CDC Afrique : La variole du singe déclarée urgence sanitaire

Le virus de la variole du singe est déclaré urgence de santé publique par Africa CDC, pour la sécurité du continent, depuis ce 13 août 2024. Les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique) estiment que l’épidémie actuelle de Mpox est une urgence de santé publique continentale (PHECS). Une première pour l’agence, depuis sa création en 2017.

« Aujourd’hui, nous déclarons cette PHECS pour mobiliser nos institutions, notre volonté collective et nos ressources pour agir rapidement et de manière décisive. Cela nous permet de forger de nouveaux partenariats, de renforcer nos systèmes de santé, d’éduquer nos communautés et de mettre en œuvre des interventions vitales là où elles sont le plus nécessaires. Il n’est pas nécessaire d’imposer des restrictions de voyage pour le moment », a déclaré le Directeur général de CDC Afrique.

Au moins 13 pays africains, dont certains épargnés auparavant comme le Burundi, le Rwanda et l’Ouganda ont déclaré des épidémies de variole. En 2024, certains pays ont confirmé 2 863 cas et 517 décès, principalement en RDC. Les cas suspects pour l’ensemble du continent ont dépassé les 17 000, une augmentation significative par rapport aux 7 146 cas de 2022 et aux 14 957 cas de 2023.  Si pour l’heure ce sont les pays d’Afrique centrale qui sont les plus touchés par l’épidémie, l’Afrique de l’ouest est entrée dans la danse le 15 août avec les premiers cas positifs enregistrés en Côte d’Ivoire. Au Mali, aucun cas n’est enregistré à ce jour. Le ministère de la Santé et du Développement social a, dans un communiqué, assuré être en alerte et que des dispositions sont prises pour renforcer la surveillance dans tous les établissements de santé. 90 sites du réseau de télé dermatologie de l’hôpital de dermatologie sont également en alerte.

Au-delà de l’Afrique, les premiers cas ont été découverts en Europe et en Asie.  Le 15 août, la Suède a annoncé avoir découvert le premier cas d’une souche plus virulente du virus sur son sol et ce matin. Le Pakistan aussi a fait état d’un premier cas de mpox sur son territoire.

Urgence d’agir

Le 7 août 2024, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a autorisé l’activation du protocole d’autorisation d’utilisation d’urgence des vaccins pour permettre aux fabricants de soumettre leurs manifestations d’intérêt. Selon le responsable du Groupe consultatif d’urgence du CDC Afrique, la faiblesse de la surveillance et les preuves limitées font que les réalités peuvent s’avérer plus importantes que ce qui est révélé actuellement. D’où l’urgence d’agir avec des moyens plus conséquents. « Nous craignons que nous assistions à davantage de décès en Afrique compte tenu de l’association avec le VIH », souligne-t-il. Pour gérer l’épidémie, Africa CDC a signé un accord de partenariat avec l’Autorité de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (HERA) de la Commission européenne et Bavarian Nordic pour fournir plus de 215 000 doses du vaccin MVA-BN®, le seul vaccin Mpox approuvé par la FDA et l’EMA. L’agence veillera à une distribution équitable en priorisant les pays les plus touchés.

La variole du singe est une maladie virale causée par un virus qui se divise en 2 sous-clades (Groupement de plusieurs embranchements de plantes ou d’animaux ayant une organisation et une origine communes). Les symptômes comprennent une éruption cutanée et de la fièvre. La maladie se transmet d’homme à homme, par des matières contaminées ou par un animal infecté.

Fatoumata Maguiraga

Trachome : le Mali a éliminé la maladie selon l’OMS

L’organisation mondiale de la santé a annoncé l’élimination du trachome en tant que problème de santé publique au Mali et au Bénin. Le trachome devient ainsi la première maladie tropicale négligée à être éliminée au Mali. 

Le trachome est une infection oculaire bactérienne due à la bactérie nommée Chlamydia trachomatis. L’infection se transmet d’une personne à une autre par l’intermédiaire des doigts, des objets ou des mouches contaminés ayant été en contact avec des écoulements provenant des yeux ou du nez d’une personne infectée. Car les facteurs de transmissions du trachome comprennent une mauvaise hygiène, la promiscuité, un accès insuffisant à l’eau et à des installations sanitaires appropriées.  Non traité, le trachome peut provoquer une cécité irréversible.

Selon l’OMS, en Afrique, le nombre de personnes nécessitant un traitement antibiotique contre le trachome a diminué de 84 millions, passant de 189 millions en 2014 à 105 millions en juin 2022, ce qui représente 84% du fardeau mondial du trachome. La maladie se rencontre principalement dans les zones les plus pauvres et les plus rurales d’Afrique, d’Amérique centrale et du Sud, d’Asie, du Pacifique occidental et du Moyen-Orient.

Au niveau mondial, le Bénin et le Mali rejoignent ainsi 15 autres pays qui ont été validés par l’OMS pour avoir éliminé le trachome en tant que problème de santé publique. Il s’agit du Cambodge, de la Chine, de la Gambie, du Ghana, de la République islamique d’Iran, de la République démocratique populaire lao, du Malawi, du Maroc, du Mexique, du Myanmar, du Népal, d’Oman, de l’Arabie saoudite, du Togo et de Vanuatu. Cependant, affirme l’organisation, le trachome reste endémique dans 23 pays en Afrique.

Pour arriver à l’éradication, Bamako a appliqué des interventions chirurgicales pour traiter les complications tardives du trachome, des antibiotiques pour éliminer l’infection, la propreté du visage et l’amélioration de l’environnement, en particulier l’accès à l’eau et à l’assainissement, pour réduire la transmission. « La charge du trachome pesait lourdement quand le programme a démarré et, néanmoins, le Mali a montré ce qu’on pouvait réaliser sous le sceau de la collaboration et du partenariat. Je suis fier de prendre part à cet incroyable accomplissement avec mes concitoyens et souhaite que ce soit une inspiration pour d’autres pays engagés dans une même lutte » indique le Professeur Lamine Traoré, Coordinateur du Programme National de la Santé Oculaire (PNSO) du Mali. Une enquête faite en 1996 constatait la présence du trachome dans la quasi-totalité du pays avec presque 10 millions de personnes courant le risque de devenir aveugle.

L’infection touche essentiellement les enfants. Chez les adultes, les femmes courent jusqu’à deux fois plus de risques que les hommes d’être touchées par les complications cécitantes du trachome selon l’OMS. L’organisation mondiale se fixe désormais 2030 comme la nouvelle échéance pour l’élimination mondiale du trachome en tant que problème de santé publique.