Production énergétique : La transition en marche

 

Au Mali, autorités politiques et sociétés publiques de production d’électricité se mobilisent pour donner un nouvel élan au secteur de l’Énergie, à travers des politiques de diversification des moyens de production. Outre le Plan d’action énergétique adopté par le gouvernement en mars 2022, Énergie Du Mali (EDM SA) et la Direction nationale de l’Énergie (DNE) ont organisé cette semaine le Salon des investisseurs pour l’énergie au Mali (SIEMA 2023) dans l’optique de débloquer près de 600 milliards de francs CFA pour financer des projets prioritaires dans les domaines de la production, du transport et de la distribution. Une mobilisation tous azimuts qui, espère le gouvernement, permettra de trouver une solution à la crise énergétique que connaît le pays.

C’est un secret de Polichinelle : EDM SA, chargée de la production, du transport et de la distribution des énergies au Mali, n’y arrive pas efficacement. Rien qu’en ce mois de février la fourniture de l’électricité a connu plusieurs perturbations. Face à la situation, en mars 2022, le gouvernement du Mali, expliquant que « EDM connait depuis plusieurs années un déséquilibre financier », a approuvé en Conseil des ministres le Plan de développement du sous-secteur de l’électricité sur la période 2022-2026 de la structure. Un plan qui, indique-t-il, repose sur un important programme d’investissements axé sur l’exploitation des gisements d’énergies renouvelables et la construction de lignes de transport et de distribution d’électricité afin de limiter la dépendance aux énergies fossiles.

Équilibre financier

L’objectif annoncé est d’apporter des solutions durables aux difficultés du sous-secteur de l’électricité, d’atteindre l’équilibre financier de la société Énergie du Mali et d’améliorer la gouvernance du secteur et le coût du mix de production d’électricité.

Mis en œuvre, le plan permettra, selon les prévisions du gouvernement, l’amélioration du mix énergétique par l’augmentation de la part des importations à travers les interconnexions de 9% de la production totale en 2022 à 26% en 2026, le renforcement de la production solaire de 3% en 2022 à plus de 22% en 2026 et la diminution de la part de la production thermique respectivement de 30% en 2022 à 0% en 2026 pour les achats et de 26,4% à 15,8% pour la part de production propre. « Il est établi depuis fort longtemps que l’énergie est le moteur de tout développement. Qu’il soit socio-économique ou industriel. C’est dans ce cadre que le Mali avait déjà adopté la politique énergétique nationale en 2006, dont l’objectif était de contribuer au développement durable du pays à travers la fourniture de services énergétiques accessibles au plus grand nombre de la population au moindre coût et favorisant la promotion des activités socio-économiques », rappelle le ministre Abdoulaye Maïga, Porte-parole du gouvernement. 

Accroître l’accès à l’électricité

En effet, au cours des dernières années, le gouvernement malien, avec l’appui de partenaires nationaux et internationaux, a pu accroître l’accès à l’électricité. Le taux d’électrification est ainsi passé de 14% en 2004 à environ 54% en 2021, avec toutefois une disparité entre les milieux urbains et les zones rurales qui restent encore confrontées à un accès très limité à l’électricité, environ 25% en 2021.

Le secteur est aussi confronté à des difficultés qui compromettent la pérennisation de ses acquis et son développement. Il s’agit notamment de difficultés d’investissement dans les installations de production, de transport et de distribution, malgré la disponibilité de plans d’investissements énergétiques tel que le Plan directeur des investissements optimaux 2016-2035, pour un coût estimé à plus de 3 286 milliards de francs CFA, qui vise à porter le taux d’électrification du pays à 72% en 2025, et le Plan directeur d’électrification rurale (plus de 142 milliards de francs CFA).

D’autres plans stratégiques et sectoriels sont également en cours d’adoption, selon le gouvernement. Il s’agit du Plan directeur de production à moindre coût et du Plan directeur transport – distribution de la ville de Bamako et de ses environs.

« Malgré la disponibilité de ces plans d’investissements, le sous-secteur de l’électricité depuis plusieurs décennies n’a pas fait l’objet d’investissements permettant un développement cohérent et optimal. L’une des conséquences de ce manque d’investissements à été le recours à des moyens d’urgence onéreux, notamment la production thermique avec des centrales de location dont les coûts sont très élevés pour satisfaire la demande de plus en plus croissante », déplore le Colonel Abdoulaye Maïga.

Dans ce contexte, outre l’adoption de son Plan de développement du sous-secteur de l’électricité sur la période 2022-2026, l’État malien s’affaire à mobiliser plus de 580 milliards auprès des investisseurs pour soutenir le secteur de l’Énergie. Le 21 et 22 février derniers, en appui à EDM SA et à la DNE, le ministre en charge des Mines, de l’eau et de l’énergie et celui de l’Économie et des finances ont pris part au Salon des investisseurs pour l’énergie au Mali (SIEMA). Un évènement qui a constitué une opportunité́ de regrouper les partenaires et les investisseurs dans un cadre d’échanges, de propositions et d’engagements pour la réalisation des projets prioritaires d’EDM SA dans les domaines de la production, du transport et de la distribution.

Améliorer le mix énergétique

La vision du gouvernement est d’œuvrer pour améliorer le mix énergétique pour sortir le Mali de la dépendance de la thermique, qui constitue plus de 50% du parc de production d’EDM. Il s’agira d’investir dans les énergies renouvelables : le solaire et l’hydraulique.

« Une volonté qui vient à point nommé quand on sait les difficultés auxquelles EDM est confrontée et les enjeux de développement économique national liés à la problématique de l’électricité au Mali. C’est pourquoi il est indispensable de s’engager vers de nouvelles dynamiques d’investissements dans le sous-secteur de l’énergie. Il va falloir réduire la part de la production thermique, qui impacte négativement notre revue financière, avec une demande toujours aussi croissante. Donc un changement de mix énergétique est nécessaire et s’impose, obligeant à accorder une part plus importante aux énergies renouvelables, à savoir l’hydroélectricité et le solaire », explique le Directeur général d’EDM SA, Koureissi Konaré.

Sur la période 2015-2021, le mix a connu un changement considérable au Mali. La part de la production hydroélectrique, prépondérante en 2015, est passée de 44,7% à 28,2% en 2021. Celle des importations, de 14,4% en 2015, a culminé à 29,6% en 2020 puis est retombée à 17,7% en 2021. Par contre, la production thermique, assurée à plus de 50% par des producteurs indépendants, a augmenté de 40,8% à 51,1%. Ainsi, rien que sur cette période, EDM-SA a acheté́ 855 millions de litres de combustibles, soit près de 570 milliards de francs CFA de coûts. Une situation qui résulte, selon l’entreprise, du faible niveau et du retard d’investissements en ouvrages de production à moindre prix.

Prépondérante au mix, la production thermique engendre donc d’importants et onéreux besoins en combustibles. L’enjeu pour le Mali est donc de sortir de la dépendance aux énergies fossiles polluantes et « son corollaire de facture énergétique insoutenable pour l’économie nationale », pour aller vers les énergies renouvelables, qui représentent seulement 28,2% (Hydraulique) et 2,9% (Solaire), de la production énergétique du pays.

« La revalorisation indispensable de notre politique de production grâce à l’investissement du budget énergétique passe davantage par le renforcement de la production solaire, qui passera de 3% en 2022 à 22% en 2026, soit en seulement 4 ans. Cela constitue pour nous une hausse énergétique et aura pour impact une importante réduction de la part de la production thermique », assure le Directeur général d’Énergie du Mali.

Au delà, les énergies renouvelables sont aussi prisées par les États pour des raisons environnementales. Elles permettent de réduire les émissions de gaz à effet de serre et ainsi de répondre à l’urgence climatique. « En raison de l’importance de leur potentialité, elles constituent une solution durable pour l’accès universel aux services énergétiques modernes et l’atteinte des Objectifs de développement durable du Mali à l’horizon 2030. L’utilisation des énergies renouvelables à grande échelle a été donc placée au centre des politiques et stratégies nationales, mais aussi régionales et internationales auxquelles notre pays adhère, pour d’une part maintenir un cadre de vie durable et d’autre part renforcer particulièrement l’accès à l’énergie pour soutenir la croissance économique et le développement social », indique le Porte-parole du gouvernement, le ministre Abdoulaye Maïga.

Développement durable

Selon ce dernier, l’État malien envisage d’atteindre l’accès universel à l’électricité d’ici 2030, conformément aux Objectifs de développement durable et du Cadre stratégique pour la relance économique et le développement durable 2019-2023. C’est dans ce cadre que le Plan de développement du sous-secteur de l’électricité sur la période 2022-2026 a été adopté le 30 mars 2022. Pour la mise en œuvre de ce plan, dont le coût est estimé à plus de 2 250 milliards de francs CFA, les autorités de la Transition ont établi un plan d’investissements. Certains projets seront réalisés par des producteurs d’électricité indépendants pour un montant total de 513 600 millions de francs CFA. Outre les projets financés par les bailleurs de fonds classiques, dont les accords financiers sont signés pour 535,422 millions de francs CFA, d’autres projets, dont les études, la réalisation et / ou le Plan d’actions de réinstallation (PAR) sont financés par l’État pour 175,853 millions de francs CFA et aussi par Énergie du Mali, sur cinq ans, pour un montant de 107 520 millions de francs CFA.

« Les projets dont la recherche de financements fera l’objet de la table-ronde des investisseurs coûteront au total 580 milliards de francs CFA. Ces projets, dont les terms sheets ont été́́ élaborées, seront financés par des systèmes de crédits marchands pour lesquels EDM SA fait l’objet de demandes pressantes de la part des investisseurs », note le gouvernement dans son Plan d’action énergétique.

Des initiatives sont ainsi en cours. Reste à mobiliser les financements pour permettre à EDM de remplir efficacement sa mission. Surtout que s’annonce la période de fortes chaleurs qui suscite une augmentation de la demande en énergie. Et le courroux des usagers d’EDM qui la surnomment « Énergie du mal » à chaque délestage.

Littérature : Quels auteurs influencent les jeunes écrivains maliens

À l’occasion de la Rentrée littéraire du Mali, événement culturel majeur pour le monde de la littérature malienne qui se tiendra du 21 au 25 février prochains, Journal du Mali met en exergue les auteurs qui influencent les jeunes écrivains maliens.

Selon Modibo Ibrahima Kanfo, écrivain et Président du mouvement Les Jeunes Esprits de la Littérature Malienne (JELMA), le style des jeunes écrivains maliens est multiforme. Certains d’entre eux imitent les « aînés ». « Moi, je suis à cheval entre tradition et modernité. J’imite les aînés parce que je les aime, mais j’ai aussi réussi à innover. La mort à la manière d’Ousmane Thieny, le patriotisme de Seydou Badian, à l’image de l’hymne national du Mali, des néologismes, des formes de poèmes, du dialogisme disciplinaire, tous sont présents dans mes livres Au-delà de l’apparence et Devoir de changement », admet-il.

Le cadre d’imitation des jeunes écrivains va au-delà du style d’après Modibo Ibrahima Kanfo. Il concerne, selon lui, aussi les thèmes, la structure, la narration, etc. Il prend exemple sur quelques jeunes auteurs. D’abord Moriba Diawara, qui dans son livre Le péché de la chair aborde le thème du mariage forcé et la confrontation entre les visions traditionnelle et moderne. Ce livre rappelle Sous l’orage de Seydou Badian. Ensuite, Sitan Koné et Mamadou Nabombo, qui ont écrit respectivement les recueils de poèmes Laisse-moi te dire… et Une seconde chance. Les contenus de ces recueils très engagés rappellent « ceux qui ont pris la poésie comme arme de combat » comme Fatoumata Keita, Ismaïla Samba Traoré…, « dans le sens de la dénonciation, pour une paix et une union durable ».

Les épines et les roses d’Amidou Yanogué, un recueil hermétique, serait compatible avec la plume de Fily Dabo Sissoko. « Les écrivains qui m’inspirent quand j’écris mes livres sont Jean-Paul Sartre et Albert Camus. Les deux mettent l’être au centre de la création littéraire. De ce fait, l’être est appelé à trouver sa propre voie face aux phénomènes naturels et surnaturels. Ces écrivains ont su saisir les maux de la société et les traduire à travers des personnages atypiques. Je retiens de ces auteurs la modestie dans l’art d’écrire puis le côté humaniste que nous ressentons sous leurs plumes », explique la jeune Sitan Koné. Contrairement à elle, Korotoumou Djilla, auteure du recueil de poèmes Jeune plume aiguisée, est influencée par des auteurs comme Aimé Césaire, Léon-Gontran Damas, Léopold Sedar Senghor, Seydou Badian, Amadou Kourouma et Alain Mabanckou.

Mali – Burkina – Guinée : Une fédération est-elle possible ?

Les liens de coopération entre le Mali, le Burkina Faso et la Guinée se sont renforcés ces derniers mois. Cela peut-il aboutir à une fédération? L’idée tient à cœur au Premier ministre du Burkina Faso et elle pourrait faire son chemin d’ici la fin des transitions dans les trois pays, qui en poseraient les jalons.

Le sujet et ses différents aspects de mise en œuvre ne sont  pas encore véritablement en discussions formelles entre les plus hauts dirigeants des trois pays. Mais le Premier ministre burkinabé, Apollinaire Kyelem de Tembela, a fait de l’idée de fédéralisme (entre d’abord le Mali et le Burkina puis la Guinée, qui les rejoindra) un rêve à concrétiser.

Il en a émis l’idée pour la première fois lors de sa visite à Bamako, le 1er février, devant ses compatriotes à l’ambassade du Burkina Faso. Selon lui, si cette fédération venait à se créer, elle pourrait être une puissance sur le plan économique vu les potentialités dont regorgent les différentes pays.

Le Chef du gouvernement burkinabé a réitéré son souhait en marge de la rencontre tripartite entre les ministres des Affaires étrangères des trois pays à Ouagadougou, le 9 février 2023, dans le « cadre des consultations politiques sur des sujets d’intérêt commun ».

« Si nous nous retrouvons, c’est pour essayer de mettre en commun ce qui nous réunit, de mettre de côté ce qui pourrait nous diviser. Nous devons jeter les bases qui vont permettre de réaliser ce rêve », a-t-il insisté, soutenant que la transition que traversent les trois pays n’était pas le fruit  d’un hasard, mais plutôt le « résultat de la lutte de chaque peuple, qui a refusé une certaine dictature ».

Fédération « enviable »

Les trois pays réunis disposeraient d’importants atouts dans la sous-région ouest africaine. Sur le plan économique, cette fédération constituerait un marché économique global dans un espace de plus de 57 millions d’habitants, soit un peu moins de la moitié de l’espace UEMOA (137 millions d’habitants).

Pour Siaka Coulibaly, consultant et chercheur indépendant burkinabé, ce marché permettrait de rendre viable un projet de monnaie commune. Les échanges commerciaux pourraient également s’intensifier et se fluidifier entre les différentes grandes villes des trois pays. Le premier acte concret de cette future fédération pourrait être la réalisation prochaine d’un chemin de fer reliant les trois capitales, Ouagadougou, Bamako et Conakry pour « permettre de mener une politique d’intégration ».

Selon les explications du Premier ministre burkinabé, la fédération des trois pays ne sera pas synonyme d’unicité ou d’uniformisation, mais plutôt une gestion d’ensemble des aspects de la souveraineté. Chaque État garderait ses principes clés, liés à ses réalités socioculturelles.

Conditions réunies ?

Siaka Coulibaly estime que les conditions sociopolitiques et économiques existent bien pour une « fédération heureuse » entre la Guinée, le Mali et le Burkina Faso. « Les peuples sont favorables globalement à cela, en particulier les jeunes, sous la poussée du panafricanisme et du kémitisme. Ils constituent 80% des populations des trois pays et pèseront de tout leur poids pour un projet de fédération », avance cet analyste politique.

En revanche, Birahim Soumaré, analyste en stratégie internationale, considère que cette idée de fédération constitue plus « une tactique vis-à-vis de la Cedeao » à un moment où les trois pays sont sanctionnés par la Cedeao et l’Union Africaine et que ces deux organisations continuent de presser par rapport à l’évolution du processus de sortie des transitions.

« Cette fédération leur servira de contre-organisation et rappellera, au sein de la Cedeao et peut-être de l’UA, la possibilité pour certains États de s’organiser entre eux  de façon souveraine, en dehors du cadre des organisations existantes », analyse-t-il, même si, pour lui, cela répond aussi au « désir de fond du panafricanisme, qui tente de se réveiller et de se réaffirmer sur la scène sous-régionale et continentale ».

À ce stade du projet, les fondamentaux ne sont pas encore définis et le processus, qui  risque, selon M. Soumaré, d’être plus long qu’on ne le croit, doit continuer de mûrir  durant les transitions dans les trois pays. Même son de cloche chez Siaka Coulibaly, qui pense que les transitions sont le meilleur moment pour une tentative de fédération, « car les procédures peuvent être simplifiées et les consultations populaires pourront être plus transparentes ». « Le projet, cependant, devrait être mûrement réfléchi afin de survivre aux transitions et de prendre corps dans les institutions qui viendront après elles », préconise-il.

Chute de la production en Afrique de l’Ouest : Un ennemi commun

À l’exception notoire du Benin, plusieurs pays de la sous-région ouest africaine ont connu une baisse importante de leur production de coton pour la campagne 2022. Une chute estimée à 20%, selon le département américain de l’Agriculture (USDA). Responsable de cette régression, une attaque de jassides, des « insectes verts très vifs qui piquent et sucent les feuilles sur la face inférieure ». Si les pays ne sont pas touchés avec la même ampleur, ils envisagent une solution commune pour maîtriser cette nouvelle menace à l’or blanc.

La production totale de la zone serait de 4,8 millions de balles, en recul de 1,2 million de balles par rapport à 2021, selon l’USDA. La superficie récoltée est estimée à 2,9 millions d’hectares, en baisse de 7%. Le rendement, estimé à 360 kilogrammes par hectare, est aussi en recul de 14%.  Cette infestation des champs par les cicadelles ou les jassides (amrasca butuguttula) aurait été favorisée par des pluies abondantes de juin à septembre dans plusieurs pays : Mali, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo, alors que le Bénin, le Cameroun et le Tchad ont été relativement épargnés.

Ce ravageur, présent au Mali et en Afrique pour la première fois, se multiplie très rapidement. Une femelle peut pondre en un jour plus de 300 œufs qui se transforment en larves en quelques heures, d’où une capacité très élevée d’envahir les parcelles, selon une note de la Compagnie malienne de développement textile (CMDT).

Solution globale

Au Mali, l’invasion des jassides « a causé 90% des pertes » et la baisse est estimée à 30%. Les principaux facteurs qui ont entravé la production en 2022, selon la compagnie nationale, sont les difficultés d’approvisionnement en intrants agricoles à cause de l’embargo de 6 mois, l’attaque des jassides pour 91 256 hectares, les inondations et l’enherbement des parcelles. La Côte d’Ivoire a été le pays le plus touché, avec environ une perte de 50% de sa production.

Face aux prédateurs, les mesures ont été envisagées au niveau global. Après l’identification de l’espèce incriminée, les pays de la région ont envisagé l’identification des matières actives contre les jassides, le choix de trois fournisseurs par appel d’offres international pour l’approvisionnement des producteurs de coton et enfin la « prise de mesures appropriées auprès du département de l’Agriculture et des organisations sous-régionales (CILSS et CSP) pour une dérogation sur l’homologation et une autorisation spéciale d’importation de ces nouveaux produits de gestion des jassides ».

Le Mali, la Côte d’Ivoire et le Bénin restent les principaux producteurs de la zone, avec une évolution plus stable pour le Bénin au cours des trois dernières années.

Sénégal : Sonko décide de porter plainte suite à son arrestation violente

Le leader du Pastef a été extrait de force de sa voiture et embarqué dans un fourgon blindé de la Police qui l’a ramené à sa résidence de la cité Keur Gorgui. L’incident s’est produit, alors que son cortège revenait du tribunal après le renvoi de son procès en diffamation contre le ministre Mame Mbaye Niang, ce 16 février 2023.

 

« Je suis malgré moi sous résidence surveillée », a déclaré l’opposant Ousmane Sonko dans une déclaration faite jeudi 16 février sur sa page Facebook dans laquelle il déplore les incidents de ce jeudi 16 février sur la corniche, à Dakar.

Ousmane Sonko dénonce par-là la violation de sa liberté de mouvement. « On me bloque chez moi de manière tout à fait illégale parce qu’aucun juge n’a décerné une ordonnance pour que je sois sous résidence surveillée », déplore-t-il.

« Au moment où je vous parle, ajoute-t-il, je devais être à l’ambassade des Etats-Unis au Sénégal pour célébrer avec eux (les Américains) leur fête d’indépendance. On me refuse tout déplacement hors de mon domicile barricadé par des chars de combat et des centaines de policiers »

« Les forces de défense et de sécurité ont exercé une violence inédite, inouïe et gratuite contre ma personne et ma voiture. Le monde entier a vu des forces de l’ordre casser la vitre de ma voiture, forcer les serrures pour m’extraire de force et me conduire chez moi à bord d’un de leur fourgon blindé. Une attitude que rien ne justifie. Avec tout le dispositif qu’ils avaient, ils pouvaient escorter notre cortège sans grabuges ».

L’opposant au président Macki Sall, a ensuite indiqué que dès ce 17 février, ses avocats déposeront des plaintes contre « tous les acteurs qui sont mêlés à ces exactions qu’on a subies hier à commencer par le ministre de l’intérieur, les généraux et chefs de la police qui sont les donneurs d’ordre, les commandants et commissaires », a-t-il poursuivi.

Ousmane Sonko accuse le président Macky Sall de vouloir conduire le pays vers une situation désastreuse. Appelant le peuple sénégalais et la communauté internationale à faire barrage à la tentative de confiscation du pouvoir, à travers un troisième mandat.

Outré par l’exfiltration brutale de Ousmane Sonko de son véhicule, le secrétaire général de Pastef prévient : « Nous n’accepterons plus que le président Ousmane Sonko soit traité comme il l’a été aujourd’hui. La Bip n’avait pas à s’immiscer dans un dispositif sécuritaire dont elle ne faisait pas partie », s’est emporté Bassirou Diomaye Faye.

Au même moment, la date de la prochaine élection présidentielle a été annoncée dans  un communiqué . L’échéance est fixée au dimanche 25 février 2024, par décret n°2023-339 en date de ce 16 février 2023.

Une information transmise par le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome.

Affaire dite « blasphème contre les symboles de l’islam », le verdict tombe pour Doumbi Fakoly

Pendant que l’auteur des propos blasphématoires à l’égard des musulmans est toujours introuvable, la justice malienne a délibéré sur l’affaire du mouvement « kamite » dans laquelle l’écrivain Doumbi Fakoly et cinq autres jeunes étaient inculpés pour « délit à caractère religieux pouvant causer des troubles à l’ordre public ».

Le leader de la religion kamite Doumbi Fakoly, principal accusé dans le dossier a écopé finalement de 12 mois de prison dont 8 avec sursis après requalification des faits par le Tribunal en crimes à caractère religieux, conformément à l’article 58 du code pénal au lieu de trois ans comme l’avait demandé le parquet à l’ouverture du jugement en fin janvier dernier.

Ainsi au terme du verdict, Doumbi Fakoly a été autorisé à se rendre chez lui, parce qu’il a déjà purgé une peine de 4 mois en prison avant l’ouverture de son procès. Ses autres compagnons à savoir Salif Dembélé, Diakaridia Traoré, Lamine Doumbia, Aboubacar Keita et Naman Doumbia, ont été simplement libérés par le jury.

Tout a commencé quand le ressortissant malien du nom de Mamadou Dembélé a tenu des propos jugés « blasphématoires » à l’égard des musulmans, après avoir proféré des injures à l’endroit du Coran et du Prophète Mohamed (PSL), un acte qui a suscité de vives réactions au sein de la communauté musulmane. Par conséquent, le Procureur général près de la Cour d’Appel de Bamako a ouvert une enquête contre le dénommé Mamadou Dembélé.

Par la suite, l’écrivain Doumbi Fakoly, l’un des doyens du mouvement « kamite » a apporté son soutien au concerné. C’est suite à cette réaction qu’il avait été interpellé avec cinq autres personnes pour « recel d’information » avant d’être placé sous mandat de dépôt. Un dossier visiblement accéléré en partie à cause de la mobilisation grandeur nature le vendredi 4 novembre pour condamner l’acte et demander l’implication de la justice.

Processus budgétaire 2024 : le gouvernement va miser sur « une politique budgétaire prudente et responsable »

Les travaux du processus budgétaire 2024 ont été lancés ce jeudi, 16 février 2023, par le ministre de l’Economie des Finances Alousséni Sanou. L’événement qui marque le début du processus d’élaboration de la loi des finances au titre de l’année 2024 a été l’occasion pour le responsable du département des finances de rappeler le contexte général de l’économie malienne et d’insister sur les politiques à adopter pour relever les défis pour cette économie confrontée à plusieurs crises.

 

Crise sécuritaire, sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA, crise en Ukraine… l’économie malienne a été mise à rude épreuve en 2022 mais elle tient. Et une amélioration progressive est escomptée par le gouvernement.

« Le taux de croissance réelle du PIB estimée 3,7% en 2022 devrait s’accélérer en 2023 et 2024 pour atteindre respectivement des pourcentages de 5,0% et 5,2%. L’inflation qui demeure maitrisée devrait se situer en dessous de la norme communautaire de 3% grâce aux efforts conjugués du gouvernement, des acteurs du monde économique et une bonne campagne agricole », explique le ministre de l’Economie des Finances Alousséni Sanou.

En ce qui concerne les premières estimations de l’exécution budgétaire 2022, indique le chef du département des Finances, la mobilisation des recettes fiscales ressort assez satisfaisante avec un taux de pression fiscale qui se situe à 14,1% du PIB contre une prévision de 14,0%. L’exécution des dépenses a été́ contenue dans la limite des dépenses prévues soit 20,4% du PIB contre une prévision de 22,5%. Le niveau de déficit budgétaire est ressorti à 4,7% du PIB nettement meilleur que la prévision de 5,3%.

« En ce qui concerne l’année budgétaire 2023 qui démarre sous de bons auspices, le gouvernement maintiendra les efforts pour l’amélioration de l’exécution budgétaire à travers le double objectif d’intensification de la mobilisation des ressources intérieures et d’efficacité́ des dépenses de l’administration », assure-t-il.

 

Améliorer la fiscalité

 

Malgré ces estimations de bon augure, en 2022, le taux de croissance du Mali, contrairement aux années précédentes est inferieur à la moyenne des pays de l’UEMOA. On note également un pic d’inflation en 2022 (6% pour le Mali et 7% pour l’UEMOA). Le premier serait dû à « l’effet des sanctions économiques et financières des organisations », et le deuxième aux conséquences du conflit en Ukraine », fait savoir Ahmadou Tidjani Haïdara, le Directeur national du Budget.

Dans ce contexte, la situation d’exécution provisoire du budget rectifié 2022 a été de : 2361,1 milliards de CFA en recettes et dons contre une prévision de 2477,7 milliards de CFA soit un taux de mobilisation de 95,3% ; le taux de pression fiscale ressort à 13,6% en 2022 contre 15,2% en 2021 du fait des sanctions de l’UEMAO et de la CEDEAO et de 2931,3 milliards de CFA en dépenses contre une prévision de 3082,3 milliards de CFA dans le budget rectifié 2022 soit un taux d’exécution de 95,1%. Il ressort également, selon les données de la Direction Nationale du Budget, un déficit budgétaire de 4,9% contre 4,7% en 2021.

 

Pour cette année 2023, au titre des recettes, l’Etat du Mali oriente sa politique budgétaire vers l’élargissement de l’assiette fiscale dans le secteur informel dont les contributions actuelles aux recettes fiscales restent limitées et l’augmentation des taux d’accises sur certains produits qui sont taxés en dessous des plafonds de l’UEMOA et son extension à d’autres produits.

« Mais aussi sur l’imposition du commerce électronique ; l’introduction de la facture normalisée ; le déploiement de la téléprocédure ; la poursuite des réformes pour l’amélioration de l’efficacité́ de l’administration fiscale et des douanes avec comme objectif l’augmentation durable des recettes de l’Etat et la promotion du civisme fiscal », énumère M. Haïdara.

Dans le cadre des dépenses, le Cadre Stratégique pour la Relance Economique et le Développement Durable (CREDD) 2019-2023, va demeurer la référence du Gouvernement en matière d’allocation des ressources budgétaires.

« Il est complèté par les mesures inscrites dans le Plan d’Actions Prioritaires du Gouvernement de Transition (PAPGT) 2022-2024 du Cadre Stratégique de la Refondation de l’Etat. Les actions prioritaires du PAPGT s’articulent notamment autour du renforcement de la sécurité́ et de l’organisation des élections », ajoute-t-il.

 

Prudence

 

Pour l’exercice 2024 dont le processus va être lancé, les perspectives macroéconomiques du Mali incitent à la mise en œuvre d’une politique budgétaire « prudente et responsable, malgré́ un regain de la croissance du PIB réel », indique le ministre Alousséni Sanou.

Cette politique, à l’en croire, vise un objectif de déficit budgétaire de 4,5% du PIB en 2024 compte tenu de nombreux engagements du gouvernement notamment dans le cadre du renforcement des acquis en matière de défense et de sécurité́ ainsi que de l’amélioration des infrastructures socioéconomiques de base pour de meilleures conditions de vie des populations.

« Il reste entendu qu’à moyen terme, la politique budgétaire s’inscrirait dans la dynamique de revenir progressivement au critère de convergence communautaire de 3%. Cette reprise économique doit être consolidée et renforcée à travers une planification budgétaire et une amélioration de la qualité́ de la dépense publique en veillant sur la viabilité́ à long terme des finances publiques », a insisté le chef du Département des finances dans son allocution d’ouverture de la Conférence du processus budgétaire 2024.

Lors de cette rencontre, afin de trouver des voies et moyens pour soutenir la stabilité macroéconomique, les participants ont échangé autour de trois thèmes : « la problématique de l’évaluation de la performance des programmes : les acquis, les contraintes et défis », « le processus d’élaboration du Budget et l’articulation entre les documents de planification stratégique nationale et les documents budgétaires : Enjeux, bonnes pratiques et perspectives d’amélioration » et « l’amélioration du contrôle budgétaire : les acteurs et leurs rôles ».

 

 

Coton : Conséquences d’une production en chute libre

S’ils ne filent pas du mauvais coton, les acteurs du secteur doivent affronter encore cette année de nombreuses difficultés au Mali. Avec une production en baisse d’environ 30%, les ambitions affichées pour la campagne 2022 ont été révisées suite à une nouvelle contrainte apparue en pleine campagne : une invasion de parasites jusque-là méconnus, face auxquels les produits phytosanitaires existants s’avèrent inefficaces. Une difficulté de plus qui s’ajoute à la crise devenue récurrente du renouvellement de la faîtière des producteurs, sans compter les difficultés dans l’approvisionnement en intrants. Malgré les impacts négatifs de cette situation sur plusieurs secteurs économiques, les acteurs estiment que l’or blanc peut retrouver sa place à condition d’envisager des mesures rapides et courageuses.

« Le secteur connaît beaucoup de difficultés. La première concerne l’organisation des producteurs de coton », affirme d’emblée Issa Konaté, producteur et Vice-président du secteur de Niena, Délégué à l’approvisionnement pour la région de Sikasso de la Confédération des Sociétés coopératives des producteurs de coton (CS-CPC) du Mali.

Organisation déstructurée

Depuis 2020, la faîtière des producteurs est plongée dans une crise de gouvernance dont l’issue n’est pas encore trouvée. Après une élection contestée en octobre 2022 et la nomination d’un deuxième mandataire, dont le mandat de six mois arrive à terme en mai 2023, les producteurs de coton se sentent mis à l’écart. Face à la difficulté de tenir les élections et afin de gérer les affaires courantes, le gouvernement a nommé un mandataire en septembre 2021. « Au lieu de 17 (le nombre des membres du Bureau de la confédération) pour gérer, c’est une seule  personne », déplore Issa Konaté. Les six premiers mois accordés ont été épuisés et les élections qui ont été organisées ont aussitôt été contestées.

À l’issue des six autres mois accordés en septembre 2022, d’autres élections ont été organisées. Sur les 17 postes à pourvoir, en plein processus et après 5 postes attribués, les élections ont été suspendues, poursuit M. Konaté.  Un autre mandataire fut alors nommé. Alors qu’une bataille judiciaire se poursuit entre les protagonistes, un travail est en cours pour valider les postes déjà pourvus et organiser la passation entre anciens et nouveaux titulaires mi février 2023.

Avant le terme des six mois pour organiser l’élection du Bureau, le nouveau mandataire a en charge la gestion de l’organisation, notamment le lancement de la campagne, qui se prépare déjà et dont les dates-clés à partir du mois d’avril détermineront les choix pour la nouvelle saison. Concernant la désignation des délégués qui doivent choisir les membres du Bureau de la Confédération, les producteurs dénoncent une « instrumentalisation de certains, préférés à ceux qui connaissent le domaine et  ont été écartés ».

La deuxième raison ayant contribué aux mauvais résultats de la saison est le retard pris dans l’approvisionnement en intrants. L’appel d’offres ayant été fait en retard, en décembre, ce qui a coïncidé avec l’embargo intervenu en janvier 2022. D’environ 150 000 francs CFA, le prix de la tonne s’est envolée à plus de 600 000 francs suite aux effets collatéraux de la crise en Ukraine. Et cette raison découle directement de la première, parce que le GIE chargé de l’appel d’offres constitué par les acteurs est présidé par la Confédération des producteurs, qui était déjà en crise à cette époque.

L’engrais, arrivé donc en retard, a servi tardivement aux cultures, mais l’apparition des parasites a remis en cause les résultats attendus. Les premiers semis ont pu y échapper mais l’irrégularité des pluies par endroits n’a pas permis de combler les attentes.

S’adapter au contexte

Après le boycott de 2019 et la reprise l’année suivante, les acteurs avaient été alertés par la persistance des difficultés et la crise, qui, même si elle est inhérente à tout développement, doit être gérée et anticipée. Et ils semblent en avoir pris conscience, estime Modibo Tangara, ancien travailleur de la Compagnie malienne de développement textile (CMDT).

C’est pourquoi les Assises nationales sur le coton ont été organisées de décembre 2020 à janvier 2021, en vue d’identifier les causes de la crise et se projeter dans l’avenir afin qu’elles ne se répètent pas. Elles sont relatives à l’organisation de la faîtière, dont la mise en place demeure problématique et au prix élevé des intrants, malgré les subventions qui ne suffisent pas et sont souvent inadaptées.

Si les « recommandations tardent à se mettre en place », le remembrement de la faîtière est devenue un véritable goulot d’étranglement, accentuant la division et le manque de confiance entre les producteurs. Pour ne rien arranger, la crise internationale est venue aggraver une crise aux facteurs endogènes et exogènes.  Mais « les différentes crises auraient pu s’atténuer si les acteurs avaient vu seulement l’avenir de la filière », assure M. Tangara.

Le rôle du coton aux plans socio-économique et culturel n’étant plus à démontrer, c’est en termes de filière qu’il faut réfléchir pour trouver les solutions aux maux du secteur. De sa production à sa vente, en passant par son transport et sa transformation, c’est tout un processus et ses acteurs qui doivent être considérés pour analyser les enjeux d’un produit transversal et « un levain pour l’économie de notre pays ».

Face à ces « crises multiformes », il y a eu des « tentatives d’anticipation » des autorités. La gestion de la CMDT « peut s’améliorer et s’adapter au contexte d’évolution du secteur par la reprise en main de certaines activités que la CMDT a menées », conformément aux recommandations des Assises, ajoute M. Tangara.  Il s’agit notamment de réunir davantage les producteurs à travers des actions d’alphabétisation, de défense et de restauration des sols, de lutte contre l’érosion et d’appui à l’élevage pour encourager par exemple la production d’engrais organiques. Et surtout que la CMDT reprenne le leadership en matière de commandes.

Créer de la valeur ajoutée

Si l’avenir de l’or blanc n’est pas menacé, selon les acteurs, il faut des mesures fortes et une vision tournée vers des investissements pour plus de valeur ajoutée, suggèrent-ils.

Soumis à des menaces externes et internes, le secteur pourrait être sauvé grâce à un plan stratégique de relance et de perfectionnement de la filière, qui doit mieux définir les rapports entre les producteurs et entre eux et la CMDT, mais aussi mettre en place des structures de recherche variétale, pour l’analyse des sols, des structures de transformation du coton et de ses dérivés, outre maîtriser  l’approvisionnement en intrants de qualité et à moindre coût, propose Monsieur Tangara.

Une démarche dans laquelle semble s’inscrire la compagnie, qui énonce parmi les mesures « déjà prises » pour « maîtriser les jassides » l’identification de l’espèce en cause par la recherche malienne et sous-régionale, l’identification des produits phytosanitaires contre les jassides et le choix de trois fournisseurs par appel d’offres international pour l’approvisionnement des producteurs de coton. Une procédure qui devra cependant être accélérée, notamment pour l’obtention de la dérogation sur l’homologation et une autorisation spéciale d’importation de ces nouveaux produits de gestion des parasites, explique la société.

Après qu’elle ait été fermée depuis plusieurs années, le gouvernement a annoncé la réouverture de la Compagnie malienne de textiles (COMATEX) pour le mois d’avril 2023. Une annonce qui réjouit, mais au-delà de laquelle les autorités doivent envisager de faire appel à des investisseurs pour augmenter la valeur ajoutée du coton, notamment grâce à la filature, suggère un acteur.

S’ils ne connaissent pas encore les risques qui les attendent, les producteurs restent cependant déterminés à poursuivre leur activité. « J’ai 55 ans, mais je ne connais que le coton. Sans lui, nous sommes perdus », avoue le producteur Issa Konaté. « Cette année, j’ai cultivé 17 hectares et j’ai récolté à peine 10 tonnes. Et je suis parmi les plus heureux, certains, avec 20 hectares, ont eu du mal à atteindre 2 tonnes, une véritable catastrophe ». En attendant le paiement d’environ 50% de leurs revenus, Issa Konaté est convaincu que tous les producteurs ont connu des pertes cette année. Si les autorités des pays concernés ne leur viennent pas en aide pour les dettes, ils seront obligés de vendre d’autres spéculations ou, pire, des biens pour rembourser. Un recul, alors que le « pays pourrait retrouver sa place » si la campagne qu’ils préparent déjà est anticipée avec la disponibilité et le prix de l’engrais garantis.

Séisme en Turquie et en Syrie : l’ONU lance un appel d’aide de 400 millions de dollars

 

 

Le secrétaire général de l’ONU a lancé mardi 14 février un appel d’urgence aux dons d’environ 400 millions de dollars pour aider les populations victimes du séisme qui se retrouvent dans les rues, sans abris, sans nourriture et sans soins, en Syrie et en Turquie.

« Aujourd’hui, j’annonce que l’ONU lance un appel humanitaire de 397 millions de dollars pour les populations victimes du séisme qui a ravagé la Syrie. Cela couvrira une période de trois mois », a déclaré Antonio Guterres, le secrétaire général de l’organisation, rassurant qu’un appel aux dons équivalent pour la Turquie était en préparation.

Au total, plus de 7 millions d’enfants sont affectés par ce séisme, selon un communiqué de l’Unicef ce mardi.

« En Turquie, le nombre total d’enfants vivant dans les dix provinces touchées par les deux tremblements de terre s’élevait à 4,6 millions. En Syrie, 2,5 millions d’enfants sont touchés », a précisé James Elder, un porte-parole de l’Unicef, lors d’une conférence de presse à Genève.

Le bilan, encore provisoire, ne cesse de s’alourdir : il s’élevait mardi soir à 39 106 morts – 35 418 morts dans le sud de la Turquie officiellement tandis que les autorités ont dénombré 3 688 morts en Syrie.

Il s’agit du « pire désastre naturel en un siècle » en Europe, a affirmé l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ce mardi 14 février.

Plus d’une semaine après le puissant séisme d’une magnitude de 7,8 qui a frappé les deux pays, l’espoir de retrouver des survivants diminue néanmoins de nouveaux survivants ont été extraits des décombres.

Mardi, quatre personnes ont encore pu être extraites vivantes des décombres en Turquie, dont un couple de Syriens à Antakya, l’Antioche de l’Antiquité, l’une des villes turques ayant le plus souffert du tremblement de terre.

Interdiction de la Chicha : L’OCS décide de sévir

 

C’est ce 15 février qu’arrivent à termes, les six moins accordés par l’arrêté interministériel interdisant la chicha au Mali. Assurant le leadership dans la mise en œuvre de la mesure, l’Office central des stupéfiants a décidé dès ce jour d’entamer les actions pour faire appliquer la mesure.

 

Le 15 août 2022, un arrêté interministériel du gouvernement interdisait l’importation, la distribution, la vente ainsi que l’usage de la chicha sur toute l’étendue du territoire malien. Un délai de six mois avait été donné afin que les usagers et les distributeurs se conforment à cette décision. Ce mercredi 15 février, ce délai est arrivé à terme et l’Office Central des stupéfiants est à l’œuvre pour faire appliquer l’interdiction. Des matériels ont été saisis et plusieurs personnes ont déjà été interpellées, à l’issue de la première opération menée dans la nuit de ce 14 au 15 février 2023 par l’antenne de la rive droite au niveau des quelques quartiers dont elle a la charge.

La décision d’interdire la chicha avait en effet été prise à la suite de plusieurs investigations et des certificats d’analyses du Laboratoire national de la santé.

Aux dires du chef des opérations, cette opération n’est que le début et d’autres sont à prévoir. Les matériels saisis seront détruits et les dizaines de personnes interpellées comparaîtront devant le procureur et pourrait encourir une peine d’emprisonnement d’un à dix jours ainsi que le paiement d’amendes allant de 300 F à 18 000 F CFA.

FESPACO 2023 : Dix films maliens sélectionnés

Pour cette 28ème édition du plus grand rendez-vous cinématographique africain, qui se tiendra du 25 février au 4 mars à Ouagadougou, la capitale burkinabé, le Mali est le pays avec le plus grand nombre de films sélectionnés, soit 10.

Pour le Directeur général de la Cinématographie du Mali : « la participation malienne à cette édition du FESPACO est à saluer et marque le retour du cinéma malien sur la scène internationale avec le plus grand nombre de films sélectionnés, une première dans l’histoire du cinéma malien et le fruit d’un Plan stratégique 2022-2024 pour la relance du cinéma malien ».

La sélection de cette année compte 170 œuvres en compétition sur 1 200 films visionnés. Le Mali a 7 films en compétition officielle dans 4 catégories. Dans la sélection série, « Fanga » de Fousseyni Maiga, qui est également le Directeur du Centre national de la Cinématographie du Mali. Dans la série Fespaco Short 2, il y a « Les Cavaliers de Tonka » de Mohamed Dayfour Diawara. Dans la sélection Panorama, « Xaraasi Xanne » (Les Voix Croisées), un documentaire de Bouba Touré.  Pour la catégorie animation, il y a 4 films « Fadi le village de transformers » de Cheick Ouattara, « L’affront » de Negueba Traoré, « On the surface / En surface » de Fan Sissoko et « Paya et Koulou » de Dramane Minta. Les 3 autres productions sont retenues pour des prix spéciaux.

Par ailleurs, le Mali a réussi à inscrire le cinéma dans son histoire avec deux cinéastes maliens qui ont remporté l’Étalon d’or dans le passé, à savoir Souleymane Cissé, qui l’a remporté deux fois et Cheick Oumar Sissoko, une fois.

Avec comme thème « Cinémas d’Afrique et culture de la paix », le Mali sera l’invité d’honneur de cette 28ème édition en remplacement du Togo, qui avait été choisi initialement. L’information a été rendue publique le 2 février par Fidèle Tamini, le Président du Comité national d’organisation, à trois semaines de l’événement.

Pour le Président du Comité national d’organisation du FESPACO, ce choix s’explique notamment par les visions communes des deux pays. « Il n’y a pas meilleur partenaire que le Mali pour être pays invité d’honneur » a-t-il affirmé. « Parmi la sélection officielle, nous avons des œuvres originaires du Cameroun, du Burkina Faso, de la Tunisie, du Sénégal, du Nigeria, de l’Égypte, du Mozambique, du Kenya, d’Angola, de l’Ile Maurice, de l’Algérie, du Maroc et de la République dominicaine, qui rejoint pour la première fois la sélection ».

Sécurité : les groupes armés de la CMA fusionnent

Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l’Azawad, les trois groupes armés regroupés au sein de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), viennent de fusionner en une seule entité politique et militaire.

La cérémonie de signature de la déclaration consacrant cette fusion s’est déroulée hier mercredi 8 février au stade Mano Dayak de Kidal en présence des responsables des mouvements.

Pour concrétiser cette nouvelle étape selon le directoire de la CMA, les trois mouvements ont décidé de mettre en place un comité technique chargé des modalités pratiques de la fusion, et d’organiser dans les meilleurs délais un congrès qui fixera les orientations et mettra en place les organes de la nouvelle organisation.

En attendant l’aboutissement du processus, le Bureau exécutif de la CMA continuera la gestion des affaires de la Coordination, précise la déclaration qui invite par ailleurs les autres mouvements à se joindre à l’initiative d’union.

Si cette fusion des trois mouvements de la CMA répond, selon ses initiateurs au besoin d’union face aux défis pour parvenir au bien-être socio-politique et celle de l’amélioration de la situation sécuritaire dégradante dans la zone, elle devrait également donner plus d’épaisseur à la CMA face au gouvernement dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation de 2015 issu du processus d’Alger.

La CMA et d’autres groupes réunis au sein du CSP ont suspendu depuis le 21 décembre 2022 leur participation au sein des mécanismes de suivi et de mise en œuvre de l’Accord jusqu’à la tenue d’une réunion avec la Médiation Internationale en terrain neutre.

Ces groupes envisagent de lancer le 20 février prochain, une grande opération de sécurisation des populations des régions du Nord.

Extrémisme violent : sortir de l’engrenage

Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a lancé ce 7 février 2023 son rapport sur le « Voyage vers l’extrémisme violent ». Il s’agit non seulement de résoudre les atteintes qui peuvent conduire certains à choisir cette voie mais aussi de faire sortir ceux qui ont été pris dans l’engrenage. Dans cette quête, l’organisation travaille non seulement avec les dirigeants et responsables politiques, mais également avec les acteurs locaux, confessionnels et la jeunesse, qui sont « les gardiens des solutions nationales à l’extrémisme violent ».

Phénomène assurément mondial, l’extrémisme violent ne connaît pas de frontières, selon le rapport. Et partout ce sont les mêmes facteurs qui contribuent à son expression : pauvreté, inégalités, exclusion, manque d’opportunités et perceptions d’injustice.

Face à ce fléau dont l’ampleur ne cesse de s’étendre, le PNUD préconise une approche différente, basée sur « les solutions de développement ». En effet, des alternatives complémentaires doivent être trouvées au « tout sécuritaire » afin que ceux qui sont censés être protégés contre le recours à l’extrémisme violent ne soient pas les victimes de « mesures de sécurité excessive ». Le rapport, qui estime que les personnes radicalisées sont aussi souvent celles qui se sentent en insécurité, redoute qu’elles ne soient davantage marginalisées et donc plus vulnérables à la radicalisation.

Alternatives positives

En Afrique subsaharienne, le PNUD mène des programmes dans 25 pays pour essayer de contrer les facteurs d’émergence de « la région comme nouveau épicentre de l’extrémisme violent ». « Au Mali, le projet a contribué à renforcer la radio communautaire en tant que plateforme pour défier les stéréotypes, résoudre les tensions et diffuser des messages de cohésion sociale ».

Pour recruter de nouveaux adhérents, les groupes extrémistes surfent sur les échecs des politiques de développement. En effet, le manque d’emplois ou d’opportunités de subsistance, les inégalités ou l’exclusion sociale sont autant de maux exploités par ces groupes.

C’est pourquoi, le PNUD a entrepris de « travailler avec 40 pays pour améliorer la gouvernance et la prestation de services et renforcer la confiance entre les gouvernements et les citoyens ». Prévenir l’extrémisme violent, c’est aussi donner la chance à ceux qui ont basculé d’en sortir. « La réintégration, bien que difficile », semble être la voie la mieux indiquée pour la réconciliation et une stabilité à long terme, selon le rapport.

Pour faciliter le processus, le PNUD encourage les autorités dans la sensibilisation des communautés aux défis des rapatriés. Ces « survivants », grâce au partage de leurs expériences, peuvent aider à travers des informations cruciales sur les déclencheurs et les signes avant-coureurs.

Accord pour la paix : sur un fil

Confrontée à des difficultés de mise en œuvre depuis sa signature en 2015, l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger n’a jamais autant frôlé la rupture. Alors que le début de la Transition, en août 2020, avait suscité un espoir de relance chez différentes parties signataires, le processus de paix est à nouveau bloqué depuis décembre dernier. La médiation internationale s’active pour le relancer, mais l’avenir de l’Accord semble de plus en plus incertain.

Le désaccord persiste entre le gouvernement de transition et les mouvements armés signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Alors que ceux-ci (Coordination des mouvements de l’Azawad, Plateforme du 14 juin d’Alger et Mouvements de l’Inclusivité), réunis au sein du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD), demandent la tenue d’une réunion en terrain neutre pour discuter de la viabilité de l’Accord, la partie gouvernementale rejette toute rencontre en dehors du Mali.

Les mouvements du CSP-PSD ont d’ailleurs décidé le 21 décembre 2022 de suspendre leur participation aux mécanismes de suivi et de mise en œuvre de l’Accord jusqu’à la tenue de cette réunion avec la médiation internationale. En cause, « l’absence persistante de volonté politique des autorités de transition à appliquer l’Accord pour la Paix et la réconciliation au Mali issu du Processus d’ Alger et l’inertie de celles-ci face aux défis sécuritaires ayant occasionné des centaines de morts et de déplacés dans les régions de Ménaka, Gao et de Tombouctou ».

À Kidal, Bamako indexé

Saisie début décembre pour l’organisation de la réunion en terrain neutre, la médiation internationale, accompagnée d’une délégation d’ambassadeurs d’États membres du Conseil de sécurité de l’ONU et du Comité de suivi de l’Accord pour la paix, s’est rendue le 1er février à Kidal pour échanger avec les groupes armés signataires et mieux cerner leurs attentes.

Lors de cette rencontre, les groupes armés signataires ont réitéré avec insistance la demande de tenue d’une réunion en terrain neutre et appelé la médiation internationale à raffermir sa conduite du processus de paix et à assumer ses responsabilités. Celle-ci en retour a indiqué la tenue prochaine d’une réunion de médiation élargie afin de rapprocher les positions des deux parties. « La CMA a signé l’Accord après des pressions et des garanties de la communauté internationale et elle doit tenir ses promesses. Si la communauté internationale ne peut pas forcer le Mali à mettre en œuvre l’Accord pour la paix de 2015, alors il faut penser à une autre solution et nous ne pouvons pas rester dans cette situation parce qu’elle dure depuis trop longtemps », s’est agacé pour sa part, Bilal Ag Achérif, Chef du MNLA et ancien Président de la CMA. Le Président de la Société civile de la région de Kidal a quant à lui déploré un « recul dans le processus d’application de cet Accord concrètement exprimé par les autorités de la Transition » depuis le coup d’État d’août 2020 contre IBK.

Bras de fer

Pourquoi le Cadre des groupes armés signataires insiste-il autant sur la tenue d’une réunion sur la viabilité de l’Accord en terrain neutre ? Attaye Ag Mohamed, Chef de délégation de la CMA au Comité de suivi de l’Accord (CSA), soutient qu’un terrain neutre permettrait plus de se retrouver dans l’environnement dans lequel l’Accord a été négocié il y a 8 ans à Alger. « Nous l’avons demandé pour que ce climat de discussions directes, en face à face, avec la médiation internationale puisse se créer, pour voir où se situe exactement le problème. Si c’est au niveau du gouvernement ou à notre niveau à nous ou encore si c’est la médiation internationale elle-même qui ne joue pas son rôle », explique-t-il, reconnaissant également une « confiance de moins en moins existante » sur les questions de fond.

Le gouvernement de transition, qui n’adhère à aucune rencontre en dehors des réunions du CSA, encore moins en dehors du Mali, affirme toutefois son engagement à poursuivre sans équivoque la mise en œuvre diligente de l’Accord pour la paix, mais dans les normes. « Nous, nous sommes un État. Les autres sont des mouvements signataires. Le gouvernement a indiqué que lors des réunions du CSA, pour qu’un ministre du gouvernement du Mali y participe, nous souhaitons que les principaux leaders des mouvements soient eux-mêmes présents, parce chaque fois que le gouvernement envoie des ministres, nous avons en face de nous des experts. Il y a un déséquilibre », a clarifié le ministre Abdoulaye Diop devant le Conseil de sécurité de l’ONU le 27 janvier, regrettant la décision de suspension des groupes armés signataires qui va à « contre-sens de l’élan positif qui a été imprimé ces derniers mois » à la mise en œuvre de l’Accord.

Accord en danger ?

En lieu et place de la réunion demandée par le CSP-PSD, le Mali a sollicité l’Algérie, chef de file de la médiation internationale, pour la tenue d’une réunion du CSA à un niveau ministériel dès ce mois de février, pour permettre de reprendre le dialogue avec les parties signataires, a indiqué le ministre Diop. Mais, pour l’heure, le CSP-PSD, qui maintient sa suspension des mécanismes de mise en œuvre de l’Accord, n’entend pas y participer.

Selon Moussa Djombana, analyste politique et sécuritaire, bien que la tenue d’une réunion en terrain neutre puisse aider à relancer les discussions, il est possible de sauver l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali sans sa tenue, qui fait l’objet de mésententes entre le gouvernement et les groupes armés signataires. « Il faut encourager le dialogue direct entre les parties. L’engagement de la communauté internationale doit aussi être franc et sincère, tout en impliquant la société civile malienne, sans laquelle rien n’est possible en termes de décisions fortes engageant l’avenir de la Nation », préconise-t-il.

Pour certains observateurs, le blocage actuel dans le processus de mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger pourrait déboucher sur une rupture si les positions des parties prenantes restent tranchées. « Je ne vois pas dans l’immédiat comment le processus pourra être relancé. C’est assez difficile », confie une source proche de la médiation internationale, qui explique que le point fondamental de blocage est le transfert des grades des ex-combattants des groupes armés dans la chaîne de commandement de la nouvelle armée reconstituée. Une Commission ad hoc a été créée pour plancher sur la question, mais elle n’a guère avancé.

Dans cette atmosphère de dégradation des relations entre Bamako et les groupes armés signataires, la Coordination des mouvements de l’Azawad a annoncé la fusion de ses différents mouvements en un seul, le 8 février 2023. Une semaine plus tôt, son Président en exercice, Alghabass Ag Intalla, a procédé à la nomination d’un nouveau Chef d’État-major, le Colonel Hamad Rhissa Ag Mohamed. La nomination de cet « indépendantiste » peut être perçue selon notre source comme un message de désaccord avec le processus de paix tel qu’il est conduit actuellement par les autorités de transition.

Mais, Oumar Sidibé, Doctorant et Professeur-assistant en Relations internationales à l’Université RUDN de Russie, pense pour sa part que les récents évènements s’inscrivent dans la dynamique des rapports de force. « On peut en effet remarquer un refroidissement des relations entre la CMA et le gouvernement de transition. Mais aucun des deux n’a intérêt à mettre fin à l’Accord et à risquer de nouvelles mésaventures. Les intérêts de tous ces acteurs convergent vers la paix, mais divergent sur la façon de l’établir », analyse t-il.

Pour lui, par ailleurs, le seul acteur qui bloque l’Accord depuis des années est le peuple malien « qu’il faudrait peut-être penser à saisir par consultation ou referendum ». « Il y a une forte pression populaire et de fortes demandes en vue d’une relecture de cet Accord, pour reconsidérer certaines dispositions qui sont perçues comme anticonstitutionnelles ou discriminatoires », rappelle M. Sidibé.

Calmer le jeu

Chérif Mohamed Ousmane Ag Mohamedoun Haïdara, Président des Mouvements de l’inclusivité, dont certains seraient membres du CSP-PSD, n’est pas sur même longueur d’ondes que les dirigeants des autres mouvements signataires. Dans un communiqué publié dans la foulée de la rencontre de Kidal, il a indiqué que les Mouvements de l’inclusivité soutenaient fermement la décision des autorités de la Transition de réfuter toute rencontre inter Maliens en terre étrangère.

« Tous les mouvements signataires de l’APR ne sont pas inscrits sur les listes du CSP. De même qu’ils ne le sont pas tous sur celles de la CMA, qui tente de dissimuler son infortune sous le couvert du l’hydre toujours en gestation appelée CSP », a fustigé celui qui est également membre du CNT.

Mais, pour calmer le jeu et éviter l’escalade, le Général El Hadj Ag Gamou, chef du GATIA, a lancé dans une vidéo, le 6 février, un message d’apaisement aux différents acteurs du processus de paix, en les invitant à l’union pour venir au secours des populations qui souffrent de l’insécurité grandissante. « L’heure n’est plus au bras de fer entre responsables d’un même pays, mais à la mobilisation générale pour l’intérêt de la population, qui ne réclame que son droit à la sécurité et celle de ses biens », a plaidé le chef militaire, qui appelle à éviter une « guerre entre Maliens qui ne nous grandira pas ».

Olivier Dubois : 22 mois de captivité

Cela fait 22 mois soit 669 jours que le journaliste Olivier DUBOIS, ancien collaborateur du Journal du Mali est retenu en otage par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans lié à Al-Qaïda. Il a été enlevé à Gao dans le nord du pays le 8 avril 2021. La dernière apparition d’Olivier Dubois remonte au 13 mars 2022 sur les réseaux sociaux, sans précision de la date à laquelle les images avaient été tournées. Olivier Dubois, père de deux enfants est le journaliste français dont la détention est le plus longue depuis 30 ans. Le Parquet national antiterroriste français (PNAT) avait ouvert une enquête préliminaire pour « enlèvement en bande organisée » et « en relation avec une entreprise terroriste ». Les investigations ont été confiées à des juges d’instruction le 3 octobre, a fait savoir une source judiciaire, mardi 10 janvier.

 

Abdoul Sogodogo : « le Mali est un partenaire stratégique pour la Russie »                          

 

                          

Sergueï Lavrov, le ministre des Affaires étrangères de la Russie a effectué, le 7 février 2023, une visite « d’amitié et de travail » au Mali. Le Dr Abdoul Sogodogo, spécialiste des Relations internationales et Vice-Doyen de la Faculté des Sciences administratives et politiques de Bamako (FSAP) nous analyse les enjeux de ce déplacement. Propos recueillis par Aly Asmane Ascofaré.

 

Que retenir de la visite du ministre des affaires étrangères russe au Mali ?

 

Cette visite est une manifestation évidente de la bonne entente entre les deux gouvernements sur les grands défis actuels du monde notamment la crise sécuritaire au Sahel et en Ukraine. Pour le Mali, l’objectif est de trouver un allié capable de lui fournir l’équipement nécessaire pour son armée et de porter aussi la voix au sein du conseil de sécurité des Nations unies.  La Russie, semble être cet allié pour le Mali aujourd’hui.

 

Lors de sa conférence de presse, Sergueï Lavrov a dit que son pays voulait entretenir un partenariat gagnant-gagnant avec le Mali. Quel intérêt particulier la Russie vise au Mali?

 

Le Mali est un partenaire stratégique pour la Russie. Le Mali peut servir de point de pénétration de l’économie russe en Afrique de l’Ouest qui est un grand marché d’avenir.

Surtout que le Mali est géographiquement situé au cœur de l’Afrique l’Ouest et peut donc servir aisément de point d’impulsion pour les opérateurs économiques russes.

 

La Russie souhaite également se positionner dans le Sahel, mais également dans le golfe de Guinée pour combattre le terrorisme. Que pensez vous  de cette ambition de Moscou ?

 

La guerre d’influence entre la Russie et les pays de l’OTAN semble justifier son redéploiement en Afrique. La Russie a besoin du soutien des États africains au sein de l’Assemblée générale des Nations unies pour amorcer des réformes cruciales pour la survie de cette organisation. Cette organisation doit être refondée, car le Conseil de sécurité est au bord de l’implosion.

 

Les États du Sahel doivent-ils faire confiance aux Russes?

 

L’État est souverain et donc responsable de son choix qu’il doit assumer avec élégance. Il appartient à chaque Etat de veiller, à tout prix, aux intérêts de ces citoyens et de répondre à leurs besoins d’Etat. Je ne doute pas du sens de responsabilité des dirigeants africains à situer les intérêts de leur nation.

Fana : le récit de l’arrestation du principal suspect dans l’affaire des décapitations

Les autorités judiciaires de Fana ont annoncé l’arrestation du principal suspect dans la série de décapitations qui a créé la psychose dans cette ville. Récit d’une affaire hors norme.

Serait-ce l’épilogue du mystère des décapitations de Fana ? Depuis avril 2018 et le début de la série de décapitations dans la ville, les enquêtes n’avaient pas encore abouti. Pis, le mystère ne cessait de s’épaissir. Mais, en fin de semaine dernière, un suspect du nom d’Aldiouma Djibo, 42 ans, a avoué être l’auteur des crimes, selon les autorités judiciaires de la localité. 11 décapitations en tout, 10 à Fana et 1 à Bamako, d’après ce qu’il a affirmé aux enquêteurs. « Les détails qu’il donne des crimes correspondent à ce qui s’est passé » précise Boubacar Moussa Diarra, Procureur près du tribunal de Fana. Il ajoute que le suspect avait déjà été interpellé par le passé pour l’un des meurtres mais mis hors de cause faute d’éléments à charge probants.

En prison depuis 2021

L’enquête a commencé à évoluer après le 2 août 2021. Ce jour-là, Aguibou Bagayoko, un repris de justice d’une vingtaine d’années, avait été retrouvé décapité dans la concession qu’il occupait à Fana. La victime partageait une chambre avec Aldiouma Djibo et ce dernier avait rapidement disparu après le meurtre. Bagayoko, déjà condamné par la justice pour association de malfaiteurs et vol qualifié, fréquentait un groupe qui s’illustrait par ses larcins. Aux premières heures de l’enquête, tous les membres du groupe ont été arrêtés par la Police judiciaire. Mais les recherches se sont poursuivies, notamment pour retrouver Djibo. Dans un premier temps, les enquêteurs cherchaient à savoir s’il n’avait pas lui-même été victime du ou des assassin(s). Après plusieurs jours de traque, il sera localisé à Bamako, au niveau du quartier de Faladiè. Alors que les soupçons des enquêteurs à son égard grandissaient, il sera arrêté le 18 août 2021 dans une station d’essence près de la Tour de l’Afrique par le Commissariat du 7ème arrondissement. Transféré à Fana pour les besoins de l’enquête, pendant plusieurs mois il réfutera les accusations portées à son encontre et assurera ne pas être lié aux meurtres. Il restera cependant en prison et, depuis sa cellule, selon des sources proches de l’affaire, il essayera de semer le trouble. Il reconnaîtra les faits devant le Procureur Boubacar Moussa Diarra, avant de se rétracter devant le juge d’instruction en charge du dossier. Plusieurs semaines durant, les enquêteurs n’en tireront rien, mais une certitude se dégagera. Depuis l’arrestation de Djibo, plus aucune décapitation n’a été signalée. Ce n’est que début 2023 que la justice entrapercevra le bout du tunnel. Il assurera plus tard avoir choisi cette stratégie car craignant la peine qui lui serait infligée. Selon notre source, il est conscient qu’elle sera très lourde. « Des voleurs de bétails prennent plusieurs années, alors quelqu’un qui a tué… » se serait-il exprimé. Notre source poursuit en affirmant que les enquêteurs sont arrivés à le « persuader » de passer aux aveux. Comment s’y sont-ils pris ? Un voile couvre encore la réponse à cette interrogation.

Bemba Traoré, le facteur X

Dans la semaine du 23 janvier 2023, Aldiouma Djibo, avoue 11 meurtres, dont 1 dans la capitale. Il donne des précisions, avec des dates que seul le tueur ou un complice peuvent connaître. Les enquêteurs sont alors confortés dans la piste qu’ils exploitent depuis deux ans. L’assassinat de Bemba Traoré, un réparateur de radio d’une quarantaine d’années, sera le facteur X. Djibo raconte avoir remis sa radio et payé 1500 francs CFA à Traoré pour réparer son appareil. Mécontent du travail, il demandera quelques jours plus tard à ce dernier de le rembourser, ce que celui-ci refusera. D’après son récit, le réparateur de radio s’emportera contre lui et le menacera. Les jours suivants, il les passera à filer Traoré et à s’imprégner de ses habitudes. Il passera à l’acte dans la nuit du mardi 3 au mercredi 4 novembre 2020, jour de Maouloud. Traoré, marié, dort seul dans sa chambre alors que son épouse et ses quatre enfants dorment dans une autre pièce à côté. Djibo s’introduira chez lui et le surprendra dans son sommeil en lui assénant de violents coups de gourdin sur la tête, avant de le décapiter. Après le crime, il raconte avoir emporté avec lui le téléphone, la radio ainsi que la volaille de la victime. Les enquêteurs ont effectivement constaté que tout ceci manquait après le meurtre.

Sain d’esprit ?

Les motivations avancées par Djibo pour expliquer ses crimes tournent toutes autour de la vengeance. Le 13 mai 2018, une petite fille de 5 ans atteinte d’albinisme, Ramata Diarra est décapitée, éventrée et son sang et sa tête emportés. Aldiouma Djibo assure face au Procureur que c’est la mère de la petite fille qu’il visait. Quelques jours plus tôt, il aurait eu une altercation avec elle au marché. Mais, lorsqu’il s’est rendu dans leur maison, elle était absente. Il a donc pris sa fille pour se venger. Djibo connait bien la ville et ses habitants. Aux yeux de ces derniers, il est considéré comme un malade mental. Ses actions incohérentes ont contribué à cette conclusion. Il porte trois tenues les unes par-dessus les autres, avec de manière plus apparente une veste toute fripée et sale dans laquelle il garde des grains de mil. Muni d’un bâton, il appâtait des poules avec ce mil avant de leur taper dessus. La population locale l’a alors catalogué comme étant un malade mental qui se nourrissait de cadavres d’animaux. Avant cela, cet ancien talibé écumait les différents quartiers de la ville pour chercher l’aumône. Il était déjà décrit à cette époque comme étant à fleur de peau, supportant mal un « non » ou qu’on lui « manque de respect ». Grand amateur de reggae, il aimait cuisiner en écoutant ce genre musical.

Zones d’ombres

De multiples interrogations subsistent encore sur cette affaire et les investigations se poursuivent pour tenter d’y répondre. Djibo est-il vraiment sain d’esprit ? Se comportait-il ainsi simplement pour tromper la vigilance des locaux ? Le mobile des crimes était-il de la vengeance ou un rituel ? Est-il le seul impliqué ou a-t-il des complices ? Autant de questions dans une affaire qui n’a pas encore révélé tous ses secrets. Devant les autorités en charge du dossier, il assure par exemple avoir tué Binafou Touré, un gardien d’une antenne relais de la SOTELMA parce que ce dernier l’avait visé avec un lance-pierre. La famille de Touré a déposé plainte contre lui dans la ville, même si certains estiment ce mobile si léger qu’ils peinent à y croire. À la question « pourquoi décapite-t-il ses victimes ? », il aurait, d’après une source proche de l’enquête, assuré que c’était pour se protéger. Selon Djibo, un mort conserve dans ses yeux l’image de la dernière personne qu’il a vue. Ce serait pour cette raisons qu’il décapite ses victime et emporte leurs têtes avec lui. Toutefois, cette version n’a pas totalement convaincu les enquêteurs et la piste des crimes rituels n’est pas écartée. Car, en plus de la tête, le sang des victimes est prélevé. À quelles fins ? Les crimes rituels sont d’ailleurs l’hypothèse très vite le plus souvent avancée pour expliquer la série de décapitations. Et cela est renforcé par le profil de certaines victimes. Une jeune fille atteinte d’albinisme, une malade mentale et sa fille ou un ex-militaire décrit aussi comme un esclave. Mais, au-delà de ces cas spécifiques, les autres victimes n’ont rien qui les lie et aucune particularité. Les enquêteurs essayent encore de démêler tous les fils de cette affaire, qui n’a pas encore fini de faire parler d’elle.

Commerce : TradeMark Africa se déploie en Afrique de l’Ouest

TradeMark Africa, organisation non lucrative d’aide au commerce financée par les agences de développement des pays développés (essentiellement d’Amérique du Nord et d’Europe) a lancé ses activités en Afrique de l’Ouest ce 30 janvier, avec comme objectif d’y faciliter le commerce. La structure, créée en 2010 et dont le siège se situe à Nairobi au Kenya, avait jusque là opéré seulement en Afrique de l’Est, où elle a aidé, à l’en croire, à fluidifier le commerce (réduction des temps de transit des marchandises, amélioration de l’efficacité des frontières et réduction des obstacles aux commerce) et à favoriser l’intégration régionale en travaillant avec les organisations intergouvernementales régionales (UA, EAC, IGAD, COMESA, SADC), ainsi que le secteur privé et la société civile. Avec une enveloppe d’environ 80 millions de dollars, TradeMark East Africa (TMEA) qui devient TradeMark Africa (TMA) en se déployant en Afrique de l’Ouest, entend soutenir le Secrétariat de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et travaillera avec les organismes régionaux comme la Cedeao et ses États membres. En outre, TMA, dont le nouveau siège se situera au Ghana, « se concentrera sur le développement de corridors commerciaux numériques et verts », fait savoir l’organisation.

Sambou Yatabaré : l’ex-international malien incarcéré en France

Sambou Yatabaré, l’international malien du club français de ligue 2 Sochaux, a été incarcéré après une condamnation à de la prison ferme dans une affaire de violences remontant à 2017. 

Âgé de 33 ans, le footballeur malien Sambou Yatabaré a été interpellé et incarcéré à Besançon, dans l’est de la France, après une condamnation à de la prison ferme prononcée par le tribunal correctionnel de Bobigny, près de Paris, a annoncé le parquet hier vendredi 04 février 2023.

L’ex-international malien a été condamné à 12 mois de prison ferme le 4 janvier pour avoir frappé en 2017 un policier en civil lors d’une altercation sur un parking de l’aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle.

Yatabaré, qui jouait alors au Werder Brême, en première division allemande, avait été mis en examen pour violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique ayant occasionné une interruption totale de travail supérieure à huit jours, en l’occurrence 21 jours.

Selon le site internet du quotidien L’Équipe, qui cite des « sources concordantes », le joueur a été interpellé « mi-janvier peu avant l’entraînement de l’après-midi, alors que Sochaux venait de jouer au Havre ». Son club, Sochaux, a confirmé l’information, dans un communiqué publié ce jeudi, en ajoutant qu’«  aucun autre commentaire sur cette situation d’ordre privé, sans rapport avec le FCSM, ne sera fait par le club ».

Il n’avait pas pu assister à son procès, notamment en raison du fait qu’il avait omis de notifier un changement d’adresse au tribunal et n’était pas au courant de la tenue de l’audience, a indiqué Me Bouaou à L’Équipe. Son avocat dénonce une peine « incompréhensible » au regard de la nature des faits, très anciens et âprement contestés par son client. Une demande de mise en liberté a d’ores et déjà été déposée. Un nouveau procès dont la date reste encore à déterminer devrait bientôt se tenir. Sambou Yattabaré, frère cadet de Moustapha, a disputé 32 matchs avec les Aigles pour cinq buts inscrits entre 2008 et 2018.

 

GSIM – MSA : ce qui se joue derrière « l’alliance» de circonstance

Un peu plus de deux ans après sa dernière apparition, le chef du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) affilié à Al-Qaïda, Iyad Ag Ghaly, s’est montré dans une vidéo le 22 janvier dans la région de Ménaka. Selon plusieurs sources, il y était pour accepter l’allégeance de notables issus de tribus de la zone et membres du Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA). Ce ralliement, qui conforte un peu plus l’ancrage Al-Qaïda dans la zone, pourrait affaiblir le MSA et présager de nouveaux combats contre le groupe État islamique.

Selon nos informations, ces nouveaux membres du GSIM sont des notables de la communauté Daoussahak de la région de Ménaka. Une communauté issue de la tribu Tamasheq géographiquement présente dans une grande partie de la région de Ménaka et une partie du cercle d’Ansongo.

L’État islamique au Grand Sahara Sahel (EIGS) mène une offensive dans la région de Ménaka depuis mars 2022. Cette offensive, qui a conduit à des affrontements armés avec le GSIM, a occasionné des attaques non seulement contre les civils daoussahaks mais aussi contre les groupes armés, dont le MSA.

Systématiquement ciblés par l’État islamique depuis mars dernier (plusieurs tués) ceux-ci auraient préféré s’allier à « l’ennemi de leur ennemi », le GSIM, pour se défendre contre ces attaques.

L’analyste sécuritaire Ibrahim Maiga expliquait dans nos colonnes en avril dernier que les divergences entre les Daoussahaks, qui constituent le fer de lance du MSA, et la communauté peul Tolebe, fortement représentée au sein de l’EIGS, alimentaient le conflit entre le MSA et l’EIGS, au-delà des querelles d’ordre idéologique entre les deux camps.

« Ces derniers mois, ils (la communauté Daoussahak, ndlr) ont été meurtris par les attaques des groupes djihadistes, en l’occurrence l’État islamique. Pour sauver leur tête ils ont adhéré au GSIM. Iyad Ag Ghaly serait dans la zone depuis un moment et ils ont profité de cette présence pour lui prêter allégeance », explique Abdoul Nassir Idrissa, journaliste de la région. Il précise que ce n’est pas l’aile politique du MSA, mais plutôt « des notables, des chefs de tribus et fractions qui se sentent chaque jour persécutés ».

Le MSA impacté ?

Cette allégeance d’anciens membres du MSA au chef du GSIM n’a que peu surpris. Mais elle aura plusieurs implications dans l’évolution de la dynamique des forces en présence sur le terrain dans cette zone en proie à des combats pour son contrôle depuis des mois.

« Iyad Ag Ghaly marque sa présence à Ménaka. On sait tous qu’Al-Qaïda y était présent, mais d’une manière très timide, et c’est à la faveur de la guerre avec l’État islamique que le groupe s’est impliqué de plus en plus là-bas, à cause des échecs des autres factions face à l’État islamique. C’est sa façon à lui de montrer qu’il est soutenu dans la guerre contre l’État islamique », analyse une source spécialiste des mouvements djihadistes.

Si le chef terroriste y gagne dans l’ancrage d’Al-Qaïda dans la région de Ménaka, le MSA en revanche risque de s’affaiblir et de voir son influence réduite sur le terrain. Selon Abdoul Nassir Idrissa, la jeunesse daoussahak, qui constitue la branche armée du MSA, pourrait le déserter au profit du GSIM et le MSA pourrait devenir une coquille vide.

« Ces notables vont donner la majorité des jeunes daoussahak du MSA au GSIM et donc à Iyad Ag Ghaly », craint-il, soulignant aussi que le ralliement aux groupes terroristes de certains membres des groupes armés pro-gouvernement va créer « d’autres situations plus compliquées » sur le terrain.

Combats en vue

En relative accalmie depuis quelques semaines, les combats entre le GSIM et l’EIGS dans les régions du Nord pourraient reprendre très prochainement. Ce qui justifierait le renforcement des rangs du GSIM, qui, tout comme le groupe rival, a perdu beaucoup de combattants.

Dans une lettre attribuée à l’émir du GSIM de la région de Tombouctou en date du 16 janvier, ce dernier demande aux habitants de la localité d’Acharane (10 km de Tombouctou) de quitter les lieux pour ne pas être des victimes collatérales lors d’éventuels futurs affrontements.