Transition : Choguel Maïga brise le silence 

La Maison de la Presse de Bamako, a servi de cadre, le 22 fevrier dernier, à la tenue d’une conférence de presse animée par l’ancien Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga. Une activité marquant sa première apparition publique depuis son limogeage en novembre 2024. Cette rencontre a été l’occasion pour lui de dresser un bilan détaillé de la Transition malienne, initiée en 2021 et de critiquer ouvertement la junte militaire au pouvoir.

Dr Maïga a débuté son allocution en rappelant les objectifs initiaux de la Transition, notamment le renforcement de la sécurité nationale, la mise en œuvre de réformes politiques et institutionnelles, la promotion de la bonne gouvernance et la préparation d’élections crédibles. Il a souligné des avancées notables, telles que l’adoption d’une nouvelle Constitution instaurant la 4ᵉ République, la création de l’Autorité Indépendante de Gestion des Élections (AIGE) et la reconquête de territoires auparavant contrôlés par des groupes armés, notamment Kidal et Ber. De plus, il a mis en exergue la fin de la présence des forces étrangères, comme la MINUSMA et Barkhane, affirmant que ces actions ont renforcé la souveraineté du Mali.
Cependant, l’ancien Premier ministre a exprimé de vives critiques à l’égard des autorités de la transition, accusant le général Assimi Goïta et son entourage d’avoir trahi les idéaux de la Transition. Il a dénoncé une marginalisation progressive du Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) dans les prises de décisions, ainsi que son propre éloignement des affaires gouvernementales clés. Dr Maïga a également fustigé le report unilatéral des élections initialement prévues en mars 2024, sans consultation préalable, et a mis en garde contre une possible dérive autoritaire.
La conférence de presse a également été l’occasion pour Dr Maïga de revenir sur son limogeage en novembre 2024, qu’il considère comme l’aboutissement d’une série de manœuvres visant à l’écarter du pouvoir. Il a affirmé que cette éviction est le résultat de désaccords profonds avec les autorités concernant la direction de la Transition et a appelé à une mobilisation citoyenne pour préserver les acquis démocratiques et éviter un retour aux pratiques autocratiques du passé.
Dr Choguel Kokalla Maïga a réitéré son engagement envers le peuple malien et a exhorté les forces vives de la nation à rester vigilantes. Il a insisté sur la nécessité d’un dialogue inclusif pour assurer une transition pacifique et le retour à un ordre constitutionnel respectueux des aspirations du peuple.

Tension politique: Le Premier ministre et son gouvernement limogés

L’annonce a été faite, ce mercredi 20 novembre suite à un décret présidentiel lu à télévision nationale. Le président de la Transition, le Général Assimi Goïta a mis fin aux fonctions du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga et de son gouvernement.

Cette décision intervient après des tensions persistantes au sein de l’exécutif.

On se souvient que lors d’un meeting le 16 novembre 2024, Choguel Maïga avait critiqué sa mise à l’écart des décisions importantes, notamment sur la prolongation de la transition qui devait initialement prendre fin en mars dernier. Le conseil des ministres, prévu ce mercredi 20 novembre, a été reporté sans explications officielles.
Nommé Premier ministre en juin 2021, Choguel Maïga a vu son mandat marqué par des divergences avec les autorités militaires et un remaniement en 2023 ayant affaibli sa position. Aucun successeur n’a encore été annoncé.