Plus de 4 mois après leur arrestation, les 11 leaders politiques issus des partis et regroupements signataires de la Déclaration du 31 mars 2024 n’ont toujours pas recouvré leur liberté. Malgré les appels incessants d’une partie de la classe politique et l’implication de certaines personnalités religieuses et de la société civile, ces leaders politiques restent en détention.
Si l’ordonnance de mise en liberté provisoire signée par le Juge d’instruction du Tribunal de première instance de la Commune V du District de Bamako le 9 septembre dernier avait été exécutée, les 11 leaders politiques auraient regagné leurs familles respectives, en attendant la tenue d’un procès.
Mais le Procureur du Tribunal de la Commune V avait dans la foulée introduit un pourvoi en cassation de la décision du Juge. Les hommes politiques écroués sont donc restés en prison en attendant le jugement de la Cour d’appel. Celle-ci a entendu les parties le 29 octobre 2024 et le délibéré de la demande de mise en liberté provisoire des 11 détenus a été fixé au 12 novembre prochain, prolongeant ainsi leur séjour en prison pour au moins deux semaines supplémentaires.
« Le Juge a entendu les parties et a réservé sa décision pour un autre jour. C’est normal parce que généralement ils ne délibèrent pas sur le siège », explique l’avocat d’un des hommes politiques détenus.
Appels à la libération
Au sein de la coalition des partis signataires de la déclaration du 31 mars 2024, les dirigeants avaient cessé pendant quelques semaines de demander la libération de leurs camarades et s’étaient abstenus d’appeler à des actions dans ce sens. Selon une source au sein du regroupement, cette attitude visait à laisser une chance aux médiations des personnalités qui étaient en cours auprès des autorités. Mais celles-ci n’ont jusque-là pas abouti.
Par conséquent, la coalition a décidé de sortir de son silence en levant la voix à travers des actions de communication symboliques. Depuis le 21 octobre, une campagne est en cours sur les réseaux sociaux demandant la libération des 11 leaders politiques.
« Quand ça fait trop, ça fait désordre, libérez-les sans condition », « Nous ne devons pas oublier nos camarades politiques détenus », « Libérez nos leaders politiques, un jour de plus c’est trop, et trop c’est trop » sont entre autres les messages partagés, avec un décompte quotidien du nombre de jours de détention des leaders politiques (130 jours de détention au 30 octobre 2024).
« Pause-liberté »
Le 28 octobre 2024 à 11 h, plusieurs partis de la coalition ont observé 3 minutes de pause à leur siège pour demander la libération de leurs 11 camarades politiques arrêtés, ainsi que de « tous les innocents et prisonniers d’opinion, notamment Rose la vie chère, Ras Bath, Étienne Fakaba Sissoko et Ben le Cerveau ».
Près d’une vingtaine de membres de la plateforme « An ko Mali Dron », dont l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, se sont retrouvés au siège du parti FARE Anka Wuli pour l’occasion.
« Nos camarades ont été arrêtés et sont injustement détenus depuis plus de 4 mois. L’acte que nous avons posé est un acte pacifique par lequel nous voulons manifester d’abord notre solidarité à leur égard et ensuite demander leur libération immédiate et sans condition pour leur permettre de rejoindre leurs familles », a indiqué Bréhima Sidibé.
Yaya N’Diaye, un autre membre de la plateforme, a également confié qu’il s’agissait pour eux de demander aux autorités de relaxer leurs camarades arrêtés depuis plus de 4 mois « et, en dehors d’eux, d’autres combattants de la liberté d’opinion et de la démocratie au Mali qui sont aussi détenus ».
Les 11 leaders politiques ont été arrêtés le 20 juin dernier lors d’une réunion dans un domicile privé, alors que les activités des partis politiques avaient été suspendues par décret. Après 4 jours d’audition, ils ont été placés sous mandat de dépôt le 24 juin 2024. Ils sont inculpés notamment d’opposition à l’exercice de l’autorité légitime.
Mohamed Kenouvi