Débloquer l’apprentissage par l’IA

L’intelligence artificielle a captivé l’imagination des chefs d’entreprise désireux de mettre en œuvre de nouvelles solutions technologiques dans leur secteur. Mais l’IA pourrait également être appliquée à des problèmes plus vastes et plus complexes, notamment dans le domaine de l’éducation. Cette vision est en passe de devenir une réalité, la technologie contribuant déjà à améliorer l’apprentissage des élèves, à créer de nouvelles voies vers des carrières gratifiantes et à aligner l’éducation d’aujourd’hui sur les emplois de demain.

 

Selon un rapport récent, près de la moitié des enseignants et des administrateurs scolaires interrogés aux États-Unis qui utilisent actuellement l’IA dans leur travail sont optimistes quant à son potentiel. Mais le manque de formation entrave l’adoption généralisée de l’IA.

Heureusement, il est relativement simple de surmonter cet obstacle. Pour commencer, les chefs d’entreprise et les décideurs politiques devraient collaborer pour offrir aux enseignants une formation gratuite sur les principes fondamentaux de l’IA et ses applications pratiques. Un module de formation des formateurs peut être mis en place par le biais d’un apprentissage en ligne gratuit ou peu coûteux et adapté à des niveaux d’enseignement spécifiques ou à des programmes d’études locaux. Cette approche permet aux éducateurs de prendre confiance en la nouvelle technologie et de commencer à expérimenter des applications pratiques dans leurs classes.

En outre, les enseignants formés à l’IA sont mieux armés pour aider les élèves qui souhaitent en savoir plus sur ce secteur. Une enquête d’IBM montre que de nombreux apprenants souhaitent occuper des emplois technologiques bien rémunérés, mais pensent qu’ils ne sont pas qualifiés parce qu’ils n’ont pas les diplômes nécessaires. D’autres disent qu’ils ne savent tout simplement pas par où commencer. C’est là que l’IA générative entre en jeu : elle peut recommander des cours qui correspondent aux niveaux et aux intérêts des apprenants, et offrir un retour d’information en temps réel au fur et à mesure qu’ils avancent dans la matière. Les solutions alimentées par l’IA peuvent même mettre les étudiants en contact avec des mentors qui peuvent les conseiller sur l’enseignement supérieur et la progression de leur carrière. Il en résulte une expérience éducative plus personnalisée et plus immédiate que l’apprentissage en ligne d’hier.

L’un des principaux obstacles à la réduction du déficit de compétences en matière d’IA est le rythme effréné de l’innovation, qui a entraîné une demande d’expertise non satisfaite considérable. Selon le Forum économique mondial, la moitié de la main-d’œuvre mondiale a besoin de se perfectionner ou de se recycler, mais le marché de la formation n’est pas à même de répondre à ce besoin. Il est encourageant de constater que de nouvelles offres sont déployées dans l’ensemble de l’écosystème de l’IA, qu’il s’agisse de cours sur l’éthique et l’ingénierie rapide ou de ressources expérimentales créatives pour les étudiants. Étant donné que la durée de vie des compétences techniques continue de se réduire, les jeunes étudiants et les apprenants permanents doivent être encouragés à investir dans la formation à l’IA.

Dans le même temps, l’IA entraîne des changements radicaux dans les industries et les marchés, et la vaste portée de cette transformation exige une réponse tout aussi globale – les efforts individuels ne suffiront pas. La première étape pour aider les apprenants à trouver leur voie vers les emplois de demain est de s’assurer que ces postes existent. Les dirigeants d’entreprise et les décideurs politiques doivent travailler ensemble pour créer des emplois qui offrent un travail de plus grande valeur aux candidats qualifiés, qui, à leur tour, seront mieux à même de subvenir aux besoins de leur famille.

Tout aussi importantes sont les collaborations multisectorielles telles que l’AI Alliance, qui vise à encourager l’ouverture sur ces systèmes et à accélérer le partage des connaissances, et le AI-Enabled Information and Communication Technology (ICT) Workforce Consortium, qui oriente les travailleurs vers des programmes de formation pertinents. Cette action collective permet de tirer parti de l’engouement pour l’IA afin d’élaborer des cadres communs et de développer une approche axée sur les compétences, capable d’identifier et d’éduquer les leaders technologiques de demain.

Le travail ne fait que commencer. Les leaders de l’industrie et les décideurs politiques doivent continuer à développer une approche commune de l’éducation et de la création d’emplois à l’ère de l’IA et encourager une formation plus répandue aux principes fondamentaux de la technologie. En tant que Chief Impact Officer d’IBM, je me demanderai comment mon organisation peut s’assurer que les étudiants, les enseignants, les employés et les demandeurs d’emploi bénéficient de ces avancées. Bien que nous ayons fait un pas dans cette direction avec IBM SkillsBuild, façonner les industries et les emplois du futur nécessite une foule de fonctions et de programmes alimentés par l’IA qui peuvent fournir aux apprenants des expériences éducatives personnalisées tout au long de leur vie.

 

Justina Nixon-Saintil est vice-présidente et directrice de l’impact chez IBM.

 

Project Syndicate, 2024.

www.project-syndicate.org

 

 

 

Intelligence artificielle : menace ou opportunité ?

Elle est actuellement au centre des débats dans le monde entier. L’intelligence artificielle, qui connait un véritable essor depuis un moment, fascine autant qu’elle inquiète. Au Mali, les évènements et conférences se multiplient pour lever le voile sur les avantages et inconvénients de l’utilisation de ce nouvel outil technologique. Quel impact l’IA pourra-t-elle avoir sur notre vie professionnelle et / ou personnelle ?

L’intelligence artificielle, processus d’imitation de l’intelligence humaine qui repose sur la création et l’application d’algorithmes exécutés dans un environnement informatique dynamique, est en train de révolutionner le monde.

Pour partager les dernières avancées et découvertes, enclencher le débat sur son utilisation et proposer des solutions adaptées au contexte malien, l’agence de développement Voolinks, proposant des services de digitalisation et de bases de données, a initié une conférence immersive sur le sujet le 16 mai 2023 à Bamako.

Nouvelles opportunités

Dans le monde professionnel, de plus en plus de personnes s’inquiètent et s’interrogent sur l’avenir de la main d’œuvre humaine, dont les tâches peuvent aujourd’hui toutes ou presque être exécutées par des logiciels ou machines grâce à l’intelligence artificielle.

Mais pour Moussa Kondo, Directeur exécutif de l’Institut sahélien pour la démocratie et la gouvernance, l’IA ne menace pas le secteur professionnel. Elle représente plutôt une opportunité.

« Elle va permettre de recenser beaucoup de données, d’informations et de connaissances en un même endroit. Mais c’est au monde du travail de se réinventer pour être à l’heure de l’intelligence artificielle », plaide-t-il. « Il y a des boulots qui existent aujourd’hui où les gens se font des millions tous les jours mais qui n’existaient pas il y a 5 ans. Il faut juste réfléchir à ce qu’il faut faire pour que les gens répondent à cette nouvelle demande, être à la hauteur et l’adopter dans nos quotidiens », poursuit M. Kondo.

Même son de cloche chez Gabriel Alassane Traoré, Associé-Gérant de Voolinks, qui pense pour sa part que ces inquiétudes se dissiperont avec le temps. Pour lui, l’utilisation de l’intelligence artificielle est beaucoup plus bénéfique dans le monde professionnel qu’elle n’apporte d’inconvénients. « Avec l’intelligence artificielle, je ne vois que des opportunités. En tant qu’entreprise, je pense que les outils qui sont à notre disposition aujourd’hui ne peuvent pas être un frein à notre développement et ne sont que positifs » renchérit-il.

Mais les craintes sont loin d’être levées. Sam Altman, le patron d’OpenAI (le vrai), créateur de l’interface ChatGPT, assure que « l’intelligence artificielle a le potentiel d’améliorer à peu près tous les aspects de nos vies, mais elle crée aussi des risques sérieux ». « L’une de mes plus grandes peurs, c’est que nous, cette industrie, cette technologie, causions des dommages significatifs à la société ».