Prix du pain : une baisse en vue

Le prix du pain de 300 grammes devrait bientôt revenir à 270 francs CFA, au lieu de 300 FCFA actuellement. Une mesure décidée à l’issue de la signature d’un protocole entre les acteurs de la filière pain et le ministère en charge du Commerce et de l’industrie le 10 janvier 2024. Outre cette baisse, destinée à rendre le pain plus accessible, les acteurs ambitionnent d’offrir un produit répondant aux normes de qualité.

Après plusieurs discussions, les acteurs de la filière pain et les autorités sont parvenus à un accord. La décision, qui doit entrer en vigueur d’ici le 1er février 2024, devra permettre au consommateur d’acheter le pain à un prix plus abordable. En effet, la « petite » baguette de 150 francs CFA sera désormais cédée à 135 francs et le « gros pain » coûtera 300 francs CFA.

Ce compromis autour du prix du pain vise à garantir un approvisionnement serein sur l’ensemble du territoire pour cet aliment très consommé. Les autorités ont aussi en ligne de mire le mois de Ramadan, un mois de grande consommation, prévu cette année en mars.

Garantir la qualité

L’objectif du protocole est aussi de maintenir la longueur du pain à 60 centimètres. « Parce que c’est là où réside le grand problème. Les boutiquiers qui revendent préfèrent le pain à 80 ou 90 centimètres. Ce qui leur permet de gagner plus », se plaint Mamadou Lamine Haïdara, Président de la filière pain.

Ce pain, qui « est vide », n’est pas de qualité et ne répond pas aux normes sanitaires. Car le combat de M. Haïdara est la fin des intermédiaires entre les fabricants et les consommateurs. En effet, le transport et les conditions de conservation du pain par les boutiquiers laissent à désirer. Il s’agira donc progressivement d’éliminer « les mauvaises boulangeries », qui gagnent à fabriquer un pain de moindre qualité acheté massivement par divers revendeurs. Il est donc important de veiller à l’applicabilité de cette mesure, à laquelle les acteurs tiennent depuis près de 3 ans.

Pour ce faire, ils comptent sur la diligence du ministère et de la Direction générale du Commerce et de la concurrence (DGCC). Pour sensibiliser davantage les acteurs, les responsables de la filière pain envisagent de réunir cette semaine leurs membres afin de les préparer au respect de la décision. Dans cette chaîne, les meuniers, qui ont un rôle capital, sont aussi invités à jouer leur partition.

Chiffres

Sac de farine de 50 kg : 23 000 francs CFA

Pain de 300 g : 270 francs CFA

Pain de 125 g : 135 francs CFA

Interdiction d’importation de farine : un soulagement temporaire

L’importation de la farine de blé et des pâtes alimentaires a été suspendue jusqu’à nouvel ordre par arrêté interministériel n°2023-1960 MIC-MEF du 11 août 2023. Une décision provisoire destinée à booster les unités industrielles locales. Si la décision réjouit les acteurs de la filière, ils espèrent que la production nationale sera augmentée pour faire face aux besoins.

Après la crise en Ukraine, ayant entraîné une augmentation spectaculaire du prix du blé, plusieurs pays ont bénéficié d’octroi de blé par la Russie. Dans ce cadre, le Mali a reçu 50 000 tonnes. Une mesure qui a permis aux autorités de demander aux meuniers de céder le sac de farine de 50 kg à 24 000 francs CFA au lieu de 27 000, voire 30 000 par moment, selon Monsieur Mamadou Lamine Haïdara, Président de la filière Pain.

Si la décision est salutaire pour les distributeurs et les consommateurs, pour lesquels elle permet d’assurer le maintien des prix, elle doit être soutenue par une amélioration de la production pour faire face aux besoins. « Tous les Maliens doivent opter pour les produits locaux », estime Boubacar Yalcoué, Directeur général de MG Distribution. « Parce que les produits importés peuvent menacer des emplois ici. Or, nous avons plusieurs unités industrielles qui concernent des milliers d’emplois. Nos unités sont capables de couvrir les besoins », assure-t-il. Seulement, il insiste sur la qualité des produits. Si nos industries produisent des pâtes de qualité, il n’y a pas de raison que celles fabriquées ailleurs puissent leur faire concurrence.

Maîtriser les coûts

Il est possible d’offrir la farine à un coût raisonnable, assure M. Haïdara. « Seulement les meuniers font de la surenchère », ajoute-t-il. Même s’ils ont du blé à un coût raisonnable. L’augmentation du prix de la farine pourrait entraîner celle du pain, c’est pourquoi l’État intervient pour faire baisser les prix. S’il estime aussi que pour les pâtes, il faut améliorer la qualité, car toutes les unités n’en font pas une priorité. « Il faut une solution à long terme parce que cette mesure ne peut être que provisoire ».

« Il faut mettre en place les mécanismes et nous en avons les moyens », insiste-t-il, pour augmenter la production. Actuellement, le Mali ne satisfait qu’à environ 10% ses besoins en blé annuels. Chez les industriels ou dans la chaîne de distribution, la mesure, bien que provisoire, a un impact positif. « La demande n’est pas plus forte que l’offre et les usines tournent à fond », ajoute Boubacar Yalcoué.

Grogne contre le prix d’Internet : une lutte africaine

Tout comme au Mali, les citoyens de plusieurs pays africains militent contre le prix d’Internet dans leurs pays. De la Côte d’Ivoire au Bénin, en passant le Burkina et le Cameroun, la lutte s’intensifie.

Partout le même mot d’ordre : protester pour que baissent les prix des forfaits internet. Au Bénin, des internautes se mobilisent depuis plus d’un mois pour cela. Dans ce pays, le prix d’un giga de forfait Internet est passé de 500 francs CFA en 2018 à 1 000 voire 1 200 francs actuellement, selon les opérateurs. Des mouvements de protestation s’organisent face à « l’inaction » des autorités du pays pour ramener le prix à 500 francs CFA. Ce qu’ont réussi en avril dernier les Ivoiriens. Au début du mois, les fournisseurs Internet de Côte d’Ivoire avaient diminué les volumes des packs : pour le même prix, les consommateurs avaient moins de données Internet. Face à l’ampleur de la contestation sociale et avec l’intervention du gouvernement, les entreprises sont finalement revenueaux prix d’avant. Mais la colère ne retombe toujours pas dans le pays, où des voix s’élèvent encore pour une diminution du prix des tarifs Internet. De la Côte d’Ivoire est parti un mouvement de contestation qui a désormais atteint le Cameroun. Au pays des Lions Indomptables, depuis le 24 avril dernier, les clients des opérateurs de télécoms Orange et MTN organisent des actions de boycott des services de ces entreprises. Outre se mettre en mode avion de 12 à 14h par jour, ils se désabonnent et signalent sur le réseaux sociaux les pages des sociétés de téléphonie.

Le 18 avril 2023, c’est la même stratégie qu’ont adopté les Burkinabè pour « dénoncer le coût d’Internet ». Au pays des Hommes intègres, les citoyens ne conçoivent pas par exemple que le gigaoctet soit vendu 2 000 francs CFA. Un prix « inconcevable » pour les Burkinabè, qui réclament une baisse des tarifs avec un gigaoctet à 300 francs.

Dans les pays africains, où les nombreux jeunes sont de plus en plus connectés à Internet, rendre son accès abordable et accessible est devenu un enjeu majeur pour les gouvernants. Autant pour stimuler l’innovation, le développement des compétences numériques et la croissance économique des États que pour éviter une contestation sociale qui ne cesse de prendre de l’ampleur un peu partout sur le continent.

Gaz butane : nouvelle hausse des prix

Depuis le 1er juin 2022, le gaz est vendu au prix du marché sans la marge prise par l’Etat. Ce qui a plusieurs conséquences dont la hausse vertigineuse des prix de la bonbonne de gaz.

Selon le directeur général de l’Office national des Produits pétroliers (Onap), Modibo Gourou Diall, la fin de la subvention de l’Etat est justifié par les difficultés financières de l’Etat engendrées par la hausse du prix des produits pétroliers sur le marché international elle-même provoquée par la guerre entre la Russie et l’Ukraine, qui a causé des problèmes d’approvisionnement.

Mais pour le gaz, l’Etat avait de sérieux problèmes a tenir le coût de la subvention dont les arriérées dues au groupement professionnel du gaz sont estimées à plus de 8 milliards de F CFA, selon Oudiary Diawara, ex président du groupement professionnel du gaz et directeur général d’une société importatrice de gaz.

Selon un document daté du 20 mars, le prix du gaz de 6kg, parmi le plus consommé, va passer de 6360 à 8090 FCFA. Avec la subvention de l’Etat, ce gaz était vendu à 2990 FCFA. Ce désengagement de l’Etat, qui vise à alléger son portefeuille engendre une charge supplémentaire sur les ménages en cette période d’envolée générale des prix dont la hausse actuelle n’est pas sans effets sur les autres produits de consommation courante. Le gaz était jusque-là subventionné au Mali pour protéger l’environnement et empêcher la coupe abusive du bois et du charbon de bois. Une politique mise en œuvre sous le président ATT. Selon des données des opérateurs gaziers du pays, la consommation de gaz au Mali est de près de 19 000 tonnes par an.

 

Prix des céréales : comment éviter de nouvelles hausses?

Habituellement, en cette période post récolte, les prix des céréales connaissent une baisse, mais cette année, malgré une bonne saison des pluies, ils restent exceptionnellement élevés, à un niveau d’ailleurs inédit, selon les acteurs. Des coûts des facteurs de productions élevés et une tension au niveau de la demande font envisager aux autorités une mesure d’interdiction d’exporter. Si elle peut être efficace en de telles circonstances, son suivi, ainsi que celui de tout le système d’approvisionnement, est un moyen efficace pour maintenir les prix.

De 17 500 francs CFA le sac de 50 kilogrammes, le prix du riz local est monté à 28 000 francs. En une année, le prix du kilogramme au détail a connu une augmentation de 150 à 200 francs CFA, inédite de l’aveu d’un détaillant.

Si cette hausse peut s’expliquer par le coût très élevé auquel les producteurs ont acquis notamment les engrais, elle n’est pas surprenante, souligne le Pr Abdoul Karim Diamouténé, enseignant-chercheur à la Faculté des Sciences économiques et de gestion (FSEG). « Les producteurs ont acheté les engrais entre 35 000 et 40 000 francs CFA le sac alors qu’avant c’était environ 15 000 francs ». En y ajoutant le coût du carburant, « même s’il n’y avait pas d’autres crises », impossible d’imaginer que les prix soient faibles.

Le maintien de la tension au niveau des prix des céréales s’explique aussi par une moindre disponibilité, notamment du maïs, également sollicité pour l’alimentation de la volaille et du bétail, augmentant la demande en riz. Et faisant augmenter le maïs à un niveau record de 350 francs CFA le kilogramme contre 150 à 200 l’année dernière.

Interdiction des exportations

Pour éviter l’envolée des prix, les autorités ont décidé d’interdire d’exporter ces produits. Une mesure « théoriquement efficace », si elle est respectée. Mais au-delà d’en empêcher la sortie, il faut d’abord s’assurer du « niveau de ravitaillement du pays. Les prix dépendent beaucoup plus de la disponibilité, qui dépend du niveau de stocks et des flux », ajoute le Pr Diamouténé. En la matière les déclarations sur les niveaux des stocks ne sont souvent pas réelles.

Notamment en ce qui concerne les importations, car il faut s’assurer que les intentions sont effectivement exécutées. Ces prix, déjà insoutenables pour les consommateurs, pourraient être maintenus si « les produits ne sortent pas », assure un commerçant, mais l’efficacité des mesures édictées dépend de la « capacité des autorités à assurer l’effectivité des interdictions d’exporter, des quantités importées et du suivi des stocks ».

UEMOA : légère baisse de l’inflation en 2023

L’inflation se maintiendra à un niveau encore élevé en 2023, à 7,5%, dans l’UEMOA, selon le rapport mensuel sur la conjoncture, publié le 9 janvier 2023. Après s’être établie à 8,4% en octobre 2022, elle a ensuite enregistré une légère baisse, à 8,0%, consécutive à un léger repli des prix des produits alimentaires enregistré suite à l’arrivée des nouvelles récoltes. Des prix néanmoins élevés malgré une hausse de la production céréalière d’environ 16%. Et en raison essentiellement des coûts encore élevés des denrées alimentaires importées par l’Union. Notamment le riz, dont les prix ont augmenté de 42%, le lait, de 22,2% et le blé de 12,8%.

À ces facteurs se sont ajoutées les difficultés d’approvisionnement des marchés locaux, aggravées par les effets des crises sécuritaires et politiques. Même si la composante Transports a connu une baisse, à 7% en novembre par rapport aux 8% du mois d’octobre, l’augmentation des prix à la pompe de l’essence sur une année, est restée très importante pour tous les pays. Au Mali, elle s’est située à 22,3% pour l’essence et à 36,4% pour le gasoil.

La décélération de l’inflation se poursuivra en 2023, selon les perspectives de l’UEMOA. De 7,9% en décembre 2022, elle pourrait se situer à 7,5% en janvier 2023. Mais la baisse restera liée à la poursuite de la commercialisation des nouvelles récoltes. Une dynamique qui devrait être soutenue par des politiques d’aide des autorités au pouvoir d’achat et le relèvement des taux directeurs. Mais elle pourrait être limitée par la persistance de l’insécurité affectant les circuits de distribution.