Finances publiques : 110 milliards levés, mais des défis budgétaires majeurs

Le Trésor Public du Mali a levé 110 milliards de francs CFA sur le marché financier de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) lors d’une émission simultanée de Bons et Obligations Assimilables du Trésor, organisée le 23 décembre 2024.

L’opération, initialement prévue pour un montant de 100 milliards de francs CFA, a enregistré un taux de couverture de 116,65 % avec des soumissions totales atteignant 116,65 milliards de francs CFA et un montant net retenu de 106,9 milliards de francs CFA. Les Bons du Trésor à 364 jours ont permis de lever 4,62 milliards de francs CFA avec un rendement moyen pondéré (RMP) de 9,42 %. Les Obligations à 2 ans ont enregistré une absorption totale avec 28,08 milliards de francs CFA levés à un RMP de 6 %, tandis que celles à 3 ans ont également connu une absorption totale avec 73,16 milliards de francs CFA levés à un RMP de 7,46 %. Les Obligations à 5 ans ont permis de mobiliser 4,14 milliards de francs CFA avec un RMP de 8,09 %.

Ces résultats traduisent la confiance des investisseurs dans les instruments financiers publics du Mali, particulièrement pour les titres à maturités moyennes. Cependant, la dépendance accrue aux Bons Assimilables du Trésor à maturité courte impose une pression significative sur les finances publiques, exigeant des remboursements rapides susceptibles de compromettre la stabilité budgétaire. Par ailleurs, le rôle prépondérant des banques maliennes, principaux souscripteurs de ces titres, concentre le risque financier et limite leur capacité à financer le secteur privé, notamment les PME qui sont cruciales pour la croissance économique.
Dans un contexte marqué par un déficit budgétaire de 686,631 milliards de francs CFA, des dépenses prévues à 3 063,742 milliards et des recettes estimées à 2 377,111 milliards de francs CFA pour 2024, les marges de manœuvre restent réduites. La transition politique en cours, caractérisée par des incertitudes, affecte également la confiance des investisseurs internationaux et complique la mise en œuvre de politiques économiques durables.
Pour répondre à ces défis, il est impératif d’allonger les maturités des instruments financiers pour réduire les pressions à court terme, de diversifier les sources de financement en mobilisant davantage de partenariats public-privé et de renforcer les recettes internes à travers une réforme fiscale ambitieuse. Une stabilité politique et des réformes structurelles sont indispensables pour restaurer la confiance des investisseurs, attirer des financements extérieurs et stimuler une croissance économique soutenue.

Marché financier régional : Le Mali mobilise 33 milliards de FCFA

La Direction générale du Trésor et de la Comptabilité publique du Mali a réussi, mardi dernier, à mobiliser 33 milliards de FCFA sur le marché financier de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) à travers une émission simultanée de Bons Assimilables du Trésor (BAT) à 364 jours et d’Obligations Assimilables du Trésor (OAT) à 3 et 5 ans. Cette opération a enregistré un taux de couverture de 134,02 %, avec des soumissions globales atteignant 40,2 milliards de FCFA.

La répartition des fonds retenus s’est effectuée comme suit : 5,5 milliards de FCFA pour les BAT à 364 jours, 9,92 milliards de FCFA pour les OAT à 3 ans, et 17,57 milliards de FCFA pour les OAT à 5 ans. Pour attirer les investisseurs, le Mali a ajusté les rendements offerts, avec un rendement moyen pondéré de 9,45 % pour les BAT à 364 jours, supérieur aux 8,53 % lors de l’émission précédente du 14 novembre. En revanche, les rendements des OAT à 3 et 5 ans ont diminué, s’établissant respectivement à 8,91 % et 7,92 %, contre 9,58 % et 8,61 % précédemment.
Cette performance intervient dans un contexte où le Mali rencontre des difficultés à mobiliser des fonds sur le marché financier régional, principalement en raison d’un manque de confiance des investisseurs internationaux. Cette défiance est attribuée à l’instabilité politique et aux défis sécuritaires persistants dans le pays. En conséquence, le Mali dépend largement de ses investisseurs locaux pour ses levées de fonds. Lors de cette émission, les investisseurs maliens ont contribué à hauteur de 23,64 milliards de FCFA, représentant 71,6 % de l’enveloppe retenue. Les contributions restantes provenaient du Burkina Faso (8,39 milliards de FCFA), de la Côte d’Ivoire (6 milliards de FCFA), et du Sénégal et du Togo (613 millions de FCFA chacun).
Cette forte participation des banques maliennes, déjà sous pression, soulève des préoccupations quant à leur capacité à soutenir continuellement les besoins de financement de l’État sans compromettre leur propre stabilité financière. La concentration des investissements domestiques dans les titres publics peut limiter la disponibilité des crédits pour le secteur privé, freinant ainsi la croissance économique.
Pour diversifier ses sources de financement et réduire la pression sur les institutions financières locales, le Mali doit restaurer la confiance des investisseurs internationaux. Cela passe par l’amélioration de la stabilité politique, le renforcement de la sécurité, et la mise en œuvre de réformes économiques visant à assainir les finances publiques et à promouvoir la transparence. Une telle démarche pourrait élargir la base des investisseurs et assurer un financement plus durable pour le développement du pays.