La grève générale qui paralysait la filière bétail et viande à Bamako, depuis le 23 octobre dernier, a été suspendue le dimanche 27 octobre 2023, après des jours d’incertitude et de négociations intenses.
Les vendeurs de bétail avaient suspendu leurs activités pour protester contre la décision gouvernementale de fermer sept marchés à bétail dans le district de Bamako, dans le cadre de mesures de sécurité.
Les vendeurs de bétail, opposés à la relocalisation de leurs activités en périphérie de Bamako, ont qualifié la mesure de « discriminatoire » et « injustifiée », soulignant l’importance économique et sociale de ces marchés dans les quartiers urbains. La fermeture des marchés de Lafiabougou, Koda, Sabalibougou et Faladié, entre autres, a engendré une situation de crise, affectant l’approvisionnement en viande, vital pour de nombreux Bamakois. En effet, la rareté de l’offre a entraîné une hausse des prix, contraignant plusieurs ménagères à trouver des alternatives alimentaires moins coûteuses.
La tension est montée d’un cran avec l’enlèvement, en fin de semaine dernière, dans des circonstances floues, de Boubacary Cissé, alias Boubou Tigal, président du marché de Niamana. Cette situation, perçue comme une tentative de pression sur les manifestants, a renforcé leur détermination dans la poursuite de leur mot d’ordre. La libération de M. Cissé a rapidement été inscrite parmi les revendications principales des commerçants.
Les bouchers et vendeurs de bétail ont ainsi conditionné la fin de leur grève à la libération de leur dirigeant, considérant son arrestation comme une intimidation visant à affaiblir leur mouvement. Finalement, après plusieurs heures de captivité, Boubou Tigal a été libéré, une victoire symbolique pour les manifestants, même si les circonstances de sa détention et de sa libération demeurent entourées de mystère.
Mystère autour du compromis
Bien que les détails de l’accord ayant conduit à la suspension de la grève n’aient pas encore été rendus publics, certaines sources estiment qu’un compromis aurait été trouvé entre les autorités et les représentants de la filière bétail-viande. Cet accord est un premier pas vers la résolution de la crise, même si des questions persistent quant à la possibilité de relocaliser effectivement les marchés hors de Bamako sans impact négatif pour les commerçants et les consommateurs. Selon nos sources, parmi leurs revendications, les représentants de la filière bétail-viande souhaitent surtout de meilleures garanties de sécurisation des endroits où ils seront redéployés, comme Zantiguila, Kati-Dral et Sanankoroba. Ces emplacements offrent respectivement des espaces de 57 hectares à Kati-Dral, 20 hectares à Sanankoroba et 33 hectares à Zaniguila, aménagés pour accueillir les activités de vente de bétail afin de décongestionner les zones urbaines.
Renforcement de la sécurité
Toutefois, les acteurs de la filière bétail-viande s’attendent à un renforcement des conditions de sécurité sur ces emplacements afin de les occuper. Ils ont ainsi suspendu leur mot d’ordre pour donner la chance à des négociations avec les autorités sur la sécurisation de ces lieux. Ils ont promis de reconduire leur grève en cas de désaccord.
Le retour à la normale de la vente de viande est un soulagement pour les habitants de Bamako, durement touchés par la crise de l’approvisionnement ces derniers jours.