Reprise de la vente de riz indien au Mali : Le marché local fortement impacté

En Afrique subsaharienne, le riz occupe une place de choix dans l’alimentation, juste après le maïs, comme la céréale la plus consommée. Le Mali ne fait pas exception et environ 25% de ses besoins en riz sont couverts par des importations. Une situation qui expose le pays à la volatilité des marchés mondiaux. En 2021, le pays avait interdit l’importation de riz pour protéger le marché local et favoriser la production nationale. Mais cette interdiction a été levée de facto en décembre 2023, suite à la présence de riz indien sur le marché malien.

On se souvient que le 6 décembre 2021, dans un contexte de récoltes céréalières limitées et de crainte de pénurie alimentaire, le Mali avait annoncé l’interdiction des exportations de céréales, dont le riz. Cette mesure visait à garantir l’approvisionnement local et à stabiliser les prix des denrées alimentaires de base, qui étaient en hausse depuis début 2021. Cependant, l’inefficacité de la production nationale à répondre aux besoins a conduit les autorités à revoir leur position sur les importations, malgré les restrictions formelles toujours en vigueur.

En décembre 2023, l’Inde, le deuxième producteur mondial de riz après la Chine, a autorisé l’exportation de 100 000 tonnes de riz brisé vers le Mali dans le cadre d’un accord bilatéral. Pourtant, cette décision contredisait l’interdiction indienne d’exporter du riz décrétée en septembre 2022 dans le but de protéger son propre marché. L’autorisation délivrée par la National Cooperative Exports Limited s’inscrivait dans une série de mesures visant à aider les pays africains en situation de vulnérabilité alimentaire.

Le riz indien importé au Mali se compose principalement de deux types : le riz brisé et le riz non-basmati, avec des spécificités et des usages variés. S’agissant du riz brisé, il est très utilisé dans la cuisine malienne car prisé pour son prix bas et sa disponibilité, ce qui en fait un choix populaire au Mali. Concernant le riz non-basmati, principal produit d’exportation de l’Inde, il est utilisé pour diverses préparations culinaires. Bien que moins coûteux que le riz basmati, il se distingue par sa qualité intermédiaire et est compétitif sur les marchés mal desservis par des productions locales.

Ces variétés indiennes rivalisent directement avec les productions de riz du Mali, souvent moins compétitives en termes de coût et de volume.

Dynamique complexe sur le marché local

L’importation massive de riz indien crée une dynamique complexe sur le marché malien. D’un côté elle permet de répondre aux besoins importants en riz, une denrée dont la demande continue d’augmenter, particulièrement dans les zones urbaines. En effet, l’approvisionnement en riz indien pourrait contribuer à stabiliser les prix, qui avaient atteint des niveaux préoccupants au cours des dernières années.

Toutefois, cette importation pose un défi sérieux aux producteurs locaux. Le riz malien, produit essentiellement dans la région de l’Office du Niger, fait face à des coûts de production élevés, avec des infrastructures limitées et des conditions climatiques souvent défavorables. L’arrivée de riz moins cher en provenance d’Inde risque de nuire aux marges des agriculteurs maliens, déjà fragilisés par des problèmes d’ordre structurel et conjoncturel.

Par ailleurs, la qualité perçue du riz indien, bien que différente de celle du riz malien, pourrait également influencer les habitudes de consommation. La demande pour des produits importés plus abordables pourrait pousser les consommateurs maliens à délaisser le riz local, aggravant ainsi la pression sur les agriculteurs et sur l’économie rurale.

Des défis à relever

Certes, l’ouverture partielle du marché malien aux importations de riz indien répond à une nécessité urgente de satisfaire la demande locale. Mais cette politique soulève des questions à long terme sur la durabilité de la production nationale. Pour protéger les producteurs locaux, des experts estiment que le Mali pourrait envisager des mesures compensatoires, telles que des subventions à la production ou des investissements dans l’irrigation et les infrastructures agricoles.

De plus, selon eux, le gouvernement devrait mettre en œuvre une stratégie visant à équilibrer les importations avec des politiques favorisant la compétitivité du riz malien sur le marché national. Sans cela, la dépendance à l’importation pourrait saper les efforts de sécurité alimentaire à long terme.

La reprise des importations de riz indien au Mali en décembre 2023 constitue un événement clé dans le secteur agroalimentaire du pays. Si elle permet de répondre aux besoins immédiats de consommation, cette décision aura des impacts durables sur la production locale et la dynamique du marché. L’idéal serait de mettre en place des politiques équilibrées pour à la fois répondre à la demande, soutenir les producteurs locaux et garantir une sécurité alimentaire pérenne.

Massiré Diop

Pour stimuler l’industrialisation locale : Le Mali suspend l’exportation de certains produits agricoles

Le 3 octobre 2024, le gouvernement malien a annoncé la suspension temporaire de l’exportation de produits agricoles tels que les amandes de karité, les arachides, le soja et le sésame, dans le but d’encourager leur transformation sur place et d’ajouter de la valeur à l’économie locale. Cette décision, prise par un arrêté interministériel, entre immédiatement en vigueur, bien que la durée de la suspension ne soit pas précisée. Les produits saisis auprès des contrevenants seront redirigés vers les industries locales pour transformation, renforçant ainsi le potentiel industriel du Mali.

Cette décision s’inscrit dans une démarche plus large d’industrialisation et de création d’emplois au niveau local, permettant également de réduire la dépendance du pays aux exportations de produits bruts. En particulier, l’industrie du karité, pour laquelle le Mali est le troisième producteur mondial avec une production annuelle de plus de 200 000 tonnes, pourrait en bénéficier grandement. Le secteur de l’arachide, avec une production annuelle d’environ 700 000 tonnes, reste encore largement inexploité en termes de transformation locale, ne représentant que 5 % de la production totale.

Le Mali emboîte le pas au Burkina Faso, qui avait suspendu, en septembre 2024, l’exportation d’amandes de karité afin de promouvoir l’industrie nationale. Cette décision commune des deux pays vise à tirer parti des ressources agricoles locales pour renforcer leur économie et réduire les impacts des fluctuations des prix internationaux. Le soja, bien qu’encore sous-exploité avec une capacité de transformation inférieure à 10 %, montre des signes de croissance rapide avec une augmentation de 20 % de la production ces dernières années.

En tant que producteur de produits agricoles en Afrique de l’Ouest, le Mali a tout intérêt à renforcer sa capacité de transformation locale. L’amélioration de la chaîne de valeur à travers la transformation locale pourrait générer des emplois supplémentaires, améliorer les revenus des agriculteurs et stabiliser les prix des produits agricoles en période de volatilité. Avec ces initiatives, des acteurs espèrent améliorer la position du Mali afin qu’il devienne un acteur important sur les marchés internationaux, en exportant non seulement des matières premières, mais aussi des produits finis à forte valeur ajoutée.

Massiré Diop

 

 

 

Les technologies dont ont besoin les agriculteurs africains

CAMBRIDGE — L’Éthiopie a longtemps subi des famines récurrentes à grande échelle, plus particulièrement au début des années 1980, alors qu’on recensait le décès d’au moins un million de personnes, et le déplacement de millions d’autres. Pourtant, cette année, l’Éthiopie est devenue un exportateur net de blé pour la première fois, ce qui relève de l’exploit étant donné la vulnérabilité du pays face aux changements climatiques et aux crises de sécurité alimentaire.

 

Même si de nombreux facteurs ont contribué à cette réussite, elle reflète en grande partie le rôle central que les nouvelles technologies ont joué dans la transformation du secteur agraire de l’Éthiopie. En augmentant le rendement des cultures et en renforçant la capacité d’adaptation aux événements météorologiques extrêmes, ces innovations se sont avérées particulièrement utiles dans des régions confrontées à l’intensification des sécheresses et des autres risques climatiques.

 

Le programme-cadre Technologies pour la transformation de l’agriculture en Afrique, mis sur pied par le Centre international pour le développement des engrais, a joué un rôle déterminant dans le déploiement à grande échelle de techniques agraires éprouvées et à rendement élevé, dans le but d’aider les agriculteurs à augmenter la production de millet, du maïs, du riz, du blé et d’autres denrées. En raison de ces techniques à rendements croissants, la surface affectée à des variétés de blé tolérantes à la chaleur en Éthiopie est passée de 5 000 hectares en 2018 à plus de 2,2 millions d’hectares en 2023, mettant le pays sur la voie de l’autonomie alimentaire.

 

Le monde de la « polycrise » de plus en plus volatile des chaînes logistiques a accéléré la tendance vers l’autonomie. La guerre en Ukraine a déclenché une flambée des prix des denrées en Afrique, l’indice élémentaire du blé, par exemple, atteignant un sommet de plusieurs années en mai 2022. L’Éthiopie a été particulièrement frappée, car la moitié de son blé était importé de Russie et d’Ukraine. L’interdiction des exportations que l’Inde, le plus grand exportateur de riz, a récemment imposée sur plusieurs variétés a ébranlé le continent africain.

 

Dans cet environnement difficile, la capacité remarquable de l’État éthiopien à utiliser les technologies pour stimuler la production nationale et réduire les risques liés à une dépendance sur les importations d’aliments pourrait bien représenter une percée. De tels progrès, particulièrement dans un pays où l’agriculture était jugée cause perdue durant plusieurs décennies humiliantes, offrent un espoir pour l’Afrique, qui se trouve depuis longtemps aux premières loges de la crise climatique, avec l’insécurité alimentaire attisant l’instabilité politique.

 

Prenons, par exemple, les rendements céréaliers en Afrique qui stagnent à 1 589 kg par hectare, bien en deçà de la moyenne mondiale de 4 153 kg. Cela est dû à de nombreuses raisons, mais la principale demeure le manque d’accès chronique aux technologies. Le sous-développement des secteurs agroalimentaires à haute valeur ajoutée a toujours été un autre obstacle de longue date à l’essor de la production agricole et à la croissance de la productivité sur le continent. Il a également exacerbé les pertes après récolte qu’on évalue entre 30 et 50 % de la production alimentaire totale en Afrique.

 

À ce problème s’ajoutent l’utilisation restreinte d’engrais du continent et une dépendance excessive sur l’agriculture pluviale. À environ 7,6 millions de tonnes métriques en 2021, l’utilisation d’engrais est bien inférieure à celle de l’Asie de l’Est (61,9 millions de tonnes métriques) et de l’Asie du Sud (38,7 millions de tonnes métriques), tandis que le manque de systèmes d’irrigation et d’autres moyens de conservation de l’eau est particulièrement inquiétant compte tenu du rythme accéléré du réchauffement planétaire. Ces lacunes ont précipité une hausse des épisodes aigus de famine, et un grand nombre de collectivités du continent ont vécu leur pire crise alimentaire des 40 dernières années.

 

Or, les conséquences de bouleversements géopolitiques et d’intensification des risques climatiques débordent les enjeux de sécurité alimentaire pour créer un cycle infernal de sécheresses, d’inondations, d’instabilité macroéconomique et de crises de balance des paiements dans tout le continent. Environ 85 % des aliments consommés en Afrique subsaharienne sont importés, en raison surtout d’une agriculture régionale vulnérable aux intempéries. Le continent dépense à l’heure actuelle 75 milliards de dollars par an en importations de céréales, épuisant les réserves en devise et exerçant une pression croissante sur le taux de change. (la plupart des devises des pays africains se sont fortement dépréciées en 2022, avec le birr éthiopien éprouvant des baisses particulièrement prononcées.) Cette dépendance sur les importations a des conséquences négatives sur la balance des paiements, avec des ruptures d’approvisionnement de plus en plus fréquentes exacerbant la vulnérabilité de la région.

 

La facture d’importation de nourriture de l’Afrique devrait radicalement augmenter dans les prochaines années, en partie en raison de perturbations générées par des événements géopolitiques et par un élan démographique anticipé. Sans compter le réchauffement planétaire qui ne fera qu’amplifier cette hausse. Selon l’indice de risque climatique, cinq des dix pays les plus touchés par les changements climatiques en 2019 se trouvaient en Afrique équatoriale, où un tiers des sécheresses dans le monde sévissent, mais où moins de 1 % des terres arables sont irriguées. La Banque mondiale estime que, si la température mondiale s’élève à 2 ° Celsius au-dessus des niveaux préindustriels d’ici 2050, la production agricole en Afrique équatoriale diminuera de 10 %.

 

Une prédiction si sombre pourrait bien s’avérer. Cette année, la planète est en voie d’atteindre la température record, autour de 1,4 °C au-dessus de la température moyenne préindustrielle. De plus, si les émissions de gaz à effet de serre continuent de monter au rythme actuel, les modèles climatiques prévoient un réchauffement additionnel de 4 °C au cours du siècle. La nécessité d’investir davantage dans l’atténuation des effets des changements climatiques et dans la capacité d’adaptation des populations.

 

Devant la dépendance sur les importations de nourriture et des prévisions climatiques décourageantes, l’Afrique doit s’éloigner du modèle traditionnel de production agricole dépendant de la pluviosité. Dans le sillon de l’exemple de l’Éthiopie, le continent devrait adopter des technologies qui augmentent la productivité agraire et améliorent la sécurité alimentaire. Ceci nécessitera des investissements substantiels dans les technologies d’agriculture de précision, comme l’irrigation à débit variable, qui maximise la productivité dans un environnement à ressources limitées.

 

Outre les innovations visant à réduire la consommation d’eau, les instances devraient investir dans les variétés de semences à rendement élevé qui poussent bien dans des conditions de sécheresse. Elles devraient également munir les agriculteurs de matériel agricole pour mécaniser le secteur. Il faudra aussi de meilleures infrastructures, notamment les systèmes d’irrigation et les technologies numériques alimentées par pile solaire qui permettent aux agriculteurs d’accéder à des systèmes d’alerte rapide et qui améliorent l’efficacité.

 

Le déploiement d’un vaste éventail de technologies pour la transformation de l’agriculture en Afrique réglera les enjeux de sécurité alimentaire ainsi que les problèmes sur le plan de l’environnement et de la pérennité. Une telle transition est depuis longtemps attendue : même si le continent africain compte pour plus de 60 % des terres arables non cultivées dans le monde, il n’a pas encore joui des retombées de la révolution verte qui a augmenté les rendements ailleurs. Les dures réalités des changements climatiques et les bouleversements géopolitiques peuvent finalement pousser les Africains à prendre des mesures pour réaliser le potentiel du continent et assurer une plus grande autonomie et une plus grande capacité d’adaptation de la production alimentaire.

 

Traduit de l’anglais par Pierre Castegnier

 

Hippolyte Fofack, ex-économiste en chef et directeur de la recherche à la Banque africaine d’exportation et d’importation, occupait auparavant le poste d’économiste à la Banque mondiale, un associé de recherche au centre de l’Université Harvard pour les études africaines, et un membre de l’Académie africaine des sciences.

 

Copyright: Project Syndicate, 2023.
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Coton durable : accroître le potentiel

La culture du coton offre aussi un potentiel en termes d’atténuation des effets du changement climatique, selon un rapport de l’Institut international pour le développement  durable (IISD).

Le coton est plus bénéfique à la lutte contre le changement climatique que la plupart des fibres synthétiques utilisées dans le secteur textile, émettant un tiers de GES (Gaz à effet de serre) de moins par kilogramme de fibres produites. En 2019, quelque 2,5 millions d’agriculteurs ont produit au total entre 6,24 Mt et 6,46 Mt de coton fibre conforme NVD, d’une valeur à la plantation autour de 3 à 5 milliards de dollars, soit une hausse de 0,44 million de tonnes à 0,49 million de tonnes par rapport à l’année précédente.

Avec une croissance  importante, le coton conforme NVD représente maintenant 25 à 26% de la production mondiale totale. Selon l’IISD, en 2019, environ 92% du coton conforme NVD provenait d’Asie – Inde, Chine et Turquie –, l’Inde arrivant en tête avec une production de 349 786 tonnes. L’Afrique représente environ 4% de la production  (Tanzanie, Ouganda et Bénin). L’étude montre aussi que l’Inde, la Chine, les États Unis, l’Ouzbékistan et le Brésil offrent des NVD qui présentent le plus de potentiel d’expansion compte tenu de la taille de leur production cotonnière de type conventionnel.

Le Burkina Faso, le Mali, le Soudan, le Tchad, et l’Éthiopie peuvent, selon l’étude, favoriser le développement durable grâce aux exigences sur les producteurs pour adopter des pratiques de culture plus durables, eu égard à leur part dans la production mondiale de coton, l’application encore limitée de NVD et leur place dans l’Indice de développement humain.

Lancement à Abidjan de la 6e édition du SARA

Plus de 320.000 visiteurs sont attendus au Salon international de l’agriculture et des ressources animales d’Abidjan (SARA 2023) prévu du 29 septembre au 08 octobre 2023.Le Premier ministre ivoirien, Patrick Achi, a procédé ce jeudi 9 février au lancement officiel des travaux préparatifs du 6e édition du Salon international de l’agriculture et des ressources animales d’Abidjan (SARA), devant les acteurs du secteur.

« Avec plus de 22% du PIB et 60 % des emplois durables en 2020, le secteur agricole occupe en effet une place comme nulle autre dans notre tissu socio-économique national », a déclaré le Premier ministre ivoirien, montrant la portée de cet évènement.

Il a fait savoir que ce secteur est au cœur de la vision 2030 du chef de l’État, Alassane Ouattara et des transformations structurelles que la Côte d’Ivoire veut réaliser dans le cadre de sa production agricole et de son décollage industriel, ainsi que les capacités d’export.

Le thème choisi pour cette 6ème édition du SARA est « l’Agriculture africaine face aux défis des chocs internes et externes : Quelles innovations structurelles pour améliorer les secteurs agricoles et garantir la souveraineté alimentaire de nos pays ? ».

La filière est une énorme source de créations d’emplois nouveaux et de revenus supplémentaires. L’Etat ivoirien envisage à travers ce salon d’attirer des investisseurs avec la signature de conventions et de contrats d’affaires.

La 6ème édition du SARA se tiendra dans un contexte social et économique mondial éprouvé par les conséquences de la pandémie et du conflit Russo-Ukrainien, mais aussi par celles du changement climatique et, pour l’Afrique de l’Ouest, par la présence du terrorisme et des crises dans certains pays de la sous-région.

Les défis du salon et les innovations 

Le ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture et du développement rural, Kobenan Kouassi Adjoumani, s’est félicité de ce qu’aujourd’hui le SARA se positionne comme une véritable vitrine agricole de la sous-région qui vise essentiellement à promouvoir les productions de l’agriculture.

Le SARA se veut également une plateforme de promotion de l’élevage, la pêche, la foresterie, l’industrie agro-alimentaire et faire connaître les capacités de productions agricoles et des échanges de la sous- région avec le reste du monde.

Pour cette édition, plus de 320.000 visiteurs sont attendus selon la Commissaire générale du SARA, Mme Diénébou Condé Touré, mentionnant que l’événement se tiendra au Parc des expositions d’Abidjan sur une superficie globale de 20 ha. Le salon accueillera 800 exposants.

L’Etat ivoirien entend initier des partenariats techniques et commerciaux de type Sud-Sud et Nord-Sud dans le cadre de la réalisation du Programme national de développement (PND, 2021-2025) d’un coût total de 59.000 milliards Fcfa, dont 74% d’investissements a été attribué au secteur privé.

M. Adjoumani a noté que pour accroître la mobilisation des ressources financières pour le secteur agricole, des rencontres d’affaires sont organisées au cours du précédent SARA, en 2019. Ces rencontres se sont déroulées dans le cadre de deux concepts : La Bourse des projets et les rencontres business to business (B2B).

« Ces rencontres ont permis de signer des accords et conventions dont les montants globaux sont passés de 38 milliards de francs CFA en 2015 à 238 milliards de francs CFA en 2019 », a révélé le ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture et du développement rural.

Le SARA 2023 met le focus sur l’Agritech, la souveraineté et la sécurité alimentaire en Afrique. Aujourd’hui, en Afrique, près de 285 millions de personnes souffrent quotidiennement de la faim selon les derniers chiffres de la FAO.

L’on dénombre plus de 20% de la population du continent qui est sous-alimentée en raison des déficits de souveraineté et de sécurité alimentaires. Une prévalence deux fois et demie supérieure à la moyenne mondiale, qui entraîne des impacts majeurs sur la croissance des enfants.

« Notre continent, terriblement dépendant de l’extérieur pour son alimentation, voit en retour l’inflation alimentaire croître. Celle-ci a atteint près de 14% en Afrique en 2022 après 13% en 2021, selon la BAD, au plus haut depuis plus d’une décennie », a fait observer M. Patrick Achi.

Avec 25% des terres arables mondiales et surtout 65% des terres arables restantes, l’Afrique a le plein potentiel pour se nourrir et nourrir 9 milliards de personnes dans le monde d’ici 2050. Ses vastes superficies de savane sont à elles seules estimées à 400 millions d’hectares, dont seulement 10 % sont cultivés.

Le Royaume des Pays-Bas à l’honneur 

« Ce choix de mettre les Pays-Bas à l’honneur, n’est naturellement pas le fruit du hasard. Les Pays-Bas sont comme chacun sait le 1er partenaire commercial de la Côte d’Ivoire en matière d’exportation de cacao et donc un acteur absolument central de notre présent et de notre futur », a justifié M. Patrick Achi.

Plus encore, dira-t-il, les Pays-Bas sont une nation agricole d’exception dont le modèle ne peut être qu’une source d’inspiration pour la Côte d’Ivoire. Ils sont une nation agricole où dominent des exploitations agricoles de type familial, comme en Côte d’Ivoire.

Le Royaume des Pays-Bas est parvenu grâce à une productivité et un usage de la technologie, à se classer 2ème exportateur mondial de produits agricoles derrière les Etats-Unis, en jouant aussi de son rôle de plateforme d’import / export de l’Union européenne.

Avec la puissance du port de Rotterdam, qui fait partie des huit plus grands ports du monde, les Pays-Bas sont une puissance agricole qui figure parmi les champions de l’agriculture durable au monde. Le choix du pays intervient après celui du Royaume du Maroc en 2015, l’Afrique du Sud en 2017 et la France en 2019.

L’ambassadeur du Royaume des Pays-Bas en Côte d’Ivoire, Mme Yvette Daoud, s’est réjouie du choix de son pays. La diplomate a assuré que son pays mettra en relation les géants industriels néerlandais avec les acteurs du secteur agricole, halieutique et animalier ivoiriens.

Déforestation : Abidjan veut des « amendements » du règlement de l’UE

Le dispositif de l’Union européenne qui devrait être adopté au plus tard à la fin du premier semestre 2023, entrera en vigueur « fin 2024 au plus tôt », rassure l’Union européenne (UE).« L’entrée en vigueur n’est pas immédiate, elle se fera fin 2024 au plus tôt, ce qui implique que nous avons le temps de nous préparer », a dit ce mardi 7 février 2023 Mme Francesca Dimauro, l’ambassadeur de l’UE en Côte d’Ivoire.

La diplomate européenne s’exprimait, en marge d’un atelier à Abidjan, portant sur le règlement de l’Union européenne (UE) relatif aux produits associés à la déforestation et à la dégradation des forêts : cas de la filière café-cacao.

Cet atelier, organisé par le Conseil café-cacao, organe de régulation de la filière, a été ouvert par le ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture et du développement rural, Kobenan Adjoumani Kouassi, en présence de plusieurs acteurs du secteur. 

Selon l’ambassadeur de l’UE en Côte d’Ivoire, « l’idée, aujourd’hui, c’est de décortiquer ce règlement et de voir toutes ses facettes », tout en assurant que « la Côte d’Ivoire est sur la bonne voie parce qu’elle a pris déjà des engagements très forts par rapport à la lutte contre le changement climatique ».

A la COP 27, dira-t-elle, le vice-président ivoirien, Meyliet Koné, a décrit les engagements du pays qui veut « doubler » son couvert forestier en passant de « 10 à 20% ». Mais, pour y arriver, il faut s’attaquer à la déforestation.

Dispositif de l’UE 

En novembre 2021, la Commission européenne a proposé un « Projet de règlement sur la déforestation importée ». Ce projet est relatif à la mise à disposition sur le marché de l’Union ainsi qu’à l’exportation à partir de l’Union, certains produits de base et produits associés à la déforestation et à la dégradation des forêts.

Il vise à limiter la déforestation causée à travers le monde par différents produits commercialisés en Europe. Avec ce projet, l’UE entend restreindre l’importation et la vente sur son marché de certaines matières premières que sont : le bétail, le cacao, le café, l’huile de palme, le soja, l’hévéa et le bois.

Parmi les matières premières ciblées par ce projet de règlement de l’Union européenne, la majorité fait partie des exportations ivoiriennes, faisant de la Côte d’Ivoire l’un des pays qui sera le plus impacté par ledit règlement.

La Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial et les répercussions pourraient être considérables quand on sait que ce produit représente 14% du PIB, 35 % des recettes à l’export et qu’il offre près d’un million d’emplois qui contribuent à la subsistance de plus de cinq millions de personnes.

« Concernant le règlement, suite à l’accord interinstitutionnel du 5 décembre 2022 entre la Commission européenne, le Parlement et le Conseil Européens, ce texte ne sera plus modifié, sauf dans les cas prévus au chapitre 8, consacré aux possibilités de réexamen », a fait savoir le ministre d’Etat, Adjoumani Kouassi.

Amendements 

Selon le ministre Kobenan Adjoumani Kouassi, il y a « des mesures qui ne peuvent pas être appliquées sur le terrain ». La partie ivoirienne va « regarder tour à tour les différents articles et voir dans la mesure du possible des amendements qui peuvent y être apportés ».

« Je ne pense pas que la volonté de l’Union européenne soit de brimer nos pays, au contraire on est heureux que l’UE nous aide à préserver nos forêts, et le Conseil du café et cacao œuvre à cela », a-t-il déclaré.

« Le soja ne se cultive pas dans la forêt, or on l’a intégré dans les produits. Le soja, c’est plus ou moins en zone savanicole, alors les forêts ne sont pas concernées. Est-ce qu’il faut continuer de considérer cela comme un produit à la base de la déforestation ? », s’est-il interrogé.

« On dit que le palmier à huile par exemple est un arbre forestier (…) beaucoup de gens aiment aller dans les plantations de palmiers pour se recueillir et prendre de l’air, dire que c’est un arbre qui peut contribuer à la déforestation, ça aussi on a la possibilité de justifier », a-il poursuivi.

L’Etat de Côte d’Ivoire et l’UE ont, selon Mme Dimauro, « déjà entamé tout un dialogue autour de cette réglementation. Ce n’est pas la première fois », se félicitant de ce que le pays ait un système de traçabilité, des cartes de producteurs et lutte contre la déforestation avec une stratégie nationale de reforestation.

L’UE a apporté des appuis techniques et financiers à la Côte d’Ivoire et qui ont permis de donner au pays de nombreuses avancées sur les autres Etats et les moyens pour se préparer, grâce à un appui budgétaire de 8 millions d’euros, soit environ 5 milliards de Fcfa, a-t-elle souligné.

Cet appui, mobilisé par l’Union européenne, a permis de « soutenir la Côte d’Ivoire dans l’élaboration d’une ambitieuse stratégie nationale de cacao durable et la mise en place d’instruments de traçabilité et de suivi », a relevé la diplomate européenne.

Déforestation : réflexion à Abidjan sur les règlements de l’UE

Le Conseil café-cacao veut s’approprier le règlement de l’Union européenne (UE) sur la déforestation imputable à la filière. Le cacao, dont la Côte d’Ivoire est premier producteur mondial, représente 14% du PIB du pays et 35% de ses recettes à l’export.Le Conseil de l’UE a entériné en septembre 2022 de nouvelles dispositions pour réduire la déforestation et la dégradation des forêts à l’échelle mondiale. Les pays de l’Union, de ce fait, devront veiller à ce que les produits qu’ils consomment ne conduisent pas à épuiser les réserves forestières de la planète.

Ces mesures ciblent l’huile de palme, le bois, le café et le cacao. Ainsi, des « règles de diligence raisonnée obligatoires » ont été établies pour tous les opérateurs et les marchands qui mettent à dispositions des produits sur le marché de l’UE ou exportent à partir de l’Union.

Le texte réglementaire s’applique également à des produits dérivés tels que le cuir, le chocolat et le mobilier. La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, veut s’adapter à cette norme de l’Union européenne qui contraint désormais les pays et les chocolatiers à la traçabilité.

Pour aborder les enjeux de cette disposition, le Conseil café-cacao de Côte d’Ivoire, organe de régulation de la filière, organise ce mardi 7 février 2023 un atelier sur le règlement de l’UE relatif aux produits associés à la déforestation et à la dégradation des forêts, notamment le cas de la filière café-cacao.

Cet atelier est l’occasion pour l’Etat de Côte d’Ivoire et ses partenaires de s’approprier le règlement et de commencer à faire des propositions de solutions permettant de garantir la continuité de l’accès du cacao ivoirien au marché de l’Union européenne. 

A l’issue des négociations entre la Commission, le Conseil et le Parlement européen relatives à la proposition de règlement de l’UE sur les produits sans déforestation, un texte de compromis a été trouvé le 5 décembre 2022 par ces trois Institutions (Commission, Conseil et Parlement européen).

Dans sa version initiale, le texte cible sept matières premières et produits, notamment le cacao, le café, le bœuf, l’huile de palme, l’hévéa, le bois et le soja, dont cinq sont exportés par la Côte d’Ivoire vers l’Union européenne.

Le cacao représente 14 % du PIB du pays, 35 % de ses recettes à l’export et près d’un million d’emplois qui contribuent à la subsistance de plus de cinq millions de personnes. Pour ce faire, la Côte d’Ivoire veut s’accorder avec l’UE sur le contexte ivoirien afin de ne pas être pénalisée par cette mesure.  

En ce qui concerne le caoutchouc, la Côte d’Ivoire exporte chaque année pour une valeur de 355 millions d’euros vers l’Union européenne. Pour le bois, il s’agit de 55 millions d’euros, l’huile de palme 32 millions d’euros et le café pour le même montant.

La réglementation sur la déforestation comprend un système de classification par niveau de risque qui attribue aux pays tiers et à l’Union européenne un niveau de risque lié à la déforestation et à la dégradation des forêts (faible, standard ou élevé) par produit.

Le système de classification tiendra compte d’une série de critères objectifs, principalement les taux de déforestation et de dégradation des forêts (y compris en milieu rural), et le taux d’expansion des terres agricoles pour les produits concernés. La classification attribuée déterminera la part des mesures prises pour contrôler les opérateurs.

Une fois la réglementation adoptée (au plus tard à la fin du premier semestre 2023) la Commission européenne aura 18 mois pour adopter les actes d’exécution qui permettront d’en faciliter la mise en œuvre.

Ces actes d’exécution concernent toutes les dispositions pertinentes du règlement, notamment les critères associés au système de classification par niveau de risque des pays tiers concernés par le règlement sur la déforestation.

Le Conseil café-cacao de Côte d’Ivoire envisage, à l’issue de cet atelier, de sensibiliser tous les acteurs de la filière café-cacao sur les exigences à respecter et les efforts à fournir par chaque acteur de la chaîne de valeur du café-cacao.

AP/APA 

Côte d’Ivoire : le prix bord champ du Kg de cajou fixé à 315 Fcfa

Le ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture et du développement rural, Kobenan Kouassi Adjoumani, a procédé ce 3 février 2023 à l’ouverture officielle de la campagne de commercialisation de la noix de cajou pour l’année 2023.Le prix bord champ plancher obligatoire du Kg de noix brute de cajou fixé à 315 FCFA contre 305 FCFA pour la campagne 2022, est en hausse de 10 FCFA. Le prix plancher obligatoire magasin intérieur, lui, est fixé à 340 FCFA/Kg.

Le ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture et du développement rural a indiqué que le prix plancher obligatoire magasin usine a été arrêté à 369 F CFA le Kg et le prix plancher obligatoire magasin portuaire à 399 F CFA/Kg.

La production, dira-t-il, s’est établie à 1 050 000 tonnes de noix brutes de cajou et devrait atteindre en 2023 un niveau d’approvisionnement de 300 000 tonnes pour les transformateurs, ce qui traduit une progression d’environ 34% par rapport à la campagne précédente.

A l’issue de la campagne 2022, la Côte d’Ivoire a réalisé 1 028 172 tonnes de noix de cajou contre une prévision de 1 040 000 tonnes, soit 99% de réalisation des résultats attendus. Selon le ministre d’Etat, cette production enregistre une hausse de 6% par rapport à l’année 2021, où 968 676 tonnes ont été notifiées.

La campagne 2022 a enregistré un prix bord champ oscillant entre 305 FCFA et 450 FCFA/Kg pour une moyenne de 353 F CFA le Kg des prix de la noix de cajou brute. Ces prix ont permis une hausse de 7% des revenus des producteurs, qui sont passés de 339 milliards à 363 milliards F CFA de 2021 à 2022.

Quant aux exportations, elles se sont établies à 719 900 tonnes de noix brutes de cajou pour la campagne de commercialisation 2022 contre 805 748 tonnes en 2021, soit une baisse de près de 86.000 tonnes. Les offres sont essentiellement portées vers le Vietnam et l’Inde.

Le volume de noix brutes de cajou transformées localement connaît une évolution avec 224 036 tonnes enregistrées par les 27 unités du pays, soit 21,8% de la production et la Côte d’Ivoire qui occupe le 3ème rang mondial des Etats transformateurs et fournisseurs d’amandes de cajou derrière le Vietnam et l’Inde.

Afrique : rendre les systèmes alimentaires plus résilients

Dans cette interview accordée à APA, en marge du Sommet Dakar 2 sur la souveraineté alimentaire et la résilience, Hailemariam Dessalegn, président du conseil d’administration de l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA), appelle à plus de coordination, de politiques et d’investissements dans le domaine agricole et plaide pour la transformation des systèmes alimentaires pour se prémunir contre les chocs exogènes.La faim est une réalité en Afrique. Elle gagne même du terrain. Comment expliquez-vous cela ?

Il est en effet terrible de voir une famille, où qu’elle soit, lutter contre la faim. En tant que dirigeant africain, j’ai travaillé avec d’autres pour convenir, par le biais du PDDAA/Déclaration de Malabo, d’œuvrer ensemble en tant que pays africains pour transformer l’agriculture. Nous avons vu qu’il y avait un énorme potentiel et de l’ambition pour le changement. Nous avons constaté de bons résultats – certains pays ont fait beaucoup mieux que d’autres. J’ai vu de mes propres yeux les agriculteurs sur le terrain – ce qui se passe lorsque l’on s’attaque à l’essentiel. Mais les incohérences demeurent.

Au niveau national et continental, l’agriculture a besoin de plus de coordination, de politiques et d’investissements. Il est désormais prouvé que le changement climatique a eu un impact direct sur les agriculteurs, systématiquement, année après année.

A l’AGRA, nous avons constaté des progrès grâce à des partenariats publics et privés coordonnés dans des zones infranationales où les agriculteurs avaient accès à des semences améliorées, à des engrais, à de bonnes pratiques agro-écologiques, à des services de vulgarisation et de mécanisation, au stockage et aux marchés.

Cependant, ces dernières années, l’Afrique a été touchée de manière disproportionnée par de multiples crises naturelles et d’origine humaine. De la pandémie de Covid-19 au changement climatique, en passant par le conflit entre la Russie et l’Ukraine, qui a entraîné une hausse des prix des aliments et des engrais, tous ces facteurs ont contribué à mettre à rude épreuve les systèmes alimentaires africains, déjà soumis à des tensions.

Nous risquons d’inverser et, dans certains cas, d’éroder les progrès réalisés au fil des ans, ce qui aura pour effet d’exacerber l’insécurité alimentaire et la malnutrition. Nous devons de toute urgence transformer les systèmes alimentaires afin de les rendre plus résilients pour résister à de tels chocs à l’avenir.

À quoi servent les nombreux sommets, ateliers et rencontres si l’Afrique n’arrive toujours pas à nourrir sa population ?

L’Afrique est totalement imbriquée dans les événements mondiaux et les routes commerciales. Nous avons besoin que la communauté et les forums mondiaux s’engagent et travaillent ensemble pour transformer de toute urgence les systèmes alimentaires africains. Les multiples crises récentes montrent cette interconnexion. Mais nous sommes plus efficaces si nous travaillons ensemble et si nous tirons parti des solutions qui fonctionnent et les transposons à plus grande échelle. La lutte contre l’insécurité alimentaire sur le continent nécessite des actions coordonnées entre de multiples parties prenantes.

Le sommet de Dakar 2 intervient à un moment crucial où le continent est confronté à de nombreux défis, notamment une croissance démographique rapide, des inégalités économiques persistantes, des menaces liées au changement climatique, à la sécheresse, au chômage des jeunes et à la malnutrition. Alors que les pays africains donnent la priorité à la sécurité alimentaire, aux moyens de subsistance et à la croissance économique, nous devons également faire face aux menaces du changement climatique et saisir les opportunités de l’économie verte.

Que peut-on attendre de ce sommet Dakar 2 sur la souveraineté et la résilience ?

Nous sommes venus pour mobiliser un engagement politique de haut niveau autour de la production, des marchés et du commerce. Nous savons que nous devons augmenter et aligner les ressources gouvernementales, les partenaires du développement et le financement du secteur privé pour atteindre la sécurité alimentaire.

Le plus important est le fait qu’un si grand nombre de présidents et de ministres se soient réunis à Dakar pour chercher ensemble des solutions aux problèmes de sécurité alimentaire de l’Afrique – sous l’impulsion du président du Sénégal, qui en assure également la présidence. Cela montre la détermination des dirigeants africains à traiter la sécurité alimentaire avec le sérieux qu’elle exige. Ils ont montré la nécessité et l’importance de donner la priorité à la sécurité alimentaire pour rebondir après la crise actuelle des prix des denrées alimentaires, et de le faire de manière à relever également les défis climatiques. Les pays se sont montrés particulièrement préoccupés par la question des engrais – et se sont engagés à travailler ensemble avant le Sommet africain sur les engrais et la santé des sols qui se tiendra en juin à Dakar, sous la direction de l’Union africaine.

Parmi les principaux résultats du sommet, citons l’élaboration de pactes nationaux pour l’alimentation et l’agriculture par 40 États membres africains, dont 10 avec l’assistance technique de l’AGRA. Les autres institutions qui ont soutenu les pays dans ce processus sont la FAO et le FIDA, qui démontrent la nécessité d’investir dans une série de chaînes de valeur, notamment le riz, le blé, le soja et la volaille.

L’analyse financière et économique entreprise sur les accords pour ces investissements montre que la chaîne de valeur du riz, par exemple, nécessite entre 13 et 684 millions de dollars US, la volaille 30 à 108 millions de dollars US et le blé 15 à 100 millions de dollars US. Il s’agit d’opportunités considérables pour engager le secteur privé et les pays présents l’ont fait, tout en indiquant ce qu’ils feraient différemment pour améliorer les politiques et l’environnement de travail.

N’est-il pas temps de passer à des actions concrètes susceptibles de changer la donne ?

Les dirigeants font des progrès en renouvelant leurs engagements financiers et stratégiques pour investir dans les stratégies du système alimentaire – et nous devons nous appuyer sur ces engagements. Le continent réalise qu’il doit trouver des moyens de produire des engrais et d’augmenter durablement la production nationale d’aliments de base comme le blé pour se protéger des perturbations.

Nous avons besoin d’investissements – ce sommet a donné des projets phares et des incitations claires pour que cela se produise.

L’AGRA dit aider les pays africains à concevoir des stratégies et des plans nationaux d’investissement dans l’agriculture. Quelles sont les principales mesures que l’AGRA promeut et les résultats probants obtenus après leur exécution ?

L’AGRA aide les pays à concevoir des stratégies et des plans d’investissement à partir de leurs systèmes alimentaires, sur la base de leurs propres engagements et de leur vision de ce qu’ils veulent faire. L’AGRA n’a pas d’ordre du jour, si ce n’est de renforcer la capacité d’exécution – dans un domaine par ailleurs très technique. Une partie de ces stratégies améliorera l’accès des agriculteurs à des variétés de semences plus productives, avec de bons rendements, résistantes aux maladies, à haut rendement, à maturation précoce mais aussi tolérantes à la sécheresse. L’AGRA apporte son soutien à des pratiques agricoles durables qui permettent de trouver le juste équilibre entre l’alimentation des populations et la gestion de l’environnement, ainsi qu’une approche globale des systèmes alimentaires comme avenir de l’agriculture en Afrique.

La nouvelle stratégie 2030 de l’AGRA vise à aider les gouvernements à lutter contre la faim et la pauvreté en renforçant les systèmes alimentaires africains, qui ont été dévastés par une décennie de crises multiples. Ces événements ont créé un besoin urgent de transformation accélérée de l’agriculture et de renforcement rapide des systèmes alimentaires.

La nouvelle stratégie de l’AGRA vise à s’appuyer sur les réalisations précédentes pour améliorer les systèmes alimentaires de l’Afrique. L’AGRA a eu un impact direct sur la vie de plus de 11 millions d’agriculteurs et un impact indirect sur 26 millions d’entre eux grâce à son travail sur les politiques, les capacités des États et les partenariats. L’organisation a facilité 42 réformes politiques, soutenu 11 programmes phares nationaux et mobilisé 1,4 milliard de dollars d’investissements.

En outre, l’AGRA a formé plus de 35 000 conseillers dans les villages, ce qui se traduit par des niveaux d’adoption élevés pour les agriculteurs soutenus par le modèle durable de conseillers basés dans les villages (VBA, sigle anglais). 75 % des 11 millions d’agriculteurs ont adopté l’utilisation d’engrais, 48 % ont adopté des semences améliorées et 60 % ont adopté des pratiques post-récolte. Ces efforts ont contribué à améliorer les performances des systèmes alimentaires africains, mais d’autres transformations sont nécessaires pour parvenir à une croissance durable.

Plusieurs technologies dans le domaine agricole sont conçues, mais leur coût exorbitant est décrié par les petits producteurs. Comment faire pour y remédier ?

Les technologies soutenues par l’AGRA sont à haut rendement et généralement peu coûteuses, notamment les bonnes pratiques agricoles et les pratiques agricoles intelligentes sur le plan climatique. Nous avons vu des agriculteurs adopter des intrants et des pratiques améliorés, et constater des impacts significatifs. L’information et les connaissances sont vitales – aussi l’AGRA et de nombreux partenaires ont-ils montré comment il est possible d’atteindre les agriculteurs au niveau des villages. Les subventions ou les aides gouvernementales peuvent aider les petits agriculteurs à se procurer des technologies agricoles coûteuses. Les programmes de microfinance peuvent aider les petits agriculteurs à obtenir des prêts pour acheter des technologies coûteuses. Le développement et la promotion de technologies appropriées et peu coûteuses pour les petits agriculteurs peuvent également contribuer à améliorer l’accès aux outils et équipements nécessaires.

Cela représente également une opportunité pour les partenariats public-privé, où le secteur privé investit dans les nouvelles technologies et les partage avec les petits exploitants agricoles par le biais de réseaux d’agro-commerçants et de centres de services aux agriculteurs. Le développement et la promotion de technologies agricoles à code source ouvert peuvent également contribuer à réduire les coûts pour les petits agriculteurs. Les agriculteurs doivent avoir accès à des technologies abordables pour produire des cultures résilientes et de qualité, et avoir une chance équitable de bénéficier des fruits de leur travail.

Dans l’essentiel des pays africains, les moyens utilisés dans l’agriculture restent majoritairement archaïques. La transformation des systèmes agricoles, n’est-ce pas là où le bât blesse ?

Je suis très optimiste quant au fait que le changement dans l’agriculture est à la fois possible et nécessaire. J’ai pu le constater en Éthiopie – mon propre pays – et lors de mes voyages sur le continent. Pour relever les défis auxquels sont confrontés les systèmes alimentaires africains, tous les acteurs doivent travailler ensemble, en mettant en commun les efforts locaux et mondiaux, afin de renforcer la résilience des systèmes alimentaires face à des défis tels que le changement climatique et d’autres chocs, et de catalyser l’amélioration de la productivité.

Nous voulons transformer les systèmes alimentaires et avons besoin du soutien, du partenariat et des contributions du reste du monde.

Côte d’Ivoire : le Conseil du café-cacao s’installe à Abou Dhabi

La licence commerciale qui autorise l’ouverture de l’office émirati du Conseil du café-cacao a été octroyée, à l’issue d’une signature d’accord de siège aux Émirats Arabes Unis.M. Brahima Yves Koné, le directeur général du Conseil du café-cacao, organe de régulation de la filière, a paraphé ce 16 janvier 2023, aux Émirats Arabes Unis, l’accord de siège de la représentation permanente du Conseil du café-cacao dans la capitale, Abou Dhabi.  

Il s’est vu remettre des mains du Président du Conseil d’Administration de l’Abu Dhabi Global Market (ADGM), M. Ahmed Jasmi Al Zaabi, la licence commerciale qui officialise l’ouverture de l’office émirati du Conseil du café-cacao.

Cette séance a enregistré la présence de la cheffe de la diplomatie ivoirienne, Mme Kandia Kamissoko Camara, du ministre-secrétaire général de la présidence, M. Abdourahmane Cissé et du ministre des Mines, du Pétrole et de l’énergie, M. Mamadou Sangafowa Coulibaly.

La Côte d’Ivoire est le premier producteur de fèves de cacao avec 2,2 millions de tonnes par an, soit 45% de l’offre mondiale. Cette matière première génère 40% de recettes d’exportation et compte pour 15 % du PIB national.

A partir des Émirats Arabes Unis, l’Etat de Côte d’Ivoire compte toucher la péninsule d’Arabie et le golfe Persique, voire l’Asie, le plus grand continent et le plus peuplé. D’importants marchés pour écouler ses productions de café et de cacao.

La Bad casque gros pour financer l’agriculture africaine

Le groupe de la Banque africaine de développement va débloquer 10 milliards de dollars pour soutenir les pactes de livraisons de produits alimentaires et agricoles sur 5 ans dans divers pays du continent.Moins de paroles et plus d’actions. Dakar 2, la deuxième édition du sommet africain sur la souveraineté alimentaireveut aboutir à des actes concrets et rompre avec le « paradoxe » d’un continent doté de toutes les ressources nécessaires pour garantir sa sécurité alimentaire, mais qui continue d’importer l’essentiel de ses denrées de première nécessité.

Pour ce faire, la Banque africaine de développement (Bad)montre la voie et sort les gros moyens. L’institution financière panafricaine « va débloquer 10 milliards de dollars pour soutenir les pactes de livraisons de produits alimentaires et agricoles des pays du continent sur 5 ans », a annoncé son président, le Nigérian Akinwumi Adesina. 

L’ancien ministre nigérian de l’Agriculture s’exprimait, mercredi à Diamniadio, à l’ouverture de cette rencontre prévue jusqu’au vendredi 27 janvier et dont le thème est : « Nourrir l’Afrique : souveraineté alimentaire et résilience ».

À l’échelle mondiale, 828 millions de personnes souffrent de la faim, l’Afrique à elle seule en 249 millions, soit un tiers du nombre d’individus concernés. Pour le président Macky Sall, hôte de la rencontre, la question de la souveraineté alimentaire « qui était une priorité pour l’Afrique est devenue une urgence de première nécessité ».

Partant de ce constat, le chef de l’Etat sénégalais a indiqué que « l’Afrique doit apprendre à se nourrir elle-même et à contribuer à donner de la nourriture au monde ». «
Nous en avons le potentiel. Nous sommes 1,4 milliards d’habitants, établis sur 30 millions de km² avec plus de 60 % des terres arables non exploitées de la planète et d’abondantes ressources hydriques », a-t-il affirmé. 

Alarmiste, le président en exercice de l’Union africaine a noté que face à une crise sans précédent, le continent noir est à la croisée des chemins : le chemin de l’Afrique des problèmes[…] et le chemin de l’Afrique des solutions. « Dakar 2 veut s’inscrire dans la dynamique de l’Afrique des solutions. Une Afrique qui puise dans son énorme potentiel pour se nourrir par elle-même et aider à nourrir le monde », a lancé MackySall. 

Malgré un contexte mondial difficile marqué par la guerre en Ukraine, « nous voulons rester combatif, résolu à surmonter nos obstacles pour relever les défis devant nous. J’appelle tous nos partenaires bilatéraux et multilatéraux à se mobiliser avec nous, et c’est le moment de faire des actions, pour faire de Dakar 2 un véritable sommet de l’action afin de réussir ensemble le pari de la production agricole et de la souveraineté alimentaire en Afrique », a-t-il déclaré.

Dans ce combat contre la faim, le continent noir a besoin du soutien de ses partenaires bilatéraux et multilatéraux. Mais pour le président Macky Sall, « il est important que les différentes initiatives en direction de l’Afrique soient mieux coordonnées au plan continental pour qu’elles soient en harmonie avec les quatre piliers de notre programme détaillé pour le développement de l’agriculture en Afrique ». 

Le premier pilier de ce plan vise à valoriser davantage la recherche, à améliorer la mécanisation agricole et la maitrise de l’eau, et à intensifier l’utilisation de technologies appropriées y compris la transformation locale des produits. 

Deuxièmement, il s’agira d’élargir les superficies exploitées et d’assurer une gestion durable des terres. Ensuite, le programme prévoit d’améliorer l’accès des produits aux marchés en renforçant les infrastructures de désenclavement et d’interconnexion transfrontalière ainsi que les équipements de stockage, de conservation et de transformation locale. 

Enfin, il s’agira de soutenir les petits exploitants qui ne doivent pas être sacrifiés à l’aune de la grande agriculture par un encadrement et un financement adaptés à leurs besoins. 

« Nous devons, de la fourche à la fourchette, avoir une approche filière globale qui permet d’assurer notre souveraineté alimentaire », a plaidé Macky Sall. 

Sur la transformation durable des systèmes agricoles, a-t-ilrelevé, la réforme foncière rêvait une sensibilité particulière qui nécessite de concilier les besoins légitimes de l’agriculture familiale et ceux indispensables de l’agrobusiness pour la production à grande échelle. 

Là également, une attention particulièrement devra être accordée à l’accès au foncier aux femmes et aux jeunes, a-t-il conclu.

Sénégal : l’ex-PM Aminata Touré perd son mandat parlementaire

Les quotidiens sénégalais parvenus mercredi à APA titrent principalement sur la déchéance du mandat de député d’Aminata Touré dite « Mimi », ex-baronne du régime de Macky Sall qui s’est retrouvée dans l’opposition depuis quatre mois.Walf Quotidien évoque la déchéance du mandat parlementaire de l’ex-Premier ministre Aminata Touré et explique « comment » les coalitions au pouvoir Benno Bokk Yakaar (unis pour un même espoir) et de l’opposition Wallu Sénégal (sauver le Sénégal) « ont liquidé Mimi », le surnom de l’ex-proche de Macky Sall, le président qui marche « sur les pas de (son prédécesseur Abdoulaye) Wade ».

Toutefois, la concernée qui a fait du combat contre l’éventuelle troisième candidature à la présidentielle de 2024 de son ex-mentor son cheval de bataille, souligne dans le journal : « Cela ne me fera reculer d’un iota ».

Malgré tout, Le Quotidien constate que « le Touré joué » pour l’ancienne présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese), déchue de son mandat de député. « Je reste déterminée à poursuivre mon combat », a-t-elle réagi même si Bés Bi remarque que « Mimi siège dehors ».

Selon ce journal, Benno Bokk Yakaar « invoque les +jurisprudences+ Mbaye Ndiaye, Moustapha Cissé Lô, Issa Sall » pour déchoir Aminata Touré de son mandat parlementaire de concert avec des députés du Parti démocratique sénégalais (PDS) d’Abdoulaye Wade. Ainsi, Bés Bi note que ce parti « se venge de Mimi », ministre de la Justice en 2016 lors de la condamnation de Karim Wade, ex-puissant ministre du régime libéral, pour enrichissement illicite.

Sud Quotidien souligne que l’« évincement de Mimi Touré par Benno » n’a pas été fait dans les règles de l’art puisque « le règlement intérieur de l’Assemblée nationale a été piétiné, la loi constitutionnelle tronquée ». Spécialiste en droit parlementaire, Alioune Souaré explique à L’Observateur que « le Bureau de l’Assemblée n’a pas cette prérogative » de « démackyller » Aminata Touré. Cette dernière assure toutefois qu’elle « saisira les voies de recours légal pour redresser cette forfaiture scandaleuse ».

Au demeurant, le journal, qui semble ne pas comprendre « le jeu trouble du PDS qui a fait pencher la balance » pour l’exclusion d’Aminata Touré du parlement, se pose des « questions sur l’avenir politique de l’ex-Premier ministre et sa place dans l’opposition ». Bés Bi rappelle que Mme Touré a été « citée dans un rapport de l’Inspection générale d’Etat (IGE) » et se demande dès lors si elle ne sera pas « livrée à la justice ».

Pendant ce temps, Le Soleil note un « intense ballet diplomatique » ce jour au Sénégal à l’occasion du Sommet sur la souveraineté alimentaire organisé à Dakar. En plus du président irlandais Michael Daniel Higgins reçu hier au palais de la République par son homologue sénégalais Macky Sall, dix-huit « chefs d’Etat et de gouvernement, trois vice-présidents, quatre Premiers ministres et vice-Premiers ministres, onze ministres et chefs de délégation et six dirigeants d’organisations internationales sont » présents dans la capitale sénégalaise pour cet événement.

En football, Stades affirme que les attaquants sénégalais Nicolas Jackson et Bamba Dieng sont « sur le point de changer d’air ». Pensionnaire de Villarreal (élite espagnole), le premier est ciblé par Bournemouth qui pourrait réaliser « un transfert record en Premier League » anglaise. Pour retrouver de la compétitivité, le joueur de l’Olympique de Marseille se dirige de son côté vers Lorient, toujours en Ligue 1 française, et son prix est « évalué à 3,2 milliards FCFA », selon le quotidien sportif.

A l’inverse, leur compatriote Alfred Gomis fait des « douloureuses confessions » à Walf Quotidien. « Snobé » par son club français Rennes depuis le début de la saison, le gardien numéro deux des Lions dit qu’il est « passé de tout à rien ». « Pour le club, je ne fais plus partie du projet », a regretté le portier sénégalais avant d’ajouter qu’un « retour en Série A (italienne) n’est pas exclu ».

Afrique : ouverture du Sommet Dakar 2 sur l’Agriculture

Co-organisé par le Sénégal et la Banque africaine de développement (Bad), cet événement vise à « libérer le potentiel de production alimentaire » du continent.Comment nourrir l’Afrique ? Durant trois jours, du 25 au 27 janvier 2023, une vingtaine de chefs d’État et de gouvernement, accompagnés de plusieurs experts dans leurs délégations, tenteront de répondre à cette question, thème du Sommet Dakar 2 qui s’est ouvert mercredi matin au Centre international de conférences Abdou Diouf à Diamniadio, à une trentaine de kilomètres de Dakar.

Au cours de rencontre axée sur l’action, ces dirigeants tiendront des réunions pour mobiliser et mettre en cohérence les ressources gouvernementales, les partenaires au développement et le financement du secteur privé pour libérer le potentiel alimentaire de l’Afrique, lit-on sur le site de la Banque africaine de développement (Bad), co-organisatrice de l’événement.

« Ce ne sera pas un sommet comme les autres », a promis la vice-présidente de la Bad pour l’agriculture, le développement humain et social, Beth Dunford, interrogée par RFI.

Les conséquences de la pandémie de la Covid-19 et de la guerre en Ukraine frappent de plein fouet les pays africains, obligés d’agir. « Nous savons que près de 250 millions d’Africains dorment chaque nuit en ayant faim, et c’est inacceptable. Nous savons aussi que les prix des denrées alimentaires augmentent, donc les populations ont plus de mal à nourrir leurs familles. Le coût des engrais augmente également, les agriculteurs ont des difficultés à produire plus. Donc c’est le moment de se mobiliser pour renforcer la souveraineté alimentaire et la sécurité alimentaire », plaide-t-elle.

Pour y arriver, la Bad compte sur la levée des obstacles au développement agricole et en l’accompagnant d’investissements nouveaux. Cela permettrait de porter la production agricole de l’Afrique de 280 milliards de dollars par an à mille milliards de dollars d’ici 2030.

Selon la Bad, investir dans l’augmentation de la productivité agricole, soutenir les infrastructures, les systèmes agricoles adaptés au climat, avec des investissements du secteur privé tout au long de la chaîne de valeur alimentaire, peuvent aider à faire de l’Afrique un grenier pour le monde.

Durant ce sommet, souligne la Banque africaine de développement, les acteurs du secteur privé s’engageront à développer des chaînes de valeur critiques. Les gouverneurs des banques centrales et les ministres des Finances s’engageront aussi à élaborer des dispositifs de financement pour la mise en œuvre des pactes pour l’alimentation et l’agriculture, en collaboration avec les ministres responsables de l’agriculture, ainsi qu’avec les acteurs du secteur privé, y compris les banques commerciales et les institutions financières.

Le programme du Sommet est axé sur les priorités suivantes : mobiliser un engagement politique de haut niveau autour de la production, des marchés et du commerce pour mettre en œuvre des pactes de livraison de produits alimentaires et agricoles pour certains pays ; mobiliser et aligner les ressources gouvernementales, les partenaires de développement et le financement du secteur privé autour des pactes de livraison de produits alimentaires et agricoles pour atteindre la sécurité alimentaire à grande échelle dans chaque pays.

Les discussions permettront également de partager les expériences réussies en matière d’alimentation et d’agriculture dans certains pays et des plateformes pour intensifier le soutien à l’agriculture.

Cela devrait permettre de doubler la productivité agricole grâce à des technologies de pointe, à l’élevage et à l’aquaculture et à des services consultatifs adaptés au climat. De même, il est attendu un soutien à la recherche et le développement pour un pipeline de technologies agricoles résilientes au climat.

Enfin, la rencontre devrait permettre de développer l’infrastructure et la logistique nécessaires avec les zones spéciales de transformation agro-industrielle pour construire des marchés et des chaînes de valeur alimentaires et agricoles compétitives.

Hévéa ivoirien : la SAPH décroche la certification Top Employeur

La Côte d’Ivoire, qui produit 70% du caoutchouc africain avec 1,100 million de tonnes par an, fait face à un défi de transformation et de commercialisation de sa production.Le pays veut atteindre pour la campagne 2022 une production de 1,2 à 1,5 million de tonnes, afin de s’installer au 3e rang à l’échelle mondiale. Des efforts restent à faire pour amener la filière à davantage de compétitivité et créer de la plus-value.   

Dans ce contexte, il a été lancé la phase pilote du projet de certificat foncier, en cours d’achèvement, qui enregistre seulement près de 7.000 souscripteurs sur 120.000 producteurs. Ce qui requiert une régulation du secteur en vue de capitaliser le potentiel de la filière.       

Pour évaluer son process de management en matière de ressources humaines, la Société africaine de plantations d’hévéa (SAPH), a engagé la certification de son environnement de travail. Le résultat a été rendu officiel, le mardi 17 janvier 2023 par le Top Employeur Institute.  

Le Top Employer Institute, l’autorité internationale qui certifie l’excellence des pratiques RH, a attribué la Certification Internationale Top Employeur Côte d’Ivoire 2023 à la SAPH qui obtient cette certification aux standards internationaux pour la deuxième année consécutive avec un score en hausse par rapport à l’année 2022.

Par cette distinction renouvelée, la SAPH (filiale du groupe SIFCA), maintient son positionnement dans le classement très restreint des entreprises de Côte d’Ivoire qui ont atteint l’excellence en matière de conditions de travail de ses collaborateurs.

Cela vient confirmer le haut niveau d’attachement de l’entreprise pour le capital humain et une culture RH, résolument centrée sur la promotion d’un environnement de travail sain et sécurisé, le développement des compétences par la formation, et la promotion des mobilités professionnelles en lien avec les besoins.

Célébration du cinquantenaire de l’ICCO à Abidjan en avril

Cette festivité sera également marquée par la célébration du 10e anniversaire de la Déclaration d’Abidjan relative à un Agenda global pour une économie cacaoyère durable.Le Conseil des ministres, en Côte d’Ivoire, a approuvé ce mercredi 18 janvier 2023 l’organisation de la célébration du cinquantenaire de l’Organisation Internationale du Cacao (ICCO).  

En accord avec la décision de l’ICCO, prise lors de la 105e session ordinaire de l’institution tenue en avril 2022, le Conseil a approuvé l’organisation de la célébration du cinquantenaire de l’ICCO, qui aura lieu le 17 avril 2023, à Abidjan.

Placé sous l’égide du président de la République, il sera marqué par la célébration du 10e anniversaire de la Déclaration d’Abidjan relative à un Agenda Global pour une Économie Cacaoyère Durable, adopté en novembre 2012.

Le siège de l’Icco délocalisé à Abidjan, a été inauguré le 25 avril 2017, quittant définitivement Londres, après 44 ans. Et ce, à la suite de 16 ans d’offensive diplomatique des autorités ivoiriennes, qui ont introduit en 2001 une requête auprès de l’organisation en vue d’accueillir le siège statutaire.

La Côte d’Ivoire, premier pays producteur mondial de cacao avec 2,2 millions de tonnes, veut afficher son leadership en matière de gouvernance de la cacao culture. Cet espace sera l’occasion de dérouler sa vision sur une cacao culture durable et protectrice de l’environnement.

L’Ouganda va produire des vaccins anti-tiques

L’Ouganda va produire son propre vaccin anti-tiques pour lutter contre fièvre aphteuse qui menace son agriculture.Le ministère de l’Agriculture, de l’Industrie animale et de la Pêche, par l’intermédiaire de l’Organisation nationale de recherche agricole (NARO), indique qu’il est à un stade avancé de la mise en place d’une infrastructure locale de fabrication de vaccins à Nakyesasa, dans le district de Wakiso, afin de produire des vaccins contre les tiques et la fièvre aphteuse.

Selon le ministère, l’Ouganda devrait commencer à fabriquer les vaccins dans environ deux ans. Cette information a été révélée mercredi lorsque l’équipe technique du ministère, dirigée par Ronald Ssegawa Gyagenda, sous-secrétaire et commissaire en charge des finances et de l’administration, s’est présentée devant le Comité des comptes publics pour répondre aux questions de l’Auditeur général concernant l’exercice financier 2020/2021.

« Nous prévoyons de faire fabriquer en Ouganda, par l’intermédiaire de la NARO, des vaccins contre les poux et contre la fièvre aphteuse, et l’installation de Nakyesasa a été mise en place. Nous allons produire une souche de vaccin qui peut être multipliée, mais nous avons accéléré la production de celui contre les tiques, qui est devenu si grave, et il est maintenant testé sur le terrain avant que nous lancions la fabrication complète », a déclaré Fred Mayanja, commissaire à la planification et au développement agricoles.

Initiative villes vertes : près de 100 millions Fcfa de la FAO à la Côte d’Ivoire

L’Initiative villes vertes, un projet soutenu par la FAO, connaîtra sa phase d’exécution en Côte d’Ivoire d’ici quelques mois grâce à un partenariat conclu avec le District d’Abidjan, à travers l’Institut de l’économie circulaire d’Abidjan (Ieca).A l’occasion d’une conférence de presse animée ce mardi 10 janvier 2023 sur les bords de la lagune Ebrié par le coordonnateur sous régional de l’Initiative villes vertes, Dr Gouantoueu Guéi, par ailleurs représentant par intérim de la Fao Côte d’Ivoire, a dévoilé les contours de ce projet.

L’Initiative villes vertes vise à « mettre au centre du développement des villes la problématique de l’alimentation », a-t-il dit, ajoutant que le défi pour les villes est de nourrir leurs populations, en raison de leur forte urbanisation ces dernières années.

Pour lui, il est impérieux d’impliquer les populations urbaines dans le processus de production des aliments pour la consommation afin d’infléchir la courbe de la dépendance en matières vivrières, en milieu rural. 

Ce projet villes vertes qui s’implémente en Côte d’Ivoire, en partenariat avec le District d’Abidjan, repose s’articulera en deux phases. La première consiste en une opération pilote de collecte de déchets organiques et en leur transformation en protéines animales.

Quant à la seconde phase, elle concerne le soutien à des porteurs de projets villes vertes utiles à la résilience urbaine et à l’habitat. Les projets seront répertoriés dans 24 villes, sur l’ensemble du territoire ivoirien.

« Les déchets vont être utilisés pour produire le compost et des personnes seront formées sur l’utilisation des produits chimiques afin que ce que nous consommons soit sain et même l’alimentation des animaux que nous élevons », a fait observer Dr Gouantoueu Guéi.

Le directeur de l’Institut de l’économie circulaire d’Abidjan, Kopieu Gonkanou, enchérit pour dire que le projet vient réduire le gaspillage des ressources naturelles à travers, entre autres, la transformation et la réutilisation de certains déchets.

« Aujourd’hui, l’économie circulaire nous interpelle tous pour que ce qu’on appelait hier déchets soit une nouvelle ressource », a-t-il mentionné. Il n’a pas manqué de souligner que ce projet permettra de mobiliser environ 60.000 emplois.

« On va entretenir le développement de l’agriculture urbaine, de l’élevage de poulets, avec de petits producteurs qu’on doit encadrer et former pour qu’ils puissent utiliser les sous-produits qui vont sortir de la transformation qu’on nomme la bioconversion des déchets alimentaires », a-t-il poursuivi.  

L’Initiative villes vertes se veut un projet écologique qui se base sur trois piliers, l’agriculture et la reforestation en zone urbaine et péri-urbaine, les populations vivant dans les villes à la pratique de la culture maraîchère, soit dans leur jardin ou autres terrains propices.

Le projet a également pour but la promotion d’un système alimentaire en évitant le gaspillage. Pour la phase pilote du projet villes vertes, ce sont environ 100 millions de F Cfa qui doivent être dégagés par la Fao pour soutenir l’Etat ivoirien.

L’Europe met sous embargo les produits halieutiques camerounais

Pour Bruxelles, Yaoundé est « non coopérant dans la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN, sigle en anglais) ».Finalement, la Commission de l’Union Européenne (UE) met sa menace à exécution. En février 2021, elle avait adressé au Cameroun une notification pour lui signifier « la persistance des insuffisances graves » dans sa politique de pêche.

Hier jeudi, ce pays de l’Afrique centrale s’est vu attribuer un « carton rouge ». En vertu du « règlement INN » de l’espace communautaire européen, entré en vigueur en 2010, « les États membres de l’UE refusent l’importation de produits de la pêche du Cameroun même lorsqu’ils sont accompagnés de certificats de capture validés par les autorités nationales ».

Le communiqué, consulté par APA, ajoute que cette décision « se fonde notamment sur l’incapacité des autorités camerounaises à assurer un contrôle adéquat de la flotte de pêche nationale et de prendre les mesures correctives nécessaires à l’arrêt et à la prévention des activités de pêche INN ».

En outre, précise le document, le Cameroun a continué d’enregistrer des navires de pêche opérant en dehors de ses eaux, y compris un navire de pêche INN, sans que leurs activités ne fassent l’objet d’un quelconque suivi.

Bruxelles a eu la main lourde parce que « la pêche INN constitue l’une des menaces les plus graves qui pèsent sur l’exploitation durable des ressources aquatiques vivantes, met en péril les fondements de la politique commune de la pêche de l’UE et les efforts déployés par l’Union au niveau international pour promouvoir une meilleure gouvernance des océans, et 
représente un danger majeur pour la biodiversité et l’environnement marins ».

La valeur totale estimée de la pêche INN, indique la source, est de l’ordre de 10 à 20 milliards d’euros par an. Et chaque année, entre 11 et 26 millions de tonnes de poissons sont capturés de manière illicite, ce qui correspond à 15 % au moins des captures mondiales.

Voilà pourquoi la Commission de l’UE « applique une tolérance zéro à l’égard de la pêche INN ». Elle va maintenant proposer au Conseil européen d’inscrire le Cameroun sur la liste des pays non coopérants, mais ne rompt pas le dialogue avec les dirigeants de cet État car il est toujours possible de « remédier aux insuffisances constatées ».

L’Union Européenne, premier importateur mondial de produits halieutiques, avait déjà fermé son marché au Cameroun pour « non-respect des règles sanitaires » dans le secteur de la pêche. Le pays de Paul Biya est dorénavant frappé d’une double sanction.

Renforcement de la coopération entre le Mali et le Brésil

Les deux pays s’engagent à donner une nouvelle impulsion à la coopération bilatérale.Le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga a bouclé, mardi 3 janvier 2023, une visite au Brésil, où il assistait l’investiture du président Luiz Inácio Lula da Silva, deux jours plus tôt. Il était accompagné d’une forte délégation composée du chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, du ministre du Développement rural, Modibo Keïta, ainsi que d’autres personnalités civiles et militaires.

Au cours de cette cérémonie, le Premier ministre représentait le président de la transition, le colonel Assimi Goïta. Le Mali était l’un des rares pays africains à avoir dépêché une délégation de haut niveau à l’investiture du nouveau président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva. A la faveur de l’audience que ce dernier a accordée au chef du gouvernement malien, l’occasion a été saisie pour discuter du renforcement de la coopération bilatérale dans les domaines de la sécurité, de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche.

Dans le domaine de la sécurité, il faut préciser que la flotte de l’armée de l’air du Mali comprend des avions d’attaque légers « Super Tucano » fabriqués par la société brésilienne « Embraer ».

S’agissant de l’élevage et de la pêche, les deux pays ont signé fin mars 2022, sous le régime de Jair Bolsonaro (2019-2023), deux conventions visant à augmenter la production et la productivité en viande bovine de qualité dans la zone périurbaine de Bamako et dans la région de Kayes, ainsi que la production de poisson dans la zone périurbaine de la capitale, à Koulikoro et à Selingué.

L’enveloppe allouée entièrement par le Brésil à ces deux conventions est de 1.490.000.000 F Cfa pour l’élevage et 735.000.000 F Cfa pour la pisciculture.

Le sous-secteur de l’élevage contribue à hauteur de 19% au Produit intérieur brut (Pib) du Mali (PIB) et est le troisième contributeur aux recettes d’exportation après l’or et le coton. Quant au sous-secteur de la pêche, selon le ministère du Développement rural, « il occupe 7,2% de la population malienne avec une contribution de 4,2% au Pib ».

Pour ce qui est de l’agriculture, le Brésil et le Mali font partie des plus grands producteurs de coton dans le monde. A ce sujet, les deux pays participaient à un projet de l’Organisation internationale du travail (OIT) visant à contribuer à la promotion du travail décent dans les pays producteurs de coton. C’est ainsi que le Mali a adapté et mis en œuvre les expériences brésiliennes dans deux domaines : le renforcement de l’inspection du travail et la lutte contre le travail des enfants.

Pour le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, l’une des grandes préoccupations des autorités maliennes, c’est la sécurité alimentaire des citoyens, affirmant que son pays ne doit plus dépendre « des importations qui sont massives et plombent fortement les recettes fiscales de l’Etat ».

Selon lui, le Mali et le Brésil entretiennent une « coopération de longue date, des soutiens multiformes qui sont à renouveler et à approfondir dans les domaines spécifiques de l’agriculture et de l’élevage ».

Par ailleurs, le Mali s’intéresse également au Brésil qui fait partie des membres non permanents du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu), espérant en profiter que sa voix soit plus audible.

Ce plus grand Etat d’Amérique du Sud est également l’un des cinq membres des BRICS, un groupe de cinq pays qui se réunissent depuis 2011 en sommets annuels : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud.

Djibouti vend plus de 43 millions de litres d’huile à l’Ethiopie

L’Ethiopie a acheté 43,37 millions de litres d’huile comestible à une entreprise de fabrication d’huile de palme basée à Djibouti pour stabiliser son marché.Le ministère éthiopien des Finances a déclaré, ce mardi 3 janvier 2023, que l’achat a été effectué par l’intermédiaire de la Société éthiopienne des entreprises commerciales (ETBC, sigle anglais) et de la Compagnie éthiopienne de développement des intrants industriels (EIIDE, sigle anglais).

Les deux entreprises publiques ont signé des contrats avec Golden Africa Djibouti, une entreprise de fabrication d’huile comestible et de cuisson, pour la fourniture de 43.370.412 litres d’huile de palme.

Selon les contrats, les entreprises paieront un total combiné de 69,89 millions de dollars américains pour Golden Africa sur une période de douze mois.

Le ministère des Finances a déjà fourni des garanties que la Banque commerciale d’Éthiopie (CBE, sigle anglais) a offert pour l’achat d’huile de palme.

Il a expliqué que l’achat s’inscrit dans le cadre des efforts du gouvernement visant à stabiliser le marché de l’huile comestible en Éthiopie, où l’inflation alimentaire en glissement annuel a atteint 34,2% en novembre 2022.

Après l’annonce des contrats, le ministère a envoyé une lettre officielle aux deux entreprises fixant le prix de l’huile de palme qui sera importée et conditionnée dans des bidons de 3,5 et 20 litres.

À Addis-Abeba, une bouteille d’huile comestible de 3 litres sera vendue à 314 birrs tandis que le prix d’un bidon de cinq litres d’huile de palme est de 5,6 dollars.

Un bidon de 20 litres d’huile comestible sera également vendu à 37,5 dollars.

L’huile de palme sera distribuée au public dans d’autres régions avec le prix de vente qui prend en compte le coût du transport du magasin principal de la capitale à chaque destination.