Étiquette : Mali
Solidarité : Canal + Mali offre des kits scolaires aux élèves de l’école de l’île Dialagoum
Dans le cadre de son programme Canal + Impact, visant à accompagner les populations démunies à travers toute l’Afrique par le biais d’actions solidaires, Canal + Mali a procédé, ce 30 janvier 2025, à la remise de kits scolaires aux élèves de l’île Dialagoum, située en plein cœur de Bamako.
AES/CEDEAO : Un tournant dans les relations régionales
Ce mercredi 29 janvier 2025 marque le premier anniversaire de l’annonce par les pays de l’AES de leur sortie de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Cette date acte également le retrait officiel du Burkina Faso, du Mali et du Niger de l’organisation ouest-africaine. Cette décision, résultant d’une série de tensions politiques et sécuritaires, modifie profondément le paysage régional.
FIGIC-AES : La première édition prévue du 25 au 28 février 2025 à Ouagadougou
La première édition du Festival international de la gastronomie et de l’identité culturelle des pays de l’AES (FIGIC-AES) se tiendra du 25 au 28 février 2025 à Ouagadougou au Burkina Faso. Pour annoncer les couleurs de l’évènement, le comité d’organisation du Festival a tenu une conférence de presse le 24 janvier dernier à Bamako.
Avec pour objectif global de promouvoir la richesse culinaire et culturelle des pays de l’AES afin de stimuler le développement économique et renforcer la cohésion sociale et améliorer l’attractivité touristique de la région, le FIGIC-AES vise également à mettre en valeur les traditions culinaires des pays de l’AES pour leur reconnaissance internationale, sensibiliser les professionnels de la restauration aux pratiques durables et écoresponsables et positionner la cuisine de l’ AES comme un atout majeur de l’offre touristique régionale.
Le Festival veut par ailleurs renforcer les compétences des acteurs locaux du secteur de la gastronomie, promouvoir la « parenté à plaisanterie » en tant que pratique culturelle pour la paix et la cohésion sociale et stimuler l’excellence et la créativité culinaire à travers une compétition dédiée.
Placée sous le thème : « Gastronomie et traditions : vecteurs de cohésion et de développement durable dans l’espace AES », cette première édition du FIGIC-AES prévoit des compétitions culinaires, des ateliers de formation ainsi que des rencontres culturelles et artistiques.
« Le FIGIC-AES 2025 est bien plus qu’un simple rendez-vous gastronomique et culturel . Il constitue un véritable carrefour d’échanges et de rencontres, un creuset où se tissent les liens de fraternité et de coopération à travers notre héritage culinaire et culturel commun », a indiqué Olivia Bayala, Coordinatrice du comité d’organisation du Festival qui avait à ses côtés, Mme Oumou Traoré, initiatrice du Festival international de la cuisine africaine de Bamako (FICAB) et Mme Iro Sadia Maiga, promotrice du Festival des grillades de Niamey.
Après les échanges avec la presse, le Comité d’organisation a convié les hommes de média à la dégustation de différents mets des 3 pays de l’AES, un avant-goût des plats qui seront au rendez-vous lors du festival à Ouagadougou.
Le FIGIC-AES est né de la fusion des expertises et expériences de plusieurs évènements emblématiques tels que le Festival international de la gastronomie de Ouagadougou (FIGO), célébrant l’art culinaire burkinabé, le Festival international de la cuisine africaine de Bamako (FICAB) mettant en avant les traditions culinaires maliennes et le Festival des grillades de Niamey, soulignant la richesse des saveurs nigériennes.
Mohamed Kenouvi
Processus DDR : Une nouvelle phase pleine d’enjeux
Lors de son discours de Nouvel An, le 31 décembre 2024, le Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goïta, a annoncé une initiative majeure visant le désarmement de 3 000 miliciens d’autodéfense. Cette démarche s’inscrit dans le cadre des efforts continus pour renforcer la sécurité et promouvoir la réconciliation nationale, même si sa mise en œuvre parait très compliquée.
L’annonce du Président Goïta intervient dans un contexte où le Mali cherche à consolider la paix et à restaurer l’autorité de l’État sur l’ensemble de son territoire. Le processus de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR) est une composante essentielle de cette stratégie, visant à intégrer d’anciens combattants dans les structures étatiques ou à faciliter leur réinsertion socio-économique.
Selon les détails fournis, sur les 3 000 miliciens concernés, 2 000 seront intégrés au sein des Forces Armées Maliennes (FAMa) après une formation adéquate, tandis que les 1 000 restants bénéficieront de programmes de réinsertion dans la vie civile, avec un accompagnement pour la mise en place de projets facilitant leur intégration socio-économique.
Il est à noter que le chiffre de 3 000 miliciens correspond à celui annoncé lors de l’opération de DDR – Intégration accélérée mise en œuvre dans le cadre de l’Accord issu du processus d’Alger. Lors de cette précédente initiative, près de 1 800 ex-combattants issus des mouvements armés signataires de l’Accord avaient été intégrés dans les rangs des FAMa. Cette similitude numérique soulève des questions quant à la nouveauté de l’actuelle initiative et à la possibilité qu’il s’agisse d’une reconduction des objectifs précédents.
Composition et efficacité des nouvelles Commissions DDR
La mise en place de nouvelles Commissions DDR et d’intégration héritées de celles établies pour l’application de l’Accord, dénoncé par les autorités maliennes fin janvier 2024, suscite des interrogations. Le remplacement de la plupart des anciens membres, souvent expérimentés et issus des FAMa et des ex-combattants, par de nouveaux commissaires considérés comme novices dans le domaine, pose la question de l’efficacité de ces structures. Les anciens membres, ayant une meilleure connaissance du terrain et des acteurs, étaient perçus comme capables de mener à bien une mission aussi complexe.
Identification des groupes concernés
Un autre point d’interrogation concerne la nature et l’identité des groupes armés désignés comme « milices » sélectionnés. Aucune précision n’a été apportée quant à savoir s’il s’agit de groupes d’autodéfense tels que Dan Na Ambassagou, de terroristes, de mouvements armés de l’ex-Accord restés fidèles à l’État, ou encore de jeunes de Gao ayant accepté en 2013 de remettre leurs armes à l’opération Serval en son temps, moyennant une intégration dans le processus DDR, ce qui n’est jamais arrivé jusqu’ici, causant une grande frustration parmi ces jeunes. Cette absence de clarté alimente les spéculations et les inquiétudes quant à l’efficacité et à l’équité du processus.
Quid de l’accompagnement des partenaires?
Par ailleurs, la conduite d’un processus DDR est notoirement coûteuse et contraignante, comme en témoignent les expériences d’autres pays confrontés à des situations similaires. L’ancienne opération bénéficiait de l’accompagnement de partenaires internationaux tels que la MINUSMA. Le nouveau processus semble être conduit exclusivement par les autorités maliennes, ce qui pose la question des moyens financiers et logistiques disponibles pour mener à bien cette initiative, surtout dans un contexte où le pays fait face à de nombreux défis et priorités.
L’annonce du désarmement des milices a suscité des réactions mitigées au sein de la population et des observateurs. Certains saluent l’initiative comme un pas important vers la paix et la stabilité, tandis que d’autres expriment des réserves quant à sa mise en œuvre effective et à son impact réel sur le terrain. La réussite de ce processus dépendra en effet en grande partie de la transparence dans l’identification des groupes concernés, de la compétence des nouvelles Commissions DDR, de la disponibilité des ressources nécessaires et de la capacité des autorités à instaurer un climat de confiance avec l’ensemble des parties prenantes.
Plus qu’un défi logistique, ce processus représente une occasion unique de réinventer les fondements de la paix et de la réconciliation nationale. Pour qu’il soit couronné de succès, il faudra transformer cette vision en réalité, en tenant compte des leçons du passé et des attentes de l’ensemble des parties prenantes.
Massiré Diop
Donatien Kanga : « La lutte contre la désinformation, un défi urgent à relever »
Donatien Kanga, expert en fact-checking et Président du Cadre de concertation entre organisations de la société civile et médias en Afrique de l’Ouest, a partagé son analyse sur les défis posés par la désinformation à l’ère numérique. Propos recueillis par Massiré Diop
Comment évaluez-vous la lutte contre ce qu’on appelle le « Triptyque MDM » ( Mésinformation, Désinformation et Malinformation) ?
C’est un combat complexe et de longue haleine. La technologie a transformé l’écosystème informationnel, facilitant la diffusion de l’information tout autant que celle de la désinformation. Cette lutte est devenue une urgence internationale, nécessitant des actions à tous les niveaux : individuel, communautaire, national, régional et international.
Pourquoi observe-t-on parfois une certaine réserve de la part des États dans cette lutte ?
Il ne s’agit pas de réserve, mais plutôt de prudence. Les États réagissent activement lorsque la désinformation menace leur stabilité. Cependant, il est nécessaire d’élever la prise de conscience générale pour considérer ce phénomène comme une priorité nationale indépendamment des menaces immédiates.
Quels facteurs favorisent la propagation de la désinformation dans notre environnement ?
Plusieurs facteurs contribuent à cette propagation. D’abord les évolutions technologiques rendent la création et la diffusion de contenus accessibles à tous, même sans formation journalistique. Ensuite, la viralité des réseaux sociaux permet une diffusion rapide et massive de l’information, rendant difficile la distinction entre le vrai et le faux. Enfin, dans des contextes où l’oralité prédomine et où le taux d’analphabétisme est élevé, la distinction entre information vérifiée et rumeur est souvent floue.
Quel est l’impact de la culture de l’oralité et de l’analphabétisme sur la désinformation ?
Dans des sociétés à tradition orale et au taux d’analphabétisme élevé, les individus ont tendance à considérer toute information provenant d’un écran comme véridique, sans esprit critique. Cette situation est exacerbée par l’accès généralisé aux technologies numériques.
Quelles sont les principales stratégies de lutte ?
La lutte repose sur trois axes principaux : développer des outils technologiques pour détecter la désinformation, former les citoyens à l’esprit critique et aux compétences numériques et établir des lois équilibrées qui protègent contre la désinformation tout en préservant la liberté d’expression.
Y a-t-il de l’espoir face à ce fléau ?
Malgré les défis, il y a de l’espoir grâce à l’engagement des acteurs nationaux et régionaux. Des initiatives collaboratives, comme le Cadre de consultation entre organisations de la société civile et médias, montrent que des actions concertées peuvent renforcer l’intégrité de l’information.
Lutte contre le terrorisme : L’AES dévoile sa stratégie et interpelle la communauté internationale
Lors de la réunion publique de haut niveau du Conseil de sécurité des Nations Unies consacrée à la lutte contre le terrorisme en Afrique, tenue le 24 janvier 2025, l’Ambassadeur et Représentant permanent du Mali auprès des Nations Unies, M. Issa Konfourou, a présenté la vision stratégique de la Confédération des États du Sahel (AES). Cette entité regroupe le Burkina Faso, le Niger et le Mali, trois pays en première ligne face aux violences terroristes dans la région sahélienne.
Coly Energy Mali : Un nouveau chapitre pour le secteur énergétique malien après l’ère TotalEnergies
Le 23 janvier 2025, le Premier ministre malien, le Général de Division Abdoulaye Maïga, a reçu une délégation de Coly Energy Mali, nouvel acquéreur des activités de TotalEnergies au Mali. Cette rencontre, conduite par René Hounsinou, nouveau président du Conseil d’administration de Coly Energy, visait à présenter officiellement la nouvelle direction et à confirmer la continuité opérationnelle de l’entreprise.
Coly Energy Mali, en partenariat avec Benin Petro SA, étend désormais ses opérations au Mali, au Bénin et en Côte d’Ivoire. Cette expansion stratégique vise à renforcer la présence de l’entreprise dans le secteur énergétique ouest-africain.
Coly Energy Mali se positionne comme un acteur clé dans la distribution de produits pétroliers dans la région.
Cette acquisition s’inscrit dans le cadre de la stratégie globale de TotalEnergies visant à réévaluer et à optimiser son portefeuille d’actifs. Ces dernières années, le groupe a procédé à plusieurs cessions d’actifs non stratégiques à travers le monde. Par exemple, en 2020, TotalEnergies a vendu ses activités au Libéria et en Sierra Leone à Conex Oil & Gas Holdings Ltd., représentant une valeur totale de plus de 400 millions de dollars US. En 2023, le groupe a également cédé plus de 2 000 stations-service en Europe au Canadien Couche-Tard pour un montant de 3,4 milliards d’euros.
Cependant, le retrait de TotalEnergies du marché malien s’inscrit dans un contexte particulier. Sousle actuel régime, le Mali a mis fin aux avantages fiscaux qui étaient auparavant accordés aux entreprises étrangères. Ces contrats, jugés « léonins » par les autorités, permettaient aux multinationales de ne payer leurs impôts que dans leur pays d’origine, privant l’État malien de revenus fiscaux considérables. Cette décision a poussé TotalEnergies à revoir ses opérations au Mali, menant à leur cession au profit de Coly Energy Mali.
Les détails financiers de la transaction entre TotalEnergies et Coly Energy Mali n’ont pas été rendus publics. Le montant de la cession reste donc confidentiel à ce jour.
Engagement envers les employés et perspectives d’avenir
Un point notable de cette acquisition est l’engagement de Coly Energy Mali à maintenir l’ensemble des 1 109 employés de TotalEnergies au Mali, assurant ainsi une continuité opérationnelle et sociale. Cette démarche a été saluée par le Premier ministre malien, qui y voit une initiative alignée avec les objectifs économiques du pays.
Cette situation marque une étape significative dans le paysage énergétique malien, avec l’arrivée de Coly Energy Mali en tant que nouvel acteur majeur. Les observateurs suivront de près l’évolution de cette entreprise et son impact sur le marché régional.
2025 : Le Mali en quête de renouveau culturel
Lors de son discours à la Nation à la veille du Nouvel an, le Président de la Transition, le Général Assimi Goïta, a décidé de faire de 2025 « l’année de la Culture ». Une initiative saluée par de nombreux acteurs qui espèrent ainsi faire sortir ce secteur de l’ombre.
Placée sous le signe du « Mali Kura », cette démarche entend renforcer l’unité nationale en valorisant le patrimoine culturel, facteur-clé de cohésion et de résilience face aux crises. C’est ainsi que deux activités-phares, les États généraux de la Culture et la 3ème Journée de la souveraineté retrouvée, ont été organisées. Les autorités voulaient ainsi afficher leur volonté de replacer la culture au cœur de l’identité nationale.
Cependant, pour transformer ce symbole en réalité tangible, des efforts plus audacieux sont nécessaires. Déclarer 2025 « année de la Culture » est un premier pas, mais il doit s’accompagner d’un programme culturel structuré et porté par le ministère de la Culture en étroite collaboration avec les opérateurs et acteurs culturels. Ce programme ne peut se limiter à des manifestations ponctuelles ou à des annonces médiatiques. Il doit intégrer tous les secteurs, du tourisme à l’éducation, en passant par la diplomatie et l’économie.
De plus, la culture doit devenir une priorité transversale dans les politiques publiques. Chaque département ministériel doit incorporer cette ambition dans ses actions quotidiennes. Les dirigeants doivent montrer l’exemple en adoptant un comportement qui reflète les valeurs et traditions qu’ils souhaitent promouvoir. Il s’agira ainsi d’insuffler un véritable renouveau, où la culture ne sera pas une thématique isolée, mais un moteur de transformation sociale et économique.
Si les autorités veulent que cette année soit gravée dans l’histoire, elle devra être portée par des actes forts, qui marqueront l’esprit et le cœur de chaque Malien. Pour le moment, nous n’en sommes pas encore là.
Massiré Diop
Compétitions CAF 2024-2025 : Le piètre bilan des clubs maliens
C’est une campagne africaine à oublier pour le Djoliba AC et le Stade malien de Bamako. Éliminés dès la 5ème et avant-dernière journée, les deux représentants du Mali ont tous terminé à la dernière place de leur groupe, en Ligue des Champions et en Coupe CAF.
Dur apprentissage pour le Djoliba AC en Ligue des Champions. Pour leur toute première participation à la phase finale de cette compétition continentale, les Rouges de Hèrèmakono sont complètement passés à côté du tournoi. 2 matchs nuls, 4 défaites, aucune victoire et aucun but marqué en 6 rencontres, avec 12 buts encaissés. Tel est le bilan statistique du Djoliba AC. Largement battus lors de leur entrée en lice face à l’Espérance de Tunis (4-0), les Champions du Mali en titre ont ensuite enchainé deux matchs nuls (0-0) à domicile face au Pyramyds FC et à Sagrada. Après 2 nouvelles défaites lors des 3ème et 4ème journées, les protégés du coach Mamadou Demba Traoré ont été éliminés. Alors qu’il était attendu pour sauver l’honneur, ne serait-ce qu’en inscrivant 1 but dans la compétition, le Djoliba AC a sombré lors du dernier match, étrillé 6-0 par les Égyptiens de Pyramids FC.
Contrairement au Djoliba AC, le Stade malien de Bamako avait bien débuté sa campagne en Coupe CAF en s’imposant (2-0) devant les Sud-africains de Stellenbosch. Mais les Blancs de Bamako ont déçu lors du reste du parcours. Match nul en déplacement (1-1) face au CD Lunda Sull et défaite (0-1) à domicile contre le même adversaire, pourtant largement à leur portée. La double confrontation contre la RS Berkane a aussi tourné à l’avantage des Marocains et les Sud-africains ont pris leur revanche à domicile lors de la 5ème journée, synonyme d’élimination du Stade Malien. À l’arrivée, 1 victoire, 1 match nul, 4 défaites, 3 buts marqués et 6 encaissés.
Impréparation
Bien qu’elle soit difficile à digérer, la sortie précoce des clubs maliens des coupes interclubs de la CAF n’est pas surprenante et s’explique par certains facteurs, dont le manque de préparation des équipes dû à un démarrage très tardif du Championnat national de 1ère division.
Par ailleurs, la différence de niveau entre les clubs maliens et leurs adversaires à l’échelle continentale est très importante. Le chemin semble encore long pour renouer avec le succès dans les compétitions africaines, à l’instar du sacre du Stade malien en Coupe CAF en 2009.
Mohamed Kenouvi
Assistance humanitaire : Plus de 6 millions de personnes dans le besoin en 2025
Lancé le 21 janvier 2025, le Plan de réponse humanitaire 2025 pour le Mali vise à fournir une assistance d’urgence à 4,7 millions de personnes ciblées sur les 6,4 millions au total dans le besoin. Pour atteindre cet objectif, la communauté humanitaire et le gouvernement du Mali appellent à la mobilisation de 771,3 millions de dollars.
Le plan cible principalement les personnes les plus touchées par les crises humanitaires et ayant des besoins critiques dans des secteurs-clés tels que la protection, l’éducation, la sécurité alimentaire, la santé, la nutrition, le logement et les articles ménagers de base, ainsi que l’eau, l’assainissement et l’hygiène.
Sur les 6,4 millions de personnes identifiées dans le besoin, 54% sont des enfants, 46% des femmes et 15% des personnes vivant avec un handicap. Les pourcentages sont les mêmes pour les 4,7 millions de personnes ciblées.
Objectifs stratégiques
Le Plan de réponse humanitaire 2025 vise deux principaux objectifs stratégiques. Le premier est de sauver et de préserver la vie et la dignité des populations ayant des besoins critiques dans les zones touchées par des chocs, à travers une assistance multisectorielle d’urgence adéquate répondant à leurs besoins vitaux, avec une attention particulière aux personnes âgées, handicapées, enfants, femmes et survivants de VBG.
Le 2ème objectif stratégique est de garantir un accès minimal et équitable aux services sociaux de base aux personnes vulnérables, à travers une assistance multisectorielle adaptée à leurs besoins pour renforcer leurs capacités à prévenir, faire face et se relever des chocs.
Pour l’année 2025, les zones géographiques prioritaires pour les interventions humanitaires restent concentrées dans les régions du Centre et du Nord du pays, où la persistance des conflits continue de fragiliser les conditions de vie des populations et de complexifier les opérations d’assistance.
En 2024, seuls 38% du financement requis dans le cadre du Plan de réponse humanitaire ont été mobilisés. Malgré ce manque de financement et les contraintes d’accès, les partenaires humanitaires ont fourni une aide vitale à 1,8 million de personnes parmi les plus vulnérables, y compris celles vivant dans les zones les plus éloignées.
Khassim Diagne, Coordinateur par intérim de l’action humanitaire au Mali, espère un meilleur taux de financement en 2025. « Il est urgent que l’ensemble de la communauté humanitaire et les donateurs renouvellent leur engagement à répondre aux besoins humanitaires fondamentaux », souligne-t-il.
Mohamed Kenouvi
Bekaye Cissé : « La création de contenus numériques en langues locales reste essentielle pour favoriser l’adoption d’Internet par les Maliens ».
Bekaye CISSE est ingénieur Systèmes, Réseaux et Sécurités Informatique. Il est le président de la Commission Technique ISOC Mali. Il nous donne son regard sur la nouvelle Politique Nationale de Développement de l’Economie Numérique (2025-2029), les conditions de sa mise en œuvre et les acquis et perspectives d’internet au Mali.
Quel est votre regard sur la Politique Nationale de Développement de l’Économie Numérique ?
La mise en place d’une Politique Nationale de Développement de l’Économie Numérique au Mali marque une étape importante dans la transformation numérique du pays. Ce document stratégique vise à positionner le Mali comme un hub technologique en Afrique de l’Ouest et à faire du numérique un levier de croissance économique et de développement social dans un environnement de maîtrise de la souveraineté numérique.
La PNDEN 2025-2029 présente une vision modernisée qui intègre des avancées technologiques telles que l’intelligence artificielle et la robotique. Elle met l’accent sur l’innovation, la cybersécurité et la connectivité. Cette nouvelle politique a pour objectif de construire une économie numérique inclusive, en phase avec les réalités du Mali, et de favoriser la création d’un environnement propice à l’émergence de start-ups.
Les objectifs ambitieux de la politique sont alignés avec les défis du développement du Mali et les tendances mondiales en matière de digitalisation.
Quels sont les défis à relever pour sa réalisation ?
Pour que le Mali tire parti de la révolution numérique afin de construire une économie numérique forte et inclusive, la nouvelle politique nationale de développement de l’économie numérique doit être ambitieuse et inclusive, en s’attaquant à des défis clés tels que l’investissement dans les infrastructures, l’accès à l’internet haut débit, le développement du capital humain avec des compétences numériques, l’inclusion numérique avec l’accès universel au haut débit, la gouvernance, la cybersécurité, la protection des données ainsi que l’intelligence artificielle et la robotique.
La réussite de cette politique dépendra également d’une collaboration étroite entre tous les acteurs du secteur numérique, y compris le gouvernement, le secteur privé, la société civile et les partenaires au développement
Quels sont les acquis et les perspectives du développement d’Internet au Mali ?
Le développement de l’internet au Mali a connu une croissance significative ces dernières années, apportant de nombreux avantages. Toutefois, il reste des défis à relever pour tirer pleinement parti de ce potentiel.
Ces dernières années, les taux de pénétration d’Internet ont augmenté régulièrement, offrant à un nombre croissant de Maliens un accès à l’information, y compris aux médias et aux services en ligne. Les réseaux sociaux jouent un rôle de plus en plus important dans la vie sociale et politique des Maliens, facilitant la communication et la mobilisation.
Les investissements dans les infrastructures de télécommunications ont permis d’améliorer la couverture du réseau, en particulier dans les zones urbaines.
Le secteur numérique est en plein essor, créant de nouvelles opportunités d’emploi et stimulant la croissance économique.
Pour l’avenir, l’objectif reste d’étendre la couverture Internet à l’ensemble du pays, en particulier dans les zones rurales, afin de réduire la fracture numérique.
Améliorer la qualité des services, en termes de vitesse et de stabilité, pour répondre aux besoins croissants des utilisateurs.
La création de contenus numériques en langues locales reste essentielle pour favoriser l’adoption d’Internet par les Maliens.
Le renforcement de la protection des données personnelles et la lutte contre la cybercriminalité sont des enjeux majeurs pour garantir un développement sûr et durable de l’internet.
Promouvoir l’e-gouvernement pour développer les services administratifs en ligne afin de simplifier les procédures et améliorer l’efficacité de l’administration.
L’accès à une électricité stable et fiable est essentiel au bon fonctionnement des équipements informatiques.
Un cadre réglementaire clair et approprié est nécessaire pour encourager les investissements et promouvoir la concurrence.
Digitalisation : Une évolution aux multiples enjeux
Annoncée par les autorités en juin 2024, la digitalisation de l’administration constitue un vaste chantier destiné à moderniser l’administration publique et à offrir aux citoyens des services plus accessibles et plus efficaces. Enclenché depuis quelques années, ce processus de transformation numérique vient de se doter d’une Politique nationale et de son Plan d’action « Mali 2029 ». Occasion de faire le point sur les avancées et les défis à relever.
Le 19 juillet 2024, le Programme de digitalisation des moyens de paiement et des services publics a été lancé. Déployé à Bamako pour sa phase pilote, il devrait progressivement s’étendre à toutes les régions et aux représentations diplomatiques. Le programme inclura tous les services de manière progressive. Cette digitalisation vise à améliorer la transparence des processus administratifs et à renforcer la confiance des citoyens. Destinée à lutter contre la fraude et la falsification des documents administratifs, l’initiative doit permettre une amélioration de l’accessibilité des services publics. En outre, la digitalisation doit améliorer la performance de l’administration et permettre à l’État de réaliser des économies d’échelle grâce à la mise en place d’une administration électronique.
L’élaboration de la nouvelle Politique nationale de développement de l’économie numérique s’inscrit dans la continuité de « Mali numérique 2020 », dont l’évaluation a révélé certaines limites. En effet, le taux d’exécution global était de 27,30%, soit 18 actions menées à terme sur les 66 programmées, avec un taux de mobilisation des ressources de 24,24%, soit 54,5 milliards de francs CFA sur les 224,792 prévus. La nouvelle politique vise donc à insuffler une dynamique renouvelée pour répondre aux défis actuels à travers la digitalisation, afin d’assurer transparence, efficience et célérité de l’action publique.
Dès le 22 juillet 2024, le coup d’envoi du paiement digital pour les services de l’état-civil a été donné. Au Mali, l’enregistrement des naissances a connu des progrès significatifs, mais des disparités persistent, nécessitant la poursuite des efforts pour relever les défis. Depuis 2022, les initiatives du gouvernement pour numériser l’enregistrement des naissances sont accompagnées par l’UNICEF. Ce processus s’est concrétisé par la mise en place d’une plateforme regroupant les principaux évènements de l’état-civil (naissance, mariage, décès). La plateforme constitue une première entièrement dédiée répondant aux besoins des usagers, aux normes internationales et au cadre légal. Le système pilote mis en place dans 10 zones regroupe les centres d’état-civil, les structures de santé et les tribunaux. La mise en œuvre effective de cette étape permettra d’accélérer les efforts vers l’enregistrement universel, notent les acteurs.
Le 16 janvier 2025, le Système Intégré de Gestion des Dossiers Judiciaires (SIG-DJ) a été lancé par le ministre en charge de la Justice et celui en charge de l’Économie Numérique. Le SIG-DJ, conçu par l’Agence des Technologies de l’Information et de la Communication (AGETIC), est un outil innovant. Il constitue une étape importante dans la modernisation des services publics pour mieux servir les usagers. La phase pilote de déploiement de cet outil, qui s’étendra sur deux ans, doit aboutir à la délivrance en ligne de documents comme les extraits de casiers judiciaires ou les certificats de nationalité et permettre une gestion optimisée des dossiers judiciaires. Ces services permettront d’alléger les démarches administratives et de renforcer l’accessibilité aux services de la justice, en particulier pour les populations des zones éloignées.
Actuellement, le Mali compte plus de 500 structures interconnectées, avec notamment des applications collaboratives, de visioconférence, de courrier, d’archivage, de e-conseil et de e-cabinet, ainsi que plus de 3 000 km de fibre optique aux niveaux central et déconcentré.
Dans le cadre de la gestion et de la promotion du nom de domaine du Mali (.ml), le département en charge de l’Économie numérique a procédé à l’enregistrement ou au renouvellement de 10 555 noms de domaine, ainsi qu’à la mise en place d’une plateforme d’enregistrement, de renouvellement et de paiement des noms de domaine en ligne.
Perspectives prometteuses
Au début de l’année 2024, le nombre d’utilisateurs d’Internet a été évalué à 7,8 millions de personnes, avec un taux de pénétration d’Internet de 33,1%. Ainsi, malgré des perspectives prometteuses pour le secteur, les investissements dans les infrastructures restent nécessaires pour améliorer la qualité et la couverture des services. Ces investissements doivent également stimuler la croissance économique en facilitant l’accès aux services numériques, à travers une couverture universelle qui est encore un objectif lointain.
Pour 2025, le département de l’Économie numérique annonce plusieurs chantiers. Parmi eux, le renforcement du cadre juridique et règlementaire de la certification et de la signature électronique, l’adoption, la vulgarisation et la mise en œuvre du document de Politique nationale de développement de l’économie numérique, ainsi que l’acquisition de la plateforme de signature électronique. L’adoption de la stratégie nationale de cybersécurité est également envisagée.
La modernisation de l’administration devrait se poursuivre avec l’extension de l’Intranet de l’administration à 15 nouvelles régions administratives. Le développement d’applications et d’interfaces d’accès aux informations sur l’état-civil, la déclaration et le paiement des impôts et la plateforme d’alphabétisation sont également prévues en 2025. La construction d’un centre de données (Data Center tiers 3) et le déploiement de la fibre optique (618 km) entre Niono et Tombouctou et (250 km) entre Gao et Labbezanga sont également à l’ordre du jour.
Combler le gap
La digitalisation a enregistré des acquis, notamment un soutien aux infrastructures et l’existence de plateformes de paiement mobile des services publics, constituant une dynamique d’intégration positive du numérique, estime Mohamed Doumbia, membre du regroupement « Immersia », qui œuvre dans le domaine de l’Intelligence Artificielle (IA).
Cependant, le secteur reste à développer et doit promouvoir le « contenu local ». Il est important de développer les compétences au niveau local afin de répondre aux besoins. Cela signifie que même si le secteur du numérique offre des possibilités importantes, il a également besoin de ressources humaines de qualité pour assurer sa promotion. Ce développement doit s’appuyer sur des infrastructures de pointe répondant aux normes internationales. Pour asseoir une économie numérique, le financement de la recherche et de l’innovation est indispensable, mais cela demeure un défi majeur.
Le Mali accuse un retard dans ce domaine et pour combler le gap il est nécessaire d’encourager l’investissement à travers un partenariat public-privé, suggère M. Doumbia. Cela pourra permettre d’attirer des capitaux. Étant donné qu’il s’agit d’investissements à risque, il est crucial que l’État offre des garanties au secteur privé pour s’impliquer, d’où l’importance du partenariat. Il faut aussi profiter du boom de l’IA pour réaliser un bond qualitatif. Les retards dans certains domaines comme l’éducation ou la santé peuvent être corrigés grâce au numérique. En termes de recherche et de développement, au-delà de reprendre ce qui a déjà été développé ailleurs, il faut « tropicaliser » les recherches et les adapter à notre contexte grâce à des solutions locales. Pour relever ce défi, les chercheurs doivent collaborer, car cette collaboration est cruciale. « Il y a une révolution qui est en marche et le Mali ne doit pas rester en marge », conclut M. Doumbia.
Fatoumata Maguiraga
Lancement des passeports de l’AES : opportunités et défis pour la Confédération des États du Sahel
Dans un communiqué rendu public, ce jeudi 23 janvier 2025, le Président de la Confédération des États du Sahel (AES), le Général d’Armée Assimi Goïta, a annoncé la mise en circulation des passeports de l’AES à compter du 29 janvier 2025. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la feuille de route de l’AES visant à renforcer l’intégration régionale et à faciliter la libre circulation des citoyens des États membres.
Rokia Traoré libérée en Belgique : fin d’une bataille juridique transfrontalière
Élimination des clubs maliens en compétitions africaines : une remise en question nécessaire
Les 18 et 19 janvier 2025 ont marqué la fin de l’aventure africaine pour les deux principaux clubs maliens engagés dans les compétitions continentales. Le Djoliba AC et le Stade Malien de Bamako ont été éliminés respectivement de la Ligue des Champions de la CAF et de la Coupe de la Confédération, suite à des performances décevantes lors de la 6ᵉ et dernière journée de la phase de groupes.
Biennale artistique et culturelle : Tombouctou célèbre l’Année de la Culture 2025
Lors de sa session ordinaire du 17 janvier 2025, le Conseil des Ministres a adopté un projet de décret visant à institutionnaliser la Biennale artistique et culturelle, activité emblématique née en 1970. Cet événement s’inscrit dans le cadre de l’Année de la Culture, proclamée par le Président de la Transition, le Général Assimi Goïta, lors de son discours à la nation du 31 décembre 2024.
Discours religieux : Quand les mots attisent la discorde et menacent la paix sociale
Depuis plusieurs années, le Mali, pays historiquement connu pour sa tolérance interreligieuse, est confronté à une recrudescence de discours religieux polémiques. Ces prêches, souvent amplifiés par les réseaux sociaux, exaspèrent les tensions et fragilisent la cohésion sociale.
Des figures influentes telles que Mahi Ouattara, Abdoulaye Koïta ou le Révérend Michel Samaké ont récemment été convoquées par les juridictions, accusées d’incitation à la haine ou d’avoir tenu des propos offensants envers certaines confessions. Ces affaires reflètent les défis auxquels fait face le pays pour préserver l’harmonie entre ses différentes communautés religieuses.
Selon un document de l’ambassade des États-Unis au Mali publié en 2021, avec une population de plus de 22 millions d’habitants composée à 95% de Musulmans, majoritairement sunnites de rite malékite, et à 5% de Chrétiens (deux tiers catholiques, un tiers protestants), le Mali a toujours misé sur le dialogue interreligieux pour maintenir son unité. Cependant, les récentes dynamiques sociales et politiques, combinées à une utilisation intense des technologies numériques, amplifient les fractures et exacerbent les tensions.
Pourtant, le pays dispose d’un cadre légal robuste pour assurer la coexistence des confessions. La Constitution de 2023 consacre la laïcité de l’État tout en respectant les croyances religieuses. L’article 32 précise que la laïcité « ne s’oppose pas à la religion et aux croyances », mais vise à promouvoir le vivre-ensemble. En parallèle, l’article 1er interdit toute discrimination religieuse, tandis que l’article 14 garantit la liberté de pensée, de conscience et de culte.
Le Code pénal renforce ces principes à travers des dispositions spécifiques. L’article 242-1 punit tout propos ou acte portant atteinte à la liberté de conscience ou incitant à une discrimination religieuse d’un emprisonnement de sept ans et d’une interdiction de séjour de dix ans. L’article 255-1, quant à lui, condamne l’apologie du terrorisme, particulièrement lorsqu’elle attise les tensions interconfessionnelles.
Des références internationales pour renforcer la tolérance
Le Mali est également signataire de plusieurs conventions internationales protégeant la liberté religieuse. Parmi celles-ci figurent entre autres la Déclaration universelle des droits de l’Homme (1948), qui consacre la liberté de pensée, de conscience et de religion (article 18), le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (1966), qui réaffirme ce droit en insistant sur la liberté de manifester sa religion individuellement ou collectivement, la Déclaration sur l’élimination de toutes les formes d’intolérance et de discrimination fondées sur la religion (1981) et la Convention relative aux droits de l’enfant (1989), dont l’article 14 garantit aux enfants la liberté religieuse tout en respectant le rôle des parents.
Ces instruments renforcent les engagements du Mali en faveur d’un climat de tolérance et d’égalité entre toutes les confessions.
Les médersas : un pilier éducatif sous pression
Les médersas, ou écoles coraniques, jouent un rôle central dans l’éducation religieuse au Mali. Elles représentent environ 16% des établissements scolaires, avec plus de 3 000 écoles accueillant environ 400 000 élèves. Ces institutions, bien qu’essentielles pour la transmission des valeurs islamiques, font face à des défis importants. Dans certaines régions, le manque de supervision permet la propagation de discours radicaux ou l’enseignement d’idéologies extrémistes.
Pour y remédier, le ministère des Affaires religieuses a lancé des initiatives visant à mieux encadrer ces écoles. Des formations pour les maîtres coraniques axées sur la tolérance et la coexistence pacifique ont été mises en place. De plus, des modules éducatifs sur la paix et le respect des diversités ont été introduits dans certains programmes scolaires. Ces efforts cherchent à renforcer le rôle positif des médersas dans la société.
Les conséquences de la radicalisation sur les communautés
Entre 2021 et 2024, les activités des groupes armés dans les régions du nord et du centre ont eu des conséquences dramatiques sur l’éducation. Selon le rapport du Cluster Éducation Mali publié fin 2024, l’insécurité persistante a entraîné la fermeture de 1 792 écoles, affectant environ 537 600 élèves et 10 752 enseignants. Cette crise éducative est alimentée par des discours religieux polémiques qui, en déshumanisant ou en diabolisant « l’autre », justifient le recours à la violence contre des groupes perçus comme des menaces. Le rapport « La Fabrique de l’islamisme » et les travaux d’Open Edition Books confirment que ce type de rhétorique, combiné aux tensions sociales et politiques, facilite la montée de l’extrémisme violent. Cette dynamique offre aux groupes radicaux un terreau fertile pour recruter des partisans, exacerbant davantage les tensions et l’instabilité dans le pays.
Selon le Rapport 2021 de l’Aide à l’Église en Détresse (AED), la liberté religieuse est menacée dans un pays sur trois, avec des violations notoires dans 62 pays parmi les 196 étudiés. Le Mali fait partie de ces nations où la liberté religieuse est compromise, principalement en raison de l’expansion du terrorisme et des tensions intercommunautaires. Cette situation illustre les défis auxquels le pays est confronté pour garantir la coexistence pacifique entre les différentes communautés religieuses
Des lieux de culte chrétiens, bien que minoritaires, ont également été pris pour cible. De plus, plusieurs attaques et enlèvements de religieux, Musulmans et Chrétiens, ont été signalés, alimentant un climat de peur et de méfiance entre les communautés. Ces tensions soulignent l’impact direct des discours polarisants sur la cohésion sociale.
Discours de haine en ligne : une menace amplifiée par le numérique
Avec 7,82 millions d’internautes en 2024, soit un taux de pénétration de 33,1%, et 2,15 millions d’utilisateurs de réseaux sociaux, selon DaraReportal, le Mali fait face à une utilisation grandissante des technologies numériques. Cependant, ces plateformes deviennent également des espaces privilégiés pour la diffusion de discours clivants et haineux. Les algorithmes des réseaux sociaux favorisent souvent les contenus polémiques, créant des « chambres d’écho » qui renforcent les croyances extrémistes.
Par ailleurs, le Pôle national de lutte contre la cybercriminalité s’efforce de réguler ces discours en ligne, mais il manque de moyens techniques et financiers. De plus, des campagnes de sensibilisation, souvent menées par des ONG locales, visent à éduquer les utilisateurs sur les dangers des contenus extrémistes et à promouvoir un usage responsable des plateformes numériques.
Des exemples régionaux pour inspirer le Mali
Certains pays africains offrent des modèles réussis pour encadrer les discours religieux. Au Maroc, le Haut Conseil des Oulémas supervise les prêches et veille à ce qu’ils respectent les principes d’un Islam modéré. Depuis 2005, plus de 12 000 Imams y ont été formés pour diffuser des messages de tolérance. Le Sénégal, quant à lui, dispose du Conseil National des Imams et Oulémas, qui joue un rôle similaire en encourageant des sermons prônant la paix et la coexistence pacifique. À l’international, l’ambassade des États-Unis au Mali soutient des initiatives de dialogue interreligieux et des formations en médiation ayant bénéficié à plus de 500 participants en 2021 pour renforcer la cohésion sociale et contrer l’extrémisme violent. Ces exemples montrent qu’un encadrement institutionnel rigoureux peut prévenir la radicalisation et renforcer la cohésion sociale.
Les initiatives nationales pour promouvoir la paix
Pour contrer les discours haineux et prévenir l’extrémisme, le gouvernement a mis en place plusieurs initiatives. Le Plan d’action national pour la prévention de l’extrémisme violent (2021 – 2025) constitue une réponse stratégique aux causes profondes de la radicalisation. Ce plan s’appuie sur l’éducation, le dialogue interreligieux et le renforcement des institutions locales. Malgré l’énorme travail abattu, cette initiative fait face à plusieurs limites objectives. Le Plan d’action national pour la prévention de l’extrémisme violent au Mali présente plusieurs failles, notamment une coordination insuffisante entre les acteurs impliqués, des ressources financières et humaines limitées et un contexte sécuritaire instable marqué par des violences persistantes. De plus, bien que l’engagement communautaire soit essentiel, la mobilisation effective des populations locales reste un défi. Ces facteurs limitent l’efficacité et la portée du plan dans la lutte contre l’extrémisme violent.
Parallèlement à cette initiative, le Projet Alternatif Redevable pour Lutter contre l’Extrémisme Radical (PARLER), lancé en 2022, forme les leaders religieux à diffuser des prêches modérés. De plus, le Cadre de concertation interreligieux, actif depuis 2021, organise des forums pour désamorcer les tensions et encourager la compréhension mutuelle entre les confessions.
Le Mali dispose d’un cadre juridique solide et de nombreuses initiatives pour faire face aux défis posés par les discours religieux polémiques. Cependant, leur mise en œuvre nécessite une meilleure coordination entre l’État, les institutions religieuses et la société civile. En s’inspirant de modèles régionaux et en mobilisant tous les acteurs, le pays peut renforcer sa résilience et préserver son identité de nation tolérante et inclusive.
Massiré Diop
Consommation de charbon de bois : un défi environnemental majeur
La consommation de bois et de charbon de bois dans le pays atteint des niveaux alarmants, entraînant une déforestation accélérée. Selon le rapport « Politique Forestière Nationale » de 2017, chaque année, environ 500 000 hectares de forêts disparaissent en raison des activités humaines, dont 400 000 hectares liés à l’exploitation du bois et aux feux de brousse.
Cette situation est exacerbée par la forte dépendance de la population au bois énergie, qui représente plus de 75 % du bilan énergétique national. Environ 80 % des Maliens utilisent le bois ou le charbon de bois pour leurs besoins énergétiques domestiques, ce qui exerce une pression considérable sur les ressources forestières.
Le prix du sac de charbon de bois, oscillant entre 6 000 et 7 500 FCFA, reflète les difficultés d’approvisionnement liées à l’insécurité et à la raréfaction des ressources forestières. Cette hausse des prix impacte directement le pouvoir d’achat des ménages et encourage parfois des pratiques illégales de coupe de bois.
Face à cette crise environnementale, des solutions alternatives sont proposées. L’adoption de briquettes combustibles, issues de résidus agricoles, constitue une option viable pour réduire la dépendance au bois énergie. Le développement du biogaz, notamment à partir des déchets organiques, offre également une source d’énergie renouvelable et moins polluante. Par ailleurs, des programmes de reboisement massif sont essentiels pour restaurer les écosystèmes dégradés et assurer la durabilité des ressources forestières.
Sans une transition vers des sources d’énergie plus durables et une gestion responsable des forêts, le Mali risque de faire face à une catastrophe écologique aux conséquences socio-économiques graves. Il est impératif d’adopter des politiques énergétiques et environnementales ambitieuses pour inverser cette tendance et protéger les moyens de subsistance des populations rurales.
L’harmattan au Sahel : entre défis climatiques et impacts socio-économiques
Depuis plusieurs semaines, le Sahel, particulièrement le Mali, traverse une période marquée par un harmattan d’une intensité remarquable. Ce vent sec et poussiéreux, caractéristique de la saison, souffle du Sahara vers l’Atlantique, modifiant le quotidien des habitants. Si ce phénomène naturel qui survient entre novembre et mars, est une composante récurrente du climat régional, il suscite cette année des préoccupations accrues en raison de ses répercussions sanitaires, économiques et environnementales.
Au Centre Hospitalier Universitaire Gabriel Touré de Bamako, le professeur Mohamed Keïta, chef du service ORL, note une hausse importante des consultations pour infections des voies respiratoires supérieures. Il explique que ces pathologies sont souvent liées à l’air sec et chargé de particules fines : « L’harmattan crée des conditions favorables à la prolifération des infections respiratoires, affectant principalement les enfants et les personnes âgées. » Cette période met également à rude épreuve les infrastructures médicales déjà sous pression, notamment dans les régions rurales où l’accès aux soins reste limité.
Sur le plan économique, l’harmattan est à double tranchant. Selon un rapport de Mali Actu, cette saison est favorable au maraîchage grâce à un climat propice à la culture des légumes, mais les défis logistiques, notamment le coût élevé de l’irrigation et de l’énergie, freinent les bénéfices pour les agriculteurs. Par ailleurs, le transport aérien est régulièrement perturbé par une visibilité réduite, entraînant des retards dans les vols commerciaux.
D’un point de vue environnemental, la poussière soulevée par l’harmattan est exacerbée par la dégradation des sols due à la désertification et aux pratiques agricoles intensives. Les spécialistes rappellent l’importance de la reforestation et de la gestion durable des ressources naturelles pour limiter l’érosion.
Pour répondre à ces défis, des recommandations préventives sont formulées. Les autorités sanitaires insistent sur l’importance du port de masques pour réduire l’exposition à la poussière, d’une hydratation suffisante et de la vaccination contre les maladies comme la méningite, particulièrement active pendant cette saison. Les experts encouragent également des investissements dans les systèmes d’irrigation durables pour soutenir les agriculteurs et renforcer les capacités des centres de santé.
L’harmattan, bien qu’ancré dans la vie sahélienne, devient un indicateur des pressions exercées par les changements climatiques et les pratiques humaines sur l’environnement. La mobilisation collective pour atténuer ses impacts apparaît comme une priorité, tant pour protéger les populations que pour garantir la résilience économique et écologique de la région.
Transport aérien : Les Journées de l’Aviation de la Confédération des États du Sahel s’ouvrent à Bamako
Bamako accueille depuis ce jeudi 16 janvier 2025 la deuxième édition des Journées de l’Aviation de la Confédération des États du Sahel (AES). La cérémonie d’ouverture a été présidée par Madame le Ministre des Transports et des Infrastructures du Mali, en compagnie de ses homologues des Transports du Niger et du Burkina Faso. Cette rencontre, qui prendra fin demain vendredi 17 janvier, réunit experts et décideurs pour discuter des défis et opportunités du transport aérien dans l’espace confédéral.
Persistance de la crise sécuritaire : 7 000 violences de genre signalées en trois mois
Le rapport GBVIMS (Système de Gestion de l’Information sur la Violence Basée sur le Genre) du troisième trimestre 2024, publié par l’UNFPA, dresse un état des lieux préoccupant sur les violences basées sur le genre et les défis humanitaires au Mali. Ce document, couvrant la période de juillet à septembre 2024, révèle que 7 000 incidents de violences de genre ont été signalés en seulement trois mois, une situation aggravée par les déplacements forcés et les catastrophes naturelles.
Retrait du Mali : la CEDEAO propose un dialogue avant l’échéance du 29 janvier 2025
À l’approche du retrait officiel du Mali de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), prévu pour le 29 janvier 2025, l’organisation régionale a adressé, le 13 janvier, une invitation aux autorités maliennes pour des discussions techniques. Cette initiative vise à encadrer une séparation ordonnée et à limiter les impacts économiques et politiques.
Conflit entre Barrick Gold et les autorités : Saisie de trois tonnes d’or et suspension des opérations
Barrick Gold Corporation a annoncé, le 14 janvier 2025, la suspension temporaire de ses activités au complexe minier de Loulo-Gounkoto, situé dans l’ouest du Mali. Cette décision fait suite à la saisie par le gouvernement malien d’environ trois tonnes d’or, évaluées à près de 245 millions de dollars, appartenant à l’entreprise canadienne.
Défaites des clubs maliens en compétitions africaines : une 5ᵉ journée difficile
Le dimanche 12 janvier 2025, les clubs maliens engagés dans les compétitions africaines ont connu des revers significatifs lors de la 5ᵉ journée de la phase de groupes. Ces résultats compliquent leurs ambitions sur la scène continentale.
Insécurité au Sahel : L’enlèvement d’Eva Gretzmacher relance les inquiétudes sur le sort des ressortissants occidentaux
Les faits sont survenus, le samedi 11 janvier 2025, aux environs de 19 heures. Eva Gretzmacher, une ressortissante autrichienne de 73 ans résidant à Agadez, au Niger, a été enlevée par des hommes armés. Selon des informations locales, les ravisseurs ont contraint son gardien, Salissou, à ouvrir la porte sous la menace d’une arme, avant de pénétrer dans la maison et de l’emmener de force dans un véhicule de type V6.
États généraux de la culture : Un initiative destinée à forger le « Mali Kura »
Le Premier ministre, le Général de Division Abdoulaye Maïga, a lancé, le jeudi 9 janvier 2025, les États généraux des secteurs de la culture, du tourisme et de l’artisanat. Cet événement, qui se déroule jusqu’au samedi 11 janvier à Bamako, s’inscrit dans le cadre de la décision du Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goïta, de consacrer l’année 2025 à la culture.
Bénin: Plus d’une vingtaine de soldats tués lors d’une attaque
Une attaque meurtrière a frappé, le 8 janvier 2025, le nord du Bénin, dans la zone dite du « Point Triple », à la frontière entre le Bénin, le Burkina Faso et le Niger. Cette offensive, attribuée à des individus armés non identifiés, a coûté la vie à au moins 28 soldats béninois.
La fintech doit embrasser l’inclusion universelle
Ces dernières années, le monde a réalisé des progrès remarquables en matière d’inclusion financière. Au cours de la décennie qui a débuté en 2011, la proportion d’adultes ayant accès à des services financiers a augmenté de 50 %, pour atteindre plus de trois quarts. Mais nous avons encore un long chemin à parcourir pour créer un système financier véritablement inclusif. Au-delà de l’élargissement de l’accès aux produits et services financiers, nous devons veiller à ce que ces produits et services conviennent à tous, y compris aux 1,2 milliard de personnes handicapées dans le monde.
La première génération de technologies financières a perturbé les services bancaires traditionnels en facilitant l’accès des personnes sous-bancarisées (pensez à l’argent mobile et aux micro-prêts). La prochaine vague d’innovation doit aller plus loin, et adopter l' »inclusion universelle » comme principe de conception de base. L’inclusion universelle traduit l’idée que chacun mérite d’avoir accès à des outils financiers qui répondent réellement à ses besoins et améliorent son bien-être.
Nous avons déjà des exemples de ce à quoi cela pourrait ressembler. Prenons l’exemple de la technologie « tap-to-phone », qui permet aux commerçants d’accepter des paiements à l’aide de leur smartphone, sans avoir besoin d’un terminal de paiement. Cette fonctionnalité présente des avantages évidents pour tous les acheteurs et vendeurs, qu’il s’agisse de commodité ou de sécurité. Mais elle permet également aux personnes aveugles ou malvoyantes, qui pourraient avoir du mal à compter l’argent liquide, de participer plus pleinement à l’économie numérique. Les personnes dont la mobilité est affectée, par des maladies comme l’arthrite, la sclérose en plaques, la maladie de Parkinson et l’infirmité motrice cérébrale, peuvent également avoir recours à la technologie « tap-to-phone ».
Il en va de même pour les paiements à commande vocale : ils sont pratiques pour tous, mais essentiels pour les personnes souffrant de déficiences visuelles, d’une mobilité limitée ou de problèmes d’alphabétisation. Il s’agit là d’une conception universellement inclusive optimale – si pratique que tout le monde, handicapé ou non, l’utilise. En fait, l’adoption généralisée de ces technologies les rend encore plus faciles à utiliser pour les personnes handicapées. Étant donné que 62 % des handicaps sont invisibles, il peut être très difficile de demander des aménagements. Mais personne ne sourcillera devant un outil « accessible » s’il l’utilise déjà.
Malgré quelques succès, l’approche dominante du développement des produits financiers ne met pas suffisamment l’accent sur l’inclusivité. Il s’agit non seulement d’un échec moral, mais aussi d’une opportunité économique manquée. Les personnes handicapées, ainsi que leurs amis et leur famille, représentent un revenu disponible colossal de 13 000 milliards de dollars. Avec l’allongement de l’espérance de vie, le nombre de personnes handicapées – et leur pouvoir d’achat – est appelé à augmenter.
Au-delà des bénéfices directs liés à l’exploitation de ce vaste marché mal desservi, les sociétés de services financiers qui s’engagent dans la voie de l’inclusion universelle deviendraient plus attrayantes pour d’autres clients, en particulier les jeunes générations. Une étude de 2018 a montré que 91 % des millennials (nés entre 1980 et 1994) remplaceraient un produit qu’ils achètent habituellement par une alternative provenant d’une entreprise « à mission ». La génération Z (née entre le milieu des années 1990 et le début des années 2010) est également très encline à s’intéresser aux marques qui mettent l’accent sur les valeurs sociales.
Pour tirer le meilleur parti de l’inclusion universelle, les institutions financières devraient adopter un nouveau cadre d’innovation reposant sur trois piliers. Le premier est une approche de conception universellement inclusive, dans laquelle les considérations d’accessibilité façonnent les solutions dès le départ. Il s’agirait d’un changement important par rapport à l’approche actuelle fondée sur la conformité, dans laquelle les ajustements sont souvent effectués après coup pour répondre aux normes minimales d’accessibilité. Son succès dépendrait en grande partie de la participation des personnes handicapées à toutes les phases du processus de conception.
Le deuxième pilier d’un nouveau cadre pour les fintechs est constitué par les données. Il est important de mesurer nos progrès en matière d’inclusion financière globale, mais il est tout aussi important de collecter des données détaillées qui différencient les groupes ou les segments. Ces données devraient aller au-delà de l’accès, pour couvrir la qualité des services et les changements dans le bien-être financier qui résultent des produits de l’industrie.
Enfin, il est essentiel d’établir des normes claires en matière de responsabilité et d’information. Les cadres réglementaires doivent prévoir des mesures qui incitent les institutions de services financiers à divulguer leurs progrès en matière d’inclusion universelle, en faisant de ces résultats un élément fondamental de leurs rapports, au même titre que les indicateurs financiers traditionnels.
Les avantages de l’inclusion universelle vont au-delà du profit. L’économie devient plus résiliente et plus dynamique lorsque tous les individus peuvent y participer pleinement. Les efforts déployés pour répondre aux besoins d’un groupe mal desservi peuvent déboucher sur des innovations qui profitent à tous – un phénomène connu sous le nom d' »effet de trottoir », en référence aux rampes d’accès aux trottoirs conçues pour les utilisateurs de fauteuils roulants, mais qui ont amélioré la vie de nombreuses autres personnes, qu’il s’agisse de parents avec des poussettes ou de travailleurs de la livraison.
Plutôt que de considérer l’accessibilité comme un obstacle à surmonter, nous devons reconnaître son potentiel en tant que catalyseur de l’innovation et de la croissance. L’inclusion universelle dans les services financiers n’est pas seulement une question de bien faire, c’est aussi une question de bien faire des affaires.
Carl Manlan est vice-président de l’impact inclusif et de la durabilité chez Visa CEMEA. Adanna Chukwuma, Aspen First Mover Fellow, est directeur principal de la mesure de l’impact mondial chez Visa.
Project Syndicate, 2025.
www.project-syndicate.org
Inondations et pollution : La crainte d’une crise environnementale majeure en 2025
Le Mali fait face à deux crises environnementales majeures : des inondations historiques qui continuent de dévaster des régions entières malgré la fin de l’hivernage et une pollution atmosphérique croissante, à Bamako notamment. Ces phénomènes, aggravés par les pratiques humaines et le manque d’application des politiques environnementales, posent des défis colossaux pour l’avenir.
Depuis juillet 2024, des inondations d’une ampleur exceptionnelle ravagent le pays, causant des dégâts considérables. Près de 259 795 personnes ont été touchées, avec un bilan d’une centaine de décès et 148 blessés. Les régions de Ségou, Gao et Tombouctou sont parmi les plus durement affectées. À Gao, plus de 1 990 maisons se sont effondrées sous l’effet de précipitations intenses. Malgré la fin de l’hivernage en octobre 2024, les niveaux d’eau restent critiques, détruisant des infrastructures et exposant les populations à des déplacements et risques sanitaires tels que le choléra et le paludisme.
Parallèlement, la capitale, Bamako, est confrontée à une pollution atmosphérique alarmante. Selon l’Indice de Qualité de l’Air (IQA), les concentrations de particules fines dépassent largement les normes recommandées par l’OMS, classant l’air de la ville comme « nocif ». Le Pr Yacouba Toloba, pneumologue, a alerté sur l’augmentation des maladies respiratoires et cardiovasculaires. En 2024, 83 décès liés aux maladies respiratoires, dont une part significative attribuable à la mauvaise qualité de l’air, ont été dénombrés. La même étude a également indiqué que plus de 260 000 personnes fréquentent les hôpitaux chaque année pour bénéficier de soins contre les pathologies respiratoires.
La Pr Fatoumata Maïga, spécialiste des questions environnementales, attribue cette pollution à plusieurs facteurs : les véhicules de seconde main, souvent mal entretenus, les activités industrielles et artisanales, ainsi que les pratiques agricoles et minières. Des pratiques qui libèrent des fumées toxiques et des particules de poussière dans l’atmosphère. Même l’élevage intensif contribue à ce problème par le dégagement de gaz issus des mélanges de bouses et d’urines.
Pour réduire cette crise, elle recommande de restreindre l’importation de véhicules trop âgés, de diminuer l’utilisation de moteurs diesel et de réguler strictement les activités industrielles. Cependant, elle souligne que l’application des politiques publiques reste un défi majeur, malgré l’existence de textes. Une situation qu’elle attribue à des pratiques sociales néfastes, comme le favoritisme et l’impunité.
Ainsi, l’année 2025 s’annonce déterminante pour le pays, où des actions concrètes et une sensibilisation accrue sont nécessaires pour faire face à des crises environnementales aux conséquences imprévisibles.