Vive le protectionnisme ?

En cette période de transition, le ministère de l’Industrie et du Commerce s’active sur une voie que l’on pourrait qualifier de protectionniste. Une politique interventionniste qui vise à protéger les productions locales et à en favoriser les acteurs locaux.

L’on retiendra deux mesures à apprécier diversement.

La première remonte à août 2023 et concerne l’interdiction d’importation de farine de blé et de pâtes alimentaires. Une décision dont l’effectivité a pris corps ces derniers mois et qui pourrait réellement booster les producteurs de pâtes locaux ainsi que les quelques minoteries dont est doté le pays. Cela dit, attention, nous continuerons à importer du blé puisque nous ne produisons qu’un peu plus de 10% de ce que nous consommons…

Une autre décision prise le 3 octobre dernier par le même ministère conjointement avec celui de l’Economie et des Finances, suspend l’exportation cette fois des noix de karité, du soja, des arachides et du sésame. L’ambition du gouvernement est de stimuler l’industrie locale et de protéger les productions nationales. Une démarche à saluer mais n’est-on pas en train de mettre la charrue avant les bœufs ? Mettons en place une industrie de transformation performante de ces matières premières avant de vouloir en faire la promotion ! Aujourd’hui nous ne disposons que d’une unité industrielle de transformation des noix de karité. Le reste de notre production qui est la deuxième d’Afrique de l’ouest, est transformée artisanalement ce qui compromet une exportation du beurre. La question se pose de façon plus prégnante encore pour le soja ou le sésame pour lesquels nous ne sommes pas équipés d’unités de transformation industrielle, l’essentiel de la production qui atteint 100 000 tonnes pour le sésame étant exportée.

Reste à connaître la durée de cette suspension qui pourrait faire grimper les prix de ces denrées sans pour autant favoriser le développement d’une industrie locale. Là est pourtant le préalable. Œuvrons !

Aurélie Dupin