8 millions de Tchadiens sont appelés aux urnes ce 6 mai pour désigner leur prochain Président. 10 candidats sont en lice, dont le Président de la transition et son Premier ministre.
C’est un duel qui était espéré, Succès Masra étant le principal opposant au Tchad. Ce duel a longtemps été compromis par son exil forcé, puis remis au goût du jour par l’accord de Kinshasa, qui lui a permis de rentrer au pays le 3 novembre dernier. Il a signé ensuite un pacte de réconciliation avec Mahamat Idriss Déby, avant d’être nommé Premier ministre le 1er janvier. Une nomination qui a été mal accueillie par de nombreux Tchadiens, qui l’ont accusé de trahir ses idéaux et de salir la mémoire des manifestants tués le 20 octobre 2022. Pour l’ancien Premier ministre de l’ex Président Idriss Déby Itno, Albert Pahémi Padacké, lui aussi candidat, c’est tout simplement un match amical que les deux chefs de l’Exécutif tentent de jouer, en caporalisant toutes les attentions. Loin de s’en laisser conter, Succès Masra essaye de capitaliser sur son expérience à la Primature. Sur ce point, il estime que durant ces quelques mois à la tête du gouvernement il s’est mis à « mobiliser des ressources financières, à signer des conventions, parmi lesquelles une qui permettra de former un million de Tchadiens dans les meilleures universités aux États-Unis », pour montrer son engagement à la cause de la jeunesse. En meeting le 28 avril à Moundou, bastion de l’opposition, devant une véritable marée humaine, Masra a promis de « mettre les aînés de côté et de transformer le pays ». Face à lui son « Président », Mahamat Idriss Déby, qui dirige le Tchad depuis avril 2021 et la mort de son père Idriss Déby Itno. Sous le slogan « 12 chantiers – 100 actions », il présente un programme où il fait du renforcement « de la paix, la réconciliation nationale et la sécurité pour tous les Tchadiens », son premier « Chantier ». Celui qui est surnommé également « Déby fils » se présente en position de force, porté par une coalition de 227 partis et plus de 1 000 associations. Certains observateurs estiment qu’il a éliminé l’un de ses plus farouches opposants pour avoir un boulevard devant lui. Yaya Dillo est décédé le 28 février suite à l’assaut par l’armée du siège de son parti à N’Djamena. Le gouvernement l’avait accusé d’une attaque meurtrière contre l’agence de sécurité du pays, accusation qu’il a toujours niée. Outre les deux principaux favoris, les 8 millions d’électeurs pourraient choisir l’un des huit autres candidats, dont Lydie Beassemda, seule femme en lice.