InternationalPolitiqueAfrique, Sécurité & Terrorisme




Côte d’Ivoire : Un ex-chef de la police antidrogue condamné pour détournement de cocaïne

La Côte d'Ivoire est secouée par une affaire retentissante impliquant des hauts responsables des forces de l'ordre dans des affaires…

La Côte d’Ivoire est secouée par une affaire retentissante impliquant des hauts responsables des forces de l’ordre dans des affaires de trafic de drogue. Le 5 mars 2025, l’ancien chef de la cellule antidrogue du port autonome d’Abidjan, Armand Agnin Angbonon, a été condamné à cinq ans de prison ferme pour le détournement de 200 kg de cocaïne issus d’une saisie record. Ce verdict met en évidence l’infiltration du narcotrafic dans l’appareil sécuritaire ivoirien.

L’affaire remonte au février 2021, lorsque les autorités ivoiriennes avaient indiqué avoir frappé un grand coup contre le narcotrafic en interceptant une cargaison impressionnante de 1,56 tonne de cocaïne brute, estimée à 25,56 milliards de francs CFA, soit environ 38,9 millions d’euros. Cette opération, considérée comme une avancée majeure dans la lutte contre le trafic de drogue en Afrique de l’Ouest, avait révélé l’ampleur des flux de stupéfiants transitant par la Côte d’Ivoire.
Toutefois, une enquête approfondie a révélé qu’une partie de cette drogue, précisément 200 kg, avait mystérieusement disparu avant sa destruction officielle. C’est ainsi que l’ancien chef de la cellule antidrogue du port, Armand Agnin Angbonon, s’est retrouvé au cœur du scandale. Il a été accusé d’avoir orchestré le détournement de cette quantité importante de cocaïne en complicité avec des réseaux criminels. Lors de son procès, il a nié toute implication, mais les preuves réunies par le pôle pénal économique et financier ont conduit à sa condamnation.
Cette affaire a mis en exergue l’existence de complicités internes et la difficulté de lutter efficacement contre les trafics illicites lorsque ceux qui sont censés les combattre en sont eux-mêmes acteurs.
L’affaire de la cellule antidrogue du port autonome d’Abidjan n’est pas un cas isolé. En mai 2022, un autre scandale éclatait, impliquant cette fois le commissaire Karamoko Dosso, chef de la police criminelle de San-Pedro. Ce dernier a été arrêté pour complicité avec un réseau international de trafic de cocaïne dirigé par Miguel Angel Devesa Mera, un ressortissant espagnol.
Les investigations ont révélé que San-Pedro, port clé de la façade atlantique de la Côte d’Ivoire, était devenu une plaque tournante du trafic de drogue à destination de l’Europe et de l’Amérique du Nord. Après plusieurs mois de procès, le 7 mai 2024, le tribunal du pôle pénal économique et financier d’Abidjan a condamné treize personnes, dont le commissaire Karamoko Dosso et Miguel Angel Devesa Mera, à dix ans de prison pour leur rôle dans cette organisation criminelle. Cette affaire a mis en évidence l’ampleur du narcotrafic et les ramifications qu’il entretient jusque dans les sphères les plus hautes des forces de l’ordre.
Ces affaires récentes s’inscrivent dans un contexte plus large de lutte contre le narcotrafic en Côte d’Ivoire. Grâce à sa position géographique stratégique, le pays est devenu un point de transit majeur pour la cocaïne en provenance d’Amérique du Sud et destinée à l’Europe.
Les chiffres des saisies de drogue réalisées par les autorités ivoiriennes au cours des dernières années sont édifiants. Entre 2021 et 2022, plus de deux tonnes de cocaïne ont été interceptées sur le territoire national. Par ailleurs, plus de dix-sept tonnes de cannabis ont été saisies, ce qui témoigne d’un commerce de stupéfiants florissant et structuré. Dans le même temps, plus de 750 tonnes de médicaments de qualité inférieure et falsifiés (MQIF) ont été retirées du marché, mettant en lumière l’ampleur du trafic de substances illicites et leur impact sur la santé publique.
Malgré ces efforts, l’implication de hauts responsables des forces de l’ordre rend la lutte contre ces trafics particulièrement ardue.
Ces affaires révèlent la profondeur de l’infiltration du narcotrafic au sein des institutions censées le combattre. Elles soulignent la nécessité d’une réforme urgente au sein des forces de l’ordre, notamment par un renforcement des mécanismes de contrôle interne et une meilleure coopération avec les organisations internationales de lutte contre la drogue.
Les observateurs estiment que la Côte d’Ivoire doit renforcer ses dispositifs judiciaires et sécuritaires pour éviter que de tels scandales ne se reproduisent. La transparence et la rigueur dans l’application des peines seront des éléments clés pour restaurer la confiance des citoyens dans leur système de sécurité.
Ces condamnations récentes démontrent que la justice ivoirienne semble déterminée à s’attaquer aux narcotrafiquants, même lorsqu’ils se cachent sous l’uniforme.