Santé




Cancer du sein : le combat d’une vie pour Kadidiatou

Chaque année, au mois d'octobre, une campagne mondiale de sensibilisation est menée pour lutter contre le cancer du sein et…

Chaque année, au mois d’octobre, une campagne mondiale de sensibilisation est menée pour lutter contre le cancer du sein et celui du col de l’utérus. Au Mali, plus de 2270 cas de cancer du sein sont détectés chaque année, avec 1348 décès, contre 2436 cas de cancer du col de l’utérus et 1431 décès, selon Globocan 2022.

Mme Faye Kadidiatou Kanté avait 52 ans lorsqu’elle a appris qu’elle était atteinte d’un cancer du sein. Tout a commencé en juin 2015, comme elle l’explique : « J’ai senti une petite boule dans mon sein gauche, mais je n’y ai pas prêté grande attention, croyant que c’était une piqûre de fourmi. Cependant, la boule continuait de grossir et en septembre, j’ai décidé d’aller à l’hôpital ». Là-bas, elle apprend la nouvelle qui changera sa vie. Le médecin lui révèle : « Mme Faye, vous êtes atteinte d’un cancer ». Kadidiatou raconte qu’à ce moment-là, elle a senti son monde s’écrouler. Son docteur l’a alors orientée vers l’hôpital du Mali, qui reçoit environ 350 cas de cancer du sein par an, selon l’oncologue Fatoumata Sidibé. Mme Faye révèle avoir pleuré tout le trajet. Elle confie qu’elle se sentait partir, elle qui avait déjà perdu son premier mari quelques décennies plus tôt.

« Lors de ma consultation, j’ai vu des tas de dossiers empilés sur le bureau de l’oncologue. Voyant mon anxiété, il m’a expliqué : « Ce sont les dossiers des patients atteints de cancer, enfin ceux qui sont déclarés » », précise-t-elle. Mme Faye s’est alors fait une promesse : « J’ai prié le Bon Dieu que si je m’en sortais, je créerais une association pour lutter contre ce fléau ». Se méfiant du système de santé du pays, elle a tenté d’obtenir un visa, sans succès. Après cet échec, elle est partie au Sénégal pour recevoir des soins de « qualité ». Après des examens approfondis, on lui a confirmé la présence d’une tumeur. Mme Faye a alors décidé de revenir au Mali, près de sa famille, pour se battre. De retour, elle a rencontré plusieurs spécialistes, dont M. Bassirou Drabo, qui a su la rassurer. Quelques examens plus tard, le docteur lui a annoncé qu’elle devait subir une mastectomie. Laquelle consiste à enlever la totalité ou une partie du sein en raison de cellules cancéreuses ou pour éviter le risque de récidive du cancer du sein.

Elle explique que cette opération a grandement affecté sa fille aînée, mais pas elle, car elle ne pouvait plus avoir d’enfants. Par la suite, les chimiothérapies ont débuté et ont duré six mois. « Après chaque chimio, pendant quatre jours, je me sentais mal, je vomissais, j’avais des douleurs et je ne mangeais rien. Tous mes cheveux sont tombés ». De toutes ses forces, elle a combattu la maladie. Entre manque de sommeil et problèmes familiaux, elle est restée forte et debout. Quelque temps après la chimiothérapie, son médecin lui a annoncé qu’elle avait vaincu le cancer. « J’étais tellement heureuse que j’ai prévenu tout le monde, car après tant de batailles, je me sentais enfin libérée ».

Une joie de courte durée, cependant. Quatre mois plus tard, de nouvelles analyses ont révélé une anomalie aux poumons. On lui a suggéré une autre opération, qu’elle a d’abord refusée : « J’étais démoralisée, je n’avais plus envie de rien, mais mon docteur m’a envoyée voir une psy, qui m’a convaincue ». Après cette opération, Kadidiatou a repris la chimiothérapie pendant six autres mois. « Tous les 15 jours, on me perfusait. Imaginez cette souffrance, mais je me suis battue ». Heureusement, après cela, notre battante n’a plus entendu parler de la maladie et a finalement remporté son combat.

L’après-cancer fut très difficile, confie-t-elle : « La maladie m’a diminuée de 60 %. Sans le soutien de ma famille, je ne m’en serais pas sortie. J’avais très peur que la maladie ne revienne, mais Dieu a entendu mes prières ». Aujourd’hui, âgée de 62 ans, Mme Faye a ouvert une association de lutte contre le cancer du sein dénommée « Combattantes du cancer », qui compte déjà 200 membres. Depuis qu’elle a appris qu’elle était atteinte de cette maladie, elle en a fait une force et a commencé à promouvoir son association. Elle explique que celle-ci est présente presque partout au Mali et mène des campagnes de sensibilisation contre le cancer du sein.

Fatouma Cissé