ll pleut et comme chaque année les rues de Bamako et d’autres grandes villes du pays sont inondées. Dans certains quartiers, ce sont des fleuves qui remplacent les rues pendant plusieurs heures, attendant que l’eau s’écoule dans des caniveaux bouchés. Chaque année, on fait mine de vouloir les libérer des ordures qui les obstruent. On fait remonter la terre et les déchets au bord. Et on attend que la pluie les y fasse redescendre progressivement, pensant qu’on a fait œuvre utile. Cette année, malgré le lancement le 8 juillet de ce travail inutile dans le District de Bamako, on n’en a pas vu l’effectivité dans beaucoup de quartiers.
De fait, ces actions dérisoires ne sont qu’un pansement minuscule sur la plaie béante de la gestion des déchets au Mali, à l’image d’actions ponctuelles menées sans cohérence, une absence de vision et d’efficacité. Comme cette loi de janvier 2012 qui interdit la production, l’importation et la commercialisation des sachets plastiques non dégradables. Bientôt 10 ans que cette loi est passée et qu’absolument rien dans nos habitudes n’a changé.
Rien n’a changé non plus dans la gestion qui est faite de ces déchets : ils ne sont pas détruits et quasiment pas recyclés. Nous vivons comme si nous ne produisions pas quotidiennement 3 210 m3 de déchets solides rien que pour la ville de Bamako selon une étude menée par l’INSTAT en 2021. Et ce chiffre ne prend pas en compte le volume dispersé de manière sauvage aux alentours de la ville, polluant de manière irréversible les terres et l’eau.
Pour couronner le tout, alors que notre capitale compte plus de 5 millions d’habitants, nous ne sommes toujours pas équipés d’une usine d’incinération des déchets, attendant peut-être que les centaines de milliers de tonnes produites chaque année disparaissent par miracle.
Alors on pourra parler longtemps de changement climatique mais c’est surtout notre politique environnementale et d’assainissement qu’il faut changer.
Aurélie Dupin