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Tchad : Fermeture de la dernière base française

Lors d’une cérémonie officielle, le 30 janvier dernier, l’armée française a procédé à la rétrocession de sa dernière base militaire…

Lors d’une cérémonie officielle, le 30 janvier dernier, l’armée française a procédé à la rétrocession de sa dernière base militaire au Tchad, la base aérienne Sergent-Adji-Kossei, située à N’Djamena, la capitale du pays. Cette base était le dernier vestige d’une présence militaire française dans le pays, un engagement qui durait depuis plusieurs décennies. La remise de cette installation stratégique à l’armée tchadienne est l’aboutissement d’un processus de redéfinition des accords de défense entre les deux nations.

La présence militaire française au Tchad remonte à l’indépendance de ce dernier en 1960, lorsqu’un accord de défense a été signé entre la France et son ancienne colonie. Ce pacte a permis à la France de maintenir une présence militaire au Tchad pour garantir la sécurité et stabiliser le pays face aux menaces internes et externes. Au fil des décennies, cette relation s’est consolidée avec plusieurs interventions militaires, la plus notable étant l’Opération TACAUD en 1969, lancée pour soutenir le gouvernement tchadien contre les rebelles. Cette présence militaire s’est ensuite intensifiée, notamment au cours des conflits internes et des guerres civiles qui ont déstabilisé le pays.
Durant les années 1980 et 1990, la France est intervenue à plusieurs reprises pour soutenir le régime du président Hissène Habré, puis celui d’Idriss Déby, qui est arrivé au pouvoir en 1990. Ces interventions ont été essentielles pour maintenir une stabilité fragile et contrer les rebelles et groupes armés.
Au Tchad, cette présence a été renforcée par des interventions militaires à plusieurs reprises, particulièrement durant les périodes de guerre civile et de troubles internes. Un exemple marquant est l’Opération Barkhane, lancée en 2014, qui visait à lutter contre les groupes jihadistes au Sahel, avec le Tchad comme l’un des principaux contributeurs. Les troupes françaises ont utilisé le Tchad comme une base d’opérations centrale pour mener des actions contre les terroristes dans la région.
Cependant, cette relation militaire entre la France et le Tchad a pris un tournant après l’annonce, en novembre 2024, par le président tchadien Mahamat Idriss Déby, de la fin de l’accord de coopération de défense avec la France. Cet accord était jugé « obsolète » et « suranné » par le gouvernement tchadien, qui a estimé que le pays devait désormais prendre en charge sa propre sécurité. La remise de la base aérienne Sergent-Adji-Kossei à l’armée tchadienne le 30 janvier 2025 marque donc la fin d’une ère de coopération militaire étroite.
Le Tchad était l’un des derniers bastions de la France dans la région, où l’armée française a déployé ses troupes dans le cadre de l’opération Barkhane. Cette opération, qui a impliqué jusqu’à 5 000 militaires, a pris fin en novembre 2022, après près de dix ans d’engagement. La fermeture de la base de N’Djamena marque ainsi la fin d’une époque pour la France, qui a vu son rôle militaire dans le Sahel se réduire progressivement.
Le retrait des forces françaises du Tchad intervient dans un contexte plus large de retrait des troupes françaises de plusieurs pays du Sahel, notamment du Mali, du Burkina Faso et du Niger, où les gouvernements ont exprimé leur souhait de voir les troupes françaises quitter leurs territoires. Cette réorientation fait écho à un sentiment vif dans certains pays africains qui souhaitent une redéfinition de leurs partenariats de défense avec la France.
La rétrocession de la base de N’Djamena intervient après plusieurs mois de tensions diplomatiques entre la France et ses partenaires africains. Le président Déby a souligné que cette rétrocession n’indiquait pas la fin de la coopération avec la France, mais qu’elle permettait à son pays de prendre en charge de manière plus autonome sa propre sécurité. « Nous serons désormais responsables de notre propre sécurité », a précisé le ministre tchadien de la Défense.
Bien que ce geste symbolise la fin de l’ère des interventions directes, le Tchad et la France ont convenu de maintenir des partenariats en matière de formation et d’équipements militaires, pour soutenir les efforts de sécurité du pays sans une présence militaire directe.