Eliminatoires CAN 2023 : le Mali chute face à la Gambie

Les Aigles avaient besoin d’une victoire pour se qualifier. La mission est ratée. Le Mali s’est incliné 1-0 face à la Gambie à Casablanca lors du match comptant pour les éliminatoires de la prochaine CAN. Mieux organisé et face à une équipe du Mali qui manquait de créativité, les Scorpions ont marqué sur coup de pied arrêté à dix minutes de la fin de la rencontre. Le sélectionneur Eric Sekou Chelle qui avait procédé à 9 changements par rapport au match de vendredi à Bamako n’a pas su trouver les solutions pour forcer le bloc gambien. Cette victoire de la Gambie relance le groupe du Mali. Les Aigles restent en tête avec neuf points mais sont désormais talonné par la Gambie et le Congo qui comptent tous les deux six points. Le Soudan du Sud ferme la marche avec trois points. Pour son prochain match, le Mali se déplacera au Congo le 12 juin prochain. Un match décisif pour la suite des éliminatoires. Cette défaite est la première en match officiel du nouveau sélectionneur Eric Sékou Chelle.

 

Mise en œuvre de la Zlecaf : bientôt un forum pour les entreprises

Du 16 au 19 avril 2023 aura lieu à Cape Town, en Afrique du Sud, la première édition du Forum des entreprises de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Un événement commercial qui vise à accélérer la mise en œuvre de la Zlecaf et à booster le commerce et les investissements en Afrique.

Initiative après initiative, l’Afrique entend mettre en œuvre la Zlecaf. Alors qu’elle était au menu des discussions du dernier sommet de l’Union Africaine, en févier, la mise en œuvre de Zone de libre change continentale sera de nouveau débattue lors d’un forum, en avril prochain en Afrique du Sud. Organisée par le gouvernement sud-africain en partenariat avec l’Union Africaine, la rencontre vise à faire de l’opérationnalisation de la Zlecaf « une opportunité pour l’émergence de grands entrepreneurs et jeunes industriels africains qui vont accélérer la transformation des économies africaines pour diversifier les sources de croissance ». À l’instar de nombreux pays africains, le Mali compte y prendre part. « C’est vrai qu’il y a la difficulté de la barrière de la langue. Et aussi dans les transferts bancaires. N’empêche, les entrepreneurs maliens doivent participer à ce forum pour plus s’ouvrir à d’autres domaines et pour promouvoir leur business », estime Aliou Traoré, Directeur général de la Société Mali Sanuw.

Le forum ciblera quatre secteurs d’activités en priorité : l’agriculture et l’agrobusiness, l’automobile et les pièces automobiles, l’industrie pharmaceutique, le transport et la logistique. « Il y a aussi d’autres domaines qui peuvent être développés lors des rencontres B2B. Pendant ce temps, les entrepreneurs maliens peuvent évoquer des domaines qui les intéressent pour qu’on leur facilite le business avec des entrepreneurs africains », explique la Vice-présidente chargée des Relations extérieures du CNPM, Mme Berthé Minian Bengaly. Selon elle, le Mali, pays à forte taux d’importation, a besoin de concrétiser la zone de libre échange afin de faciliter le commerce entre lui et les autres pays africains.

Dans l’optique de faciliter le déplacement des entrepreneurs du pays a eu lieu le 15 mars dernier à l’ambassade de l’Afrique du Sud au Mali une séance d ‘information sur le forum et sur l’obtention du visa sud-africain. « L’ambassade entend tout mettre en œuvre pour permettre au Mali de participer au forum, qui est une opportunité pour ses entreprises locales », assure Avumile Dlakavu, Conseiller politique de l’ambassade.

Paludisme : vers l’éradication au Mali d’ici 2030 ?

Une éclaircie, de l’espoir. Un enregistrement régulier des cas de paludisme dans trois districts du Centre du Mali sujets au paludisme permet désormais aux acteurs locaux de la santé de mesurer les tendances de l’infection. Ils pourront désormais déclencher une intervention d’urgence, lorsque le seuil d’infection sera atteint, afin d’enrayer les épidémies potentielles.

Grâce à une formation organisée par l’OMS en 2021, 62 agents de santé de Diéma, Koutiala et Kéniéba ont appris à calculer le seuil d’épidémie à partir des données relatives aux infections palustres.

« Ainsi les agents ne peuvent plus être surpris par une épidémie de paludisme pouvant créer une urgence sanitaire de grande ampleur, car, à la fin de chaque mois, ils tracent la courbe d’évolution de la maladie », relève le Dr Christian Itama Mayikuli, Représentant de l’OMS au Mali.

Au Mali, 27 districts ont été identifiés comme étant à potentiel d’épidémie de paludisme à cause des difficultés liées aux préventions dues à la pandémie de Covid-19 et à l’insécurité.

Lorsque le seuil épidémique a été atteint au mois d’août 2022, une sensibilisation axée sur l’utilisation correcte des moustiquaires et l’évitement de la stagnation de l’eau a été menée dans certains villages, car les cas de paludisme étaient liés à la fréquence accrue des précipitations cette année-là.

Selon le Dr Christian Itama Mayikuli, l’extension du projet en 2024 permettra de renforcer les acquis et d’évoluer considérablement vers l’objectif de l’élimination du paludisme d’ici 2030 au Sahel.

Appel du 20 février : jusqu’où ?

Ils sont plus d’une dizaine de partis ou regroupements de partis politiques et organisations de la société civile réunis au sein d’une coordination depuis leur Appel du 20 février 2023 pour « sauver le Mali ». Résolument engagée contre l’adoption d’une nouvelle Constitution, dont elle demande l’abandon, la nouvelle plateforme ira-t-elle au bout de son combat ?

Un mois après son appel pour « sauver le Mali », la Coordination des organisations de l’Appel du 20 février ne lâche pas prise. Pour l’atteinte de ses deux principaux objectifs, l’abandon du projet de nouvelle Constitution et le respect du chronogramme de la transition, elle a initié début mars des rencontres avec d’autres partis politiques, des organisations de la société civile ou des personnalités religieuses. Objectif : échanger sur la « crise multidimensionnelle qui secoue le Mali », rapprocher les positions et engager des actions communes.

« Convergence »

Parmi les personnalités et structures visitées, la CNAS Faso-Hèrè , le Parena, le parti Yelema, SADI, la Ligue démocratique pour le changement (LDC) de l’ancien candidat à la présidentielle Moussa Sinko Coulibaly, le Cadre des partis et regroupements politiques pour un retour à l’ordre constitutionnel, le Collectif pour la défense de la République (CDR) de Mohamed Youssouf Bathily alias Ras Bath, Me Kassoum Tapo du Morema, l’ancien Président de l’Assemblée nationale Pr. Ali Nouhoum Diallo et les guides religieux Chouala Bayaya Haidara et Cheick Soufi Bilal Diallo. Avec tous ces interlocuteurs, la Coordination a indiqué avoir des « convergences de vue » et un « engagement commun ».

« Puisque le cercle de ceux qui sont entièrement d’accord avec ces deux objectifs va amplement au-delà des signataires de l’Appel du 20 février 2023 pour sauver le Mali, il était normal pour nous non pas de démarcher, mais de retrouver tous les groupes sociaux, ils sont les plus importants aujourd’hui, pour agir ensemble », explique Dramane Diarra, Président de l’Alliance des générations démocratiques du Mali (AGDM), membre de la Coordination.

« Actions en vue ? »

Dans son Appel du 20 février, la Coordination, essentiellement formée de figures politiques en déphasage avec la conduite de la Transition, à l’instar d’Issa Kaou Djim ou de Housseini Amion Guindo, assure qu’elle œuvrera par « tous les moyens légaux » à l’aboutissement de ses requêtes et au respect du chronogramme de la Transition.

Si la tenue de manifestations publiques n’est pas exclue dans les semaines à venir, c’est surtout sur le terrain juridique que la nouvelle plateforme compte combattre « l’illégalité » contre laquelle elle s’insurge. « Si le gouvernement de transition persiste dans cette aventure de déstabilisation du pays à travers cette révision constitutionnelle illégale, j’attends le décret qui va décider de l’organisation de ce référendum pour l’attaquer devant le juge administratif », prévient le Coordinateur général Cheick Mohamed Chérif Koné.

« J’irai directement sur le plan pénal. Je vais engager la responsabilité pénale des autorités de la Transition. Elles ne sont pas au-dessus de la loi. Si la justice malienne ne s’assume pas, il y a tellement de moyens de droits pour les contraindre et faire en sorte que personne n’échappe à la justice. Il y a également la justice internationale, il s’agit de la mettre en marche », poursuit l’ancien Premier Avocat général à la Cour suprême du Mali, limogé en septembre 2021 après sa dénonciation de la procédure d’arrestation de l’ancien Premier ministre feu Soumeylou Boubeye Maiga.

Pour la Coordination de l’Appel du 20 février pour sauver le Mali, qui veut user de « méthodes et stratégies sans force ni fusil mais avec la force des arguments », le Colonel Assimi Goïta n’est pas un Président élu et la Constitution du Mali ne donne qualité qu’au seul Président et aux députés démocratiquement élus de prendre l’initiative de la révision constitutionnelle.

Mais le gouvernement de transition, tourné vers la vulgarisation du projet de Constitution avant la tenue du référendum, ne s’inscrit visiblement pas dans un abandon de l’adoption de la nouvelle Constitution. À l’instar d’An té Abana lors de la tentative de révision constitutionnelle de 2017, la Coordination des organisations de l’Appel du 20 février va-t-elle réussir à l’y contraindre ?

Education : fin de la grève des écoles privées

Après près de 2 semaine de grève, le groupement des associations des promoteurs d’Écoles privées du Mali ont mis fin à leur grève jeudi 23 mars 2022. Les établissements privés de l’Enseignement Secondaire Général, Technique et Professionnel, ainsi que les Medersas ont donc repris le travail ce vendredi 24 mars 2023.  Mais cette reprise coïncide avec les congés de fin de deuxième trimestre. Cependant, la reprise totale des cours ne sera effective qu’à partir du 03 avril prochain, date indiquée pour la fin des congés. Selon le communiqué du groupement, suite aux négociations le Gouvernement s’engage à payer sans exiger les pièces fiscales, le montant de  8 007 095 000 FCFA. Celui-ci représente les frais scolaires et de demi bourses, qui reste payer aux écoles privées du Mali, au titre de l’année 2021-2022.  De son côté, le groupement des associations des promoteurs des écoles privées du Mali s’engage à payer les impôts conformément à la législation fiscale. Les écoles privées avaient le 13 mars dernier enclenché une grève de cinq jours, par la suite reconduite. Selon le département de l’Education, au titre de l’année scolaire 2021-2022, 3042 établissements privés avaient été recensés.

Sport : primes impayées, l’éternel poison

Une énième affaire de primes impayées. Hier, les réseaux sociaux se sont très vites emballés de l’information sur la grève des Aigles. Ces derniers ont refusé de s’entraîner jusqu’à ce que leur situation soit régularisée. Il s’agit de primes impayées pour les matchs amicaux contre la Zambie et l’Algérie ainsi que le reliquat de la prime de qualification en huitième de finale de la CAN au Cameroun en 2021. Bien avant cette grève, ce mercredi, lors d’une conférence de presse Boubacar Kiki Kouyaté, avait évoqué le sujet soulignant je cite ‘’ nous avons des primes impayées mais l’objectif c’est de gagner les deux matchs face à la Gambie.’’

Afin de remédier à la situation et faire en sorte que le match Mali – Gambie ne soit pas menacé, c’est le directeur financier du président de la Transition Assimi Goïta qui s’est rendu à l’hôtel de l’équipe hier dans la soirée afin de remettre les primes aux joueurs. Les joueurs concernés par les reliquats de primes de qualification pour les huitièmes de finales de la CAN ont reçu 5 millions de FCFA. Les joueurs sélectionnés pour les deux matchs amicaux ont reçu les 500.000 FCFA de primes de sélection. Aussi, les arriérés de primes de prestations du staff technique ont également été payés à hauteur de 41 millions. En plus de ces primes, la moitié du salaire du sélectionneur Eric Sekou Chelle et de son adjoint Alou Badra Diallo soit un arriéré de 5 mois et demi a aussi été versé. Les questions de primes impayées au Mali sont assez récurrentes dans le domaine du sport. En juillet 2022, au compte de la troisième fenêtre des éliminatoires de la coupe du monde zone Afrique et qualificatives pour l’afro basket 2023, sept joueurs ont décidé de boycotter les matchs pour des primes impayés. Un refus qui a eu pour conséquence la disqualification du Mali. Le Mali est également sous le coup d’une sanction de la FIBA pour cet épisode. Pourtant en août 2022, alors qu’il était l’invité de l’émission 90 minutes pour convaincre, une initiative de l’association des journalistes sportifs du Mali, le ministre des sports et de la jeunesse Mossa Ag Attaher souligné qu’au total 1,2 milliards avait été débloqués par l’Etat pour toutes les primes sportives dont 30 millions pour l’athlétisme, 243 millions pour le basketball,10 millions pour le rugby pour ne citer que ceux-là.

Éliminatoires CAN 2023 : les favoris tiennent leur rang

Journées 3 et 4. Les qualifications pour la prochaine CAN en Côte d’Ivoire (Janvier-février 2024) s’accélèrent. Certaines équipes africaines étaient sur le pont dès mercredi.

Le Mali, jouera le premier de ses deux matchs face à la Gambie ce vendredi au Stade du 26 mars de Bamako. Avec deux victoires lors des deux premières journées, face au Congo et au Soudan du Sud, les Aigles occupent la première place de leur groupe, avec 6 points, suivis par la Gambie, et le Congo et le Soudan du Sud avec chacun 3 points. Une victoire lors de la première rencontre placerait le Mali en position idéale, surtout si elle est bonifiée quatre jours plus tard à Casablanca, match délocalisé à cause de la non homologation des stades gambiens. Après deux matchs, les favoris tiennent leur rang dans les différents groupes. Le Nigeria, le Burkina Faso, le Maroc et le Sénégal ont 6 points. L’Algérie, après sa victoire hier 2-1 face au Niger compte 9 points. Carton plein également pour le Cameroun, qui a remporté le seul match a disputé jusque-là. Les Lions Indomptables sont dans un groupe à trois désormais, le Kenya et le Zimbabwe ayant été exclus des éliminatoires par la CAF après que ces deux nations aient été suspendues par la FIFA pour ingérences gouvernementales. Ghana – Angola, était un des duels les plus intéressants à suivre durant cette journée. Les deux équipes avaient le même nombre de points (4) et cette double confrontation peut déterminer le premier de ce groupe E. Le Ghana a remporté la première manche à domicile sur le score de 1-0. La République centrafricaine et Madagascar, les deux autres équipes, ont 1 point chacune. Le groupe D est le plus indécis. L’Éthiopie, le Malawi, la Guinée et l’Égypte ont le même bilan, une victoire et une défaite. Les deux derniers cités auront à cœur d’assurer leur statut de favoris du groupe face à de vaillantes et joueuses équipes éthiopiennes et malawites. Parmi les équipes en danger, la République démocratique du Congo. Les Léopards affichent un zéro pointé mais peuvent encore y croire, à condition de s’imposer ce vendredi sur leurs terres face à la Mauritanie, leader du groupe I. Les Mourabitounes, en constante progression depuis quelques années, devancent le Gabon, qui a également 4 points, et le Soudan, qui en a 3. Le Togo, la sélection d’un Emmanuel Adebayor qui vient d’annoncer sa retraite du football, est également, avec 1 point, dernier de son groupe.

Orange Mali- Moov Africa Malitel : les conséquences d’une condamnation

Le 13 mars 2023, la Cour suprême a condamné les opérateurs de téléphonie mobile Orange Mali et Moov Africa à payer la somme de 176 milliards de francs CFA, au titre de principal et dommages et intérêts. Ils avaient été assignés en justice par le Réseau malien des consommateurs de téléphonie mobile (REMACOTEM). L’association, qui se réjouit de sa victoire, promet qu’aucun emploi n’est menacé suite à cette condamnation et que des projets structurants pourront être réalisés afin de permettre un meilleur épanouissement du secteur, qui doit être plus rentable.

C’est une amende qui pourrait avoir de lourdes conséquences. Dans un arrêt rendu le 13 mars 2023, la Cour suprême a confirmé la condamnation prononcée le 3 novembre 2021 contre Orange Mali et Moov Africa Malitel pour avoir facturé des appels sur répondeur. Une douche froide pour les deux opérateurs, qui espéraient une annulation de la condamnation. Ils doivent s’acquitter d’une amende record de de 176 milliards de francs CFA. Moov Africa doit s’acquitter de 53 milliards de francs CFA et Orange Mali de 123 milliards Le Réseau des consommateurs maliens de téléphonie mobile (REMACOTEM), qui a porté l’affaire devant la justice, se réjouit de ce verdict, qui est l’aboutissement, selon son Président Dr Adama Traoré, d’une lutte de plus d’une décennie. En 2009, il organise un atelier dont l’objectif était d’évoquer les enjeux du secteur en interpellant les autorités sur la question. Devant le peu de réactions, il adresse une demande à l’Autorité malienne de régulation des télécommunications et des Postes (AMRTP) dirigé à l’époque par Choguel Kokalla Maiga, actuel Premier ministre de la transition. L’AMRTP, qui statue en première instance, ne donne pas suite. Il décide donc de porter l’affaire devant les tribunaux. Une plainte est déposée en 2013 au tribunal de la Commune III pour « abus et vol sur les appels vers répondeur ». Pendant plusieurs années, l’affaire stagne et le REMACOTEM n’arrive pas à avoir gain de cause. Notamment parce que l’Autorité de régulation, saisie par la justice, avait conclu à la « légalité de cette facturation », conforme selon elle au « principe de la liberté tarifaire ». Mais l’affaire est ensuite portée devant la Cour d’appel, qui demande l’avis d’un expert indépendant. Ce dernier juge les facturations illégales. Les conseils des deux opérateurs contestent le rapport de l’expert, mais le 3 novembre 2021, la Cour d’Appel condamne tout de même Orange et Moov Africa Malitel.

Une amende record

Cette amende record est l’une des plus importantes infligées à des opérateurs de téléphonie en Afrique depuis ces dernières années. Entre 2014 et 2021, au Niger, au Ghana, au Bénin, au Cameroun ou encore au Sénégal, des opérateurs de téléphonie mobile ont été frappés par des amendes infligées par l’autorité de régulation de leurs pays. Du non-respect de la qualité de service à la violation de la réglementation, ils ont été sanctionnés à payer jusqu’à 20 milliards (pour le Sénégal) pour n’avoir pas honoré leurs devoirs. Ce n’est donc pas une exception, mais l’amende infligée aux opérateurs au Mali n’est à nulle autre pareille. « Ils sont condamnés à payer aux consommateurs ce qui a été grugé », justifie Dr Adama Traoré, Président du REMACOTEM.

Selon une recommandation de l’Union internationale des télécommunications (UIT), « le répondeur jusqu’à l’action utilisateur est gratuit (environ 5 secondes) », explique un acteur. C’est donc la facturation indue de ce service gratuit qui a été sanctionnée. En effet, il est paradoxal qu’un client qui émet un appel et tombe sur la voix de l’opérateur, même s’il n’a pas son correspondant, paye l’annonce de l’opérateur. Or, souvent, par encombrement, on tombe sur le répondeur, donc par la faute même de l’opérateur », ajoute le Dr Traoré.

Recours possible ?

Si la condamnation des deux plus grands opérateurs de téléphonie du Mali a été prononcée par le dernier degré de juridiction, le rabat d’arrêt peut être porté, dans le cas d’espèce, par les sociétés condamnées devant la Chambre civile de la Cour suprême. En dépit de nos nombreuses sollicitations, ni les opérateurs, ni les syndicats qui y sont liés n’ont souhaité s’exprimer. Mais, selon nos informations, leurs conseils ont déjà déposé un recours pour le rabat d’arrêt. Il consiste à demander à la juridiction qui a tranché le litige de revenir sur sa décision à travers des arguments de droit. Encore faut-il être en mesure de prouver des erreurs de procédures, précise Maître Mamadou Camara, juriste. Un recours exceptionnel, potentiellement possible à mettre en œuvre, mais qui ne suspend pas l’exécution de la décision prise, explique-t-il. Si la Cour accueille favorablement la demande, elle peut remettre la décision en cause.

Graves conséquences

Si les opérateurs épuisaient tous leurs recours sans succès, quelles conséquences pourrait avoir cette condamnation? Les commentaires s’enchaînent sur les réseaux sociaux, souvent mêlés à de la désinformation. L’opérateur culturel Abou Guitteye d’Africa Scène, qui a initié Bama-art, y était tombé avec un post alarmiste sur Orange qui a mis fin à son soutien aux activités culturelles. Selon un observateur qui a requis l’anonymat, cela pourrait être l’une des nombreuses conséquences. « Ces opérateurs soutiennent la culture, le sport, et font aussi beaucoup d’activités pour les populations. Tout ceci pourrait être menacé ». Sur le plan économique, c’est encore difficile à évoluer, les sociétés n’ayant pas communiqué récemment sur leurs résultats. Le groupe sénégalais Sonatel, dont Orange Mali est une filiale en partenariat avec Orange (France), se réjouit de sa santé financière. Le 24 février 2023, Sonatel a publié son chiffre d’affaires pour l’année 2022, soit qui est de 1 455 milliards de francs CFA sur cinq pays (Mali, Sénégal, Guinée, Guinée Bissau, Sierra Leone). Le chiffre d’affaires par pays n’a pas été précisé. En 2019, sur un chiffre d’affaires de 1 086 milliards de francs CFA réalisé par Sonatel, la filiale malienne a contribué à hauteur de 321 milliards. Orange Mali revendique aujourd’hui plus de 12 millions d’abonnés. Avec Moov Africa Malitel, filiale à 51% du groupe Maroc Télécom, les deux opérateurs paieraient environ 200 milliards de francs CFA par an aux impôts.

Mieux surveiller

« Il y a beaucoup à faire concernant les multinationales, qu’il s’agisse du domaine minier ou de celui des opérateurs de téléphonie », afin que les États qui les accueillent aient une vue complète sur leurs activités, explique Maître Camara. La préoccupation est pour les investissements futurs. Ceux-ci pourraient craindre une insécurité juridique ou judiciaire, même si les condamnations peuvent paraître équitables au regard de ce qui est souvent dissimulé, comme le reproche le Réseau des consommateurs. Il est donc judicieux de mieux contrôler pour sauvegarder les intérêts du public.

Mais, dans le cas présent, « il faut souhaiter que cela se termine pour le bien de tous », estime maître Camara. Sans commenter la décision de justice, on ne peut nier son impact social et économique. « La négociation étant toujours possible, il faut espérer que les parties n’iront pas à l’exécution forcée et que la raison prévaudra », espère-t-il.

Mais le débat n’est pas qu’une question d’argent, c’est un problème de fait, relève le Dr Traoré. Par jour, un client peut payer jusqu’à 1 000 francs CFA pour le répondeur. Les opérateurs revendiquant chacun plusieurs millions d’abonnés, cela représente une somme colossale. Le combat est donc « d’arrêter cette hémorragie ». « Nous nous sommes engagés dans des projets structurants. Nous avons mis en place SOS création d’emplois. L’argent reviendra aux Maliens ».

Estimant que les sommes perdues vis-à-vis des opérateurs sont colossales, le REMACOTEM a confié au Centre scientifique des chercheurs du Mali la responsabilité de rédiger un document afin d’avoir un regard plus vigilant sur l’argent généré par les opérateurs de téléphonie. Des opérateurs « liquides » qui doivent rétribuer davantage.

Au final, le combat du Réseau est pour les travailleurs des sociétés concernées. « Les travailleurs sont lésés ici au Mali par rapport aux travailleurs » de la compagnie mère. Le combat est pour le syndicat et personne n’ira au chômage », assure le Président du Réseau.

Can U23 : le Mali très mal embarqué

L’équipe U23 du Sénégal a pris une option hier mercredi 22 mars pour la qualification à la prochaine coupe d’Afrique des nations de la catégorie. Les Lionceaux ont battu le Mali 3-1. Le sélectionneur des Aiglons Alou Badra Diallo qui mesure l’ampleur du défi assure tout de même que l’équipe va tout faire pour se qualifier lors du match retour programmé pour ce mardi 28 mars à Bamako.  « Là, on a une semaine pour se préparer. Avant on n’avait pas le temps de se préparer, on a fait qu’une séance et certains joueurs ne se connaissaient pas. Nous allons travailler sur ça et préparer le match retour face à une grosse équipe sénégalaise. Les rencontres entre le Mali et le Sénégal sont toujours compliquées. Ça reste un derby d’Afrique de l’ouest avec de bons joueurs et de bonnes équipes ». A noter, que les équipes U-23 qui sont également des sélections olympiques auront aussi l’occasion de composter leur ticket pour les Jeux olympiques de Paris 2024.

 

 

Abdoulaye Guindo : « si on veut faire les élections avec le nouveau découpage, il va falloir attendre encore 5 ans »

La Mission d’observation des élections au Mali (MODELE Mali) a présenté le 18 mars son rapport sur les réformes politiques et institutionnelles en cours suite au report du référendum. Abdoulaye Guindo, Président de Doniblog et membre de la Mission, répond à nos questions.

Que peut-on retenir de ce rapport ?

Le rapport fait l’analyse de l’avant-projet de constitution sur les aspects électoraux. À ce niveau, nous avons noté des avancées, dont la publication des résultats bureau de vote par bureau de vote. Entre les deux tours, les candidats auront désormais trois semaines pour faire campagne, contrairement à l’ancienne Constitution, où les résultats définitifs tombaient souvent à deux jours de la clôture de la campagne du 2ème tour. Nous avons également noté que le Mali clarifie le rôle de l’armée, qui n’est pas de gérer le pouvoir politique mais de sécuriser les populations et de se mettre au service des politiques. Nous pensons qu’avec cette disposition on pourra peut-être éviter les coups d’État.

Vous vous interrogez sur la disponibilité en ressources humaines, matérielles et financières pour l’opérationnalisation de toutes les nouvelles entités administratives avant les prochaines élections…

Avec 19 régions et plus de 150 cercles, même si les ressources humaines sont disponibles, le temps de les nommer et qu’elles se mettent en place peut prendre plus de 5 ans. Nous disons donc que le nouveau découpage peut attendre. Nous pouvons continuer à mettre en place les préfets, sous-préfets et gouverneurs et laisser le soin à un nouveau Président élu, pendant son premier mandat, de rendre opérationnels les nouvelles régions et les nouveaux cercles.

Cela revient-il à aller aux élections avec l’ancien découpage ?

Oui, c’est ce que nous avons proposé dans nos recommandations : faire les élections sur la base de l’ancien découpage administratif, les 49 cercles. Le Président Amadou Toumani Touré avait créé 11 nouveaux cercles, mais sous IBK les élections n’ont pas pu s’y tenir. Nous pensons que si on veut faire les élections avec le nouveau découpage il va falloir attendre encore 5 ans. Alors que le gouvernement a pris des engagements et réitéré sa volonté de respecter le chronogramme de 24 mois.

La Mission dénonce également le vote par anticipation des forces armées et de sécurité. Pourquoi ?

Nous estimons que cette disposition pourrait être un élément majeur de fraudes. Nous pensons que même si on déploie des observateurs, voire les délégués des candidats, dans un camp, ils n’auront pas le courage de dénoncer les éventuelles irrégularités. Pour nous, il faut faire voter les militaires le même jour que le reste de la population. Par ailleurs, il n’y a pas de fichier électoral distinct entre militaires et civils.

ASMA-CFP : la vie sans Soumeylou Boubeye Maïga

L’An I du décès de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga rappelle l’immensité de l’homme et les défis que son parti doit relever pour continuer d’exister après lui.

Cela fait un an que le « Tigre de Badala » ne rugit plus. En prison depuis août 2021, accusé entre autres de « faux et usage de faux et d’atteinte aux biens publics dans l’affaire de l’acquisition de l’avion présidentiel et des achats d’équipements militaires », l’état de santé de Soumeylou Boubeye Maiga s’était sévèrement dégradé durant sa détention. Il est décédé le 21 mars 2022 à Bamako dans la clinique où il était hospitalisé depuis décembre 2021, sans jamais avoir été jugé. Le chroniqueur Mohamed Youssouf Bathily alias Ras Bath, invité à prendre la parole lors de la 3ème Conférence nationale du parti, le 11 mars dernier, a affirmé que Soumeylou Boubeye Maïga avait été « assassiné ». Convoqué le 13 mars par la police, il a par la suite été placé sous mandat de dépôt par le Parquet de la Commune IV pour « simulation d’infraction ».

Les militants de l’ASMA-CFP, qui évitent de s’exprimer sur cette dernière affaire, indiquent « rester unis, debout et plus que jamais déterminés » à œuvrer pour que le parti continue de « peser » sur l’échiquier politique malien. Une volonté qui, selon des analystes, ne sera pas simple à matérialiser.

« Il y a la culture de la personnification des partis politiques au Mali. Et l’ASMA ne fait pas exception à cela. La disparition de l’ancien Premier Ministre fait que le parti se retrouve dans une situation un peu délicate, dans la mesure où toute la question qui se pose c’est la pérennité du parti. Il n’est pas évident qu’il puisse trouver en son sein quelqu’un de charismatique et qui dispose des moyens financiers et intellectuels nécessaires pour faire face au vide qu’il a laissé », craint l’analyste politique Ballan Diakité. Outre l’absence de figure charismatique, le spécialiste met aussi l’accent sur la non représentativité du parti sur tout le territoire du Mali.

Une dissension interne risque également d’obscurcir l’horizon de l’ASMA. Le 2 mars dernier, le 3ème Vice-président, Aboubacar Ba, et le Secrétaire général adjoint, Boubacar Traoré, ont été suspendus « pour leurs initiatives et attitudes qui sont de nature à compromettre le parti et à porter atteinte à son image », a justifié l’ASMA dans un communiqué.

Pour le Secrétaire général du parti, Issa Diarra, « au-delà de tout ce qui s’est passé », le parti a su prendre un nouveau départ, avec de nouvelles ambitions. « Contrairement à ce que beaucoup de gens auraient pensé, la disparition de notre Président a requinqué beaucoup de militants et nous a donné beaucoup plus de courage pour ne pas baisser les bras. Nous sommes dans cette optique », assure-t-il.

Unité

Même après le décès de son Président, le parti essaye de jouer des coudes pour rester présent sur la scène politique. Avec le Cadre des partis et regroupements politiques pour le retour à l’ordre constitutionnel, dont il est l’un des principaux initiateurs, l’ASMA-CFP a participé aux différents ateliers et forums sur les réformes politiques et constitutionnelles organisés par les autorités de la Transition. Mais le manque de vigueur dans ses prises de positions ne réjouit pas tout le monde au sein de cette entité.

« Dès les premières heures de la Transition le parti s’est engagé dans une dynamique de soutien en vue de relever les défis sécuritaires et d’aboutir à un retour à l’ordre constitutionnel normal, à travers l’organisation d’élections justes, transparentes, crédibles dans un esprit de consensus et d’inclusivité », rappelle Amadou Baba Cissé.

L’ASMA se projette déjà pour les prochaines élections, si les dates sont tenues. Lors de sa première participation aux élections communales, en 2016, sur 185 partis qui s’étaient présentés, il était sorti 7ème, avec 300 conseillers et 14 maires. « Nous avons eu également 4 députés élus lors des législatives qui ont suivi. Mais nous ne nous satisfaisons pas trop de cela. Nous comptons travailler pour tirer ce parti encore plus vers le haut », indique le Secrétaire général Issa Diarra. Mais autre temps, autre contexte, puisque Soumeylou Boubeye Maiga vivait encore à ces dates et que son influence, renforcée après son passage à la Primature, lui avait permis de propulser haut le parti.

Olivier Dubois : le journaliste libéré après près de deux années de captivité

Le journaliste français Olivier Dubois, ancien collaborateur du Journal du Mali a été libéré ce 20 mars après 711 jours de captivité. Il avait été enlevé le 8 avril 2021 à Gao par le groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans d’Iyad Ag Ghlay. Nous n’avons encore que peu d’informations sur sa libération, mais Olivier Dubois a été libéré en même temps qu’un Américain Jeffery Woodke qui avait été enlevé au Niger en 2016. Sur des photos qui circulent sur les réseaux sociaux, on aperçoit les deux ex-otages à l’aéroport de Niamey. Pour sa première prise de parole, Olivier Dubois a remercié le Niger, la France ainsi qu’RFI qui lui a permis de garder contact avec les siens durant sa captivité. Le Niger aurait joué un grand rôle dans les libérations. Le Français et l’Américain ont été remis aux autorités nigériennes qui les a ensuite remis aux autorités francaises et américaines. L’ambassadeur de France au Niger, Sylvain Itté a remercié les autorités nigériennes pour avoir « activement contribué à ce dénouement heureux ». Olivier Dubois devrait arriver en France demain mardi.

3 questions : Pr Abdoul Sogodogo, Vice-Doyen de la Faculté des sciences administratives et politiques de Bamako (FSAP)

Avec le report du référendum, doit-on craindre un glissement dans le reste du chronogramme ?

Le gouvernement a donné un chronogramme pour l’ensemble des scrutins. Mais peu à peu, il apparaît que ledit chronogramme rencontre d’énormes difficultés liées au retard dans l’opérationnalisation de l’Autorité indépendante pour la gestion des élections (AIGE) et la finalisation du projet de constitution. Ce retard s’explique, en partie, par un souci de trouver un large consensus autour du processus politique. En essayant de se donner un peu de temps pour les derniers réglages, cela n’aura pas substantiellement un impact sur le reste du calendrier. D’autant que c’est le même organisme, une fois opérationnalisé, qui s’occupera du reste des scrutins.

Le porte-parole du gouvernement a assuré que le président de la transition tenait au respect de l’échéance 2024. Selon vous, ce délai est-il toujours tenable ?

Le calendrier paraît difficilement tenable pour deux raisons majeures. D’abord, la lenteur dans l’opérationnalisation de l’AIGE dont les démembrements n’ont toujours pas été installés alors que nous sommes déjà à mi-mars.

La nouvelle loi sur l’organisation territoriale n’est pas encore promulguée, or l’AIGE doit être déployée sur la base de cette nouvelle configuration territoriale, qui crée de nouvelles circonscriptions administratives. Vu l’ampleur et l’enjeu des travaux, ce travail préalable à l’organisation de toute élection au Mali prendra encore plus de temps. Et cela aurait un impact significatif sur le chronogramme. Le second défi majeur est lié au problème de financement. Est-ce que le Mali a le budget nécessaire pour financer toutes ces élections ? Surtout que le pays est sur une nouvelle dynamique caractérisée par un changement d’alliance géopolitique. Or, ce sont les partenaires « traditionnels » qui financent ou appuient considérablement nos pays dans l’organisation des élections.

Faudrait-il un réaménagement du chronogramme pour rester dans le délai imparti ?

Le remaniement du chronogramme risque d’être mal perçu par les différents acteurs nationaux et internationaux. En plus, ce n’est pas évident qu’ils y adhérent. Mais la réalité aussi laisse entrevoir qu’il va être difficile de pouvoir respecter le délai initial pour les raisons précédemment évoquées.

De ce point de vue, les autorités sont prises entre le marteau et l’enclume : si elles revoient le calendrier, cela pourrait davantage accentuer les clivages. Pour le moment, nous ne pouvons pas leur prêter une mauvaise intention. Le mieux est d’attendre et d’observer avant de tirer toute conclusion.

Aigles : Eric Sékou Chelle dévoile sa liste pour les matchs face à la Gambie

On prend les mêmes et on recommence ou presque. Hormis quelques joueurs absents sur blessure tels le gardien Bosso Mounkoro ou encore Yves Bissouma, le sélectionneur national Eric Sékou Chelle s’est appuyé sur une ossature qu’il connait déjà pour la liste des 26 joueurs qui prendront part à la double confrontation face à la Gambie. Une liste composée de trois gardiens de buts, 8 défenseurs, 8 milieux de terrain et 7 attaquants. Le capitaine Hamari Traoré, tout juste remis de blessure va tenir sa place au sein de l’équipe. Une arrière garde qui sera composée par des habitués dont Boubacar Kiki Kouyaté, Falaye Sacko ou Massadio Haidara. Toutefois, un nouveau venu viendra côtoyer les expérimentés susmentionnés. Issiar Dramé, défenseur évoluant à Bastia en France va honorer sa première sélection.  Ismael Coulibaly qui joue à Shieffield United en Angleterre va également faire ses premiers pas dans le nid des Aigles. Au sein d’un milieu de terrain très dense, le néo international devra prendre son mal en patience avec les présences de Mohamed Camara, Diadié Samassekou, Amadou Haidara et Cheick Doucouré notamment. La surprise en attaque est la présence de Fousseini Diabaté. Le feu follet passé par Leicester a longtemps été courtisé par le Mali. Sékou Koita, Nene Dorgeles, Adama Traoré « Malouda », Moussa Djenepo, Moussa Doumbia et un nouveau Boubacar Traoré, qui évolue en Tunisie complètent le secteur offensif. Le regroupement débutera le lundi 20 mars. Le match aller est programmé pour le vendredi 24 mars à Bamako et le retour quatre jours plus tard à Casablanca au Maroc. La Gambie n’ayant pas de stade homologué.

 

Emanuela Del Re : « l’Union européenne veut rester un partenaire important pour le Mali »

La Représentante  spéciale de l’Union Européenne au Sahel était en visite au Mali du 12 au 15 mars 2023. À la fin de son séjour, durant lequel elle a rencontré plusieurs acteurs (Gouvernement, politiques, groupes armés signataires de l’Accord pour la paix, médiation internationale…), elle s’est confiée  à Journal du Mali dans cet entretien exclusif.

Vous venez de terminer votre visite au Mali. Quel en était l’objectif ?

Ce n’est pas ma première visite au Mali. J’ai été ici plusieurs fois avant et j’ai rencontré plusieurs fois, pas seulement les autorités, mais aussi la société civile, les représentants des partis politiques et des mouvements du Nord. Cette fois, c’est particulièrement important parce que, comme vous le savez, l’Union Européenne, qui reste toujours à côté de la population malienne, veut reconfirmer son intention de rester un partenaire important pour le Mali. Je suis heureuse de dire que cela a été reconfirmé aussi par le ministre, que j’ai rencontré, ainsi que notre collaboration essentielle, surtout sur les questions pas seulement nationales mais aussi régionales.

Vous vous êtes imprégnée de la situation au Mali avec les différents acteurs sur le terrain. Quelles sont vos impressions finales sur cette situation globale?

Je peux dire que je connais déjà très bien la situation au Mali. Et je peux dire qu’à chaque fois j’ai l’opportunité, et c’est pour cela d’ailleurs que j’aime beaucoup être ici, directement dans le pays, d’apprendre un peu mieux ce qui se passe, parce que la situation ne change pas. Sur le plan sécurité, bien sûr, la situation est très grave, on le sait. On sait que les terroristes s’organisent au Nord et qu’il y a d’énormes problèmes de criminalité. C’est vraiment une situation qui a un très grave impact sur la population. C’est pour cela que l’Union Européenne est à côté de la population avec des projets qui peuvent garantir pas seulement la survie mais aussi le développement. Nous avons  à peu près 900 millions d’euros de projets pour le pays .Cela veut dire que nous sommes vraiment présents et notre activité a un impact énorme sur la situation économique, sociale, sécuritaire et surtout humanitaire. Je dois dire que nous sommes conscients de tous les problèmes et que nous comprenons très bien ce que traverse la population. Nous avons la volonté de rester partenaires du Mali. Je suis fière de dire que notre action a un résultat important.

L’UE dénonce la présence du groupe Wagner depuis près de deux ans au Mali, alors que le gouvernement la conteste. Est-ce que cela impacte sa coopération avec pays sur le plan sécuritaire et, dans d’autres domaines, où s’étend cette coopération ?

Nous avons dit à plusieurs reprises que pour nous, le choix d’appeler Wagner n’était pas un choix acceptable. En même temps, nous avons la volonté de rester à côté des populations maliennes. Cela veut dire que, pour nous, c’est important de continuer notre action, de surtout accompagner le Mali dans un processus d’appropriation. Notre rêve est de voir les FAMa, que nous avons aidées pendant beaucoup d’années, car nous avons entrainé plus de 18 000 soldats des FAMa à travers l’EUTM, combattre les terroristes et obtenir des résultats forts sur le plan sécuritaire.

L’EUTM va-t-elle poursuivre sa mission dans le pays ?

Pour le moment, comme vous le savez, cette mission a été réduite et il y aura d’autres changements. Pour toute autre décision concernant cette mission sur le territoire malien, nous attendons la fin de la Transition et les élections pour voir ce qui se passera avec le gouvernement élu, avec l’opportunité de discuter et de réviser notre présence ici et de voir s’il est possible de continuer certaines activités ou non.

Le référendum prévu pour le 19 mars a été reporté le 10 mars dernier. Avez-vous des craintes quant à un retour à l’ordre constitutionnel comme prévu en février 2024?

Nous espérons que le chronogramme va être respecté. Nous avons aussi  la volonté d’y contribuer, avec un appui financier au processus électoral, pour garantir que les institutions nécessaires soient mises en place et qu’il y a la possibilité de faire des élections libres dans une atmosphère constructive. Bien sûr, les décisions de report sont toujours un petit problème. S’il y a encore une prolongation de l’attente de la part des populations, c’est toujours quelque chose qui peut créer d’autres problèmes. Les autorités maintiennent leur attachement à rester dans le délai imparti, mais nous ne savons pas encore si cela sera vraiment traduit en réalité. Mais, pour nous, c’est important de montrer qu’il y a une volonté de retourner à l’ordre constitutionnel.

La mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation bloque depuis quelques mois. Vous venez de rencontrer les différents acteurs (groupes armés signataires et partie gouvernementale). Comment la médiation internationale compte-t-elle relancer le processus ?

Le 13 mars, pour vous dire que les choses avancent, nous avons eu une réunion de la médiation internationale au siège de la MINUSMA, à laquelle ont participé tous les acteurs, l’Union européenne, la CEDEAO, l’Union Africaine, l’Algérie, etc.  Cette réunion était très importante parce que nous avons eu l’opportunité de nous exprimer librement. J’ai parlé de la nécessité d’avoir plus de femmes dans le processus et de celle de faire marcher les commissions. Il y a la volonté de voir le processus avancer. Il y a eu la proposition de faire une autre réunion ministérielle. J’ai discuté avec les représentants des groupes armés signataires et ils m’ont dit qu’ils ont la volonté d’avancer. La volonté est là et la médiation internationale a l’intention de faire ce qu’elle doit faire : faciliter le processus, parce que nous ne pouvons pas imposer.

Doit-on s’attendre à la tenue prochaine d’une réunion du CSA ?

Nous avons évoqué cela. Je pense qu’ils vont décider de cela bientôt et j’espère qu’il y aura une grande participation. Comme je le dis, les propositions sont là, ainsi que l’énergie et la volonté. Les différents acteurs doivent trouver des compromis et des formules pour avancer dans le processus. Je crois que tous les ingrédients sont réunis et nous, en tant que médiation internationale, nous espérons pouvoir faciliter les choses.

Mopti : le Premier ministre Choguel Maiga en visite de trois jours

Le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maiga est arrivé cet après-midi à Mopti pour une visite de 72h. Le chef du gouvernement arrive dans une région qui souffre d’un manque d’eau et d’électricité depuis plusieurs jours. Selon des locaux, ce problème a paralysé les activités économiques et scolaires de la ville.  Ces problèmes viennent s’ajouter aux problèmes sécuritaires de la région. Deux jours avant la visite, le 14 mars, le Premier ministre a reçu une délégation des forces vives de la région de Mopti. La délégation lui a fait un rapport de la situation difficile dans la région.

Kidira Oil Terminal : un projet important pour les acteurs maliens et sénégalais

Avec un chiffre d’affaires annuel de 253 milliards de FCFA, les échanges entre le Mali et le Sénégal sont d’une importance stratégique pour les deux pays. 66% de la consommation de produits pétroliers maliens et 80% des exportations du Mali passent par Dakar. Des chiffres qui témoignent de l’importance de ces liens et justifient la rencontre initiée par les acteurs sénégalais du pétrole et leurs homologues du Mali. Ils sont venus présenter le projet Kidira Oil Terminal (KOT), qui s’inscrit dans le cadre de la diversification des sites de stockage pétroliers et se veut un projet impliquant des avantages mutuels pour les deux pays.

Kidira Terminal Oil (K O T), est « un projet important dans le cadre des relations naturelles et fraternelles que le Sénégal doit entretenir avec le Mali », s’est exprimé M. Ameyrou Gningue, Président du conseil d’administration de La société de pétrole du Sénégal (PETROSEN).

Suite aux découvertes importantes de pétrole et de gaz, dont la première tonne de gaz devrait sortir en octobre 2023 et le premier baril avant la fin de 2023. Il est donc important que dans ce cadre, les infrastructures qui accompagnent cette période soient mises en place.

La société de pétrole du Sénégal (PETROSEN) qui est l’instrument de la politique pétrolière du Sénégal a ainsi effectué sa mutation.  Elle compte à présent deux entités dont l’une s’occupe du training et services et l’autre de l’exploration et de la production.

« Nous avons trouvé un projet global de diversification des sites de stockage de pétrole. Au-delà des sites de Dakar, de Ziguinchor, Bargny,…, il est apparu nécessaire de réaliser un site à Kidira, à la frontière avec le Mali », précise le PCA.

Réalisé avec des partenaires spécialisés en logistique, ce projet ne peut être réalisé sans la participation du Mali, pour discuter ensemble du projet, insiste le responsable de PETROSEN. Les deux pays doivent donc cheminer ensemble pour sa réalisation.

Il y a des stocks, appelés stocks de sécurité, indispensables pour corriger les dysfonctionnements dans l’approvisionnement. Le site peut impacter ce stock de sécurité au Sénégal et au Mali, ne serait-ce que de ce point de vue, le projet devient stratégique pour les deux pays.

Le KOT, intermédiaire entre Bamako et Dakar, doit être un projet commun entre les opérateurs maliens et sénégalais et les autorités des deux pays, afin d’être bénéfique pour les deux. C’est en tout cas, l’esprit du projet qui se veut gagnant-gagnant pour les deux parties.

Avec le projet, il y a déjà une économie de plusieurs kilomètres sur la distance Bamako/ Dakar.

Un tour de table sera fait avec les personnes intéressées et certaines le sont déjà, assure le Directeur Général de PETROLOG, la société qui porte le projet avec ses partenaires. Des rencontres B to B seront organisées et les opérateurs maliens seront invités à Dakar. Des rencontres sont envisagées à la fin du mois de Ramadan.

Justice : Mahamadou Camara remis en liberté sous caution

L’ancien ministre de l’Économie Numérique, de l’Information et de la Communication, M. Mahamadou Camara, inculpé depuis le 23 septembre 2021 dans l’affaire dite des contrats d’équipements militaires est remis en liberté sous caution, informe le Procureur général de la Cour Suprême du Mali dans un communiqué en date de ce jeudi  16 mars 2023.

 « Monsieur Mahamadou Camara bénéficie de la mise en liberté, pour avoir acquitté l’intégralité des 500 millions de Franc CFA en terme de sûreté constitué sur chacun des 10 Titres fonciers entre les mains de Monsieur le Directeur National du Cadastre », indique le communiqué. Ancien Directeur de cabinet du président IBK, Mahamadou Camara avait été placé sous mandat de dépôt depuis près d’un an et demi  pour  « favoritisme, faux en écriture, usage de faux et complicité d’atteinte aux biens publics par usage de faux ». Alors qu’elle bénéficie également d’une ordonnance de mise en liberté sous caution, l’ancienne ministre de l’Economie et des Finances, Mme Bouaré Fily Sissoko incarcérée également  «  reste dans la position de détenue provisoire pour n’avoir pas, à ce jour encore acquitté la caution de 500 millions de Franc CFA à laquelle est subordonnée sa mise en liberté », précise le Procureur général.

« Il reste entendu que l’information judiciaire ouverte contre les personnes ci-dessus dénommées suit son cours dans le strict respect des principes directeurs du procès pénal, notamment ceux de la présomption d’innocence ainsi que du respect des droits de la défense », poursuit le communiqué.

Par ailleurs, les mandats  d’arrêt internationaux lancés contre l’ancien Premier ministre Boubou Cissé, les anciens ministres Tiéman Hubert Coulibaly et Mamadou Igor Diarra, l’ancien Secrétaire général de la présidence, Moustapha Ben Barka, l’ancien Directeur Général de la BMS, Babaly Bah ainsi que Mohamed Kagnassi, Amadou Kouma, Nouhoum Kouma,  Soumaila Diaby et Mamadou Lamine Diakité, « attendent toujours de recevoir exécution de la part des destinataires des différents pays où lesdites personnes sont susceptibles de résider ou se rendre ».

Nouvelle constitution : le Colonel Assimi Goïta valide le projet finalisé

Le président de la transition, le Colonel  Assimi Goïta a validé le projet de constitution qui lui a été remis par la commission  chargée de la finalisation le 27 février dernier, a indiqué le gouvernement mercredi 15 mars 2023, dans un communiqué signé du porte-parole, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Colonel Abdoulaye Maïga.

Selon le communiqué, ce projet de constitution sera présenté aux forces vives de la Nation le 20 mars 2023 par le président de la Transition qui, a par ailleurs instruit aux membres du gouvernement de se l’approprier et de « prendre toutes les dispositions idoines en vue de procéder à sa vulgarisation auprès de nos braves  populations ».

La vulgarisation du projet de constitution figurait parmi les raisons évoquées par le gouvernement de la transition pour justifier le report à une date ultérieure du Référendum qui était prévu le 19 mars 2023.

La  validation du projet de constitution par le président de la transition intervient alors que certains partis politiques et mouvements de la société civile réunis au sein de l’« Appel du 20 février pour sauver le Mali » demandent son abandon pour « défaut de qualité de son auteur d’une part et, d’autre part, le respect du chronogramme des élections, souverainement établi par les autorités de la Transition, en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel ».

Le Cadre d’échange des partis et regroupements politiques pour un retour à l’ordre constitutionnel, après avoir participé aux travaux de finalisation dudit projet propose également  de « surseoir  à la tenue du référendum et de mettre le projet de la nouvelle Constitution à la disposition du futur président de la République qui sera élu après la Transition ».

 

 

 

 

 

Report du référendum : Quel impact sur les relations Mali – CEDEAO ?

Au Mali, le report du référendum suscite des questionnements. Parmi lesquels l’impact que cela aura sur les relations entre le pays et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

En visite au Mali fin février dernier pour s’enquérir de l’état de progression de la Transition vers un régime démocratique, le Médiateur de la CEDEAO, Goodluck Jonathan, a exhorté les autorités du pays « à maintenir le cap pour le retour à un ordre constitutionnel au délai convenu ». Quelques semaines après, le 10 mars 2023, le gouvernement a annoncé un report sine die du référendum, premier scrutin devant être organisé dans le chronogramme qu’il a proposé à l’organisation sous-régionale le 28 juin 2022. De quoi présager d’un nouveau désaccord ?

« En effet, ça pourrait créer une autre possibilité de désaccord entre la CEDEAO et le Mali », estime l’analyse politico-sécuritaire Cheick Oumar Doumbia. Mais, en même temps, selon ce dernier, « faire le référendum et les autres élections dans les délais indiqués, au vu des réformes institutionnelles et politiques qu’il fallait mener, l’organisation sait que les autorités pourraient être confrontées à des difficultés qui impacteront le processus. En plus, il y a des législations de la CEDEAO qui stipulent que quand on change de Constitution et quand on révise la loi électorale il faut au moins 6 mois pour aller aux élections. Tout cela va faire que la CEDEAO sera plus conciliante à l’égard du Mali », explique-t-il. De même, Jean-François Camara, enseignant-chercheur à la Faculté des Sciences administratives et politiques de Bamako (FSAP), atteste que le report du référendum ne devrait pas avoir « un impact négatif » sur les relations Mali – CEDEAO.

« La CEDEAO tient surtout au respect du chronogramme donné par les autorités et il s’étale jusqu’en 2024. Et, dans ce chronogramme, elle tient surtout à l’organisation des élections générales, à savoir celles du Président de la République et des députés. Tant qu’on n’annoncera pas le report de ces dates, la CEDEAO ne va pas réagir négativement », pense-t-il.

Le risque de voir la relation s’amenuiser est toutefois de mise. L’Autorité indépendante de gestions des élections (AIGE), en charge d’organiser les scrutins, n’est pas opérationnelle du fait que ses démembrements ne sont toujours pas installés à l’intérieur du pays. De même restent la promulgation des six projets de loi portant réorganisation administrative du Mali et la vulgarisation du projet de Constitution. Des raisons qui, selon le gouvernement, ont nécessité le report du référendum. « Elles pourraient aussi avoir un impact sur les dates des autres élections. Et, du coup, aussi sur les relations Mali – CEDEAO », prévient l’analyste Cheick Oumar Doumbia.

Chronogramme électoral : l’inévitable glissement

C’était un secret de Polichinelle. C’est désormais officiel. Le référendum, initialement prévu pour le 19 mars 2023, a été reporté le 10 mars dernier à une date ultérieure. Ce report, qui ne faisait plus guère de doute depuis quelques semaines, pourrait impacter la tenue à date des autres scrutins prévus dans le chronogramme de la Transition.

« Ce report se justifie par la ferme volonté des autorités de la Transition d’appliquer les recommandations des Assises nationales de la refondation (ANR), notamment la pleine opérationnalisation de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE), à travers l’installation de ses démembrements dans les 19 régions administratives du Mali et le District de Bamako dans les plus brefs délais, ainsi que la vulgarisation du projet de Constitution », a expliqué le ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, Porte-parole du gouvernement, le Colonel Abdoulaye Maiga.

« C’est à nous, quand on regarde le temps restant, de fournir beaucoup d’efforts afin que tous les objectifs que nous nous sommes fixés soient atteints », a-t-il souligné, assurant que le Président de la Transition « tient fermement au respect de la date butoir que nous avons pu négocier avec la CEDEAO ».

Un chronogramme impacté

La loi portant création des circonscriptions administratives en République du Mali, dont dépend l’installation des démembrements de l’AIGE et le projet de loi portant modification de la loi N2022-019 du 24 juin 2022 portant loi électorale, adoptés respectivement les 20 et 28 février 2023 par le Conseil national de Transition (CNT), ne sont pas encore promulgués par le Président de la Transition.

Pour Hamidou Doumbia, Porte-parole du parti Yelema, un deuxième report va sûrement suivre : celui de l’élection des conseillers des collectivités territoriales, prévue en juin prochain, parce que « le Collège électoral devait être convoqué fin mars mais qu’aujourd’hui les démembrements de l’AIGE ne sont pas mis en place ».

« Il y a vraiment des doutes sur le reste du processus. Nous espérons que le gouvernement, notamment le ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, va rencontrer tous les autres acteurs pour qu’ensemble nous essayions de voir ce qui peut être fait pour que nous ne sortions pas du délai global », indique M. Doumbia.

« Il y aura forcément un décalage dans le reste du chronogramme », tranche pour sa part Bréhima Mamadou Koné. Selon cet analyste politique, le chronogramme que le gouvernement avait établi  était juste un « document de politique ». « Avec la mise en place de l’AIGE, c’est de sa responsabilité d’établir un chronogramme électoral, en synergie avec l’ensemble des acteurs, les partis politiques et les organisations de la société civile, et c’est sur la base de ce chronogramme qu’on pourrait être fixé sur la tenue des différentes élections à venir », soutient-il.

Dr. Ibrahima Sangho, Président de la Mission d’observation des élections au Mali (MODELE) est de cet avis. À l’en croire,  le chronogramme de juin 2022 avait  été donné « juste pour sortir de l’embargo de la CEDEAO ». « Un chronogramme réaliste n’est pas encore sur la table. Aujourd’hui, il n’appartient plus au gouvernement de donner un chronogramme, d’organiser des élections en République du Mali. Il appartient à l’AIGE d’organiser les élections, donc de donner un chronogramme », appuie l’expert électoral.

Impératif réaménagement

Le gouvernement de transition a indiqué que la nouvelle date du référendum sera fixée après concertation avec l’Autorité indépendante de gestion des élections et l’ensemble des acteurs du processus électoral. Cette nouvelle date, devrait, selon des analystes, conduire à un réaménagement de tout le chronogramme initial, ce qui pourrait aboutir à repousser la date des différentes élections ou à en abandonner certaines.

« C’est sûr que nous serons obligés de renoncer aux élections locales (élections des conseillers des collectivités territoriales, NDRL) et de nous concentrer sur le référendum et les élections  couplées présidentielle et législatives. Je pense que c’est possible de redéfinir les choses de cette manière », propose l’analyste Dr. Mahamadou Konaté, Directeur général de Conseils Donko pour la gouvernance et la sécurité.

« Ce qui est possible de faire pour sortir de la Transition, il faut le faire. À notre avis, le référendum peut se tenir en juin. Si c’est le cas, au premier trimestre 2024 on peut organiser les élections législatives et la présidentielle ou alors uniquement la présidentielle, pour mettre fin à la Transition », renchérit Dr. Ibrahima Sangho.

Dans un communiqué en date du 20 février, la Coalition pour l’observation citoyenne des élections au Mali (COCEM), composée de l’Association malienne des droits de l’Homme (AMDH), de la Jeune Chambre Internationale (JCI-Mali), de Wildaf Mali, du RPL (Réseau Plaidoyer et Lobbying) et de SOS Démocratie, avait proposé aux autorités de la Transition de prévoir le référendum le 25 juin 2023, l’élection des conseillers des collectivités territoriales le 29 octobre 2023 et celle couplée du Président de la République et des députés à l’Assemblée nationale le 4 février 2024 pour les premiers tours et le18 février 2024 pour les seconds, le cas échéant.

« Il est fort possible de changer un peu l’ordre des élections, de surseoir à certaines si la nécessité est. Mais ce qui est important, c’est que la Transition doit prendre fin comme prévu en 2024. Nous espérons que nous allons pouvoir travailler et essayer de dégager un chronogramme pour que nous puissions, avec une certaine rigueur, respecter nos engagements », plaide Hamidou Doumbia, pour lequel tout dépendra de ce qui sera discuté avec le ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation.

« Dès qu’on observe un  retard, il faut appeler les acteurs pour en discuter et travailler techniquement à voir ce qui peut être sauvé et non attendre que les échéances arrivent avant d’informer sur un report », insiste le porte-parole du parti de l’ancien Premier ministre Moussa Mara.

Février 2024, tenable ?

Malgré les assurances du gouvernement pour le retour à l’ordre constitutionnel « dans le respect de la durée de la Transition après avoir mené les réformes nécessaires », pour plusieurs observateurs, l’échéance de février 2024 qui a été donnée à la Transition risque de ne pas être respectée avec la tenue effective de toutes les élections prévues, en raison du retard pris et du décalage dans le calendrier qui va découler du report du référendum.

« On ne peut pas, à mon avis, tenir tous les scrutins tels qu’ils étaient prévus et rester dans le délai imparti de la Transition », avance Dr. Mahamadou Konaté, qui préconise la renonciation à au moins l’un des scrutins prévus pour rester dans le délai. Certains acteurs politiques qui alertent depuis quelques mois sur la lenteur dans la mise en œuvre du chronogramme de la Transition n’excluent pas, par ailleurs, que le gouvernement de transition traîne à dessein dans le processus afin d’aboutir à une nouvelle prolongation de la Transition au-delà des 24 mois supplémentaires convenus.

Dr. Mahamadou Konaté ne partage pas cette crainte. « Pour l’instant, je crois que le gouvernement a toujours l’intention de tenir le délai », glisse-t-il. « On n’est pas encore au point où des actes de mauvaise foi sont suffisamment patents pour démontrer que les autorités souhaitent à nouveau aller vers une prolongation de la Transition », recadre cet analyste.

Pour lui, jusqu’à la fin la fin de l’année  2023, « tant qu’on n’aura pas perdu la possibilité de redéfinir le calendrier et de renoncer à une ou deux élections pour se concentrer sur celles qui sont essentielles pour le retour à l’ordre constitutionnel, je pense que c’est toujours possible de tenir le délai de février 2024 ».

Football féminin : pourquoi tarde-t-il à décoller ?

Le football féminin est encore loin d’être une priorité au Mali. Les joueuses, qui trainent leur spleen, s’expatrient ou abandonnent, et les dirigeants ont posé le curseur ailleurs.

Sous d’autres cieux, notamment en Amérique du Nord, l’heure est à l’égalité salariale pour les sélections nationales masculines et féminines. Les Américaines, qui ont plus de succès que leurs homologues masculins, ont obtenu un accord historique en mai 2022. Il a fait des émules. Début 2023, les Canadiennes ont décidé de faire grève pour exiger la parité salariale entre elles et la sélection masculine et ont obtenu un accord de principe. Au Mali, nous en sommes encore loin. Le football féminin peine à prendre son envol et, d’après nos interlocuteurs, les décideurs ne se bousculent pas pour changer la donne. « Le championnat est bâclé. Il est organisé juste pour dire qu’il y en a un », juge, amère, Zeinabou Sidibé, ancienne joueuse du FC Amazones qui vit aujourd’hui au Canada pour ses études. 12 équipes composent le championnat de 1ère division. Elles sont réparties en 2 groupes de 6 et les 2 premières s’affrontent en finale. La saison dernière, elles ont joué en aller simple, cette saison en aller-retour. Un choix qui a le don d’agacer. Avant, lorsque Fatou Camara était à la tête de la Commission centrale du football féminin, la discipline se frayait un chemin. L’ancienne joueuse et capitaine de la sélection nationale avait réussi le pari d’organiser un championnat à 22 journées, avec des équipes régionales et des matchs se disputant dans des stades nationaux. Mais depuis qu’elle s’est envolée en 2018 vers Dakar pour prendre en charge le Bureau régional de la FIFA, la situation a changé, assure Sidibé. « Le football féminin n’a aucune valeur aux yeux des dirigeants ».

Difficile préparation

De ce championnat « précaire », la sélection nationale pâtit. Les meilleures joueuses s’expatrient dès que l’occasion se présente et d’autres abandonnent, d’autant que le conservatisme sociétal ne voit pas d’un bon œil une femme footballeuse. À l’orée des compétitions, faute de stades, les joueuses s’entrainent sur des terrains « amateurs ». Conséquence, l’équipe nationale enchaine les mauvais résultats. L’horizon est loin d’être rose.  Pour un analyste qui a requis l’anonymat, ce n’est pas surprenant. L’économie autour du football féminin est encore précaire, voire inexistante. « Cela ne fait pas se lever les foules. Il n’est pas étonnant que les dirigeants misent sur ce qui marche ».

Ras Bath : le chroniqueur placé sous mandat de dépôt

Mohamed Youssouf Bathily alias Ras Bath a été placé ce lundi sous mandat de dépôt. Selon son mouvement le CDR, il a été interpellé chez lui ce 13 mars vers 10h par le commissariat du cinquième arrondissement. Après une audition de plus de cinq heures sur ses propos tenus samedi 11 mars lors de la conférence de l’ASMA CFP, il a été placé sous mandat de dépôt par le procureur de la commune IV. Invité à prendre la parole le weekend dernier lors de la troisième conférence nationale du parti de l’ASMA CFP, le chroniqueur a affirmé que Soumeylou Boubeye Maiga, fondateur du parti a été « assassiné « . Il a appuyé assurant que les proches de Soumeylou Boubeye Maiga ont interpellé sur son état de santé en vain. Avant de tacler le CNT, ainsi que différentes formations politiques sur leur silence sur les circonstances de la mort de l’ex Premier ministre. En prison depuis août 2021, accusé entre autres de « faux et usage de faux et d’atteinte au biens publics dans l’affaire de l’acquisition de l’avion présidentiel et des achats d’équipements militaires, l’état de santé de Soumeylou Boubeye Maiga s’était sévèrement dégradé durant sa détention. Il est décédé le 21 mars 2022 à Bamako dans la clinique où il était hospitalisé depuis décembre 2021.

Synayogo Sakalé Traoré : une ambition sans égale

Sakalé Traoré aime les défis. Alors que son entreprise, Mamali Moringa, vient d’être primée aux Impact Days le 25 février dernier, elle se lance déjà dans un nouveau challenge : celui de s’implanter partout au Mali. « Nous ne nous arrêtons pas, il faut que Mamali soit dans les toutes régions du Mali d’ici janvier 2024 », indique celle qui promeut que l’on doit « plus être passionné par son travail que par l’envie de gagner de l’argent ».

Mamali est spécialisée dans la culture et transformation du moringa en produits cosmétiques et agroalimentaires, qu’elle commercialise. La poudre de la plante originaire d’Inde est utilisée comme complément alimentaire dans des tisanes et des cookies et dans la fabrication de produits pour cheveux, savons et laits corporels.

« Il y avait une de nos professeures qui l’utilisait beaucoup lors de nos séances de culture chinoise. Je lui ai demandé pourquoi tant d’intérêt envers cette plante et elle m’a dit qu’elle l’utilisait pour régénérer ses cellules. Quand je suis revenue au Mali, j’ai continué mes recherches et j’ai découvert que transformer le moringa pouvait créer beaucoup d’emplois », confesse la détentrice d’une Licence en gestion d’entreprise de l’université de Zufe, en Chine.

Aussi diplômée en Agrobusiness de l’IPR de Katibougou, l’entrepreneure de 27 ans a bien réussi son coup. Depuis 2015, année de son lancement, la société connaît « un grand succès auprès des consommateurs locaux et étrangers ». Ses produits s’exportent dans la sous-région, en Europe et aux États-Unis.

Et malgré des difficultés en 2020 dans l’approvisionnement en emballages de ses produits à cause de la Covid-19, l’entrepreneure en atteste : sa société, qui compte une douzaine d’employés se porte bien et ambitionne d’être un leader continental dans son domaine d’ici 2030. Un autre défi !

Nana Aïcha Cissé : « Depuis le retrait du Mali, l’organisation G5 Sahel se porte très mal »

Mme Nana Aïcha Cissé est la Porte-parole des femmes du Conseil national de Transition (CNT). Elle a assuré pendant deux ans la Coordination régionale de la Plateforme des Femmes du G5 Sahel. Début mars, elle a été classée parmi les 100 femmes impactantes dans le développement de l’Afrique. Entretien.

Vous venez d’être classée 12ème parmi les 100 femmes qui contribuent à l’essor de l’Afrique, selon le site « Les Africaines ». Comment avez-vous accueilli cette distinction ?

Je ne m’y attendais pas du tout. Je ne connaissais pas le site. C’est donc une très grande surprise accueillie avec un réel bonheur. La reconnaissance du travail fait toujours plaisir

Vous avez assuré la Coordination régionale de la Plateforme des Femmes (PF) du G5 Sahel. Quel bilan dressez-vous de votre mandat ?

Le Mali a été le deuxième pays (après le Burkina) à assurer la Coordination régionale de la PF. Nous pouvons dire que sous ce mandat la PF a connu des avancées essentielles pour assurer son opérationnalité. Il y a eu la signature d’un Protocole d’entente entre la Plateforme des Femmes et le Secrétariat Exécutif du G5S. À travers cela, le Secrétariat reconnaît la Plateforme des Femmes comme une organisation faitière qui fédère les autres organisations féminines pour contribuer à l’atteinte de ses objectifs en matière de Genre. Nous avons pu, au cours de notre mandat, amener la Plateforme à élaborer un Plan stratégique, suivi de son Plan d’action pour 5 ans. Nous avons eu la chance d’obtenir des financements pour commencer à le mettre en œuvre. Nous avons pu également organiser plusieurs rencontres d’échanges pour la  visibilité de la PF-G5 Sahel.

Le Mali a décidé en mai dernier de se retirer de tous les organes et instances du G5 Sahel. Que pensez-vous de ce retrait ?

Le G5 Sahel a été créé en 2014 mais n’a  connu son rayonnement que  lorsque le Mali a assuré sa présidence, en 2017. Dans le Sahel, le Mali est l’épicentre du terrorisme, à cause des multiples crises que le pays traverse. De ce fait, retirer au Mali ses droits et son leadership au sein du G5 Sahel n’est pas acceptable de mon point de vue. Le retrait du Mali est une décision politique très forte qui a tout son sens. Évidemment, elle exclut  en même temps les Maliennes de la Plateforme G5 Sahel. Il n’était pas souhaitable d’en arriver là, mais nous soutenons notre pays et nous avons immédiatement suspendu notre participation en tant que membres. Depuis le retrait du Mali, l’organisation G5 Sahel se porte très mal. La preuve, depuis 2021, la présidence tournante, qui dure un an, est toujours au Tchad.

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur la représentativité des femmes en politique au Mali ?

Un regard plein d’espoir. Malgré notre Loi fondamentale et les textes auxquels notre pays a souscrit au niveau régional et international, c’est la Loi 052 du 18 décembre 2015, instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives, qui a amélioré la représentativité des femmes en politique.

La Loi 052 du 18 décembre 2015 n’est pas strictement appliquée depuis son instauration. Selon vous, comment améliorer la position des femmes dans la sphère politique ?

C’est vrai que cette loi, qui constitue un acquis précieux pour les femmes, n’est pas appliquée à hauteur de souhait. Cependant, contrairement à l’administration d’État, c’est dans la sphère politique, à travers le processus électoral, qu’elle est la mieux appliquée. Pour améliorer la position des femmes et faciliter leur accès aux postes de responsabilités dans les organes dirigeants des partis politiques, la prochaine relecture de la Charte des partis doit être mise à profit pour instaurer des mesures contraignantes.

Vous êtes membre du CNT. Avec vos collègues femmes de l’institution, quelles actions menez-vous pour le renforcement de la protection des droits des femmes ?

Au CNT, se sont retrouvés des femmes et des hommes issus de toutes les couches socio professionnelles du Mali. En tant qu’organe législatif de la Transition, le CNT remplace l’Assemblée Nationale. Donc ses membres sont les représentants des populations (hommes et femmes). Chaque membre du CNT  a pour mission la défense des intérêts des populations maliennes.  Ce que nous faisons en plus (certains hommes avec nous), c’est le plaidoyer pour la prise en compte du Genre, chaque fois que cela est nécessaire, dans les lois que nous votons. Nous recueillons également les préoccupations des femmes du Mali, chaque fois que besoin en est, pour les porter au moment des débats. Nous organisons régulièrement des sessions de renforcement des capacités pour que chaque femme au sein du CNT puisse prendre part aux débats parlementaires et voter en connaissance de cause

 Toulaye : sensibiliser sur les violences faites aux femmes

Toulaye est une jeune femme plutôt épanouie. Mariée, elle a deux enfants et un bon travail. Son couple vit en parfaite harmonie, jusqu’à l’arrivée de sa belle-sœur divorcée. De plainte en provocation, elle se bat avec Toulaye qu’elle accuse de tous les noms. Sans trop chercher à comprendre, Siriki, son mari se transforme et commence à la battre. Un cycle de violence qui est malheureusement le lot de plusieurs femmes, victimes silencieuses, que l’Association des Femmes de l’Image (AFIM) essaye de défendre à travers ce film projeté le 8 mars 2023 au Ciné Magic Babemba.

« J’espère que le message est passé, que les hommes ont compris que les femmes ne sont pas des rivaux. Nous sommes complémentaires, même quand il y a des problèmes, il faut communiquer », s’est exprimée Salimata Tapily, à l’issue de la projection. Même si elle est heureuse de l’accueil du public, la réalisatrice aurait souhaité mieux faire. «  On n’a pas eu le temps de le perfectionner, on voulait tellement le finir pour le 8 mars ».  Mais l’essentiel pour elle, reste d’avoir fait passer le message. L’objectif du film était de montrer qu’il « y a des milliers de Toulaye, qui n’osent pas dire ce qu’elles vivent. Ce film est une dédicace pour toutes celles qui souffrent ».

Le film fustige les Violences Basées sur le Genre (VBG), dont il se veut une contribution à la lutte qui ne fait que commencer, annonce Diarra Kounandy Sidibé, une des actrices du film.

L’autonomisation et l’entrepreneuriat des femmes sont quand à eux magnifiés et incarnés par la comédienne, Alima Togola, qui joue le rôle de l’actrice principale, Toulaye.

Le message est celui de la violence conjugale, « vécue au quotidien par les femmes ». Malheureusement, souvent « derrière les violences faites aux femmes,  il y a des femmes, il faut se poser des questions ». Une réalité qu’ont voulu dénoncer les femmes de l’AFIM à travers le film. «   L’homme est violent parce qu’il est victime de la société qui lui demande  d’être homme », explique Alima Togola. Une façon de le pousser à agir y compris avec violence, car « celui vit en harmonie avec sa femme » est souvent qualifié  « d’esclave de femme », littéralement en bamanan.

Dans ce combat, c’est surtout les hommes qu’il faut sensibiliser, estime pour sa part, Ibrahim Touré, comédien et spectateur averti. « Il faut sensibiliser les hommes, leur faire prendre conscience de ce qu’ils font ».

Inégalités hommes – femmes : le fossé se creuse

« Au rythme actuel, il faudrait attendre 300 ans pour atteindre l’égalité des genres ». Cette déclaration du Secrétaire général des Nations Unies, à l’occasion de l’ouverture de la session annuelle de la Commission de la condition de la femme, ce 6 mars 2023, n’incite guère à l’optimisme. D’autant que les progrès réalisés ne sont plus des acquis. Il faut donc plus que jamais une mobilisation collective pour garantir à la moitié de l’humanité les droits essentiels à sa survie et à l’épanouissement du monde.

« Les droits des femmes sont bafoués, menacés et battus en brèche dans le monde entier. Les progrès réalisés au fil des décennies s’évanouissent sous nos yeux », a également déploré Antonio Guterres. Un constat qui éloigne davantage l’horizon de l’égalité des genres et fait dire à ONU Femmes qu’à ce rythme, elle ne sera atteinte qu’au bout de 3 siècles.

Si elles ne sont pas nulles, les réformes se font à un rythme très lent, affirme Docteur Kontin Marie-Thérèse Dansoko, Professeure d’enseignement supérieur et Point focal Genre au ministère de la Justice et des droits de l’Homme.  La mise en œuvre de la Loi 052 du 18 décembre 2015 sur la promotion du genre, dont l’adoption fut considérée comme un progrès, se heurte à des difficultés dans la pratique.

Lentes réformes

L’une d’elles concerne le manque de profils féminins pour occuper certains postes. Parce qu’il ne s’agit pas de nommer des femmes pour le simple fait qu’elles sont femmes. Elles doivent avoir les compétences requises, explique Marie-Thérèse Dansoko.

S’agissant de la mise en œuvre de la Loi 052 au niveau de la justice, dans la pratique, c’est plutôt du sur place. Pas de nominations ou de mutations qui permettent en effet une mise en œuvre effective. Pourtant, des femmes ayant atteint un certain grade peuvent occuper les postes de Procureurs, par exemple. Malheureusement, à ce jour, on ne compte aucune femme Procureur de la République. La dernière en poste en Commune I est l’actuelle ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée des Réformes politiques et institutionnelles.

Mais les « soucis » par rapport au poste de Procureur de la République ne sont pas qu’au niveau administratif. « Les femmes évoquent les contraintes familiales et sociales » pour ne pas occuper le poste, qui demande une grande responsabilité et un certain engagement. Ce qui rend difficile le combat pour la promotion de l’égalité, admet le Point focal Genre du ministère de la Justice.

Entre temps, les réformes entreprises au niveau du secteur de la Justice concernent principalement le Code pénal et le code de procédure pénale, pour intégrer certaines dispositions afin d’alléger les procédures dans le cas de certaines infractions. Notamment, le viol, qui est un crime que seule la Cour d’Assises est habilitée à juger. Habituellement, pour ce cas, il faut attendre la fin d’une procédure longue et lourde, avec une phase d’instruction. Pendant ce temps, la victime doit patienter. Il a donc été demandé de correctionnaliser certaines infractions criminelles, qui, au lieu de passer devant la Cour d’Assises, seront directement gérées au niveau des juridictions de droit commun.  Cette réforme permettra notamment de diligenter plus rapidement ces infractions.

En ce qui concerne le Code pénal, il s’agit d’intégrer des infractions en lien avec les Violences basées sur le Genre (VBG) – l’avant-projet de loi contre les VBG a vu son processus d’adoption être suspendu par le gouvernement en décembre 2020 – en attendant cette loi, qui crée la polémique, et pour prendre en compte certaines infractions identifiées, comme le harcèlement par exemple.

Des textes sont dans la phase de validation avec l’ensemble des acteurs, les magistrats, la société civile, afin que le document soit mis dans le circuit d’adoption. Il faut noter que d’autres réformes sont en cours au niveau de la Commission législative permanente qui regroupe les acteurs du secteur de la Justice à la Direction nationale de l’Administration judiciaire et procède à une forme de mise à jour des textes existants.

Atteindre l’égalité

Si les réformes, une fois adoptées, peuvent constituer des avancées, encore faut-il pouvoir les mettre en œuvre. Afin d’éviter donc le statu quo, la nomination de Points focaux Genre au niveau des juridictions, avec des hommes et des femmes qui doivent s’impliquer davantage dans la promotion des droits humains, dont ceux de la femme spécifiquement, constitue une étape importante et le cadre d’échanges entre ces relais se mettra bientôt en place.

Les documents de base des magistrats doivent être « révolutionnés », parce que la justice doit s’adapter et prendre en compte les « nouvelles infractions » jusque-là méconnues, suggèrent les acteurs. La justice doit prendre ses responsabilités, mais la loi pénale étant d’interprétation stricte, selon les spécialistes, le dispositif doit se renforcer pour que les magistrats travaillent plus facilement et que les victimes soient protégées en cas de recours à la justice.

Mais, pour atteindre un équilibre entre hommes et femmes dans la pratique, il faut « une discrimination positive », estime Docteur Kontin. Et aussi une sensibilisation à un changement de mentalité, y compris des femmes, qui doivent être conscientes et se sentir concernées. La solidarité féminine est essentielle pour offrir des modèles aux femmes et sortir de la « léthargie ».

Pour se battre à valeur égale, les femmes doivent également accéder à une éducation et acquérir les compétences nécessaires à leur épanouissement personnel et professionnel. Ce qui ne leur sera pas donné sur un plateau d’argent, prévient Marie-Thérèse Dansoko. Il faut s’imposer par le travail et les « femmes battantes » constituent à cet effet une fierté.

Questions économiques

Malgré la présence de femmes dans toutes les sphères de la vie socio-économique, les pesanteurs socioculturelles sont encore présentes et la promotion des femmes est encore perçue comme un danger par certains hommes. Ils y voient une déperdition de nos valeurs sociétales, ou pire une inversion de rôle fatale à notre société. C’est pourquoi les femmes dans leur lutte ont la délicate mission, « tout en conservant nos valeurs traditionnelles », dont il faut « prôner le respect »,  de  se battre pour leur épanouissement professionnel et économique.

D’autant que les réformes en faveur de l’égalité de traitement des femmes devant la loi ont un impact économique certain, selon le rapport de la Banque mondiale « Les Femmes, l’Entreprise et le Droit », publié le 2 mars 2023. Selon ce rapport, les femmes ne jouissent en moyenne que d’à peine 77 % des droits juridiques reconnus aux hommes. Et le document note qu’au rythme actuel des réformes, dans de nombreux pays une jeune femme qui entre aujourd’hui dans la vie active prendra sa retraite avant d’avoir pu obtenir les mêmes droits que les hommes. Dans un contexte  de ralentissement de l’économie mondiale, les États ne peuvent pas se permettre de mettre à l’écart près de la moitié de leur population, poursuit le rapport.

Compter avec nos valeurs

Pour y arriver, il faut se convaincre qu’il s’agit d’un processus où l’on ne peut tout avoir au même moment. Même si des efforts ont été accomplis, il faut un accompagnement et ces efforts doivent être accentués à plusieurs niveaux. D’abord du côté des autorités, qui doivent faire l’état des lieux afin de s’assurer que l’égalité prônée soit une réalité. Elles doivent notamment avoir le regard sur  la promotion des droits des femmes et s’interroger sur les causes des retards ou des reculs afin  d’apporter des mesures pour les booster.

Dans cette lutte, où sont souvent opposés les défenseurs des valeurs sociales et ceux des droits de la femme, les « leaders, notamment religieux » doivent adhérer « au fait qu’il ne s’agit pas d’une lutte contre les hommes. Et assurer que c’est la complémentarité dans le respect des valeurs », suggère Docteur Kontin.

Si l’appui des partenaires peut être nécessaire pour mener la lutte, ils doivent apporter leurs soutiens conformément aux besoins et  ne pas imposer leurs points de vue. Enfin, si toutes ces entités deviennent plus attentives sur les droits de la femme, « peut être que dans  5 ou 10 ans les choses évolueront positivement », espère la responsable Genre du ministère de la Justice.

Kayes : des « esclavagistes » condamnés à la peine de mort

Un grand pas a été franchi dans la lutte contre l’esclavage dans la région de Kayes. Au cours de la session spéciale de la cour d’Assises de la région au titre de l’année judiciaire 2023, ouverte depuis le 27 février et toujours en cours,au moins sept « esclavagistes » ont été condamnés à mort et à cinq ans de prison  pour les meurtres de Youssouf Cissoko, Mountaga Diarrisso, Gossi Cissoko et Djané Cissoko, quatre militants anti-esclavagistes, qui ont été battus à mort dans le village de Djandjamé le 1er septembre 2020.

Il s’agit de Djibril Badiaga, Moussa Sissoko dit Papi, Ousmane Diarrisso dit Tamba, Hameye Diarrisso, Mohamed Diawara, Mohamed Diaby dit Hameye, tous condamnés à mort et Lamba Cissé qui a écopé de cinq ans.

Si les associations de lutte contre l’esclavage par ascendance se félicitent des verdicts, les charges retenues contre les condamnés (associations de malfaiteurs, assassinats, complicité d’assassinat, coups et blessures volontaires) ne leur convient pas pour autant.

« Nous espérons toujours que le gouvernement va adopter une loi spécifique pour criminaliser l’esclavage par ascendance qui fait des ravages dans nos localités. Elle n’est pas spécifiée actuellement dans les lois existantes », regrette Mikhailou Diallo, le président régional Kayes de la fédération malienne des associations de lutte contre l’exclusion, la discrimination, l’esclavage par ascendance et les inégalités sociales (FMALEDEI).

Selon les organisations, les crimes liés à l’esclavage sont considérés comme des problèmes de terre, des conflits entre clans, des coups et blessures… par la justice.

« Il ne pourrait en être autrement en absence de loi criminalisant la pratique de l’esclavage par ascendance au Mali », atteste Me Lury Nkouessom, chef de file de la composante accès à la justice du projet Mali Justice Project (MJP).

Cependant d’autres mesures sont en vigueur au Mali pour lutter contre la traite des personnes. En février 2011, le gouvernement a créé le Comité national de coordination de la lutte contre la traite des personnes et les pratiques assimilées (CNLTP). Cela a été suivi par l’adoption de la loi n°2012-023 du 12 juillet 2012, relative à la lutte contre la traite des personnes et pratiques assimilées (elle prévoit des sanctions pénales pour les individus coupables de traite des personnes pouvant aller de 5 ans d’emprisonnement à la réclusion à perpétuité selon les circonstances), et le lancement d’un Plan d’action national (2018-2022) en février 2019. Le Plan d’action national 2018-2022, qui fait actuellement l’objet d’une révision par les parties prenantes, prévoit, entre autres, de promouvoir la coordination et la coopération des acteurs dans la lutte contre la traite des personnes. Le Ministre de la justice Mamadou Kassogué a, en outre, appelé, en décembre 2021, les procureurs généraux « à prendre des dispositions pour que des poursuites soient engagées pour tous les cas de violences physiques et d’atteintes aux biens exercées contre ces personnes en considération de leur statut ».

Au Mali, l’esclavage a été abolit par l’administration coloniale depuis décembre 1905. Las, il persiste toujours dans le pays notamment dans la région de Kayes où plusieurs cas ont été recensés récemment. Rien qu’en juillet dernier, le cadavre brulé et mutilé de Djogou Sidibé, 71 ans, a été retrouvé près de son champ, non loin de son village, Lany Mody, dans le cercle de Kayes. La raison de l’assassinat, à en croire, plusieurs organisations de lutte contre l’esclavage est liée au refus de la vieille femme de se soumettre au statut d’esclave.

 

Nouvelle constitution : des imams s’opposent à la laïcité

La Ligue Malienne des Imams et Érudits pour la Solidarité islamique au Mali (Limama) a appelé, mardi, tous les musulmans patriotes à voter contre le projet de la nouvelle constitution dans sa forme actuelle.

Cette demande a été formellement exprimée lors d’un point de presse à Bamako exigeant, en outre, le retrait pur et simple de la laïcité dans le projet de la nouvelle Constitution du Mali. Le secrétaire général de Limama, Gaoussou Sidiki Minta, appelle les autorités à remplacer la laïcité par un État multiconfessionnel. Selon lui, « la laïcité est une astuce que les gouvernants utilisent à leur guise pour cadenasser la ou les religions », soulignant que « cette pratique a été usitée tant par le pouvoir colonial que par tous les régimes de l’ère d’indépendance qui ont gouverné notre pays ». Mohamed Kimbiri, 1er secrétaire à l’organisation du haut conseil Islamique et président du collectif des associations musulmanes du Mali a de son côté indiqué que « la laïcité selon la mentalité française n’est rien d’autres que le rejet de la religion. La réalité française et la réalité malienne ne sont pas pareilles, donc, comment ça fait-il que nous allons faire de notre Constitution, une copie conforme certifiée du modèle français. C’est ça qui nous a beaucoup choqué ».

Olivier Dubois : 23 mois de captivité

Ce 8 mars, cela fait 23 mois que le journaliste français Olivier Dubois est retenu en otage par le groupe de soutien à l’islam et aux musulmans. Enlevé à Gao le 8 avril 2021, le journaliste est apparu dans deux vidéos, deux preuves de vie, en mai 2021 et en mars 2022. Olivier Dubois, père de deux enfants et ancien collaborateur du Journal du Mali est le journaliste français dont la détention est le plus longue depuis 30 ans. Dans une récente interview accordé à un média français, Abou Obeiba Youssef al-Annabi, le chef d’Aqmi a confirmé que son groupe détenait le journaliste et était ouvert à la « discussions ».