Processus de Nouakchott : les pays sahélo-sahariens tentent de s’unir contre le terrorisme

Dakar, la capitale sénégalaise a accueilli une réunion décisive du Processus de Nouakchott, organisée par l’Union africaine du 25 au 27 novembre 2024. Les chefs des services de renseignement et de sécurité des pays sahélo-sahariens se sont retrouvés pour coordonner leurs efforts face à une menace grandissante : le terrorisme et l’extrémisme violent.

Ce rendez-vous s’inscrit dans une dynamique régionale lancée en 2013, destinée à renforcer la coopération sécuritaire dans une région en proie à des crises multiples.
La région sahélo-saharienne, vaste étendue englobant une dizaine de pays, est l’une des zones les plus instables du monde. Les conflits armés, les attaques terroristes et les tensions intercommunautaires y sont récurrents. Les groupes djihadistes comme Al-Qaïda au Maghreb islamique et l’État islamique au Grand Sahara exploitent les faiblesses structurelles des États, exacerbant l’insécurité et ralentissant le développement économique. Les pays membres du Processus de Nouakchott, comprenant la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Burkina Faso, le Tchad, la Libye, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Nigeria, la Guinée et l’Algérie, travaillent depuis plus d’une décennie à harmoniser leurs efforts. Ces pays, unis par une géographie partagée et des défis communs, cherchent à endiguer une menace transnationale qui dépasse leurs frontières respectives.
Cette rencontre de trois jours, organisée en collaboration avec le Comité des Services de Renseignements et de Sécurité Africains et le gouvernement sénégalais, a permis de réaffirmer les priorités du Processus de Nouakchott. Il s’agit renforcer le partage de renseignements entre États membres pour mieux anticiper et neutraliser les menaces, adopter des approches intégrées mêlant interventions militaires, développement économique et dialogue communautaire, améliorer la gouvernance et renforcer le lien entre la sécurité d’État et la sécurité humaine. L’Union africaine a rappelé que la lutte contre le terrorisme ne peut réussir qu’à travers une stratégie holistique intégrant des mesures sécuritaires et des politiques sociales. « Les armes seules ne suffisent pas. Nous devons gagner la confiance des populations et offrir des solutions aux jeunes qui, faute d’alternatives, se tournent vers des groupes armés, » a déclaré un haut responsable de l’Union africaine.
Lors de cette réunion, les délégués ont insisté sur la nécessité d’un équilibre entre approches militaires et initiatives sociales. Concrètement, des opérations coordonnées doivent cibler les bases terroristes dans les zones frontalières souvent non surveillées. Parallèlement, des investissements massifs sont nécessaires pour améliorer les infrastructures, créer des emplois et offrir des services de base, notamment dans les zones rurales marginalisées. L’engagement a également été pris de travailler avec les populations locales pour renforcer la résilience communautaire face aux discours extrémistes.
Malgré des avancées significatives, le Processus de Nouakchott est confronté à de nombreux obstacles. Les pays sahéliens dépendent largement des bailleurs internationaux pour soutenir leurs opérations de sécurité. Les divergences politiques entre certains pays membres freinent parfois l’efficacité des actions collectives. Certaines actions militaires ont conduit à des abus qui, loin de résoudre les problèmes, alimentent les tensions et favorisent les recrutements terroristes. Enfin, la désertification et la rareté des ressources exacerbent les tensions communautaires, favorisant les conflits armés.
Dans un communiqué final, les chefs des services de renseignement ont annoncé plusieurs mesures concrètes. Ces mesures incluent la création d’un centre régional d’analyse des données de renseignement basé à Bamako pour renforcer la surveillance et la coordination, une nouvelle feuille de route pour 2025 mettant l’accent sur des initiatives transfrontalières telles que la sécurisation des zones frontalières du Liptako-Gourma, ainsi qu’un calendrier de réunions semestrielles pour évaluer les progrès réalisés.
La réunion de Dakar marque une étape importante dans le processus de coopération régionale au Sahel. Les pays membres du Processus de Nouakchott semblent désormais déterminés à aller au-delà des déclarations de principe pour transformer leur vision en actions tangibles. Pourtant, le succès de ces efforts dépendra de leur capacité à mobiliser des ressources durables, à respecter les droits humains et à restaurer la confiance entre les États et leurs citoyens. Dans une région où la sécurité demeure un défi quotidien, la solidarité régionale et une approche intégrée restent la meilleure voie vers une stabilité durable.
Lancé en 2013, le processus de Nouakchott vise à renforcer la coopération en matière de sécurité et le partage de renseignements. Ses membres incluent la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Burkina Faso, le Tchad, la Libye, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Nigeria, la Guinée et l’Algérie. Ses partenaires principaux sont l’Union africaine, les Nations unies et divers bailleurs internationaux.