Situation sécuritaire préoccupante à Bandiagara et Ségou : Appel des acteurs politiques à l’action

La situation sécuritaire dans les régions de Bandiagara et Ségou, plus particulièrement dans les cercles de Bankass et Ké-Macina, connaît une dégradation alarmante. Les récentes attaques, notamment celle survenue dans le village de « Digny Yolo » situé dans la commune de Ségué, cercle de Bankass, témoignent d’une intensification de l’insécurité.

Cette situation a provoqué une onde de choc parmi les populations locales, les responsables politiques et les groupes de défense communautaire, suscitant des réactions de soutien et d’appel à l’action pour assurer la sécurité dans ces zones fortement touchées.
Le 5 novembre 2024, le village de Digny Yolo a été la cible d’une attaque orchestrée par des groupes terroristes, engendrant des combats d’une violence inouïe qui se sont prolongés sur quatre jours, jusqu’au 8 novembre. Ce drame a causé la mort de sept personnes, dont cinq civils et deux chasseurs venus secourir les habitants. Le bilan fait également état de sept blessés. Le Mouvement Patriotique pour l’Unité et la Sauvegarde du Cercle de Bankass (MPUSCB), par la voix de son président Abdalah Togo, a fermement condamné cette attaque qu’il qualifie de barbare et exprime ses condoléances aux familles endeuillées, ainsi que ses vœux de rétablissement aux blessés.
Le MPUSCB a rendu hommage aux chasseurs locaux qui, malgré des moyens limités, se sont battus avec courage pour défendre leur communauté. Ces attaques récurrentes contraignent de nombreuses familles à abandonner leurs terres, générant un afflux de déplacés qui exacerbe davantage la crise humanitaire dans la région.
Face à l’escalade de la violence, le MPUSCB et d’autres leaders politiques ont exprimé leur vive inquiétude. Le mouvement déplore la situation sécuritaire le long de l’axe Bandiagara-Bankass, et en particulier au niveau du pont Parou-Songobia, devenu un point critique. Le MPUSCB appelle les autorités de la transition à déployer des efforts significatifs pour sécuriser la région de Bandiagara et à renforcer la protection sur cet axe stratégique.
Les déclarations de soutien et d’appel à l’action se multiplient également parmi les personnalités politiques nationales. Yeah Samaké, dans un message solennel de solidarité, a exprimé sa compassion pour les habitants des cercles de Bankass et Bandiagara, rappelant le droit inaliénable de chaque citoyen à la paix et à la sécurité. Samaké exhorte les autorités nationales et locales à intensifier les mesures de sécurité dans les zones affectées et encourage les organisations de la société civile à se mobiliser en faveur des communautés touchées.
De son côté, Moussa Mara, figure politique de premier plan, a exprimé sa solidarité envers les populations sinistrées. Il a appelé les autorités centrales et locales à déployer tous les moyens pour protéger les populations et a lancé un appel aux bonnes volontés pour soutenir les familles en détresse. Ces messages de solidarité visent non seulement à attirer l’attention des autorités, mais aussi à encourager une réponse collective pour alléger les souffrances des personnes impactées.
Le Parti de la Convergence pour le Développement du Mali (CODEM), réuni en séance ordinaire le 9 novembre 2024, a également fait part de ses préoccupations quant à l’évolution de la crise sécuritaire dans le pays. Le CODEM a exprimé son inquiétude face aux attaques répétées visant les populations civiles dans la région de l’inter-fleuve et dans le Centre du Mali. Le parti a lancé un appel pressant aux autorités pour qu’elles engagent des actions urgentes, dans le but de permettre aux populations de vivre en sécurité dans leurs localités d’origine. Le CODEM a aussi réaffirmé son soutien et sa solidarité envers toutes les victimes de la crise sécuritaire qui affecte le pays.
Enquête et actions antiterroristes
Le MPUSCB a également soulevé une question relative à l’approvisionnement en carburant des groupes terroristes. En effet, le mouvement invite le gouvernement à diligenter des enquêtes afin d’identifier et de poursuivre les individus impliqués dans la fourniture de carburant aux terroristes. Cette démarche vise à couper les sources de soutien logistique des groupes armés, un élément essentiel pour affaiblir leur capacité de nuisance.
Depuis un certain temps, la sécurité dans les régions de Bandiagara et Ségou est devenue une priorité nationale qui nécessite une réponse coordonnée et ferme. Les populations civiles attendent désormais des actes concrets et efficaces pour leur permettre de retrouver une vie paisible et digne.

Sécurité : l’inquiétante recrudescence des attaques au Centre

Plusieurs attaques attribuées aux groupes armés terroristes ont été perpétrées ces dernières semaines dans la région de Bandiagara. Ces attaques récurrentes, à intervalles réguliers, qui ont fait plusieurs victimes civiles et occasionné des déplacements de personnes, suscitent des inquiétudes dans la zone.

Une vingtaine de morts et d’importants dégâts matériels, selon plusieurs sources locales. C’est le bilan de la dernière attaque en date, le 1er juillet 2024, dans le village de Guédjibombo, dans la commune de Doucombo, région de Bandiagara. Selon les mêmes sources, deux autres personnes ont été également tuées dans la même zone dans une attaque simultanée sur le village de Sokolo Kanda.

Quelques jours plus tôt, le 25 juin, dans cette même commune de Doucombo, le village de Tégourou a subi une attaque d’hommes armés non identifiés, faisant deux morts et des dégâts matériels importants.

Le 18 juin, le même village avait été déjà la cible d’une attaque au cours de laquelle le chef du village a été tué et une autre personne portée disparue, selon des sources locales. À en croire les mêmes sources, la totalité des maisons a été incendiée et du bétail emporté. Conséquence, le village se vide de ses habitants, la majorité, notamment les femmes et les enfants, fuyant vers d’autres localités de la région, certains vers le village voisin de Djombolo et d’autres vers la ville de Bandiagara.

Le 25 mai 2024, une attaque de grande envergure avait été déjà perpétrée par des hommes armés dans la localité de Inssagou, dans la commune de Diallasagou. Selon une source policière citée par une agence de presse étrangère, elle avait fait 19 morts et 21 blessés, tous des civils « accusés d’être complices de l’armée malienne ».

Par ailleurs, arrêtés le 16 avril dernier à bord de 3 bus par des « jihadistes », qui ont contraint les véhicules et leurs passagers à prendre la direction d’une forêt entre les localités de Bandiagara et de Bankass, plus d’une centaine de civils ne sont toujours pas réapparus et seraient aux mains de ces groupes armés.

Alertes

Ces attaques terroristes dans la région de Bandiagara sont récurrentes. Chaque année, à la même période de l’hivernage, elles se multiplient dans les différents villages de la région faisant planer des menaces sur la campagne agricole dans ces localités.

« Ces attaques pendant la période hivernale constituent un moyen pour les terroristes de maintenir les populations dans la famine en les empêchant de cultiver », explique Adama Diongo, Président du Collectif des associations de jeunes du pays dogon. Pour ce dernier, l’État doit mobiliser davantage tous les efforts pour sécuriser les populations dans cette région en proie à l’insécurité permanente depuis plusieurs années.

Dans une déclaration en date du 27 juin 2024, suite à l’attaque de Tégourou du 25 juin 2024, l’Association malienne pour la protection et la promotion de la culture dogon Ginna Dogon est également montée au créneau pour inviter les autorités du pays à « redoubler d’ardeur pour mieux assurer la sécurité des personnes et des biens, particulièrement dans le Centre, conformément aux engagements par elles pris à l’occasion de plusieurs audiences et au devoir régalien de l’État d’assurer équitablement et promptement la sécurité des personnes et des biens ».

La situation d’insécurité récurrente dans la région de Bandiagara avait d’ailleurs conduit en août 2023 à la manifestation d’un ras-le-bol généralisé des forces vives de la région, qui avaient décrété une Journée Ville morte et organisé une manifestation pacifique qui avait par la suite dégénéré, causant des blessés dans les rangs des forces de l’ordre et un mort parmi les manifestants.

Bandiagara : jusqu’où ira le mécontentement ?

Depuis plusieurs années, la région de Bandiagara fait face à des enlèvements de bus de transport en commun sur l’axe Bandiagara – Bankass de la  RN15. De nouveaux  enlèvements, le 16 avril 2024, sur le même axe ont provoqué l’ire des forces vives de la région, qui ont depuis entamé plusieurs actions dont l’arrêt est conditionné à la satisfaction de plusieurs doléances qu’elles ont soumises aux autorités.

Suite à un mot d’ordre de désobéissance civile, les populations du cercle de Bankass étaient dans les rues le 18 avril 2024, bloquant par la même occasion l’axe Bandiagara – Bankass sur la RN15. Plusieurs véhicules dont des cars, des camions et des minibus se sont ainsi retrouvés bloqués à l’entrée de la ville pendant deux jours, avant la levée du blocus dans la matinée du 20 avril 2024.

« Nous avons décidé de lever le blocus  à la demande d’un grand leader religieux de notre région. Mais les autres décisions que nous avons prises sont maintenues », explique Mamoudou Guindo, Président du Conseil local de la jeunesse du cercle de  Bankass.

En effet, ces jeunes ont décidé de boycotter la phase régionale du Dialogue inter-Maliens et de maintenir le mot d’ordre de désobéissance civile jusqu’à la prise en charge totale de leurs doléances. Même la levée du blocus de la route est temporaire, comme l’explique M. Guindo. « Le blocus est levé juste pour quelques jours. Si nous n’avons pas de réactions des autorités, nous nous réunirons le 24 avril pour nous mettre d’accord sur la conduite à tenir pour la suite ».

L’État interpellé

En plus des actions entamées dans le cercle de Bankass, l’ensemble des forces vives de la région de Bandiagara est monté au créneau dans un communiqué en date du 19 avril 2024, en dénonçant la persistance des attaques terroristes dans la région, les récents enlèvements et prises d’otages de civils au niveau de Parou  Songobia sur la RN15, le nombre croissant de déplacés dans les grandes agglomérations de la région, « l’inaction » des forces armées et de sécurité dans la région, « malgré la montée en puissance de nos vaillantes armées », et la lenteur dans le processus de dialogue avec les différents groupes armés. « Plusieurs rencontres et dénonciations ont été faites et des promesses ont été tenues par les plus hautes autorités du pays, mais le constat demeure amer », soulignent les forces vives de la région de Bandiagara.

Dans le même communiqué, transmis au Gouverneur de la région, elles demandent aux autorités de la transition d’installer un camp militaire au niveau de Parou Songobia sur la RN15, d’engager une patrouille mixte d’envergure sur tout le territoire de la région de Bandiagara, de libérer la route Koro – Ouahigouya, de diligenter les actions en vue de la libération de tous les otages et d’accélérer le processus de dialogue pour faciliter le retour des déplacés.

Enlèvements récurrents

Selon des sources locales, au moins 110 civils sont retenus en otages par des terroristes présumés suite à l’enlèvement des bus du 16 avril 2024 sur l’axe Bandiagara – Bankass. C’est la 4ème fois depuis 2021 que des enlèvements ont lieu  dans cette zone.

« Le 10 novembre 2021, 3 de nos cars ont été enlevés et jusqu’à présent les otages ne sont pas libérés, parmi lesquels un maire adjoint, un chef de village et le premier Vice-président du Conseil local de la jeunesse », raconte Mamoudou Guindo.

Pour rappel, deux ans plus tard, le 7 novembre 2023, 3 véhicules appartenant à différentes compagnies de transport avaient été également enlevés sur le même axe.  Les assaillants avaient libéré toutes les femmes à bord, avant d’amener avec eux tous les hommes. Un véhicule et ses passagers avaient été par la suite libérés sous caution. Quelques jours plus tard, un autre car avait été à nouveau intercepté au même endroit et ses passagers masculins emmenés vers une destination inconnue.

Bandiagara : insécurité accrue

Après une relative accalmie ces derniers mois, la région de Bandiagara, au centre du pays, fait face à une nouvelle montée de l’insécurité depuis quelques semaines. Elle se caractérise par des enlèvements ciblés de bus et des prises d’otages sur l’axe Bandiagara – Bankass.

Selon des sources locales, depuis le début du mois de novembre, au moins 7 véhicules ont été enlevés sur l’axe Bandiagara – Bankass. En plus de ces enlèvements, des villages de la région sont également pris pour cibles. Le 11 décembre 2023, le village de Barassoro, dans le cercle de Bankass, a été attaqué. Bilan : 3 morts et des dégâts matériels importants. Moins d’un mois plus tôt, le 25 novembre, 6 personnes ont été tuées, des biens emportés, des boutiques incendiées et des motos brûlées lors d’une attaque perpétrée contre le village d’Allaye Kokola, dans le cercle de Bandiagara.

« On peut dire que du mois de juin à maintenant il y a eu plus de 17 villages attaqués, pas moins de 50 morts et une cinquantaine de personnes enlevées », affirme Adama Diongo, Porte-parole du Collectif des associations de jeunes du pays dogon.

« Depuis un moment, la région de Bandiagara est secouée », a reconnu à la télévision nationale le 5 décembre dernier Sidi Mohamed El Béchir, Gouverneur de la région, lors de la visite de terrain dans la localité du Commandant de la Zone de défense N°6. Le même jour, un minibus avait sauté sur une mine dans le cercle de Bankass, entre Garou et Doundé, faisant 2 blessés.

Quête de financements

Les enlèvements répétés de bus et les prises d’otages sur l’axe Bandiagara – Bankass suscitent des interrogations sur une éventuelle nouvelle stratégie adoptée par les groupes armés terroristes dans la zone. Selon Adama Diongo, c’est clairement une « nouvelle stratégie pour se faire financer ». « D’après nos informations, depuis plus d’une année, les financements extérieurs ne viennent plus. Le fait aussi d’enlever le bétail et de le vendre ne donne plus satisfaction comme avant. Pour ces groupes armés terroristes, une autre façon de se financer est d’enlever des personnes et de demander aux parents de payer pour renflouer leurs caisses », explique-t-il. « Les enlèvements se font de façon ciblée. Ils ont des informations sur le visage de certaines personnes, soit des personnes importantes dans leurs communautés, soit des jeunes influents, soit des grands commerçants, entre autres. Derrière, ils demandent des rançons », poursuit-il.

Une population excédée

Face à la résurgence de l’insécurité dans la région, une marche des femmes et des enfants a eu lieu le 5 décembre 2023 dans la commune de Dimball, dans le cercle de Bankass, aboutissant à un blocus de la RN15 dans les deux sens, Bandiagara – Bankass et Koro – Bankass.

Dans un mémorandum adressé au ministre de la Sécurité et de la protection civile, les responsables de la société civile ont demandé la libération des otages, l’arrestation des hostilités et l’installation « dans un bref délai » d’un poste de sécurité permanant entre Songobia et Parou pour protéger les personnes et leurs biens. Le blocus a été suspendu 2 jours après suite à des négociations entamées par les autorités locales.

Pont dynamité

Le 11 décembre, le Gouverneur de la région a été reçu par le ministre de la Défense et des Anciens Combattants, pour discuter des mesures « rapides et efficaces » à prendre pour restaurer la sécurité et amener la reprise normale des activités dans la région. La veille, dans la nuit du 9 au 10 décembre, le pont de Parou, qui se trouve sur l’axe Bandiagara – Bankass, ciblé à plusieurs reprises par les groupes armés terroriste depuis le début de la crise au Centre, avait été de nouveau dynamité, coupant les localités de Koro, Bankass et Bandiagara du reste du pays.

« Nous avons pris des dispositions et nous sommes en train de tout faire pour que les gens puissent circuler. Pour le moment, beaucoup empruntent la route des falaises. Pour le reste, nous sommes en train de voir avec les plus hautes autorités comment trouver les solutions adéquates pour que la population soit soulagée », assure le Colonel Aly Sidibé, Préfet du cercle de Bankass.

Adama Diongo : « ce n’est pas une trêve déjà décrétée mais une recommandation »

Dans la région de Bandiagara, les différents groupes armés pourraient observer une trêve de 3 mois à partir du 1er octobre prochain, à la demande des populations locales. Entretien avec Adama Diongo, Porte-parole du Collectif des associations de jeunes du pays dogon.

Une trêve de 3 mois pourrait être observée dans la région à partir du 1er octobre prochain. Qu’en est-il exactement ?

Nous l’avons appris dans les recommandations d’une rencontre qui s’est tenue à Bandiagara entre les populations elles-mêmes. Ce n’est pas une trêve qui a été déjà décrétée, mais c’est une recommandation des populations. Elles ont demandé aux différents groupes armés qui sont dans la zone, que ce soit les chasseurs ou les terroristes, que chacun observe une trêve de 3 mois. Certains pensent que les groupes armés se sont assis, ont négocié et signé un accord, mais ce n’est pas le cas. Ce sont les légitimités traditionnelles, accompagnées de toutes les autres forces vives, qui ont tenu une rencontre et qui ont fait une doléance.

Cela ne signifie donc pas qu’il n’y aura plus d’incidents sécuritaires pendant les 3 prochains mois…

Non, en rien. Lors de la rencontre, Da Na Ambassagou était dans la salle et ils ont reçu le message de façon directe. Au niveau des groupes terroristes, personne n’était représenté. La question s’est posée sur la façon de leur transmettre cette doléance. Il a été recommandé de trouver des émissaires et d’aller les rencontrer pour leur expliquer la volonté des populations de les voir s’inscrire dans ce cessez-le-feu.

Parmi les recommandations, il y a également l’accélération du processus du DDR en faveur des groupes d’auto-défense. Qu’est-ce qui bloque ?

C’est toujours le manque d’assurance qu’ils ne seront pas attaqués qui fait que les chasseurs n’ont pas adhéré au processus. Aller vers le DDR signifie mobiliser ses combattants, les cantonner et les mettre à la disposition d’une commission qui va les désarmer et les mettre dans un processus de récupération. Ce qui veut dire qu’ils seront immobilisés. Entre temps,  si leurs villages sont attaqués, comment pourront-ils se défendre ? C’est cette question qui les amène à ne pas adhérer au processus. Je pense que plus la sécurité sera de retour, plus les groupes d’auto-défense seront favorables au processus de DDR. Je crois que tout dépendra du degré de stabilisation de la zone.

Comment décririez-vous la situation sécuritaire actuelle dans la région de Bandiagara ?

C’est le statu quo. Les gens sont dans l’expectative. La population est toujours apeurée, même si ces derniers temps il y a eu des démarches pour relancer un peu les initiatives de stabilisation. Mais la confiance n’est pas encore revenue.

Bandiagara : les attaques meurtrières se multiplient

A Bandiagara, les jours se suivent et se ressemblent. Depuis le début de l’hivernage, les populations font face à une série de violence meurtrière. Ce 18 août 2023, c’est le village de Yarou qui a subi une attaque par des hommes armés, ayant fait 22 morts, suivi le 20 août 2023 d’une autre dans le village d’Idiely, ayant fait 1 mort. Face à la situation, la société civile exprime sa préoccupation et sollicite un changement de stratégie.

Les assassinats ou attaques ciblées contre des villages qui se vident de leurs habitants, les vols de bétail sont devenus le lot quotidien des habitants de Bandiagara. Les communes alentour de la région sont devenues les cibles d’attaques récurrentes suscitant la colère des populations. Le 9 août 2023, les forces vives de la région avaient organisé une marche et annoncé une journée ville morte.

Depuis le 5 aout 2023 où l’attaque de Bodio avait fait 15 morts, celle de Gari le 7 août 12 morts, un attentat à la bombe à Dianwéli qui a causé 5 morts et l’attaque à Yarou le 18 août où 22 personnes ont été tuées et des bétails emportés, le climat d’insécurité s’accroît et inquiète les populations.

Alors que les attentes étaient grandes en termes de changement dans la situation sécuritaire, « les résultats sont en deçà de ceux espérés », déplore le président des organisations de jeunes de la région, Adama Djongo. Il appelle donc les autorités à un « changement de stratégie », afin d’associer les populations pleinement à la prise en charge de leur sécurité.  Conscient que l’Armée ne peut atteindre l’intégralité du territoire en même temps, il invite les autorités à mettre à profit l’expérience des groupes d’auto défense, pour contribuer à la sécurisation de leur terroir.

Une population traumatisée qui demande à l’Etat de prendre des mesures urgentes afin de les « rassurer », témoigne un habitant. En attendant et par crainte de représailles, plusieurs habitants des localités visées fuient en direction de la région.

Bandiagara : face à la recrudescence des attaques, le ras-le-bol de la population

Bodio, un village situé dans la commune rurale de Doucombo, cercle de Bandiagara, a été la victime d’une attaque terroriste le 5 août 2023. Bilan : 15 tués, 2 blessés, des dégâts matériels importants et une population traumatisée qui fuit la localité. Une énième attaque qui suscite la colère dans le Pays dogon. Pour manifester leur mécontentement, les « Forces vives » de la zone ont organisé une marche et décrété une journée Ville morte le 9 août 2023 à Badiangara. Ces attaques, devenues récurrentes, sont le symbole d’une insécurité qui gangrène le Pays dogon et au-delà et nécessite une analyse approfondie pour des solutions pérennes.

Le lendemain de l’attaque, entre Bodio et une localité voisine, un tricycle transportant deux chasseurs explose sur un engin explosif, causant la mort de ses deux occupants. Pour exprimer leur désarroi, « toutes les forces vives du Pays dogon, jeunes, femmes, commerçants, chefs de village et élus locaux, ont manifesté pour attirer l’attention des plus hautes autorités sur l’insécurité grandissante ». À l’issue de la marche, qui a dégénéré suite aux échauffourées entre manifestants et forces de l’ordre, faisant des blessés, un mémorandum a été remis aux autorités. 

Ce regain de violence était prévisible, selon Adama Djongo, Président du Collectif des associations de jeunes du Pays dogon. À l’approche de chaque hivernage, il s’agit d’un moyen pour les « terroristes de maintenir les populations dans la famine en les empêchant de cultiver ». Malgré les différentes alertes, M. Djongo déplore l’insuffisance des actions et demande à l’État « de mobiliser tous ses moyens pour sécuriser les populations ». Les Forces vives ont donc remis dans ce cadre un mémorandum aux autorités. Elles ne veulent plus se contenter des « décomptes macabres », promettant de se faire entendre si rien n’est fait. La population a décidé mercredi 9 août d’une journée ville morte. Une manifestation a également été organisée. Pacifique au début, elle a par la suite dégénéré. Les forces de l’ordre ont effectué des tirs de sommation selon des témoins faisant 11 blessés dont quatre parmi les forces de l’ordre et sept parmi les manifestants dont un grave. Ce dernier a succombé à ses blessures dans la soirée du 10 août. Les forces vives de la région de Bandiagara ont donc décidé de poursuivre la journée ville morte jusqu’à nouvel ordre. Une mesure qui touche tous les secteurs d’activité hormis les services de santé ; l’EDM ; la SOMAGEP et le transport terrestre et aérien.

Les limites du tout sécuritaire

L’absence des autorités dans les localités reculées et la perte des moyens des milices d’autodéfense, qui assuraient leur propre sécurité, constituent pour certains observateurs les causes de cette insécurité persistante. Il faut donc que l’État analyse cette question sécuritaire complexe en redéfinissant « les paradigmes du conflit malien ».

C’est donc une politique à mettre en place et un processus à entretenir. Il faut que l’État soutienne d’abord un plan d’urgence aux populations, nombreuses à se déplacer, et se focalise « sur le dialogue entre les communautés ». Mais les solutions au conflit malien ne peuvent être que communes avec celles du Sahel, indiquent les mêmes analystes. Ces pays doivent se mettre en synergie et « harmoniser leurs stratégies ».