L’An I du décès de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga rappelle l’immensité de l’homme et les défis que son parti doit relever pour continuer d’exister après lui.
Cela fait un an que le « Tigre de Badala » ne rugit plus. En prison depuis août 2021, accusé entre autres de « faux et usage de faux et d’atteinte aux biens publics dans l’affaire de l’acquisition de l’avion présidentiel et des achats d’équipements militaires », l’état de santé de Soumeylou Boubeye Maiga s’était sévèrement dégradé durant sa détention. Il est décédé le 21 mars 2022 à Bamako dans la clinique où il était hospitalisé depuis décembre 2021, sans jamais avoir été jugé. Le chroniqueur Mohamed Youssouf Bathily alias Ras Bath, invité à prendre la parole lors de la 3ème Conférence nationale du parti, le 11 mars dernier, a affirmé que Soumeylou Boubeye Maïga avait été « assassiné ». Convoqué le 13 mars par la police, il a par la suite été placé sous mandat de dépôt par le Parquet de la Commune IV pour « simulation d’infraction ».
Les militants de l’ASMA-CFP, qui évitent de s’exprimer sur cette dernière affaire, indiquent « rester unis, debout et plus que jamais déterminés » à œuvrer pour que le parti continue de « peser » sur l’échiquier politique malien. Une volonté qui, selon des analystes, ne sera pas simple à matérialiser.
« Il y a la culture de la personnification des partis politiques au Mali. Et l’ASMA ne fait pas exception à cela. La disparition de l’ancien Premier Ministre fait que le parti se retrouve dans une situation un peu délicate, dans la mesure où toute la question qui se pose c’est la pérennité du parti. Il n’est pas évident qu’il puisse trouver en son sein quelqu’un de charismatique et qui dispose des moyens financiers et intellectuels nécessaires pour faire face au vide qu’il a laissé », craint l’analyste politique Ballan Diakité. Outre l’absence de figure charismatique, le spécialiste met aussi l’accent sur la non représentativité du parti sur tout le territoire du Mali.
Une dissension interne risque également d’obscurcir l’horizon de l’ASMA. Le 2 mars dernier, le 3ème Vice-président, Aboubacar Ba, et le Secrétaire général adjoint, Boubacar Traoré, ont été suspendus « pour leurs initiatives et attitudes qui sont de nature à compromettre le parti et à porter atteinte à son image », a justifié l’ASMA dans un communiqué.
Pour le Secrétaire général du parti, Issa Diarra, « au-delà de tout ce qui s’est passé », le parti a su prendre un nouveau départ, avec de nouvelles ambitions. « Contrairement à ce que beaucoup de gens auraient pensé, la disparition de notre Président a requinqué beaucoup de militants et nous a donné beaucoup plus de courage pour ne pas baisser les bras. Nous sommes dans cette optique », assure-t-il.
Unité
Même après le décès de son Président, le parti essaye de jouer des coudes pour rester présent sur la scène politique. Avec le Cadre des partis et regroupements politiques pour le retour à l’ordre constitutionnel, dont il est l’un des principaux initiateurs, l’ASMA-CFP a participé aux différents ateliers et forums sur les réformes politiques et constitutionnelles organisés par les autorités de la Transition. Mais le manque de vigueur dans ses prises de positions ne réjouit pas tout le monde au sein de cette entité.
« Dès les premières heures de la Transition le parti s’est engagé dans une dynamique de soutien en vue de relever les défis sécuritaires et d’aboutir à un retour à l’ordre constitutionnel normal, à travers l’organisation d’élections justes, transparentes, crédibles dans un esprit de consensus et d’inclusivité », rappelle Amadou Baba Cissé.
L’ASMA se projette déjà pour les prochaines élections, si les dates sont tenues. Lors de sa première participation aux élections communales, en 2016, sur 185 partis qui s’étaient présentés, il était sorti 7ème, avec 300 conseillers et 14 maires. « Nous avons eu également 4 députés élus lors des législatives qui ont suivi. Mais nous ne nous satisfaisons pas trop de cela. Nous comptons travailler pour tirer ce parti encore plus vers le haut », indique le Secrétaire général Issa Diarra. Mais autre temps, autre contexte, puisque Soumeylou Boubeye Maiga vivait encore à ces dates et que son influence, renforcée après son passage à la Primature, lui avait permis de propulser haut le parti.