Le Djoliba et le Stade Malien dans le Gotha du football africain

 

Le 22 septembre fut non seulement l’occasion de célébrer le 64ème anniversaire de l’indépendance du Mali, mais aussi un jour de triomphe pour le football malien. En effet, les deux clubs les plus prestigieux du pays, le Djoliba Athletic Club (DAC) et le Stade Malien de Bamako (SMB), avec chacun 23 titres de champion national, ont ravi leurs supporters en se qualifiant pour les phases finales des deux compétitions africaines interclubs : la Champion’s League et la Coupe de la Confédération (Coupe CAF).

Après deux tours préliminaires rassemblant 58 clubs dans chaque compétition, les représentants maliens ont surclassé leurs adversaires respectifs. Le Djoliba a éliminé l’ASKO de Kara (Togo), tandis que le Stade Malien a pris le dessus sur Painesville FC du Liberia. Les deux équipes rejoindront les phases de groupes composées de 16 équipes chacune. Le Djoliba disputera la Champion’s League, tandis que le Stade tentera sa chance dans la Coupe de la Confédération. Les tirages au sort pour ces compétitions auront lieu le lundi 7 octobre. Le Djoliba devient ainsi le premier club malien à participer à la phase finale de la Champion’s League depuis la création de cette compétition en 1997, soit 27 ans après. Quant au Stade, il a déjà remporté la Coupe CAF en 2009.

Cette double qualification a insufflé un vent de fierté dans le football malien et au-delà, unissant les Maliens dans un élan patriotique. Des commentateurs enthousiastes n’ont pas hésité à qualifier cet exploit « d’historique ». Historique, sans doute, car après 27 ans d’absence le Djoliba a enfin brisé la malédiction qui semblait peser sur les clubs maliens, incapables jusque-là de figurer parmi l’élite du football continental. Néanmoins, il convient de modérer cet enthousiasme : battre une équipe relativement méconnue comme l’ASKO du Togo n’est peut-être pas un exploit aussi retentissant qu’il n’y paraît.

Le Djoliba peut-il rêver de dominer l’Afrique ? Beaucoup d’observateurs, notamment parmi les supporters et les dirigeants de l’équipe, affirment que « tout est possible » en football. Mais les ressources du Djoliba sont-elles à la hauteur de ses ambitions ? Sous la houlette d’un jeune entraîneur sérieux et ambitieux, Demba Mamadou Traoré, l’équipe malienne veut prouver sa soif de conquête. Son principal atout : la jeunesse de ses joueurs. Ces derniers sont déterminés à se surpasser, non seulement pour leur club, mais aussi pour attirer l’attention des recruteurs, présents en nombre lors des compétitions continentales.

Toutefois, les chances du Djoliba face aux géants du football africain comme Al Ahly SC (12 titres), le TP Mazembe de la République Démocratique du Congo, ou encore le club égyptien Zamalek (5 titres), l’Espérance de Tunis et les formations marocaines Raja et Wydad (WAC) semblent plus incertaines. Ces clubs bénéficient non seulement d’une grande expérience, mais aussi de moyens financiers considérables.

L’ambition n’est certes pas interdite, mais un excès d’optimisme sans réalisme peut être fatal. Le budget annuel de 2 milliards de francs CFA (3 millions d’euros) d’Al Ahly ferait tourner la tête à Tidiane Niambélé, l’honorable Président du Djoliba, dont le budget plafonne à seulement 100 millions de francs CFA.

Les finances demeurent le talon d’Achille du football malien. Selon une source proche de la Fédération Malienne de Football, Orange Mali verse 700 millions de francs CFA à la Fédération dans le cadre d’un contrat de sponsoring. Cependant, ces sommes sont modestes comparées à celles injectées dans le football d’autres pays africains. Chaque club bénéficie d’une subvention annuelle de 20 millions de francs CFA et chaque ligue régionale reçoit 4 millions.

Depuis plusieurs années, l’État malien a cessé de prendre en charge les frais des clubs participant aux compétitions internationales. Ainsi, le Djoliba et le Stade Malien doivent compter uniquement sur leurs propres ressources. La survie des clubs au Mali relève presque du miracle. Pourtant, une lueur d’espoir se profile à l’horizon : une récente rencontre entre la Fédération et le ministère de la Jeunesse et des Sports pourrait marquer un changement positif dans l’attitude de l’État vis-à-vis du soutien aux clubs en compétition.

Diomansi Bomboté

Eliminatoires CAN 2025 : un nouveau départ pour les Aigles

 

Le sélectionneur national par intérim Alou Badra Diallo dit Conty a publié samedi 31 août dernier la liste des Aigles qui prendront part aux matchs des deux premières journées des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations Maroc 2025. Secouée par une crise depuis plusieurs semaines, l’équipe nationale, avec quelques nouveaux joueurs mais aussi certains cadres absents, s’apprête à entamer une nouvelle page.

Pour ces deux matchs, contre le Mozambique le 6 septembre à Bamako et l’Eswatini le 10 septembre en Afrique du Sud, Alou Badra Diallo a fait appel à un groupe de 27 joueurs dont 3 gardiens, 8 défenseurs, et autant de milieux de terrain et d’attaquants.

Certains joueurs vont rejoindre le nid des Aigles pour la toute première fois, à l’instar du jeune prodige de Brighton qui évolue en prêt du coté de Sturm Graz, Malick Yalcouyé, de l’attaquant de Haugesund en Norvège, Sory Ibrahim Diarra ou encore du milieu de terrain de Rapid Viennes, Mamadou Sangaré dit Gaucher.

En plus d’eux, deux joueurs locaux, du Djoliba AC notamment, le gardien Youssouf Koita et le défenseur Ousmane Diallo sont aussi à la première convocation en équipe nationale séniors.

Des retours et des absents de taille

D’autres joueurs font également leur grand retour après avoir été écartés de la sélection ces derniers mois pour diverses raisons. Il s’agit de Massadio Haidara qui vient de s’engager avec le Stade Brestois, d’ Yves Bissouma de Tottenham, de Moussa Djenepo d’Alanyaspor en Turquie et de Lucien Kevin Zohi du stade Lavallois en France.

En revanche, plusieurs cadres de la sélection n’ont pas été convoqués et rateront les deux premiers matchs des éliminatoires de la CAN 2025. Parmi eux, Diadié Samassékou, Cheick Doucouré, Adama Traoré « Noss », Boubacar Kiki Kouyaté, Ibrahima Koné, Kamory Doumbia, Moussa Diarra, Amadou Danté, Modibo Sagnan, ou encore Sikou Niakaté.

Présents sur la liste, le capitaine Hamari Traoré et le milieu de terrain de Leipzig Amadou Haidara ne pourront finalement pas honorer leur convocation pour raison de blessure. Hamari Traoré, victime d’une rupture de ligaments samedi en Liga contre Getafe, sera indisponible pour tout le reste de la saison. Quant à Amadou Haidara, victime d’un coup de tête et sorti dès la 14ème minute de jeu lors du choc en Bundesliga ce week-end contre le Bayer Leverkusen, il sera absent des terrains au moins jusqu’à la mi-septembre.

Selon certaines sources, Nene Dorgelès serait également touché lors du match de dimanche dernier avec son club Redbull Salzburg et serait incertain pour répondre à l’appel en équipe nationale.

Objectif six points

Le Mali entame ces éliminatoires de la CAN 2025 après une défaite à domicile face au Ghana et un match nul en supériorité numérique face à Madagascar dans le cadre des 3ème et 4ème journées des éliminatoires de la Coupe du monde 2026 en juin dernier, suivi d’une crise entre la FEMAFOOT et les joueurs de l’équipe nationale. Selon, le 3ème vice-président de la fédération, « toutes les divergences sont désormais aplanies ». L’objectif pour le staff technique et les joueurs est de gagner ces deux premières rencontres pour amorcer une nouvelle dynamique pour l’équipe, retrouver la confiance et renouer avec le public sportif national.

Alors qu’initialement Alou Badra Diallo dit Conty devrait diriger l’équipe lors de ces deux matchs, c’est finalement le nouveau sélectionneur Tom Saintfiet lui-même qui sera aux commandes pour ces rencontres. Présenté lundi à la presse par le ministère des Sports, le technicien belge a rejoint les joueurs au Centre pour sportifs d’élite Ousmane Traoré de Kabala et s’apprête à vivre son baptême de feu ce vendredi 6 septembre à la tête des Aigles.

Mohamed Kenouvi

Les 27 Aigles convoqués

Gardiens (3) : Djigui Diarra (Young Africans/TAN), N’Golo Traoré (Stade malien), Youssouf Koïta (Djoliba AC),

Défenseurs (8) : Hamari Traoré (Real Sociedad/ESP), Falaye Sacko (Montpellier/FRA), Massadio Haidara (Brest/FRA), Mamadou Fofana « Nojo » (Amies SC/FRA), Cheick Keita (Charleroi/BEL), Abdoulaye Diaby (St Gallen/SUI), Salim Diakité (Palerme/ITA), Ousmane Diallo « Senty » (Djoliba AC)

Milieux (8) : Yves Bissouma (Tottenham/ENG), Ousmane Diakité (West Bromwich/ENG), Amadou Haidara « Doudou » (RB Leipzig/GER), Malick Yalcouyé (Sturm Graz/AUT), Lassana Coulibaly (US Lecce/ITA), Mohamed Camara « Tiamatié » (Al Saad/QAT), Aliou Dieng (Al Kholood/SAU), Mamadou Sangaré « Gaucher » (Rapid Vienne/AUT)

Attaquants (8) : Dorgelès Nene (RB Salzbourg/AUT), Lassine Sinayoko (AJ Auxerre/FRA), Moussa Sylla (Schalke 04/GER), Moussa Djenepo (Alanyaspor/TUR), Adama Traoré « Malouda » (Ferencvaros/HUN), Sékou Koïta (CSKA Moscou/RUS), Lucien Zohi (FC Laval/FRA), Sory Ibrahim Diarra (Haugesund/NOR)

 

Aigles: Tom Saintfiet nommé nouveau sélectionneur

Le technicien belge de 51 ans a été officiellement nommé sélectionneur des Aigles du Mali ce mercredi 28 août 2024. L’annonce a été faite à la télévision nationale par le premier vice-président de la fédération malienne de Football.

Tom Saintfiet succède ainsi à Éric Sékou Chelle à la tête des Aigles du Mali. La durée de son contrat n’a pas été précisé mais selon nos informations, les deux parties sont tombées d’accord sur une collaboration de deux ans renouvelables.  L’ancien entraîneur de la Gambie a la lourde tâche de remettre le Mali dans la course à la qualification pour la coupe du monde 2026, de qualifier l’équipe pour la CAN 2025 et d’y atteindre au moins les demi-finales.

Auréolé d’une carrière d’entraîneur longue de 18 ans, Tom Saintfiet a une certaine expérience et connaissance du football africain. Il a notamment dirigé les équipes nationales de la Namibie, du Zimbabwe, de l’Éthiopie, du Malawi et du Togo.

Mais c’est avec la Gambie que le technicien belge a réussi son plus grand exploit sur le continent. À la tête des Scorpions, de 2018 à 2024, il a  réussi à qualifier la Gambie pour la première fois de son histoire à la CAN 2021 et y a atteint les quarts de finale avant d’enchaîner avec une 2ème qualification consécutive des scorpions à la CAN 2023 . En 2022, et 2023, il a été nommé parmi les meilleurs entraîneurs en Afrique lors des CAF Awards.

Tom Saintfiet débutera son aventure en match officiel avec le Mali lors de la  3ème journée des éliminatoires de la CAN 2025. En attendant sa prise de commande, Badra Alou Diallo dit Conty va diriger l’équipe pour les deux premières journées face au Mozambique et à l’Eswatini respectivement les 6 et 10 septembre 2024. La liste des Aigles convoqués pour ces deux rencontres est d’ailleurs attendue ce samedi 31 août.

Mohamed Kenouvi

Aigles : La FEMAFOOT en quête d’un nouveau sélectionneur

Qui sera le prochain sélectionneur des Aigles ? 2 mois après le limogeage d’Éric Sékou Chelle, et à moins d’un mois du début des éliminatoires de la CAN 2025, la Fédération malienne de football s’active.

Trouver un nouveau sélectionneur qualifié pour l’équipe nationale était devenu plus que prioritaire. C’est donc sans surprise que la Femafoot a lancé le 7 août dernier son appel à candidatures pour le recrutement d’un nouveau sélectionneur national.

Parmi les missions qui seront confiées au futur technicien des Aigles, qualifier le Mali à la phase finale de la CAN 2025, atteindre au minimum les demi-finales et qualifier le Mali à la prochaine Coupe du Monde et y atteindre au moins les 1/8èmes de finale.

Le prochain sélectionneur national sera également tenu, entre autres, d’appuyer la Direction technique nationale dans la mise en place d’une politique de formation des jeunes joueurs devant intégrer le futur Centre technique du Mali pour assurer la relève, d’apporter son expertise et son savoir-faire dans la mise en œuvre de la Politique technique de la Femafoot et de créer des canaux de collaboration avec les entraîneurs des autres catégories.

Expatriés en pôle position

Si dans son appel à candidaturela Fédération malienne de football a ouvert les candidatures « à tous les techniciens de nationalité malienne ou étrangère », presque tous les entraîneurs maliens pouvant se positionner pour le poste sont écartés. En effet, la plupart des entraîneurs locaux ne possèdent pas la Licence A Pro CAF ou A Pro UEFA que la fédération exige parmi les critères à respecter.

Contacté par nos soins, un entraîneur malien de renommée nationale, qui a requis l’anonymat, explique que ce critère écarte tous les entraîneurs nationaux. « Il faut un entraîneur qui maîtrise le football africain et qui n’est pas du Mali », glisse par ailleurs un analyste sportif.

Pour l’heure, aucun nom ne filtre concernant les candidatures déjà déposées. Mais, depuis le limogeage d’Éric Chelle, le Congolais Florent Ibengué était pressenti sur le banc des Aigles. Libre de tout contrat depuis qu’il a quitté la tête des Bleues et désireux de se relancer sur le continent africain, Hervé Renard pourrait également se mettre dans la course. Seul frein, le Mali, dans les conditions actuelles, ne pourrait pas prendre en charge son salaire, relativement élevé.

Mohamed Kenouvi

FEMAFOOT – Aigles : jusqu’où ira la crise ?

Entre la fédération malienne de football et les joueurs de l’équipe nationale, les  Aigles du Mali, le courant ne passe plus. Les résultats défavorables sur le terrain lors des 3ème et 4ème journées des éliminatoires de la Coupe du Monde 2026, couplés aux mauvaises conditions de préparation des Aigles, ont tendu les relations entre les joueurs et les responsables de l’instance dirigeante du football national.

« Encore une nouvelle situation chaotique pour notre sélection malienne. Nos joueurs ont dû subir un véritable périple pour arriver à Johannesburg seulement quelques heures avant un match capital. Nous avons de fortes ambitions pour la Coupe du Monde, mais ces conditions ne nous mettent pas, nous les joueurs, ainsi que le staff, dans les meilleures dispositions pour jouer des matchs aussi cruciaux pour notre nation », a déploré le capitaine de la sélection nationale Hamari Traoré dans une déclaration sur ses réseaux sociaux, au nom de l’équipe nationale, le 11 juin, quelques minutes avant le début de la rencontre face à Madagascar.

Cette sortie a été très peu appréciée par le Comité exécutif de la fédération malienne de football. Dans un communiqué publié le 13 juin, dans la foulée du limogeage du sélectionneur national Éric Sékou Chelle, il a indiqué « constater avec regret des sorties malheureuses sur les réseaux sociaux de certains joueurs » et les a appelés à un « devoir de réserve ».

Voyage de la discorde

Selon nos informations, l’organisation du voyage des Aigles en Afrique du sud est l’élément déclencheur de l’atmosphère aujourd’hui tendue entre joueurs et dirigeants. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase. « Ce voyage en Afrique du sud a été le manque de professionnalisme de trop et l’élément déclencheur de la situation actuelle entre les dirigeants et les joueurs », confie une source proche de l’équipe nationale.

Alors qu’ils devaient rallier Johannesburg depuis le 8 juin pour ce match délocalisé face aux Malgaches, les Aigles n’ont pu finalement fouler le sol sud-africain que la veille du match, après deux reports de leur vol. Après le 2ème report, le ton est vite monté entre un haut cadre de la fédération et un joueur, soutenu par l’ensemble de ses coéquipiers qui exigeaient des explications sur la situation. L’incident, encaissé dans un premier temps pour se consacrer au match, constituera toutefois l’une des raisons qui expliquent la nouvelle déclaration des Aigles du 21 juin, non signée mais partagée simultanément par quasiment l’ensemble des joueurs de l’équipe nationale sur les réseaux sociaux.

« Nous reconnaissons les efforts de l’État pour améliorer nos infrastructures, mais les résultats stagnent aussi à cause de la mauvaise gestion de nos dirigeants. Nous appelons les cadres de la fédération à prendre urgemment leurs responsabilités », écrivent les Aigles, qui se réservent par ailleurs le « droit de ne pas honorer la sélection et de ne pas participer aux prochains matchs de qualification ».

« Par amour pour le Mali, nous prenons cette décision délicate mais nécessaire pour les prochaines générations », poursuivent les joueurs. Dans la foulée, le 24 juin, le capitaine Hamari Traoré, invité par le Comité exécutif de la FEMAFOOT à se présenter sous 48h devant lui pour des explications, ne s’y rendra pas, selon nos informations,  après concertation avec ses coéquipiers.

Positions tranchées

Si le Comité exécutif de la  fédération malienne de football, en dehors de l’invitation à s’expliquer adressée au capitaine des Aigles, n’a pour l’heure pas officiellement réagi au contenu de la déclaration des joueurs, cette sortie provoque diverses réactions dans le monde du football national.

« Pour ma part, j’apporte mon soutien total aux joueurs de la sélection malienne et je demande à notre peuple de les soutenir. Ensemble, on va permettre de faire du Mali une nation importante dans le football africain », a réagi sur son compte Instagram  l’ancien international malien Mohamed Lamine Sissoko. « C’est une décision pas facile à prendre mais qui est obligatoire. C’est l’histoire du football malien qui s’écrit, c’est aussi l’avenir de tout un peuple et c’est ensemble que l’on fait bouger les choses », a-t-il ajouté.

Comme lui, d’autres anciens internationaux maliens, à l’instar de Cédric Kanté et de Brahim Thiam, ont manifesté leur soutien à l’endroit des Aigles. En plus de ces soutiens personnels, la démarche du capitaine Hamari Traoré et de ses coéquipiers de la sélection nationale est également soutenue par certaines associations sportives.

Dans un communiqué en date du 23 juin, l’Union des footballeurs du Mali (UFM) réitère son « appui indéfectible » à l’initiative des joueurs, tout en plaidant pour « une famille du football unie et tournée vers les mêmes objectifs ».

Le Collectif de défense des intérêts du football malien (CDIFM) est également monté au créneau pour saluer « le courage et la détermination des joueurs à défendre les intérêts du football malien face aux défis actuels ». « Nous appelons les autorités sportives nationales à écouter attentivement les préoccupations légitimes des joueurs et à engager un dialogue constructif pour résoudre ces questions de manière équitable et transparente », souligne le collectif dans un communiqué en date du 24 juin.

Contrairement à ses anciens coéquipiers de la sélection nationale, l’ancien capitaine des Aigles et actuel sélectionneur national des Aiglons (Sélection U20), Soumaïla Coulibaly, fustige l’attitude de la bande à Hamari Traoré. « L’équipe nationale, c’est notre force. Tous ceux qui veulent parler, il faut les dégager. Ces joueurs n’ont encore rien fait pour le Mali. Les autorités doivent prendre des décisions. Nous avons la chance de créer l’histoire avec d’autres joueurs, mais pas avec ce groupe qui ne nous a rien apporté depuis qu’il participe à la CAN », s’est-il indigné sur les ondes d’une radio de la place, allant jusqu’à évoquer une radiation pure et simple de « tous les infiltrés de ce groupe, y compris des membres du staff ».

Quel avenir pour la sélection ?

Alors que le Mali est en quête d’un nouveau sélectionneur en vue du début des éliminatoires de la CAN 2025, en septembre prochain, et la reprise des éliminatoires de la Coupe du Monde 2026, en mars 2025, l’incertitude plane sur l’ossature de l’équipe nationale pour ces rendez-vous futurs. Le Comité exécutif de la fédération malienne de football devrait se réunir dans les prochains jours pour « prendre des décisions », selon une source interne.

« Si la fédération n’analyse pas bien la situation, avec beaucoup de discernement, elle peut empirer, parce que si sanction il y a à l’encontre d’Hamari Traoré, les autres joueurs seront solidaires avec leur capitaine », estime un journaliste sportif.

Avec la menace des joueurs de ne pas participer aux prochains matchs de qualification, l’épée de Damoclès plane d’ores et déjà sur l’équipe nationale. « Le nouvel entraineur aura la lourde tâche de rassembler les joueurs. Mais est-ce qu’il prendra le risque de se passer de tout ce lot de joueurs en partant sur une nouvelle équipe composée majoritairement de U23 et de joueurs locaux ? » s’interroge un analyste.

Pour M. Niono, même s’il pense que la situation n’arrivera pas au point où les joueurs mettront leur menace à exécution, l’avenir de l’équipe nationale dépendra de la gestion de cette crise au niveau de la fédération. « Si les dirigeants de la fédération se radicalisent et que les joueurs font pareil de leur côté, la sélection nationale sera détruite », alerte-t-il.

« On peut se retrouver dans une situation de traversée du désert comme après 2005, avec la génération des Kanouté, où il a fallu attendre jusqu’en 2012 pour aller chercher une médaille de bronze à la CAN après notre absence en 2006 et les éliminations aux premiers tours en 2008 et 2010 », prévient l’analyste.

Éric Sékou Chelle et les Aigles : l’aventure aura duré deux ans

Le monde du football est très exigeant. Une accumulation de mauvais résultats coûte très souvent cher. Nommé en mai 2022 en remplacement de Mohamed Magassouba, le sélectionneur des Aigles Eric Sékou Chelle a été limogé de son poste le 13 juin.

La décision a été prise par le Comité exécutif de la Fédération malienne de football réuni en session extraordinaire. Les responsables de la FEMAFOOT n’ont pas dévoilé les raisons du limogeage de Chelle dans leur communiqué. Mais ce dernier paie très certainement les résultats des deux derniers matchs des Aigles, ainsi que sa communication, jugée approximative. Pourtant, le bilan chiffré d’Éric Sékou Chelle a la tête des Aigles est assez flatteur. En 23 matchs, il en a remporté 14, pour 6 matchs nuls et 3 défaites, 42 buts inscrits et 12 encaissés. Mais cela n’a pas suffi. Depuis la cruelle élimination face à la Côte d’Ivoire lors de la CAN, où sa responsabilité a été engagée par plusieurs acteurs, la pression s’était intensifiée autour du sélectionneur. Beaucoup lui ont reproché ses changements face aux Eléphants et plus récemment, à domicile, contre les Black Stars du Ghana (Défaite 1-2). Le match nul face à des Malgaches réduits à 10 depuis la 15ème minute, qui fait stagner les Aigles à la 4ème place de leur groupe de qualification pour le Mondial 2026 restera donc comme la dernière rencontre dirigée par Chelle. Il est à noter que les conditions de voyage chaotiques n’ont pas favorisé une bonne prestation de l’équipe, arrivée en Afrique du Sud seulement quelques heures avant le match. Éric Sékou Chelle fait aussi certainement les frais de sa mauvaise communication en tant que sélectionneur. Il avait déclaré qu’Yves Bissouma, l’une des stars de l’équipe, était légèrement en dessous d’autres joueurs dans son système en losange. Il a par la suite regretté ses propos sur une radio. Lors de ce passage médiatique, il a confié avoir été surpris comme tout le monde de voir Adama Noss Traoré prendre le ballon pour tirer le penalty face à la Côte d’Ivoire. Un penalty raté que beaucoup de Maliens ont du mal à digérer. Certains ont estimé qu’il jetait son joueur en pâture. La FEMAFOOT est désormais en quête d’un nouveau sélectionneur pour les échéances à venir. Le nom de Florent Ibenge, ancien coach de la RDC, a été évoqué, mais des sources proches de la fédération ont démenti tout contact avec le Congolais.

FEMAFOOT : une élection qui divise

L’élection prochaine du Président et du nouveau Bureau exécutif de la fédération malienne de football s’annonce « litigieuse ». Prévue pour le 29 août 2023, sa tenue dans un climat apaisé suscite des interrogations, tant les positions des acteurs sont tranchées d’un camp à un autre. Des prémices qui font craindre une nouvelle crise au sein de l’instance dirigeante du football malien.

« Le présent processus électoral suivra son cours normal et les commissions électorales ont retenu une seule liste. Nous, nous avons le devoir de transmettre cela. Nous attendons donc le 29 août 2023 pour élire un nouveau Comité exécutif qui va diriger le football malien dans le prochain quadriennat ».

Pour le Secrétaire général de la Fédération malienne de football (Femafoot), Ibrahima Traoré, qui a tenu un point de presse le 11 août dernier sur la situation au sein de l’instance dirigeante nationale du football, rien ne saurait empêcher l’effectivité de l’élection au cours de l’Assemblée générale du 29 août 2023

« Les élections sont arrivées à un niveau où elles doivent continuer leur cours normal. La personne qui sera élue sera la personne pour laquelle les gens vont voter. Je peux dire que tous les Maliens bénéficient de la présomption d’innocence avant que la preuve de la culpabilité ne soit établie », a-t-il poursuivi, répondant à une interrogation sur la candidature de la liste du Président sortant, Mamoutou Touré dit Bavieux, lequel a été placé sous mandat de dépôt, dans une affaire en lien avec ses fonctions à l’Assemblée nationale (2013-2019), le 9 août 2023.

Une élection à problèmes

Outre la mise sous mandat de dépôt du candidat Mamoutou Touré dit Bavieux, l’élection d’un nouveau Bureau exécutif de la fédération malienne de football du 29 août prochain a pour particularité de se tenir avec une seule liste validée.

Alors que quatre listes candidates étaient enregistrées au départ, la commission électorale de première instance, après dépouillement, a invalidé par la suite, pour défaut de parrainage, les candidatures de Sékou Diogo Keita, Président du Lafia Club de Bamako et d’Amadou Mahamane Sangho, Président du Conseil national du sport et retenu celles de Mamoutou Touré Bavieux, Président sortant de la Femafoot, et de Salaha Baby, Président de la ligue de football de Tombouctou.

Mais, saisie par le candidat Touré pour invalidation de la candidature du candidat Baby pour « double parrainage » au niveau du club AS Alençon de Koutiala, la commission d’appel des élections de la Femafoot a accepté le recours et invalidé le 5 août 2023 la candidature de la liste de Salaha Baby.

Pour justifier sa décision d’arbitrage sur le double parrainage litigieux, la commission a « établi que la même personne ne saurait être Secrétaire général et Président de la même structure au même moment et qu’il est évident que l’une des qualités revendiquées par M. Issa Coulibaly est dans le cadre de l’usurpation de titre qui ne peut être autre que celui de Président de l’AS Alençon, dont le titulaire est, depuis le 27 février 2022, M. Aliou Mohamed Diarra ».

En effet, selon toujours la commission d’appel des élections de la Femafoot, « il est incontestablement prouvé que M. Aliou Mohamed Diarra, en sa qualité de Président du club AS Alençon de Koutiala, a parrainé le candidat Mamoutou Touré dit Bavieux le 19 juillet 2023 et ce conformément à l’article 43.3 des statuts de la Femafoot. Il est par ailleurs constant que 6 jours après, soit le 25 juillet 2023, M. Issa Coulibaly, Secrétaire général du club Alençon, s’est lui aussi prévalu du titre de Président du club Alençon pour parrainer la candidature de M. Salaha Baby ».

Toutefois, dans une sortie, le 6 août, Issa Coulibaly a confirmé être le « Président et promoteur » de l’AS Alençon et indiqué avoir apporté le parrainage du club, « en conformité avec la décision unanime du Comité directeur », à la candidature de Salaha Baby.

« Bras de fer »

24 h seulement après la notification d’invalidation de sa candidature, Sahala Baby et les membres de sa liste sont montés au créneau pour dénoncer la décision de la commission d’appel, relevant sur plusieurs irrégularités qui, selon eux, ont émaillé ce jugement.

« Nous considérons cette décision comme injustifiée. Pour nous, c’est une diversion. Il n’y a pas un seul article du code électoral, des statuts, ou des règlements généraux qui a été cité à la base. Aucun article ne fonde leur décision. Ils se sont basés sur leurs propres opinions pour prendre la décision », fustige Abba Mahamane, membre de la liste Salaha Baby, qui pointe également du doigt le non-respect du principe de contradiction contenu dans les textes.

« On ne peut pas juger une affaire sans confondre les arguments. Ils ont seulement pris les arguments d’un seul côté pour trancher. Nous ne pouvons pas comprendre que quelqu’un qui se targue d’avoir reçu le parrainage de 21 clubs et 6 ligues, soit 58 voix sur 81, puisse chercher une sortie par la fenêtre. Pour nous, un 2ème mandat se mérite, cela ne se paye pas ni ne s’arrache », poursuit l’un des colistiers de Salaha Baby.

En dépit donc de la décision d’invalidation de la commission d’appel des élections de la Femafoot, le Président de la ligue de Tombouctou et les membres de sa liste ont démarré leur campagne le 13 août 2023, 5 jours après le lancement de celle du Président sortant Mamoutou Bavieux Touré, le 8 août dernier. Si ce dernier axe sa campagne vers la continuité pour la poursuite des chantiers entamés, son principal « challenger » met en avant une rupture et un « espoir renaissant » pour le football malien

Quelle issue ?

Avant la date prévue pour la tenue de l’Assemblée générale ordinaire élective, le 29 août prochain, plusieurs scénarios sont encore envisageables. Selon le journaliste sportif Drissa Niono, sauf avis contraire d’une commission indépendante, plus précisément de la commission d’éthique, pour des questions de moralité, le processus se poursuivra jusqu’au 29 août.

« C’est à cette date qu’au cours des débats entre les membres appelés à voter et avec les émissaires de la CAF et de la FIFA la décision pourrait être prise de tenir ou non l’élection ».

Mais, bien avant d’arriver au 29 août, l’élection pourrait être reportée ou le processus annulé si un courrier de la FIFA ou encore une décision du TAS, qui ont été saisis par une partie, le demandent.

Si le processus se poursuit normalement, selon les textes de la fédération malienne de football, le vote pour l’élection du Président et du Bureau exécutif est obligatoire même s’il n’y a qu’une seule liste de candidature en course. Pour qu’elle passe, elle doit avoir été plébiscitée à la majorité des 50% + 1 voix de l’électorat. Quid de Mamoutou Touré ? Bien qu’en prison, il pourrait toujours, selon des observateurs être réélu, puisque seule une condamnation définitive pourrait le priver de ce droit, selon eux.

« Même s’il y a élection et que la seule liste en cours gagne, il faudra attendre la décision finale du TAS concernant l’invalidation de la candidature de Salaha Baby. Si le TAS valide la décision de la commission d’appel, c’est terminé, mais s’il ne la valide pas, forcément sa décision va s’appliquer et on s’acheminera vers une nouvelle élection », explique Drissa Niono.

La crise qui a longtemps secoué le football malien avant l’élection du bureau présidé par Mamoutou Touré a laissé des séquelles. Pour certains analystes, elle n’a jamais vraiment cessé, même si l’élection de 2019 avait ouvert une nouvelle page et concrétisé un début de normalisation dans la gestion de la fédération du sport-roi.

Aussi craignent-ils une nouvelle crise, dont les conséquences risquent d’être déplorables pour l’avancée du football dans le pays. Toutefois, l’ancien candidat à la présidence de la Femafoot en 2019, Alassane Souleymane, est optimiste.

« Je pense que les acteurs du football sont intelligents et sauront tirer les conséquences de la crise d’avant 2019, avec un Comité de normalisation (CONOR) à la clé. Département des sports, Comité olympique et acteurs du football doivent dès à présent ouvrir l’œil et anticiper », préconise-t-il.

Lutte contre la corruption : Issiaka Sidibé et plusieurs ex-collaborateurs placés sous mandat de dépôt

Issiaka Sidibé, président de l’assemblée nationale de 2013 à 2020 et plusieurs de ses proches collaborateurs de l’époque ont été placés sous mandat de dépôt mercredi 9 août par le pôle économique et financier de Bamako. En plus de Sidibé, Mamoutou Touré dit Bavieux actuel président de la fédération malienne de football et candidat à un nouveau mandat a également été écroué. Il a été directeur administratif et financier à l’assemblée jusqu’à son élection à la tête de la FEMAFOOT en août 2019. En outre de ces deux personnalités, trois autres personnes ont été placés sous mandat de dépôt et conduit à la maison centrale d’arrêt de Bamako. Il s’agit de Anfa Kalifa ex-contrôleur financier à l’Assemblée nationale, Demba Traoré qui y était comptable et de Modibo Sidibé, secrétaire général à l’assemblée nationale qui occupe la même fonction au sein du conseil national de transition subissent. Ils sont tous poursuivis pour les mêmes causes, atteintes aux biens publics sur un fond s’élevant à 17 milliards de Fcfa dont 7 milliards d’indemnités irrégulières et 10 milliards non justifiés.  Un autre nom est cité dans l’affaire. Mamadou Diarrassouba membre du CNT et ancien 1er questeur de l’assemblée nationale. Bénéficiant d’une immunité parlementaire, la justice aurait selon plusieurs informations requis la levée de cette immunité. Mais, elle n’est pas encore effective. Le ministre de la Justice Mamadou Kassogué avait promis le 20 juillet dernier que le procureur du pôle économique s’exprimerait bientôt sur le dossier.