Culture




Master Soumy : « Le mal est profond, les parents ont presque démissionné de l’éducation des enfants »

Le Festi Hip Hop s’est tenu du 6 au 13 mars 2023. Même si le chemin reste long, son promoteur…

Le Festi Hip Hop s’est tenu du 6 au 13 mars 2023. Même si le chemin reste long, son promoteur se dit satisfait du festival, qui ambitionne d’améliorer les textes et l’image du rap malien. Master Soumy répond à nos questions.

Quel bilan faites-vous de cette 5ème édition ?

Un bilan très satisfaisant, surtout par rapport à la délocalisation du festival de Dialakorodji à Sénou. C’était le défi majeur, qu’on a pu relever, car la mobilisation fut de taille. Nous avons apporté des innovations, notamment un match de foot qui a opposé l’équipe de Festi Hip Hop à la jeunesse de Sénou et une Journée de salubrité avec la mairie et les femmes du quartier. Nous avons enregistré une augmentation des participants venus des différentes régions et de Bamako à l’atelier de formation des rappeurs.

Par rapport à la conscientisation des jeunes rappeurs, quel est le bilan de Festi Hip Hop?

Le festival, s’inscrivant dans un cadre éducatif à travers le volet formation, contribue à rendre professionnels et à mieux organiser plusieurs rappeurs dans la gestion de leurs carrières. L’exercice du live ou du semi live pendant leurs spectacles et l’amélioration de leurs textes dans le traitement des thématiques qui leur sont expliqués régulièrement à chaque édition sont un plus. Grâce à Festi Hip Hop, un jeune a témoigné qu’il avait décidé de troquer son arme désormais contre un micro. Il  était auparavant membre d’un groupe d’autodéfense au nord. Il y a plusieurs autres exemples qui suscitent l’espoir.

Les excès et les dérives sont encore d’actualité dans les textes des rappeurs. Faut-il envisager d’autres mesures ?

Il faut surtout reconnaître que ce n’est pas en quelques éditions qu’on pourra tout changer, surtout avec des moyens très limités. Le mal est profond, car de nos jours les parents ont presque démissionné de l’éducation des enfants, tandis que ces enfants n’écoutent que les rappeurs, qui à leur tour n’ont pas tous forcément bénéficié d’une réelle formation de base en ce qui concerne nos valeurs et nos mœurs. Du coup, la répétition étant pédagogique, nous comptons pérenniser ce festival pour atteindre le maximum de personnes.

Pour cela, nous lançons un cri du cœur à l’endroit de nos plus hautes autorités pour s’impliquer et soutenir les initiatives culturelles éducatives et constructives comme Festi Hip Hop Rapou dôgôkun, car le rap est la musique la plus écoutée au Mali. Il s’adresse à la population juvénile, qui constitue la majorité des Maliens. À notre niveau, nous comptons intensifier cette mission d’éveil des consciences de façon progressive.