Yves Bissouma : la renaissance

Un Nouvel entraineur change tout. Et ce n’est pas Yves Bissouma qui dira le contraire. Longtemps blessé la saison dernière, et cantonné aux bancs de touche par Antonio Conte, le Malien revit cette année avec l’arrivée d’Ange Postecoglou.

L’entraineur australien Ange Postecoglou a relancé Bissouma et en a même fait un de ses hommes de base. Et cette confiance, l’international malien la lui rend bien. Lors des sept matchs disputés cette saison par son club Tottenham, Bissouma a été phénoménale, élu à deux reprises homme du match face à Brentford et Manchester United. Le club de Londres n’a pas perdu le moindre match depuis le début de la saison de Premier League. Mieux, ils occupent actuellement la deuxième place du championnat, un point derrière Manchester City.  Précieux défensivement, Bissouma 27 ans l’est tout autant offensivement. Il est tout juste derrière les trois joueurs offensifs de l’équipe, celui qui est le plus impliqué dans les séquences d’attaques. Selon un graphique d’Opta Analyst, il est impliqué dans 20 phases pour 344 minutes disputées.

Cette saison sert de marqueur à Tottenham qui doit tourner plusieurs pages. Celle d’abord d’une saison ratée, le club a fin huitième lors de l’exercice 2022-2023. Les Spurs ont aussi besoin de stabiliser sur le banc après avoir éprouvé trois entraineurs la saison dernière. L’arrivée d’Ange Postecoglou qui a tout de suite eu une séance de travail avec Bissouma prouve cette volonté. « J’ai eu la chance que Bissouma soit là dès mon arrivée. Beaucoup de garçons jouaient en trêve internationale, et je l’ai en quelque sorte attrapé. La façon dont il s’entraînait à l’époque, lors des trois ou quatre premières séances, nous avions surtout des jeunes. Je lui ai dit : « Tu peux être un leader dans ce groupe ». Je connaissais déjà ses capacités et la façon dont il s’entraînait m’a permis de voir qu’il était prêt à s’engager dans cette voie. Le lendemain matin, il était en retard et je lui ai dit que pour être un leader, il fallait être à l’heure » a révélé le technicien australien sur TalkSPORT. Tottenham apprend aussi à vivre sans Harry Kane, son meilleur buteur de l’histoire avec 280 buts inscrits. L’International anglais s’est engagé avec le Bayern Munich durant l’été.

Yelema : désormais dans une « opposition » affichée à la Transition ?

Jusque-là très mesuré dans ses prises de position vis-à-vis des décisions prises et des actions menées par les autorités de la Transition, le parti Yelema de l’ancien Premier ministre Moussa Mara s’est montré particulièrement critique dans sa réaction suite à l’annonce par le gouvernement du report de la présidentielle, le 25 septembre dernier. Une nouvelle posture qui suscite des interrogations.

Même lorsqu’il était encore membre actif du Cadre des partis et regroupements de partis pour un retour à l’ordre constitutionnel, le parti Yelema prenait soin de ne pas endosser les positions les plus tranchées du directoire contre les autorités de la Transition.

En février 2022, lorsque le Cadre avait décidé de ne plus reconnaitre les autorités au-delà de la date prévue pour la fin de la Transition, Yelema s’était tout simplement désolidarisé de cette décision.

« Il y a eu des décisions que nous ne partagions pas, parce que le Cadre n’est pas une plateforme politique, encore moins un parti politique, juste un cadre d’échanges. Nous nous retrouvons sur des sujets sur lesquels nous travaillons à avoir le maximum de consensus, mais, s’il n’y a pas de consensus, je pense que les partis ont leur liberté de parole », se justifiait le 18 août 2022 le Président Dr. Youssouf Diawara. Pour certains, ces prises de position mesurées étaient aussi en partie guidées par le dossier judiciaire qui pesait sur le fondateur de Yelema. En novembre 2021, il avait été convoqué au Pôle économique de Bamako pour une affaire de malversations financières. M. Mara a rejeté en bloc ces accusations.

Lors du référendum du 18 juin 2023, Yelema, contrairement à d’autres formations politiques qui s’étaient clairement rangées dans les camps du « Oui » ou du « Non », a appelé chaque militant  et sympathisant à voter en accord avec « ses propres convictions », s’abstenant de donner une consigne ou d’opter pour un appel au boycott, même si le parti avait indiqué regretter le fait que le nouveau texte constitutionnel n’ait pas pris en compte ses préoccupations et ignorait les grands principes qui doivent guider les actions publiques et la pratique institutionnelle du pays. Le Porte-parole du parti, Hamidou Doumbia, pas en phase avec cette décision, a même milité dans une association prônant clairement le non pour la constitution.

Le ton du communiqué du parti Yelema en date du 25 septembre, en réponse au report de la présidentielle initialement prévue en février 2024, a été, contrairement à ses positions antérieures, l’un des plus virulents parmi les nombreuses réactions suscitées au sein de la classe politique.

« Langage de vérité »

La prolongation de fait de la Transition est-elle celle de trop, qui fait basculer le parti Yelema dans le rang des partis ou regroupements de partis politiques clairement « opposés » aux autorités de la Transition ? Cela semble être le cas. Mais, à en croire son Secrétaire politique et Porte-parole, Hamidou Doumbia, il n’en est rien.

« Le parti s’est toujours inscrit dans une opposition contre les mauvaises pratiques. La transition n’est pas une période où il y a une opposition et une majorité. Mais, à chaque fois qu’il y aura mauvaise pratique, le parti aura le courage de s’y opposer. C’est cette posture que nous avons depuis le début de la Transition ». 

« Quand nous pensons qu’il y a des actions qui sont positives, nous le disons. Quand il y a des actions qui ne sont pas justifiables et qui, pour nous, ne sont pas claires, nous avons toujours eu le courage de le dire et nous continuerons à le dire quoi que cela puisse nous coûter », poursuit-il.

Pour le Porte-parole de Yelema, le communiqué du 25 septembre n’est pas virulent, mais plutôt « véridique ». « Nous sommes dans une période de transition et nous ne pouvons pas parler d’opposition claire. Les partis politiques doivent certes accompagner la Transition, mais cela ne veut pas dire qu’ils doivent être dans une posture de bénis oui-oui et accepter tout ce que la Transition pose comme actes. Je pense que Yelema est dans cette dynamique. Ils ne sont pas dans une opposition déclarée, mais ils sont en train de dénoncer ce qui ne va pas selon eux », analyse Jean-François Marie Camara, enseignant-chercheur à la Faculté des Sciences administratives et politiques de l’USJP.

Suspension de visas pour la France : des étudiants maliens dans le désarroi

La France a suspendu début août la délivrance des visas pour les ressortissants du Mali, du Burkina Faso et du Niger en raison de la crise diplomatique qui sévit entre elle et ces trois pays. Cette décision impacte des étudiants maliens qui s’apprêtaient à aller poursuivre leurs études dans l’Hexagone.

« J’avais postulé à Campus France. J’avais fait toutes les démarches et j’avais eu une acceptation. Il ne me restait plus qu’à faire la demande de visa. Mais avec la situation géopolitique tout est chamboulé », se désole un étudiant malien qui a requis l’anonymat.

« Cela a commencé en août quand ils ont fermé le centre Capago (Centre de délivrance des visa français, Ndlr). Nous étions en attente de voir l’évolution de la situation. Mon rendez-vous était prévu vers fin août et j’avais pratiquement rassemblé tous mes documents. Malheureusement, il y a eu cette décision et je n’ai pas pu faire la demande », raconte-t-il, déplorant « une année de perdue » pour les étudiants en raison de la rentrée qui a déjà eu lieu en France. Selon une source à l’ambassade de France au Mali, des discussions sont en cours au sein de certains ministères français pour alléger la mesure de suspension pour les étudiants et les artistes. Des arbitrages sont attendus, assure-t-elle.

L’AEEM s’implique

Depuis le début cette situation, l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) a mené des démarches auprès des autorités françaises présentes au Mali et des maliennes pour tenter de trouver des solutions pour les étudiants maliens concernés.

« Au niveau du Bureau de coordination nationale, comme démarche nous avons entrepris des demandes au niveau des autorités françaises d’ici pour voir la possibilité pour nos étudiants d’avoir accès au visa dans d’autres pays, comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire. Malheureusement, nos démarches ont été vaines », explique Alfousseyni Niamassé Dissa, Secrétaire à l’Information du Bureau national de l’AEEM.

À l’en croire, ne pouvant rien face à ce problème diplomatique, le Bureau s’est appesanti auprès des autorités éducatives sur les mesures à prendre pour le bien-être des étudiants maliens déjà présents sur le sol français et l’orientation des autres bénéficiaires de la Bourse d’excellence vers d’autres pays.

Appelant les autorités à tirer leçon de ce cas de figure, l’AEEM estime qu’il est temps pour le Mali d’investir massivement dans la formation sur le territoire malien. « Le fait d’envoyer des Maliens étudier à l’extérieur est une bonne chose, mais le fait aussi de créer les conditions nécessaires ici au Mali pour leur permettre d’exploiter le génie en eux ne pourrait être que bénéfique », plaide Alfousseyni Niamassé Dissa.

Yerewolo : la vie sans « Ben le cerveau »

Yerewolo debout sur les remparts doit se passer depuis quelques semaines de son leader et « Commandant en chef », Adama Ben Diarra, dit « Ben le cerveau », condamné le 14 septembre dernier à 2 ans de prison, dont 1 ferme, pour atteinte au crédit de l’État. Comment le mouvement fait-il face à cette situation ?

En plus de « Ben le cerveau », Siriki Kouyaté, Porte-parole du mouvement, a été aussi placé sous mandat de dépôt le 8 septembre dernier. Alors que son jugement est prévu pour fin novembre, ses avocats ont introduit une demande de liberté provisoire dont le délibéré est attendu le 9 octobre prochain.

Malgré la mauvaise passe que traverse Yerewolo, ses activités régulières se poursuivent. Tenue des réunions hebdomadaires, messages de soutien aux Forces armées maliennes, prises de position sur l’actualité nationale et conférences, entre autres.

« Le mouvement se porte bien. Cela fait toujours mal de voir des camarades en prison mais nous continuons nos activités. Les camarades vont bien là où ils sont et ils nous demandent de continuer le combat. Nous avons déjà un plan d’actions bien défini et nous poursuivons sa mise en œuvre, peu importe ce qui arrive », assure Ibrahima Keita dit Makan, chef du « Compartiment » formation et instruction du mouvement.

À l’en croire, selon les statuts de Yerewolo, en l’absence d’Adama Ben Diarra, le mouvement est dirigé par le Secrétaire général Amadou Lamine Diallo. « C’est lui qui coordonne tout actuellement. Mais nous sommes une plateforme avec beaucoup de leaders. Toute décision qui est prise vient du Comité de pilotage », indique-t-il.

Fidèle à la Transition

Soutien affiché de la Transition depuis ses débuts, Yerewolo Debout sur les remparts ne semble pas avoir changé de cap, malgré le « divorce » entre son leader et les autorités actuelles. « Yerewolo demande aux militants et sympathisants de rester derrière la justice. Calme et retenue, surtout en ce moment où l’armée a besoin du peuple », avait lancé le mouvement juste après la condamnation de son leader, le 14 septembre dernier.

Deux jours après, suite à l’abrogation du décret de nomination d’Adama Ben Diarra au CNT, Yerewolo assurait les plus hautes autorités de tout son soutien et de son accompagnement pour une transition réussie. « Nous avons toujours estimé que cette transition était la nôtre. Nous ne faisons pas que la soutenir, nous la protégeons », glisse Ibrahima Keita.

Ligues des Champions CAF : l’AS Réal KO

Lourdement défait à domicile face aux Mauritaniens du FC Nouadhibou lors du deuxième tour préliminaire de la Ligue des Champions, l’AS Réal de Bamako est en passe de rejoindre la liste des clubs maliens qui ont échoué à se qualifier.

C’est une énième désillusion pour les clubs maliens dans la course à la qualification pour la phase de groupes de la Ligue des Champions CAF. Jamais une équipe malienne n’a encore réussi à passer le cap des tours préliminaires. Le Stade malien et le Djoliba AC s’y sont souvent cassé les dents. L’AS Réal de Bamako, champion du Mali la saison dernière, ne semble pas être en mesure de briser le plafond de verre. Les Scorpions ont lourdement chuté à domicile le 16 septembre face aux Mauritaniens du FC Nouadhibou 0-3. Une défaite, qui enterre quasiment tout espoir, surprenante mais méritée, tant la mainmise de l’équipe mauritanienne sur le match était évidente. « C’est une défaite surprenante face à une équipe qui n’a encore aucune référence sur le continent. Nous pouvons dire que l’AS Réal est quasiment éliminé », assure Souleymane Bobo Tounkara, journaliste sportif et Directeur des publications en français de l’Agence malienne de presse et de publicité (AMAP). Un infime espoir existe encore et les Scorpions s’y accrochent, guidés par le scénario du tour précédent. Après un nul frustrant à Bamako face au Coton Sport de Garoua 0-0 le 19 août, l’AS Réal s’est imposé au retour 0-2 sur la pelouse du club camerounais alors que les analystes voyaient déjà le club éliminé. Mais le contexte est différent face aux Mauritaniens, avec un retard de 3 buts à combler. Ce match devrait donc entériner la persistance du signe indien en Ligue des Champions. Depuis l’avènement de cette compétition succédant à la Coupe des Clubs Champions en 1997, aucune équipe malienne n’a réussi à atteindre la phase de groupes. Le Stade malien a été éliminé 17 fois contre 11 pour son rival du Djoliba AC. Malgré cette situation, le Mali peut encore espérer placer un représentant dans les compétitions continentales. Le Stade Malien s’est imposé le 17 septembre 2-0 face aux Aigles noirs burundais lors du deuxième tour préliminaire de la Coupe CAF. Engagés en Coupe de la Confédération, qu’ils ont remportée en 2009, les Blancs devront confirmer le 30 septembre au Burundi.

Adama Diongo : « ce n’est pas une trêve déjà décrétée mais une recommandation »

Dans la région de Bandiagara, les différents groupes armés pourraient observer une trêve de 3 mois à partir du 1er octobre prochain, à la demande des populations locales. Entretien avec Adama Diongo, Porte-parole du Collectif des associations de jeunes du pays dogon.

Une trêve de 3 mois pourrait être observée dans la région à partir du 1er octobre prochain. Qu’en est-il exactement ?

Nous l’avons appris dans les recommandations d’une rencontre qui s’est tenue à Bandiagara entre les populations elles-mêmes. Ce n’est pas une trêve qui a été déjà décrétée, mais c’est une recommandation des populations. Elles ont demandé aux différents groupes armés qui sont dans la zone, que ce soit les chasseurs ou les terroristes, que chacun observe une trêve de 3 mois. Certains pensent que les groupes armés se sont assis, ont négocié et signé un accord, mais ce n’est pas le cas. Ce sont les légitimités traditionnelles, accompagnées de toutes les autres forces vives, qui ont tenu une rencontre et qui ont fait une doléance.

Cela ne signifie donc pas qu’il n’y aura plus d’incidents sécuritaires pendant les 3 prochains mois…

Non, en rien. Lors de la rencontre, Da Na Ambassagou était dans la salle et ils ont reçu le message de façon directe. Au niveau des groupes terroristes, personne n’était représenté. La question s’est posée sur la façon de leur transmettre cette doléance. Il a été recommandé de trouver des émissaires et d’aller les rencontrer pour leur expliquer la volonté des populations de les voir s’inscrire dans ce cessez-le-feu.

Parmi les recommandations, il y a également l’accélération du processus du DDR en faveur des groupes d’auto-défense. Qu’est-ce qui bloque ?

C’est toujours le manque d’assurance qu’ils ne seront pas attaqués qui fait que les chasseurs n’ont pas adhéré au processus. Aller vers le DDR signifie mobiliser ses combattants, les cantonner et les mettre à la disposition d’une commission qui va les désarmer et les mettre dans un processus de récupération. Ce qui veut dire qu’ils seront immobilisés. Entre temps,  si leurs villages sont attaqués, comment pourront-ils se défendre ? C’est cette question qui les amène à ne pas adhérer au processus. Je pense que plus la sécurité sera de retour, plus les groupes d’auto-défense seront favorables au processus de DDR. Je crois que tout dépendra du degré de stabilisation de la zone.

Comment décririez-vous la situation sécuritaire actuelle dans la région de Bandiagara ?

C’est le statu quo. Les gens sont dans l’expectative. La population est toujours apeurée, même si ces derniers temps il y a eu des démarches pour relancer un peu les initiatives de stabilisation. Mais la confiance n’est pas encore revenue.

Interdiction d’importation de farine : un soulagement temporaire

L’importation de la farine de blé et des pâtes alimentaires a été suspendue jusqu’à nouvel ordre par arrêté interministériel n°2023-1960 MIC-MEF du 11 août 2023. Une décision provisoire destinée à booster les unités industrielles locales. Si la décision réjouit les acteurs de la filière, ils espèrent que la production nationale sera augmentée pour faire face aux besoins.

Après la crise en Ukraine, ayant entraîné une augmentation spectaculaire du prix du blé, plusieurs pays ont bénéficié d’octroi de blé par la Russie. Dans ce cadre, le Mali a reçu 50 000 tonnes. Une mesure qui a permis aux autorités de demander aux meuniers de céder le sac de farine de 50 kg à 24 000 francs CFA au lieu de 27 000, voire 30 000 par moment, selon Monsieur Mamadou Lamine Haïdara, Président de la filière Pain.

Si la décision est salutaire pour les distributeurs et les consommateurs, pour lesquels elle permet d’assurer le maintien des prix, elle doit être soutenue par une amélioration de la production pour faire face aux besoins. « Tous les Maliens doivent opter pour les produits locaux », estime Boubacar Yalcoué, Directeur général de MG Distribution. « Parce que les produits importés peuvent menacer des emplois ici. Or, nous avons plusieurs unités industrielles qui concernent des milliers d’emplois. Nos unités sont capables de couvrir les besoins », assure-t-il. Seulement, il insiste sur la qualité des produits. Si nos industries produisent des pâtes de qualité, il n’y a pas de raison que celles fabriquées ailleurs puissent leur faire concurrence.

Maîtriser les coûts

Il est possible d’offrir la farine à un coût raisonnable, assure M. Haïdara. « Seulement les meuniers font de la surenchère », ajoute-t-il. Même s’ils ont du blé à un coût raisonnable. L’augmentation du prix de la farine pourrait entraîner celle du pain, c’est pourquoi l’État intervient pour faire baisser les prix. S’il estime aussi que pour les pâtes, il faut améliorer la qualité, car toutes les unités n’en font pas une priorité. « Il faut une solution à long terme parce que cette mesure ne peut être que provisoire ».

« Il faut mettre en place les mécanismes et nous en avons les moyens », insiste-t-il, pour augmenter la production. Actuellement, le Mali ne satisfait qu’à environ 10% ses besoins en blé annuels. Chez les industriels ou dans la chaîne de distribution, la mesure, bien que provisoire, a un impact positif. « La demande n’est pas plus forte que l’offre et les usines tournent à fond », ajoute Boubacar Yalcoué.

Dr. Ibrahima Sangho : « le report de la présidentielle est inacceptable »

Dr Ibrahima Sangho, chef de la Mission d’observation des élections au Mali (MODELE- Mali) répond à nos 3 questions sur le report de la présidentielle.

Quel est votre regard sur le report de la présidentielle ?

Ce léger report n’est pas acceptable. Les autorités de la transition ont pris date avec les Maliennes et les Maliens pour 18 mois de transition et entre temps, avant la fin de ce délai, il y a eu les Assises nationales de la refondation, où il a été décidé de prolonger la transition pour 24 mois. À la fin de ces 24 mois on prolonge encore. Ce n’est pas acceptable.

Que pensez-vous des raisons invoquées par le gouvernement ?

Nous ne sommes pas d’accord avec ces raisons. Sur le plan technique, nous pensons qu’elles ne sont pas suffisantes. Il est toujours possible de tenir l’élection présidentielle en février 2024. Entre autres raisons invoquées, il y a le fait de vouloir conformer la loi électorale à la nouvelle Constitution. Pour nous, cela est tout à fait tenable. En octobre il y a la rentrée parlementaire au niveau du CNT. La loi électorale peut être revue à ce moment et il est possible de convoquer le collège électoral en novembre.

Doit-on craindre de nouvelles sanctions de la CEDEAO ?

Si jamais on s’amuse à prolonger la transition, ce sera un nouvel embargo et cette fois-ci il sera total de la part de la CEDEAO. Les Maliens doivent se préparer à cela. Il faut plutôt que l’on incite les autorités à tenir leurs engagements.

Transition : au rythme des reports

Le spectre d’une nouvelle prolongation planait déjà sur la Transition depuis un moment. C’est désormais officiel. L’élection présidentielle, initialement prévue pour février 2024, est reportée à une date ultérieure, a annoncé le gouvernement lundi 25 septembre.

« Les dates de l’élection présidentielle initialement prévue pour le dimanche 4 février 2024 (premier tour) et le dimanche 18 février 2024 (second tour) éventuellement, connaîtront un léger report pour des raisons techniques », a indiqué le ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, le Colonel Abdoulaye Maiga.

« Le Gouvernement de la Transition précise que les nouvelles dates de l’élection présidentielle feront l’objet de communiqué ultérieurement, après échange avec l’Autorité indépendante de Gestion des Élections (AIGE) », a-t-il ajouté.

Par ailleurs, a souligné le Porte-parole du gouvernement, « après un examen minutieux du chronogramme des réformes politiques et électorales (…) le Gouvernement de la Transition informe l’opinion qu’il décide d’organiser exclusivement l’élection présidentielle pour sortir de la Transition. Les autres élections feront certainement l’objet d’un autre chronogramme, qui sera établi par les nouvelles autorités sous les directives du nouveau Président de la République ».

Parmi les « raisons techniques » invoquées par le gouvernement pour justifier ce « léger report », la prise en compte des nouvelles dispositions constitutionnelles dans la Loi électorale, en particulier l’augmentation du délai entre les 2 tours de l’élection présidentielle, la prise en compte par l’AIGE des résultats de la révision annuelle des listes électorales dans le fichier électoral à partir de janvier 2024, « seul moyen d’assurer une large participation des Maliens aux prochaines élections », et la gestion de la « prise en otage » de la Base de données du Recensement administratif à vocation d’état-civil (RAVEC) par le prestataire Idemia, une société française.

Sur ce dernier point, selon les explications du gouvernement, Idemia conditionne le transfert de propriété du système aux autorités maliennes à un payement de plus de 5 milliards de francs CFA, somme restant due à la société au titre du marché.

Réactions diverses

L’annonce du report de la présidentielle de février 2024 a suscité des réactions au sein de la classe politique. À la Coalition des forces patriotiques (COFOP), la décision du gouvernement est favorablement accueillie. « Pour nous, ce n’est pas une surprise, parce que c’était déjà notre proposition. Nous avons estimé qu’en réalité la fin de la Transition c’est l’élection présidentielle. La communauté internationale ne s’intéresse pas aux communales et aux législatives. Il vaut mieux sortir de la Transition en organisant uniquement la présidentielle et laisser le Président élu organiser à son rythme les législatives et les communales », confie le Dr. Abdoulaye Amadou Sy, Président de la COFOP, soulignant que le délai supplémentaire pour l’organisation de la présidentielle ne devrait pas dépasser 3 mois.

Réaction contraire au parti Fare An Ka Wuli de l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, où le communiqué du gouvernement a été une surprise. « Nous, puisque nous avons pu tenir dans les conditions actuelles le référendum, qui a été salué par le gouvernement, pensions qu’après avoir été à même de se donner les moyens d’organiser ce référendum le gouvernement serait en mesure de mobiliser les mêmes ressources pour tenir la présidentielle à date », se désole Bréhima Sidibé, Secrétaire général du parti.

Dans un communiqué en date du 25 septembre et signé de son Président Dr. Youssouf Diawara, le parti Yelema, « le changement », indique que « cette nouvelle prolongation, outre qu’elle viole la Charte de la Transition, n’a fait l’objet d’aucune discussion interne entre les forces vives et ne saurait être une décision consensuelle ». « Le parti prend date devant l’histoire et met les autorités en garde sur les risques qu’elles font peser sur notre pays dans leur approche solitaire, non consensuelle, non inclusive, pour des objectifs inavoués ».

De son côté, le Parti pour la renaissance nationale (Parena) déplore également la non concertation préalable avec les acteurs politiques et de la société civile dans la prise de décision du gouvernement. Par ailleurs, pour le parti du Bélier blanc, « l’organisation d’élections est une volonté politique. Avec la volonté politique, certaines des raisons techniques invoquées pour justifier ce report pouvaient être évitées, notamment par la relecture de la Loi électorale et la gestion de la prise en otage du RAVEC ». L’Appel du 20 février, qui regroupe des partis politiques et des mouvements associatifs, et la Ligue démocratique pour le changement de Moussa Sinko Coulibaly ont également condamné l’initiative. Ce dernier dénonce une « tentative de prise en otage de la démocratie malienne ». Le RPM tendance Bokary Treta s’est dit surpris et a exprimé sa profonde inquiétude.

D’autres enjeux ?

Au-delà des raisons techniques avancées par le gouvernement de transition pour justifier le report de l’élection présidentielle, d’autres enjeux pourraient également être à la base cette décision.

Dans un contexte actuel de reconquête du territoire, avec l’occupation des anciennes emprises de la MINUSMA par l’armée malienne, y compris dans les zones qui échappaient au contrôle de l’État, notamment dans le nord du pays, le report de la présidentielle pourrait être une garantie de sa tenue plus tard sur toute l’étendue du territoire national dans de bonne conditions sécuritaires, constituant un gain politique pour les autorités de la Transition.

« Aujourd’hui, il faut constater que la récupération du territoire est en cours. C’est une guerre qui est déclenchée avec la CMA. Tenter de faire des élections sur l’ensemble du territoire en ce moment serait un peu hasardeux », pense l’analyste politique Boubacar Bocoum. « Je pense qu’une fois que la MINUSMA va partir, nous serons dans une crise maliano-malienne. Soit on fait la guerre, soit on se parle. Si c’est la guerre, il faudra la faire et ensuite passer aux élections. Si c’est se mettre d’accord dans l’esprit de réviser l’Accord ou de faire sa relecture intelligente, nous allons nous retrouver dans une posture où un dialogue sera établi. Sur la base de cela, on pourra passer aux élections », analyse-t-il. Toutefois, le gouvernement n’a pas mentionné la situation sécuritaire pour motiver son report, ce qui surprend plusieurs observateurs.

Sur un autre plan, la candidature du Président de la Transition à l’élection présidentielle de fin de la période transitoire n’étant pas exclue, certains observateurs estiment que le report de l’échéance initiale de février 2024 pourrait avoir été décidé pour lui donner le temps de démissionner éventuellement de l’armée, de se préparer et de se présenter à ce scrutin.

Boubacar Bocoum n’est pas de cet avis. Pour lui, les enjeux sont au-dessus de la personne du Président de la Transition et ne sont que d’ordre organisationnel. « La classe politique aujourd’hui ne peut pas battre le Colonel Assimi Goïta s’il décide de se présenter. Donc je ne pense pas qu’il ait besoin de retarder des élections en raison de sa candidature », tranche-t-il.

Nouvelles sanctions de la CEDEAO en vue ?

Avant le coup d’État au Niger, lors de son sommet du 9 juillet dernier à Abuja, la CEDEAO avait sommé les différents pays en transition, le Burkina Faso, la Guinée et le Mali, de respecter les chronogrammes établis, n’excluant pas la prise de nouvelles sanctions. L’organisation sous-régionale s’apprêtait d’ailleurs à envoyer le Président béninois Patrice Talon dans les trois pays pour relancer le dialogue au plus haut niveau avant qu’un nouveau putsch ne survienne au Niger, laissant l’initiative sans suite.

Avec l’annonce du report de la présidentielle au Mali, la CEDEAO pourrait envisager de prendre de nouvelles sanctions et de durcir le ton, envoyant par la même occasion un message aux autres pays en transition dans la sous-région. Pour l’heure, elle n’a pas encore officiellement réagi. Adama Ben Diarra, dit Ben le Cerveau, leader du mouvement Yerewolo Debout sur les Remparts, avait en août alerté sur les conséquences d’une nouvelle prorogation, assurant que les Maliens ne pourraient plus supporter les effets de nouvelles sanctions. Cette sortie médiatique hors des clous lui a valu des poursuites judiciaires et une disgrâce. Il est aujourd’hui en prison et n’est plus membre du CNT.

Toutefois, pour certains, la posture actuelle de la CEDEAO dans la crise nigérienne la fragilise et elle ne pourra plus se dresser véritablement contre la nouvelle prolongation de la transition au Mali. « Aujourd’hui, la CEDEAO est une organisation qui se cherche. Je ne pense pas qu’elle constitue encore un élément qui pèse dans les décisions des autorités actuelles », glisse un analyste.

Présidentielle de février 2024 : les autorités annoncent un report

Devant la presse ce lundi 25 septembre, le ministre d’Etat, ministre de l’administration territoriale, le Colonel Abdoulaye Maiga a annoncé le report de la présidentielle prévue en février 2024 (4 février premier tour- 18 février second tour). Parmi les raisons, il a évoqué l’adoption d’une nouvelle constitution, la révision des listes électorales mais aussi un litige avec une société française, Idemia, impliquée selon lui dans le processus de confection de RAVEC. Le Colonel Maiga a évoqué un léger report pour la présidentielle et les « nouvelles dates feront l’objet d’un communiqué ultérieurement, après échange avec l’AIGE ». Il a également précise que le gouvernement décide d’organiser, exclusivement, l’élection présidentielle pour sortir de la Transition. Les autres élections feront certainement l’objet d’un autre chronogramme qui sera établi par les nouvelles autorités, sous les directives du nouveau président de la République. Le 8 août dernier, le ministre d’Etat avait fait le point des différentes propositions des partis politiques sur le chronogramme de la transition. Au total 17 propositions ont été faites par 81 partis politiques sur les 291 sollicités par le gouvernement, soit un taux de réponse de 27,83%. 5 principales tendances se dégageaient des 17 propositions faites, en tête desquelles celle d’une « prorogation du délai de la Transition de 3 à 18 mois afin de bien organiser les élections à venir », mise en avant par 15 partis. 14 autres optent pour l’organisation des élections conformément au chronogramme adopté par le gouvernement, 12 proposent de tenir l’élection présidentielle à la date indiquée dans le chronogramme et de coupler les autres élections, 9 préconisent l’organisation des élections en 2024 « lorsque les conditions sécuritaires seront réunies » et, enfin, 8 partis politiques proposent d’organiser les élections législatives en premier lieu puis l’élection présidentielle, les futures autorités organisant les autres scrutins.

Alliance des États du Sahel : une coalition qui rebat les cartes dans la région

Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont signé le 16 septembre 2023 à Bamako la Charte du Liptako-Gourma instituant l’Alliance des États du Sahel (AES), dans le but d’établir une « architecture de défense collective et d’assistance mutuelle ». Cette nouvelle alliance ouvre également la voie à une plus large coopération sur le plan sécuritaire entre les trois pays et s’apparente à une coalition contre la Cedeao.

Cette Charte, composée de 17 articles et par laquelle le Mali, le Burkina Faso et le Niger « s’engagent à lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes et la criminalité en bande organisée dans l’espace commun de l’Alliance », est entrée en vigueur dès sa signature par les parties contractantes.

Pour Dr. Alpha Alhadi Koïna, géopolitologue et expert des groupes extrémistes au Sahel, la création de l’Alliance des États du Sahel est « tout à fait normale ». « Ce sont les 3 pays qui sont les plus touchés par le terrorisme. Avec le retrait du Mali du G5 Sahel, le fonctionnement normal de l’organisation n’était plus possible, parce que le Mali assurait la continuité territoriale ».

Intervention Burkina-Niger au Mali ?

« Les parties contractantes œuvreront en outre à la prévention, à la gestion et au règlement de toute rébellion armée ou autre menace portant atteinte à l’intégrité du territoire et à la souveraineté de chacun des pays membres de l’Alliance, en privilégiant les voies pacifiques et diplomatiques et, en cas de nécessité, à user de la force pour faire face aux situations de rupture de la paix et de la stabilité », stipule l’article 5 de la Charte.

Dans un contexte où les affrontements ont repris entre l’armée malienne et les ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), certains analystes soutiennent que cet article permettrait aux soldats burkinabé et nigériens de combattre aux cotés des FAMa dans le nord du pays.

« Logiquement, les autres pays de l’Alliance devraient nous appuyer dans la guerre contre les groupes armés irrédentistes du nord. Si cela ne se fait pas, cela veut dire qu’on n’a pas appliqués comme il faut les accords de la nouvelle alliance », estime le journaliste et analyste politique, Alexis Kalambry.

« Si les pays sont signataires, cela veut dire qu’ils souscrivent au contenu de ce document et il ne devrait pas y avoir de problème dans l’application. Rien ne les retient (Burkina Faso et Niger, Ndlr) à venir combattre aux côtés des forces maliennes », glisse pour sa part une autre source.

Mais, pour le Dr. Koïna, même si l’article 5 de la Charte du Liptako-Gourma permet au Burkina Faso et au Niger de prêter main forte au Mali en cas de besoin, un éventuel déploiement de ces forces n’est pas encore à l’ordre du jour. « Je pense qu’aujourd’hui on n’en est pas encore là. Les deux pays amis sont aussi occupés à lutter contre les groupes extrémistes chez euc. Il est donc fort probable que cela n’arrivera pas aujourd’hui », avance-t-il.

« Message » à la Cedeao

Alors que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) brandit toujours la menace d’une intervention militaire au Niger, pour rétablir le Président déchu Mohamed Bazoum suite au coup d’État du 26 juillet 2023, le Burkina Faso et le Mali ont déjà indiqué considérer toute intervention militaire dans ce pays comme une déclaration de guerre contre eux deux.

Dans la continuité de l’article 5, l’article 6 de la Charte stipule que « toute atteinte à la souveraineté et à l’intégrité du territoire d’une ou plusieurs parties contractantes sera considérée comme une agression contre les autres parties et engagera un devoir d’assistance et de secours de toutes les parties, de manière individuelle ou collective, y compris l’emploi de la force armée, pour rétablir et assurer la sécurité au sein de l’espace couvert par l’Alliance ».

« Cet article 6 de la Charte du Liptako-gourma fait figure de socle pour une éventuelle intervention du Mali et du Burkina Faso au Niger en cas d’intervention militaire de la CEDEAO. Il n’est autre que l’équivalent de l’article 5 de l’Otan. C’est une configuration inédite et un changement géopolitique majeur, avec ce pacte « Kaki » contre les autres membres de la CEDEAO », souligne Bakary Sambe, Directeur régional du Timbuktu Institute – African Center for Peace Studies.

JNIM : le groupe terroriste veut-il couper le nord du reste du pays ?

Le Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans (JNIM, acronyme arabe) cible de plus en plus les différents moyens de transport, laissant penser à la mise en œuvre d’une stratégie visant à couper le nord du reste du pays.

En se prenant au bateau « Tombouctou » le 7 septembre et à l’aéroport de Tombouctou 4 jours plus tard, le JNIM semble être dans une stratégie globale d’isolement des régions du nord du reste du pays.  

« L’objectif est clairement de couper le nord du pays. Je pense que contrairement à 2012, où ils ont massivement et brutalement occupé les régions du nord jusqu’à Konna, cette fois-ci ils sont en train de reconquérir les mêmes zones, avec beaucoup plus de subtilité », estime le journaliste Tiégoum Boubèye Maiga.

« Le blocus au niveau de Léré, qui va jusqu’à Nampala en passant par Konna et Douentza, signifie, qu’on le veuille ou non, que le Mali est coupé est deux. Le bateau était le seul moyen ces derniers temps, les routes sont coupées et maintenant les avions sont menacés. Cela veut dire que quelque part aujourd’hui la mobilité est inexistante », poursuit-il.

L’analyste politique et sécuritaire Soumaila Lah est du même avis. « Il y a le nord aujourd’hui qui est au centre de toutes les préoccupations. Je pense que le fait de s’attaquer à ces moyens de transport dénote de la volonté du JNIM de s’affirmer d’une part et d’envoyer un message clair à Bamako de l’autre, pour dire qu’ils ont toujours une certaine préséance et qu’ils se battront jusqu’au bout », analyse-t-il.

Ces attaques surviennent par ailleurs dans un contexte où le groupe d’Iyad Ag Ghaly a placé la ville de Tombouctou sous blocus depuis quelques semaines, arrêtant les approvisionnements de l’extérieur, en provenance notamment de l’Algérie et de la Mauritanie.  

Dans cette stratégie, le JNIM a visiblement un allié de taille, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), déterminée de son côté à ne pas céder les zones sous son contrôle à l’armée malienne, qui est en train de reprendre toutes les emprises de la MINUSMA.

Pour M. Lah, la collusion entre la CMA et le JNIM dans les attaques récentes est avérée. « Ce n’est pas un fait nouveau. En 2012 il y avait déjà cela. Je pense que le fait d’être aujourd’hui en position de faiblesse oblige ces organisations à cheminer ensemble pour éventuellement prendre le pas sur les FAMa », souligne le Coordinateur national de l’Alliance citoyenne pour la réforme du secteur de la Sécurité.

Réservistes : nouvelle dynamique au Mali et au Burkina Faso

Pour constituer des effectifs militaires, plusieurs pays du monde ont recours aux services de réservistes. Récemment confrontés à des défis sécuritaires importants, le Mali et le Burkina Faso ont envisagé de renforcer leurs effectifs militaires par des citoyens. N’appartenant pas à l’armée d’active, ils sont formés pour apporter un concours aux forces armées dans le cadre de la défense de la Patrie. Volontaires ou réservistes, ils constituent un appui aux militaires et leurs rôles varient en fonction des pays.

La réserve est constituée de 2 composantes. La première est composée de membres de la société civile avec ou sans expérience et d’anciens militaires s’étant engagés. Après une formation et un entraînement spécifique, ces hommes et ces femmes apportent un soutien temporaire qui peut être plus ou moins long en fonction des pays. Ils se voient confier les mêmes missions que les militaires actifs. Ils sont membres de la réserve opérationnelle.

Quand à la réserve citoyenne, elle est composée de volontaires qui sont agréés auprès des autorités en fonction de leurs expériences, mais aussi de leur intérêt pour les questions de défense. Leur soutien constitue généralement un appui au renforcement de l’esprit de la Défense nationale et au raffermissement des liens entre civils et militaires.

Nouvelle dynamique

Ce sont plus de 2 000 élèves fonctionnaires qui ont commencé à effectuer le Service National de Défense (SND) ce 11 septembre au Burkina Faso. À l’issue d’une formation civique et militaire de 3 mois, ils seront désormais des réservistes pour l’armée. C’est le 17 août 2023 que l’Assemblée législative de Transition (ALT) a adopté un projet de loi portant formation civique et militaire au Burkina Faso. Une loi qui, dès sa promulgation par le gouvernement, permettra que le SND concerne les jeunes de 18 à 35 ans. Ces réservistes constitueront avec les Volontaires pour défense de la Patrie (VDP) des appuis aux Forces de défense et de sécurité, espèrent les autorités. A noter, que plusieurs VDP ont déjà été tués dans des attaques terroristes au Burkina Faso.

En termes de réservistes, en Afrique, en 2022, on dénombrait en Égypte 479 000 personnes, en Algérie 150 000, au Maroc 150 000, en Tanzanie 80 000, en Ouganda 10 000, en Zambie 3 000 et aux Comores 1 600.

Les 10 premiers en Afrique en termes de réservistes ne sont pas en Afrique de l’Ouest et dans le classement 2022 des réservistes militaires par État, il n’existe pas de données sur le Mali et le Burkina Faso, selon la carte de l’International Institute for Strategics Studies, comme pour d’autres pays de la sous-région. Les deux pays sont donc dans une nouvelle dynamique de détermination de leurs effectifs dans ce domaine.

Paix et cohésion sociale : des partis politiques lancent un appel

26 partis politiques ont lancé un appel pour la paix et la stabilité au Mali. À l’initiative de l’URD, ces formations politiques se sont réunies les 13 et 15 septembre au Palais de la Culture pour formaliser le contenu de ce document. Dans le texte, signé le 18 septembre, les partis condamnent de la manière la plus ferme les meurtres et autres actes criminels commis à l’encontre des populations civiles innocentes et de leurs biens. Ils encouragent le gouvernement à prendre toutes ses responsabilités avec fermeté pour défendre l’unité, l’intégrité territoriale, la paix et la stabilité dans le pays, dénoncent le mutisme persistant et incompréhensible des défenseurs des droits de l’Homme, des États démocratiques, des organisations sous-régionales et régionales et rappellent que l’intégrité territoriale et la souveraineté du Mali sur l’ensemble de son territoire ne sont pas négociables. Les partis signataires sont entre autres l’URD, l’ADP-Maliba, l’ADEMA-PASJ et des partis mineurs. De nombreux partis d’envergure n’ont pas signé, notamment SADI, la CODEM ou encore le PARENA, dont les responsables assurent que la déclaration leur est parvenue en retard et qu’ils prendront le temps de l’étudier avant d’apposer une éventuelle signature. Le parti Yelema s’est refusé à tout commentaire. Le MPR, parti du Premier ministre Choguel Kokalla Maiga, a fait savoir qu’il n’avait pas besoin de signer un document pour montrer son soutien à la Transition.

Leo Lithium : suspension de la cotation en bourse

La compagnie minière australienne Leo Lithium, copropriétaire et opérateur de la future mine de lithium de Goulamina au Mali, a annoncé le 19 septembre la suspension de la cotation de ses actions à la bourse australienne ASX. La société précise que cette décision a été prise dans l’attente d’un autre communiqué sur une correspondance du gouvernement malien portant sur l’application du nouveau Code minier à son projet. Ce nouveau Code fait passer la participation de l’État et des investisseurs locaux à 35% contre un maximum de 20 % pour l’État dans l’ancienne loi. Promulgué le 28 août 2023 par le Président de la Transition Assimi Goïta, ce nouveau texte a pour objectif d’accroitre les revenus miniers, avec 500 milliards de francs CFA de recettes en plus attendus chaque année. Les compagnies minières souhaitent des précisions, car elles estiment que leurs permis miniers sont conformes aux règles en vigueur au moment de leur octroi. Une éventuelle réponse du gouvernement à la compagnie australienne devrait permettre de lever les équivoques, espèrent des acteurs miniers. Leo Lithium avait déjà annoncé le 4 septembre avoir suspendu l’exportation du minerai à expédition directe (DSO), à la demande du gouvernement malien, dans une correspondance adressée à la société le 17 juillet dernier.

Pour rappel, c’est la deuxième fois en quelques mois que Leo Lithium suspend la cotation de ses actions. La compagnie avait utilisé le même procédé entre juillet et août, avant d’annoncer la suspension de son projet d’exporter du minerai avant l’entrée en production de Goulamina l’année prochaine.

Réserve des forces armées : sonner la mobilisation

Le 13 septembre 2023, le Conseil des ministres a adopté un projet de décret fixant le Statut particulier de la Réserve des Forces armées et de Sécurité, concrétisant une dynamique de participation citoyenne à la défense de la patrie en cette période de crise. Si l’initiative salutaire permet de mobiliser les citoyens pour la défense du pays, les modalités de la mobilisation restent des questions à définir.

Alors que les choses semblent s’accélérer pour la mise en œuvre de la Réserve des Forces armées, tout reste encore à définir sur un plan pratique. Selon Fousseynou Ouattara, Vice-président de la Commission Défense du Conseil national de Transition (CNT), interrogé sur la chaîne TM1, il s’agit de permettre aux forces armées d’utiliser de façon optimale tout leur potentiel en cas d’agression ou de catastrophe. 

Le projet de décret, initié conformément à l’article 24 de la Constitution, dispose que « la défense de la Patrie est un devoir pour tout citoyen. Tous les citoyens âgés de 18 ans au moins peuvent être mobilisés aux côtés des Forces armées et de Sécurité pour la défense de la Patrie », précise le communiqué du Conseil des ministres

Son élaboration fait suite à l’application des dispositions de l’Ordonnance n°2023-015/PT-RM du 21 mars 2023 portant Statut général des Militaires, ainsi que de celles de la Loi n°2016- 038 du 07 juillet 2016 portant institution du Service national des Jeunes. N’appartenant pas à l’armée d’active, la Réserve est constituée de personnes appelées réservistes et formées pour renforcer ou apporter un concours aux Forces armées maliennes dans le cadre de la défense nationale. Le décret adopté précise les deux types de réserve, la réserve stratégique et la réserve opérationnelle.

La réserve stratégique est constituée des personnels du contingent du Service national des Jeunes ayant accompli le service militaire, des militaires dont la démission a été régulièrement acceptée, des militaires admis à faire valoir leurs droits à la retraite durant le temps où ils sont soumis à une obligation de disponibilité, qui est de cinq ans, des volontaires ayant souscrit un engagement et de toute autre personne ayant accompli le service militaire.

Lorsque la réserve stratégique est mise à la disposition du Chef d’État-major des Armées, elle est dite opérationnelle. Les réservistes mobilisés sont soumis au Statut général des Militaires et à toutes autres dispositions législatives et règlementaires en vigueur régissant les militaires. L’adoption du décret fixant le statut des réservistes est une nouvelle étape qui permettra désormais de déterminer l’état des réservistes et les conditions de leur mobilisation, d’assurer les garanties d’un renfort capital en cas de crise, de catastrophe naturelle ou de guerre, d’apporter un haut niveau de compétences supplémentaires aux Forces armées et de Sécurité et d’encourager les jeunes à contribuer à la Défense de la Nation.

Renfort naturel

Cet encouragement des jeunes à participer à la défense de la Nation est d’autant plus normal que ces derniers constituent les forces vives dont l’engagement est indispensable à sa vie, remarque Ousmane Abou Diallo, Président de l’Amicale des anciens du Service national des Jeunes (AMA- SNJ). « Le pays a besoin de tous ses fils et filles. La défense est un devoir pour tous parce que nous traversons des moments difficiles et que tout le monde doit jouer sa partition ».

Institué en 1983, le Service national des Jeunes ambitionnait de former des citoyens modèles, compétents et au service de la Nation.  Avec comme devise « Apprendre, servir et défendre », il constituait un véritable creuset pour fortifier l’esprit national civique et inspirer les jeunes générations, selon l’Amicale. De 1985 à 1991, le Service a formé 6 contingents ordinaires et 2 spéciaux, pour un effectif de plus de 6 000 personnes.

Après une interruption de 24 ans, le service a été de nouveau institué en 2016 avec d’autres objectifs. L’une de ses missions est de « contribuer à parfaire l’éducation, la formation physique, civique et professionnelle des jeunes en vue de leur participation effective et entière au développement économique, social et culturel du pays et de leur mobilisation pour les besoins de la défense nationale ». Entre 2018 et 2021, une cohorte de 1 300 jeunes a été formée et une autre, constituée exclusivement des admis au concours de la Fonction publique, également. La dernière promotion est constituée de ceux admis au concours de la Fonction publique en 2022.

Cette deuxième génération doit permettre de former des citoyens pétris de valeurs et capables d’assurer et d’assumer la souveraineté, espèrent les autorités. Souhaitée par l’Amicale des Anciens du SNJ, l’institution de la Réserve des Forces armées complète le dispositif de défense citoyenne voulu par les autorités pour impulser une nouvelle dynamique et former les ressources humaines indispensables à la mise en œuvre du Mali nouveau appelé de tous les vœux.

Devoir citoyen

En contrepartie de ses droits, il est attendu du citoyen l’accomplissement de ses devoirs envers sa patrie. Et l’un des premiers est celui de sa défense, surtout lorsque son existence est menacée. Parce qu’ils seront appelés à diriger le pays, les jeunes doivent en assurer aussi l’existence, car « pour diriger un pays, encore faut-il qu’il existe », note le Dr Bréma Ely Dicko, sociologue et membre de la commission de rédaction de l’avant-projet de nouvelle constitution (juillet-octobre 2022).

Appelés à travailler dans un environnement différent, les réservistes sont invités à compléter leurs connaissances « civiles » par des connaissances « militaires ». Une sollicitation en fonction des compétences, tient à expliquer M. Diallo, le Président de l’Amicale des anciens du SNJ. Il s’agit d’un devoir de servir que tout citoyen doit être fier de remplir. La défense de la patrie est un devoir et il incombe à tous.

« La Réserve n’est pas seulement pour ceux qui ont fait le service militaire », ajoute-t-il. Si tout le monde peut être mobilisé, ce n’est pas tout le monde qui « ira sur le front ». Lorsque le pays traverse les moments difficiles, c’est chaque Malien qui doit jouer sa partition, poursuit-il. Parce qu’à côté des fonctions de combat, d’autres fonctions sont également nécessaires à la défense.

Ce décret, « pris au bon moment », est une occasion pour tous les citoyens de se sentir concernés par la défense de la patrie. Assurant qu’au SNJ, ils « sont prêts » à répondre, il explique que même après leur période de mobilisation, les militaires à la retraite, par exemple, peuvent encore servir. En termes de formations, de conseils ou d’autres types d’appui.

Les jeunes ont suffisamment de droits et un des devoirs est de sauver le pays, renchérit Dr Bréma Ely Dicko. Donc mettre à disposition ces forces permet de créer le cadre officiel qui permettra d’identifier qui de droit le moment venu. C’est une mesure salutaire, parce qu’elle permettra d’anticiper d’éventuels besoins en réservistes.

Cela permettra aussi de raffermir le patriotisme chez les jeunes et de leur faire mieux comprendre comment fonctionne l’armée. « Nous avons besoin de développer l’orgueil national », estime pour sa part le Dr Amadou Traoré, sociologue, Chef de département à la Faculté des Sciences sociales de Ségou (FASSO). Et, pour ce faire, il faut du patriotisme. Ceux qui ont fait la formation militaire sont dotés de ce sens de la responsabilité et de l’amour de la patrie. Déplorant que, malgré la situation de guerre, certains ne se sentent pas concernés, il estime que « tous les Maliens sont des soldats », à différents degrés. Il faut donc construire une « mentalité commune ».

Sur le plan politique, cette formalisation de la Réserve peut constituer un espoir, parce qu’elle peut interpeller les citoyens sur la prise en compte des services régaliens que chacun doit rendre. Selon le Dr Traoré, l’idéal se construit, et pas en un jour. Il faut donc concrétiser notre devise « Un Peuple, Un But, Une Foi » à travers le patriotisme et la confiance en soi. « C’est d’abord aux Maliens de défendre leur patrie ». Si le pouvoir et la liberté appartiennent au Peuple, il doit les assumer au bout d’efforts à capitaliser.

 

Repères

Institution du SNJ : 1983

Suppression : 1991

Re Institution SNJ : 2016

Adoption Statut Réservistes : 2023

 

Léré : la CMA attaque deux camps de l’armée

La CMA a revendiqué hier dimanche l’attaque de deux camps militaires à Léré dans la région de Tombouctou. Les combats ont débuté vers 15h30 et ont duré plus de deux heures selon des sources locales qui ont affirmé que la CMA a pris possession des deux camps. Certaines des sources affirment que c’est une alliance CMA-JNIM qui lancé l’assaut contre les camps. Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux montrent les séparatistes dans les camps. Ils affirment également avoir abattu un avion de l’armée, un Albatros-L39.  L’armée a annoncé dans la soirée qu’une riposte était en cours et appelé les populations à rester sereines et éviter tout mouvement près des emprises. Ce lundi, dans un communiqué, l’armée assure que les FAMa sont actuellement mobilisés dans le secteur n°3 suite à l’attaque de Léré pour défendre ses positions et maintenir la paix et la paix et la sécurité des populations. « Notre mission principale dans cette opération est une fois de plus de détruire l’ennemi, de le dissuader de commettre tout acte d’agression et de protéger nos populations » peut-on y lire. Cette nouvelle attaque représente une escalade entre les principaux signataires de l’accord pour la paix de 2015. La CMA avait déjà revendiqué une attaque contre une position de l’armée à Bourem dans la région de Gao le 12 septembre dernier. L’état-major dans son communiqué n’a pas mentionné la CMA mais plutôt une attaque terroriste qui a causé la mort à 10 soldats et en a blessé 13. L’armée assure dans le même communiqué avoir neutralisé 46 terroristes. Ces combats interviennent alors que la MINUSMA doit bientôt rétrocéder ses camps situés dans des zones sous contrôle de la CMA à l’armée. L’attaque de Bourem visait notamment à empêcher de prendre possession des emprises de la MINUSMA. Le détachement de l’armée destiné à la région de Kidal y est basé.

RPM : vers un nouveau feuilleton judiciaire ?

Le président sortant du Rassemblement pour le Mali (RPM), Dr. Bocary Tréta, a été réélu à la tête du parti à l’issue d’un Congrès extraordinaire tenu les 26 et 27 août dernier. Loin de mettre fin aux divisons qui gangrènent le parti, ce congrès pourrait ouvrir un nouveau chapitre de la bataille judiciaire entre les deux tendances opposées pour son contrôle.

Pour les organisateurs de ce Congrès extraordinaire, plus de 75 sections du parti étaient favorable à sa tenue, ce qui dépasse largement les 2/3 recommandés par l’article 30 des statuts du RPM. Mais, selon la tendance opposée, qui a boycotté le rendez-vous, cela relève du « mensonge et de la manipulation ».

« Ils ont gonflé le nombre de nos structures et la qualité de la représentation des sections n’y était pas. Une semaine avant la tenue du congrès, notre tendance a réuni 41 sections de l’intérieur, qui n’ont pas participé au Congrès extraordinaire », affirme Maitre Baber Gano, Secrétaire général sortant du parti et Porte-parole du Collectif pour la défense des statuts et règlement intérieur du RPM (CDSRI-RPM).

Désaccords persistants

Ce collectif, qui avait saisi la justice pour l’annulation des résolutions du Comité central du parti tenu en décembre 2021, regroupe en son sein de grandes figures du RPM, dont, entre autres, Mamadou Diarrassouba, ancien Secrétaire à l’organisation et Président de la Fédération des sections RPM de Koulikoro, Mahamane Baby, ancien Secrétaire chargé de l’emploi et de la formation professionnelle, Issa N. Traoré, ancien Secrétaire politique adjoint, Mamédy Sidibé, ancien Secrétaire général de la section de Yanfolila, Siaka Batouta Bagayoko, ancien Secrétaire chargé de l’environnement, ou encore Mme Belco Samassékou, ancienne 2ème Secrétaire chargée des relations avec les élus.

Selon eux, Dr Bocary Tréta ne pouvait pas convoquer un congrès en raison de son statut d’ancien Président du RPM. Par conséquent, les membres du collectif avaient proposé la mise en place d’un directoire paritaire entre les deux parties pour renouveler les instances du parti à la base avant d’aller au congrès.

« Nous ne sommes pas allés au Congrès extraordinaire du 26 août, qui ne nous concernait pas, puisqu’il s’agissait d’un congrès organisé unilatéralement par un clan et qu’il était contraire aux statuts et règlements intérieur du parti et contraire aux décisions de justice qui sont intervenues dans le cadre du contentieux qui a nous a opposé à cette tendance », se justifie le Porte-parole du Collectif.

Toutefois, à en croire une source proche du camp Tréta, une Commission de conciliation avait été mise en place pour démarcher tout le monde avant l’organisation du congrès, mais elle s’est heurtée au refus catégorique des membres du collectif de toutes les propositions mises sur la table, celui-ci demandant en retour uniquement le départ de Bocary Tréta.

Riposte ?

Alors que pour certains, la réélection de Bocary Tréta à la tête du parti des Tisserands pour les cinq prochaines années ouvre la voie à un départ du RPM des membres de la tendance opposée, celle-ci ne s’avoue pas pour autant vaincue et compte mener des actions pour reprendre le contrôle du parti.

« Nous ne claquerons pas la porte du RPM. C’est nous qui avons construit ce parti et nous n’allons pas détruire ce que nous avons construit. Nous allons obliger les fraudeurs à se mettre dans les rangs. Le parti ne pourra pas être dirigé par une bande de meneurs de hold up. C’est un hold up politique qu’ils ont fait ,mais nous allons y mettre fin », promet Me Gano, qui affirme par ailleurs attendre la publication des résolutions issus des assises des 26 et 27 août pour entamer des actions contre ce « congrès putatif, qui n’a pas d’existence légale ».

« Ce bureau sera attaqué et il tombera. Ce congrès ne peut pas demeurer dans les annales des congrès du parti. Ils ont organisé un Congrès extraordinaire alors que nous étions dans le cadre d’un congrès ordinaire », clame l’ancien ministre de l’Intégration africaine.

BCEAO : le taux directeur relevé à 3,25%

Le Comité de politique monétaire (CPM) de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a décidé, lors de sa session ordinaire du 6 septembre 2023, du relèvement des taux directeurs de la Banque centrale à compter du 16 septembre 2023. Le principal taux directeur auquel la banque centrale prête aux banques commerciales passe de 3 à 3,25%. Une décision destinée à prévenir les risques liés à l’inflation.

Avec une croissance projetée à 5,6% en 2023, l’activité économique dans la sous-région reste plutôt dynamique, selon la BCEAO. Les crédits au financement évoluent au rythme annuel de 16%. Et l’inflation, qui avait atteint 5,8% au premier trimestre 2023, a baissé à 4% au deuxième trimestre, pour se situer à 3,4% en juillet.  Mais pas encore au niveau de la cible, la fourchette de 1 à 3%.

Il y a aussi des risques d’inflation sur les produits pétroliers et il existe des risques dans la sous-région qui peuvent avoir un impact sur la production. L’inflation sur le plan international reste élevée, entraînant des difficultés pour mobiliser les fonds internationaux. Toutes choses qui justifient, selon les responsables de la BCEAO, le rehaussement des taux directeurs.

Prévenir la concrétisation des risques

En ce qui concerne le Mali, l’inflation annuelle moyenne a augmenté pour atteindre 9,7% en 2022, essentiellement en raison des coûts des denrées alimentaires, selon la note de la Banque mondiale sur la situation économique du Mali en 2023. S’agissant des projections, le rapport note que les perspectives 2023 sont soumises à des risques liés au calendrier électoral et au resserrement des conditions financières. L’augmentation du coût du financement sur le marché régional sur les 12 derniers mois est aussi un facteur de risque important, compte tenu des besoins élevés de financement intérieur.

Le resserrement de la politique monétaire a aussi entraîné une hausse des rendements des Bons du Trésor à 6-12 mois et des Obligations du Trésor à 5 ans dans les pays de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA).  « Les risques de liquidité et de refinancement et les difficultés des finances publiques qui en découlent pourraient peser sur l’économie au sens large et sur la société, en réduisant les dépenses sociales et les investissements et en accentuant potentiellement l’accumulation des arriérés ».

La note de la Banque mondiale attire aussi l’attention sur les risques que font peser les chocs climatiques sur l’agriculture et le pastoralisme, mais indique qu’il sera possible de réduire l’impact en renforçant la résilience financière grâce à des instruments pour protéger ces secteurs.

Sécurité : la guerre entre dans une nouvelle phase

La situation sécuritaire dans le nord du pays s’est considérablement dégradée depuis le début du mois de septembre, avec la multiplication des attaques terroristes visant des positions des Forces armées maliennes (FAMa) mais aussi des civils. Par ailleurs, alors que l’armée s’apprête à reprendre les camps de la Minusma dans la région de Kidal, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), de son côté, est déterminée à garder les zones sous son contrôle.

49 civils et 15 militaires tués, des blessés et des dégâts matériels. C’est le bilan provisoire donné par le gouvernement de la double attaque terroriste revendiquée par le Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans (JNIM) le 7 septembre 2023, contre le bateau « Tombouctou » reliant Gao à Mopti et la base militaire des FAMa à Bamba, dans la région de Gao.

407 rescapés de cette attaque sont arrivés le jour suivant à Gourma-Rharous, où dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, ils appelaient les autorités de la Transition à l’aide. « Tous mes enfants sont morts, ma famille entière, il ne me reste plus que mon petit-fils, que vous voyez avec moi », se lamente un vieil homme devant un groupe de rescapés qui scande : « nous voulons quitter ici ». « Nous avons perdu beaucoup de personnes, des enfants tout comme des adultes et des personnes âgées. Nous sommes fatigués. Nous n’avons ni à manger ni à boire, nous avons tout perdu dans cette tragédie. Nous voulons rentrer chez nous », confie, très remontée, une femme. Ce sont les affres, les dernières d’une guerre qui s’étend et devient de plus en plus meurtrière.

Le 8 septembre, au lendemain de cette double attaque, le camp militaire de Gao a été à son tour la cible d’une attaque terroriste faisant une dizaine de morts et des blessés parmi les Forces armées maliennes, suivie 3 jours après, le 11 septembre, de tirs d’obus à l’aéroport de Tombouctou occasionnant des dégâts matériels dans le camp de la MINUSMA s’y trouvant.

Guerre ouverte

Au même moment où les attaques du JNIM se multiplient, la CMA, de son côté, mène des actions dans le but d’empêcher la perte des zones qu’elle contrôle dans le nord du pays. Dans un communiqué en date du 10 septembre, le Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD), regroupant la CMA et d’autres mouvements signataires de l’Accord pour la paix, « tout en désignant la junte au pouvoir à Bamako comme seule responsable des conséquences graves qu’engendrera sa stratégie actuelle de rompre le cessez-le feu », déclare « adopter dorénavant toutes mesures de légitime défense contre les forces de cette junte partout sur l’ensemble du territoire de l’Azawad ».

« Le CSP-PSD appelle les populations civiles à s’éloigner au maximum des installations, mouvements et activités militaires et les assure que ses forces feront de la sécurisation des personnes et de leurs biens leur priorité contre toutes sortes de menaces », poursuit le communiqué, signé du Président Alghabass Ag Intalla. Mais le Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA) et la Plateforme des mouvements du 14 juin d’Alger s’en sont désolidarisés pour n’avoir pas été associé à la rédaction de la déclaration.

Le 11 septembre, dans une « communication en temps de guerre », la cellule d’information et de communication des affaires militaires de l’Azawad, créée quelques jours plus tôt, demandait « à tous les habitants de l’Azawad de se rendre sur le terrain pour contribuer à l’effort de guerre dans le but de défendre et protéger la patrie et ainsi reprendre le contrôle de l’ensemble du territoire national azawadien ». Pour concrétiser ses menaces, la CMA est passé à l’acte le 12 septembre en s’attaquant à une position de l’armée malienne à Bourem, dans la région de Gao. Selon certaines sources, le dispositif de l’armée malienne qui doit reprendre les camps de la MINUSMA dans la région de Kidal est stationné dans cette zone. Les combats violents ont duré plusieurs heures et la CMA s’est repliée suite à l’intervention des vecteurs aériens de l’armée, qui ont effectué de nombreuses frappes. L’État-major général des armées, qui n’évoque pas la CMA dans son communiqué, parle « d’une attaque complexe aux véhicules piégés de plusieurs terroristes à bord de plusieurs véhicules et motos ». Bilan, « 10 morts et 13 blessés dans les rangs des FAMa et 46 terroristes neutralisés, plus de 20 pickups détruits, y compris ceux équipés d’armes ». Signe que la collusion réelle entre la CMA et le JNIM, comme ce fut le cas en 2012, est désormais bien intégrée dans la communication de l’armée. Ces affrontements directs entre les deux principaux protagonistes signent aussi la « mort cérébrale » de l’Accord pour la paix signé en 2015, du moins en l’état, à moins que la communauté internationale, en l’occurrence l’Algérie, chef de file de la médiation, jusqu’alors silencieuse, ne tente de faire rasseoir les parties autour de la table.

Nouveau tournant

En attendant, pour l’analyste politique et sécuritaire Moussa Djombana, la montée des tensions dans le nord s’explique par une combinaison de facteurs, notamment la volonté d’occupation de l’espace laissé par le départ progressif de la MINUSMA et le renforcement des capacités militaires des FAMa, qui envisagent des offensives, y compris dans les zones couvertes par le cessez-le-feu de 2014. « Cela a provoqué la colère de la CMA, qui interprète cela comme une violation du cessez-le-feu et une agression », souligne-t-il.

La reprise des hostilités, qui semblait inévitable entre les deux camps, fait basculer la situation sécuritaire dans le pays dans une nouvelle phase depuis la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation en 2015.

À en croire M. Djombana, elle risque de se détériorer davantage par la suite. « Pour les autorités maliennes, les opérations visent les groupes armés terroristes, pas la CMA. Cependant, pour la CMA, la violation du cessez-le-feu de 2014 et la caducité de l’Accord pour la paix sont une réalité depuis quelque temps. Les FAMa ont pris Ber grâce à une opération militaire d’envergure, un bastion de la CMA depuis 2012, ce qui augmente la probabilité de nouveaux affrontements », analyse-t-il.

Même son de cloche chez le géopolitologue et expert des groupes extrémistes au Sahel Dr. Alpha Alhadi Koïna. « On sait qu’aujourd’hui les groupes armés ne veulent pas du tout laisser l’armée s’installer confortablement dans certaines zones qu’ils prétendent être leurs fiefs. Ber était l’une d’elles. Aujourd’hui, l’armée est aussi déterminée à occuper Aguelhok, Tessalit et plus tard Kidal. S’il n’y a donc pas de négociations, il est fort probable que des affrontements aient lieu », avance-t-il.

Pour Dr. Koïna, la position et la posture actuelle des groupes armés s’expliquent par le fait que la MINUSMA étant en train de partir, « ils essayent d’occuper le plus tôt possible le terrain et d’harceler l’armée avant qu’elle ne puisse se positionner. Pour y parvenir, il est important pour ces groupes armés et terroristes de terroriser la population et de faire peur à l’armée ». « La CMA a tout à perdre si l’armée malienne récupère Kidal. Il est tout à fait normal qu’elle essaye de tout faire pour rester sur ses positions », glisse-t-il.