C’est peut-être une anomalie qui est réparée désormais. La coopération Mali – Russie, dont l’excellence, tel un mantra, est chantée sur les réseaux sociaux et au niveau officiel, a atteint un nouveau point. Celui de la visite de moins de 48h du ministre russe des Affaires étrangères à Bamako. Cela a pris du temps, mais c’est désormais effectif. D’autant que Sergueï Lavrov s’est rendu récemment deux fois sur le continent sans escale malienne. De cette visite, nous pouvons retenir l’annonce de l’accord du Colonel Assimi Goïta à prendre part personnellement au prochain sommet Russie – Afrique qui doit se tenir en juillet. Si cela se concrétise, ce serait un déplacement à l’extérieur aussi rare que significatif. Au-delà de ce point, et des bourses qui vont augmenter pour les étudiants, pas de grandes annonces lors de la conférence animée par les deux chefs de la diplomatie ce 7 février. Toutefois, les autorités de la Transition vont tirer un gain politique de ce déplacement, alors qu’une partie de la population malienne voit d’un bon œil cette coopération entre les deux pays. De l’autre côté, l’image d’une Russie qui asseoit et améliore son ancrage sur le continent s’en trouve renforcée. S’il est admis que la sécurité est la première préoccupation des Maliens, le tout sécuritaire n’est pas non plus la solution, comme le reconnaît lui-même Abdoulaye Diop, ministre malien des Affaires étrangères. Sur le plan commercial et économique, la Russie pourrait également supplanter certains partenaires avec lesquels le Mali n’est plus en odeur de sainteté. Sur ces volets, du concret est attendu, afin que la lutte contre le terrorisme ne soit le mythe de Sisyphe. Cela ne tient pas qu’à la Russie, évidemment. C’est à l’État de créer les conditions nécessaires pour empêcher la multiplication des terreaux fertiles aux recrutements pour les groupes terroristes.