Depuis la nomination du Général Abdoulaye Maïga comme Premier ministre, fin novembre 2024, la scène politique malienne évolue. Ce changement intervient dans un contexte de transition délicat, avec des élections prévues pour 2025 même si le calendrier reste flou.
En procédant à la création d’un ministère délégué aux Réformes électorales et à la reprise du dialogue avec les partis politiques, les autorités de la Transition ont suscité autant d’espoirs que de scepticisme.
Malgré ces signaux, qui paraissent positifs, l’heure ne semble pas encore à l’optimisme. C’est ainsi que Hamidou Doumbia, Secrétaire politique du parti Yelema, exprime des réserves : « le premier pas devait être la présentation d’un chronogramme électoral, mais aucune déclaration n’a été faite à ce jour ». Bien qu’il existe des prévisions dans la Loi des finances, l’expérience passée de reports d’élections, comme en 2021, renforce son scepticisme. Un véritable engagement des autorités est donc nécessaire pour avancer.
Concernant les récentes rencontres avec les partis politiques et la société civile, Hamidou Doumbia estime que : « nous saluons cette initiative, mais nous restons prudents ». À ses yeux, l’inclusion ne se limitera pas à rassembler plusieurs partis pour dresser un état des lieux. Il souligne la nécessité d’impliquer les acteurs dans l’élaboration de textes importants, tels que la Loi électorale. Il déplore fortement le manque de transparence autour des projets de lois, qui sont le plus souvent inconnus des principaux concernés.
Libération des détenus politiques : Un premier pas
La récente libération de onze responsables politiques, le 5 décembre 2024, est perçue comme un tournant. Me Mountaga Tall du CNID qualifie cette décision de « bonne nouvelle pour le Mali ». Il souligne que ce geste répond à un besoin d’apaisement, affirmant que cela « pourrait permettre au nouveau Premier ministre d’avoir des relations plus apaisées avec la classe politique ». Me Tall appelle également à élargir cette dynamique à d’autres détenus d’opinion. Sur le même sujet, Hamidou Doumbia n’a pas manqué de citer les cas de Rose Doumbia, Clément Dembélé, Ras Bath, Étienne Fakaba Sissoko, etc., appelant à leur libération pour garantir une sérénité pour la suite de la Transition.
Partageant le même avis, Amadou Koïta, Président du Parti Socialiste Yeleen Kura, affirme aussi « qu’il est temps, pour le bien du Mali, d’organiser le retour à l’ordre constitutionnel ». Ce consensus politique souligne que la libération des détenus n’est qu’une première étape. Pour restaurer pleinement la confiance, des actions supplémentaires seront nécessaires.
Des défis à relever
Pourtant, les récentes initiatives montrent une volonté de mettre fin à la Transition et de préparer des élections inclusives, mais plusieurs défis demeurent. La transparence du processus et l’implication réelle de la classe politique et de la société civile seront déterminantes. Pour Hamidou Doumbia, « la restauration de la confiance dépendra de la capacité des autorités à tenir leurs engagements, mais aussi de leur transparence et de leur neutralité dans la conduite du processus de transition ».
La question de l’inclusion des acteurs politiques et de la société civile reste posée. Sans un véritable engagement et une volonté d’inclure toutes les parties prenantes, les réformes pourraient être perçues comme une simple formalité. Le retour à l’ordre constitutionnel au Mali est un processus complexe, marqué par des avancées encore insuffisantes pour rassurer l’ensemble des acteurs. La nomination du Général Maïga et les mesures récemment prises témoignent d’une volonté de changement, mais celles-ci doivent être accompagnées d’engagements fermes et d’actions concrètes. La prudence affichée par la classe politique est à la hauteur des attentes et des enjeux. Pour de nombreux acteurs, seule une démarche inclusive et respectueuse des principes démocratiques pourra garantir une transition réussie.
Massiré Diop