Le ministre de l’Économie et des Finances, Alousséni Sanou, a récemment annoncé un engagement du gouvernement malien de mobiliser 200 milliards de francs CFA d’ici fin 2024 pour rembourser la dette intérieure. Bien que cette promesse soit perçue comme un geste positif, les données actuelles révèlent que ce montant est loin de suffire à résoudre les problèmes budgétaires du Mali.
Selon la Direction Générale de la Dette Publique (DGDP), la dette intérieure du Mali s’élevait à 2 777,67 milliards de francs CFA à la fin du premier semestre 2023, en hausse de 8,20% par rapport à décembre 2022. Dans ce contexte, les 200 milliards promis représentent environ 7% du total, soulignant l’insuffisance de cet effort face à la taille et à la croissance rapide de la dette.
En effet, au premier semestre 2023, le gouvernement malien a levé 607,82 milliards de francs CFA en bons et obligations du Trésor, un chiffre presque trois fois supérieur aux 200 milliards annoncés pour 2024. Cela montre à quel point cette somme pourrait être rapidement absorbée par les besoins budgétaires courants. De plus, les paiements d’intérêts sur la dette intérieure ont atteint 365,28 milliards de pendant cette même période, dépassant les prévisions initiales. Par conséquent, les 200 milliards ne suffiraient même pas à couvrir ces intérêts, sans parler du remboursement du capital.
Avec un taux d’endettement intérieur atteignant 21,5% du PIB fin juin 2023, le Mali reste fortement dépendant des instruments de dette. Les bons du Trésor représentaient 255,67 milliards de francs CFA et les obligations du Trésor 2 552 milliards de francs. Cette dépendance indique une pression croissante sur les finances publiques et les 200 milliards annoncés risquent d’être rapidement consommés sans un effet durable sur la réduction de la dette.
Des voix, dont celle de l’ancien Premier ministre Moussa Mara, ont appelé à une répartition équitable, avec une priorité donnée aux créanciers les plus fragiles, notamment les petites entreprises, souvent en grande difficulté financière en raison des retards de paiement.
L’annonce de 200 milliards pour rembourser la dette intérieure est certes un geste important, mais il est insuffisant au regard des besoins réels du pays. Pour stabiliser ses finances publiques et contenir la progression de sa dette, l’État malien devra impérativement mettre en place des réformes structurelles et trouver des solutions de financement plus pérennes.
Massiré Diop