Retombées du Mining Indaba 2025 : Vers une souveraineté minière africaine plus affirmée

L’Afrique cherche à renforcer son contrôle sur ses ressources minières. C’est ce qui ressort de la 31ème édition du Mining Indaba 2025, tenue récemment en Afrique du Sud. Au cours de ce grand rendez-vous du secteur minier africain, plusieurs gouvernements ont exprimé leur volonté de renforcer leur souveraineté minière face aux multinationales. Des débats ont mis en avant la nécessité d’une régulation plus stricte pour lutter contre l’évasion fiscale et d’encourager la transformation locale des minerais afin d’augmenter la valeur ajoutée pour le continent.

Plusieurs pays africains ajustent leurs cadres réglementaires afin d’augmenter la participation de l’État dans l’exploitation minière et de garantir une redistribution plus équitable des revenus. Une analyse récente estime que près de 70% des recettes minières du continent continuent d’échapper aux pays producteurs en raison d’exonérations fiscales excessives et de pratiques de sous-évaluation.

Le Mali est en première ligne de cette dynamique. Face à un manque à gagner fiscal estimé à 230 millions de dollars en 2024, le gouvernement a adopté des mesures strictes à l’encontre de plusieurs sociétés minières. Le litige avec Barrick Gold, marqué par la rétention de trois tonnes d’or destinées à l’exportation et des accusations de violations contractuelles, illustre cette volonté d’assurer le respect des engagements fiscaux. En décembre 2024, des mandats d’arrêt internationaux ont été émis contre des responsables de Barrick pour blanchiment d’argent, tandis que plusieurs cadres ont été arrêtés en novembre.

Contrebande et évasion fiscale : un manque à gagner colossal

Un rapport de Swissaid publié en 2024 a révélé que près de 435 tonnes d’or, d’une valeur estimée à 31 milliards de dollars, ont quitté illégalement le continent en 2022. En 2023, le Mali, le Soudan et la RDC auraient vu plus de 50 tonnes d’or exportées illicitement vers des marchés comme les Émirats arabes unis et la Suisse. Pour y répondre, certains pays africains envisagent un renforcement des capacités de surveillance et de contrôle, ainsi qu’une régulation accrue du commerce de l’or artisanal. Des propositions ont été formulées pour harmoniser les politiques minières et douanières à l’échelle régionale.

Par ailleurs, les experts du secteur insistent sur l’importance de la transformation locale des minerais. Actuellement, plus de 80% des exportations minières africaines se font à l’état brut, limitant ainsi les retombées économiques et la création d’emplois. Le développement d’infrastructures de raffinage et de transformation est essentiel pour réduire la dépendance aux marchés étrangers et assurer des bénéfices plus conséquents aux économies locales.

Ces stratégies visent à permettre aux pays africains de garantir que l’exploitation minière serve avant tout leurs intérêts économiques et sociaux.

Massiré Diop

Développement et souveraineté multisectoriels du Mali : Le Centre Amadou Hampâté Bâ mène la réflexion

Le Centre Amadou Hampâté Bâ, en partenariat avec la Délégation spéciale de la mairie de la commune II du district de Bamako et l’ONG Mali Folkecenter Nyetaa, a tenu, le 28 octobre 2024, à Bamako, une journée de réflexion autour de plusieurs thèmes stratégiques pour le développement du Mali.

Réfléchir et bâtir ce que nous avons en commun : c’est l’objectif de cette rencontre intitulée « Journée de réflexion sur les humains et les communs ». Elle a réuni plusieurs experts de différents domaines autour de deux principaux panels.
Le premier s’est articulé autour de trois présentations. L’ancienne ministre Assétou Founé Samaké a intervenu sur le thème « De la révolution politique du rejet de la domination à la transition économique, sociale, culturelle et écologique ».
Pour sa part, Souleymane Satigui Sidibé, vice-président de la délégation spéciale de la mairie de la commune II du district de Bamako et ancien président du Conseil national de la jeunesse, s’est attardé sur le projet de plan d’action d’urgence communal Siguida Kura au service du Mali Kura et de l’AES, tandis qu’Alpha Mandé Diarra a abordé les « enjeux économiques, financiers, sociaux, culturels et environnementaux de la préservation des communs ».
Plusieurs personnalités ont également pris part à la cérémonie d’ouverture, parmi lesquelles Mme Aminata Dramane Traoré, présidente de la délégation spéciale de la mairie de la commune II du district de Bamako et directrice du Centre Amadou Hampâté Bâ, M. Ibrahim Togola, président de l’ONG Mali Folkecenter Nyetaa, le gouverneur du district de Bamako et l’ambassadeur du Venezuela au Mali.
« Les objectifs escomptés de cette journée de réflexion concordent parfaitement avec les priorités de nos plus hautes autorités, soucieuses de compter sur nos valeurs pour relever les défis auxquels nous sommes confrontés », s’est réjoui Adama Sissouma, secrétaire général du ministère de l’Administration et de la Décentralisation.
La problématique de la créativité politique, sociale, culturelle, artistique et intellectuelle, ainsi que celle du partenariat technique, économique et financier, a été abordée lors du deuxième panel.
Divers acteurs des secteurs concernés se sont également penchés sur le rôle des artistes et des intellectuels, des acteurs politiques, des opérateurs économiques ainsi que des médias dans le développement du Mali.
« Nous sommes tous Maliens et nous avons le Mali en commun. Nous avons énormément de ressources en commun. Ces ressources peuvent nous permettre de sortir de pas mal d’impasses : économique, sécuritaire, climatique », a souligné l’ancienne ministre de la Culture, Aminata Dramane Traoré.
Selon elle, la question du développement du Mali est aussi liée au savoir, au savoir-faire, mais aussi à la production de biens.
« Si aujourd’hui nous voulons gagner le pari de la souveraineté économique, politique, culturelle et militaire, il faut que nous regardions davantage ce que nous produisons et consommons », a-t-elle insisté.
Mohamed Kenouvi

Journée de la souveraineté retrouvée au Mali : une leçon-modèle dispensée dans les écoles

Dans le cadre de la célébration du 14 janvier, Journée nationale de la souveraineté retrouvée en souvenir de la grande mobilisation contre « les sanctions illégales, illégitimes et inhumaines de la CEDEAO et de l’UEMOA », le ministère de la Refondation a convié l’ensemble des départements pour identifier ce qu’ils pouvaient organiser.

Le ministère de l’Éducation nationale s’est vu confier l’exécution de leçons-modèles dans l’ensemble des écoles primaires et secondaires du Mali et l’organisation de jeux-concours. « Les leçons-modèles ont été préparées pour éveiller et créer le déclic chez les enfants de la nécessité d’être conscient de son appartenance à une Nation et de l’engagement qu’il faut avoir pour répondre présent à chaque fois que notre pays est exposé à un danger », explique Kinane Ag Gadega, Secrétaire général du ministère de l’Éducation nationale. Le vendredi 13 janvier 2023 est prévu pour l’exécution de cette leçon-modèle dans les classes du préscolaire, fondamental et secondaire et verra la mobilisation des hautes autorités politiques, administratives et scolaires. Pour rappel, après les sanctions infligées au Mali par la CEDEAO et l’UEMOA, les Maliens ont répondu le vendredi 14 janvier 2022 favorablement à l’appel lancé par les autorités de la Transition pour un sursaut patriotique afin de défendre la partie, la souveraineté du Mali, son intégrité, sa dignité et l’honneur des Maliens. À Bamako, une marée humaine s’était amassée sur le Boulevard de l’Indépendance. Il en a été de même dans toutes les régions du Mali pour dire non aux sanctions.