Lors de la réunion publique de haut niveau du Conseil de sécurité des Nations Unies consacrée à la lutte contre le terrorisme en Afrique, tenue le 24 janvier 2025, l’Ambassadeur et Représentant permanent du Mali auprès des Nations Unies, M. Issa Konfourou, a présenté la vision stratégique de la Confédération des États du Sahel (AES). Cette entité regroupe le Burkina Faso, le Niger et le Mali, trois pays en première ligne face aux violences terroristes dans la région sahélienne.
Prenant la parole au nom de l’AES, M. Konfourou a souligné que la lutte contre le terrorisme, au-delà d’une priorité régionale, constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales. « Le terrorisme ne se limite pas à déstabiliser nos nations. Il met en péril des vies innocentes et compromet l’avenir de nos sociétés. Nous devons unir nos efforts dans un esprit de solidarité et de responsabilité partagée », a-t-il affirmé, appelant à une réponse coordonnée et ambitieuse.
L’Ambassadeur a détaillé une stratégie globale reposant sur plusieurs axes prioritaires. Il a insisté sur l’importance d’un soutien accru aux initiatives africaines, dans le respect de la souveraineté et des priorités des États sahéliens. Il a également plaidé pour une coopération renforcée en matière de renseignement et une lutte efficace contre le financement du terrorisme, soulignant le rôle des réseaux criminels transnationaux dans le trafic d’armes et de drogues. M. Konfourou a mis en avant une approche intégrée alliant développement économique et sécurité, en insistant sur la prévention, la déradicalisation et la réinsertion des populations vulnérables. Enfin, il a rappelé l’urgence de fournir des équipements modernes, des formations adaptées et une assistance logistique aux forces sahéliennes, qui se battent courageusement malgré des moyens limités.
En mettant en lumière ces axes, M. Konfourou a évoqué les succès récents de l’AES, notamment la neutralisation de chefs terroristes, la destruction de bases ennemies, la reconquête de territoires, le retour des populations et la réouverture des écoles. Ces avancées confirment la pertinence d’une approche coordonnée et souveraine, mais elles demeurent insuffisamment reconnues dans les rapports des Nations Unies, a-t-il regretté.
M. Konfourou a également dénoncé l’ingérence de certains États étrangers dans la crise sahélienne. Il a accusé la France et l’Ukraine de soutenir ou de faciliter indirectement les groupes terroristes opérant dans la région, ce qui compromet les efforts légitimes de stabilisation. Il a appelé à une condamnation ferme de ces pratiques par les Nations Unies, insistant sur l’importance du respect de la souveraineté et de la non-ingérence dans les affaires intérieures des États sahéliens.
Malgré ces défis, les violences continuent de provoquer des déplacements massifs de populations. Le Mali comptait, en septembre 2024, plus de 378 000 déplacés internes, tandis que le Burkina Faso enregistre plus de 2,1 millions de personnes déplacées. Le Niger, quant à lui, fait face à 352 000 déplacés, majoritairement dans les zones frontalières. Ces chiffres traduisent une crise humanitaire croissante, en dépit des efforts des États sahéliens.
Parallèlement à la stratégie exposée par l’AES, les trois pays membres ont récemment annoncé la mise en place d’une force conjointe de 5 000 soldats. Cette initiative vise à coordonner les efforts militaires et à sécuriser les zones les plus touchées par les violences terroristes. Dotée de moyens modernes, cette force incarne la volonté des dirigeants sahéliens de prendre en main leur propre sécurité.
M. Konfourou a lancé un appel pressant à la communauté internationale. « Nous remercions nos partenaires pour leur soutien, mais nous avons besoin d’un engagement robuste et cohérent. Cette lutte est un défi commun et nécessite une réponse collective. L’AES continuera d’œuvrer pour une paix durable, dans le respect de la souveraineté de ses membres », a-t-il déclaré, tout en s’inclinant devant la mémoire des victimes du terrorisme.
Ce discours marque l’affirmation de la Confédération des États du Sahel comme acteur central dans la lutte contre le terrorisme en Afrique, tout en réaffirmant son exigence de justice et de reconnaissance sur la scène internationale.