Étiquette : Mali
Persistance de la crise sécuritaire : 7 000 violences de genre signalées en trois mois
Le rapport GBVIMS (Système de Gestion de l’Information sur la Violence Basée sur le Genre) du troisième trimestre 2024, publié par l’UNFPA, dresse un état des lieux préoccupant sur les violences basées sur le genre et les défis humanitaires au Mali. Ce document, couvrant la période de juillet à septembre 2024, révèle que 7 000 incidents de violences de genre ont été signalés en seulement trois mois, une situation aggravée par les déplacements forcés et les catastrophes naturelles.
Retrait du Mali : la CEDEAO propose un dialogue avant l’échéance du 29 janvier 2025
À l’approche du retrait officiel du Mali de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), prévu pour le 29 janvier 2025, l’organisation régionale a adressé, le 13 janvier, une invitation aux autorités maliennes pour des discussions techniques. Cette initiative vise à encadrer une séparation ordonnée et à limiter les impacts économiques et politiques.
Conflit entre Barrick Gold et les autorités : Saisie de trois tonnes d’or et suspension des opérations
Barrick Gold Corporation a annoncé, le 14 janvier 2025, la suspension temporaire de ses activités au complexe minier de Loulo-Gounkoto, situé dans l’ouest du Mali. Cette décision fait suite à la saisie par le gouvernement malien d’environ trois tonnes d’or, évaluées à près de 245 millions de dollars, appartenant à l’entreprise canadienne.
Défaites des clubs maliens en compétitions africaines : une 5ᵉ journée difficile
Le dimanche 12 janvier 2025, les clubs maliens engagés dans les compétitions africaines ont connu des revers significatifs lors de la 5ᵉ journée de la phase de groupes. Ces résultats compliquent leurs ambitions sur la scène continentale.
Insécurité au Sahel : L’enlèvement d’Eva Gretzmacher relance les inquiétudes sur le sort des ressortissants occidentaux
Les faits sont survenus, le samedi 11 janvier 2025, aux environs de 19 heures. Eva Gretzmacher, une ressortissante autrichienne de 73 ans résidant à Agadez, au Niger, a été enlevée par des hommes armés. Selon des informations locales, les ravisseurs ont contraint son gardien, Salissou, à ouvrir la porte sous la menace d’une arme, avant de pénétrer dans la maison et de l’emmener de force dans un véhicule de type V6.
États généraux de la culture : Un initiative destinée à forger le « Mali Kura »
Le Premier ministre, le Général de Division Abdoulaye Maïga, a lancé, le jeudi 9 janvier 2025, les États généraux des secteurs de la culture, du tourisme et de l’artisanat. Cet événement, qui se déroule jusqu’au samedi 11 janvier à Bamako, s’inscrit dans le cadre de la décision du Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goïta, de consacrer l’année 2025 à la culture.
Bénin: Plus d’une vingtaine de soldats tués lors d’une attaque
Une attaque meurtrière a frappé, le 8 janvier 2025, le nord du Bénin, dans la zone dite du « Point Triple », à la frontière entre le Bénin, le Burkina Faso et le Niger. Cette offensive, attribuée à des individus armés non identifiés, a coûté la vie à au moins 28 soldats béninois.
La fintech doit embrasser l’inclusion universelle
Ces dernières années, le monde a réalisé des progrès remarquables en matière d’inclusion financière. Au cours de la décennie qui a débuté en 2011, la proportion d’adultes ayant accès à des services financiers a augmenté de 50 %, pour atteindre plus de trois quarts. Mais nous avons encore un long chemin à parcourir pour créer un système financier véritablement inclusif. Au-delà de l’élargissement de l’accès aux produits et services financiers, nous devons veiller à ce que ces produits et services conviennent à tous, y compris aux 1,2 milliard de personnes handicapées dans le monde.
La première génération de technologies financières a perturbé les services bancaires traditionnels en facilitant l’accès des personnes sous-bancarisées (pensez à l’argent mobile et aux micro-prêts). La prochaine vague d’innovation doit aller plus loin, et adopter l' »inclusion universelle » comme principe de conception de base. L’inclusion universelle traduit l’idée que chacun mérite d’avoir accès à des outils financiers qui répondent réellement à ses besoins et améliorent son bien-être.
Nous avons déjà des exemples de ce à quoi cela pourrait ressembler. Prenons l’exemple de la technologie « tap-to-phone », qui permet aux commerçants d’accepter des paiements à l’aide de leur smartphone, sans avoir besoin d’un terminal de paiement. Cette fonctionnalité présente des avantages évidents pour tous les acheteurs et vendeurs, qu’il s’agisse de commodité ou de sécurité. Mais elle permet également aux personnes aveugles ou malvoyantes, qui pourraient avoir du mal à compter l’argent liquide, de participer plus pleinement à l’économie numérique. Les personnes dont la mobilité est affectée, par des maladies comme l’arthrite, la sclérose en plaques, la maladie de Parkinson et l’infirmité motrice cérébrale, peuvent également avoir recours à la technologie « tap-to-phone ».
Il en va de même pour les paiements à commande vocale : ils sont pratiques pour tous, mais essentiels pour les personnes souffrant de déficiences visuelles, d’une mobilité limitée ou de problèmes d’alphabétisation. Il s’agit là d’une conception universellement inclusive optimale – si pratique que tout le monde, handicapé ou non, l’utilise. En fait, l’adoption généralisée de ces technologies les rend encore plus faciles à utiliser pour les personnes handicapées. Étant donné que 62 % des handicaps sont invisibles, il peut être très difficile de demander des aménagements. Mais personne ne sourcillera devant un outil « accessible » s’il l’utilise déjà.
Malgré quelques succès, l’approche dominante du développement des produits financiers ne met pas suffisamment l’accent sur l’inclusivité. Il s’agit non seulement d’un échec moral, mais aussi d’une opportunité économique manquée. Les personnes handicapées, ainsi que leurs amis et leur famille, représentent un revenu disponible colossal de 13 000 milliards de dollars. Avec l’allongement de l’espérance de vie, le nombre de personnes handicapées – et leur pouvoir d’achat – est appelé à augmenter.
Au-delà des bénéfices directs liés à l’exploitation de ce vaste marché mal desservi, les sociétés de services financiers qui s’engagent dans la voie de l’inclusion universelle deviendraient plus attrayantes pour d’autres clients, en particulier les jeunes générations. Une étude de 2018 a montré que 91 % des millennials (nés entre 1980 et 1994) remplaceraient un produit qu’ils achètent habituellement par une alternative provenant d’une entreprise « à mission ». La génération Z (née entre le milieu des années 1990 et le début des années 2010) est également très encline à s’intéresser aux marques qui mettent l’accent sur les valeurs sociales.
Pour tirer le meilleur parti de l’inclusion universelle, les institutions financières devraient adopter un nouveau cadre d’innovation reposant sur trois piliers. Le premier est une approche de conception universellement inclusive, dans laquelle les considérations d’accessibilité façonnent les solutions dès le départ. Il s’agirait d’un changement important par rapport à l’approche actuelle fondée sur la conformité, dans laquelle les ajustements sont souvent effectués après coup pour répondre aux normes minimales d’accessibilité. Son succès dépendrait en grande partie de la participation des personnes handicapées à toutes les phases du processus de conception.
Le deuxième pilier d’un nouveau cadre pour les fintechs est constitué par les données. Il est important de mesurer nos progrès en matière d’inclusion financière globale, mais il est tout aussi important de collecter des données détaillées qui différencient les groupes ou les segments. Ces données devraient aller au-delà de l’accès, pour couvrir la qualité des services et les changements dans le bien-être financier qui résultent des produits de l’industrie.
Enfin, il est essentiel d’établir des normes claires en matière de responsabilité et d’information. Les cadres réglementaires doivent prévoir des mesures qui incitent les institutions de services financiers à divulguer leurs progrès en matière d’inclusion universelle, en faisant de ces résultats un élément fondamental de leurs rapports, au même titre que les indicateurs financiers traditionnels.
Les avantages de l’inclusion universelle vont au-delà du profit. L’économie devient plus résiliente et plus dynamique lorsque tous les individus peuvent y participer pleinement. Les efforts déployés pour répondre aux besoins d’un groupe mal desservi peuvent déboucher sur des innovations qui profitent à tous – un phénomène connu sous le nom d' »effet de trottoir », en référence aux rampes d’accès aux trottoirs conçues pour les utilisateurs de fauteuils roulants, mais qui ont amélioré la vie de nombreuses autres personnes, qu’il s’agisse de parents avec des poussettes ou de travailleurs de la livraison.
Plutôt que de considérer l’accessibilité comme un obstacle à surmonter, nous devons reconnaître son potentiel en tant que catalyseur de l’innovation et de la croissance. L’inclusion universelle dans les services financiers n’est pas seulement une question de bien faire, c’est aussi une question de bien faire des affaires.
Carl Manlan est vice-président de l’impact inclusif et de la durabilité chez Visa CEMEA. Adanna Chukwuma, Aspen First Mover Fellow, est directeur principal de la mesure de l’impact mondial chez Visa.
Project Syndicate, 2025.
www.project-syndicate.org
Inondations et pollution : La crainte d’une crise environnementale majeure en 2025
Le Mali fait face à deux crises environnementales majeures : des inondations historiques qui continuent de dévaster des régions entières malgré la fin de l’hivernage et une pollution atmosphérique croissante, à Bamako notamment. Ces phénomènes, aggravés par les pratiques humaines et le manque d’application des politiques environnementales, posent des défis colossaux pour l’avenir.
Depuis juillet 2024, des inondations d’une ampleur exceptionnelle ravagent le pays, causant des dégâts considérables. Près de 259 795 personnes ont été touchées, avec un bilan d’une centaine de décès et 148 blessés. Les régions de Ségou, Gao et Tombouctou sont parmi les plus durement affectées. À Gao, plus de 1 990 maisons se sont effondrées sous l’effet de précipitations intenses. Malgré la fin de l’hivernage en octobre 2024, les niveaux d’eau restent critiques, détruisant des infrastructures et exposant les populations à des déplacements et risques sanitaires tels que le choléra et le paludisme.
Parallèlement, la capitale, Bamako, est confrontée à une pollution atmosphérique alarmante. Selon l’Indice de Qualité de l’Air (IQA), les concentrations de particules fines dépassent largement les normes recommandées par l’OMS, classant l’air de la ville comme « nocif ». Le Pr Yacouba Toloba, pneumologue, a alerté sur l’augmentation des maladies respiratoires et cardiovasculaires. En 2024, 83 décès liés aux maladies respiratoires, dont une part significative attribuable à la mauvaise qualité de l’air, ont été dénombrés. La même étude a également indiqué que plus de 260 000 personnes fréquentent les hôpitaux chaque année pour bénéficier de soins contre les pathologies respiratoires.
La Pr Fatoumata Maïga, spécialiste des questions environnementales, attribue cette pollution à plusieurs facteurs : les véhicules de seconde main, souvent mal entretenus, les activités industrielles et artisanales, ainsi que les pratiques agricoles et minières. Des pratiques qui libèrent des fumées toxiques et des particules de poussière dans l’atmosphère. Même l’élevage intensif contribue à ce problème par le dégagement de gaz issus des mélanges de bouses et d’urines.
Pour réduire cette crise, elle recommande de restreindre l’importation de véhicules trop âgés, de diminuer l’utilisation de moteurs diesel et de réguler strictement les activités industrielles. Cependant, elle souligne que l’application des politiques publiques reste un défi majeur, malgré l’existence de textes. Une situation qu’elle attribue à des pratiques sociales néfastes, comme le favoritisme et l’impunité.
Ainsi, l’année 2025 s’annonce déterminante pour le pays, où des actions concrètes et une sensibilisation accrue sont nécessaires pour faire face à des crises environnementales aux conséquences imprévisibles.
Croissance économique : Les chantiers pour une transition énergétique durable
La croissance économique du Mali devrait s’accélérer à 5,3% en 2025, tirée notamment par le secteur minier. Cependant, l’année 2025 s’annonce également avec de nombreux défis, notamment celui de l’accès à l’énergie. Si le démarrage de la production de lithium présente de nouvelles opportunités en matière d’énergies renouvelables, le modèle d’exploitation doit évoluer pour permettre de soutenir d’autres secteurs de l’économie. La relance de l’économie reste en outre confrontée aux conséquences des chocs climatiques et à l’insécurité.
Le lancement des activités de la mine de lithium de Goulamina, le 15 décembre 2024, devrait contribuer à booster la transition énergétique grâce à la fourniture d’équipements utilisés dans l’énergie solaire, espèrent les autorités.
Cependant, pour offrir de nouvelles perspectives dans le secteur des énergies renouvelables, cette opportunité doit, au-delà de l’extraction, permettre au Mali de bénéficier à d’autres niveaux de cette chaîne de valeur. « À défaut d’avoir des usines de transformation sur place, on peut négocier des conditions d’accès plus faciles au produit », explique Abdrahamane Tamboura, économiste. Avec 51% de parts accordées aux entreprises maliennes, les contrats de sous-traitance devraient générer environ 250 milliards de francs CFA. De plus, la mine de Goulamina contribuera au développement local avec un investissement compris entre 20 et 25 milliards.
Le domaine des technologies à base de lithium est en expansion, mais les compétences locales pour répondre à ces besoins sont insuffisantes. Il est donc essentiel de développer ces talents.
Changer de schéma
À terme, il s’agit de changer le modèle d’exploitation de nos matières premières, actuellement basé sur l’exportation de produits bruts. Le chantier de la transformation économique doit être envisagé sur le long terme, sous peine de ne pas obtenir les résultats escomptés.
Le contexte devrait permettre une réflexion approfondie, estime M. Tamboura. Le développement que l’on envisage nécessite de sortir de l’urgence et de trouver un juste milieu entre la satisfaction des besoins pressants et l’exploitation judicieuse des potentialités.
En octobre 2024, le Gouvernement a interdit l’exportation de certains produits, dont l’arachide, la noix de karité et le sésame. Cette mesure vise à booster l’industrie locale, mais elle est redoutée par les producteurs, qui craignent une baisse de revenus, l’industrie locale ne transformant qu’une partie infime de la production. Pour renforcer cette capacité, il est crucial de fournir le secteur agricole en énergie, estime M. Tamboura.
Cela peut se faire à travers le développement du sous-secteur de la bioénergie, par exemple. Le secteur agricole, qui est un bon pourvoyeur de matières premières pour le sous-secteur des bioénergies, a également besoin d’énergie pour son propre développement. Un développement basé sur la valorisation des produits agricoles. Ce modèle, qui combine production et transformation, peut conduire à intensifier la production et à la valoriser.
Aigles du Mali : De nouveaux challenges en 2025
En 2025, les Aigles du Mali se préparent à relever deux défis majeurs : les éliminatoires de la Coupe du Monde 2026 et la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2025 au Maroc. Ces compétitions représentent une étape décisive pour le football malien, en quête de renouveau.
Dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du Monde 2026, le Mali se trouve dans le Groupe I, aux côtés du Ghana, de Madagascar, de la République centrafricaine, des Comores et du Tchad. Après quatre journées, les Aigles occupent la quatrième place avec cinq points. Ils sont devancés par les Comores et le Ghana (9 points chacun) et Madagascar (7 points). Le Mali a remporté une victoire contre le Tchad (3-1), concédé un match nul contre la République centrafricaine (1-1), subi une défaite face au Ghana (1-2) et partagé les points avec Madagascar (0-0). Pour espérer une qualification historique au Mondial, les Aigles doivent améliorer leurs performances lors des prochaines journées, à partir de mars, avec des matches importants. Cette compétition, qui se déroulera pour la première fois dans trois pays (États-Unis, Canada et Mexique), est un objectif majeur pour les Maliens, surtout après leur élimination par la Tunisie lors des barrages de 2022.
En parallèle, le Mali a validé sa qualification pour la CAN 2025 en terminant premier de son groupe. Sous la direction de l’entraîneur belge Tom Saintfiet, les Aigles ont affiché des performances solides, totalisant 14 points avec 4 victoires et 10 buts marqués, tout en n’encaissant qu’un seul but. Prévue du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026 au Maroc, la CAN a été décalée pour des raisons climatiques. Le tirage au sort des groupes, le 27 janvier 2025, déterminera les adversaires des Aigles. Cette compétition est une occasion pour le Mali de briller, après avoir atteint les quarts de finale en 2024, éliminés par le pays-hôte, la Côte d’Ivoire (1-0). Fort de cette expérience, il vise les demi-finales, voire le titre.
L’année 2025 représente une véritable opportunité pour le Mali de confirmer sa progression sur la scène continentale et mondiale. Entre la CAN et les éliminatoires du Mondial, les défis sont immenses, mais les Aigles semblent prêts pour les relever. Le soutien des supporters et la rigueur dans la préparation seront essentiels pour atteindre ces ambitions.
2025 Année de la Culture : Des opportunités pour les acteurs
L’année 2025 a été déclarée « Année de la Culture » par le Président de la Transition. Creuset de valeurs et de talents, la culture est reconnue par ses acteurs comme un levier de développement. Cependant, pour faire de cet atout un allié capable de résoudre les maux de notre société, il est nécessaire d’élaborer une stratégie, de mobiliser des moyens et, surtout, de montrer une volonté politique.
L’Année de la Culture représente une opportunité pour tous les artistes qui doivent se sentir concernés, soutient Cheick Tidiane Seck, artiste musicien. La culture, en tant que facteur de vivre ensemble, constitue un pont qui doit nous relier sans pour autant nous fermer aux autres. Les artistes sont donc mis à l’honneur et doivent « transformer l’essai » grâce à des projets innovants, destinés à accroître la visibilité de notre culture et à engager un dialogue avec le reste du monde. D’après lui, il est impératif « d’imprégner les jeunes », car toute connaissance débute par la connaissance de soi. En s’appuyant sur la « profondeur des valeurs », M. Seck estime que « nous devons colorer le modernisme avec nos parfums » pour affirmer notre spécificité. Par exemple, en matière de musique, il est essentiel d’être à la fois créatif et éthique, afin de tirer un bon parti de la modernité. On peut harmoniser son identité avec son époque sans perdre son authenticité.
Libérer l’expression
Pour se développer à travers la culture, il est indispensable d’adopter une véritable stratégie et un programme d’action, estime Souleymane Cissé, cinéaste. Cette stratégie doit être conçue en collaboration avec les acteurs, car « c’est à nous de valoriser notre culture, de l’exprimer ».
Si nous consommons des cultures d’ailleurs, c’est parce que ces pays ont travaillé pour se faire connaître à l’échelle mondiale. Aucun pays ne peut se développer sans sa culture, ajoute M. Cissé.
Il est donc crucial « d’obligatoirement écouter les acteurs de la culture ». Pour le cinéaste, chaque acteur de la culture est d’abord un patriote, une personne qui aime profondément son pays. C’est donc à eux d’établir les fondements de la culture,
En ce qui concerne l’industrie cinématographique, elle ne peut prospérer sans une implication effective des autorités, des ressources adéquates et des soutiens. Cependant, « le cinéma cherche toujours du soutien » souligne M. Cissé.
Avant tout, il est primordial de libérer l’expression culturelle, insiste M. Cissé. Sans cela, aucun développement ou épanouissement n’est possible. Il plaide aussi pour que le CNCM (Centre National de la Cinématographie et du Mali) soit doté des moyens de sa politique. Avant d’inviter les autorités à encourager la création et à soutenir les créateurs.
2025 : Entre espoirs et défis
L’année 2024 a été particulièrement éprouvante pour le pays, confronté à des défis majeurs sur plusieurs fronts. Malgré des efforts, la situation sécuritaire demeure préoccupante, avec des attaques récurrentes de groupes armés perturbant la quiétude des populations.
La transition politique, quant à elle, se poursuit sans annonce précise quant à l’organisation de l’élection présidentielle tant attendue. Lors de son discours à la Nation, le 31 décembre 2024, le Président de la Transition n’a pas évoqué de date pour ce scrutin important et attendu, laissant planer l’incertitude sur le retour à un ordre constitutionnel normal.
Les inondations de l’année écoulée ont été particulièrement meurtrières et dévastatrices, causant de nombreuses pertes en vies humaines et des dégâts matériels importants. Ces catastrophes ont dévoilé la vulnérabilité des infrastructures et l’urgence de mesures préventives pour éviter la répétition de tels drames.
Par ailleurs, force est de reconnaître qu’aujourd’hui les conditions de vie des Maliens ont connu une certaine détérioration, exacerbée par une crise énergétique persistante. Malgré le lancement de projets de centrales solaires, la demande en électricité dépasse largement l’offre, entraînant des coupures fréquentes. En dépit des annonces fortes, le bout du tunnel est encore lointain. Cette situation, combinée à la hausse du coût de la vie, a conduit à des mouvements sociaux et à des annonces de grèves dans divers secteurs.
Ainsi, l’année 2025 s’annonce décisive pour le pays. Les défis à relever incluent l’amélioration de la sécurité, la stabilisation économique, la mise en place d’infrastructures résilientes face aux aléas climatiques et la satisfaction des aspirations démocratiques de la population. La communauté nationale attend avec impatience des actions concrètes pour surmonter ces obstacles et construire un avenir plus serein.
2025 : Année électorale ?
Alors qu’elle était initialement prévue pour février 2024, l’élection présidentielle destinée à mettre fin à la Transition a été reportée sine die en septembre 2023. Plus d’une année après ce « léger report », pour des « raisons techniques », aucune nouvelle date n’a été communiquée par le gouvernement de transition. Cependant, certains signaux laissent à penser que ce scrutin, marquant le retour à l’ordre constitutionnel au Mali, pourrait se tenir au cours de l’année 2025.
Depuis quelques semaines, des évolutions semblent se dessiner concernant l’organisation de cette élection présidentielle dans les mois à venir. Dans une lettre de cadrage remise au Premier ministre Abdoulaye Maïga le 27 novembre 2024, le Président de la Transition a exhorté la nouvelle équipe gouvernementale à créer les conditions nécessaires « pour des élections transparentes et apaisées », lesquelles devront mettre fin à la Transition.
Lors de la cérémonie solennelle de rentrée des cours et tribunaux 2024 – 2025, qu’il a présidée le 26 décembre dernier, le Général d’armée Assimi Goïta a réitéré son appel au gouvernement pour qu’il mobilise les moyens matériels, financiers et humains nécessaires à la bonne organisation des futurs scrutins, seul gage d’un retour apaisé et sécurisé à l’ordre constitutionnel.
Dans cette dynamique, le Premier ministre a relancé le Cadre de concertation entre le gouvernement, les partis politiques et la société civile lors de deux rencontres tenues les 5 et 6 décembre 2024, suite à sa visite à l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE) le 2 décembre.
Axées sur la présentation du point d’étape de la révision annuelle des listes électorales de 2024, ces rencontres ont vu plusieurs questions relatives à l’organisation des élections être également abordées lors des échanges.
« Nous allons faire l’effort d’aller vite, mais nous veillerons à ne pas confondre vitesse et précipitation. Nous ne pouvons pas nous permettre d’aller vers une crise post électorale. C’est pourquoi le Chef de l’État insiste sur la création des conditions nécessaires », a déclaré le Chef du gouvernement.
Budget électoral : Un gage ?
Le 19 décembre 2024, le Conseil national de transition (CNT) a adopté la Loi des finances 2025, confirmant les fonds destinés à l’organisation des élections, aux organismes spécialisés et aux départements ministériels, pour un montant de 80,750 milliards de francs CFA, dont 6,093 milliards pour l’AIGE et 17,297 milliards pour les nouveaux organes établis par la Constitution du 22 juillet 2023.
Après un retrait de la Loi des finances en 2024, la réapparition des dépenses électorales dans le budget de 2025 est perçue par plusieurs observateurs comme un signe positif pour la tenue de l’élection présidentielle cette année. Cependant, certains acteurs politiques, bien qu’ils saluent la prévision des dépenses électorales, demeurent prudents.
« Le fait de voir les dépenses relatives à l’organisation des élections mentionnées dans la Loi de finances est une bonne chose, mais ce n’est pas une garantie suffisante », affirme Alhassane Abba, Secrétaire général de la Convergence pour le développement du Mali (CODEM). « Tant que nous ne serons pas convoqués pour échanger en tant que classe politique sur la tenue des élections, nous demeurerons inquiets et sceptiques », poursuit-il.
Hamidou Doumbia, Secrétaire politique du parti Yelema, partage cet avis. Pour lui, au-delà de l’adoption du budget, il faut un chronogramme clair, avec des dates fixées pour les élections et un engagement ferme des autorités de la Transition.
« En 2021, les dépenses électorales étaient déjà inscrites dans le budget. Pourtant, les élections n’ont pas eu lieu. Il y a eu ensuite deux prolongations de la Transition. Cela ne peut donc pas être une garantie », affirme M. Doumbia.
Signaux positifs
En plus de l’adoption par le CNT de la Loi des finances 2025 prévoyant un budget pour les élections, l’AIGE s’active également. L’organe chargé de l’organisation des élections a commencé en décembre une série de formations pour les membres de ses coordinations dans toutes les régions du pays.
L’objectif est de renforcer leurs capacités, notamment en ce qui concerne la centralisation des résultats des scrutins et la collaboration entre l’AIGE, les partis politiques, la société civile et le ministère de l’Administration territoriale.
Déjà en juillet dernier, quelques jours après la levée de la suspension des activités des partis politiques, l’AIGE avait convié la classe politique et les acteurs de la société civile pour faire le point sur ses avancées dans la préparation des futures échéances électorales.
Pour Soumaïla Lah, enseignant-chercheur et analyste politique, l’activité actuelle de l’AIGE sur le terrain et ses contacts réguliers avec les partis politiques pour aborder les questions électorales et trouver un consensus à ce sujet sont des indicateurs de la tenue des élections en 2025.
Deux autres facteurs soutiennent son analyse : la Loi de finances 2025 qui prévoit une enveloppe pour les élections et la création d’un ministère délégué auprès du Premier ministre, chargé des Réformes politiques et du soutien au processus électoral.
« Je pense que le processus pour l’organisation des élections est enclenché. La grande inconnue reste la participation ou non du Président de la Transition à ces élections », indique M. Lah.
Par ailleurs, la libération le 5 décembre 2024 des 11 leaders politiques issus de la Coalition des partis signataires de la Déclaration du 31 mars 2024, arrêtés en juin dernier, est perçue comme une volonté des autorités de la Transition d’apaiser le climat politique, favorisant ainsi les échanges avec la classe politique pour l’organisation d’élections pacifiques.
Cependant, pour Youssouf Sissoko, journaliste et analyste politique, même si ces signaux montrent que les autorités sont en bonne voie pour organiser les élections en 2025, « rien ne garantit véritablement la tenue de ces élections pour l’heure ». Selon le politologue Bréhima Mamadou Koné, au-delà de la volonté politique apparente des autorités d’aller aux élections, seul un chronogramme électoral clair pourrait dissiper les doutes entourant la tenue du scrutin présidentiel en 2025.
Silence intriguant
Alors que beaucoup s’attendaient à une annonce sur la tenue des élections en 2025 dans son discours de Nouvel an, le Président de la Transition n’a pas abordé la question lors de son adresse à la Nation du 31 décembre 2024.
Ce silence sur la question électorale remet-il en cause tous les autres signaux tendant vers l’organisation de l’élection présidentielle en 2025 ?
« Le fait que rien n’ait été dit à ce sujet laisse perplexe. Il est évident que l’écrasante majorité des Maliens attend la fin de la transition et des élections pour le retour à l’ordre constitutionnel de notre pays », a réagi l’ancien Premier ministre Moussa Mara.
Pour un autre acteur politique qui a requis l’anonymat, cela indique simplement que les militaires au pouvoir ne sont pas prêts à organiser les élections dans les mois à venir.
« Ce silence du Président sur le sujet des élections lors de son discours du Nouvel an est inquiétant. Cela signifie que malgré les signaux envoyés depuis un certain temps pour la tenue des élections, les autorités de la Transition n’ont pas encore réellement tranché sur le timing », conclut notre interlocuteur.
Mohamed Kenouvi
Huit civils calcinés près de Niono : Une tragédie qui suscite l’indignation
Le pays est une fois de plus endeuillé par un drame tragique survenu entre le 2 et le 3 janvier 2025. Huit personnes, dont des femmes et des enfants, ont été retrouvées mortes dans un véhicule calciné près de Doma, alors qu’elles tentaient de rallier le camp de réfugiés de M’berra, en Mauritanie. Parmi les victimes figurait un travailleur humanitaire malien de renom, Enaderfé Ag Hamama, qui se rendait en visite familiale. La confusion règne quant à l’identité des auteurs de cet acte odieux.
Dimanche 5 janvier 2025 restera une journée à oublier pour les clubs maliens engagés dans les compétitions interclubs de la Confédération Africaine de Football (CAF). Le Djoliba AC et le Stade Malien de Bamako, respectivement engagés en Ligue des Champions et en Coupe de la Confédération, ont tous deux été battus sur le même score de 1-0, des résultats qui compliquent sérieusement leurs ambitions continentales.
Insécurité au Sahel : Amadou Kouffa confirme la mort du guide Thierno Amadou Hady Tall
Un fichier audio circulant sur les réseaux sociaux attribué à Amadou Kouffa, chef de la Katiba Macina affiliée au Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM) principale filiale sahélienne d’Al-Qaïda, jette une lumière crue sur le sort de Thierno Amadou Hady Tall, guide spirituel de la confrérie tidjane à Nioro du Sahel. Ce vocal, d’une durée de quatre minutes et six secondes, confirme la mort du Khalife, suscitant une onde de choc à travers le pays et au-delà.
Un navire transportant 20 000 tonnes de nitrate d’ammonium bloqué au large d’Abidjan : une menace potentielle
Depuis le 4 janvier 2025, un navire battant pavillon de la Barbade, transportant environ 20 000 tonnes de nitrate d’ammonium, est immobilisé au large du port d’Abidjan, en Côte d’Ivoire. Ce pays des Caraïbes, bien que distant, figure parmi les nations offrant des pavillons de complaisance, souvent critiqués pour leur souplesse réglementaire. Cet incident fait écho à d’autres catastrophes environnementales et industrielles ayant touché la Côte d’Ivoire par le passé.
Arrestation de Mohamed Ould Erkehele : un coup dur porté à Daesh par les FAMa
Les Forces Armées Maliennes (FAMa) ont procédé, le vendredi 3 janvier, à la capture de Mohamed Ould Erkehele, connu sous les pseudonymes Abou Rakia et Abou Chach. Ce chef influent de l’État Islamique au Sahel (EI-S) a été appréhendé dans la localité d’Amasrakad, à 120 km de Bourem, dans la région de Gao. .
Le Général Assimi Goïta invité à l’investiture du nouveau Président ghanéen : Un signe de rapprochement entre la CEDEAO et l’AES ?
Le 2 janvier 2025, le Président de la transition, le Général Assimi Goïta, a reçu une délégation ghanéenne conduite par Alfred Mahama, émissaire du Président élu du Ghana, John Dramani Mahama. Cette visite avait pour objectif principal de remettre en main propre une invitation officielle à l’investiture de M. Mahama, prévue le 7 janvier 2025 à Accra.
Réorganisation stratégique : Arthur Banga analyse le retrait progressif des troupes françaises en Afrique
Arthur Banga, historien et spécialiste des questions de défense, a récemment pris la parole pour analyser le retrait des troupes françaises de plusieurs pays africains, notamment la Côte d’Ivoire, le Tchad et le Sénégal. Lors de son intervention du 2 janvier 2025, il a détaillé les raisons et les implications de ces décisions, en les plaçant dans un contexte stratégique plus large.
Selon Arthur Banga, le retrait des troupes françaises de la Côte d’Ivoire, annoncé récemment, s’inscrit dans une démarche de réorganisation planifiée et concertée. Le 43ᵉ Bataillon d’Infanterie de Marine (BIMA), basé à Abidjan-Port Bouët, sera transféré sous commandement ivoirien à partir de janvier 2025 et rebaptisé Camp Ouattara Thomas d’Aquin, premier Chef d’état-major des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (FANCI). Le contingent français, qui comptait environ 400 soldats, sera réduit à une centaine d’hommes dédiés principalement à la formation militaire.
Cette transition symbolise une volonté commune des deux pays de maintenir une coopération militaire étroite, en mettant l’accent sur la formation et le renforcement des capacités locales. Arthur Banga a également souligné le rôle stratégique de l’École de guerre ouverte il y a quelques années en Côte d’Ivoire, fruit d’un partenariat franco-ivoirien, ainsi que la place croissante du pays comme un hub de sécurité régionale, avec des initiatives telles que les opérations Flintlock organisées en collaboration avec les États-Unis.
Un désaccord profond au Tchad
Le cas du Tchad, selon Arthur Banga, illustre une dynamique différente. Le retrait des forces françaises de N’Djamena, exigé par le gouvernement tchadien avant le 31 janvier 2025, met fin à une présence militaire historique marquée par des interventions régulières pour soutenir le gouvernement face à des menaces internes, comme les rébellions armées. Ce départ, selon l’historien, traduit un désaccord entre les deux parties : la France refusant de continuer à jouer le rôle de « garant de la stabilité » du régime comme ce fut le cas il y a quelques années.
Une décision politique au Sénégal
Au Sénégal, la présence militaire française, bien que largement symbolique, a été remise en question par le duo politique Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, qui en ont fait un axe central de leur campagne électorale. Élu président, Bassirou Diomaye Faye a concrétisé cette promesse en demandant la fin de cette présence, répondant aux aspirations populaires en faveur de la souveraineté nationale.
Arthur Banga a expliqué que, contrairement au Tchad, où la logique d’intervention militaire était prépondérante, le retrait au Sénégal s’inscrit dans une dynamique politique et symbolique. Ce départ reflète une volonté d’affirmer une rupture avec les pratiques héritées de la période coloniale.
Les bases françaises restantes en Afrique
Après les retraits ou réductions des troupes françaises en Côte d’Ivoire, au Tchad et au Sénégal, seules deux bases militaires permanentes resteront en Afrique : Djibouti et le Gabon. À Djibouti, environ 1 500 soldats sont stationnés dans ce qui constitue la plus grande base française sur le continent. Stratégiquement située à l’entrée de la mer Rouge, elle permet à la France de surveiller des zones sensibles comme la Corne de l’Afrique et le Moyen-Orient, tout en offrant une capacité de déploiement rapide en cas de besoin. Au Gabon, environ 350 soldats sont déployés dans une base qui joue un rôle central dans la formation des forces armées de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC). Cette base sert également de soutien logistique pour des opérations de maintien de la paix dans la région. Ces deux bases illustrent la réorganisation stratégique de la présence militaire française, désormais axée sur des partenariats régionaux et une coopération renforcée avec les forces locales.
Une réorganisation stratégique
Pour Arthur Banga, ces retraits ne doivent pas être interprétés comme un désengagement total de la France en Afrique, mais plutôt comme une réorganisation stratégique. La France cherche à établir de nouveaux partenariats basés sur le respect de la souveraineté des nations africaines et la formation des forces locales. Cette approche vise à répondre aux critiques soutenues concernant sa présence militaire sur le continent, tout en maintenant des liens solides avec des partenaires clés.
AGEFAU : Le Rapport du BVG dénonce une gestion financière entachée d’irrégularités
Dans son rapport publié en décembre 2024, le Bureau du Vérificateur Général (BVG) révèle des irrégularités significatives dans la gestion de l’Agence de Gestion du Fonds d’Accès Universel (AGEFAU) entre 2020 et 2023. Cette agence, créée en 2016 pour réduire la fracture numérique au Mali, a géré d’importants montants financiers au cours de cette période, mais plusieurs anomalies ont été constatées.
Le rapport indique que l’AGEFAU a perçu un total de 49,83 milliards de FCFA entre 2020 et 2023, selon les états financiers. Cependant, les dépenses exécutées durant cette période s’élèvent à seulement 25,29 milliards de FCFA, ce qui soulève des questions sur l’utilisation du reste des fonds.
Parmi les irrégularités financières majeures, un prêt de 20 milliards de FCFA a été irrégulièrement octroyé au Trésor Public pour répondre à la pandémie de COVID-19. Ce prêt, utilisé pour payer des salaires et non remboursé à ce jour, dépasse les attributions légales de l’AGEFAU.
Le rapport mentionne également des dépenses injustifiées, notamment 12,77 millions de FCFA pour des abonnements téléphoniques, bien que les salariés bénéficient déjà d’indemnités pour téléphone incluses dans leurs salaires. Par ailleurs, une perte de 409,31 millions de FCFA a été constatée en raison d’un taux contractuel non respecté par une banque partenaire. Ce montant a été récupéré après intervention du BVG.
Les dépenses de missions officielles ont également fait l’objet de critiques. Deux missions ont donné lieu à des paiements qualifiés d’indus au profit du Président du Conseil d’Administration, pour un total de 34,77 millions de FCFA, largement au-dessus des plafonds autorisés.
Enfin, le BVG note un retard dans le reversement de 92,57 millions de FCFA de redevances Radio-TV à l’Office de Radio et Télévision du Mali (ORTM). Ce montant a été régularisé après vérification, mais cette situation reflète un défaut de gestion persistant.
Ces irrégularités compromettent la mission fondamentale de l’AGEFAU, qui est de promouvoir l’accès universel aux TIC. Le BVG recommande des réformes urgentes, incluant le renforcement des mécanismes de contrôle et le respect strict des cadres réglementaires en vigueur.
Les Canaries débordées : une vague migratoire record de plus de 40 000 arrivées en 2024
En 2024, les îles Canaries ont enregistré un afflux migratoire sans précédent, dépassant les 46 000 arrivées. Ce chiffre marque une hausse significative par rapport aux années précédentes et révèle l’urgence d’une réponse humanitaire et politique adaptée.
Crise au Sahel central : une situation humanitaire alarmante
Selon un récent rapport onusien, au Sahel central, les populations du Burkina Faso, du Mali et du Niger continuent de subir les conséquences tragiques d’une insécurité persistante, exacerbée par la violence et les conflits.
À la fin de 2024, la région reste en proie à des déplacements massifs et à des besoins humanitaires criants, nécessitant une mobilisation accrue de la communauté internationale.
La crise climatique est aussi une crise inflationniste
Ces dernières années, l’inflation mondiale a poussé les prix des denrées alimentaires, de l’énergie et des produits de base à des niveaux sans précédent. En conséquence, l’augmentation du coût de la vie a dominé les débats politiques dans le monde entier, mais surtout dans les pays du G20. Avant l’élection présidentielle de cette année aux États-Unis, par exemple, 41 % des Américains ont cité l’inflation comme leur principal problème économique.
La forte inflation risque d’éclipser une autre crise urgente : le réchauffement climatique. Pourtant, la hausse des prix et le changement climatique sont étroitement liés. Les conditions météorologiques extrêmes endommagent les cultures, gâchent les récoltes et font grimper les prix des denrées alimentaires, et leur impact s’accentue à mesure que les vagues de chaleur, les sécheresses et les inondations deviennent plus fréquentes et plus intenses. Ces événements perturbent également les chaînes d’approvisionnement et la production d’énergie, faisant grimper le prix d’autres biens essentiels.
Les pressions inflationnistes induites par le climat sont particulièrement aiguës en Afrique et en Amérique latine, où l’alimentation représente une part importante des dépenses des ménages. Par exemple, une grande sécheresse exacerbée par El Niño a fait grimper le prix des denrées de base au Malawi, au Mozambique, en Zambie et au Zimbabwe au début de cette année, ce qui a provoqué une crise de la faim. En revanche, les ménages des pays plus riches ont tendance à consacrer une part moins importante de leurs revenus à l’alimentation et sont donc mieux protégés.
Les discussions sur le changement climatique négligent souvent les conséquences économiques de ce phénomène sur les populations vulnérables et la façon dont il aggrave les inégalités, en se concentrant plutôt sur la croissance verte et les réductions d’émissions. Mais l’inflation perturbant de plus en plus la stabilité économique, ce bilan ne peut plus être ignoré. Les changements climatiques ont fait grimper les prix des oranges au Brésil, du cacao en Afrique de l’Ouest et du café au Viêt Nam. Une étude récente de l’Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact du climat et de la Banque centrale européenne estime que la hausse des températures pourrait entraîner une augmentation de l’inflation alimentaire de 3,2 points de pourcentage par an, l’inflation globale augmentant de 1,18 point de pourcentage par an d’ici à 2035.
Plutôt que d’être traité uniquement comme une question environnementale, le changement climatique doit être au cœur de la politique économique. Les autorités fiscales et monétaires devraient intégrer les risques climatiques immédiats et à long terme dans leurs prévisions et politiques d’inflation, comme elles le font déjà pour les « risques de transition » liés au passage à une économie à faible émission de carbone. Certaines institutions ont commencé à s’adapter. La Banque de réserve sud-africaine a reconnu l‘importance de comprendre les risques climatiques. Depuis 2018, la Banque centrale du Costa Rica a intégré l‘impact du réchauffement climatique dans ses modèles économiques.
Les banques centrales et les ministères des finances devraient également travailler avec les organisations climatiques pour créer des solutions pratiques qui aident à amortir les économies des chocs interdépendants des conditions météorologiques extrêmes, de l’inflation galopante et de l’insécurité alimentaire. Par exemple, l’African Climate Foundation (où travaille l’un d’entre nous) a développé des plateformes d’investissement dans l’adaptation et la résilience (ARIP), qui utilisent des analyses avancées combinant des données climatiques et météorologiques, des modèles biophysiques et des modèles à l’échelle de l’économie pour faciliter l’investissement et la hiérarchisation des politiques – une approche plus complète pour renforcer la résilience.
Le FAC a utilisé un ARIP au Malawi l’année dernière, après que le pays ait été dévasté par le cyclone cyclone tropical le plus long Freddy, le jamais enregistré. L’utilisation de cet outil financier a permis aux décideurs politiques de d’identifier des solutions durables pour atténuer les dommages économiques causés par le cyclone tout en protégeant les industries clés et en renforçant la stabilité financière.
D’autres groupes de réflexion sur le climat poursuivent des objectifs similaires. L’Iniciativa Climática de México pousse les décideurs politiques à prendre en compte les risques climatiques dans la planification économique, tandis que l’Institut pour le climat et la société au Brésil a appelé à des plans de protection sociale et à des politiques sensibles au climat pour protéger les communautés à faibles revenus des conséquences économiques des conditions météorologiques extrêmes.
La collaboration régionale est tout aussi importante, car elle permettrait aux pays d’Afrique et d’Amérique latine d’élaborer et de partager des politiques économiques spécifiquement adaptées à leurs vulnérabilités climatiques et de soutenir les communautés les plus exposées. Des initiatives telles que la plateforme régionale des ministères de l’économie et des finances sur le changement climatique de la Banque interaméricaine de développement peuvent servir de modèle pour de tels efforts.
Au niveau mondial, il est essentiel de renforcer la coordination entre les institutions climatiques et économiques. Des outils tels que le mécanisme d’ajustement aux frontières pour le carbone de l’Union européenne soulignent la nécessité d’une conception minutieuse des politiques afin d’atténuer les effets négatifs – dans ce cas, des coûts plus élevés pour les consommateurs des pays en développement. Le Brésil, qui accueillera l’année prochaine le sommet des BRICS et la conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP30), et l’Afrique du Sud, qui préside actuellement le G20, ont une occasion unique de redéfinir l’agenda économique mondial, en défendant des politiques qui s’attaquent à la double crise de l’inflation et du réchauffement climatique.
L’absence d’action collective et décisive pourrait aggraver les inégalités, éroder la stabilité économique et mettre en péril les objectifs climatiques. Mais si les décideurs politiques développent des solutions innovantes qui comblent le fossé entre les stratégies climatiques et économiques, ils peuvent réduire les risques immédiats de conditions météorologiques extrêmes et favoriser la stabilité et la résilience à long terme. Alors que l’inflation et la planète se réchauffent, le besoin de politiques intégrées et équitables n’a jamais été aussi urgent.
Mónica Araya, Distinguished Fellow chez ClimateWorks, est directrice du conseil d’administration du Natural Resource Governance Institute. Saliem Fakir est fondateur et directeur exécutif de l’African Climate Foundation.
Project Syndicate, 2024.
www.project-syndicate.org
Intégration: Le Ghana, 5ᵉ pays africain à abolir les visas pour les citoyens du continent
Le Ghana a officiellement instauré, à partir du 1ᵉʳ janvier 2025, une politique d’exemption de visa pour tous les détenteurs de passeports africains.
Tensions diplomatiques : Le Mali et l’Algérie au bord de la rupture ?
Une nouvelle fois, le Mali et l’Algérie traversent une crise diplomatique sans précédent, amplifiée par des accusations de soutien au terrorisme portées par Bamako à l’encontre d’Alger.
Dans un communiqué diffusé ce mercredi 1er janvier 2025, le ministère malien des Affaires étrangères a dénoncé les déclarations du ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, les qualifiant d’ »ingérence flagrante ». Cette réaction intervient après une année marquée par des tensions croissantes, notamment la convocation mutuelle des ambassadeurs en décembre 2023, suivie de leur rappel par leurs gouvernements respectifs.
Les récents propos d’Ahmed Attaf, selon lesquels « le conflit au Mali nécessite une solution politique et non militaire », ont été perçus comme une critique directe de la stratégie malienne. Bamako accuse Alger de favoriser les groupes armés terroristes en leur offrant un soutien logistique et en cherchant à s’ingérer dans les affaires internes du Mali.
Dans un précédent communiqué, en janvier 2024, le Mali avait déjà pointé du doigt la « proximité et la complicité » de l’Algérie avec les groupes armés. Cette accusation revient aujourd’hui avec plus d’intensité, alors que les autorités maliennes soulignent leur détermination à lutter contre le terrorisme dans un cadre souverain et en coopération avec la Confédération AES.
Une présidence algérienne au Conseil de sécurité de l’ONU
Dans ce contexte tendu, l’Algérie a succédé aujourd’hui, 2 janvier 2025, aux États-Unis à la présidence tournante du Conseil de sécurité de l’ONU. Alger a déclaré vouloir faire de l’Afrique et du monde arabe ses priorités, notamment dans les domaines de la paix et de la sécurité. Ce positionnement pourrait peser sur la crise actuelle, l’Algérie cherchant à jouer un rôle de médiateur influent dans la région.
Une divergence de visions stratégiques
Cette crise diplomatique reflète des désaccords profonds sur la gestion de la sécurité dans la région sahélienne. Alors que l’Algérie plaide pour des solutions politiques, le Mali, appuyé par la Confédération AES, privilégie une stratégie militaire coordonnée pour restaurer la stabilité.
Bamako accuse Alger d’être un « pompier-pyromane » qui, tout en prônant le dialogue, soutiendrait en sous-main les groupes armés. Les autorités maliennes affirment n’avoir « aucune leçon à recevoir » en matière de lutte contre le terrorisme et appellent l’Algérie à résoudre ses propres crises internes, notamment la question de la Kabylie.
Un risque de rupture totale
À mesure que les accusations s’intensifient, une rupture complète des relations diplomatiques entre les deux pays semble de plus en plus envisageable. Cette crise pourrait également affecter les efforts régionaux contre le terrorisme, alors que le Sahel reste une zone de grande instabilité.
Le Mali, toutefois, réaffirme son ouverture au dialogue à condition que l’Algérie respecte pleinement sa souveraineté. Bamako insiste sur la poursuite de son combat contre le terrorisme en partenariat avec ses alliés régionaux et internationaux.
Alors que l’Algérie prend la présidence du Conseil de sécurité de l’ONU, ses priorités en Afrique et au sein du monde arabe pourraient influer sur les dynamiques régionales. Pour le Mali, cette période marque un tournant dans ses relations diplomatiques, entre tensions avec Alger et rapprochement avec ses partenaires de la Confédération AES.
La gestion de cette crise pourrait redéfinir les équilibres stratégiques dans la région sahélienne, alors que les deux nations s’affirment dans des visions de sécurité divergentes.