaire aux droits de l’Homme, ses échanges avec le groupe des Ambassadeurs africains à Genève et son intervention au segment de haut niveau du Conseil des droits de l’Homme.

Pour rappel, le Conseil des droits de l’Homme est un organe du système des Nations unies dont la mission est d’assurer la promotion et la protection des droits de l’Homme dans le monde. Les sessions du Conseil servent de cadre pour faire le suivi de la mise en œuvre des obligations des Etats membres en matière de droits de l’Homme, avec la participation de l’ensemble des acteurs concernés.

Constitution : le document final remis au président de la transition

Un mois jour pour jour après la publication du décret portant nomination des membres de la commission chargée de la finalisation du projet de nouvelle constitution du Mali, le document a été remis ce lundi au président de la transition. Selon Fousseyni Samaké, le président de la commission de finalisation, certaines dispositions ont été reformulées et des rajouts ont été faits. Grâce à ces amendements, le projet remis comporte 191 articles contre 195 pour l’avant-projet.  » Le document final que je viens de recevoir aujourd’hui, cristallisera, à n’en pas douter, l’espoir de la nation toute entière quant à l’instauration d’une véritable démocratie » s’est félicité le président de la transition, le Colonel Assimi Goita. L’avant-projet de constitution a été vivement critiqué par plusieurs entités notamment politiques qui avaient demandé son abandon. Les Maliens doivent en principe selon le chronogramme s’exprimer sur cette constitution lors d’un référendum programmé le 19 mars prochain.

CHU Gabriel Touré : une grève illimitée aux graves conséquences

 Le Centre hospitalier et universitaire Gabriel Touré tourne au ralenti. Pour cause, une grève illimitée des médecins, pour non satisfaction de leurs doléances. Les patients, premières victimes de cet arrêt de travail crient leur désarroi.

La grève illimitée au CHU Gabriel Touré a débuté ce lundi 27 février. Sur place, les malades et accompagnants ne cachent pas leur frustration.  Les consultations normales ne sont plus possibles. Seuls les cas d’urgence sont pris en charge. Le bureau des entrées de l’hôpital Gabriel Touré, habituellement plein, est presque vide. A 10 heures ce lundi, il n y avait pas de contrôle. En effet, depuis le début de la grève, les malades paient le prix fort si l’on se fie aux différents témoignages même s’il est difficile d’établir des chiffres. Au cœur du bras de fer entre les médecins rangés derrière leur syndicat et le gouvernement, les usagers ne savent plus à quel saint se vouer. Beaucoup ont confié leur désarroi et implorer pour une solution rapide afin de mettre fin à la grêve.

Les comités syndicaux de l’hôpital reprochent au directeur général de l’hôpital Gabriel Touré d’avoir un mépris à leur égard.  Puisque, celui-ci selon les responsables syndicaux, par ses agissements répétitifs entrave la liberté syndicale. Aussi, ils estiment qu’il y a un non respect des engagements pris par le Gouvernement par rapport aux protocoles signés avec les comités syndicaux du CHU Gabriel Touré.  Dans la foulée, une réunion du bureau du comité syndical s’est tenue cet après-midi, avant une conférence de presse de demain qui aura lieu à la bourse du travail.