Yaya Sangaré : « Organiser la présidentielle est un impératif »

Alors que les autorités n’ont toujours pas annoncé de nouvelle date pour la présidentielle, les partis politiques s’impatientent. Yaya Sangaré, Secrétaire général de l’ADEMA, répond à nos questions.

De récentes déclarations des autorités de la Transition, notamment le Premier ministre et le ministre de la Refondation, font planer le doute sur la tenue de la présidentielle en 2024. Cela vous inquiète-t-il ?

L’engagement pris par les autorités de la Transition pour fixer la date au 24 février  est souverain. Un engagement pris non seulement en accord avec les acteurs politiques, mais également avec la CEDEAO et la communauté internationale. Un moment donné, pour des raisons techniques avancées par le ministre en charge, un léger report est intervenu. Ces déclarations nouvelles, qui pourrissent l’atmosphère, doivent être analysées avec beaucoup de lucidité. Il faut comprendre que l’organisation de la présidentielle est un impératif pour deux raisons. La première est que les autorités se sont engagées à un retour à l’ordre constitutionnel qui n’est possible que si nous organisons des élections. Cela nous permettra de renouer avec le reste du monde et de freiner les conséquences d’un isolement diplomatique qu’on ne veut pas nommer. Le deuxième impératif est l’engagement. La parole donnée doit être respectée. Si l’on ne devait pas aller aux élections en 2024, cela devrait faire l’objet d’un consensus avec la classe politique et les autres acteurs impliqués. Le gouvernement fixe les dates, mais les élections concernent d’abord la classe politique et ceux qui veulent être candidats. Il ne s’agit pas de nous imposer quoi que ce soit, il s’agit de respecter la parole donnée, de respecter le pays en tant qu’État souverain et de s’engager pour un retour à l’ordre constitutionnel.

Les autorités ont-elles compris cet impératif ? 

Lorsque l’on suit certaines déclarations et que l’on analyse le fait qu’aucun cadre n’est mis en place, nous n’avons aucun élément d’appréciation sur la bonne volonté des autorités d’aller aux élections. Lorsque nous entendons des soutiens de la Transition assurer que les élections ne sont pas une priorité, nous avons peur. Nous nous disons que les uns et les autres reviendront à la raison pour comprendre que la meilleure chance que nous puissions donner au Mali est de faire en sorte que cette transition réussisse. Pour cela, il faut écouter les Maliens, de croire à leur maturité. Penser que le Président qui sera élu ne sera pas aussi patriote est une insulte aux Maliens.

Le SADI est actuellement assigné en justice pour dissolution. Est-ce un message envoyé aux formations politiques ?

C’est au niveau de la justice, difficile donc de se prononcer. Ce n’est pas un bon message, ni pour la liberté d’expression, ni pour les partis politiques. Nous nous sommes battus pour le pluralisme, nous nous sommes battus pour la démocratie, nous devons faire en sorte qu’aux questions politiques il y ait des réponses politiques. Nous ne pouvons accepter que des situations au sein des partis soient judiciarisées. Cela restreint les libertés et crée une épée de Damoclès. Ce n’est pas bon pour un pays qui traverse aujourd’hui une telle crise.

Dialogue inter-malien : quelles chances pour le nouveau processus de paix ?

Le Président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta, a annoncé dans son discours du Nouvel an 2024, le 31 décembre dernier, l’ouverture prochaine d’un dialogue direct inter-malien pour la paix et la réconciliation. Alors que certains acteurs y voient la fin de l’Accord d’Alger, ce nouveau dialogue a-t-il plus de chances de faire aboutir le processus de paix ?

« Nous sommes à une étape charnière de la marche de notre pays vers la paix, la sécurité et le développement. C’est pourquoi, capitalisant les avancées réalisées dans le cadre du processus de paix et tirant les enseignements des défis qui demeurent, j’ai pris l’option de privilégier l’appropriation nationale du processus de paix en donnant toutes ses chances au dialogue direct inter-malien pour la paix et la réconciliation nationale, afin d’éliminer les racines des conflits communautaires et intercommunautaires », a souligné le Président de la Transition dans son adresse à la Nation.

« Il s’agit en effet de créer les conditions pour que chaque Malienne et chaque Malien puisse s’épanouir dans un environnement marqué par la confiance retrouvée entre les communautés sous la protection de l’État », a poursuivi le Colonel Assimi Goïta. Depuis, pour préparer ce dialogue, des rencontres se tiennent à travers tout le territoire national entre les communautés, sous l’égide du ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation, alors que le Comité chargé de les piloter devrait déposer son rapport « au plus tard en février ».

Nouvelle opportunité

Avec la reprise de la belligérance entre l’État malien et les groupes armés du nord réunis au sein du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD) dans la reconquête de Kidal, l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger était à l’agonie, selon certains observateurs. Ainsi, à les en croire, l’idée d’un dialogue direct inter-malien que prône le Président de la Transition constitue une nouvelle opportunité dans le processus de paix.

Pour le géopolitologue et expert des groupes extrémistes au Sahel Dr. Alpha Alhadi Koina, le dialogue inter-malien offre une occasion de régler pacifiquement les différends et peut empêcher l’aggravation des conflits armés qui pourrait conduire à davantage de pertes humaines et de déplacements de populations.

« Ce dialogue est essentiel pour trouver des solutions durables à la crise en cours. Il offre la possibilité de prévenir l’escalade de la violence, de favoriser l’inclusion et la réconciliation, d’identifier les causes profondes du conflit et de renforcer la légitimité des décisions prises. En s’appuyant sur les bonnes pratiques de l’accord actuel, le dialogue peut contribuer à recouvrer la paix et la stabilité au Mali », confie-t-il.

Dr. Abdoul Sogodogo est du même avis. À en croire le Vice-Doyen de la Faculté des Sciences administratives et politiques (FSAP) de l’Université de Bamako, dans les conflits tels que celui que vit le Mali, une médiation internationale est essentielle pour initier le dialogue entre les parties et mettre fin aux hostilités, mais il est tout aussi crucial d’avoir une médiation nationale plus étendue, impliquant non seulement les groupes directement engagés dans le conflit, mais aussi les populations les plus touchées par celui-ci.

« Cette médiation nationale doit être à la fois large et concertée, traitant en profondeur les problématiques actuelles pour comprendre les racines du conflit afin de les traiter convenablement », estime-t-il.

Fin de l’Accord d’Alger ?

Si jusque-là l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger n’a officiellement été dénoncé par aucune des parties signataires, certains acteurs estiment que le dialogue inter-malien annoncé par le Président de la Transition est une manière d’y mettre fin. « Nous pensons que cette proposition est une façon de prononcer la caducité définitive de l’Accord et de mettre la médiation internationale à la porte », a récemment déclaré à un media étranger le porte-parole du CSP-PSD, Mohamed Elmaouloud Ramadane, qui a également signifié que le Cadre n’était pas prêt à prendre part à un processus de paix « qui ne sera qu’un simulacre ».

« Je pense qu’avec l’annonce du dialogue inter-malien, l’Accord d’Alger devient définitivement caduc, même s’il faudra bien sûr s’appuyer sur ses acquis dans le nouveau processus de paix qui va être amorcé », tranche pour sa part un analyste politique.

Youssoufou Niakaté : vitesse et percussion

L’attaquant de Bani Yas aux Émirats Arabes Unis, né le 16 décembre 1992 en France, a disputé 14 matchs toutes compétitions confondues cette saison (12 en championnat pour 5 buts et 2 passes décisives et 2 en Coupe de la Ligue sans marquer). Avant de déposer ses valises aux Émirats Arabes Unis, Youssoufou Niakaté est passé notamment par Al Ettifaq, Al Ittihad et Al Wehda, en Arabie Saoudite, l’USG en Belgique ou encore Boulogne, Créteil, Aubervilliers et l’US Lusitanos en France, où il a débuté sa carrière professionnelle. Il découvre la sélection nationale des Aigles du Mali en novembre 2023, lorsqu’il est convoqué pour la première fois lors des deux premières journées des éliminatoires de la Coupe du monde 2026 et dispute ses premières minutes sous les couleurs du Mali. « C’est un joueur qui prend de la profondeur. Il a un très bon jeu de tête et va très vite. C’est un joueur au même titre que les autres attaquants, qui joue collectif. Il va être capable de libérer des espaces pour le collectif et d’apporter d’autres solutions », se justifiait en novembre dernier le sélectionneur national Eric Sékou Chelle lors de sa première convocation. L’attaquant semble donner raison à son sélectionneur, puisqu’il a déjà ouvert son compteur avec le Mali en seulement 3 sélections, en inscrivant le premier but des Aigles lors de la victoire 6-2 en amical face à la Guinée-Bissau, le 6 janvier 2024.

Lassine Sinayoko : déjà prolifique

À l’instar de Mohamed Camara, Aliou Dieng ou encore Ismaël Diawara, Lassine Sinayoko figure pour la 2ème fois dans la liste des joueurs retenus pour la Coupe d’Afrique des Nations. Alors qu’il n’a joué que quelques minutes lors de l’édition 2021 au Cameroun, entrant en jeu lors du match de la 3ème journée de la phase de poules face à la Mauritanie, l’attaquant de 24 ans bénéficie de plus de temps de jeu en Côte d’Ivoire. Il a marqué 2 des 3 buts du Mali lors de cette CAN et s’illustre par son incessante activité sur le front de l’attaque. Absent lors des 5 premières journées des éliminatoires de la CAN 2023, Lassine Sinayoko a rejoint le nid des Aigles lors de la dernière journée de ces éliminatoires, face au Soudan du Sud. Il sera ensuite présent lors des matchs amicaux qui s’ensuivent contre la Côte d’Ivoire, contre l’Arabie Saoudite, où il signera sa première titularisation, et face à l’Ouganda, contre lequel il marquera son premier but en sélection le 13 octobre 2023. Il faisait également partie du groupe lors des deux premières journées des éliminatoires de la Coupe du monde 2026, face au Tchad et à la Centrafrique, mais avait débuté sur le banc. Il a marqué le sixième but des Aigles lors de l’écrasante victoire 6-2 face à la Guinée Bissau en amical le 6 janvier dernier. Né le 8 décembre 1999 à Bamako, Lassine Sinayoko évolue actuellement en Ligue 2 en France avec l’AJ Auxerre, où il est sous contrat jusqu’en 2025. Pour le compte de la saison en cours, il a disputé 19 matchs en championnat pour 4 buts et 2 passes décisives.

Mali – Tunisie : comme on se retrouve…

Mali – Tunisie est désormais un classique sur le continent. Les deux équipes se sont rencontrées plusieurs fois, notamment en 2022. La dramaturgie de ces matchs ne laisserait pas indifférents les meilleurs scénaristes. Acte 1, le 12 janvier 2022, les sélections s’affrontent à Limbé. Lors de ce premier match du groupe F de la CAN Cameroun, c’est le Mali qui ouvre le score sur penalty par Ibrahima Koné. Les Tunisiens ont l’occasion d’égaliser, également sur penalty, mais le gardien Bosso Mounkoro repousse la tentative de Whabi Khazri. À la 85ème minute, l’arbitre zambien Janny Sikwaze siffle la fin du match. Incompréhension générale, mais après des minutes de discussion les joueurs pénètrent de nouveau sur la pelouse pour terminer la rencontre. 89ème minute : cette fois-ci, alors que son assistant annonce du temps additionnel, l’arbitre siffle la fin du match, une nouvelle fois avant l’heure. Il confiera plus tard avoir souffert d’insolation. Les Tunisiens, fous de rage, refusent de revenir terminer la rencontre. L’acte 2 aura lieu quelques semaines plus tard, le 25 mars 2022. Alors que tout un peuple rêve d’une première qualification historique à la Coupe du monde, une passe en retrait mal assurée de Moussa Sissako vers son gardien se transforme en but contre son camp. Ce malheureux fait de jeu sera fatal aux Aigles, qui ne marqueront pas lors du match retour, quatre jours plus tard, à Tunis (0-0) et seront donc éliminés. Dans l’histoire de la CAN, la Tunisie et le Mali se sont rencontrés à trois reprises. En 1994, le Mali s’est imposé sur les terres tunisiennes en match d’ouverture 2-0. En 2019, match nul 1-1, avant la marquante confrontation de 2022. La Tunisie, qui a participé à 20 éditions de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), a décroché le titre en tant que pays hôte en 2004, après avoir battu le Maroc en finale. Sous la direction du sélectionneur Jalel Kadri, les Aigles de Carthage comptent dans leurs rangs des joueurs évoluant en France, dont Montassar Talbi en Ligue 1 avec Lorient et Yan Valéry et Ali Abdi en Ligue 2 avec Angers et Caen. Cependant, la pépite tunisienne de Manchester United Hannibal Mejbri récemment prêté au FC Seville a décliné la sélection en raison d’une « situation difficile en club ».

Sekou Koita : un retour au sommet après plusieurs blessures

L’autre joueur sur lequel devrait reposer l’attaque des Aigles est Sekou Koita. Longtemps blessé, l’enfant de Kita est revenu à la compétition en décembre, juste à temps pour être présent sur la liste d’Eric Sekou Chelle, qui espère que le joueur fera aussi bien qu’avec son club lors de la saison 2020-2021. Cette saison-là, il a inscrit 20 buts en 33 matchs avec le Red Bull Salzburg. Sekou Koita compte une vingtaine de sélections pour 4 buts inscrits. Sa dernière réalisation avec le Mali remonte au 9 juin 2022, lors d’une rencontre de qualification à la CAN face au Soudan du Sud. Son nom a été associé à plusieurs clubs durant l’intersaison, notamment en Ligue 1 francaise (Lens, Strasbourg). Le jeune joueur de 24 ans à la lourde frappe du pied gauche est aujourd’hui pleinement concentré sur son jeu et a l’esprit tourné vers la CAN. Koita a fait ses classes dans toutes les catégories de jeunes du Mali. En 2015, il a remporté la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) des moins de 17 ans, inscrivant deux buts lors du tournoi. Ses participations à la Coupe du Monde des moins de 17 ans en 2015 au Chili et au Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) en 2016 ont consolidé sa stature. Unique joueur malien à avoir disputé quatre finales avec l’équipe nationale, il a également brillé avec les U20 lors de la Coupe du Monde 2019 en Pologne

Adama « Noss » Traoré : le virtuose du milieu

N’eussent été les blessures à répétition, plusieurs observateurs lui prêtaient déjà la même importance avec les Aigles qu’un Seydou Keita. Rien que ça. Membre de la première promotion de l’Académie Jean-Marc Guillou, Adama Traoré « Noss » a toujours été présenté comme un prodige. À chacune de ces foulées sur un terrain de football, il le confirmait. Il fut le Meilleur joueur de la Coupe du monde U-20 en Nouvelle-Zélande, en 2015. La carrière de Noss est devenue par la suite très compliquée, plombée par de nombreuses blessures. Depuis ses débuts comme professionnel en 2014, Adama a joué dans huit clubs, principalement en France (Lille, Monaco, Metz) et en Belgique (Mouscron, Cercle de Brugge). Il a aussi effectué des piges au Portugal (Rio Ave) et en Turquie (Hatayspor). Mais depuis le 1er septembre 2022 et son transfert à Hull City, en deuxième division anglaise, il semble avoir trouvé la stabilité. Cette saison, il a disputé 20 des 26 matchs de son équipe, marquant 2 buts et délivrant 1 passe décisive. Depuis ses débuts avec les Aigles en 2015, Noss a inscrit 3 buts. Aujourd’hui âgé de 28 ans, il va participer à sa quatrième CAN.

Sikou Niakaté : le nouveau pilier de la défense ?

À 24 ans, le natif de Montreuil, en France, va vivre sa première CAN avec les Aigles du Mali. Ancien international français avec les U19, le défenseur central et latéral gauche franco-malien a honoré sa première sélection avec les Aigles le 8 septembre 2023, lors de la dernière journée des éliminatoires de la CAN 2023 face au Soudan du Sud, avant d’enchaîner en amical contre la Côte d’Ivoire et l’Arabie Saoudite, puis contre le Tchad et la Centrafrique lors des deux premières journées des éliminatoires de la Coupe du monde 2026. Des rencontres qu’il débute toutes en tant que titulaire, sauf lors du match amical de préparation du 6 janvier 2024 contre la Guinée-Bissau, où il entre en jeu peu avant la fin de la première période. Avant d’opter pour la France en 2018, Sikou Niakaté avait été déjà été convoqué par le Mali en novembre 2017 lors d’un match des éliminatoires de la Coupe du monde 2018 et avait assisté en tant que remplaçant au nul contre le Gabon (0-0). Né le 10 juillet 1999, le joueur, formé au centre de formation du Paris Saint-Germain, fait ses débuts professionnels avec Valenciennes en 2016, avant de signer à Guingamp en 2018 et de rejoindre Braga, au Portugal, en 2022. Son club actuel, avec lequel il a disputé 8 matchs cette saison sur les 16 premières journées du championnat.

Djigui Diarra : le rempart

Né le 27 février 1995, l’ancien pensionnaire du Stade malien en sera à sa 4ème participation à une phase finale de Coupe d’Afrique des Nations, après 2017, 2019 et 2021. Remplaçant lors de la dernière édition au Cameroun, Djigui Diarra sera probablement cette fois le gardien titulaire des cages des Aigles en Côte d’Ivoire. Un statut qu’il endosse depuis la 5ème journée des éliminatoires de la CAN 2023, après avoir débuté sur le banc lors des 4 premières journées. Blessé, le double médaillé d’argent au CHAN en 2016 et 2021 sera absent par la suite lors des deux premières journées des éliminatoires de la Coupe du monde 2026, en novembre dernier. Celui qui a connu sa première sélection avec le Mali en 2015, lors d’un match contre la Guinée-Bissau, a gravi les échelons au fil des années, tant en équipe nationale qu’en club. Depuis qu’il a rejoint les Young Africans de Tanzanie à l’été 2021, Djigui Diarra enchaine les bonnes performances, que ce soit dans le championnat très prisé de  Tanzanie ou dans les compétitions interclubs continentales. En 9 matchs disputés avec le club de la capitale tanzanienne cette saison, le natif de Bamako a réalisé 6 clean sheets pour seulement 3 buts encaissés. Lors de l’entrée en lice des Aigles à la CAN, ses arrêts décisifs en première mi-temps ont permis à son équipe de préserver le 0-0, avant d’enclencher et d’inscrire deux buts en seconde période.

 

Lassana Coulibaly : une 4ème CAN tout en discrétion

Le milieu défensif de 27 ans fait partie du cercle fermé des joueurs qui vont disputer leur 4ème Coupe d’Afrique des Nations consécutive avec le Mali. Déjà présent pour les éditions de 2017, 2019 et 2021, Lassana Coulibaly est un habitué de la compétition. Formé à l’Académie Jean-Marc Guillou de Bamako, le joueur, né le 10 avril 1996 et passé par Bastia et Angers en France, Rangers en Écosse et Cercle de Bruges en Belgique, évolue depuis juillet 2021 à la Salernitana, en Série A. Pion essentiel du milieu de terrain du club italien, Lassana Coulibaly a disputé 14 matchs pour 1 passe décisive sur les 19 premières journées en championnat cette saison, dont 13 titularisations. Chez les Aigles, où il a honoré sa première sélection contre le Bénin le 4 septembre 2016, lors d’une rencontre des éliminatoires de la CAN 2017, l’ancien angevin ouvre son compteur de buts le 6 janvier 2024 contre la Guinée-Bissau, en match amical de préparation pour la CAN 2023. Joker dans l’entrejeu malien, il n’est pas souvent le premier choix dans ce secteur de jeu, très fourni chez les Aigles. Depuis la nomination d’Eric Sékou Chelle, en 2022, Lassana Coulibaly n’a été titularisé en compétition officielle qu’à 2 reprises. D’abord lors de la 4ème journée des éliminatoires de la CAN 2023, face à la Gambie le 28 mars 2023, puis face à la Centrafrique le 20 novembre dernier, lors de la 2ème journée des éliminatoires de la Coupe du monde 2026.

Diadie Samassekou : envers et contre tout

Sa convocation a fait beaucoup jaser, son très faible temps de jeu en club étant pointé du doigt. Très important dans le dispositif du club allemand d’Hoffenheim depuis 2019, Diadié Samassekou a perdu sa place de titulaire la saison dernière, l’obligeant à partir en prêt en Grèce, du côté de l’Olympiakos. Après avoir disputé 20 matchs et inscrit 2 buts, il est revenu cette saison en Allemagne, où il n’a joué qu’une seule rencontre. Et encore. Une entrée en jeu face à Wolfsburg, le 2 septembre 2023. En tout et pour tout, il a disputé une minute de Bundesliga. Peu, trop peu, au goût de beaucoup pour avoir une place au sein des 27. Le sélectionneur national s’en est agacé lors de la conférence de presse convoquée pour expliquer ses choix. « Dois-je toujours répondre aux questions sur Diadié Samasseskou. Au cas où vous ne le saviez pas, Cheick Doucouré est blessé et, dans ma tête, Samassekou est celui qui le remplace », a-t-il martelé. En dépit de cette affirmation, le milieu de terrain ne devrait pas jouer les premiers rôles avec un entrejeu des Aigles aussi fourni. Diadios, qui compte une trentaine de sélections, a effectué ses débuts avec la le Mali en septembre 2016, lors d’une victoire face au Bénin 5-2. À 27 ans, il va disputer cette année en Côte d’Ivoire la troisième CAN de sa carrière, après 2019 et 2021.

Hamari Traoré : le capitaine qui veut voler haut

Le Capitaine des Aigles va disputer en Côte d’Ivoire sa 4ème Coupe d’Afrique des Nations consécutive, après 2017, 2019 et 2021. Le latéral droit, qui évolue actuellement en Liga avec la Real Sociedad, fait ses débuts en équipe nationale le 9 octobre 2015 lors d’un match amical à Troyes face au Burkina Faso. Il est titularisé pour ce premier match officiel avec les Aigles, qui s’imposent 4-1. Depuis, il cumule plus de 50 sélections avec le Mali pour 2 buts et 4 passes décisives. Avant de rejoindre la Real Sociedad, Traoré a marqué le championnat français de Ligue 1 au Stade Rennais, où il a passé cinq années. Lors de la saison 2022-23, il dispute 36 matchs en tant que Capitaine, dont 33 titularisations, inscrit 1 but et délivre 4 passes décisives, contribuant de manière significative aux succès de son équipe. Depuis son transfert à la Real Sociedad, Traoré continue de briller. Cette saison, il a disputé 18 matchs en Liga pour 2 passes décisives, débutant en tant que titulaire à 16 reprises. En Ligue des Champions, le Capitaine des Aigles a également joué 5 matchs avec la Real Sociedad, dont 4 titularisations. Né le 27 janvier 1992 à Bamako, Hamari Traoré a été formé à l’Académie Jean-Marc Guillou avant de faire ses débuts professionnels au Paris FC, en France, en 2012. Il est également passé par Lierse SK en Belgique (2013-2015) et le Stade de Reims en France (2015-2017).

Kamory Doumbia : en leader offensif

Kelen, fila, saba, nani. C’est ainsi que la page Facebook de la Ligue 1, toujours très inspirée, a commenté la performance de Kamory Doumbia. Le milieu offensif malien a inscrit le mercredi 20 décembre 2023, à 20 ans, un quadruplé en une mi-temps lors de la victoire de Brest face à Lorient 4-0. Il devient le 2ème joueur à réussir un tel exploit sur les 60 dernières années après l’Uruguayen Edinson Cavani, qui avait réalisé pareille performance en 2016. En réussissant ce quadruplé express, le jeune attaquant inscrit son nom dans les pages de l’histoire du championnat de France au côté d’illustres devanciers, notamment la légende Salif Keita, décédée en septembre dernier.

Pur produit de l’Académie Jean-Marc Guillou (JMG) de Bamako, qui a formé plusieurs internationaux maliens, Kamory Doumbia entame son parcours professionnel le 9 juillet 2021 en s’engageant avec le Stade de Reims. Dans un premier temps, il joue avec la réserve et est titularisé pour la première fois en Ligue 1 le 14 mai 2022, face à Saint-Étienne. Première titularisation, premier but. Aujourd’hui en prêt au Stade Brestois, Doumbia est un joueur important de l’effectif et compte cinq buts. C’est déjà mieux que sur toute la saison dernière. Alors que le secteur offensif des Aigles est celui qui pose le plus question, Kamory pourrait être celui sur lesquels vont porter les espoirs de buts. Avec moins de 10 sélections au compteur, il en a déjà inscrit 6.

Son ascension rapide dans le football professionnel démontre non seulement son talent brut, mais aussi son engagement envers l’excellence. Kamory Doumbia s’affirme comme une étoile montante du football malien.

Mohamed Camara : le « pitbull » du milieu

Mohamed Camara a tout de suite réussi à se faire une place dans le milieu monégasque à son arrivée à l’été 2022. S’il avait été l’un des éléments-clés de Philippe Clément, il est moins utilisé par le nouveau coach, Adi Hütter. Le récupérateur, apparu 13 fois en championnat cette saison, travaille toujours à affirmer son rôle au sein du club et à devenir de nouveau important. En août 2022, son nom était sur toutes les lèvres après une prestation majuscule face au Paris Saint-Germain pour sa première titularisation. Il avait régné dans l’entre-jeu, récupéré plusieurs ballons et muselé en partie Lionel Messi. Ce rôle en club, il l’étrenne aussi avec les Aigles, avec lesquels il compte 17 sélections pour 3 buts. En sélection depuis 2019, Mohamed Camara, que certains surnomment « Karamoko » pour sa piété, est devenu un joueur important dans l’entre-jeu malien. Son activité et sa capacité à gagner des duels et à orienter le jeu vers l’avant sont très appréciés par les différents sélectionneurs. Camara devrait donc jouer les premiers rôles dans le milieu des Aigles lors de cette CAN. Il n’a disputé les deux dernières rencontres du Mali pour cause de blessure légère, mais il a la confiance du sélectionneur Eric Sekou Chelle, qui le titularise fréquemment. Camara, qui va disputer sa deuxième CAN, est champion d’Afrique U-17 et U-20 avec les sélections de jeunes du Mali. Avant de rejoindre l’AS Monaco, il a passé l’essentiel de sa jeune carrière en Autriche (FC Liefering, TSV Hartberg, RB Salzburg).

Amadou Haïdara : prêt pour la bataille du milieu

Après le social, place au terrain. Moins de deux semaines après l’inauguration d’un centre de santé à Kéla, son village natal, Amadou Haïdara va prendre part en Côte d’Ivoire à sa troisième CAN. Une compétition particulière pour le milieu de terrain du RB Leipzig, qui y a fait ses débuts en sélection face aux Éléphants de Côte d’Ivoire le 6 octobre 2017. Depuis, il a disputé 35 autres matchs avec le Mali et inscrit 2 buts. À 25 ans, l’âge de la maturité footballistique, Doudou, comme le surnomment ses amis, sera l’une des attractions des Aigles en milieu de terrain. En l’absence de Cheick Doucouré, blessé, et vu le faible temps de jeu de Diadié Samassekou avec son club, le double vainqueur de la Coupe d’Allemagne aura un rôle très important. Très dynamique sur un terrain et doté d’une belle frappe de balle, Haïdara, tout comme ses coéquipiers, rêve grand du côté de la Lagune Ébrié. De retour d’une blessure au mollet fin septembre 2023, il est depuis intégré au dispositif de jeu de son entraineur en club, démarrant les matchs ou entrant en jeu régulièrement. Au cours de la saison en cours (2023-24) Haïdara a déjà disputé 14 matchs, cumulant un total de 883 minutes de jeu. Son impact sur le milieu de terrain et sa capacité à contribuer tant défensivement qu’offensivement en font un joueur incontournable pour le RB Leipzig et les Aigles.

Yves Bissouma : la CAN pour seule ambition

Il y a un mois, au cours d’une interview, Yves Bissouma donnait le ton : le Mali va en Côte d’Ivoire pour remporter la CAN. Grandes ambitions pour le milieu de terrain, revenu à son meilleur niveau sous la direction d’Ange Postecoglu à Tottenham. Même s’il lui reste encore à canaliser son jeu, puisque le milieu a déjà reçu 2 cartons rouges en 15 matches de Premier League cette saison. Bissouma va disputer sa troisième Coupe d’Afrique des Nations, après celles de 2017 et 2021. Celle de cette année sera particulière à plus d’un titre. En premier lieu parce qu’Yves Bissouma est né et a grandi en Côte d’Ivoire, avant de venir faire ses classes en football au Mali. Le milieu de terrain, passé par Lille et Brighton, a aussi inscrit son premier but sous les couleurs maliennes face aux Éléphants, lors d’une rencontre du Championnat d’Afrique des Nations, le 4 février 2016. Enfin, Bissouma, qui a plusieurs années boudé la sélection sous Mohamed Magassouba, fait aujourd’hui partie des tauliers de l’équipe, avec un rang à défendre. Dans une récente interview, le joueur, qui compte une vingtaine de sélections, a assuré vouloir « faire respecter » le Mali dans le monde, rien que ça. Pression ? Plutôt un objectif affiché, selon certains observateurs, qui estiment qu’un Yves Bissouma au jeu épuré pourrait incarner l’allant offensif et créatif d’une sélection dont l’attaque interroge. Exclu le 15 décembre dernier lors de la victoire de son équipe 2-0 face à Nottingham Forest, Bissouma n’a pas participé au marathon des fêtes en Angleterre et sera donc à la CAN assez frais. Il manquera à son club, lui qui, depuis le début de la saison, enchaine les performances de haute volée. Parmi les plus marquantes, on note une brillante victoire contre Newcastle à domicile (4-1) le 10 décembre, où il a obtenu une note de 8,20 sur 10.

Éric Sékou Chelle : à l’épreuve d’un premier grand tournoi

Nommé sélectionneur des Aigles en mai 2022, en remplacement de Mohamed Magassouba, Éric Sékou Chelle est très attendu pour la Coupe d’Afrique des Nations 2023, son premier grand tournoi à la tête du Mali.

Avec un bilan plutôt satisfaisant depuis qu’il a pris les rênes de l’équipe (14 matchs, 10 victoires, 3 nuls, 1 défaite, 31 buts marqués, 8 encaissés), l’ancien international malien a conscience des espoirs placés en lui pour le tournoi continental en Côte d’Ivoire. Pour ce faire, Éric Sékou Chelle va devoir d’abord trouver la formule pour extirper le Mali d’un groupe E assez homogène.

« C’est un groupe à notre portée, mais il n’y aura pas de place pour un relâchement. Il va falloir être efficace dans tous les sens du terme, à la fois en dehors et sur le terrain. Le premier objectif, c’est de sortir de cette poule. Ensuite, on pourra se fixer d’autres objectifs », confiait le technicien franco-malien lors d’un entretien accordé au quotidien national l’Essor en octobre dernier.

« Ma recette, c’est faire preuve d’humilité, travailler et être ambitieux à la fois dans le jeu et dans les objectifs. Bien sûr, j’essaie toujours d’apporter la vision que j’ai du football. Je ne dis pas que je détiens la science infuse, mais j’ai ma vision du jeu que j’essaie d’inculquer à mon équipe. Pour le moment, ça marche et j’en suis heureux. J’espère que ça va continuer à marcher et surtout lors de la CAN », avait-il poursuivi.

Pour plusieurs analystes sportifs, Éric Sékou Chelle devra au moins mieux faire que son prédécesseur lors des deux dernières éditions de la CAN, où le Mali avait été à chaque fois éliminé en huitièmes de finale. Le technicien le sait, cela commence par une entrée en lice réussie le 16 janvier prochain face à l’Afrique du Sud.

Campagne agricole 2023 – 2024 : des prévisions en hausse

Au début de la campagne agricole 2023 – 2024, 10,9 millions de tonnes de céréales étaient attendus au Mali. Une production en hausse de 6,4% par rapport à la campagne précédente.

Le maïs reste la principale spéculation avec 4,1 millions de tonnes, suivi du riz, 3 millions de tonnes, du sorgho, 1,7 million et du mil, 1,9 million de tonnes. Le pays exporte entre 10 et 15% de sa récolte et consomme environ 5,4 millions de tonnes. Il est le deuxième producteur de graminées en Afrique de l’Ouest derrière le Nigeria.

La production de coton devrait être d’environ 780 000 tonnes, le prix au producteur de 295 francs CFA le kg et le prix subventionné de l’engrais 15 000 francs CFA le sac de 50 kg.

Les prévisions de production révisées de céréales de septembre 2023 sont en légère hausse, de 3,3%, par rapport à celles de l’année dernière et de 5% par rapport à la moyenne quinquennale, selon le rapport de la Cellule de Planification et des Statistiques / Service du Développement rural (CPS/SDR, Septembre 2023)

Selon les perspectives sur la sécurité alimentaire de Famine early warning  systems Network (FEWS Net), ces prévisions de la CPS/SDR devraient être « probablement inférieures à la moyenne quinquennale ». En raison notamment de précipitations mal réparties ayant retardé les semis, des faibles précipitations de septembre et de l’insécurité, qui a limité les surfaces cultivées dans le centre et le nord du pays, ainsi que du coût élevé des intrants.

2024 : une transition à durée indéfinie

Déjà reportée à deux reprises, l’élection présidentielle qui marquera le retour à l’ordre constitutionnel au Mali devrait se tenir en 2024. Initialement prévue pour février, en accord avec la CEDEAO, elle a été repoussée sine die en septembre dernier, sans l’approbation de l’institution sous-régionale. Même si cette dernière semble dans une nouvelle posture conciliante, ses relations avec le Mali pourraient à nouveau se tendre dans les mois à venir. Les partis politiques, dans l’incertitude, doivent se préparer pour une élection dont les dates ne sont pas encore connues.

« Les dates de l’élection présidentielle initialement prévues pour le dimanche 4 février 2024 (premier tour) et le dimanche 18 février 2024 (second tour) éventuellement, connaîtront un léger report, pour des raisons techniques (…) Le Gouvernement de la Transition précise que les nouvelles dates de l’élection présidentielle feront l’objet de communiqué ultérieurement, après échange avec l’Autorité indépendante de Gestion des Élections (AIGE) », annonçait le 25 septembre 2023 le ministre d’État de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Porte-parole du gouvernement, Colonel Abdoulaye Maiga. Trois mois après, les autorités de la Transition n’ont toujours pas communiqué de nouvelles dates pour cette élection très attendue.

S’accorder avec la Cedeao

Alors qu’elle était attendue lors du sommet du 10 décembre dernier pour se prononcer enfin sur le report de la présidentielle au Mali, la Cedeao s’est contentée d’une réaction a minima, déplorant les « décisions prises unilatéralement en ce qui concerne la mise en œuvre du programme de transition qui avait été convenu avec la Cedeao ». L’organisation sous-régionale, après avoir levé l’interdiction de voyage qui pesait sur certaines hautes autorités maliennes, a aussi décidé d’engager une Troïka présidentielle, composée des Présidents du Nigéria, du Bénin et de la Guinée Bissau, à entreprendre d’urgence des visites au Burkina Faso, en Guinée et au Mali, en vue de renouer le dialogue avec ces trois pays pour la mise en œuvre inclusive du programme de transition.

« Cette réaction de la Cedeao signifie qu’elle a pris acte du report de la présidentielle au Mali et qu’elle va s’employer à trouver avec les autorités maliennes de nouvelles dates, qui tiennent dans un délai raisonnable », estime un analyste. « Je pense que le fait de lever l’interdiction de voyage, de décider de renouer le dialogue avec les autorités de la Transition et aussi que le Représentant permanent et Ambassadeur du Mali auprès de la Cedeao ait été reçu dans la foulée par le Président de la Commission de l’institution sont autant de signes annonciateurs d’une certaine décrispation à venir dans les relations », poursuit-il.

Pour un expert politique qui a requis l’anonymat, le seul point d’achoppement entre les deux parties pourrait être la durée d’une nouvelle prolongation de la transition. « Les autorités maliennes ont annoncé un léger report. Mais, si au cours des échanges avec la Cedeao elles proposent de nouvelles dates au-delà de 2024, par exemple, évidemment que la Cedeao ne l’acceptera pas. Elle pourrait alors brandir de nouvelles sanctions contre le Mali ». Selon certains observateurs, il n’est pas exclu que le léger report de la présidentielle soit au delà de 2024. « Les autorités pensent aujourd’hui être dans une position de force vis-à-vis de la Cedeao et de la classe politique ».

Les partis politiques dans l’expectative

Si des signes avant-coureurs sont là, des partis politiques se projettent déjà vers la présidentielle. À l’annonce du report, en septembre dernier, plusieurs formations se sont opposées et exigé la tenue de la présidentielle aux dates initiales den février 2024. Mais, à défaut de pouvoir faire revenir les autorités de Transition sur leur décision, elles se préparent pour une échéance éventuelle avant la fin de l’année 2024.

À en croire Sékou Niamé Bathily, Secrétaire à l’Information et Porte-parole du RPM tendance Bocary Treta, la préparation de la prochaine élection présidentielle a débuté dans l’ancien parti présidentiel depuis la tenue du Congrès extraordinaire, en août dernier, en démarchant dans un premier temps certaines formations de la classe politique et de la société civile. « Nous avons ensuite mis en place des commissions de travail et créé des structures pour une meilleure participation à ces élections, à commencer par une commission qui a travaillé sur la carte politique, que nous avons adaptée à l’organisation interne du parti. Nous avons créé de nouvelles sections et fédérations régionales, conformément au nouveau découpage territorial à base duquel devraient se tenir les prochaines élections dans notre pays ».

Comme le RPM, l’Adema est aussi déjà tournée vers la préparation de la présidentielle à venir. Selon Yaya Sangaré, Secrétaire général du parti, il essaye d’avoir une force politique nouvelle, de tirer les enseignements de tout ce qui a été fait ces dernières années et, en raison du contexte nouveau, d’analyser la situation pour proposer une nouvelle offre aux Maliens.

« Des actions sont déjà engagées. Nous sommes en train de renouveler nos structures à la base. Nous sommes aussi engagés depuis quelques mois à mettre en place une force politique électorale avec d’autres formations, mouvements et associations politiques », confie-t-il, assurant que l’Adema aura son propre candidat, comme recommandé lors du dernier Congrès, et que le parti travaillera à ce que ce candidat bénéficie de l’accompagnement des autres partis qui vont se retrouver dans son projet de société.

Au RPDM de Cheick Modibo Diarra, on se dit également « prêt à aller à la conquête du pouvoir à tout moment », tout comme au parti Yelema, qui va d’ores et déjà désigner son candidat au prochain scrutin présidentiel à l’issue de son 4ème Congrès ordinaire, le 23 décembre 2023.

Préparation impactée ?

Si les partis politiques sont tournés vers la préparation du prochain scrutin présidentiel, cette préparation reste particulière, étant donné que les nouvelles dates de l’élection ne sont pas encore connues. « La préparation est un peu impactée parce que nous ne connaissons pas les dates de l’élection. Dans un premier temps, notre programme de société, nous l’avons calé sur une période donnée, en nous basant sur les engagements des autorités de la Transition. Maintenant que ce délai a été repoussé, bien sûr que cela nous perturbe un peu », avoue Sékou Niamé Bathily, même si, pour lui, cette situation ne constitue pas un handicap. « Cela ne met pas un frein à ce que nous sommes en train de faire. Nous continuons à nous préparer pour être prêts lorsque le collège électoral sera convoqué », assure-t-il.

« C’est à la fois un handicap et une opportunité. Mais nous pensons qu’il est bon qu’on indique une date pour que nous puissions bien nous préparer, parce qu’une élection demande beaucoup de ressources. On ne peut pas se lancer dans une campagne indéfinie », estime pour sa part Yaya Sangaré.

Tenir l’échéance 2024

Même si la classe politique a invité le gouvernement de transition à ouvrir le dialogue en vue de trouver de nouvelles dates consensuelles pour la tenue de la prochaine élection présidentielle, elle n’a jusqu’à là pas encore été sollicitée par les autorités dans ce sens. Mais, pour la plupart des partis politiques, la tenue de l’élection ne devrait pas aller au-delà de l’année 2024.

« Nous devons tout faire pour que les élections puissent se tenir avant la fin de l’année 2024. Un léger report ne devrait pas dépasser 3 à 6 mois. Les autorités doivent mobiliser toutes les ressources, créer un cadre favorable de dialogue et régler tous les problèmes techniques pour que nous allions à cette élection pour mettre fin à la Transition », préconise le Secrétaire général de l’Adema.

C’est ce qu’estime également le RPM, pour lequel le léger report ne devrait pas dépasser 6 mois au plus. « Pour nous, cette élection peut et doit se tenir en 2024. Nous croyons en la bonne foi des autorités pour aller vers une sortie de transition honorable pour tous », appuie pour sa part Sékou Niamé Bathily. Aujourd’hui, l’interrogation porte sur les actions politiques qui seront menées si la Transition se prolonge pour une durée indéfinie. Mais nul doute que la pression pourrait être forte sur les autorités, aussi bien de la part de la Cedeao, des PTF, de la classe politique et des acteurs de la société civile.

SADI : vers la dissolution du parti d’Oumar Mariko

Le parti SADI a reçu hier jeudi une assignation en justice aux fins de sa dissolution. L’audience est fixée au 8 janvier 2024. Cette décision fait suite à la requête du contentieux général de l’Etat mettant en cause les récentes déclarations du président du parti Dr Oumar Mariko notamment sur Kidal. Après l’entrée de l’armée dans la ville le 14 novembre dernier, Oumar Mariko en exil depuis avril 2022, a assuré que la situation à Kidal ne mérite ni réjouissance ni fierté. Sur son compte X, il ajoute, « le carnage à Kidal nous éloigne de l’unité et de la stabilité ». Dans un récent communiqué, il a évoqué les insurrections passées comme des réactions légitimes contre un système politique corrompu. Bien avant la prise de Kidal, Oumar Mariko a multiplié les sorties dénonçant l’offensive des FAMa. Il a même adressé des lettres au président Russe Vladimir Poutine et à celui de la Turquie, Recep Tayip Erdogan pour leur demander de cesser tout soutien aux autorités maliennes, pour la Turquie notamment, il a évoqué la vente des drones.

Oumar Mariko, interpellé en décembre 2021 a été emprisonné pour injure publique contre le Premier ministre, Choguel Maïga.  Cette figure de l’opposition fait l’objet d’une nouvelle procédure depuis avril 2022, après avoir accusé l’armée d’exactions à Moura. Une affaire qui a poussé Oumar Mariko à disparaître. Aujourd’hui, son avenir politique semble très assombri et son retour au pays encore plus. La très probable dissolution du SADI intervient après celle du parti PSDA en juin dernier, pour les prises de position très hostile de son président Ismaël Sacko, également en exil. Le gouvernement a déjà annoncé ce mois-ci la dissolution de l’observatoire pour les Elections et la Bonne Gouvernance au Mali du Dr Ibrahim Sangho.

Football : TM1 et la FEMAFOOT signent un partenariat pour la diffusion des compétitions nationales

Pour le développement du football malien et la visibilité de ses actions, la Fédération malienne de football (FEMAFOOT) a décidé de faire recours aux services et au professionnalisme de la Télévision TM1 afin de diffuser les matchs du Championnat national ligue 1 Orange, de la Coupe et de la Supercoupe du Mali. La cérémonie de signature de cette convention a eu lieu ce mercredi 27 décembre 2023 au siège de la fédération.

C’est suite à un appel d’offres remporté par TM1 qu’a été posé les bases de ce partenariat sur quatre ans. TM1 diffusera les quatre plus belles affiches de chaque journée. « Le football est une entreprise et nous avons besoin des meilleures compétences pour la développer, c’est pourquoi nous avons choisi de faire confiance à TM1 ».

Ce partenariat est une chance pour TM1 ainsi que les téléspectateurs nationaux et internationaux, selon le directeur général Mahamadou Camara qui estime que la chaîne est mise au défi et fera le nécessaire pour être à la hauteur. « Nous voulons à travers ce partenariat donner beaucoup de passion chaque semaine. Grâce à la télé, nous voulons contribuer à développer le championnat malien en lui donnant une visibilité d’abord nationale, à Bamako et dans les régions, et aussi à l’international, puisque notre chaîne est reçue en Afrique et dans le monde. Cela va permettre aux personnes qui sont ailleurs de détecter des talents maliens et aux clubs de nouer des partenariats. C’est un tout projet global qui est mis en œuvre à travers la diffusion des compétitions nationales avec pour objectif de faire grandir le football malien » affirme Mahamadou Camara.

La diffusion commence dès ce samedi 30 décembre 2023 par le classico qui opposera Djoliba AC au Stade malien à partir de 16h au stade du 26 mars.

BOA – Mali : la banque fête ses 40 ans

19 décembre 1983- 19 décembre 2023, la Bank of Africa Mali a célébré son quarantième anniversaire. Un jour particulier pour les agents ainsi que les clients de la Bank Of Africa-Mali. Ces derniers, présents au siège de la banque aux horaires d’ouverture habituels, ont été un peu surpris. Tous les agents habillés aux couleurs du quarantième anniversaire de la naissance de cette banque, la première à capitaux maliens devenue depuis un groupe bancaire majeur sur le continent.  L’histoire de la BOA débute au Mali en 1982. Mohamed Tiécoura Diawara, et Bouraïma Sylla, des opérateurs économiques s’allient au Français Paul Derreumaux pour lancer la banque. Comme l’expliquait Derreumaux dans un livre paru en 2023 « La saga Bank of Africa », lancer la banque au Mali s’impose pour trois raisons. La première, la connaissance du terrain et du sérail économique et politique des deux opérateurs économiques. La seconde, le secteur bancaire malien était à un stade embryonnaire, offrant donc une grande opportunité pour une nouvelle banque, et enfin le Mali offrait l’avantage d’être hors de la zone franc. 40 ans plus tard, le groupe Bank of Africa qui est détenu majoritairement depuis 2010 par la banque marocaine du commerce extérieure (BMCE Bank) est aujourd’hui présent dans 18 pays d’Afrique et en France et compte plus de 6000 collaborateurs hors Maroc. Signe de l’évolution de la banque, comme l’atteste le témoignage d’une ancienne collaboratrice qui était présente à l’ouverture des locaux le 19 décembre 1983. Elle confiera que le personnel était alors composé d’une trentaine de personnes. Elle a invité la jeune à tenir et porter haut le flambeau des devanciers. Une invite que partage Georges Nabi, le directeur général de la BOA-Mali. « Nous avons de la chance parce que nous héritons, mais nous avons aussi le devoir de faire en sorte que ceux qui viendront après nous héritent d’une banque solide ». Pour cela, il a dévoilé une partie de la stratégie orientée client. « Nous avons le devoir de mettre le client au centre de tout, mettre l’accent sur la qualité du service. Faciliter la tâche aux clients en dématérialisant les opérations avec plus de digital ». La cérémonie a pris fin par la coupure d’un gâteau aux couleurs vertes de la BOA.

Nécrologie : Décès de la célèbre animatrice-comédienne Oumou Diarra dite Dièman

Les mots étaient souvent crus, mais nécessaires pour conseiller les nombreux hommes et femmes qui la sollicitent sur leurs problèmes de couple. Oumou Diarra plus connue comme étant Diéma était devenue la mère conseillère. Animatrice et comédienne, rien ne la prédestinait pourtant à faire carrière dans ses deux mondes, si ce n’est sa voix. Une voix naturelle, grave et imposante, qui a séduit Oumar Mariko, le promoteur de la Radio Kayira. C’est avec ce média que commence son histoire radiophonique, « par un pur hasard » vers 1993 grâce au soutien de Michel Sangaré, qui l’a appelée un jour pour qu’elle vienne chercher l’un de ses parents qu’elle devait raccompagner à la maison. Arrivée sur place, raconte-t-elle, celui-ci l’a faite asseoir devant un micro et l’a testée. Puis il lui a proposé d’exercer le métier d’animatrice, en attendant le concours des Douanes . Avec son mentor, elle animera au début une émission noctambule, Guinguin Grin, qui commençait à minuit. Depuis près de 30 ans, elle conseille, éduque et sensibilise des milliers d’auditeurs à la Radio Kayira, puis à Tabalé et enfin à la Chaine 2 où elle commence à étrenner sa voix au début des années 2000. Sa célébrité s’accroît avec Guakounda, un théâtre radiophonique où elle parle de la famille communément avec son acolyte Lala Drado dite Fiman. La complicité est telle entre les deux que l’émission est connue sous le nom Fima et Dièma. Elle aussi très connue et sollicitée pour son émission 20/20. Une émission très appréciée dans laquelle elle conseille les couples. Son décès survenu dans la matinée de ce mardi 26 décembre 2023 laisse ses fidèles auditeurs inconsolables. Native de Ségou, Oumou Diarra Diéman qui avait 58 ans sera conduite à sa dernière demeure demain mercredi, après avoir presque toute sa vie durant prôné la paix et l’entente des Maliens. Ses conseils ont permis de maintenir plusieurs couples à flot. Comme elle le confiait en 2020 au cours d’une interview, certains lui ont bien rendu, elle revendiquait 25 homonymes, sans compter celles de sa propre famille.

Mahmoud Dicko : après son voyage jugé polémique en Algérie, l’imam s’explique

Dans une vidéo d’une quinzaine de minutes enregistrée le 25 décembre depuis un hôpital à Alger, l’imam Mahmoud Dicko a tenu à se justifier sur son déplacement en Algérie. Le timing du voyage de l’imam Dicko a donné lieu à de nombreuses polémiques et interprétations. Au même moment que lui, se trouvaient aussi en Algérie, les représentants des groupes signataires de l’Accord pour la Paix, qui sont dans une opposition armée avec l’Etat. L’accueil des groupes signataires  n’a pas été du goût de Bamako, qui a convoqué l’ambassadeur algérien en poste au Mali pour protester contre des actes inamicaux. Même si la rencontre entre l’imam Mahmoud Dicko et le président algérien le 20 décembre n’a pas été mentionnée dans le communiqué, plusieurs observateurs estiment qu’elle a été une goutte de trop pour les autorités maliennes dont les relations avec M.Dicko sont tendues. Dans sa vidéo, l’imam Dicko assure avoir décliné à deux reprises une invitation du chef de l’Etat algérien à se rendre en Algérie. Finalement, il affirme que la troisième fois, il a accepté. Faisant le récit de son entretien avec le président algérien, il révèle que ce dernier lui a parlé de la construction de la plus grande mosquée d’Afrique dans son pays, qui en plus d’être un lieu de prière servira aussi de cadre d’échanges aux savants musulmans. « Tu as ta place » lui aurait-il dit.  Le deuxième point de leur rencontre portait sur Kidal. Après la prise par l’armée malienne, le président Abdelmadjid Tebboune a souhaité que les différentes parties reviennent à la table des négociations pour mettre fin aux combats. Cette rencontre selon lui a fortement déplu aux autorités maliennes. « Cela a fait mal à certaines personnes qui en guise de représailles ont convoqué l’ambassadeur algérien pour lui demander des explications sur le fait que le président algérien a reçu un homme hostile à la transition ». Il ajoute « Heureusement qu’il a parlé du bon français car hostile à la transition ne veut pas dire hostile aux autorités de la transition. Je pose la question de savoir : allons-nous rester dans une transition qui ne finira jamais ? ».  L’ancien président du haut conseil islamique assure également que depuis la prise de pouvoir officielle des colonels, il n’en a pas rencontré un seul. « Qu’est-ce qui pourrait être à l’origine de leur hostilité à mon égard » se questionne t-il. « Jamais, je ne serai l’homme qui va trahir le Mali. Si je trahis mon pays, que gagnerais-je en retour ? Où irai-je ? Tout ce que Dieu m’a donné aujourd’hui, c’est grâce au Mali ». Dicko en a aussi profité pour lancer une pique aux Politiques. « Les personnes qui m’ont utilisé pour faire chuter IBK, ont voulu m’utiliser pour s’installer à sa place. Mais je ne l’ai pas accepté. Cela a créé des tensions entre nous ».

Diplomatie : Alger rappelle son ambassadeur du Mali, Bamako applique la réciprocité

La brouille diplomatique entre Bamako et Alger est désormais officielle. Les deux pays ont décidé ce vendredi de rappeler leur ambassadeur respectif en poste pour consultation. C’est l’Algérie qui a la première a rappelé son ambassadeur, le Mali a appliqué la réciprocité quelques heures plus tard. Les relations sont tendues entre les deux voisins depuis quelques jours. L’Algérie a invité des représentants des groupes armés à des discussions sur le processus de paix. Au même moment, l’Imam Mahmoud Dicko, qui entretient des relations difficiles avec les autorités de la transition a été reçu par le président algérien. Le 20 décembre, le chef de la diplomatie malienne a donc convoqué l’ambassadeur d’Algérie au Mali pour protester contre des « actes inamicaux ». Dans la foulée, l’Algérie a aussi appliqué la réciprocité en convoquant l’ambassadeur du Mali, mais les termes employés à l’issue de cette rencontre étaient moins véhéments. L’Algérie est garante de l’Accord pour la Paix, mais est restée silencieuse lors de la reprise des hostilités entre l’armée et la CMA. Elle s’active depuis quelques jours pour tenter de relancer le processus. Cette brouille diplomatique inédite entre les deux pays intervient à un moment où l’armée malienne a procédé à des frappes de drones à Tinzawaten, à la frontière algérienne, neutralisant Hassan Ag Fagaga, une figure de la rébellion touarègue, déserteur de l’armée malienne. Le Mali est aussi invité à prendre part sur invitation du Maroc à une réunion ministérielle de concertation visant à favoriser l’accès des Etats du Sahel à l’Océan Atlantique. Le Maroc et l’Algérie sont depuis plusieurs années des « ennemis ».

Justice : Chouala Bayaya Haidara placé sous mandat de dépôt sera jugé le 12 mars 2024

Le leader religieux Chouala Bayaya Haidara a été finalement placé sous mandat de dépôt et transféré à la Maison centrale d’arrêt de Bamako ce 20 décembre 2023, après avoir été présenté mardi au procureur Adama Coulibaly du pôle spécialisé de lutte contre la cybercriminalité du tribunal de la commune VI.  Alors que ses fidèles étaient nombreux devant la Brigade d’investigation judiciaire (BIJ), il a été conduit discrètement à la MCA ce matin aux environs de 11heures 30 minutes. Il est accusé d’atteinte au crédit de l’Etat, et de la diffusion de propos mensongers, de nature à troubler l’ordre public. Alors que son jugement est fixé au 12 mars 2024, l’appel du 20 février a appelé à sa libération immédiate. La CMAS de l’imam Mahmoud Dicko lui a également apporté son soutien. Le haut conseil islamique dont il est membre a convoqué une réunion extraordinaire mercredi dont les conclusions ne sont pas encore connues. Dans une récente vidéo, il a dénonce ce qu’il qualifie de détention arbitraire notamment concernant Ras Bath, Rose Doumbia dit « Vie chère » mais également Madame Bouare Fily Sissoko. 

SOMAGEP-SA : facturation en cause

Si la Société malienne de gestion de l’eau potable (SOMAGEP-SA) continue de garantir un accès régulier à l’eau potable à ses clients, l’incompréhension de sa facturation menace ses relations avec les consommateurs. En effet, les cas de factures anormalement élevées se multiplient et suscitent l’inquiétude.

La SOMAGEP est chargée de la mission cruciale d’assurer l’exploitation de l’eau potable au Mali, du captage à la distribution, en incluant le contrôle qualité et la maintenance des installations, depuis la réforme des secteurs de l’eau potable et de l’électricité, en août 2010. Une mission délicate et sensible dont l’accomplissement se heurte à quelques problèmes.

Parmi eux figure la hausse significative des montants des factures d’eau. Signalées par plusieurs réclamations, ces factures sont souvent multipliées par 10 pour certains. Ainsi, certains Maliens moyens s’acquittant habituellement de factures entre 1 000 et 2 500 francs CFA voient subitement ces montants grimper à 10 000 francs, voire plus.

« Alors que je n’ai payé que 726 francs CFA pour les mois d’août, de septembre et d’octobre 2023, ma facture du mois de novembre est montée à plus de 10 000 francs », témoigne un consommateur.

Mauvaises pratiques

« Ce montant de 726 francs correspond à l’entretien de l’installation. C’est comme si vous n’aviez rien consommé durant tout le mois », explique un agent de la société. Ces cas de factures « faussement » élevées peuvent s’expliquer par 2 raisons, poursuit-il. D’une part, il peut s’agir de fuites d’eau et de la non-fermeture des robinets, contribuant ainsi à une augmentation. D’autre part, une pratique interne malheureusement répandue peut aussi contribuer à la hausse des factures.

En effet, certains agents chargés de cette tâche se contentent souvent de porter une consommation estimée, sans se déplacer. Et après une période de 2 ou 3 mois, lorsqu’ils effectuent le déplacement, ils relèvent les références du compteur qui affichent alors les consommations réelles, y compris celles précédemment non relevées. Ainsi, le consommateur se retrouve avec une facture mensuelle traduisant en réalité 3 mois de consommation.

Le Vice-Président de l’Association des consommateurs du Mali (ASCOMA) Abdoul Wahab Diakité, confirme la sensibilité du sujet. Il souligne que, dans de nombreux différends, c’est la SOMAGEP qui a souvent raison. Car les fuites d’eau et le manque de contrôles de la fermeture des robinets sont des réalités.

Pour tout recours, le consommateur doit d’abord s’acquitter de la facture émise avant de poursuivre sa réclamation. Une situation qui exige une très grande transparence dans le processus de facturation et une vigilance accrue des utilisateurs

Bandiagara : insécurité accrue

Après une relative accalmie ces derniers mois, la région de Bandiagara, au centre du pays, fait face à une nouvelle montée de l’insécurité depuis quelques semaines. Elle se caractérise par des enlèvements ciblés de bus et des prises d’otages sur l’axe Bandiagara – Bankass.

Selon des sources locales, depuis le début du mois de novembre, au moins 7 véhicules ont été enlevés sur l’axe Bandiagara – Bankass. En plus de ces enlèvements, des villages de la région sont également pris pour cibles. Le 11 décembre 2023, le village de Barassoro, dans le cercle de Bankass, a été attaqué. Bilan : 3 morts et des dégâts matériels importants. Moins d’un mois plus tôt, le 25 novembre, 6 personnes ont été tuées, des biens emportés, des boutiques incendiées et des motos brûlées lors d’une attaque perpétrée contre le village d’Allaye Kokola, dans le cercle de Bandiagara.

« On peut dire que du mois de juin à maintenant il y a eu plus de 17 villages attaqués, pas moins de 50 morts et une cinquantaine de personnes enlevées », affirme Adama Diongo, Porte-parole du Collectif des associations de jeunes du pays dogon.

« Depuis un moment, la région de Bandiagara est secouée », a reconnu à la télévision nationale le 5 décembre dernier Sidi Mohamed El Béchir, Gouverneur de la région, lors de la visite de terrain dans la localité du Commandant de la Zone de défense N°6. Le même jour, un minibus avait sauté sur une mine dans le cercle de Bankass, entre Garou et Doundé, faisant 2 blessés.

Quête de financements

Les enlèvements répétés de bus et les prises d’otages sur l’axe Bandiagara – Bankass suscitent des interrogations sur une éventuelle nouvelle stratégie adoptée par les groupes armés terroristes dans la zone. Selon Adama Diongo, c’est clairement une « nouvelle stratégie pour se faire financer ». « D’après nos informations, depuis plus d’une année, les financements extérieurs ne viennent plus. Le fait aussi d’enlever le bétail et de le vendre ne donne plus satisfaction comme avant. Pour ces groupes armés terroristes, une autre façon de se financer est d’enlever des personnes et de demander aux parents de payer pour renflouer leurs caisses », explique-t-il. « Les enlèvements se font de façon ciblée. Ils ont des informations sur le visage de certaines personnes, soit des personnes importantes dans leurs communautés, soit des jeunes influents, soit des grands commerçants, entre autres. Derrière, ils demandent des rançons », poursuit-il.

Une population excédée

Face à la résurgence de l’insécurité dans la région, une marche des femmes et des enfants a eu lieu le 5 décembre 2023 dans la commune de Dimball, dans le cercle de Bankass, aboutissant à un blocus de la RN15 dans les deux sens, Bandiagara – Bankass et Koro – Bankass.

Dans un mémorandum adressé au ministre de la Sécurité et de la protection civile, les responsables de la société civile ont demandé la libération des otages, l’arrestation des hostilités et l’installation « dans un bref délai » d’un poste de sécurité permanant entre Songobia et Parou pour protéger les personnes et leurs biens. Le blocus a été suspendu 2 jours après suite à des négociations entamées par les autorités locales.

Pont dynamité

Le 11 décembre, le Gouverneur de la région a été reçu par le ministre de la Défense et des Anciens Combattants, pour discuter des mesures « rapides et efficaces » à prendre pour restaurer la sécurité et amener la reprise normale des activités dans la région. La veille, dans la nuit du 9 au 10 décembre, le pont de Parou, qui se trouve sur l’axe Bandiagara – Bankass, ciblé à plusieurs reprises par les groupes armés terroriste depuis le début de la crise au Centre, avait été de nouveau dynamité, coupant les localités de Koro, Bankass et Bandiagara du reste du pays.

« Nous avons pris des dispositions et nous sommes en train de tout faire pour que les gens puissent circuler. Pour le moment, beaucoup empruntent la route des falaises. Pour le reste, nous sommes en train de voir avec les plus hautes autorités comment trouver les solutions adéquates pour que la population soit soulagée », assure le Colonel Aly Sidibé, Préfet du cercle de Bankass.

El Ghassim Wane : « L’opération de retrait de la MINUSMA a été complexe et difficile »

Entamé le 1er juillet dernier, le processus de retrait de la MINUSMA est presque bouclé. Après 10 ans de présence, la mission onusienne quitte le Mali, où elle a longtemps été décriée par une grande partie de la population, qui regrettait son inefficacité et son inadaptation face à la complexe crise malienne. Le Mauritanien El Ghassim Wane, nommé le 15 mars 2021 et arrivé au Mali en mai de la même année, aura passé un peu plus deux ans comme chef de la mission. Dans cette longue interview exclusive, il revient sur la rétrocession des bases, les polémiques dans la région de Kidal, l’après 31 décembre 2023, le rapport sur Moura, l’avenir de l’Accord pour la paix et fait un bilan des 10 années de la MINUSMA.

La MINUSMA a organisé une cérémonie de clôture à son quartier général le 11 décembre pour marquer le départ de la mission. Quelle appréciation faites-vous du processus de retrait ?

La cérémonie qui a eu lieu le 11 décembre était destinée à marquer symboliquement le départ de la mission du Mali, à la suite de la demande faite à cet effet par les autorités de la Transition et de l’adoption subséquente par le Conseil de sécurité de la Résolution 2690. Dans les faits, nous avons déjà fermé les dix bases qui devaient l’être d’ici au 31 décembre 2023. Les trois restantes (Bamako, Gao et Tombouctou) seront converties en sites de liquidation à partir du 1er janvier 2024. Mais, même s’agissant de ces dernières emprises, nous avons déjà procédé à une rétrocession partielle aux autorités maliennes de la base de Gao et nous transfèrerons celle de Sénou, à Bamako, d’ici la fin du mois. Pour Tombouctou, tout est fait pour accélérer la cadence et assurer la remise de l’emprise au plus tard en février de l’année prochaine. Plus des deux tiers de nos personnels civils et en uniforme ont déjà quitté le Mali. Tous les personnels restants, à l’exception de ceux qui seront impliqués dans la liquidation de la mission, auront quitté le Mali d’ici la fin de l’année. Nous sommes évidemment satisfaits des résultats obtenus. Réussir le pari d’un retrait dans les délais fixés était loin d’être acquis, compte tenu de l’environnement sécuritaire, de l’envergure de la mission, de l’immensité de notre théâtre d’opération et d’autres contraintes, y compris logistiques.

Les Nations unies craignaient que le délai prévu pour le retrait ne soit trop court. Finalement, le défi a été relevé ?

Il est évident que le délai prescrit pour le retrait est exceptionnellement court. C’est une réalité ! Dans une situation normale, une opération de retrait de cette envergure prend beaucoup plus de temps. La question n’est pas que logistique et sécuritaire, il s’agit aussi d’assurer un transfert adéquat des tâches entre la mission qui part et les autorités du pays hôte et, le cas échéant, avec l’équipe-pays des Nations unies, qui regroupe les Agences, Fonds et Programmes de l’organisation, et d’autres acteurs, de manière à ce qu’il y ait une certaine continuité dans l’effort. Il faut, dans toute la mesure du possible, éviter des vides qui seraient préjudiciables à la stabilité du pays. Une fois que le délai fut déterminé, notre responsabilité était d’œuvrer à la réalisation de l’objectif fixé en préservant par dessus tout la sécurité de nos personnels. C’est ce qui a été fait, grâce au dévouement et au professionnalisme des personnels nationaux et internationaux de la MINUSMA, qui ont travaillé d’arrache-pied et fait montre d’une résilience et d’une créativité remarquables pour surmonter les difficultés rencontrées. Il a fallu aussi une bonne coordination avec notre siège à New York, qui nous a apporté tout le soutien nécessaire, ainsi qu’avec les pays contributeurs de troupes et de personnels de police. Il est crucial de relever que, dès le départ, des mécanismes de coordination ont été mis en place avec les autorités maliennes, tant au niveau national que local, avec pour objectif de faciliter un retrait ordonné et en toute sécurité. Il y a eu indéniablement des difficultés, mais je me réjouis de ce que l’objectif commun d’un retrait d’ici à la fin de l’année soit maintenant sur le point d’être réalisé.

La mission a dénoncé des contraintes dans son processus de retrait, notamment des autorisations de vols non accordées. Cela vous a-t-il obligé à vous adapter ?

On ne le dira jamais assez : le retrait de la MINUSMA est une opération d’une très grande complexité et les délais prescrits sont sans précédent pour une mission de cette envergure. Il a donc fallu s’adapter continuellement, en gardant à l’esprit l’impératif du respect du délai convenu, que nos partenaires maliens, et c’est parfaitement légitime, ont régulièrement rappelé, et celui de la sécurité de nos Casques bleus, qui revêt une importance d’autant plus grande que nous sommes la mission la plus dangereuse jamais déployée par les Nations unies. Oui, il y a eu des difficultés et nous nous en sommes ouverts à nos interlocuteurs maliens, dans le cadre des mécanismes de coordination mis en place pour faciliter le retrait, en plus des discussions que notre siège à New York a régulièrement eues avec la Mission permanente de la République du Mali auprès des Nations unies. En tant que partenaires devant œuvrer ensemble et en bonne intelligence à l’exécution de la Résolution 2690, il était important que nous puissions échanger en toute franchise sur le processus, sur nos préoccupations respectives et sur les difficultés rencontrées pour essayer de trouver les solutions les plus idoines.

Certains Maliens ont dénoncé une trahison de la part de la mission. Les autorités ont évoqué un non-respect de la résolution des Nations unies, notamment pour la rétrocession des bases de la région de Kidal. Pourquoi avoir fait le choix de partir sans cérémonie de rétrocession ?

 Je voudrais tout d’abord souligner que dans la très grande majorité des cas (Ogossagou, Douentza, Goundam, Ménaka, Mopti, Ansongo, entre autres), la fermeture de nos emprises et leur rétrocession se sont très bien passées, à la satisfaction et du gouvernement malien et de la MINUSMA. Cela dénote d’un degré élevé de coordination et de collaboration. Pour revenir plus directement à votre question, il importe d’abord de rappeler qu’avant le début du processus de retrait  nous avons élaboré un chronogramme tenant compte de plusieurs facteurs, notamment logistiques et sécuritaires. Ce plan a été partagé avec les autorités maliennes et, lorsque des ajustements ont dû être opérés du fait de contraintes totalement indépendantes de notre volonté, ceux-ci furent également communiqués, dans l’esprit du partenariat qui sous-tend la bonne mise en œuvre de la Résolution 2690. La fermeture des bases de la mission a été exécutée dans les périodes prévues. Cela n’a pu être le cas à Kidal, où la période envisagée a dû être réaménagée du fait d’impératifs sécuritaires. Je l’ai dit, et le Conseil de sécurité l’a souligné, la sécurité de nos Casques bleus est une préoccupation primordiale. Dans un contexte marqué par l’absence d’un mandat substantif à la suite de la demande de retrait et de la résolution du Conseil, la réduction drastique de nos capacités à nous protéger et l’augmentation très significative des risques sécuritaires, nous avions la responsabilité, l’obligation, de ne pas mettre la vie de nos personnels davantage en danger. Que ce soit lors des retraits de Ber, dans la région de Tombouctou, ou des bases situées dans la région de Kidal, nous avons fait face à des attaques et sommes, à plusieurs reprises, passés tout près de la catastrophe. Nous devons tous être soulagés qu’aucun Casque bleu n’ait perdu la vie dans ces opérations, même s’il y a eu des blessés nombreux : c’est un motif de satisfaction pour la mission, pour les pays contributeurs de troupes et de personnels de police, ainsi que pour les familles et proches des Casques bleus, et pour l’ensemble des États membres des Nations unies, étant donné que la mission a été mandatée par le Conseil de sécurité en leur nom.

Les autorités de la Transition étaient-elles informées de votre départ précipité de Kidal et de l’intention de ne pas faire de cérémonie de rétrocession ?

Comme indiqué plus haut, nous avons établi avec les autorités maliennes des canaux de communication multiples et à différents niveaux pour assurer une exécution aussi efficace et efficiente que possible du retrait de la mission. Dans ce cadre, nous échangeons régulièrement et dans le détail sur tous les aspects du processus de retrait, son évolution et nos préoccupations respectives.

Je crois que tous les acteurs concernés avaient conscience qu’un retrait dans des délais si courts, quelle que soit par ailleurs la bonne volonté des uns et des autres, ne pouvait être sans difficultés, d’autant qu’il est intervenu à un moment où le processus de paix était paralysé. Il peut y avoir des appréciations divergentes de ce qui s’est passé. Mais nous pouvons tous nous féliciter de ce qu’il est maintenant certain que le délai convenu pour le retrait sera respecté.

Une impression générale s’est dégagée, celle d’avoir favorisé les groupes armés, notamment la CMA, en agissant ainsi. Que répondez-vous ?

L’opération de retrait de la MINUSMA a été exécutée dans des conditions dont on ne soulignera jamais assez la complexité et la difficulté. Dans des situations de ce type, il n’est pas rare que des critiques soient entendues de la part des parties. Il ne vous a pas échappé que nous avons aussi fait l’objet de critiques de la part des Mouvements signataires. Notre unique objectif était d’assurer la bonne exécution de la résolution 2690. Et, dans cette entreprise, nous ne nous sommes jamais départis des principes qui gouvernent le fonctionnement des opérations de maintien de la paix des Nations unies. Oui, il y a eu des incompréhensions et des questionnements, mais tout ceci est maintenant derrière nous. L’important, c’est la poursuite du processus de stabilisation, de paix et réconciliation et, pour cela, le Mali, qui appartient à la famille des Nations unies, pourra toujours compter sur le soutien indéfectible de l’organisation. La MINUSMA part, mais les Nations unies, à travers leurs Agences, Fonds et Programmes, restent pour continuer et renforcer la coopération existante.

Après cette phase de retrait, une nouvelle, dite de liquidation, va débuter le 1er janvier 2024. En quoi consiste-t-elle ? Comment de temps va-t-elle durer ? Quels personnels sont prévus à cet effet ?

Cette phase est mise à profit pour faire transporter hors du Mali les matériels et équipements, notamment ceux appartenant aux contingents qui n’ont pu être rapatriés avant la fin du retrait, ainsi que pour gérer tous les autres aspects, administratifs, financiers et autres, liés aux activités de la mission, et disposer de ses biens. Il importe de s’assurer que tout est en bon ordre.

L’expérience des Nations unies montre que ce type d’activités requiert normalement 18 mois pour être mené à bien. Mais mes collègues qui gèrent ce dossier ont la détermination de faire en sorte que ce travail soit accompli dans les délais les plus courts qui soient. Celui-ci mobilisera des personnels civils, avec le soutien d’effectifs limités de personnels de garde pour protéger les équipements encore au Mali et assurer la sécurité intérieure des sites de liquidation.

Combien d’agents de la MINUSMA auront quitté le Mali d’ici le 31 décembre 2023 ?

Plus des deux tiers de notre personnel sont déjà rentrés dans leurs pays respectifs. L’ensemble des personnels civils et en uniforme de la mission qui ne sont pas impliqués dans la phase de liquidation quitteront le Mali au plus tard le 31 décembre. Les personnels en uniforme – dont le nombre sera très limité – qui resteront au Mali seront ceux des unités de garde déployées sur les sites de liquidation, pour en assurer la sécurité intérieure, étant entendu que la sécurisation du périmètre extérieur de ces sites sera assurée par les autorités maliennes. Nous espérons nous accorder rapidement avec les autorités sur le détail des arrangements à mettre en place. Aux unités de garde s’ajouteront des éléments, également en nombre très réduit – post-curseurs laissés sur place par les contingents dont les équipements n’auront pu être rapatriés d’ici la fin de l’année

La MINUSMA employait de nombreux nationaux et avait des contrats avec des sociétés maliennes. Était-il prévu dans votre plan de retrait une indemnité pour ces personnes et entités ?

Le retrait est intervenu de façon abrupte et a dû être exécuté dans des délais on ne peut plus courts, apportant donc son lot de complications administratives et autres. Nous nous sommes employés à atténuer, dans le cadre strict de ce que permettent les règles des Nations unies et les règles contractuelles en cause, son impact pour nos personnels nationaux et internationaux et les entités avec lesquelles nous avons travaillé. Mais il est évident qu’il y a des limites à ce que nous pouvons faire.

Le Mali, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, a le 16 juin dernier demandé le retrait sans délai de la MINUSMA. Vous étiez présent à cette réunion du Conseil de sécurité de l’ONU. Quel était le ressenti général après cette demande ?

Comme vous le savez sans doute, le Secrétariat des Nations unies, dans le rapport soumis au Conseil de sécurité pour sa session de juin 2023, avait recommandé que le mandat de la MINUSMA fût renouvelé pour une année supplémentaire. Et des consultations informelles avaient déjà commencé entre les membres du Conseil de sécurité sur un projet de résolution. Tel est le contexte dans lequel la demande de retrait a été faite. Les opérations de maintien de la paix, qui, même dans les conditions les plus favorables, sont d’une grande complexité, sont déployées avec le consentement de l’État hôte. Et il est évident qu’en l’absence d’un tel consentement il est quasiment impossible de mener à bien un mandat. La Résolution 2690 a tiré les conséquences de cet état de fait.

Avant que le Conseil n’entérine la fin de la MINUSMA, le 30 juin dernier, y a-t-il eu des discussions pour essayer de faire changer d’avis les autorités maliennes ?

Tout ce que je peux dire est que dès lors que le Mali a annoncé sa demande de retrait, l’attention s’est portée sur les conditions et les modalités de ce retrait, culminant avec l’adoption unanime de la Résolution 2690. Celle-ci constitue le guide commun, pour les Nations unies et pour le Mali, en vue de la réalisation du retrait demandé par les autorités maliennes.

Qu’est-ce qui a, selon vous, motivé la décision des autorités maliennes de réclamer le départ de la mission ?

Le Mali a exposé ses raisons devant le Conseil de sécurité le 16 juin 2023, lors d’une séance ouverte.

Le rapport de Moura, dont la publication avait été retardée, est très mal passé auprès des autorités. Pensez-vous que cela a eu un impact sur leur décision ?

Il n’appartient pas à la MINUSMA de spéculer sur les motivations d’une décision prise par les autorités d’un pays souverain ou de les commenter. Notre rôle, à ce stade, est de mettre en œuvre la résolution du Conseil de sécurité et c’est ce à quoi nous nous sommes attelés depuis le 1er juillet 2023.

La MINUSMA était très importante dans le processus de mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation.  Avec la reprise des hostilités, la prise de Kidal et votre départ, estimez-vous l’Accord enterré ?

Aucune des parties signataires n’a, à ma connaissance, dénoncé l’Accord, qui constitue un cadre de sortie de crise important pour le Conseil de sécurité des Nations unies, ainsi que cet organe l’a, du reste, souligné dans le préambule de la Résolution 2690.

L’appui à la mise en œuvre de l’Accord de paix était la première priorité stratégique de la MINUSMA. Et, conformément aux résolutions du Conseil mandatant la mission, celle-ci a joué un rôle crucial, tant en termes de bons offices que de soutien opérationnel. Les Nations unies, en tant qu’organisation, restent bien sûr engagées en appui au Mali dans sa quête d’une paix durable, en prenant en compte les besoins et priorités de l’État malien.

La MINUSMA était également engagée dans le processus de transition, notamment sur le plan électoral. Quid après votre départ ?

Le mandat de la MINUSMA a pris fin le 30 juin 2023, date de l’adoption de la Résolution 2690 du Conseil de sécurité des Nations unies. Dans le cadre de l’accompagnement de la Transition en cours au Mali et des cycles électoraux précédents, la MINUSMA s’était fortement impliquée, et de multiples manières. Elle a assuré la présidence du Comité local de suivi de la Transition, comprenant la CEDEAO, l’UA et la MINUSMA; apporté un soutien technique, logistique, financier et sécuritaire pour la bonne tenue des élections; œuvré à la participation des femmes et des jeunes aux élections et au renforcement de leur rôle dans la gouvernance locale et nationale; mobilisé le soutien de la communauté internationale, etc. Tout ceci a été fait dans un esprit d’excellente coopération avec les autorités maliennes compétentes. Le rôle de la MINUSMA était d’appuyer les efforts du gouvernement du Mali, et non de se substituer à l’État, qui continuera donc à mettre en œuvre ses objectifs de transition. Évidemment, les agences compétentes des Nations unies continueront, dans le cadre des priorités des autorités, à appuyer le processus électoral.

L’heure du départ est également celle des comptes. Après 10 ans de présence, quel bilan chiffré faites-vous de la MINUSMA ?

Il est impossible de faire un bilan exhaustif des 10 ans de la mission en peu de mots. Mais, pour le bénéfice de vos lecteurs, il me semble d’abord important de rappeler les conditions dans lesquelles la mission a été déployée et a opéré au Mali : le contexte sécuritaire, marqué par l’omniprésence du terrorisme, une menace asymétrique pour le moins inhabituelle pour le maintien de la paix; la taille de notre théâtre d’opération, avec une présence tant au centre que dans le nord du Mali et l’attente forte et bien évidemment légitime des populations quant à l’amélioration rapide de la situation sécuritaire et à la matérialisation des dividendes de la paix. À tout cela il convient d’ajouter la fragilité des processus politiques que nous étions mandatés à soutenir. Je peux dire avec certitude que l’action de la mission a eu des effets très bénéfiques et j’ai pu l’observer de mes propres yeux lors des très nombreux déplacements que j’ai effectués à l’intérieur du Mali. Nous avons aidé à la stabilisation des centres urbains dans les zones où nous étions déployés; exécuté des centaines de projets socio-économiques qui ont bénéficié aux populations, notamment dans le centre et le nord; réhabilité de nombreuses infrastructures aériennes, y compris à Gao, Tessalit et Kidal, ainsi que d’autres infrastructures tout aussi importantes tels des ponts  situés entre Sévaré et Bandiagara, le long de la route dite du Poisson qui conduit au Burkina Faso; protégé des civils dans nos zones de déploiement; soutenu de façon multiforme la réconciliation au niveau local; apporté un appui aux forces de défense et de sécurité, y compris en conduisant à leur demande des évacuations sanitaires et médicales et en finançant la construction d’infrastructures; facilité l’acheminement de l’aide humanitaire et appuyé les efforts de promotion et de protection des droits de l’Homme, y compris à travers un programme soutenu de renforcement des capacités. Nous avons aussi, comme je l’ai souligné tantôt, soutenu la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la Transition, en plus du processus d’élaboration d’une stratégie malienne de stabilisation des régions centrales du Mali.

Estimez-vous que la mission a été accomplie et les objectifs atteints ?

L’on ne peut dire, s’agissant d’une opération aussi complexe, que les objectifs ont été complètement atteints. La quête d’une paix durable est une entreprise de longue haleine. Elle repose fondamentalement sur la volonté et les efforts des acteurs nationaux. Dans le cas d’espèce, le rôle de la MINUSMA était de les accompagner et d’appuyer leurs efforts, sans préjudice de la responsabilité première qui est la leur.

De ce point de vue, il me semble que nous avons joué notre rôle. Et il est notable que, dans les zones où nous étions déployés, notre action a eu un effet tangible indéniable et était appréciée. Bien sûr, il y a eu des critiques, et cela est normal, car aucune œuvre ne peut être parfaite. La nôtre encore moins, car dépendant de beaucoup de variables multiples et complexes.

Nous nous sommes constamment employés à renforcer l’efficacité de notre action, y compris en restant à l’écoute des autorités, des autres acteurs concernés et de la population, d’une manière plus générale. Et nous nous sommes dépensés sans compter pour la cause de la paix, de la sécurité et de la stabilité au Mali. L’engagement des personnels de la mission fut tout simplement remarquable, surtout au regard de l’omniprésence et de la gravité du risque sécuritaire. Le nombre élevé des pertes que nous avons subies et de blessures infligées à nos Casques bleus en est une claire et tragique illustration.

Permettez-moi de saisir cette occasion pour, en mon nom et au nom de l’ensemble de mes collègues, remercier le gouvernement et le peuple maliens pour leur collaboration et soutien au cours de cette décennie et de formuler les vœux les meilleurs pour l’année 2024 et, au-delà, pour l’avènement d’un Mali en paix, stable et prospère.

Youssouf Tapo : l’artiste toujours détenu en Côte d’Ivoire

L’artiste, chanteur et compositeur malien Youssouf Tapo a été arrêté le 11 novembre 2023 à Bouaké, en Côte d’Ivoire, avec 7 membres de son équipe. Une détention qui s’inscrit dans un climat de tension où les relations artistiques et culturelles entre le Mali et la Côte d’Ivoire sont de plus en plus mises à l’épreuve.

À Bouaké pour un concert qui était prévu au Centre culturel Jacques Aka, le chanteur Youssouf Tapo a été interpellé le même jour par les forces de sécurité. Et, depuis près d’un mois, l’incompréhension règne. Le manager de l’artiste, Papa Konta, affirme toujours aujourd’hui ne pas connaitre les raisons de cette interpellation, car elles n’ont pas été divulguées. Le 30 novembre 2023, la Team Maliba a organisé un point de presse afin de fournir plus de détails sur cette interpellation en terre ivoirienne et solliciter l’implication de tous pour une libération. Le manager s’est rendu durant une semaine à Bouaké sans avoir eu accès à l’artiste. Les proches de Youssouf Tapo dénoncent un manque de transparence sur les raisons de son arrestation. Selon une source sécuritaire ivoirienne, les organisateurs ont fait appel à des videurs (gros bras) d’Abidjan pour sécuriser le concert à Bouaké. Ce qui a soulevé des questions au niveau des agents de la sécurité nationale, qui ont décidé de mettre aux arrêts l’artiste, l’organisateur et les gros bras pour enquête.

Aly Inèba Guindo, Chargé de Communication du ministère de la Culture, affirme que le département est au courant de la situation de Youssouf Tapo et travaille avec le ministère des Affaires étrangères, en collaboration avec l’ambassade du Mali en Côte d’Ivoire, qui lui fait parvenir régulièrement des rapports sur la situation. Selon lui, tout est mis en œuvre pour avoir des explications sur son arrestation et obtenir sa libération. En Côte d’Ivoire, silence radio du côté des autorités, ce qui donne libre cours aux interprétations. Certains proches et internautes lient cette affaire à celle des 49 militaires ivoiriens arrêtés au Mali en juillet 2022, qui avait considérablement refroidi les relations entre les deux pays. Même si, comme le confient certains observateurs, Youssouf Tapo et son staff n’ont pas cette envergure. Toutefois, les relents de cette affaire sont toujours présents. Pour rappel, le concert de Salif Keïta  prévu pour le 17 novembre dernier à Abidjan a été aussi annulé après plusieurs semaines d’appel au boycott. L’artiste ivoirien Didi B, qui devait effectuer un concert à Bamako en septembre 2022, avait dû l’annuler à cause des tensions autour des 49 militaires, quelques jours après l’artiste malienne Mariam Bah, qui devait se produire en Côte d’Ivoire.