Sécurité : Nouveau tournant dans la guerre entre l’armée et les séparatistes

Repliés à Tinzawatène depuis des mois, après avoir été délogés de leur ancien bastion de Kidal, les groupes armés indépendantistes touaregs viennent de subir un nouveau revers dans cette localité, près de la frontière algérienne. Alors que ces derniers, désormais réunis au sein du Front de Libération de l’Azawad (FLA), aspirent à l’indépendance, l’armée malienne durcit ses frappes contre eux dans la zone. L’intensification de la guerre semble inévitable.

Le Front pour la Libération de l’Azawad, mis en place le 30 novembre 2024 après la dissolution du Cadre Stratégique Permanent pour la Défense du Peuple de l’Azawad (CSP-PDA), a été la cible de plusieurs frappes de drones coordonnées des Forces Armées Maliennes dès le lendemain de sa création, le 1er décembre.

Plusieurs cadres de la rébellion ont été tués, dont Fahad Ag Almahmoud, ancien Secrétaire général du Groupe d’Autodéfense Touareg Imghad et Alliés (GATIA), qui était proche des autorités de Bamako avant de changer de posture ces derniers mois.

Parmi les autres membres du FLA neutralisés figurent Choghib Ag Attaher, ancien député de Kidal, Sidi Ag Baye, Porte-parole influent du MNLA, Mossa Ag Baye, responsable militaire de l’ex-CSP, Mohamed Ag Acherif, haut cadre du GATIA,  Bachar Ag Ahmad, cadre politique de la rébellion, Albaraka Ag Alfaki, stratège militaire, et Ousmane Ag Mohamedine, cadre du mouvement.

Tensions

Si ces pertes dans les rangs du tout nouveau Front des rebelles du Nord représentent un coup dur pour le mouvement, cela semble également les avoir galvanisés dans leur objectif de « libération totale de l’Azawad » et de mise en place de l’Autorité de l’Azawad.

« Les révolutionnaires tombent et tomberont encore, mais la révolution ne s’en ressentira que plus forte, plus résistante et encore plus ancrée », a indiqué le Porte-parole du FLA, Mohamed Elmaouloud Ramadane, dans un communiqué, le 1er décembre.

Il a ajouté que le FLA était plus déterminé que jamais à faire aboutir, par tous les moyens légaux et légitimes, le bien-fondé de la cause pour laquelle le sang de ses martyrs est quotidiennement versé.

De son côté, le Chef d’État-major Général des Armées a salué une opération spéciale d’envergure visant à « démanteler le réseau structuré des leaders terroristes et à déstabiliser leur chaîne de commandement ».

L’armée a par ailleurs annoncé que les opérations de contrôle des zones se poursuivront dans cette partie du pays pour « pérenniser cette victoire ».

Riposte du FLA ?

Certains observateurs craignent une escalade de la violence et un regain des tensions entre l’armée et les indépendantistes du FLA. Mais, au-delà de la posture « va-t-en guerre » affichée par les rebelles après le revers du 1er décembre, jusqu’où le Front peut-il aller dans sa quête indépendantiste ?

« Il ne faudrait pas sous-estimer leur capacité de riposte face à l’armée malienne, même si celle-ci est aujourd’hui en position de force. Le FLA va certainement vouloir venger la perte de ses cadres et se donnera les moyens d’y parvenir », prévient un spécialiste des groupes armés au Sahel qui a requis l’anonymat.

Cependant, pour l’analyste politique Dr. Bréhima Mamadou Koné, les « terroristes » regroupés au sein du nouveau Front mettront du temps à se réorganiser. « Il y a eu une fissure dans leur chaîne de commandement. Il sera compliqué pour ces groupes de se réorganiser et de s’attaquer dans l’immédiat aux positions de l’armée régulière ou aux civils », estime-t-il.

« Aujourd’hui, ils se concentrent sur la manipulation idéologique et la propagande. Mais cette propagande n’ira pas loin. Sur le terrain, l’armée régulière a pris le dessus », poursuit Dr. Koné.

Toutefois, la possibilité d’un changement de stratégie de ces groupes armés, désormais unifiés en une entité politico-militaire, n’est pas à exclure. Plusieurs figures-clés du mouvement sont toujours en vie et pourraient redéfinir de nouvelles stratégies de guerre en fonction des réalités du terrain.

Par ailleurs, le Front pour la Libération de l’Azawad pourrait s’allier à d’autres groupes terroristes pour mener conjointement de prochaines attaques.

Mohamed Kenouvi

Tinzaouatène: Plusieurs cadres de la rébellion tués par des frappes aériennes des FAMa

Dans une opération militaire, les Forces Armées Maliennes (FAMa) ont mené, ce dimanche à l’aube, plusieurs frappes aériennes à Tinzaouatène, une localité située à la frontière algérienne.

 

Cette action ciblait une réunion de hauts responsables du tout nouveau Front de Libération de l’Azawad (FLA), formé le 30 novembre dernier. Plusieurs figures influentes de la rébellion ont été éliminées, marquant un coup dur pour les groupes armés du nord du Mali.

Le 30 novembre 2024, le Cadre Stratégique pour la Défense du Peuple de l’Azawad (CSP-DPA) a annoncé sa dissolution ainsi que celle de tous les mouvements armés en son sein pour faire place à un mouvement unifié : le Front de Libération de l’Azawad (FLA). Cette décision, prise lors d’une réunion tenue à Tinzaouatène depuis le 26 novembre, visait à unifier les forces armées et politiques des Touaregs sous une seule bannière. Bilal Ag Acherif, ancien leader du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), a été désigné secrétaire général de ce nouveau mouvement. L’objectif affiché du FLA était de renforcer « la défense des intérêts du peuple de l’Azawad » face à l’insécurité et de poursuivre les revendications d’autodétermination.
Les Forces Armées Maliennes, dans leur offensive, ont utilisé des drones pour localiser et frapper les leaders du FLA réunis à Tinzaouatène. Cette frappe a entraîné la mort de plusieurs figures clés, parmi lesquelles figurent Fahad Ag Almahmoud, ancien secrétaire général du Groupe d’Autodéfense Touareg Imghad et Alliés (GATIA), qui avait récemment adopté une posture séparatiste ; Sidi Ag Baye, porte-parole influent du MNLA, jouant un rôle clé dans les négociations et les relations publiques du mouvement ; Mohamed Ag Acherif, haut cadre du GATIA, respecté dans la structuration des nouvelles entités politiques du nord du Mali ; Mossa Ag Baye, responsable militaire du FLA, connu pour ses compétences stratégiques ; Choghib Ag Attaher, élu député de Kidal sous la bannière du RPM en 2020 ; Albaraka Ag Alfaki, stratège militaire du FLA ; et Bachar Ag Ahmad, cadre politique du FLA, impliqué dans les relations diplomatiques et stratégiques du mouvement.
Un coup dur pour le FLA et les groupes armés du nord
La mort de ces figures de proue représente un revers majeur pour le FLA, qui est à peine créé. Cependant, l’élimination de ces leaders risque de générer des tensions supplémentaires dans une région déjà marquée par une forte instabilité. Les observateurs redoutent une recrudescence des affrontements entre les groupes armés et les forces armées maliennes.
Vers un nouveau paradigme sécuritaire ?
Le communiqué annonçant la création du FLA insistait sur « l’unité et la défense des intérêts du peuple de l’Azawad ». Cet événement remet en question l’avenir du mouvement, qui pourrait désormais faire face à une désorganisation interne.
Les FAMa, de leur côté, ont réaffirmé leur engagement à lutter contre le terrorisme et le narcotrafic dans le nord du Mali. Ce succès militaire renforce leur position, mais les enjeux restent complexes. L’équation qui se pose est de savoir comment concilier les efforts militaires et les initiatives de dialogue pour une paix durable.
Cette opération, bien qu’acclamée par le gouvernement malien comme une avancée stratégique, dévoile les défis persistants dans la quête de stabilité et de sécurité au Mali.