Mali : vers une grâce présidentielle pour les soldats ivoiriens ?

Malgré la signature d’un mémorandum entre Abidjan et Bamako, les 46 soldats ivoiriens ont été condamnés à une lourde peine.Après six mois de détention préventive, les 46 soldats ivoiriens arrêtés en juillet pour « mercenariat » ont été fixés sur leur sort par la justice malienne. Au terme d’un procès qui a duré deux jours, ces militaires accusés d’ « atteinte à la sureté extérieure » du Mali par le parquet ont écopé de 20 ans de réclusion criminelle tandis que les trois femmes du groupe, libérées en septembre dernier ont été condamnées à la peine de mort.

Ce verdict rendu par la cour d’assises spéciale de Bamako a surpris plus d’un. « Je trouve que la peine prononcée est lourde et même très lourde », réagit un analyste politique malien qui a requis l’anonymat. « La justice aurait pu et dû être clémente », prône-t-il, surtout que « des démarches sont en cours » entre les autorités des deux pays pour trouver une sortie heureuse à cette crise.

À la veille du procès, Bamako a reçu la visite d’un officiel ivoirien, le ministre d’Etat, chargé de la Défense, Birahima Téné Ouattara. Le frère cadet du président Alassane Ouattara qui a pu rencontrer les 46 soldats ivoiriens, a signé avec les autorités maliennes un « mémorandum » dans l’esprit de régler ce contentieux à l’amiable. Ce qui fait que le procès était considéré par beaucoup d’observateurs comme un « préalable » vers la libération de ces militaires. Sauf que les choses ne semblent pas s’être passées comme « prévu ». L’analyste politique ivoirien Yannick Houphouët Kouablan estime que « la condamnation à 20 ans de prison pour les 46 soldats ivoiriens est purement symbolique, et s’inscrit toujours dans cette volonté des autorités maliennes de la transition d’affirmer leur souveraineté et de se présenter comme garantes de l’intégrité territoriale ».

Face à ce qui ressemble fort à un « blocage », la grâce présidentielle reste le seul « espoir » des partisans d’une solution négociée. Mais cinq jours après, aucune décision de Bamako, faisant craindre de nouvelles sanctions contre le Mali d’autant plus que cette option n’est pas écartée par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Lors de son sommet du 4 décembre à Abuja, l’organisation communautaire avait exigé la libération des soldats ivoiriens avant janvier, sous peine de nouvelles sanctions, après un embargo de six mois en réponse au refus des autorités de la transition d’aller vers un retour à l’ordre constitutionnel dans les meilleurs délais.

Pour le cas des soldats ivoiriens, cette carte est déconseillée à l’institution sous-régionale. « Toute pression de la Cédéao dans ce dossier risque d’être contreproductive », craint l’analyste politique malien, privilégiant la médiation menée par Lomé depuis le début. « Elle doit s’appuyer sur le Togo pour une issue heureuse, plutôt que de chercher à sanctionner à nouveau le Mali », conseille-t-il. Yannick H. Kouablan est persuadé que l’absence de réaction de la Cédéao depuis la fin de l’ultimatum « pourrait s’interpréter comme une volonté de privilégier les missions de bons offices, afin de trouver un dénouement heureux », alors que « la partie ivoirienne reste confiante comme l’a indiqué le président Ouattara lors de son adresse à la nation, indiquant que les soldats détenus à Bamako rentreront bientôt en Côte d’Ivoire ». Selon lui, la visite prévue ce mercredi du président togolais Faure Gnassingbé « devrait permettre d’accélérer les démarches en vue d’une libération prochaine des soldats ivoiriens ».

Burkina : une enquête ouverte après la « découverte » de 28 corps sans vie à Nouna

Le gouvernement de la transition a exprimé sa solidarité et sa compassion aux familles endeuillées.Le Procureur du Faso près le Tribunal de grande instance de Nouna, Armel Sama, a annoncé, lundi 02 janvier 2023, avoir ouvert une enquête après la « découverte » de 28 corps sans vie dans la ville de Nouna, dans la région de la Boucle du Mouhoun.

« Il ressort que la plupart des victimes, toutes de sexe masculin, ont été tuées par balles », a ajouté le parquet de Nouna.

Il a assuré que tout est mis en œuvre pour que les auteurs de ces « agissements d’une gravité inouïe » soient interpellés et répondent de leurs actes devant la justice.

Le gouvernement s’est dit solidaire de la souffrance des familles endeuillées et leur a exprimé sa compassion, dans un communiqué du porte-parole, Jean-Emmanuel Ouédraogo. Il a soutenu que toutes les dispositions sont prises pour faire la lumière sur ces violences inacceptables et que l’exécutif reste « fermement engager à assurer la protection de tous les Burkinabè sans distinction ».

Le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) a expliqué plus tôt que des dozos (chasseurs traditionnels) identifiés comme des Volontaires de défense de la patrie (VDP) avaient pris pour cible des quartiers majoritairement habités par la communauté peulh, à la suite d’une attaque terroriste contre leur quartier général, dans la nuit du 29 au 30 décembre 2022. Il a fait cas de plus d’une vingtaine de victimes dont des enfants et de pillage de biens des populations.

L’organisation de la société civile a accusé les supplétifs de l’armée d’être responsables d’une trentaine de cas d’exécutions sommaires et extra-judiciaires depuis mi-décembre 2022. Elle a appelé le gouvernement à les encadrer.

Société civile ivoirienne: Mahamadou Kouma réélu à la tête de la CSCI

Les réformes structurelles de la Convention de la société civile ivoirienne (CSCI) ont été consacrées à l’issue de l’Assemblée générale élective, tenue à la suite d’une ordonnance judiciaire.« Je m’engage à tendre la main à tous nos frères qui ne sont pas présents avec nous et j’apprécie leur attitude, (car) ce qui fait le charme de la démocratie, c’est le débat contradictoire, mais il doit être sain », a déclaré Mahamadou Kouma, élu président du Conseil d’administration de la CSCI.

Pour lui, « c’est la victoire de toute la société civile ivoirienne, en général, et de toute la Convention de la société civile ivoirienne en particulier ». Il a en outre pris solennellement l’engagement devant tous, de « ne pas être le président d’un camp contre un autre camp, mais de toute la CSCI ».

« Il s’agira pour nous de bâtir cette convention de la société civile ivoirienne qui se veut légitimement la faîtière des faitières et il va falloir traduire cela en ouvrant la Convention à l’ensemble des forces vives et des forces sociales de notre pays », a-t-il ajouté.

M. Kouma, précédemment coordonnateur de la CSCI, a été réélu ce 31 décembre 2022 président du Conseil d’administration de l’organisation. Avec la nouvelle réforme, la faîtière comprend désormais un Conseil d’administration composé de 13 membres et un Comité de contrôle du commissariat au compte.

Seul candidat en lice, M. Mahamadou Kouma a été réélu à l’unanimité des 71 votants issus des 85 organisations que compte la CSCI. Le dossier de son rival, Arsène Ardi, n’a pas été retenu parce que ne remplissant pas les critères d’une candidature de liste.

Pour le Comité de contrôle du commissariat au compte, trois membres ont été élus également à l’unanimité des votants présents, à la suite d’un « consensus » acté par le Comité électoral, dirigé à cette Assemblée générale élective par Mme Antoinette N’Guessan.

En marge de l’Assemblée générale élective, le premier Président du Conseil d’administration (PCA). M. Mahamadou Kouma, élu pour un mandat de trois ans, s’est dit « heureux que des gens viennent apporter la contradiction, ce qui fait le charme de notre démocratie ».

« Nous leur tendons la main, qu’ils reviennent » pour « ensemble » construire une société civile forte, a-t-il lancé, faisant savoir que c’est une décision de justice du tribunal de première instance d’Abidjan, qui, après l’Assemblée générale du 16 juillet dernier, a imposé cette Assemblée générale élective ce 31 décembre 2023.   

« Nous avons trouvé opportun de saisir le tribunal de première instance », ce qui a permis d’obtenir « cette ordonnance et de maintenir toutes les instances de l’organisation », a indiqué M. Mahamadou Kouma. Et ce, pour éviter toute velléité et discorde au sein de la CSCI.