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AGEFAU : Le Rapport du BVG dénonce une gestion financière entachée d’irrégularités
Dans son rapport publié en décembre 2024, le Bureau du Vérificateur Général (BVG) révèle des irrégularités significatives dans la gestion de l’Agence de Gestion du Fonds d’Accès Universel (AGEFAU) entre 2020 et 2023. Cette agence, créée en 2016 pour réduire la fracture numérique au Mali, a géré d’importants montants financiers au cours de cette période, mais plusieurs anomalies ont été constatées.
Le rapport indique que l’AGEFAU a perçu un total de 49,83 milliards de FCFA entre 2020 et 2023, selon les états financiers. Cependant, les dépenses exécutées durant cette période s’élèvent à seulement 25,29 milliards de FCFA, ce qui soulève des questions sur l’utilisation du reste des fonds.
Parmi les irrégularités financières majeures, un prêt de 20 milliards de FCFA a été irrégulièrement octroyé au Trésor Public pour répondre à la pandémie de COVID-19. Ce prêt, utilisé pour payer des salaires et non remboursé à ce jour, dépasse les attributions légales de l’AGEFAU.
Le rapport mentionne également des dépenses injustifiées, notamment 12,77 millions de FCFA pour des abonnements téléphoniques, bien que les salariés bénéficient déjà d’indemnités pour téléphone incluses dans leurs salaires. Par ailleurs, une perte de 409,31 millions de FCFA a été constatée en raison d’un taux contractuel non respecté par une banque partenaire. Ce montant a été récupéré après intervention du BVG.
Les dépenses de missions officielles ont également fait l’objet de critiques. Deux missions ont donné lieu à des paiements qualifiés d’indus au profit du Président du Conseil d’Administration, pour un total de 34,77 millions de FCFA, largement au-dessus des plafonds autorisés.
Enfin, le BVG note un retard dans le reversement de 92,57 millions de FCFA de redevances Radio-TV à l’Office de Radio et Télévision du Mali (ORTM). Ce montant a été régularisé après vérification, mais cette situation reflète un défaut de gestion persistant.
Ces irrégularités compromettent la mission fondamentale de l’AGEFAU, qui est de promouvoir l’accès universel aux TIC. Le BVG recommande des réformes urgentes, incluant le renforcement des mécanismes de contrôle et le respect strict des cadres réglementaires en vigueur.
VBG : Pourquoi la lutte peine
À l’occasion des 16 jours d’activisme contre les Violences basées sur le genre, il est clair que la situation au Mali demeure préoccupante. Alors que les VBG continuent d’augmenter, il est crucial d’analyser les obstacles qui freinent une réponse efficace à ce fléau touchant particulièrement les femmes et les filles, dans un contexte de crise sécuritaire.
Entre janvier et juin 2024, le système GBVIMS (Gender-Based Violence Information Management System) a recensé 7 641 incidents de Violences basées sur le genre (VBG). Cette augmentation est attribuée, selon ses auteurs, à « la détérioration de la situation sécuritaire, à l’affaiblissement des mécanismes de protection des populations civiles, ainsi qu’à une diminution des services spécialisés en VBG ». À cela s’ajoutent de nombreux défis dans la lutte contre les VBG, notamment la disponibilité de statistiques fiables et une réponse adéquate aux facteurs de risque.
Le terme VBG désigne « un acte préjudiciable perpétré contre la volonté d’une personne, fondé sur les différences sociales (le genre) entre les hommes et les femmes ». Ce phénomène, qui prend une ampleur inquiétante, persiste dans un contexte de crise multidimensionnelle au Mali. En effet, la persistance des incidents sécuritaires, notamment les attaques des groupes armés, continue de provoquer des déplacements massifs de populations, principalement dans les régions de Gao, Tombouctou et Kidal.
En septembre 2024, le Displacement Tracking Matrix (DTM) a recensé 388 363 personnes déplacées, dont 58% de femmes et de filles. Ces déplacements se concentrent dans les régions de Ménaka, Mopti, Gao, Bandiagara, Tombouctou et Ségou. Cette situation a engendré un climat général de peur et de violations des droits humains, exacerbant ainsi la vulnérabilité des femmes et des filles.
Le monitoring de protection a enregistré 10 415 violations des droits humains d’avril à juin 2024. Les catégories de violations rapportées incluent, entre autres, les atteintes au droit à la vie, les atteintes à l’intégrité physique et/ou psychique, ainsi que les atteintes à la liberté et à la sécurité. Le nombre de femmes et de filles touchées par ces violences a atteint 3 058 au deuxième trimestre 2024.
Améliorer la collecte de données
Plusieurs structures gouvernementales, ONGs, associations, réseaux et agences des Nations Unies travaillent sur la problématique des VBG. Toutefois, la collecte de données sur les VBG, les pratiques traditionnelles néfastes (PTN) et la santé reproductive (SR) constituent un véritable défi pour les acteurs du domaine. C’est le constat établi par « l’Étude diagnostique des structures et acteurs producteurs de données sur les Violences Basées sur le Genre (VBG), les Pratiques Traditionnelles Néfastes (PTN) et la Santé Reproductive (SR) dans les zones d’intervention du programme Initiative Spotlight : Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou et le District de Bamako ».
Plusieurs facteurs expliquent cette réalité, notamment l’insuffisance ou l’inexistence de mécanismes de collecte de données dans la plupart des structures concernées. L’absence de matériel de collecte et de personnel formé, ainsi que le manque de points focaux pour le traitement des cas répertoriés, aggravent la situation. Enfin, les ressources financières et humaines de qualité manquent pour produire des données fiables.
Ce constat est partagé par les acteurs de la lutte et des mesures sont envisagées pour y remédier. La fiabilité des statistiques est essentielle, compte tenu de la multiplicité des intervenants. C’est pourquoi le gouvernement préconise que les collectes de données au niveau de l’INSTAT ne se fassent pas de manière redondante. En effet, il arrive que des femmes, en quête d’aide, changent d’organisation avant la fin de la procédure de peur d’être repérées. Souvent pressées d’obtenir des résultats et en l’absence de solution immédiate, elles peuvent se tourner vers d’autres structures. Ces faiblesses rendent difficile la collecte de données fiables sur les VBG et les catégories les plus fréquentes, indispensable pour adapter les stratégies.
Persistance
La diversité des acteurs contribuant à la lutte contre les VBG a permis une meilleure connaissance de ces violences et une sensibilisation accrue des femmes à les dénoncer, estime Madame Diarra Djingarey Maïga, Présidente du Mouvement Féministe du Mali (MFM). « Les femmes comprennent désormais mieux plusieurs situations qu’elles ne considéraient pas auparavant comme des VBG ». Il ne s’agit pas seulement de violences physiques, mais aussi de violences morales, économiques et sexuelles. Cela conduit les organisations à enregistrer un nombre plus élevé de plaintes et de demandes d’assistance.
Cependant, la persistance des VBG est également liée à des facteurs sociaux. Une construction sociale « demande à la femme de se soumettre et d’accepter, afin que les choses marchent ». Si ce n’est pas le cas, « c’est sa faute », ajoute Madame Diarra. Par ailleurs, une interprétation traditionnelle de la coutume donne « la possibilité à l’homme de « corriger » la femme en faute ». Ainsi, lorsque la femme subit une violence, on en conclut souvent qu’elle a fauté. De plus, celles qui se plaignent au sein de la famille ou de la communauté après une violence sont souvent « priées » de prendre exemple sur d’autres ayant subi la même chose et d’accepter leur condition.
L’évolution inquiétante des VBG et leur persistance doivent interpeller bien au-delà des organisations qui luttent contre ce phénomène. La jeunesse, souvent perçue comme l’auteure présumée de ces violences, « sombre dans les drogues et l’alcool. Un phénomène récurrent qui perturbe la stabilité des jeunes et, par ricochet, celle des foyers », alerte M. Makan Kaloga, psychologue. La stigmatisation des victimes, le manque d’informations, les inégalités et les abus de pouvoir sont également des facteurs évoqués par les acteurs pour expliquer la hausse des cas de VBG, malgré le nombre élevé d’associations engagées dans la lutte.
Adapter la prise en charge
Les VBG représentent un phénomène complexe dont la prise en charge nécessite l’implication de plusieurs acteurs. Cette nécessité a été perçue par le gouvernement et ses partenaires, qui ont opté pour un changement d’approche. La mise en place de « One Stop Centers », où les victimes peuvent accéder à des médecins, psychologues et agents de justice, constitue une réponse adéquate permettant une prise en charge holistique des survivantes, souvent confrontées à plusieurs besoins. Dans un pays multiculturel comme le Mali, il est parfois difficile pour une femme de se rendre à plusieurs endroits pour discuter de ses problèmes. Si elle peut être entendue et prise en charge en un seul lieu, cela est salutaire, se réjouit un acteur du domaine.
Actif dans ce secteur, le réseau d’organisations Women in Law and Development in Africa (Wildaf) s’inscrit également dans une dynamique de changement de stratégie. Représentant un réseau d’associations et d’ONG engagées dans la promotion et la protection des droits des femmes et des enfants, l’organisation se consacre à la sensibilisation, la formation et le plaidoyer. Ses cibles incluent les leaders communautaires, religieux, jeunes ambassadeurs et groupements féminins, en abordant des thématiques liées aux VBG, au Genre et aux violences sexuelles liées aux conflits. Les leaders communautaires sont particulièrement formés aux techniques de médiation, « car les femmes qui viennent nous voir ne souhaitent pas recourir à la justice, elles préfèrent que leurs problèmes soient résolus à l’amiable », explique Mme Aïcha Bourama Diarra, responsable de la Clinique juridique de Wildaf.
Désormais, Wildaf a également adopté une approche mixte dans le choix de ses para-juristes, qui étaient essentiellement des femmes : « afin que les hommes se sentent concernés par la lutte », précise Mme Diarra. Cependant, ce qu’il faut, c’est un changement de politique, assure-t-elle. L’adoption des nouveaux Code pénal et Code de procédure pénale constitue un grand pas. Ces textes, qui prennent en compte plusieurs recommandations des organisations de lutte contre les VBG, permettront aux acteurs de s’en prévaloir pour mieux assurer la justice.
Fatoumata Maguiraga
VBG : de plus en plus de victimes
En 20 ans, entre 2002 et 2022, le nombre de victimes de violences basées sur le Genre (VBG), très majoritairement des femmes, a explosé, passant de 2 283 à 14 264 cas, selon les chiffres du ministère de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille. Une tendance alarmante qui souligne l’ampleur croissante de ce fléau social au Mali.
Il existe 6 différents types de VBG : le viol, l’agression sexuelle, le mariage d’enfants, le déni de ressources, d’opportunités ou de services et les violences psychologiques ou émotionnelles. Selon le Bulletin statistique annuel 2021 de la Direction nationale de la population (DNP), parmi les types de VBG rapportés en 2021, les données montrent une prédominance des violences sexuelles (38%), dont 23% de viols. Pour le reste, 20% sont des agressions physiques et des violences psychologiques, 15% sont des agressions sexuelles, 12%, des dénis de ressources et 10% des mariages précoces.
Parmi les 14 264 cas de VBG enregistrées au Mali en 2022, 14% étaient des violences sexuelles et 12% des victimes étaient des enfants de 12 à 17 ans. Si les statistiques de l’année 2023 ne sont pas encore publiées, au Programme national pour l’abandon des VBG on craint des chiffres plus élevés que ceux de 2022. Selon une source au sein de la structure, entre janvier et juin 2023 plus de 7000 cas avaient été déjà enregistrés.
Les agressions sexuelles en hausse
Selon le Bulletin annuel de la DNP, les statistiques de 2021 montrent une tendance à la réduction des cas de violences sexuelles de 3% (23% en 2020 contre 20% en 2021). Par contre, les cas d’agressions sexuelles sont passés de 15% en 2020 à 34% en 2021. La même tendance à la hausse se poursuit pour les cas de violences physiques, qui sont passés de 20% en 2020 à 27% en 2021, soit un taux d’augmentation de 7%.
« Pour le mariage d’enfants, le taux est resté inchangé (de 10% à 2020 il est resté le même en 2021). Le déni de ressources, d’opportunités ou de services a connu aussi une évolution de 6%. De 12% en 2020 il est passé à 18% en 2021. Seules les violences psychologiques ou émotionnelles ont connu une baisse significative : elles passent de 20% en 2020 à 11% en 2021 », indique le bulletin.
Si les VBG se multiplient au fil des années au Mali, il n’existe toujours pas de loi spécifique pour lutter contre le fléau. Plusieurs tentatives d’adoption d’une loi spécifique ont échoué par le passé, mais la réforme du Code pénal en cours devrait permettre de prendre les VBG en compte dans le nouveau texte.
Tchikan : Fousseyni Maiga est de retour
Avec plusieurs réalisations primées à l’international à son compte, dont le court métrage de fiction « Wolonwula » qui a remporté à lui seul 18 prix internationaux, le long métrage « Sira », qui a obtenu un prix spécial lors du dernier FESPACO à Ouagadougou et le 3ème prix du meilleur long métrage de fiction au festival Teranga de Dakar, Fousseyni Maiga, journaliste-réalisateur, revient avec un nouveau long métrage intitulé Tchikan, dont la sortie en avant-première est prévu pour le 3 novembre 2023.
Le film Tchikan raconte l’histoire de Madou Karatô, la soixantaine révolue, un macho égocentrique qui veut épouser trois femmes à la fois. Humilié dans sa propre famille et stigmatisé dans le village, il gagne au loto. Rejeté par tous auparavant, Madou Karatô décide de prendre une revanche sur la vie et de satisfaire ses vieux rêves d’enfance et de jeunesse. Premier long métrage du Mali dédié exclusivement à la thématique des violences basées sur le genre (VBG) et des abus sexuels, le film, de par son approche artistique et intemporelle, transcende plusieurs générations, plusieurs cultures, plusieurs idéologies et aborde les VBG sous le prisme des réalités sociales et de la responsabilité humaine. Le film démontre que les VBG et les abus sexuels sont le fruit d’une faillite sociétale et porte le message d’une action collective et responsable, « Agir avant que les victimes ne réagissent », tout en montrant une nouvelle voie portée vers plus d’actions concrètes en matière de lutte contre les abus.
Le budget global du film s’élève à 70 millions, intégrant les frais de développement, de production, de post-production et la promotion, ainsi que le financement de la tournée nationale pour des projections gratuites. 20 millions est le nombre estimé des personnes qui seront touchées par le film, à travers les diffusions en salles, sur les réseaux sociaux, dans les festivals et lors des projections grand public. Il est prévu 48 semaines de durée pour la tournée dans tous les quartiers du District de Bamako et dans toutes les capitales régionales du pays avant la diffusion TV et sur les réseaux sociaux. Au regard du rythme accru de ses productions, Fousseyni Maiga a été incontestablement le réalisateur malien le plus actif au cours des cinq dernières années.
Accès des personnes vulnérables à la justice : CapDH lance un projet
Le Centre d’assistance et de promotion des droits humains (CapDH) avec l’appui financier d’ONU Femmes a procédé jeudi 10 août à Bamako au lancement de la 2ème phase du projet « Legal Assistance for Women (LAW II).
Avec pour objectif général d’améliorer l’accès des communautés en particulier les personnes vulnérables (femmes filles handicapées) à la justice au Mali, cette 2ème phase du projet « Legal Assistance for Women – LAW II » couvrira les cercles de Nara, Diéma, Nioro, Yélimané, Koutiala, Yorosso et s’étendra sur 18 mois. Elle a débuté le 1er juillet 2023 et prendra fin le 30 novembre 2024.
Pour y parvenir, plusieurs activités sont menées à l’instar des ateliers de formation des acteurs de la société civile, du renforcement de capacités des magistrats et des parajuristes, des séances d’information, d’éducation et de communication sur les droits humains, les Violences basées sur le genre (VBG) et l’accès à la justice.
Le projet apportera également des appuis aux parajuristes dans l’identification des victimes, l’aide juridique et le rapportage ainsi qu’une assistance judiciaire aux victimes de VBG tout en réalisant et diffusant des messages radiophoniques sur les droits humains, les VBG et l’accès à la justice.
Parmi les groupes cibles du projet « Legal Assistance for Women – LAW II », dont le budget total est de 132.634.500 FCFA, 180 membres de la société civile et acteurs de la chaîne pénale dont 50% de femmes et 70% de jeunes, 2400 personnes qui seront sensibilisés, 630 autres personnes bénéficieront de l’aide juridique et 60 justiciables, d’assistance judiciaire.
La cérémonie de lancement qui a été marquée par des prestations artistiques et un sketch émouvant de sensibilisation sur les VBG réalisé par le groupe de la comédienne Alima Togola, s’est déroulée dans une atmosphère conviviale, en présence de quelques personnalités.
« Suite à la crise multidimensionnelle qui sévit au Mali depuis une décennie, la situation sécuritaire reste fragile et de nombreuses localités sont devenues un terreau fertile pour les violations et abus des droits de l’homme dont les couches vulnérables et défavorisées sont particulièrement exposées. C’est en ce moment et à ces endroits qu’il faut redoubler d’efforts pour venir en aide aux victimes d’abus et de violations des droits humains », a souligné Negueting Diarra, directeur exécutif de CapDH.
CapDH est une association de droit malien et apolitique créée à Bamako en mars 2008. Avec pour mission de promouvoir au Mali les droits humains, la culture de la paix et de la citoyenneté et aider les victimes à défendre et à jouir de leurs droits, elle intervient dans 3 axes stratégiques que sont la promotion et défense des droits humains, l’éducation à la culture de la paix et de la citoyenneté et l’assistance aux victimes de violation des droits humains et aux personnes vulnérables.
Toulaye : sensibiliser sur les violences faites aux femmes
Toulaye est une jeune femme plutôt épanouie. Mariée, elle a deux enfants et un bon travail. Son couple vit en parfaite harmonie, jusqu’à l’arrivée de sa belle-sœur divorcée. De plainte en provocation, elle se bat avec Toulaye qu’elle accuse de tous les noms. Sans trop chercher à comprendre, Siriki, son mari se transforme et commence à la battre. Un cycle de violence qui est malheureusement le lot de plusieurs femmes, victimes silencieuses, que l’Association des Femmes de l’Image (AFIM) essaye de défendre à travers ce film projeté le 8 mars 2023 au Ciné Magic Babemba.
« J’espère que le message est passé, que les hommes ont compris que les femmes ne sont pas des rivaux. Nous sommes complémentaires, même quand il y a des problèmes, il faut communiquer », s’est exprimée Salimata Tapily, à l’issue de la projection. Même si elle est heureuse de l’accueil du public, la réalisatrice aurait souhaité mieux faire. « On n’a pas eu le temps de le perfectionner, on voulait tellement le finir pour le 8 mars ». Mais l’essentiel pour elle, reste d’avoir fait passer le message. L’objectif du film était de montrer qu’il « y a des milliers de Toulaye, qui n’osent pas dire ce qu’elles vivent. Ce film est une dédicace pour toutes celles qui souffrent ».
Le film fustige les Violences Basées sur le Genre (VBG), dont il se veut une contribution à la lutte qui ne fait que commencer, annonce Diarra Kounandy Sidibé, une des actrices du film.
L’autonomisation et l’entrepreneuriat des femmes sont quand à eux magnifiés et incarnés par la comédienne, Alima Togola, qui joue le rôle de l’actrice principale, Toulaye.
Le message est celui de la violence conjugale, « vécue au quotidien par les femmes ». Malheureusement, souvent « derrière les violences faites aux femmes, il y a des femmes, il faut se poser des questions ». Une réalité qu’ont voulu dénoncer les femmes de l’AFIM à travers le film. « L’homme est violent parce qu’il est victime de la société qui lui demande d’être homme », explique Alima Togola. Une façon de le pousser à agir y compris avec violence, car « celui vit en harmonie avec sa femme » est souvent qualifié « d’esclave de femme », littéralement en bamanan.
Dans ce combat, c’est surtout les hommes qu’il faut sensibiliser, estime pour sa part, Ibrahim Touré, comédien et spectateur averti. « Il faut sensibiliser les hommes, leur faire prendre conscience de ce qu’ils font ».