Le 23 décembre 2024, François Bayrou, nommé Premier ministre par Emmanuel Macron, a présenté la composition de son gouvernement de 36 membres. Ce cabinet, marqué par la continuité, intègre des figures politiques expérimentées, y compris deux anciens Premiers ministres, Manuel Valls et Élisabeth Borne, tout en excluant des représentants du Nouveau Front populaire, principal groupe d’opposition au Parlement, ainsi que des cadres du Parti socialiste.
Manuel Valls, ancien Premier ministre sous François Hollande, est nommé ministre des Outre-mer, malgré les controverses liées à son parcours, notamment son échec électoral en Catalogne. Élisabeth Borne, également ancienne Première ministre, prend la tête du ministère de l’Éducation nationale, suscitant des débats en raison de son bilan. Sébastien Lecornu conserve son poste de ministre des Armées, chargé de superviser la restructuration de l’armée française, notamment en Afrique. Éric Lombard, ancien directeur général de la Caisse des dépôts, est nommé ministre de l’Économie, une tâche délicate alors que le précédent gouvernement a été renversé sur des questions budgétaires. Bruno Retailleau reste ministre de l’Intérieur, tandis que Gérald Darmanin, ancien ministre de l’Intérieur, devient ministre de la Justice.
Ce gouvernement ne comporte pas de membres du Nouveau Front populaire ni de cadres du Parti socialiste. Les tentatives de François Bayrou de former un gouvernement d’union nationale ont échoué face au refus des Socialistes et à l’hésitation des Républicains, le contraignant à s’appuyer principalement sur les alliés centristes de la majorité présidentielle. Bayrou a annoncé qu’il prononcera sa déclaration de politique générale devant le Parlement le 14 janvier 2025, sans solliciter de vote de confiance, une décision stratégique pour éviter un rejet dans un Parlement fragmenté.
La formation de ce gouvernement intervient après la chute du cabinet de Michel Barnier, renversé par une motion de censure liée à des désaccords sur le budget. La situation reste précaire pour François Bayrou, car une nouvelle motion de censure pourrait entraîner la dissolution de l’Assemblée nationale et des élections anticipées. La capacité du gouvernement à faire adopter le budget 2025 sera déterminante pour sa survie politique.
Ces événements mettent en lumière la fragilité de la position d’Emmanuel Macron dans la dernière phase de son mandat. L’absence de majorité parlementaire stable complique la mise en œuvre de son agenda politique et pourrait limiter sa capacité à mener à bien les réformes envisagées avant la fin de son quinquennat. En outre, la situation actuelle affaiblit la position de Macron à l’approche de l’élection présidentielle de 2027, rendant incertaine sa capacité à présenter un candidat solide et à défendre un bilan positif. Le gouvernement Bayrou, bien que composé de personnalités expérimentées, fait face à des défis majeurs sur les plans économique et politique, ainsi que sa capacité à naviguer dans un paysage parlementaire fragmenté déterminera sa survie et l’issue des réformes engagées.