Depuis le 4 janvier 2025, un navire battant pavillon de la Barbade, transportant environ 20 000 tonnes de nitrate d’ammonium, est immobilisé au large du port d’Abidjan, en Côte d’Ivoire. Ce pays des Caraïbes, bien que distant, figure parmi les nations offrant des pavillons de complaisance, souvent critiqués pour leur souplesse réglementaire. Cet incident fait écho à d’autres catastrophes environnementales et industrielles ayant touché la Côte d’Ivoire par le passé.
La cargaison de ce navire représente près de sept fois les 2 750 tonnes ayant causé l’explosion tragique du port de Beyrouth le 4 août 2020, une catastrophe qui a fait plus de 200 morts, des milliers de blessés et causé d’importants dégâts matériels. Les autorités ivoiriennes, conscientes des leçons tirées de tels événements, ont décidé de bloquer le navire, invoquant des suspicions de dégradation de la cargaison, augmentant ainsi les risques d’incident majeur.
Le nitrate d’ammonium, utilisé principalement comme engrais agricole, est une substance dangereuse qui peut devenir hautement explosive sous certaines conditions, notamment en cas de stockage inapproprié ou de dégradations prolongées. L’immobilisation de ce navire rappelle également une autre tragédie environnementale marquante en Côte d’Ivoire : l’affaire du Probo Koala. En 2006, ce navire transportant des déchets toxiques a déversé sa cargaison dans des décharges non adaptées autour d’Abidjan, causant des pertes humaines, des milliers de victimes de troubles de santé, et une crise environnementale majeure.
Le spectre de cette tragédie pousse aujourd’hui les autorités ivoiriennes à une vigilance face à tout risque potentiel. Une réunion est prévue le 6 janvier 2025 entre les autorités ivoiriennes, le propriétaire de la marchandise et le transporteur, afin d’évaluer les mesures nécessaires pour sécuriser la cargaison, protéger la population et l’environnement. Ce type d’incident soulève également des préoccupations sur l’utilisation des pavillons étrangers, comme celui de la Barbade, souvent associés à une régulation réduite des normes de sécurité maritime.
Cet événement souligne l’importance d’une gestion stricte des matières dangereuses, que ce soit dans leur transport ou leur stockage. Les autorités ivoiriennes, avec le soutien d’experts en sécurité maritime, prennent toutes les précautions nécessaires pour éviter une catastrophe qui pourrait marquer durablement la région. En renforçant leur vigilance, elles cherchent ainsi à prévenir des tragédies similaires à celles de Beyrouth et à éviter de répéter les erreurs du passé comme avec le Probo Koala.