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Centre du Mali : L’interminable instabilité
Alors que la localité de Tinzawatène, dans l’extrême nord du pays, à la frontière avec l’Algérie, mobilise depuis plusieurs semaines les grands moyens de l’armée pour son contrôle, le Centre du Mali continue de s’enfoncer dans la crise. Les conséquences de l’insécurité généralisée qui règne dans les régions de cette partie du pays depuis des années se multiplient, faisant du Centre une zone en constante quête de stabilité.
Le Centre du Mali est-il condamné ad vitam æternam à croupir dans l’instabilité ? Depuis 2015, lorsque la crise sécuritaire s’est intensifiée, elle s’est métastasée au fil des années pour atteindre les régions de cette partie du territoire national. Bien que les régions de Mopti, Bandiagara, Douentza et Ségou, où les groupes armés terroristes subissent de plus en plus fréquemment les ratissages des Forces armées maliennes, continuent d’enregistrer quelques attaques sporadiques, celle de San fait face depuis quelques semaines à une augmentation des incidents sécuritaires visant les forces de sécurité, particulièrement dans le cercle de Tominian.
Le 9 octobre dernier, une mission d’escorte de la Garde nationale a été prise dans une embuscade entre Wena et Ganga, faisant un mort et des blessés dans les rangs de l’armée. Plus tôt, au début du mois d’octobre, une autre mission de la Gendarmerie nationale avait été visée par une embuscade dans la même zone, à Ouan. Fin juillet, une patrouille de la Gendarmerie nationale a également été attaquée par des éléments du JNIM au nord-est de Timissa, causant des morts et des dégâts matériels des deux côtés.
Les civils ne sont pas épargnés. Au cours des derniers mois, plusieurs forains ont été la cible d’attaques de groupes armés. Une église dans la localité de Mandiakuy a également été prise pour cible. Ces groupes armés ont multiplié les incursions dans d’autres villages de la région de San, notamment ceux qui ont refusé de conclure des pactes de soumission avec eux. En conséquence, plusieurs personnes ont été contraintes de se déplacer vers le chef-lieu de la région ou d’autres localités avoisinantes.
Déplacements massifs
Ces récents déplacements dans la région de San viennent accentuer l’épineux problème des personnes déplacées internes auquel est particulièrement confronté le Centre du Mali ces dernières années. Selon la Direction régionale du développement social et de l’économie solidaire (DRDSES) de Mopti, il a été enregistré concernant les personnes déplacées internes (PDI) dans la région au cours du premier semestre de l’année 2024, un total de 465 ménages, regroupant 2 522 personnes, 1 165 hommes et 1 357 femmes. Parmi eux, 1 455 enfants.
Sur la même période, la Matrice de suivi des déplacements (DTM) publiée par la Direction nationale du développement social (DNDS) a recensé plus de 11 500 personnes déplacées internes supplémentaires à Bandiagara, Douentza et Mopti, soit 33% du total des PDI identifiées dans le Centre. Plus globalement, à la date du 31 mai 2024, dans la région de Mopti, 17 611 ménages, soit un total de 57 524 personnes, étaient déplacés. C’est la région qui enregistre le plus grand nombre de ménages déplacés même si, en termes d’individus touchés, la région de Ménaka vient en première position. Avec respectivement 47 122, 38 940 et 15 741 personnes déplacées internes, les régions de Bandiagara, Ségou et San figurent parmi celles qui enregistraient le plus grand nombre de PDI à la même date. Au Centre, celle de Douentza est la moins touchée avec 6 931 personnes déplacées internes. Toutefois, ce chiffre a connu une évolution de 12,79%, puisque seules 6 145 personnes étaient concernées en décembre 2023.
Écoles fermées
Les mêmes raisons sécuritaires à l’origine du déplacement massif à l’intérieur des régions du Centre ont aussi conduit à la fermeture de plusieurs écoles. Dans la région de Mopti, la situation en juin 2024 montrait, selon les chiffres de l’Académie d’enseignement de la région, 262 écoles non fonctionnelles sur un total de 787, soit un taux de 33,29% dans les deux académies de Mopti et Tenenkou.
Selon la même source, 47% de ces écoles sont fermées en raison de la menace des groupes armés et 34% pour absence des enseignants par peur de l’insécurité. Au total, dans la région de Mopti, 745 enseignants ont abandonné leur poste.
À en croire la même source, dans la région voisine de Douentza, 223 écoles ont fermé leurs portes, privant 66 000 enfants d’accès aux classes. Une source locale contactée confirme cette situation mais affirme que la ville de Douentza n’est pas concernée. « À l’intérieur de la région, pratiquement toutes les écoles sont fermées. Mais à Douentza ville, elles ont toutes ouvert l’année passée et sont prêtes à ouvrir cette année » estime-t-il.
Économie au ralenti
La détérioration du climat sécuritaire dans le Centre du Mali a conduit au fil des années à la paralysie totale de l’économie locale. Avec la multiplication des attaques des groupes armés et la persistance de la menace terroriste dans cette zone, le tourisme, qui autrefois participait significativement à la vitalité économique des régions de Mopti et de Bandiagara notamment, ne prospère plus. Plusieurs autres activités génératrices de revenus sont également à l’arrêt.
« En ce qui concerne Bankass, on peut dire que l’économie locale est paralysée. Ni les commerçants ni les opérateurs économiques ne peuvent participer aux foires hebdomadaires des communes », se désole Mamoutou Guindo, Président du Conseil local de la jeunesse de Bankass.
« À cela s’ajoute l’arrêt des activités génératrices de revenus. Les activités des jeunes sont presque au point mort. Les femmes qui épaulaient leurs maris dans les charges des ménages ne peuvent plus tenir de petits commerces dans les foires », poursuit-il.
Ce porte-voix de la jeunesse locale de Bankass affirme par ailleurs que plus de la moitié des terres cultivables du cercle est abandonnée pour des raisons sécuritaires et, plus grave, que la plupart des champs ont été récemment affectés par les inondations. À l’en croire, l’élevage, l’autre principale activité pratiquée dans le cercle, est aussi impacté par la crise, tout le bétail ayant été emporté par les terroristes.
À Douentza, la situation est aujourd’hui un peu moins alarmante, selon une source locale qui confie qu’à l’exception d’une commune, Haïré, qui subit un blocus depuis un an et demi, sans entrée ni sortie de marchandises, « dans les autres localités, les marchés fonctionnent et les commerçants s’y rendent ».
Des initiatives sans résultats concrets
Face à la persistance de la crise sécuritaire au Centre du Mali, le gouvernement a adopté en février 2017 un Plan de sécurisation intégré des régions du Centre. Il concernait uniquement les régions de Mopti et de Ségou et avait pour objectif de pacifier ces régions et d’y réduire de manière significative, voire supprimer complètement, les causes de l’insécurité et du terrorisme par la mise en œuvre d’actions en matière de sécurité, de gouvernance, de développement local et de communication. Mais ce plan a connu des manquements dans la concrétisation des actions définies, au point que malgré son adoption, trois ans après, en 2020, la crise s’est élargie à d’autres localités.
En août 2022, deux ans après le renversement du régime du Président IBK, le gouvernement de transition a à son tour adopté une Stratégie nationale de stabilisation des régions du Centre, avec un lancement officiel en mars 2023 et un plan d’actions 2022-2024. Estimée à 956,1 milliards de francs CFA, elle s’articule autour de quatre axes : le rétablissement de la paix, de la sécurité et de la cohésion sociale ; l’amélioration de la gouvernance et le renforcement de la justice ; la gestion des questions humanitaires et le relèvement économique et la communication et la coordination des interventions. À l’instar du plan de sécurisation intégré des régions du Centre de 2017, cette Stratégie nationale peine également à résoudre définitivement la crise.
Pour Baba Dakono, Secrétaire exécutif de l’Observatoire citoyen sur la gouvernance et la sécurité, cela est dû à un certain nombre de paramètres. « La stratégie n’a jamais véritablement décollé. Elle a été élaborée principalement par le cadre politique pour la gestion de la crise sécuritaire au Centre. Ce cadre était principalement soutenu par des partenaires étrangers, dont la MINUSMA et d’autres acteurs. Avec le retrait de certains de ces partenaires, comme la mission onusienne, et le rétrécissement de l’appui au pays, le cadre politique lui-même a été fermé il y a peu plus d’un an, sans qu’on ait véritablement eu l’occasion d’implémenter cette stratégie », explique-t-il.
Pour cet expert des questions sécuritaires, la crise du Centre du Mali perdure parce que les autorités du pays peinent à trouver une réponse globale et multiforme qui inclurait, en plus de la réponse militaire, une stratégie politique, économique et sociale. « Tant qu’on n’aura pas une réponse intégrée qui prenne en compte les différentes dimensions, il sera difficile de venir à bout de cette insécurité », avertit Baba Dakono. « Il y a la nécessité d’avoir une stratégie globale de sécurisation du pays qui permettra de mettre un peu plus en avant les autres dimensions de la crise pour y apporter des réponses », conclut-il.
Mohamed Kenouvi
Sécurité : l’inquiétante recrudescence des attaques au Centre
Plusieurs attaques attribuées aux groupes armés terroristes ont été perpétrées ces dernières semaines dans la région de Bandiagara. Ces attaques récurrentes, à intervalles réguliers, qui ont fait plusieurs victimes civiles et occasionné des déplacements de personnes, suscitent des inquiétudes dans la zone.
Une vingtaine de morts et d’importants dégâts matériels, selon plusieurs sources locales. C’est le bilan de la dernière attaque en date, le 1er juillet 2024, dans le village de Guédjibombo, dans la commune de Doucombo, région de Bandiagara. Selon les mêmes sources, deux autres personnes ont été également tuées dans la même zone dans une attaque simultanée sur le village de Sokolo Kanda.
Quelques jours plus tôt, le 25 juin, dans cette même commune de Doucombo, le village de Tégourou a subi une attaque d’hommes armés non identifiés, faisant deux morts et des dégâts matériels importants.
Le 18 juin, le même village avait été déjà la cible d’une attaque au cours de laquelle le chef du village a été tué et une autre personne portée disparue, selon des sources locales. À en croire les mêmes sources, la totalité des maisons a été incendiée et du bétail emporté. Conséquence, le village se vide de ses habitants, la majorité, notamment les femmes et les enfants, fuyant vers d’autres localités de la région, certains vers le village voisin de Djombolo et d’autres vers la ville de Bandiagara.
Le 25 mai 2024, une attaque de grande envergure avait été déjà perpétrée par des hommes armés dans la localité de Inssagou, dans la commune de Diallasagou. Selon une source policière citée par une agence de presse étrangère, elle avait fait 19 morts et 21 blessés, tous des civils « accusés d’être complices de l’armée malienne ».
Par ailleurs, arrêtés le 16 avril dernier à bord de 3 bus par des « jihadistes », qui ont contraint les véhicules et leurs passagers à prendre la direction d’une forêt entre les localités de Bandiagara et de Bankass, plus d’une centaine de civils ne sont toujours pas réapparus et seraient aux mains de ces groupes armés.
Alertes
Ces attaques terroristes dans la région de Bandiagara sont récurrentes. Chaque année, à la même période de l’hivernage, elles se multiplient dans les différents villages de la région faisant planer des menaces sur la campagne agricole dans ces localités.
« Ces attaques pendant la période hivernale constituent un moyen pour les terroristes de maintenir les populations dans la famine en les empêchant de cultiver », explique Adama Diongo, Président du Collectif des associations de jeunes du pays dogon. Pour ce dernier, l’État doit mobiliser davantage tous les efforts pour sécuriser les populations dans cette région en proie à l’insécurité permanente depuis plusieurs années.
Dans une déclaration en date du 27 juin 2024, suite à l’attaque de Tégourou du 25 juin 2024, l’Association malienne pour la protection et la promotion de la culture dogon Ginna Dogon est également montée au créneau pour inviter les autorités du pays à « redoubler d’ardeur pour mieux assurer la sécurité des personnes et des biens, particulièrement dans le Centre, conformément aux engagements par elles pris à l’occasion de plusieurs audiences et au devoir régalien de l’État d’assurer équitablement et promptement la sécurité des personnes et des biens ».
La situation d’insécurité récurrente dans la région de Bandiagara avait d’ailleurs conduit en août 2023 à la manifestation d’un ras-le-bol généralisé des forces vives de la région, qui avaient décrété une Journée Ville morte et organisé une manifestation pacifique qui avait par la suite dégénéré, causant des blessés dans les rangs des forces de l’ordre et un mort parmi les manifestants.
Bandiagara : insécurité accrue
Après une relative accalmie ces derniers mois, la région de Bandiagara, au centre du pays, fait face à une nouvelle montée de l’insécurité depuis quelques semaines. Elle se caractérise par des enlèvements ciblés de bus et des prises d’otages sur l’axe Bandiagara – Bankass.
Selon des sources locales, depuis le début du mois de novembre, au moins 7 véhicules ont été enlevés sur l’axe Bandiagara – Bankass. En plus de ces enlèvements, des villages de la région sont également pris pour cibles. Le 11 décembre 2023, le village de Barassoro, dans le cercle de Bankass, a été attaqué. Bilan : 3 morts et des dégâts matériels importants. Moins d’un mois plus tôt, le 25 novembre, 6 personnes ont été tuées, des biens emportés, des boutiques incendiées et des motos brûlées lors d’une attaque perpétrée contre le village d’Allaye Kokola, dans le cercle de Bandiagara.
« On peut dire que du mois de juin à maintenant il y a eu plus de 17 villages attaqués, pas moins de 50 morts et une cinquantaine de personnes enlevées », affirme Adama Diongo, Porte-parole du Collectif des associations de jeunes du pays dogon.
« Depuis un moment, la région de Bandiagara est secouée », a reconnu à la télévision nationale le 5 décembre dernier Sidi Mohamed El Béchir, Gouverneur de la région, lors de la visite de terrain dans la localité du Commandant de la Zone de défense N°6. Le même jour, un minibus avait sauté sur une mine dans le cercle de Bankass, entre Garou et Doundé, faisant 2 blessés.
Quête de financements
Les enlèvements répétés de bus et les prises d’otages sur l’axe Bandiagara – Bankass suscitent des interrogations sur une éventuelle nouvelle stratégie adoptée par les groupes armés terroristes dans la zone. Selon Adama Diongo, c’est clairement une « nouvelle stratégie pour se faire financer ». « D’après nos informations, depuis plus d’une année, les financements extérieurs ne viennent plus. Le fait aussi d’enlever le bétail et de le vendre ne donne plus satisfaction comme avant. Pour ces groupes armés terroristes, une autre façon de se financer est d’enlever des personnes et de demander aux parents de payer pour renflouer leurs caisses », explique-t-il. « Les enlèvements se font de façon ciblée. Ils ont des informations sur le visage de certaines personnes, soit des personnes importantes dans leurs communautés, soit des jeunes influents, soit des grands commerçants, entre autres. Derrière, ils demandent des rançons », poursuit-il.
Une population excédée
Face à la résurgence de l’insécurité dans la région, une marche des femmes et des enfants a eu lieu le 5 décembre 2023 dans la commune de Dimball, dans le cercle de Bankass, aboutissant à un blocus de la RN15 dans les deux sens, Bandiagara – Bankass et Koro – Bankass.
Dans un mémorandum adressé au ministre de la Sécurité et de la protection civile, les responsables de la société civile ont demandé la libération des otages, l’arrestation des hostilités et l’installation « dans un bref délai » d’un poste de sécurité permanant entre Songobia et Parou pour protéger les personnes et leurs biens. Le blocus a été suspendu 2 jours après suite à des négociations entamées par les autorités locales.
Pont dynamité
Le 11 décembre, le Gouverneur de la région a été reçu par le ministre de la Défense et des Anciens Combattants, pour discuter des mesures « rapides et efficaces » à prendre pour restaurer la sécurité et amener la reprise normale des activités dans la région. La veille, dans la nuit du 9 au 10 décembre, le pont de Parou, qui se trouve sur l’axe Bandiagara – Bankass, ciblé à plusieurs reprises par les groupes armés terroriste depuis le début de la crise au Centre, avait été de nouveau dynamité, coupant les localités de Koro, Bankass et Bandiagara du reste du pays.
« Nous avons pris des dispositions et nous sommes en train de tout faire pour que les gens puissent circuler. Pour le moment, beaucoup empruntent la route des falaises. Pour le reste, nous sommes en train de voir avec les plus hautes autorités comment trouver les solutions adéquates pour que la population soit soulagée », assure le Colonel Aly Sidibé, Préfet du cercle de Bankass.
Bandiagara : les attaques meurtrières se multiplient
A Bandiagara, les jours se suivent et se ressemblent. Depuis le début de l’hivernage, les populations font face à une série de violence meurtrière. Ce 18 août 2023, c’est le village de Yarou qui a subi une attaque par des hommes armés, ayant fait 22 morts, suivi le 20 août 2023 d’une autre dans le village d’Idiely, ayant fait 1 mort. Face à la situation, la société civile exprime sa préoccupation et sollicite un changement de stratégie.
Les assassinats ou attaques ciblées contre des villages qui se vident de leurs habitants, les vols de bétail sont devenus le lot quotidien des habitants de Bandiagara. Les communes alentour de la région sont devenues les cibles d’attaques récurrentes suscitant la colère des populations. Le 9 août 2023, les forces vives de la région avaient organisé une marche et annoncé une journée ville morte.
Depuis le 5 aout 2023 où l’attaque de Bodio avait fait 15 morts, celle de Gari le 7 août 12 morts, un attentat à la bombe à Dianwéli qui a causé 5 morts et l’attaque à Yarou le 18 août où 22 personnes ont été tuées et des bétails emportés, le climat d’insécurité s’accroît et inquiète les populations.
Alors que les attentes étaient grandes en termes de changement dans la situation sécuritaire, « les résultats sont en deçà de ceux espérés », déplore le président des organisations de jeunes de la région, Adama Djongo. Il appelle donc les autorités à un « changement de stratégie », afin d’associer les populations pleinement à la prise en charge de leur sécurité. Conscient que l’Armée ne peut atteindre l’intégralité du territoire en même temps, il invite les autorités à mettre à profit l’expérience des groupes d’auto défense, pour contribuer à la sécurisation de leur terroir.
Une population traumatisée qui demande à l’Etat de prendre des mesures urgentes afin de les « rassurer », témoigne un habitant. En attendant et par crainte de représailles, plusieurs habitants des localités visées fuient en direction de la région.
Insécurité : Regain de tension au Centre et au Nord
Les régions du Centre et du Nord du Mali font face depuis quelques semaines à une multiplication d’attaques de groupes armés terroristes (GAT), non seulement contre les emprises des Forces armées maliennes (FAMa) mais également, et de plus en plus, contre des villages civils. Un regain de violences qui inquiète au moment où la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) se retire du pays.
État d’alerte dans la région de Bandiagara, dans le centre du Mali. Après « l’attaque terroriste lâche et barbare » du village de Bodio, dans la commune rurale de Doucoumbo, ayant fait 17 morts et 2 blessés le 5 août 2023, 2 chasseurs ont trouvé la mort le jour suivant, après avoir heurté un engin explosif improvisé (EEI) entre le village de Bodio et Anakanda.
Le 7 août, le village de Gani, dans la commune de Bara Sara, a été attaqué à son tour et incendié. Bilan : 5 morts et plusieurs blessés.
« Forcer l’allégeance »
Pour Adama Diongo, Porte-parole du Collectif des associations des jeunes du Pays dogon, cette situation dans la région s’expliquerait en partie par la période de l’hivernage. « Les terroristes sont dans la logique de faire en sorte que le début de l’hivernage soit saboté, pour perturber la campagne agricole. Leur objectif principal est d’affamer la population pour qu’elle se voit obligée de signer des accords d’allégeance avec eux », expliquait-il dans notre parution du 14 juillet dernier.
Face à la persistance des attaques terroristes, occasionnant, outre des pertes en vies humaines, des maisons incendiées, des animaux emportés et un nombre croissant de déplacés dans les grandes agglomérations de la région, les forces vives de Bandiagara ont organisé une marche dans la foulée, le 9 août, pour « dénoncer une fois de plus le silence total de nos plus hautes autorités ».
Tensions vives
À l’instar de celle de Bandiagara, les régions de Mopti et de San font aussi face à des attaques similaires de groupes armés terroristes depuis le mois de juin. En outre, dans la région de Tombouctou, les tensions se sont exacerbées depuis le 10 août et le début de la remise du camp de la Minusma de la localité de Ber à l’armée malienne.
Les affrontements qui s’en sont suivis, d’une part entre les Forces armées maliennes et les groupes armés terroristes et d’autre part avec les combattants de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), ont entraîné également des déplacements de populations de la zone, même si le contexte diffère de celui de l’insécurité globale, en hausse dans le Centre et dans le Nord.
La CMA, qui considère la zone comme étant sous son contrôle, estime que l’État, à travers l’armée, viole l’Accord pour la paix et la réconciliation en s’accaparant de l’ancienne emprise de la Minusma dans la région.
« Depuis l’annonce de la décision du départ des forces internationales, certains mouvements armés avaient manifesté leur inquiétude par rapport à l’après Minusma. Il est important de rappeler que ces forces jouaient un rôle politique important en matière du respect du cessez-le feu et de respect des engagements. Depuis la signature de l’Accord, il n’y a pas eu de belligérance entre les Fama et les groupes signataires », souligne Ibrahima Harane Diallo, chercheur à l’Observatoire sur la prévention et la gestion des crises au Sahel.
Avant de prendre possession du camp de Ber, le 13 août, l’armée a fait face à de nombreux incidents ayant entravé le mouvement de ses unités. Un communiqué de l’État-major daté du même jour a fait état d’un bilan de 6 morts et de 4 blessés dans les rangs des Fama et de 24 terroristes neutralisés.
Quelques jours plus tôt, dans plusieurs messages audio diffusés sur WhatsApp le 8 août, Talha Abou Hind, Émir du Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans, appelait ses hommes à stopper l’arrivée des camions en provenance d’Algérie et de Mauritanie dans la ville de Tombouctou.
Les présidents rwandais et burundais discutent de coopération
Paul Kagamé et Evariste Ndayishimiye ont eu un tête-à-tête à Bujumbura, au Burundi, en marge du Sommet des chefs d’État de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC).Samedi dernier, le chef de l’État burundais Evariste Ndayishimiye et son homologue rwandais Paul Kagamé ont abordé les questions de coopération bilatérale. Cette rencontre s’inscrit dans la volonté des deux dirigeants de raffermir davantage les liens entre leurs pays.
Depuis 2020, le Rwanda et le Burundi œuvrent pour la normalisation de leurs relations avec notamment l’organisation réciproque de visites de haut niveau. En juillet 2021, le Premier ministre rwandais, Edouard Ngirente, a assisté à la fête de l’indépendance du Burundi.
En outre, les deux présidents ont évoqué le conflit dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). La situation des réfugiés burundais au Rwanda a également alimenté la discussion.
En décembre 2022, une délégation burundaise dirigée par le lieutenant-général Andre Ndayambaje, Secrétaire permanent au ministère de l’Intérieur, s’est rendue au pays des mille collines pour encourager plus de 50.000 personnes à rentrer chez elles. À Mahama, le plus grand camp de réfugiés dans le Sud-Est du Rwanda, les Burundais sont nombreux à y vivre.
Tchad : l’armée accusée d’exécutions extrajudiciaires
Selon la Ligue tchadienne des Droits de l’Homme, au moins 11 civils ont été victimes d’exécution extrajudiciaire dans le lac Tchad.Dans un communiqué diffusé ce 2 février 2023, la Ligue tchadienne des Droits de l’Homme (LTDH) condamne l’exécution sommaire et extrajudiciaire de 11 civils à Bakarom, un village de la sous-préfecture de Ngouboua dans la province du Lac Tchad.
La LTDH affirme dans le document que ces personnes, dont quatre membres d’un comité d’autodéfense, ont été exécutées par pendaison par des éléments de l’armée tchadienne en opération dans la zone du Lac. Ce, après avoir subi des tortures pendant 17 jours dans le camp militaire.
L’organisation accuse un haut gradé de l’armée tchadienne d’être le donneur d’ordre de ces exécutions. Le document soutient qu’avec l’apparition de groupes terroristes dans le Lac Tchad, des forces de défense et de sécurité s’adonnent en toute impunité à de toutes sortes d’exaction sur la population civile.
Face à ces exactions, la LTDH exprime son indignation et exige du gouvernement une enquête impartiale et indépendante et des poursuites pénales contre les personnes identifiées comme des auteurs de ces exécutions extrajudiciaires.
Pour l’heure, le gouvernement n’a ni confirmé ni infirmé les faits.
Le dirigeant soudanais au Tchad pour renforcer les liens bilatéraux
Les deux présidents africains discuteront de sujet d’intérêts communs.Le chef de la junte militaire au Soudan, Abdel Fattal al-Burhan, est en déplacement à N’Djamena, la capitale tchadienne, afin de raffermir les liens avec son voisin, ont déclaré des responsables à Khartoum.
M. al-Burhan est arrivé dimanche 29 janvier au Tchad où il aura des entretiens avec son homologue tchadien, le général Mahamat Idriss Déby.
Les discussions tourneront autour de la mise en œuvre d’un accord bilatéral conclu entre les deux pays en 2018.
Dans leurs échanges, il sera aussi question de la sécurité le long de leur frontière commune, où des violences interethniques ont éclaté ces derniers mois.
Des responsables des deux parties indiquent qu’une force militaire conjointe sera mise en place pour patrouiller le long de leur frontière commune et celle de la République centrafricaine, où des milices armées s’activent depuis quelques semaines.
Les deux pays vont également s’attaquer à la contrebande d’armes dans la région.
En 2019, Abdel Fattah al-Burhan a succédé à Ahmed Awad Ibn Auf à la tête du Conseil militaire de transition qui gouverne le Soudan, suite au renversement du régime d’Omar el Béchir.
Mahamat Idriss Deby Itno dirige la transition tchadienne depuis avril 2021 après le décès de son père, Idriss Deby Itno dans une contre-offensive de l’armée dans le nord contre les rebelles du Front pour l’Alliance et la Concorde au Tchad (Fact).
Sécurité : plus qu’un simple bras de fer entre Kigali et Kinshasa ?
L’attaque d’un avion de chasse congolais par le Rwanda a davantage dégradé les relations entre ces deux pays des Grands Lacs.Entre accusations et menaces de représailles après des actes d’agression présumée violant leur souveraineté, les mots échangés par la République démocratique du Congo (RD Congo) et le Rwanda sont fort et indéniablement agressifs.
En début de semaine, le Rwanda a abattu un avion de chasse congolais qui, selon lui, a violé son espace aérien, pour la troisième fois en autant de mois. Kinshasa a, pour sa part, déclaré que « cet acte d’agression non provoqué ne restera pas sans réponse », faisant monter les tensions à des niveaux jamais atteints entre les deux pays depuis des décennies.
Les deux pays se disent prêts à défendre militairement leur souveraineté contre toute forme d’agression, ce qui laisse les analystes s’interroger sur ce qu’ils considèrent comme la perspective improbable d’une confrontation militaire.
Le ministre rwandais des Affaires étrangères, Dr Vincent Biruta, n’a pas mâché ses mots lorsqu’il a déclaré au Parlement que la souveraineté du pays était inviolable.
« Nous avons la volonté de faire quelque chose, mais nous devons aussi être prêts. Nous ne savons pas [ce que] les autres préparent. Si nécessaire, notre sécurité ou notre souveraineté sera protégée comme il se doit », a-t-il martelé.
« Quand ils parlent de la souveraineté du Congo, et disent que son territoire ne doit pas être violé, on dirait que c’est le seul pays qui a un territoire qui doit être souverain. Lorsque vous voulez que votre territoire soit respecté, vous devez également respecter celui des autres », a ajouté M. Biruta.
« La souveraineté du Rwanda, l’inviolabilité de son territoire, doit être respectée par tous. Et en même temps, nous devons être prêts, si cela s’avère nécessaire », a-t-il souligné.
D’aucuns pourraient mettre cette situation sur le compte de la mauvaise entente entre Paul Kagame et Félix Tshisekedi, les deux hommes ne cachent pas leur méfiance quant aux intentions et aux projets géopolitiques de l’autre dans une région marquée par des décennies d’instabilité, de conflits et de génocides.
Les médiateurs ont compris que l’aplanissement des divergences entre ces deux hommes pourrait être décisif pour rétablir la confiance entre les deux voisins et mettre fin au récent conflit impliquant les rebelles du M23, qui a déplacé des dizaines de milliers de personnes, pour la plupart des Congolais, qui sont devenus des réfugiés en RD Congo et au Rwanda.
Une médiation proposée à Doha a été annulée après le retrait de Tshisekedi à la dernière minute, ce qui a suscité des critiques de la part du Rwanda, qui estime que, pour la deuxième fois, les autorités congolaises ont compromis les efforts déployés par les dirigeants régionaux pour rétablir la paix et la stabilité dans l’est de la RD Congo.
M. Tshisekedi a déclaré que la RD Congo n’avait aucune confiance dans les pourparlers, laissant les médiateurs de paix régionaux dans l’embarras pour recoller les morceaux après le dernier échec de la tentative d’apaisement des tensions.
Les progrès réalisés pour parvenir à un accord après les pourparlers de Luanda, en Angola, en décembre, n’ont pas montré de signes encourageants. Chaque camp accuse l’autre de soutenir les mouvements rebelles.
Une guerre par mouvements rebelles interposés ?
Malgré les démentis de Kigali, la RD Congo maintient ses allégations selon lesquelles le Rwanda apporterait un soutien matériel actif au M23.
Mais le gouvernement de Kigali accuse à son tour les Congolais de « s’efforcer » d’entraîner le Rwanda dans son propre conflit tout en soutenant les rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) avec des armes dans leur objectif déclaré de renverser le président Kagame.
Le dirigeant rwandais a reproché à Tshisekedi de chercher à profiter de l’imbroglio en RD Congo pour lancer l’idée d’un report de l’élection présidentielle prévue en décembre 2023. En réponse, le président congolais a qualifié de « cynisme » cette opinion du chef de l’Etat rwandais.
Cependant, malgré le climat tendu entre ces deux pays, qui a atteint un niveau supérieur avec le ciblage d’un avion de chasse et la menace de représailles, les analystes estiment que le Rwanda et la RD Congo ont plus à faire sur le plan intérieur que de se lancer dans un combat aux conséquences désastreuses et coûteuses de part et d’autre.
Les rebelles du M23, catalyseurs de tout ce scénario, ont envahi une grande partie de l’est de la République démocratique du Congo où ils ont refait surface en 2021, huit ans après avoir été mis en déroute par l’armée nationale en 2013.
Le fait qu’ils soient réapparus de nulle autre que le Rwanda voisin pour lancer des attaques dans l’est de la RD Congo fait penser du côté de Kinshasa que Kigali est impliquée dans la planification et la mise en scène de ces attaques qui ont submergé les unités régulières de l’armée congolaise depuis juin 2022.
Pour l’instant, les observateurs ne voient que des tensions accrues et peut-être des incidents comme celui qui s’est produit lorsqu’un avion de chasse congolais a survolé le Rwanda, mais pas de mobilisation à grande échelle pour un conflit entre des voisins qui ont plus à craindre sur le plan intérieur.
La Zambie enregistre quatre cas de choléra et un décès
Le pays fait face à une flambée de cas de choléra.La Zambie a enregistré quatre cas confirmés de choléra et un décès alors que l’on craint une épidémie dans la province de l’Est, a annoncé vendredi la ministre de la Santé Sylvia Masebo.
Dans un communiqué, Mme Masebo a déclaré que les cas confirmés et le décès ont été signalés dans le district de Vubwi depuis le 22 janvier.
Sept autres cas suspects font l’objet d’une enquête dans la même région.
« Nous avons jusqu’à présent identifié toutes les personnes en contact avec les cas et établi que les communautés touchées jusqu’à présent comprennent potentiellement jusqu’à 719 personnes dans six villages du district de Vubwi », a déclaré Masebo.
Les villages touchés se trouvent dans les zones d’attraction des centres de santé ruraux de Chikoma, Chipanje, Mbande et Mzigawa, a-t-elle précisé.
Le gouvernement a mis en œuvre son mécanisme de réponse rapide pour faire face à l’épidémie, en dépêchant des responsables de la santé au niveau des districts, des provinces et du pays dans les zones touchées.
Cette annonce intervient un jour après que l’Organisation mondiale de la santé a mis en garde contre la propagation rapide du choléra en Afrique, dix pays ayant signalé des épidémies à ce jour.
La maladie a fait plus de 1 000 victimes au Malawi voisin depuis mars 2022, tandis qu’un autre voisin, le Mozambique, a connu au moins 16 décès liés au choléra au cours des dernières semaines.
Le choléra est une maladie qui provoque une diarrhée sévère, qui peut être traitée, mais qui peut entraîner la mort par déshydratation si elle n’est pas rapidement combattue – et qui est causée en grande partie par l’ingestion d’aliments et d’eau contaminés par un mauvais assainissement.
Tchad : au moins 20 morts dans un accident routier
Le président de la transition tchadienne, Mahamat Idriss Déby Itno promet des« mesures fortes pour mettre fin à ces tragédies répétitives ».Dans la nuit de jeudi à vendredi, un accident routier survenu entre Abéché et Oum-Hadjer; à l’est de N’Djamena, a fait une vingtaine de mort, selon un bilan provisoire.
L’accident implique un bus appartenant à l’agence de voyage Abou Islam qui avait à son bord 31 passagers dont le chauffeur et l’apprenti-chauffeur et un gros porteur.
D’après une source, tombé en panne et garé au bord de la route, le gros porteur n’aurait pas pris le soin d’installer un panneau de signalisation pour prévenir d’un danger, comme l’exige le code de la route. Le chauffeur du bus, roulant à vive allure, est tombé nez à nez avec le camion qu’il n’a pu éviter, raconte notre source. Le choc est tel que toute la toiture du bus est partie en lambeaux et le corps du chauffeur démembré.
Des secours arrivés d’Abéché ont évacué les blessés parmi lesquels quatre graves. Sorti indemne de cet accident, l’apprenti-chauffeur a pris la fuite, confie notre interlocuteur.
En février 2022, un accident similaire s’est produit dans le même département de Batha Ouest. Deux bus étaient en collision entre Mangalmé et Oum-Hadjer. Au moins 40 personnes ont été tuées dans cet accident. Ce qui avait amené les autorités en charge de la sécurité routière et de la sécurité publique à interdire les voyages de nuit entre 21heures à 5heures. Mais la mesure a été très vite levée.
Sur Twitter, le chef de l’Etat tchadien, le Général Mahamat Idriss Deby Itno a réagi, présentant ses condoléances aux familles des victimes. Le président de la transition a également annoncé des « mesures fortes seront prises pour mettre fin à ces tragédies répétitives ».
Fusillade d’un avion de la RDC : l’Onu demande une enquête
L’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la région des Grands Lacs appelle la République démocratique du Congo et le Rwanda à faire preuve de retenue.Huang Xia a exprimé jeudi sa profonde préoccupation concernant les rapports d’un incident impliquant un avion militaire des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), le 24 janvier 2023, dans la zone frontalière avec le Rwanda.
L’envoyé spécial Xia exhorte les deux parties à faire preuve de la plus grande retenue et à s’efforcer de désamorcer les tensions par le dialogue. Le mécanisme conjoint de vérification élargi (MCVE) de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et d’autres instruments régionaux peuvent aider à établir les faits entourant cet incident et à dissiper tout malentendu.
En outre, l’Envoyé spécial appelle tous les acteurs à rester engagés et à respecter les décisions prises lors du mini-sommet des chefs d’État du 23 novembre 2022 à Luanda. L’Envoyé spécial est en contact avec les responsables des pays de la région pour aider à désamorcer les tensions entre le Rwanda et la RDC.
Il appelle à un engagement renouvelé des pays de la région et de leurs partenaires en faveur de la mise en œuvre intégrale du Cadre de paix, de sécurité et de coopération pour la RDC et la région signé le 24 février 2013, il y a près de dix ans, et souligne le soutien total de son Bureau, et de celui des Nations unies, aux efforts de paix régionaux.
Cameroun : Amnesty demande la libération de 23 manifestants
Au Cameroun, des personnes arrêtées pour avoir participé à des manifestations de l’opposition en septembre 2020 sont toujours en détention.Amnesty International « regrette » cette situation. Dans un communiqué parvenu à APA, l’organisation de défense des droits humains affirme que la demande de libérer 23 personnes arrêtées durant les manifestations de septembre 2020 dans la capitale économique Douala a été rejetée par la justice camerounaise.
« Nous sommes profondément déçus que le caractère arbitraire de la détention de ces manifestants n’ait pas été reconnu. Arrêter des personnes et les incarcérer au seul motif qu’elles ont exercé leurs droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique est clairement arbitraire, et ne respecte pas les obligations du Cameroun en vertu du droit international des droits humains », a déploré Samira Daoud, directrice du bureau régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’ouest et du centre.
En septembre 2020, plus de 500 personnes ont été arrêtées pour avoir participé à des manifestations organisées par le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) de l’opposant Maurice Kamto, classé deuxième avec plus de 14% des suffrages à l’élection présidentielle de 2018.
En revanche, proteste Amnesty International, « ces 23 manifestants n’ont commis aucun crime et doivent être libérés immédiatement et sans condition. Toutes les autres personnes détenues dans le pays pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression et d’assemblée doivent aussi être libérées ».
Selon l’Organisation non gouvernementale (ONG), Dorgelesse Nguessan, une mère célibataire et coiffeuse de 37 ans, fait partie des personnes arrêtées. Elle a été condamnée le 7 décembre 2021 à cinq ans d’emprisonnement par un tribunal militaire pour « insurrection » et « manifestations publiques ».
Cependant, « elle n’avait jamais été active dans le domaine politique, mais ses préoccupations quant à la situation de l’économie camerounaise – et du pays en général – l’avaient incitée à participer à la manifestation organisée par le MRC à Douala », défend Amnesty, ajoutant que le Groupe de travail des Nations unies a qualifié « d’arbitraire la détention de 15 autres militants du MRC ayant participé à des manifestations en janvier 2019 et en septembre 2020 ».
Selon cette ONG, les avocats des 23 personnes condamnées à Douala pour leur participation aux manifestations de septembre 2020 se sont basés sur cet avis du Groupe de travail pour déposer des demandes de libération immédiate le 8 décembre 2022. « Le 25 janvier, le juge a rejeté la demande de libération immédiate pour les 23 personnes. En revanche, un procès en appel aura lieu le 16 mars 2023 pour statuer sur la demande de l’avocat de Dorgelesse Nguessan contestant le verdict en première instance qui condamne sa cliente, un processus différent de cette demande de habeas corpus (libération immédiate) », a affirmé Amnesty International.
Le président Paul Biya, 89 ans, dirige le Cameroun d’une main de fer depuis près de 40 ans. Il est considéré comme le deuxième chef d’Etat le plus ancien au poste en Afrique derrière l’Equato-guinéen Teodoro Obiang Nguema, 80 ans, au pouvoir depuis 1979.
Les Zambiens divisés sur les performances d’Hichilema (Enquête)
Les Zambiens ont des avis partagés sur les politiques économiques du pays. Seuls 51% de la population estiment que le gouvernement de la « nouvelle aube » du président Hakaindé Hichilema dirige le navire dans la bonne direction.Investi en août 2021 comme le 7e président de la Zambie après avoir remporté les élections dès le premier tour avec 59% des suffrages, Hakaindé Hichilema mène-t-il le pays à bon port ? Selon un sondage réalisé par le réseau de recherche panafricain Afrobarometer, seule la moitié des Zambiens approuvent la manière dont l’économie pays est gérée.
Près de la moitié des citoyens décrivent la situation économique du pays et leurs conditions de vie personnelles comme mauvaises, même si une majorité s’attend à ce que les choses s’améliorent au cours de l’année à venir.
La plupart des personnes placent la gestion de l’économie et la santé en tête de la liste des priorités du gouvernement, devant les infrastructures/routes, l’approvisionnement en eau, l’agriculture et le chômage.
Au moins six personnes sur dix, soit (61%) se déclarent satisfaites de la lutte contre la corruption, tandis que 60% donnent aux autorités des notes élevées pour leurs efforts visant à débarrasser le pays de la criminalité, indique l’enquête.
Environ 82% des citoyens pensent que le gouvernement fait du bon travail pour répondre aux besoins du pays en matière d’éducation, tandis que 72% approuvent ses initiatives de création d’emplois.
D’autres Zambiens, en revanche, estiment que le gouvernement n’est pas performant en ce qui concerne le maintien de la stabilité des prix, l’entretien des routes et des ponts, la réduction des écarts de revenus, la fourniture d’eau et de services d’assainissement, et l’amélioration des services de santé de base.
Afrobarometer a noté que, bien que le Parti unifié pour le développement national (UPND, sigle anglais), formation politique d’Hichilema ait remporté les élections de 2021 par une victoire écrasante, les derniers résultats suggèrent que la capacité du gouvernement à résoudre les problèmes économiques et à fournir des services publics de qualité pourrait être un élément clé pour maintenir le soutien dont il a bénéficié de la part des Zambiens.
Un avion de chasse de la RDC touché par un missile rwandais
Le Rwanda, qui accuse la République démocratique du Congo (RD Congo) voisine de violer son espace aérien pour la troisième fois, a pris pour cible et touché un avion de chasse qui, selon Kigali, survolait son territoire.Est-ce la goutte d’eau de trop ? Les autorités rwandaises ont déclaré avoir abattu un Sukhoi-25 (SU-25) de la République démocratique du Congo (RD Congo) en guise de « mesures défensives », après que l’aéronef a violé l’espace aérien rwandais. Pour le moment, on ignore ce qu’il est advenu de l’appareil et de son équipage après qu’il a été touché par un missile rwandais.
Le Rwanda a mis en garde Kinshasa contre ce qu’il appelle des actes d’agression ouverts, alors que la tension continue de monter entre les deux voisins en raison de l’escalade du conflit dans l’est de la RD Congo.
Kinshasa a accusé à plusieurs reprises Kigali de soutenir les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) dans leur progression vers les villes de l’est du pays, une allégation que le Rwanda dément avec véhémence.
Le Rwanda affirme également que la RD Congo est de connivence avec les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), un mouvement rebelle dominé par les Hutus, soupçonné d’avoir participé au génocide rwandais de 1994.
En novembre dernier, la RD Congo a présenté ses excuses après qu’un de ses avions de chasse, qui n’était pas armé, se soit « égaré au Rwanda ».
Elle a déclaré que le survol était un accident et que l’avion était en mission de reconnaissance.
Un incident similaire impliquant un autre avion militaire congolais s’est produit quelques jours plus tard, suscitant de nouvelles protestations de Kigali.
Les autorités de Kinshasa n’avaient pas commenté l’affirmation de Kigali selon laquelle elle aurait tiré sur un avion de chasse étranger qui se serait égaré sur son territoire.
Cependant, le gouvernement de la RD Congo a fermement condamné, dans un communiqué du ministère de la Communication, l’attaque, ce mardi 24 janvier, de son avion de chasse par le Rwanda et « se réserve le droit légitime de défendre son territoire ».
Les relations entre Kigali et Kinshasa se sont détériorées à la suite de la résurgence du M23, composé d’anciens rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), dans l’est de la RD Congo.
Bassin du lac Tchad : Le CICR lance un appel à l’aide pour 11 millions de personnes
Plusieurs millions de personnes sont obligées de fuir leur foyer en raison du conflit dans le bassin du Lac Tchad.À l’occasion de la troisième Conférence de la région du Lac Tchad qui se tient à Niamey les 23 et 24 janvier, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) appelle à des efforts urgents pour assurer une protection efficace des millions de civils embourbés dans la violence.
Plus de dix ans après le début de la crise, le conflit dans le bassin du lac Tchad, où se rencontrent le Nigeria, le Tchad, le Niger et le Cameroun ne montre aucun signe d’apaisement.
La violence à l’encontre de la population civile reste alarmante, laissant plus de 11 millions de personnes lutter chaque jour pour leur survie.
« Malgré les efforts déployés par les acteurs étatiques, humanitaires et du développement, la situation dans la région du lac Tchad reste désastreuse. Des millions de personnes ont été contraintes de quitter leur foyer. Des milliers de familles vivent dans des conditions extrêmement précaires, sans accès approprié à la nourriture, aux soins de santé et à l’éducation », a déclaré le vice-président du CICR, le Dr Gilles Carbonnier.
Sur les 11,3 millions de personnes qui ont besoin d’aide pour survivre dans le bassin du lac Tchad, au moins 3 millions sont des déplacés qui ont fui leur foyer en raison de la violence, selon des sources officielles. Des communautés entières vivent dans l’incertitude, sans savoir si elles pourront un jour rentrer chez elles.
« Le sort des personnes déplacées doit être reconnu comme une priorité absolue dans le bassin du lac Tchad », a plaidé Gilles Carbonnier.
Le CICR encourage les États à ratifier la Convention de Kampala et à adopter des mécanismes nationaux de mise en œuvre.
La Convention garantit une protection et un niveau de sécurité aux personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, et fournit aux gouvernements un cadre pour répondre aux crises de déplacement.
Si la majorité des États africains l’ont ratifiée, des actions sont nécessaires pour intégrer les dispositions de la Convention dans les cadres juridiques nationaux et les rendre opérationnelles.
Les États ont la responsabilité de veiller à ce que les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays soient autorisées à prendre la décision de rentrer chez elles dans des conditions sûres et dignes, a déclaré le CICR dans un communiqué. Mais, en raison de la nature prolongée du conflit, nombre d’entre elles risquent de ne pas pouvoir le faire.
Après plus d’une décennie, le conflit dans le bassin du lac Tchad se prolonge et son bilan pour les personnes prises au piège ne cesse de s’alourdir, a-t-il averti.
Le CICR a enregistré plus de 26 188 cas de disparitions dans les quatre pays du bassin du lac Tchad : Cameroun, Tchad, Niger et Nigeria. Près de 15 000 d’entre eux étaient mineurs au moment de leur disparition. Les enfants sont particulièrement concernés.
La nature prolongée du conflit affecte les mineurs de manière disproportionnée, notamment ceux qui sont confrontés à des déplacements multiples.
Le fait d’être contraint de fuir son domicile met à mal l’environnement protégé que la famille et la communauté offrent aux enfants.
En conséquence, ils sont davantage exposés aux abus sexuels, à l’association avec des porteurs d’armes, à la séparation familiale et à la disparition.
Pour répondre efficacement à la nature prolongée et dynamique du conflit, il est nécessaire que les acteurs travaillent ensemble dans le cadre d’une approche plus synergique.
Une approche qui rassemble le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ainsi que les partenaires gouvernementaux, de paix, de développement et autres partenaires humanitaires pour trouver des solutions à long terme à la crise.
« Nous donnons la priorité au respect du droit international humanitaire ainsi qu’à une action humanitaire neutre, impartiale et indépendante pour protéger et aider les personnes dans le besoin dans le bassin du lac Tchad. Si nous voulons répondre aux besoins humanitaires croissants et obtenir de meilleurs résultats avec et pour les populations touchées par un conflit prolongé, des partenariats innovants font également partie de la solution », a déclaré M. Carbonnier.
RD Congo et Soudan du Sud : la paix au cœur des visites du pape François
Le souverain pontife sera, du 31 janvier au 5 février 2023, dans ces deux pays où la stabilité reste précaire.Prêcher la paix, c’est l’une des tâches que le pape François accomplira du 31 janvier au 3 février en République démocratique du Congo puis jusqu’au 5 février au Soudan du Sud. Le successeur de Benoît XVI avait programmé ce voyage en juillet 2022, mais un « problème au genou » l’en a empêché.
Quarante-trois ans après la dernière visite d’un pape, la RD Congo, plus grand pays catholique de l’Afrique, se prépare activement. De son vrai nom Jorge Mario Bergoglio, l’ancien archevêque de Buenos Aires (Argentine) a « hâte » de fouler le sol congolais, de communier avec les fidèles, en nourrissant l’espoir que « la violence cesse dans la partie Est et que la voie du dialogue ainsi que la volonté de travailler pour la sécurité et le bien commun prévalent ».
Selon l’agenda publié sur le site du Vatican, le pape François, au deuxième jour de son séjour à Kinshasa, rencontrera les victimes des combats entre les forces armées et la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23) dans l’Est du pays. La messe géante qu’il va célébrer le même jour à l’aéroport militaire de Ndolo, près du centre-ville, constituera l’un des moments forts de cette visite.
La République démocratique du Congo « souffre en ce moment de la guérilla », a constaté le religieux septuagénaire. À cause de la situation sécuritaire délétère dans la partie orientale, le premier pape américain de l’histoire n’ira pas à Goma. « Ce n’est pas parce que j’ai peur. Il ne m’arrivera rien ! Mais avec une telle atmosphère, et en voyant ce qu’ils font, ils (les rebelles) pourraient lancer une bombe dans le stade et tuer beaucoup de gens », a-t-il récemment expliqué dans une interview mise en ligne par le Saint-Siège.
Jeudi dernier, le Premier ministre congolais, Jean-Michel Sama Lukonde, a présidé une séance de travail technique pour évaluer le niveau d’avancement des préparatifs. Au cours de cette réunion, Monseigneur Donatien Nshole, Secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo, a demandé « aux chrétiens de venir nombreux pour accueillir le pape. Car il vient pour chacun d’eux avec un message. Et toutes les dispositions sont prises pour qu’ils soient à l’aise et en sécurité ».
De son côté, Patrick Muyaya, le ministre congolais de la Communication et porte-parole du gouvernement, a souligné la nécessité pour ses compatriotes de contribuer à écrire l’histoire. L’objectif, a-t-il ajouté, est de faire de cet évènement « une fête de la réconciliation ».
La seconde étape du voyage papal, ce sera au Soudan du Sud, le dernier État africain indépendant. À Juba, la capitale de ce pays où la guerre civile de 2013 à 2020 hante encore les esprits, le pape François s’entretiendra avec les déplacés internes, se recueillera sur la tombe de John Garang, grande figure du combat sud-soudanais pour l’indépendance et discutera avec le président Salva Kiir, les vice-présidents dont Riek Machar, la société civile, le corps diplomatique et les représentants de l’Église catholique.
Le Rwanda accuse la RDC de sortir du processus de paix
Le gouvernement rwandais a exprimé jeudi sa préoccupation face à la RD Congo qui « semble abandonner » les processus de paix de Luanda et de Nairobi.Kigali n’est pas du goût de la tournure prise par le processus visant à rétablir la paix dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). « Le Rwanda note avec regret la déclaration du 18 janvier 2023 du gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC), qui est une lecture sélective du communiqué de Luanda du 23 novembre 2022 », indique une partie de la déclaration publiée par le Bureau du porte-parole du gouvernement à Kigali.
Mercredi, les autorités congolaises ont assuré qu’elles emploieront tous les moyens en leur possession pour « défendre l’intégrité territoriale » de leur pays, déplorant le non-respect des accords de paix par le Mouvement du 23 mars et des autorités rwandaises, accusées de soutenir les rebelles qui sévissent dans l’est de la RDC.
Selon le porte-parole du gouvernement rwandais, « la déclaration de la RDC évite les décisions clés du sommet de novembre et se conclut par ce qui ne peut être considéré que comme une menace d’attaques imminentes contre le Rwanda ».
Les processus de Nairobi et de Luanda ont été établis en 2022 pour aider à rétablir la paix dans l’est de la RD Congo, où plus de 120 groupes armés locaux et étrangers sont actifs.
La réaction du gouvernement rwandais intervient après que des manifestants congolais sont descendus dans les rues de Goma mercredi, réclamant le départ de la Force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est déployée en 2022 pour soutenir les processus de paix.
« Les manifestations organisées contre la Force régionale de la CAE, à Goma et dans d’autres régions de la RDC, font partie d’un plan de l’armée et du gouvernement de la RDC visant à quitter les processus de paix de Nairobi/Luanda », indique le communiqué.
Selon le gouvernement rwandais, l’objectif des manifestants est de provoquer le départ de la force, alors que le communiqué de Luanda appelle au maintien du déploiement intégral des troupes régionales.
Croissance économique : l’Afrique devant le reste du monde en 2023 et 2024
Dans son rapport semestriel, la Banque africaine de développement (Bad) estime à environ 4 % en moyenne le Produit Intérieur Brut réel du continent noir en 2023-2024.L’Afrique n’est pas toujours le dernier de la classe. Si les moyennes du reste de la planète devraient s’établir à 2,7 et 3,2 % en 2023-2024, ledit continent table sur une croissance d’environ 4 % de son Produit Intérieur Brut (PIB) réel.
Grâce à une analyse complète de la croissance régionale, le rapport semestriel de la Banque africaine de développement (Bad), publié hier jeudi, a montré que « les cinq régions du continent, confrontées à d’importants vents contraires résultant des chocs socio-économiques mondiaux, restent résilientes avec des perspectives stables à moyen terme ».
D’après le document, « la croissance moyenne estimée du PIB réel en Afrique a ralenti à 3,8 % en 2022, contre 4,8 % en 2021, dans un contexte de défis majeurs consécutifs au choc de la Covid-19 et à l’invasion de l’Ukraine par la Russie ». Néanmoins, a ajouté la source, 53 des 54 pays de l’Afrique ont affiché une croissance positive et « les perspectives pour 2023-2024 devraient être stables », indique la Bad.
Cinq économies africaines, parmi les plus dynamiques du monde avant la pandémie du nouveau coronavirus, devraient connaître une croissance de plus de 5,5 % en moyenne en 2023-2024. Il s’agit du Rwanda (7,9 %), de la Côte d’Ivoire (7,1 %), du Bénin (6,4 %), de l’Éthiopie (6,0 %) et de la Tanzanie (5,6 %). D’autres pays africains, sur la période considérée, devraient enregistrer une croissance supérieure à 5,5 % : République démocratique du Congo (6,8 %), Gambie (6,4 %), Libye (12,9 %), Mozambique (6,5 %), Niger (9,6 %), Sénégal (9,4 %) et Togo (6,3 %).
Les cinq régions africaines dans le vert
Dans le détail, la croissance en Afrique centrale, soutenue par des cours favorables des matières premières, a été la plus rapide du continent à 4,7 % contre 3,6 % en 2021. À l’opposé, la croissance de l’Afrique australe est celle qui a le plus ralenti, passant de 4,3 % en 2021 à environ 2,5 % en 2022. « Ce ralentissement résulte de la faiblesse de la croissance en Afrique du Sud, où la hausse des taux d’intérêt, la faiblesse de la demande intérieure et les coupures de courant persistantes ont pesé sur l’économie », a expliqué l’institution financière.
En Afrique de l’Ouest, la croissance devrait passer à 3,6 % en 2022 contre 4,4 % en 2021. « Cela tient à des ralentissements en Côte d’Ivoire et au Nigeria, les deux plus grandes économies de la région. La croissance du Nigeria en 2023 – bien qu’affectée par la Covid-19, l’insécurité et la faiblesse de la production pétrolière malgré la hausse des prix internationaux de l’or noir – pourrait bénéficier des efforts en cours pour rétablir la sécurité dans la région productrice de pétrole en proie à des troubles », a avancé le document.
La croissance de l’Afrique du Nord devrait baisser de 1,1 %, passant de 5,4 % en 2021 à 4,3 % en 2022 à cause « de la forte contraction en Libye et de la sécheresse au Maroc », mais elle devrait se stabiliser à 4,3 % en 2023 grâce au « fort rebond attendu dans ces deux pays et une croissance soutenue ailleurs dans la région ».
Pour l’Afrique de l’Est, la Bad s’attend à 4,2 % de croissance en 2022 contre 5,1 % en 2021. « Bien que la structure de production (de cette partie du continent) soit relativement diversifiée, les pays de la région, en grande partie des importateurs nets de produits de base, subissent de plein fouet la hausse des prix internationaux, en plus des chocs climatiques récurrents et de l’insécurité, notamment dans la Corne de l’Afrique », a relevé l’institution dont le siège se trouve à Abidjan, en Côte d’Ivoire.
« Avec 54 pays à différents stades de croissance, différentes structures économiques et diverses dotations en ressources, les effets des chocs mondiaux varient toujours en fonction de la région et du pays. Le ralentissement de la demande mondiale, le durcissement des conditions financières et la perturbation des chaînes d’approvisionnement ont donc eu des répercussions différentes sur les économies africaines », a déclaré Akinwumi Adesina, le président du Groupe de la Bad.
De son côté, l’économiste Jeffrey Sachs, directeur du Centre pour le développement durable de l’université de Columbia (États-Unis), a fait savoir que « l’Afrique peut et va atteindre une croissance de 7 % ou plus par an de manière constante dans les décennies à venir. Ce que nous verrons, en nous fondant sur la résilience que nous constatons dans ce rapport, c’est une véritable accélération du développement durable de l’Afrique, qui fera du continent la composante à croissance rapide de l’économie mondiale. L’Afrique est l’endroit où il faut investir ».
Décisions audacieuses pour atténuer les risques
La Banque africaine de développement a appelé « à des mesures monétaires et fiscales robustes, soutenues par des politiques structurelles » à l’échelle nationale, régionale et mondiale face aux risques cumulés.
Ceux-ci « comprennent la flambée des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, le durcissement des conditions financières mondiales et l’augmentation connexe des coûts du service de la dette intérieure. Les changements climatiques – avec leurs effets néfastes sur l’approvisionnement en denrées alimentaires et le risque potentiel d’un changement de politique dans les pays où se tiendront des élections en 2023 – représentent des menaces tout aussi redoutables », a prévenu l’institution financière, non sans préciser les mesures fortes nécessaires.
Il y a « un resserrement rapide et agressif de la politique monétaire dans les pays à forte inflation, et un resserrement modéré dans les pays où les pressions inflationnistes sont faibles », « le renforcement de la résilience grâce à la stimulation du commerce intra-africain afin d’amortir les effets de la volatilité des prix des produits de base sur les économies », « l’accélération des réformes structurelles pour renforcer les capacités de l’administration fiscale et investir dans la numérisation et la gouvernance électronique afin d’améliorer la transparence, de réduire les flux financiers illicites et d’accroître la mobilisation des ressources intérieures ».
Mais aussi « l’amélioration de la gouvernance institutionnelle et l’adoption de politiques susceptibles de mobiliser les financements du secteur privé, en particulier dans le cadre de projets entièrement nouveaux, à l’épreuve des changements climatiques et des pandémies, et mobiliser les ressources de l’Afrique pour un développement inclusif et durable », « la prise de mesures décisives pour réduire les déficits budgétaires structurels et l’accumulation de la dette publique dans les pays confrontés à un risque élevé de surendettement ou déjà en situation de surendettement ».
Pétition de la communauté congolaise tutsie pour violation des droits humains
Des réfugiés de la communauté congolaise tutsie de la région des Grands Lacs ont adressé une pétition au Conseil de sécurité des Nations Unies pour dénoncer les violations des droits de l’homme dont ils sont victimes dans l’est de la RDC.Dans une correspondance adressée aux représentants des États-Unis, l’Union européenne, l’Union africaine, la France, le Canada, la Communauté d’Afrique de l’Est, le Royaume-Uni, le Rwanda, l’Ouganda et d’autres pays, les réfugiés congolais de la région des Grands Lacs déclarent qu’ils risquent de devenir apatrides en raison des violations de leurs droits humains fondamentaux.
Ils demandent à la communauté internationale d’intervenir et d’arrêter la « répétition des meurtres génocidaires » contre les communautés tutsies congolaises aux mains des milices locales et des FDLR, qui collaborent avec l’armée congolaise. Les FDLR sont une milice formée par les restes des auteurs du génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda.
En novembre 2022, la conseillère spéciale des Nations unies pour la prévention des génocides, Alice Wairimu Nderitu, a mis en garde contre un génocide dans l’est de la RDC, en particulier contre la violence à l’encontre de la communauté banyamulenge dans la province du Sud-Kivu.
« Nous souhaitons attirer votre attention sur la question des réfugiés tutsis de nationalité congolaise installés depuis plus de 25 ans dans des camps de réfugiés à travers l’Afrique », peut-on lire dans une copie de la lettre.
« Nous avons des raisons de croire que les réfugiés congolais de l’ethnie Tutsi courent un grand risque d’apatridie, en raison des injustices sociales à travers de graves violations de leurs droits fondamentaux ».
En République Démocratique du Congo, les communautés tutsies continuent de faire l’objet de discours de haine, de discrimination, d’hostilité et de violence généralisés, enracinés dans l’idéologie du génocide ravivée par la milice génocidaire FDLR et adoptée par les dirigeants et l’appareil de sécurité congolais. Les personnes responsables de ces crimes ne sont pas tenues pour responsables par le gouvernement congolais.
Au Rwanda, on compte plus de 72 000 réfugiés congolais qui ont fui les différents épisodes de violence depuis 1996.
RDC: le grand retour l’artiste JB Mpiana
Dix ans après son dernier album, l’artiste congolais JB Mpiana signe son retour avec un nouvel opus intitulé « Balle de Match ».C’est officiel, Jean-Bedel Mpiana wa Tshituka dit JB Mpiana, artiste chanteur, auteur-compositeur congolais, a signé le 24 décembre dernier son grand retour discographique chez Universal Music Africa, avec un album intitulé ‘’Balle de match » Volume 1. Cet opus, produit par Bebert Etou Prod et signé en licence chez Universal Music Africa, déjà disponible sur toutes les plateformes de distribution musicale, est une belle œuvre musicale 100% Rumba classique.
Un retour discographique qui valait l’attente. 10 ans après son dernier album, celui qu’on appelle Salvatora de la Patria et qui détient plus d’une vingtaine de palmes d’Or au Congo, revient avec un bijou composé de belles mélodies dont lui seul a le secret. On retrouve dans cet album une rumba purement classique avec des danses mythiques telles que le Zebuka, entendez la danse du jeu de rein ; Sur cet album de belle facture, JB Mpiana a eu l’apport et l’expertise de musiciens de renoms tels que Atshuda Bofili, Jules Kibens, JD Loko etc. de fins connaisseurs de la rumba congolaise.
À travers ce projet discographique, Universal Music Africa, leader de la production et de la distribution musicale en Afrique francophone, veutrévéler de forte belle manière le puriste de la Rumba qu’est JB Mpiana. « Il fait partie de l’élite de la musique congolaise et africaine. Pour nous, il était très important de le repositionner sur l’échiquier musical pour remettre les pendules à l’heure. Nous travaillons à ce que cet album soit l’un des plus visibles de cette année 2023 et JB Mpiana réserve de grandes surprises à tous ses fans. » confie Franck KACOU, Directeur Général d’Universal Music Africa.
C’est donc à la satisfaction totale de millions de fans présents sur toute la planète que l’initiateur du Ndombolo revient plus fort que jamais. « C’est vrai que 10 ans peuvent paraître longs, mais il nous fallait prendre le temps nécessaire pour sortir une œuvre parfaite. Mes fans et les amoureux de la Rumba mature et impériale, méritent des sonorités de qualité et je sais respecter toutes ces personnes qui me donnent autant d’amour. » a déclaré le patron de l’orchestre Wenge BCBG, le nec plus ultra de la musique congolaise, sous l’œil bienveillant de son producteur et manager Bebert ETOU.
JB Mpiana n’est pas la seule virtuose et star africaine d’Universal Music Africa. La Major a également dans son écurie de grands noms tels que le Camerounais Cysoul, l’étoile montante du rap ivoire Suspect 95, le duo Togolais Toofan, le prodige malien Sidiki DIABATE, le rossignol Singuila, le célèbre groupe congolais Extra Musica Nouvel Horizon et bien d’autres qui feront parler d’eux cette année.
Pour Pit Baccardi, Directeur du Label et du Publishing de la Major, ce positionnement d’Universal Music Africa a pour but de soutenir le talent et l’envergure d’artistes africains, prêts à conquérir le monde, « Les artistes locaux africains peuvent avoir le même rayonnement que les artistes européens. À Universal Music Africa, nous poussons cette dynamique qui est de vulgariser le talent made in Africa et de l’exporter hors des frontières africaines. » A-t-il déclaré.
On peut s’attendre à de belles actions de promotions de l’album ‘’Balle de match » dans toutes les capitales et grandes villes africaines, avec en prime de grands concerts live de cet artiste intemporel.
Découverte de charniers dans l’Est de la RDC
Des dizaines de fosses communes de civils ont été découvertes dans l’est rétif de la République Démocratique du Congo, selon un responsable de la mission de l’Onu dans la région.Le porte-parole de l’Organisation des Nations-Unies (Onu) , Farhan Haq, a déclaré que les soldats de la paix qui ratissent la région instable de l’Ituri avaient découvert au moins plusieurs dizaines de sites d’enterrement collectif contenant les corps de 42 personnes, dont des femmes et des enfants.
Les victimes, presque toutes des civils, ont pu être tuées lors des récents troubles en Ituri, région infestée de milices armées.
Selon le fonctionnaire de l’Onu, la plupart des corps ont été retrouvés dans des sites situés dans et autour du village de Nyamamba.
Il y avait également une fosse commune contenant sept corps de victimes masculines dans le village de Mbogi, près duquel des escarmouches avaient eu lieu ces derniers mois entre des éleveurs de bétail et des agriculteurs appartenant respectivement aux communautés Hema et Lendu.
La zone où les fosses communes ont été découvertes se trouve à environ 30 kilomètres à l’Est de la capitale provinciale de l’Ituri, Bunia.
Haq a déclaré que les forces de maintien de la paix de la Mission de l’Organisation des Nations-Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) avaient lancé une enquête dans la région ces derniers jours après avoir été informées d’un possible massacre de civils.
Des témoins ont désigné des hommes armés de la Coopérative pour le développement du Congo (CODECO) comme étant à l’origine des meurtres qui auraient eu lieu le week-end dernier.
Cette découverte coïncide avec les tensions persistantes dans l’est de la RD Congo où une rébellion impliquant le mouvement rebelle M23 contre l’armée régulière congolaise fait toujours rage.
Manutention réussie de quatre locomotives au Congo
Le vendredi 13 janvier 2023, les équipes de Bolloré Transport & Logistics Congo ont déchargé et mis sur rail quatre locomotives destinées au Chemin de fer Congo Océan (CFCO).Importées de Belgique, les locomotives d’un poids de 68 tonnes et d’une puissance de traction de 1200 CV chacune, ont été déchargées grâce aux équipements de levage adaptés mobilisés par les équipes manutention de Bolloré Transport & Logistics au Congo.
Avec 4,20m de haut, 16,9 m de longueur et 2,8m de largeur, ces locomotives ont nécessité la dextérité et le professionnalisme des équipes en vue de permettre la mise à la disposition du CFCO du matériel moteur ferroviaire, destiné à améliorer les capacités de traction du réseau ferroviaire congolais.
« Nous mettons à profit notre expertise logistique pour accompagner la croissance économique et le développement du corridor ferroviaire Pointe-Noire/Brazzaville. La manutention réussie de ces quatre locomotives doit permettre au CFCO la mise en œuvre de ses ambitions, relancer entre autres le transport de passagers » soutient Christophe PUJALTE, Directeur Régional Bolloré Transport & Logistics Congo.
En dépit des conditions météorologiques défavorables, les locomotives ont été mises à la disposition du CFCO dans le respect des recommandations du CFCO.
Contact Presse :
Ghislain Maginot, Chef section Médias – Bolloré Transport & Logistics
ghislain.maginot@bollore.com – +242 05 775 02 10
A propos de Bollore Africa Logistics
Moteur de la transformation logistique et industrielle de l’Afrique, Bolloré Africa Logistics est présent dans 42 ports, et opère dans le cadre de concessions 16 terminaux à conteneurs (Côte d’Ivoire, Ghana, Nigeria, Cameroun, Gabon, Congo, Togo, Guinée-Conakry…), 7 terminaux ro-ro (roll-on/roll-off), 2 terminaux à bois et un terminal fluvial, auxquels vient s’ajouter une activité de manutention conventionnelle.
À N’Djaména, le G5 Sahel veut se « redynamiser »
Les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’alliance militaire ont été reçus ce mercredi par Mahamat Idriss Déby Itno, le président du Tchad.Depuis le retrait du Mali, le 15 mai 2022, à cause du refus qui lui était opposé d’assurer la présidence, le G5 Sahel « bat de l’aile », souligne un communiqué de la Présidence de la République du Tchad.
Réunis autour du chef de l’État Général Mahamat Idriss Déby Itno, les chefs de la diplomatie de la Mauritanie, du Tchad, du Burkina et du Niger entendent « apporter un appui politique » afin de « donner un nouveau souffle » à l’institution communautaire.
En compagnie notamment de Mohamed Salem Ould Merzoug, le Secrétaire exécutif du G5 Sahel et de l’ambassadeur Mahamat Saleh Annadif, ministre coordonnateur, ils « sont venus rendre compte de l’état d’avancement de leurs travaux et recueillir les orientations du président en exercice du G5 Sahel », indique le document.
Le texte rappelle qu’ « en marge du Sommet extraordinaire de l’Union Africaine (UA), le 25 novembre 2022 en terre nigérienne, le chef de l’État tchadien et président en exercice du G5 Sahel, Général Mahamat Idriss Déby Itno, avait présidé une réunion de concertation des chefs d’État des pays membres » avec pour objectif d’impulser un nouvel élan qui permettra de lutter efficacement contre les groupes jihadistes présents au Sahel.
RDC: la CAE condamne l’attentat terroriste contre une église
Le Secrétariat de la Communauté d’Afrique de l’Est (CEA) a condamné mardi l’attentat à la bombe perpétré dimanche dernier contre une église dans l’est de la République démocratique du Congo et qui a fait plusieurs morts parmi les fidèles.L’attentat, imputé aux rebelles ADF (Forces démocratiques alliées) liés à l’Etat islamique, a fait 17 morts et 39 blessés dans une église pentecôtiste de Kasindi, dans la province du Nord-Kivu. L’armée congolaise a qualifié l’attaque d’acte terroriste.
Dans une déclaration, le secrétaire général de la CAE, Peter Mathuki, a condamné « dans les termes les plus forts l’attaque horrible contre des fidèles dans une église de la ville de Kasindi ».
Mathuki a qualifié cette attaque de « crime lâche et odieux » et a présenté ses condoléances aux familles des victimes, au peuple congolais et au gouvernement. Il a également souhaité un « prompt rétablissement aux blessés ».
« La CEA s’engage à rétablir la paix dans l’est de la RDC et apporte son plein soutien dans la recherche d’une solution durable à la situation sécuritaire prolongée », indique la déclaration.
En outre, l’Organisation continue d’appeler toutes les parties à établir « un cessez-le-feu immédiat, à respecter le droit international et à assurer la sécurité des civils, afin de permettre une solution pacifique au conflit en cours. » Le secrétaire général a réitéré l’appel lancé par les dirigeants régionaux à tous les groupes armés de l’est de la RD Congo pour qu’ils déposent les armes.
L’est de la RD Congo abrite plus de 120 groupes armés locaux et étrangers accusés de diverses violations des droits de l’homme. Les rebelles ADF, originaires d’Ouganda, sont l’une des trois milices étrangères qui doivent retourner dans leur pays après leur désarmement décidé lors du mini-sommet de Luanda en novembre 2022.
RDC : l’Etat islamique revendique l’attaque d’une église protestante à Béni
En 2022, l’Etat islamique a augmenté les attaques contre les chrétiens en Afrique, a constaté la société Jihad Analytrics dans une série de tweets postés vendredi 13 janvier. Une tendance qui risque de se confirmer cette année.Dimanche 15 janvier, un attentat à la bombe artisanale a visé une église protestante de la ville de Kasindi, dans la province de Béni, dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Le groupe jihadiste État islamique a revendiqué l’attaque, l’attribuant à sa « province » en Afrique centrale. Selon l’agence Amaq, les jihadistes ciblaient une « foule de chrétiens s’adonnant à des rituels dominicaux », tuant au moins 20 d’entre eux et faisant des dizaines de blessés, en plus de détruire le lieu de culte, alors que les autorités congolaises font état d’une dizaine de victimes.
Spécialiste des Forces démocratiques alliées (ADF, sigle anglais), du nom des jihadistes qui sévissent dans l’est de la RDC, Fiston Mahamba Wa Biondi estime que cet incident sécuritaire est une réponse aux pertes subies par ce groupe dans des opérations des forces loyalistes.
Jihad Analytics rappelle qu’en 2022, l’Afrique a été le continent le plus touché par des attaques de l’Etat islamique avec une forte augmentation des attaques contre les chrétiens au Nigeria, au Mozambique et en RDC. La société spécialisée dans l’analyse des données ouvertes a recensé « deux vidéo des combattants de l’Etat islamique au Mozambique et en RDC, menaçant les chrétiens et la publication de photos d’églises en feu tout au long de 2022 ».
Afrique subsaharienne : la croissance devrait atteindre 3,6 % en 2023 (rapport)
La Banque Mondiale a revu à la baisse la croissance pour près de 60 % des pays, y compris pour plus de 70 % des exportateurs de métaux qui devraient être pénalisés par la poursuite de la baisse des cours mondiaux.À peine sortis de la pandémie de la Covid-19, les États de l’Afrique subsaharienne ont subi les effets de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Dans cette partie du continent noir, la Banque Mondiale table sur une croissance de 3,6 % en 2023 et 3,9 % en 2024.
« En dépit de l’atténuation attendue des pressions inflationnistes, le rythme de reprise devrait rester stable dans de nombreux pays en raison de l’impact négatif de la pauvreté persistante et de l’insécurité alimentaire sur la croissance, amplifié par d’autres facteurs de vulnérabilité tels que les conditions météorologiques défavorables, l’endettement élevé, l’incertitude politique, la violence et les conflits », ajoute l’institution financière dans ses dernières perspectives économiques.
Les pays subsahariens dont les économies sont tributaires de l’exportation des métaux seront plus affectés par la baisse de la croissance. « Ce ralentissement constitue un obstacle majeur pour le développement économique de l’Afrique subsaharienne. Le revenu par habitant ne devrait augmenter que de 1,2 % en moyenne en 2023-2024 », souligne la Banque Mondiale.
Poursuivant, elle annonce cette année que le revenu par habitant en Afrique subsaharienne devrait rester inférieur de plus de 1 % à celui de 2019. Et les projections anticipent que dans près de 40 % des pays, y compris les trois plus grandes économies de la région – l’Afrique du Sud, l’Angola et le Nigeria -, le revenu par habitant n’aura pas retrouvé son niveau antérieur à la pandémie même d’ici à la fin de 2024.
Dans ces trois pays, rapporte l’institution de Bretton Woods, « la croissance s’est fortement contractée pour ressortir à 2,6 % seulement en 2022 ». La nation arc-en-ciel « n’a enregistré qu’une croissance de 1,9 % en raison (notamment) de l’aggravation des pénuries d’électricité et du renforcement des politiques de rigueur pour juguler l’inflation », explique la Banque Mondiale.
Par contre, en Angola, les cours élevés du pétrole et la stabilité de la production de l’or noir ont permis un rebond de 3,1 %. Le Nigeria, de son côté, a vu sa croissance s’affaiblir à cause de l’intensification des problèmes de production dans le secteur pétrolier. Résultat, l’inflation y « a dépassé 21 % en 2022, son niveau le plus élevé depuis 17 ans ».
Globalement, remarque l’institution financière, « les tensions sur les prix des denrées alimentaires, déjà importantes avant la pandémie, se sont encore intensifiées en raison des aléas climatiques, des perturbations de l’approvisionnement aggravées par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, d’une fragilité et d’une insécurité accrues et, dans certains pays, de fortes dépréciations monétaires ».
L’année dernière, l’inflation des prix alimentaires a dépassé 20 % dans plus d’un quart des pays. Cela a ralenti la progression des revenus réels et de la demande des consommateurs et aggravé l’insécurité alimentaire.
« Malgré le récent relâchement des prix mondiaux de l’alimentation et de l’énergie, les coûts d’importation sont restés élevés, ce qui a contribué à creuser les déficits courants. La précarité des situations budgétaires due à la pandémie a persisté et, l’année dernière, la dette publique était supérieure à 60 % du PIB dans près de la moitié des économies de la région. La viabilité de la dette s’est encore détériorée dans de nombreux pays non producteurs de pétrole, entraînant une hausse des coûts d’emprunt, des sorties de capitaux et une dégradation de la cote de crédit », conclut la Banque Mondiale.
Centrafrique : deux militaires français arrêtés pour défaut de visas
Les soldats sont « deux membres » du personnel de consultants internationaux de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (Minusca).Mardi 10 janvier aux environs de 16 heures (heure locale), deux soldats de nationalité française ont été arrêtés à leur arrivée à l’aéroport Bangui-M’Poko par les autorités centrafricaines.
Selon l’agence de presse turque Anadolu, citant la Minusca, les militaires français font partie du personnel de consultants de la mission onusienne déployé dans le pays. Dans un communiqué, la force de l’ONU en Centrafrique a indiqué être « en contact actuellement avec les autorités nationales centrafricaines afin de résoudre la situation ».
« Les militaires ont été arrêtés mardi dans l’après-midi et depuis là, ils sont détenus par la PAF (Police aux frontières) pour absence de visa », a déclaré à Anadolou, Steve Tangoa, conseiller du Président centrafricain Faustin Archange Touadéra.
A en croire Steve Tangoa, les visas des deux ressortissants français n’ont pas été demandés à Paris pour contourner les dispositifs de contrôle à priori mis en place par le ministère des Affaires étrangères.
« Ils espéraient ainsi passer entre les nasses en obtenant les visas à l’aéroport de Bangui. Cette procédure obsolète doit cesser. Mise en place pour faciliter les voyages vers la RCA de ressortissants de pays dans lesquels nous n’avons pas de représentations diplomatiques, elle est utilisée aujourd’hui de façon anarchique. Bref ! Les enquêtes sont en cours et si rien ne leur est reproché, ils seront élargis. Et c’est le lieu de rappeler la nécessaire coordination avec la Minusca pour la délivrance et le contrôle des accréditations », a-t-il affirmé.
Du côté de Paris, aucune réaction officielle n’a pour le moment été notée.
En février 2022, quatre militaires français qui constituaient l’équipe de protection rapprochée du général Stéphane Marchenoir, chef d’état-major de la Force de la Minusca, avaient été arrêtés à l’aéroport de Bangui avant d’être libérés par la suite.
Gabon : Alain Claude Bilié-By-Nze nommé Premier ministre
Vice-Premier ministre et ministre de l’Énergie et des Ressources hydrauliques du gouvernement sortant, il remplace Rose Christiane Ossouka Raponda, nommée vice-présidente de la République.Depuis 2006, Alain-Claude Bilie By Nze, 55 ans, a occupé plusieurs portefeuilles ministériels. Mais jamais il n’avait été nommé Premier ministre. C’est désormais chose faite. « Le plus doué politiquement » parmi les collaborateurs du président Ali Bongo selon le journaliste gabonais, Louis Philippe, a été désigné chef du gouvernement ce lundi 9 janvier en remplacement de Rose Christiane Ossouka Raponda.
« Sa nomination n’est pas une surprise. En réalité, il était attendu à ce poste depuis plusieurs années », confie M. Philippe.
Mme Raponda, désormais ex chef du gouvernement, a été désignée vice-présidente du Gabon, poste vacant depuis mai 2019 et dont l’influence reste très limitée puisque son rôle se résume à assister le chef de l’Etat dans l’exercice de ses fonctions. Le vice-président ne peut pas non plus assurer l’intérim en cas de vacances du pouvoir.
Au Gabon, où la Constitution ne limite pas les mandats présidentiels, le président Ali Bongo, à la tête du pays depuis 2009, devrait sans doute briguer un troisième septennat lors des élections générales (présidentielle, législatives, locales et sénatoriales) prévues au second semestre de 2023. Il a récolté ces dernières semaines des motions de soutien à sa probable candidature lors des conseils provinciaux du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir).
Pour l’heure, les responsables du pouvoir et de l’opposition ne sont pas d’accord sur des questions liées à la révision des listes électorales. Ces querelles rappellent les violentes contestations qui avaient écorné la victoire d’Ali Bongo en 2016 après que Jean Ping, principal opposant à l’époque, a rejeté les résultats du scrutin présidentiel.
Pour ne pas réveiller le spectre, le chef de l’Etat gabonais s’est adressé particulièrement, à l’occasion de son discours du nouvel an, à l’opposition. Dans son message, il dit accepter de s’asseoir avec ses adversaires dans les meilleurs délais en vue de discuter de la transparence électorale lors des élections générales de 2023.