Intégration: Le Ghana, 5ᵉ pays africain à abolir les visas pour les citoyens du continent

Le Ghana a officiellement instauré, à partir du 1ᵉʳ janvier 2025, une politique d’exemption de visa pour tous les détenteurs de passeports africains.

Cette initiative, annoncée par le président Nana Akufo-Addo en janvier 2024 lors des Dialogues sur la prospérité en Afrique, vise à renforcer l’intégration continentale et à faciliter la libre circulation des personnes sur le continent.
En adoptant cette mesure, le Ghana devient le cinquième pays africain à offrir une entrée sans visa aux citoyens africains, rejoignant ainsi le Rwanda, les Seychelles, la Gambie et le Bénin.
Jusqu’à présent, les voyageurs africains souhaitant se rendre au Ghana devaient s’acquitter de frais de visa s’élevant à 60 dollars pour une entrée unique valable 30 jours, ou 120 dollars pour des entrées multiples sur une période de six mois. La suppression de ces frais vise à éliminer les obstacles financiers et administratifs, encourageant ainsi les échanges commerciaux, touristiques et culturels intra-africains.
Cette décision s’aligne sur les objectifs de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), dont le secrétariat est basé à Accra, et reflète l’engagement du Ghana en faveur de l’unité africaine et de la promotion d’un marché unique sur le continent.
Les autorités ghanéennes espèrent que cette politique stimulera le tourisme et les investissements, tout en renforçant les liens entre les nations africaines. Des initiatives similaires ont déjà montré des résultats positifs dans les pays ayant adopté des politiques d’exemption de visa, contribuant à une augmentation des flux touristiques et économiques.
En facilitant l’accès à son territoire pour tous les Africains, le Ghana réaffirme son rôle de leader dans la promotion de l’intégration africaine et ouvre la voie à une coopération renforcée entre les pays du continent.

Tensions diplomatiques : Le Mali et l’Algérie au bord de la rupture ?

Une nouvelle fois, le Mali et l’Algérie traversent une crise diplomatique sans précédent, amplifiée par des accusations de soutien au terrorisme portées par Bamako à l’encontre d’Alger.

Dans un communiqué diffusé ce mercredi 1er janvier 2025, le ministère malien des Affaires étrangères a dénoncé les déclarations du ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, les qualifiant d’ »ingérence flagrante ». Cette réaction intervient après une année marquée par des tensions croissantes, notamment la convocation mutuelle des ambassadeurs en décembre 2023, suivie de leur rappel par leurs gouvernements respectifs.

Les récents propos d’Ahmed Attaf, selon lesquels « le conflit au Mali nécessite une solution politique et non militaire », ont été perçus comme une critique directe de la stratégie malienne. Bamako accuse Alger de favoriser les groupes armés terroristes en leur offrant un soutien logistique et en cherchant à s’ingérer dans les affaires internes du Mali.

Dans un précédent communiqué, en janvier 2024, le Mali avait déjà pointé du doigt la « proximité et la complicité » de l’Algérie avec les groupes armés. Cette accusation revient aujourd’hui avec plus d’intensité, alors que les autorités maliennes soulignent leur détermination à lutter contre le terrorisme dans un cadre souverain et en coopération avec la Confédération AES.

Une présidence algérienne au Conseil de sécurité de l’ONU

Dans ce contexte tendu, l’Algérie a succédé aujourd’hui, 2 janvier 2025, aux États-Unis à la présidence tournante du Conseil de sécurité de l’ONU. Alger a déclaré vouloir faire de l’Afrique et du monde arabe ses priorités, notamment dans les domaines de la paix et de la sécurité. Ce positionnement pourrait peser sur la crise actuelle, l’Algérie cherchant à jouer un rôle de médiateur influent dans la région.

Une divergence de visions stratégiques

Cette crise diplomatique reflète des désaccords profonds sur la gestion de la sécurité dans la région sahélienne. Alors que l’Algérie plaide pour des solutions politiques, le Mali, appuyé par la Confédération AES, privilégie une stratégie militaire coordonnée pour restaurer la stabilité.

Bamako accuse Alger d’être un « pompier-pyromane » qui, tout en prônant le dialogue, soutiendrait en sous-main les groupes armés. Les autorités maliennes affirment n’avoir « aucune leçon à recevoir » en matière de lutte contre le terrorisme et appellent l’Algérie à résoudre ses propres crises internes, notamment la question de la Kabylie.

Un risque de rupture totale

À mesure que les accusations s’intensifient, une rupture complète des relations diplomatiques entre les deux pays semble de plus en plus envisageable. Cette crise pourrait également affecter les efforts régionaux contre le terrorisme, alors que le Sahel reste une zone de grande instabilité.

Le Mali, toutefois, réaffirme son ouverture au dialogue à condition que l’Algérie respecte pleinement sa souveraineté. Bamako insiste sur la poursuite de son combat contre le terrorisme en partenariat avec ses alliés régionaux et internationaux.

Alors que l’Algérie prend la présidence du Conseil de sécurité de l’ONU, ses priorités en Afrique et au sein du monde arabe pourraient influer sur les dynamiques régionales. Pour le Mali, cette période marque un tournant dans ses relations diplomatiques, entre tensions avec Alger et rapprochement avec ses partenaires de la Confédération AES.

La gestion de cette crise pourrait redéfinir les équilibres stratégiques dans la région sahélienne, alors que les deux nations s’affirment dans des visions de sécurité divergentes.

 

 

Révision de la loi électorale : Une réforme stratégique pour des élections transparentes et inclusives

Le mardi 31 décembre 2024, le Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goïta, a signé une ordonnance modifiant la loi électorale n°2022-019 du 24 juin 2022. Cette réforme s’inscrit dans un contexte politique et institutionnel marqué par des affirmations à peine voilées sur la possibilité d’organiser des élections crédibles, transparentes et inclusives dans les prochains mois, même si, à ce jour, aucun chronogramme n’a encore été dévoilé.

Adoptée en Conseil des ministres, l’ordonnance n°2024-022 PT-RM vise à renforcer les dispositifs de gestion des listes électorales tout en s’adaptant aux besoins de modernisation du processus électoral. Les modifications concernent principalement les articles 52, 57 et 70 de la loi électorale, qui définissent les modalités de révision des listes électorales, le rôle des autorités administratives et les rectifications nécessaires pour garantir l’intégrité des scrutins.
Le processus de révision des listes électorales a été clarifié et élargi. Désormais, une révision annuelle est obligatoire entre le 1er octobre et le 31 décembre. Cette période permettra d’actualiser les listes électorales en tenant compte des nouvelles inscriptions, des transferts de domicile et des radiations nécessaires, notamment pour les électeurs décédés ou condamnés à une incapacité électorale. Cette mesure garantit que les élections se dérouleront sur la base de listes actualisées et fiables.
Une innovation majeure concerne la création de nouvelles listes électorales, qui peuvent être établies après un recensement administratif. Cette flexibilité vise à répondre à des situations exceptionnelles, telles que des réorganisations territoriales ou des circonstances nécessitant une révision profonde des bases électorales. Le ministre de l’Administration territoriale a également la latitude de prolonger la durée de la révision annuelle si les circonstances l’exigent, une disposition essentielle pour éviter des omissions pouvant affecter la crédibilité des scrutins. Cette situation intervient alors que, de bonne source, la révision actuelle de la liste électorale, initiée depuis le 1er octobre 2024, a été prolongée jusqu’au mois de février 2025.
À noter que les procédures d’inscription ont également été révisées pour inclure une prise en compte plus inclusive des citoyens. Les commissions administratives auront désormais la responsabilité d’inscrire automatiquement les citoyens remplissant les critères électoraux, notamment ceux disposant d’un Numéro d’Identification Nationale (NINA). Pour les individus non enregistrés dans la base biométrique de l’état civil, des solutions ont été prévues, telles que l’inscription sur présentation de documents officiels comme un acte de naissance ou une fiche descriptive individuelle. Les nouveaux inscrits recevront un NINA provisoire, lequel sera régularisé après traitement des données par les services compétents.
L’Autorité Indépendante de Gestion des Élections (AIGE) joue désormais un rôle central dans le suivi des opérations de révision et la mise à jour des fichiers électoraux. Ce renforcement institutionnel traduit une volonté de dépolitiser le processus électoral en confiant à une entité indépendante des missions critiques telles que la supervision des inscriptions et la correction des erreurs détectées dans les listes. L’ordonnance introduit également un mécanisme pour ajuster les listes électorales en cas de réorganisation administrative ou territoriale, une mesure importante pour s’adapter aux réalités du terrain.
Le processus de rectification des erreurs dans les listes électorales a été minutieusement encadré. Les commissions administratives, sur décision des représentants de l’État, seront chargées de corriger les erreurs résultant du traitement informatique ou des décisions judiciaires. Une fois finalisées, les listes électorales seront produites en trois exemplaires : un pour les communes ou ambassades, un pour l’AIGE et un dernier pour les bases de données biométriques. Cette approche vise à garantir la transparence et la traçabilité du processus électoral.
L’ordonnance s’inscrit dans une dynamique de renforcement institutionnel et de professionnalisation de la gestion des élections au Mali. En attribuant des responsabilités claires aux autorités administratives et à l’AIGE, cette démarche vise à restaurer la confiance des citoyens dans le processus électoral. Ce texte reflète également une attention particulière aux exigences de modernisation et d’inclusion, en intégrant des outils biométriques et des mécanismes de gestion adaptés aux réalités maliennes.
Cette réforme intervient dans un contexte marqué par de fortes attentes populaires et une pression internationale pour des élections crédibles en 2025. D’aucuns espèrent qu’elle puisse représenter un pas décisif vers la consolidation de la démocratie malienne, en renforçant la participation citoyenne et en préservant l’intégrité du processus électoral.

Discours à la Nation : Le Général Assimi Goïta définit les grandes priorités pour 2025

Dans son adresse à la nation du 31 décembre 2024, le Général Assimi Goïta, Président de la transition au Mali, a présenté un bilan des réalisations de l’année écoulée, tout en esquissant sa vision pour 2025. Axé sur les valeurs de souveraineté, de résilience et de renouveau, son discours a exploré les multiples fronts où l’action publique s’est intensifiée : la sécurité, l’économie, la culture, l’énergie et la gouvernance.

Au cœur de son intervention, le Président a salué la résilience et l’engagement du peuple malien face aux défis complexes de 2024. Entre les graves inondations et les pressions multiformes sur l’État, il a indiqué que le Mali a démontré sa capacité à surmonter les obstacles grâce à des réformes institutionnelles profondes et à une solidarité nationale exemplaire.
Dans ce cadre, il a mis l’accent sur des avancées significatives réalisées sur le plan sécuritaire. Pour lui, les Forces Armées Maliennes ont mené des opérations stratégiques, notamment dans la région de Kidal, où des chefs terroristes ont été neutralisés à Tinzaouatène. Pour 2025, il a souligné que l’objectif sera d’intensifier ces efforts par un meilleur redéploiement des forces, le retour des services publics dans les zones reconquises et l’adaptation aux nouvelles menaces sécuritaires.
L’économie comme pilier de la souveraineté
Le Président Goïta a mis en lumière les progrès réalisés pour renforcer la souveraineté économique et relancer la croissance. En devenant actionnaire majoritaire dans la Banque Nationale de Développement Agricole (BNDA) et Moov Malitel, il a estimé que l’État a repris le contrôle de secteurs clés comme les télécommunications et la finance.
Dans le domaine minier, il a rappelé l’ouverture de la mine de lithium de Goulamina, une des plus grandes au monde, marque un tournant décisif. Les recettes attendues, estimées à plus de 1 000 milliards de francs CFA par an, renforceront la capacité financière de l’État. Par ailleurs, il a relevé que la révision des conventions minières, conformément au Code minier de 2023, permettra de maximiser les retombées économiques pour le développement national.
Une réponse énergétique audacieuse
Face à une crise énergétique persistante, il a annoncé que des projets structurants ont été initiés. A ses yeux, les centrales solaires de Sanankoroba, Safo et Tiakadougou Dialakoro symbolisent la transition énergétique en cours, visant à diversifier les sources d’énergie et à renforcer l’indépendance électrique du pays.
Une gouvernance vertueuse pour un État fort
Par ailleurs, il a déclaré que la lutte contre la corruption et les infractions économiques restera une priorité. Le Président a salué les actions des institutions de contrôle comme le Bureau du Vérificateur Général et l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite, dont les rapports, à l’en croire,  ont permis d’engager des poursuites judiciaires.
2025 : Une année sous le signe de la culture
Avec la déclaration de 2025 comme « Année de la culture », le Général Goïta entend raviver les valeurs traditionnelles maliennes et promouvoir l’expression artistique. Ce programme, initié en avril 2024 avec l’éducation aux valeurs, vise à inculquer le patriotisme et à renforcer l’identité culturelle nationale, en célébrant les talents locaux et en valorisant le patrimoine commun.
Diplomatie et intégration régionale
Sur le plan international, il a ajouté que la création de la Confédération des États du Sahel, en partenariat avec le Burkina Faso et le Niger, marque une avancée majeure. Ce cadre, selon lui, vise à harmoniser les politiques économiques et sécuritaires pour faire face aux défis communs. Le Mali y joue un rôle moteur, en ce sens qu’il occupe la présidence tournante de la Confédération des Etats du Sahel en essayant de renforcer sa stature régionale et internationale.
Le Président Goïta a conclu son discours par un appel vibrant à l’union sacrée. Il a exhorté le peuple malien à persévérer dans ses efforts pour construire un « Mali Koura » — un Mali nouveau où la souveraineté, la prospérité et la justice sociale guideront le développement national.

Procès : Issa Kaou Djim condamné à un an de prison ferme

Issa Kaou Djim a été condamné,  le lundi 30 décembre 2024, à deux ans de prison dont un avec sursis. Cette condamnation fait suite à des propos tenus le 10 novembre 2024 lors de l’émission « Rendez-vous des idées » sur Joliba TV News, où il aurait mis en doute la crédibilité d’un supposé coup d’État déjoué au Burkina Faso, dirigé par le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré.

Arrêté le 13 novembre 2024, Issa Kaou Djim a comparu pour la première fois le 23 décembre 2024. Lors de son audience, il a déclaré : « Je n’ai jamais mentionné nommément le président Traoré. Mon intention n’était pas de porter atteinte à sa personne ni à l’État burkinabé, mais d’émettre un avis sur des faits d’actualité. Si mes propos ont offensé, je présente mes excuses ».
Malgré ces explications, le procureur a requis un an de prison ferme, qualifiant les propos de l’accusé de « manifestement offensants » et affirmant qu’ils portaient atteinte aux relations diplomatiques entre le Mali et le Burkina Faso.
Le 30 décembre 2024, après délibération, le tribunal a confirmé cette peine. Ayant déjà passé plus d’un mois et demi en détention provisoire, il reste à Issa Kaou Djim environ dix mois et demi à purger.
En parallèle, la chaîne Joliba TV News a vu le retrait de sa licence transformé en une suspension de six mois en raison de son implication dans cette affaire.
L’avocat de l’accusé, Maître Boubacar Soumaré, a plaidé pour une relaxe, arguant que ses propos relevaient de la liberté d’expression et ne constituaient ni offense ni injure. Issa Kaou Djim conserve la possibilité de faire appel de cette décision.

La fausse promesse de l’exploitation minière « responsable »

Au mois de juillet, le gouvernement de la Serbie a rétabli les permis relatifs aux projets d’extraction de lithium de Rio Tinto, après les avoir annulés en 2022 à la suite de manifestations populaires. Ce rétablissement a provoqué de nouvelles manifestations, plusieurs milliers de personnes étant descendues dans les rues de Belgrade pour exprimer leur opposition à une mine susceptible de constituer une menace pour les sources d’eau et la santé publique. Rio Tinto avait en effet déjà fait preuve par le passé d’une volonté de contourner les réglementations environnementales du pays.

 

Rio Tinto présente un long passé de violations présumées des droits de l’homme ainsi que de contamination et de mauvaise gestion de l’eau dans ses mines à travers le monde. Le problème ne se limite cependant pas à Rio Tinto : la corruption et la négligence sont monnaie courante dans l’industrie minière. La société Glencore a été condamnée par un juge américain à s’acquitter d’une amende de 700 millions $ pour avoir mis en place et appliqué pendant une dizaine d’années un système de corruption de responsables publics dans plusieurs pays. De même, le géant minier BHP et son partenaire brésilien Vale sont pris dans des batailles juridiques liées à la rupture du barrage de résidus miniers de Fundão – la plus grave catastrophe environnementale survenue au Brésil.

 

L’Union européenne prévoyant d’accroître son extraction minière intérieure de matériaux essentiels à la transition écologique ainsi qu’à de nombreuses technologies de défense et à divers produits numériques, les dirigeants politiques et les populations entendent s’assurer du caractère durable de cette démarche. C’est la raison pour laquelle le Conseil international des mines et métaux (ICMM) – une organisation que Rio Tinto a contribué à créer, qui inclut également Glencore, Vale et BHP – et plusieurs autres acteurs majeurs de l’industrie travaillent à l’élaboration d’une norme mondiale, dans le cadre de l’initiative pour une norme consolidée relative à l’exploitation minière (CMSI), permettant de certifier la production responsable des minéraux. Compte tenu de leurs antécédents, est-il raisonnable de confier à ces géants de l’industrie minière l’élaboration des règles censées leur imposer de rendre des comptes ?

 

Les normes et certifications volontaires ne constituent pas une nouveauté. Elles existent dans une multitude de secteurs, de l’agriculture jusqu’au bâtiment, et l’industrie minière connaît déjà de nombreuses initiatives de ce type. Les quatre organisations qui mènent la CMSI – l’ICMM, l’Association minière du Canada, le Conseil mondial de l’or, et Copper Mark – disposent en effet chacune de leur propre cadre de garantie.

 

Plusieurs évaluations relatives à ces programmes volontaires, conduites par Germanwatch, Mercedes-Benz et d’autres, révèlent que la plupart d’entre eux manquent en réalité de transparence, de rigueur, de contrôle, et qu’ils ne permettent pas d’assurer la mise en œuvre des contraintes. Autrement dit, ces programmes constituent une forme sophistiquée de greenwashing. Au mois de février, l’organisation Lead the Charge a publié une évaluation des programmes de garantie et d’accréditation par des tiers dans le secteur des matières premières, examinant chacun d’entre eux en fonction d’un ensemble de critères minimum de crédibilité. Constat révélateur, la procédure de l’ICMM pour la validation des prévisions de performance satisfaisait à seulement 16 % des critères.

 

Ces chiffres peu glorieux se traduisent par des conséquences concrètes pour les populations autochtones, les travailleurs et les communautés locales. D’après le Centre de ressources sur les entreprises et les droits de l’homme, les sociétés membres de l’ICMM, qu’elles soient directement détenues en propriété ou qu’elles participent à des coentreprises, représentent plus de la moitié des 20 entreprises responsables de la majorité des violations présumées des droits de l’homme dans l’exploitation minière des minéraux essentiels.

 

Dirigeants politiques et institutions financières injectent des milliards de dollars dans des projets miniers à travers le monde sur la base de certifications volontaires semblables à la CMSI actuellement proposée. La loi de l’UE sur les matières premières critiques se fonde par exemple sur ces garanties pour déterminer si les entreprises s’approvisionnent en matières premières de façon responsable. De même, 78 % des constructeurs automobiles évalués dans le cadre de l’étude de l’organisation Lead the Charge déclarent s’appuyer sur ces éléments pour prendre des décisions en matière d’approvisionnement – en particulier à mesure que l’adoption des véhicules électriques s’accélère.

 

Une récente analyse de la proposition de CMSI, menée par des groupes autochtones, des organisations de la société civile et des experts politiques, met en évidence plusieurs lacunes dans ce cadre, susceptibles de nuire aux communautés, et, aspect important, de présenter des risques pour les constructeurs automobiles. La norme se décompose en trois niveaux : pratiques de base, pratiques satisfaisantes, et pratiques optimales. Or, les exigences imposées au niveau basique – précisons d’ailleurs que les entreprises sont autorisées à opérer en dessous de ce seuil durant le processus de garantie – ne sont pas alignées sur les lois internationales, les normes juridiques ou les principes généralement reconnus, tels que les normes de performance de la Société financière internationale (IFC). Les sociétés minières ne seront par conséquent pas dans l’obligation de remédier aux violations graves des droits de l’homme, ce qui pourrait plus en aval exposer les constructeurs automobiles à des sanctions.

 

Par ailleurs, le projet de norme ne protège pas le droit des populations autochtones – qui subissent un préjudice disproportionné du fait de l’exploitation minière – au consentement libre, préalable et éclairé, qui accompagne leur droit de gouverner leurs territoires et leurs ressources, ainsi que leur droit à l’autodétermination. La préservation de ce droit doit constituer une exigence minimale au niveau des pratiques de base. Or, l’idée même que le respect des droits fondamentaux puisse faire l’objet d’une décomposition en différents niveaux de performance illustre toute la défaillance de l’élaboration de la CMSI. Une telle approche infligerait encore davantage de préjudices aux communautés autochtones, dans la mesure où plus de la moitié des minéraux critiques se situent sur leurs terres ou à proximité.

 

L’ICMM et ses partenaires, dont les sociétés membres du groupe consultatif de la CMSI telles que BWM et Tesla, auront beau fournir tous les efforts pour présenter cette norme comme l’instrument d’une exploitation minière responsable, il ne s’agit de rien de plus que d’une tentative du secteur de présenter un visage propre et écologique au public. Si elle aboutit, la CMSI renforcera tout simplement la puissance et l’influence de géants miniers tels que Rio Tinto, Glencore et BHP, et leur permettra d’agir impunément tout en présentant de fausses garanties à l’ensemble des principales parties prenantes.

 

Loin de favoriser une transition énergétique juste, la CSMI permettrait aux industries extractives de privilégier le profit au détriment de la qualité de l’air et de l’eau, des droits de l’homme ainsi que d’une planète vivable, tout en exposant les constructeurs automobiles, les États et les investisseurs à un risque d’atteinte à leur réputation. Compte tenu de l’augmentation de la demande de minerais essentiels à la transition énergétique, il est plus important que jamais de fixer des exigences élevées dans l’élaboration de règles solides et applicables au sein du secteur minier.

 

Chelsea Hodgkins est conseillère principale dans le cadre du programme climatique de Public Citizen sur la question des véhicules électriques.

 

Project Syndicate, 2024.
www.project-syndicate.org

45ᵉ édition du Sabre National au Niger : Aba détrône Issaka Issaka

La 45ᵉ édition du Sabre National de lutte traditionnelle, également connue sous le nom de « Kokowa », s’est achevée en apothéose, ce samedi 28 décembre, à Dosso, au sud-ouest du Niger, à environ 140 km à l’est de Niamey. Un lot de surprises et de rebondissements était au rendez-vous.

L’événement phare de la culture sportive nigérienne a vu la consécration de Aba, qui a réussi l’exploit de détrôner le sextuple champion en titre, Kadri Abdou, alias Issaka Issaka. Il enlève ainsi le Sabre National et empoche la somme de 12 millions de FCFA.

Tout au long de la compétition, Aba a démontré une maîtrise technique et une détermination exemplaire, enchaînant les victoires face à des adversaires de haut calibre. Sa performance en finale, où il a affronté et vaincu Issaka Issaka, a été particulièrement remarquable, mettant fin à une série de trois sacres consécutifs de ce dernier.

Le Sabre National est bien plus qu’une simple compétition sportive au Niger. Il s’agit d’un événement culturel majeur qui rassemble les différentes régions du pays, mettant en avant la richesse des traditions et l’esprit de cohésion nationale. Chaque édition est l’occasion pour les lutteurs de se mesurer dans un esprit de fair-play, tout en honorant les valeurs ancestrales de courage et de persévérance.

Cette édition a été marquée par l’introduction d’un nouveau code de la lutte, visant à rendre les combats plus fluides et équitables. Ces réformes, initiées par le ministère de la Jeunesse, de la Culture, des Arts et des Sports, ont pour objectif de préserver l’intégrité de la discipline et d’assurer des affrontements incontestables, reflétant le véritable talent des participants.

Malgré sa défaite, Issaka Issaka demeure une figure emblématique de la lutte nigérienne. Son palmarès impressionnant et sa longévité au sommet témoignent de son exceptionnel talent. Cette défaite pourrait bien être une source de motivation supplémentaire pour lui, en vue de reconquérir le titre lors des prochaines éditions.

 

 

Trump ne peut pas arrêter la dédollarisation

Pendant la campagne présidentielle américaine, Donald Trump s’est engagé à rendre la dédollarisation – les efforts visant à réduire la dépendance mondiale à l’égard du billet vert – trop coûteuse pour être envisagée, en promettant d’imposer des droits de douane de 100 % aux pays qui la mettraient en œuvre. Mais une telle mesure, qui s’inscrit dans le cadre d’un programme tarifaire plus important, que le président élu semble déterminé à mettre en œuvre, ne contribuerait guère à enrayer la chute du dollar.

 

Le billet vert reste le moyen d’échange le plus important et la réserve de valeur la plus efficace. Cela en fait la monnaie préférée pour le commerce et la finance internationaux, ainsi que pour les réserves de change détenues par les banques centrales, afin de garantir un approvisionnement régulier en importations et de se prémunir contre les crises monétaires et l’instabilité macroéconomique. Mais à mesure que le centre de gravité de l’économie mondiale se déplace vers l’est, la dédollarisation s’accélère.

 

La part du dollar dans les réserves de change est passée d’un pic de 72 % en 2002 à 59 % en 2023, sous l’effet d’une demande accrue de monnaies de réserve non traditionnelles, en particulier le renminbi chinois. En outre, l’année dernière, un cinquième du commerce mondial du pétrole s’est effectué dans d’autres monnaies que le dollar. Jusqu’alors, le dollar était quasiment la seule devise utilisée.

 

Plusieurs facteurs ont contribué à cette évolution. Les pays du Sud sont devenus les moteurs de la croissance économique mondiale, modifiant la dynamique du commerce mondial et des marchés de l’énergie. Un monde de plus en plus multipolaire a ouvert une nouvelle ère de concurrence monétaire, tandis que les innovations technologiques et financières ont rendu moins coûteux et plus efficace le règlement en monnaie locale (LCS, d’après l’acronyme anglais) pour les échanges bilatéraux.

 

Trump, apparemment conscient des énormes avantages économiques et géopolitiques que confère aux États-Unis le statut du dollar en tant que principale monnaie de réserve mondiale, voudrait mettre un terme à ce processus. Après tout, les États-Unis sont l’un des rares pays de l’économie mondiale hautement intégrée à disposer encore d’une souveraineté monétaire effective, c’est-à-dire de la capacité de fixer et d’atteindre ses objectifs de politique économique et monétaire sans tenir compte des autres pays.

 

Au contraire, au fur et à mesure que le marché de l’eurodollar est devenu l’épine dorsale d’un système monétaire international privatisé, de plus en plus de pays ont émis de la dette souveraine libellée en dollars, augmentant ainsi leur dépendance à l’égard du billet vert. En 2011, le président chinois de l’époque, Hu Jintao, l’a dit clairement : « La politique monétaire des États-Unis a un impact majeur sur la liquidité mondiale et les flux de capitaux, et par conséquent, la liquidité du dollar américain doit être maintenue à un niveau raisonnable et stable. »

 

Bien qu’une étude récente de la Banque fédérale de réserve de New York désigne l’éloignement géopolitique des États-Unis et les sanctions financières comme les principaux moteurs de la baisse de la demande de dollars américains, la dédollarisation n’est pas due exclusivement, ni même en grande partie, à la dépendance excessive des États-Unis à l’égard du dollar en tant qu’instrument de politique étrangère. Au contraire, de nombreux gouvernements encouragent l’utilisation d’instruments libellés dans leur unité de compte nationale, afin de profiter des gains associés à l’existence d’une monnaie internationale.

 

L’intégration monétaire de l’Europe en est peut-être l’exemple le plus probant. Elle a donné naissance à l’euro, qui occupe aujourd’hui une place de choix derrière le dollar, représentant environ 20 % des réserves mondiales et plus de la moitié des exportations de l’Union européenne dans le monde. En 2022, environ 52 % des biens importés par l’Union européenne en provenance de pays tiers et environ 59 % des biens exportés par l’Union européenne vers ces pays étaient facturés en euros.

 

Suivant les traces de l’UE, les pays du Sud tirent parti des nouvelles technologies pour promouvoir l’utilisation des LCS dans les échanges bilatéraux, ce qui peut atténuer les contraintes liées à la balance des paiements et soutenir la croissance économique. La Chine, par exemple, a développé son propre système de paiement interbancaire transfrontalier. Elle a établi des lignes de swap bilatérales avec près de 40 banques centrales étrangères et elle a réussi à faire libeller les contrats pétroliers en renminbi. L’année dernière, Total Énergies et la China National Offshore Oil Corporation ont conclu le premier achat de gaz naturel liquéfié en renminbi par l’intermédiaire du Shanghai Petroleum and Natural Gas Exchange.

 

En 2022, la Reserve Bank of India a mis en place un mécanisme permettant de régler les échanges internationaux en roupies, ce qui pourrait permettre d’économiser environ 30 milliards de dollars en sorties de devises si on l’utilisait pour les importations de pétrole russe. Parmi les pays du groupe Brics+ (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, Égypte, Éthiopie, Iran et Émirats Arabes Unis), les échanges commerciaux réglés en monnaie nationale auraient dépassé ceux en dollars. Les investissements transfrontaliers en monnaie locale devraient augmenter également. La nouvelle banque de développement des Brics fera passer ses prêts en monnaie locale d’environ 22 % à 30 % d’ici 2026, afin d’atténuer l’impact des fluctuations des taux de change et d’éliminer les goulets d’étranglement en matière de trésorerie, dans le cadre du financement de projets.

 

Pour les économies émergentes et en développement, la dédollarisation peut également atténuer les retombées négatives de la politique de la Réserve fédérale américaine. Le dernier cycle de resserrement agressif de la Fed a exacerbé l’instabilité macroéconomique et freiné la croissance, piégeant de plus en plus de pays dans des revenus moyens et empêchant la convergence des revenus au niveau mondial. Comme le montrent les recherches du Fonds monétaire international, un arrêt soudain des flux de capitaux vers une économie de marché émergente entraîne une baisse moyenne de 4,5 % de la croissance du PIB cette année-là, et de 2,2 % l’année suivante.

 

La dédollarisation peut également réduire la nécessité de constituer des réserves, une forme d’assurance contre les chocs extérieurs et la volatilité financière qui implique des coûts d’opportunité considérables pour les économies émergentes et en développement. Les autorités monétaires de ces pays pourraient à la place investir dans des actifs à plus haut rendement, générant ainsi plus de ressources pour relever les défis du développement, y compris les investissements qui renforcent la résilience au changement climatique.

 

Les réserves de précaution sont particulièrement préjudiciables pour les pays à faible revenu, qui présentent des risques de crédit plus élevés et des écarts de taux d’intérêt plus importants, car elles impliquent souvent des opérations de portage inversées. Le Bangladesh détient actuellement un montant record de 46,4 milliards de dollars de réserves de devises à faible rendement pour stabiliser le taka, tout en payant plus de 8 % d’intérêts sur ses obligations souveraines.

 

Le prix Nobel d’économie Joseph E. Stiglitz a estimé le coût annuel de la thésaurisation des réserves pour les pays en développement à plus de 300 milliards de dollars, soit 2 % de leur PIB combiné, au milieu des années 2000. Ce chiffre est sans aucun doute plus élevé aujourd’hui, compte tenu de l’augmentation des réserves excédentaires et du nombre croissant de pays aux mauvaises notes de crédit qui ont accès aux marchés financiers internationaux.

 

Certes, la dédollarisation sert également de protection contre les sanctions financières américaines, qui devraient proliférer sous Trump. Mais les innombrables autres avantages d’une telle politique, notamment en termes de gestion macroéconomique et de croissance, sont énormes et l’emporteront probablement sur les coûts des tarifs douaniers de rétorsion que Trump a promis d’imposer à ses concurrents en matière de devises.

 

Le processus pourrait être lent. De puissantes externalités de réseau, associées à profondeur et à la liquidité des marchés financiers américains, ont rendu difficile de déloger le dollar, même si l’Amérique a perdu son statut de première économie commerciale du monde il y a plus d’une décennie. Mais le passage à des monnaies de réserve non traditionnelles dans un système économique de plus en plus multipolaire et l’importance croissante de l’utilisation transfrontalière des monnaies nationales, pour alimenter la croissance et parvenir à une convergence des revenus au niveau mondial, laissent penser que la dédollarisation va se poursuivre. Et un tsunami de droits de douane et de sanctions sous la prochaine administration américaine ne manquera pas d’y contribuer.

 

Hippolyte Fofack, ancien économiste en chef de la Banque africaine d’import-export, est membre du Réseau des solutions pour le développement durable de l’université de Columbia, associé de recherche au Centre d’études africaines de l’université de Harvard, membre éminent de la Fédération mondiale des conseils de compétitivité et membre de l’Académie africaine des sciences.

 

 Project Syndicate, 2024.
www.project-syndicate.org

États-Unis : Mort de Jimmy Carter

L’ancien président américain est décédé ce 29 décembre 2024 à l’âge de 100 ans. Membre du Parti démocrate, il a dirigé les États-Unis de 1977 à 1981 et est reconnu pour son engagement en faveur de la paix à travers le monde. Il a exercé son action humanitaire à travers sa fondation, le Carter Center, créée en 1982.
Jimmy Carter, 39ème président des États-Unis et lauréat du prix Nobel de la paix en 2002, est décédé paisiblement à son domicile de Plains, en Géorgie, entouré de sa famille, a annoncé le Carter Center. L’ancien dirigeant démocrate, qui a été à la Maison Blanche de 1977 à 1981, était le plus vieux président américain encore en vie.
Artisan des accords de Camp David en 1979, qui ont conduit à la signature du traité de paix israélo-égyptien en mars 1979, l’ancien président avait été critiqué pour la prise d’otages américains en Iran. En avril 1980, l’annonce de l’échec de la mission militaire pour leur libération avait compromis sa réélection.
Engagement post-présidence
Après sa présidence, Jimmy Carter avait fondé le Carter Center pour contribuer à la promotion de la santé, au développement et à la résolution des conflits à travers le monde. Il a été le premier président américain à voyager en Afrique subsaharienne, se rendant au Libéria puis au Nigeria. Cette visite s’inscrit dans sa vision selon laquelle « les luttes des Africains pour la justice et celles des Afro-Américains se rejoignent ». Il a également supervisé plusieurs missions d’observation électorale dans différents pays pour garantir des processus démocratiques.
Le Carter Center a mené des campagnes de lutte contre les maladies tropicales, dont le ver de Guinée. Au Mali, le programme d’éradication de cette maladie a été lancé en 1992 et le pays avait enregistré zéro cas en 2016. Le nombre d’animaux infectés est passé de 20 en 2018 à 8 en 2019. Cependant, en 2023, le Mali a signalé un cas de contamination humaine et plusieurs cas chez des animaux dans des zones touchées par l’insécurité. Comme d’autres maladies tropicales négligées, le ver de Guinée est en voie d’éradication, mais six pays, dont le Mali, continuent de signaler des cas.
De plus, à la fin de l’année 2017, le Carter Center a été désigné observateur indépendant dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord issu du processus d’Alger, qui vise à mettre fin aux hostilités entre l’État et les groupes armés au Mali. Cette mission souligne l’engagement continu de Carter et de sa fondation pour favoriser la paix et la stabilité dans la région.
En 2002, Jimmy Carter a été récompensé du Prix Nobel de la paix pour ses efforts en faveur de solutions pacifiques à des conflits internationaux.

Éliminatoires du CHAN 2025 : Le Mali éliminé par la Mauritanie

Le dimanche 29 décembre 2024, au Stade du 26 Mars de Bamako, les Aigles locaux du Mali ont été tenus en échec par les Mourabitounes de Mauritanie, concédant un match nul et vierge (0-0) lors du match retour du deuxième tour des éliminatoires du Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) 2025.

Cette contre-performance, combinée à la défaite 1-0 subie à Nouakchott lors du match aller, scelle l’élimination du Mali de la compétition continentale réservée aux joueurs évoluant en Afrique.

Dès le coup d’envoi, les Aigles ont affiché une détermination palpable, prenant le contrôle du jeu et multipliant les offensives. Les attaquants maliens se sont procuré plusieurs occasions franches, mais ont manqué de réalisme face au but adverse. La défense mauritanienne, bien organisée, a su contenir les assauts répétés, tandis que le gardien des Mourabitounes a réalisé des arrêts décisifs pour préserver sa cage inviolée.

La courte défaite (1-0) concédée à Nouakchott le 22 décembre 2024 avait déjà placé le Mali dans une position délicate. Malgré une préparation intensive et le soutien fervent du public bamakois, les Aigles n’ont pas réussi à inverser la tendance lors du match retour. Cette élimination précoce constitue une déception majeure pour le football malien, qui nourrissait de légitimes ambitions dans cette compétition.

La phase finale du CHAN 2025, prévue du 1er au 28 février 2025, se déroulera pour la première fois dans trois pays hôtes : le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda. Parmi les équipes ayant validé leur qualification, on retrouve notamment le Sénégal, tenant du titre, qui a su confirmer son statut en franchissant les étapes éliminatoires avec succès. En plus du Sénégal et des trois pays hôtes, on retrouve le Maroc, la République Démocratique du Congo, la Guinée, la Mauritanie, le Niger, le Burkina Faso, l’Angola, le Rwanda, la Zambie, le Madagascar, le Soudan, le Centrafrique, Nigeria et l’Eswatini.

Une innovation majeure caractérise cette édition : pour la première fois, les sélections nationales sont autorisées à convoquer des joueurs évoluant sur l’ensemble du continent africain, et non plus uniquement dans leur pays d’origine. Cette évolution vise à rehausser le niveau de la compétition en permettant aux équipes de s’appuyer sur un vivier de talents plus large, tout en renforçant l’intégration du football africain.

Perspectives d’avenir pour le Mali

En tout état de cause, cette élimination offre une opportunité aux instances dirigeantes du football malien de procéder à une analyse approfondie des performances et de l’encadrement technique. L’objectif sera de tirer les enseignements nécessaires pour rebondir lors des prochaines échéances continentales et internationales, en misant sur le développement des talents locaux et une meilleure préparation aux compétitions de haut niveau.

Les éliminatoires, qui se sont achevées le dimanche 29 décembre 2024, ont permis de déterminer les équipes nationales qualifiées pour cette compétition réservée aux joueurs évoluant dans les championnats locaux africains.

Éliminatoires du CHAN 2025 : Le Burkina Faso prive la Côte d’Ivoire de la qualification  

Le Burkina Faso a réalisé une performance remarquable en éliminant la Côte d’Ivoire lors des éliminatoires du Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) 2025. Après une défaite 2-0 au match aller, les Étalons A’ ont renversé la situation en s’imposant sur le même score lors du match retour au stade du 26 Mars à Bamako, avant de l’emporter 4-2 lors de la séance de tirs au but.

Privés de stades homologués par la Confédération Africaine de Football (CAF), le Niger et le Burkina Faso ont disputé leurs rencontres à Bamako, bénéficiant ainsi d’un soutien local significatif. Cette situation a conféré aux deux équipes un avantage comparable à celui de jouer à domicile.
Le match retour entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire a été dominé par les Burkinabè, qui ont ouvert le score à la 30ᵉ minute grâce à Aboubacar Traoré. Ils ont doublé la mise en seconde période par l’intermédiaire de Franck Kanté. La séance de tirs au but a ensuite tourné en leur faveur, scellant leur qualification pour le CHAN 2025.
Par ailleurs, le Niger a également validé son billet pour la phase finale en obtenant un match nul 0-0 contre le Togo, profitant d’un but inscrit à l’extérieur lors du match aller (1-1 à Lomé). Les Mena A’ ont ainsi décroché leur cinquième participation au CHAN, confirmant leur régularité dans cette compétition.
Il ne reste plus que le Mali, qui affrontera la Mauritanie demain, dimanche 29 décembre 2024, au stade du 26 Mars à Bamako. Après une défaite 1-0 à Nouakchott, les Aigles locaux auront à cœur de renverser la situation devant leur public pour rejoindre le Niger et le Burkina Faso au CHAN 2025.
La phase finale du CHAN 2025 se déroulera du 1ᵉʳ au 25 février 2025 et sera co-organisée par le Kenya, l’Ouganda et la Tanzanie.  Cette édition sera la première à être organisée conjointement par trois pays, offrant une opportunité unique de tester leurs capacités en vue de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2027, qu’ils accueilleront également.
Les qualifications pour le CHAN 2025 ont débuté en octobre 2024, avec une nouveauté majeure. Les équipes ont désormais la possibilité de convoquer des joueurs expatriés en Afrique, une décision qui marque un tournant dans l’histoire du CHAN, traditionnellement réservé aux joueurs évoluant dans les championnats locaux.

Le Sénégal, vainqueur de l’édition précédente, défendra son titre lors de cette compétition, qui s’annonce déjà comme un événement majeur du football africain.

Côte d’Ivoire : l’armée dément les accusations du Général Tchiani

L’état-major général des armées de Côte d’Ivoire a réagi, ce samedi 28 décembre 2024, aux allégations formulées par le Général Abdourahamane Tchiani, président de la transition au Niger, au cours d’une interview diffusée sur la télévision publique nigérienne et relayée sur les réseaux sociaux.

Dans cette déclaration, le Général Tchiani affirme que la Côte d’Ivoire serait impliquée dans la « formation militaire de supposés dissidents nigériens réfugiés sur son territoire ». Selon lui, cette prétendue initiative viserait à déstabiliser le régime issu du coup d’État du 26 juillet 2023. Face à ces accusations graves, l’armée ivoirienne a jugé nécessaire de clarifier sa position pour éviter toute confusion ou interprétation erronée.
« Les Forces armées de Côte d’Ivoire (FACI), fidèles à leur mission première qui est la protection et la défense du territoire national, rejettent catégoriquement ces allégations infondées. Ces accusations, dénuées de toute preuve tangible, ne reflètent en rien nos actions ni nos intentions », a indiqué l’état-major dans un communiqué officiel.
L’armée ivoirienne a également rappelé son engagement constant en faveur de la paix et de la stabilité dans la sous-région. « La Côte d’Ivoire a toujours œuvré, dans le cadre de ses partenariats bilatéraux et multilatéraux, pour renforcer la coopération régionale et soutenir les initiatives visant à restaurer et maintenir la sécurité dans les pays voisins », poursuit le communiqué.
Le communiqué invite par ailleurs les autorités nigériennes à concentrer leurs efforts sur les défis sécuritaires internes auxquels leur pays fait face. « Nous encourageons le leadership militaire au Niger à orienter ses priorités vers la résolution des problématiques de sécurité qui persistent et qui, malheureusement, compromettent la stabilité et le bien-être de leur population », ajoute l’armée ivoirienne.
Cette mise au point, signée par le Général de Corps d’Armée Lassina Doumbia, Chef d’état-major général des armées ivoiriennes, conclut en soulignant la détermination des FACI à préserver leur neutralité et à contribuer, dans un esprit de solidarité régionale, à la promotion d’un climat de confiance entre les États de la CEDEAO.

 

Organisation judiciaire : Une réforme ambitieuse pour un pays en quête d’équité 

Adoptée par le Conseil national de Transition lors de sa séance du 1er novembre 2024 et promulguée par le Président de la Transition le 13 décembre 2024 sous la loi n°030, la réforme de l’organisation judiciaire au Mali marque une étape majeure dans l’histoire du pays. Longtemps critiqué pour sa lenteur, ses coûts élevés et son éloignement des populations, le système judiciaire malien fait peau neuve avec des innovations qui promettent de rapprocher la justice des citoyens et de garantir son équité.

L’une des mesures phares de cette réforme est la création de juridictions spécialisées. Désormais, des tribunaux pour mineurs, des juridictions de l’application des peines et des tribunaux militaires seront chargés de traiter des affaires complexes nécessitant des approches spécifiques. Ces nouvelles structures visent à combler une lacune de longue date. Il s’agit de l’incapacité des juridictions générales à gérer efficacement certains dossiers sensibles, notamment ceux impliquant les enfants ou les détenus.
Autre avancée majeure, la gratuité des procédures judiciaires, inscrite dans la loi, est enfin mieux encadrée pour permettre à tous les citoyens, même les plus modestes, d’accéder à la justice. Cette mesure, combinée à la possibilité pour les juridictions de tenir des audiences délocalisées dans des zones rurales, répond à une des principales critiques adressées au système qui demeure son inaccessibilité géographique.
Pourtant, des défis subsistent. Les infrastructures judiciaires, souvent vétustes, devront être modernisées pour accompagner cette réforme. La formation des magistrats devra également être renforcée, notamment pour répondre aux exigences des juridictions spécialisées. Enfin, la question du financement reste une ombre au tableau. Les innovations introduites, bien que prometteuses, nécessiteront des investissements conséquents.
Malgré ces obstacles, les perspectives sont encourageantes. Cette réforme, saluée par les experts comme un pas vers une justice plus accessible et transparente, redonne espoir à de nombreux Maliens. « C’est une transformation qui était attendue depuis des années. Elle rapproche enfin la justice du citoyen », souligne un avocat de Bamako.
Le succès de cette réforme dépendra désormais de sa mise en œuvre effective. Mais pour un pays en quête d’équité et de stabilité, elle symbolise une avancée majeure vers un État de droit solide et inclusif. Reste à si la mise en œuvre sera effective pour une meilleure réforme de l’organisation judiciaire.

Révision de la loi électorale et budget 2025 : Vers des élections en 2025 ?

Le Conseil des Ministres du Mali, réuni le vendredi 27 décembre 2024 sous la présidence du Général d’Armée Assimi Goïta, Président de la Transition, a adopté un projet d’ordonnance modifiant la Loi n°2022-019 du 24 juin 2022 portant loi électorale.

L’application de la loi électorale en vigueur a révélé plusieurs insuffisances. Parmi celles-ci, il a été indiqué que la période de révision annuelle des listes électorales, fixée du 1ᵉʳ octobre au 31 décembre, s’est avérée insuffisante pour une mise à jour exhaustive. De plus, les citoyens enrôlés par le RAVEC (Recensement Administratif à Vocation d’État Civil) avant l’âge de 15 ans n’étaient pas pris en compte dans la base de données, les privant ainsi de leur droit de vote à leur majorité. S’y ajoute la non-transmission des listes électorales à l’Autorité Indépendante de Gestion des Élections (AIGE) que l’année électorale, limitant la mise à jour proactive du fichier électoral.
Ainsi, les amendements apportés visent à prolonger la durée de la révision annuelle des listes électorales pour permettre une inscription plus complète des électeurs; permettre l’inscription sur les listes électorales des citoyens en âge de voter, même s’ils ne figurent pas dans la base de données biométriques de l’état civil, sur présentation de documents tels qu’un acte de naissance, un récépissé d’enrôlement ou une fiche descriptive individuelle; et à assurer la transmission régulière des listes électorales à l’AIGE pour une mise à jour continue du fichier électoral.
Budget 2025 et préparation des élections
Rappelons que le Conseil National de Transition (CNT) a récemment approuvé le Projet de loi de finances pour l’année 2025, validant ainsi les budgets alloués aux élections et aux diverses institutions.
Le budget de l’État pour 2025 est évalué à 2 648,900 milliards FCFA en recettes et 3 229,886 milliards FCFA en dépenses, entraînant un déficit de 580,986 milliards FCFA.
Concernant les élections, le CNT a réservé 80,750 milliards FCFA pour les dépenses électorales, avec un budget de 6,093 milliards FCFA pour l’Autorité Indépendante de Gestion des Élections (AIGE) et 17,297 milliards FCFA pour les nouveaux organes établis par la Constitution révisée.
Engagement pour des élections transparentes
Ces modifications s’inscrivent dans les orientations du Président de la Transition visant à créer les conditions nécessaires à l’organisation d’élections transparentes et apaisées.
Elles répondent également aux recommandations des Assises Nationales de la Refondation (ANR), qui préconisaient une révision de la loi électorale pour renforcer la crédibilité du processus électoral.
La mise en œuvre effective de ces modifications est importante pour le respect du calendrier électoral en cours d’élaboration et la réussite de la transition démocratique.
Les autorités maliennes ont récemment réaffirmé leur engagement à œuvrer pour des élections libres, transparentes et inclusives, garantissant ainsi la participation de tous les citoyens à la vie politique du pays.
Autres mesures
Par ailleurs, le gouvernement a lancé le processus d’élaboration de la Vision 2063 et de la Stratégie nationale de développement à moyen terme, visant à transformer le Mali en une nation émergente d’ici 2033.
Le Conseil des Ministres a également procédé à la dissolution du Conseil communal de la Commune VI du District de Bamako, en raison de dysfonctionnements et de violations de la loi constatés dans sa gestion administrative et financière.
Cette mesure vise à assainir la gestion locale et à rétablir la confiance des citoyens dans leurs institutions.

Enlèvement du Khalife Général de la Tijaniya: un acte de défiance signé Katiba Macina

Le pays est en émoi après l’enlèvement de Thierno Amadou Hadi Tall, Khalife Général de la Tijaniya à Nioro du Sahel. Cet acte, survenu le 26 décembre 2024 alors qu’il revenait de Diabadiala, est attribué à des hommes armés, possiblement affiliés à la Katiba Macina, un groupe jihadiste dirigé par Amadou Koufa.

Thierno Amadou Hadi Tall est une figure spirituelle influente, successeur de son père, Thierno Hady Tall, décédé en 2007. Son engagement en faveur de la paix et ses appels aux jeunes à se détourner des groupes terroristes ont fait de lui une cible pour les extrémistes.
La Katiba Macina, active dans le centre du Mali, est connue pour ses actions violentes et son opposition aux figures religieuses modérées. L’enlèvement de Thierno Amadou Hadi Tall vise à intimider ceux qui prônent la paix et la réconciliation.
Les autorités maliennes, en collaboration avec les forces de sécurité, ont lancé des opérations pour localiser et libérer le Khalife. La population, quant à elle, exprime sa solidarité à travers des prières et des manifestations pacifiques, appelant à sa libération rapide et à la fin des violences perpétrées par les groupes terroristes.
Cet événement souligne la nécessité d’une action concertée pour renforcer la sécurité et protéger les leaders religieux qui œuvrent pour la paix au Mali. D’où l’intensification de la lutte contre le terrorisme et la promotion des initiatives de développement pour contrer l’extrémisme violent.
En attendant, les prières se multiplient pour le retour sain et sauf de Thierno Amadou Hadi Tall, symbole de résilience et de foi pour de nombreux Maliens.

Lutte antiterroriste : l’armée annonce la neutralisation du N°2 de la Katiba Serma

Les Forces Armées Maliennes (FAMa) ont intensifié leurs opérations antiterroristes ces derniers jours, selon plusieurs communiqués de l’État-Major Général des Armées publiés récemment.

Le 26 décembre, une opération ciblée réalisée avec l’appui de l’AES (Confédération des États du Sahel) aurait permis d’éliminer un haut responsable de la Katiba Serma, identifié comme son numéro 2. Cette intervention, menée dans les environs de Serma, aurait été effectuée sur la base d’un renseignement précis et sans causer de dommages collatéraux, selon les autorités militaires.
La Katiba Serma est un groupe jihadiste opérant principalement dans la région de Douentza depuis 2012. Son nom provient de la forêt de Serma, située au sud de Boni, qui sert de refuge à cette cellule affiliée au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). Ce groupe a émergé dans un contexte de conflits sociaux au sein de communautés locales.
L’organisation interne de la Katiba Serma demeure opaque, avec peu d’informations disponibles sur son leadership et ses capacités opérationnelles. Les membres de ce groupe sont principalement originaires des localités de Boni et Mondoro, et leurs actions se concentrent sur des assassinats ciblés, des enlèvements et des menaces locales. Cependant, certains combattants associés à la Katiba Serma ont participé à des attaques de grande envergure, notamment à Ouagadougou en mars 2018 et à Grand-Bassam en Côte d’Ivoire .
La forêt de Serma, située au sud de Boni dans le cercle de Douentza, est une zone boisée qui a servi de base logistique et d’entraînement pour des groupes armés terroristes. Des opérations militaires antérieures, notamment en 2017 et 2019, ont visé cette zone pour démanteler des camps jihadistes et saisir des armes et munitions.
Par ailleurs, entre le 22 et le 25 décembre, des missions de reconnaissance offensive ont été menées dans différentes zones, notamment dans la région de Tombouctou, entre Goundam et Niafunké. Ces opérations auraient permis la neutralisation de trois individus qualifiés de présumés terroristes et la saisie de matériel comprenant des munitions et des stocks de carburant.
Dans la région de Ménaka, une opération réalisée le 24 décembre a conduit à l’interpellation d’un suspect, tandis que le 25 décembre, une base présumée terroriste a été découverte dans la forêt de Miniani. Les forces maliennes y auraient récupéré divers équipements militaires, dont des roquettes et des munitions.
Ces récentes actions des FAMa s’inscrivent dans une stratégie plus large de lutte contre les groupes armés terroristes opérant dans plusieurs régions du Mali. Les autorités militaires réitèrent leur engagement à assurer la sécurité des populations civiles et à maintenir une vigilance accrue face aux menaces persistantes.
Les opérations se poursuivent, avec une collaboration renforcée entre les forces nationales et les partenaires, afin de restaurer la paix et la stabilité dans les zones affectées par l’insécurité, a assuré l’État-Major.

Grippe aviaire en 2024 : une menace mondiale en expansion

En 2024, la grippe aviaire a connu une propagation alarmante, touchant 108 pays sur les cinq continents. Le virus, historiquement limité aux oiseaux, a franchi des barrières inter-espèces, infectant plus de 70 espèces de mammifères domestiques et sauvages, notamment des tigres, des lions et des panthères.

Cette année, des cas humains ont été signalés, avec 26 infections par le virus H5N1, dont la moitié aux États-Unis. Un cas grave a été détecté en Louisiane, marquant une première dans cet État. Ces incidents soulèvent des inquiétudes quant à une possible transmission interhumaine, bien que les autorités sanitaires estiment que le risque reste faible.
Les impacts économiques sont significatifs. Au Burkina Faso, l’épidémie a entraîné la mort d’environ 500 000 volailles et la perte de plus d’un million de plaquettes d’œufs, affectant durement les éleveurs locaux. En France, des foyers ont été détectés en Bretagne, entraînant des mesures sanitaires strictes et des abattages massifs pour contenir la propagation.
La communauté scientifique exprime des préoccupations croissantes quant à l’évolution du virus. Des experts estiment qu’il pourrait acquérir la capacité de se transmettre efficacement entre humains, posant un risque de pandémie. Cette situation souligne l’urgence de renforcer la surveillance, d’investir dans la recherche vaccinale et de mettre en place des mesures de biosécurité rigoureuses pour prévenir une crise sanitaire majeure.

Naufrage tragique : Une vingtaine de Maliens parmi les victimes d’une embarcation de fortune  

Le Mali est à nouveau en deuil après l’annonce du chavirement d’une embarcation de fortune transportant des migrants au large des côtes marocaines le 19 décembre 2024. Selon le Ministre des Maliens établis à l’Extérieur et de l’Intégration Africaine, Mossa Ag Attaher, 25 jeunes Maliens figurent parmi les victimes confirmées. Le drame a laissé 70 disparus et seulement 11 survivants, dont 9 Maliens.

L’embarcation, qui comptait environ 80 passagers à son départ, avait pour objectif l’Europe, un espoir pour des centaines de jeunes africains en quête d’une vie meilleure. Ce drame s’ajoute à une longue liste d’accidents maritimes survenus en 2024, année marquée par une hausse sans précédent des décès de migrants dans la traversée vers l’Espagne.
Selon l’ONG espagnole Caminando Fronteras, plus de 10 400 migrants ont perdu la vie cette année en tentant de rejoindre l’Espagne, une augmentation de 58 % par rapport à 2023. La majorité des victimes, près de 9 757, ont péri lors de la traversée de l’océan Atlantique vers les îles Canaries, un itinéraire particulièrement périlleux en raison des conditions climatiques et de l’utilisation d’embarcations précaires. Parmi les victimes figurent 1 538 enfants et 421 femmes.
Helena Maleno, coordinatrice de Caminando Fronteras, dénonce une « tragédie inadmissible » attribuée à l’absence de systèmes de sauvetage efficaces et à l’externalisation du contrôle des frontières européennes. Elle appelle à un renforcement des secours en mer et à une justice pour les familles des victimes.
En réponse à cette catastrophe, le gouvernement malien a mis en place une cellule de crise pour accompagner les familles des victimes et coordonner les efforts d’identification en collaboration avec les autorités marocaines. Dans une déclaration officielle, le ministre Mossa Ag Attaher a exprimé sa profonde compassion et renouvelé l’engagement du Mali à protéger ses citoyens établis à l’étranger, même dans des circonstances difficiles.
L’immigration clandestine reste un défi majeur pour les pays d’Afrique et d’Europe. L’Espagne, l’une des principales portes d’entrée en Europe, a enregistré une hausse des arrivées de migrants, notamment via les îles Canaries. Entre janvier et mi-décembre 2024, plus de 43 000 migrants y ont accosté, soit une augmentation de 18,6 % par rapport à l’année précédente. Ces chiffres alimentent les débats politiques en Europe, où les stratégies d’accueil et de régularisation sont vivement discutées.
Un problème global nécessitant des solutions collectives
Alors que les routes migratoires continuent de représenter un espoir pour des milliers de personnes, elles demeurent aussi synonymes de danger mortel. La communauté internationale est appelée à adopter des solutions structurelles, alliant création d’opportunités économiques dans les pays d’origine, protection des migrants, et renforcement des voies légales pour migrer.
Ce drame rappelle une fois de plus l’urgence de traiter la question migratoire avec humanité et pragmatisme, pour éviter que des milliers d’autres vies ne soient sacrifiées en mer ou dans le désert.

Renommage des espaces publics : L’absence remarquée de femmes et d’anciens dirigeants 

Le mercredi 25 décembre, les autorités ont procédé à la rebaptisation de plusieurs lieux publics emblématiques à travers le pays. Ce processus s’inscrit dans une démarche globale visant à tourner la page de l’héritage colonial tout en promouvant des figures et valeurs nationales. Parmi les espaces concernés figurent des rues, des avenues, des boulevards, des places publiques et des institutions académiques.

Dans la capitale Bamako, plusieurs lieux emblématiques ont été renommés dans le cadre d’un effort de valorisation de l’histoire nationale et de décolonisation symbolique. La Rue Faidherbe est désormais connue sous le nom de Rue Mamadou Lamine Dramé, en hommage à un résistant de renom contre la colonisation. De même, l’Avenue Ruault a été rebaptisée Avenue Capitaine Sékou Traoré, honorant un héros national de la défense de la souveraineté.

Par ailleurs, la Rue Archinard porte désormais le nom de Rue El Hadj Cheick Oumar Tall, une figure clé de la résistance anticoloniale et de la spiritualité islamique. La Rue Borgnis-Desbordes, autrefois associée à une figure coloniale, est devenue la Rue Samory Touré, en l’honneur de l’empereur ouest-africain qui a mené une lutte acharnée contre la colonisation.

Dans le cadre des grandes artères, le Boulevard Soundjata Keïta, en référence au fondateur de l’Empire du Mali, remplace la Route régionale n°9, reliant le Rond-point de Koulouba à l’entrée du Camp Soundjata Keïta à Kati. Le Boulevard Damaguilé Diawara, nommé d’après un acteur historique majeur, relie Samé au rond-point du Camp Soundjata à Kati via la Route nationale n°3.

Enfin, les places publiques ne sont pas en reste. La Place du Sommet Afrique-France a été rebaptisée Place de la Confédération des États du Sahel, marquant une nouvelle ère de coopération régionale et de souveraineté renforcée. L’Avenue CEDEAO a été renommée Avenue de l’Alliance des États du Sahel (AES), en référence à l’organisation régionale créée en 2023.

Ce changement vise à marquer une symbolique avec des institutions internationales perçues comme héritières d’une influence étrangère.

Cependant, une critique majeure s’élève : aucun des nouveaux noms ne met à l’honneur les femmes, bien qu’elles aient joué un rôle déterminant dans l’histoire du Mali. Des figures féminines telles qu’Aoua Kéita, première femme députée du Mali et militante anticolonialiste, Sira Diop, pionnière de l’éducation féminine, Inna Sissoko Cissé, première femme membre du gouvernement ou encore Mariam Travélé, Enseignante, militante pour l’indépendance et première Première Dame du Mali, épouse du président Modibo Keïta, etc. n’ont pas été intégrées au projet. Cette omission suscite des interrogations sur l’inclusivité et la reconnaissance du rôle des femmes dans la construction nationale.

Autre aspect controversé, aucun des anciens présidents élus comme Alpha Oumar Konaré (1992-2002) et Ibrahim Boubacar Keïta (2013-2020), n’a été honoré. Leur exclusion des nouvelles dénominations étonne, étant donné leur contribution respective à l’histoire contemporaine du Mali. Alpha Oumar Konaré, premier président démocratiquement élu, est reconnu pour ses efforts de réforme institutionnelle et culturelle. Ibrahim Boubacar Keïta, malgré les critiques, reste associé à des avancées économiques et diplomatiques durant son mandat.

Un débat national en cours

Le processus de débaptisation a relancé le débat sur l’équilibre à trouver entre mémoire historique, souveraineté nationale et inclusivité. Si la démarche est saluée par certains comme une étape importante de décolonisation, d’autres critiquent une approche jugée incomplète. Des voix s’élèvent pour réclamer une seconde phase intégrant des femmes et des figures politiques contemporaines, afin de refléter la diversité et la richesse de l’histoire malienne.

Ce projet de renommage pourrait s’étendre à d’autres villes du pays, comme Tombouctou, Gao ou Kidal, où des figures locales attendent également une reconnaissance nationale. Cependant, pour éviter les critiques persistantes, les autorités devront faire preuve d’une plus grande inclusivité, notamment en intégrant des figures féminines et contemporaines dans leur démarche.

 

4ème édition du FoMAH : Une mobilisation collective pour la résilience et l’action humanitaire au Sahel

La 4ème édition du Forum Malien des Acteurs Humanitaires (FoMAH) s’est tenue, ce jeudi 26 décembre 2024, au Centre International de Conférences de Bamako (CICB), sous le thème « Résilience et action humanitaire dans le Sahel ». Ce rendez-vous annuel, organisé par le consortium S.O.S – Solidarité 223, OPEN Mali et SOPOTOI, a rassemblé plus de 60 organisations humanitaires locales et internationales, ainsi que des représentants de l’État et des collectivités locales.

 

Un nouveau pacte pour les pays en voie de développement

La récente reconstitution des ressources de l’Association internationale de développement (IDA) de la Banque mondiale, pour un montant record de 100 milliards $, constitue une étape majeure. Bien que le montant final soit inférieur aux 120 milliards $ qu’un certain nombre de dirigeants africains et moi-même avions réclamés au mois d’avril, lors du sommet IDA21 de Nairobi sur la reconstitution des ressources de l’institution, il s’agit d’une avancée cruciale. Ces nouveaux financements constituent un espoir pour plusieurs millions de personnes, et témoignent de la détermination de nos partenaires mondiaux à relever les défis immenses auxquels nous sommes confrontés.

 

Le sommet de Nairobi a non seulement souligné l’importance de l’IDA pour le financement du développement, mais également attiré l’attention sur le rôle central de l’Afrique dans la résolution des crises mondiales telles que le changement climatique. Depuis des années, l’IDA constitue une bouée de sauvetage pour de nombreux pays, apportant les financements concessionnels à long terme indispensables à ces pays pour investir dans des secteurs essentiels tels que la santé, l’éducation et les infrastructures. Réactive face aux crises, et capable de mobiliser 4 dollars sur les marchés financiers pour chaque dollar versé par les donateurs, l’IDA a prouvé sa valeur en tant que multiplicateur de force.

 

Les défis auxquels nous sommes confrontés nécessitent cependant une réponse plus audacieuse encore. Selon la Banque mondiale, le service de la dette extérieure des pays en voie de développement a atteint l’an dernier un coût astronomique de 1 400 milliards $, un chiffre qui vient éclipser les engagements même les plus ambitieux en matière de financement de la lutte contre le changement climatique. Le fardeau de la dette de l’Afrique est devenu un véritable obstacle au développement durable ainsi qu’à la résilience climatique, les paiements d’intérêts élevés détournant les ressources loin d’investissements pourtant essentiels dans la santé, l’éducation et les infrastructures.

 

Comme je l’ai souligné lors du sommet de Nairobi, cette réalité perpétue un cercle vicieux de vulnérabilité, aggravé par l’escalade des effets du changement climatique. Rien que l’année dernière, l’Afrique de l’Est a subi des inondations dévastatrices qui ont provoqué le déplacement de milliers de personnes et détruit des infrastructures vitales, tandis que des sécheresses persistantes dans le sud du continent ont paralysé la production agricole en Zambie et au Zimbabwe. Dans l’ouest et le centre de l’Afrique, les inondations ont fait des ravages au Nigeria, au Niger et au Tchad, déplaçant des communautés entières, et submergeant les terres agricoles.

 

Pendant ce temps, la désertification continue d’empiéter sur les terres arables, menaçant la sécurité alimentaire dans des pays tels que le Mali, tandis que des vagues de chaleur extrêmes mettent à rude épreuve les systèmes énergétiques dans certaines parties de l’Afrique du Nord. Perturbant vies humaines, moyens de subsistance et économies sur l’ensemble du continent, ces crises accentuent la nécessité de financements concessionnels à la hauteur du défi.

 

Alors que les négociations sur le nouvel objectif collectif quantifié (NOCQ) durant la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP29) de cette année avaient insisté sur l’urgence de mobiliser 1 300 milliards $ de financements climatiques chaque année d’ici 2035, les délégués ont finalement échoué, les engagements ayant atteint seulement 300 milliards $. Pour l’Afrique, ce résultat illustre la persistance d’inégalités dans les financements mondiaux, et souligne la nécessité pour des institutions telles que l’IDA de jouer un rôle encore plus important pour combler les insuffisances.

 

La simultanéité entre la reconstitution des ressources de l’IDA et l’adoption du NOCQ n’est pas surprenante, toutes deux visant à garantir les ressources nécessaires à la progression du développement durable. La reconstitution des ressources de l’IDA à hauteur de 100 milliards $ doit être mise à profit pour obtenir un impact maximal, notamment afin de répondre à la nécessité pour les pays vulnérables d’investir dans la résilience climatique.

 

Le monde ne pourra pas atteindre son objectif de zéro émission nette d’ici le milieu du siècle sans la pleine participation de l’Afrique. Au moyen d’investissements suffisants dans nos ressources énergétiques renouvelables, les Africains peuvent œuvrer au premier plan de l’agenda mondial de la décarbonation, tout en fournissant de l’électricité aux 600 millions d’habitants du continent qui n’y ont toujours pas accès.

 

Un certain nombre de dirigeants africains et moi-même félicitons l’IDA pour l’accent qu’elle continue de placer sur les solutions innovantes telles que les swaps dette-climat, et pour son soutien à une croissance positive pour le climat. Notre transformation économique nécessite cependant un engagement mondial collectif en faveur de réformes structurelles. Nous devons accomplir davantage pour tirer parti des droits de tirage spéciaux (l’actif de réserve du Fonds monétaire international), pour réaffecter les subventions aux combustibles fossiles, ainsi que pour renforcer la capacité de prêt des banques multilatérales de développement. Comme je l’ai rappelé à Nairobi, la recommandation du Groupe d’experts indépendants du G20 consistant à multiplier par trois la capacité de financement de l’IDA, pour la porter à 279 milliards $ d’ici 2030, demeure un objectif judicieux et nécessaire.

 

Adoptée l’an dernier lors du Sommet africain sur le climat, la Déclaration de Nairobi offre une feuille de route aligner le financement du développement sur l’action climatique. En nous concentrant sur les initiatives africaines, en tirant parti de notre vaste potentiel en matière d’énergies renouvelables, et en stimulant l’industrialisation, nous pouvons créer des millions d’emplois tout en garantissant un avenir durable pour le continent.

 

L’Afrique est prête à jouer son rôle. Nous sommes déterminés à respecter la discipline budgétaire ainsi qu’à améliorer la gouvernance, afin d’instaurer un environnement propice à l’investissement et au développement durable. Pour y parvenir, nous aurons cependant besoin que nos partenaires mondiaux accompagnent cet engagement par leur soutien et leur collaboration, ce qui signifiera notamment dépasser les niveaux actuels de reconstitution des ressources de l’IDA lors des prochains cycles de financement.

 

Pour nous tous en Afrique, la récente levée de 100 milliards $ constitue une étape, pas une destination. Ensemble, nous devons nous appuyer sur la dynamique créée cette année pour faire en sorte que l’IDA et le NOCQ honorent leur promesse de financements équitables, efficaces et accessibles. Il ne tient qu’à nous de transformer les défis d’aujourd’hui en opportunités pour assurer un avenir prospère à tous les Africains.

 

William Ruto est président de la République du Kenya, et président du Comité des chefs d’État et de gouvernement africains sur le changement climatique.

 

Project Syndicate, 2024.
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Promulgation du Code Pénal et de Procédure Pénale : Réformes ambitieuses pour la justice  

Le pays a récemment franchi une étape importante dans la modernisation de son système judiciaire avec l’adoption de deux textes majeurs. Il s’agit de la Loi n°2024-027 portant Code Pénal et la Loi n°2024-028 portant Code de Procédure Pénale.

Ces réformes traduisent une ambition de renforcer l’État de droit, de garantir une justice équitable et de mieux protéger les citoyens face aux défis contemporains. Ces deux codes s’inscrivent dans une dynamique d’adaptation aux réalités sociales, tout en restant fidèles aux valeurs culturelles du pays.
Le Code de Procédure Pénale place au centre de ses dispositions le respect des droits des parties. L’article 3 établit clairement le principe de la présomption d’innocence, assurant que toute personne est innocente jusqu’à preuve du contraire devant une juridiction compétente. Par ailleurs, l’article 1 insiste sur la nécessité d’une procédure équitable et contradictoire, où la dignité de toutes les parties, qu’elles soient accusées ou victimes, est préservée. Ce principe est renforcé par les articles 9 à 12, qui offrent aux victimes la possibilité d’exercer une action civile pour obtenir réparation des préjudices subis. Ces éléments traduisent une volonté de rendre la justice plus inclusive et centrée sur les droits des justiciables.
Le Code Pénal, de son côté, introduit des mesures rigoureuses pour lutter contre les infractions sexuelles et les atteintes à la moralité publique. Les articles 325-1 et 325-2 pénalisent les relations qualifiées d’« actes contre nature », avec des peines pouvant aller jusqu’à deux ans d’emprisonnement et une amende de 200 000 francs CFA. Ces dispositions, bien qu’enracinées dans une perspective culturelle, vont certainement susciter des débats notamment par rapport à leur conformité avec les standards internationaux. Par ailleurs, les crimes sexuels graves bénéficient d’un délai de prescription prolongé à vingt ans, une avancée significative pour les victimes cherchant justice.
En matière de protection des droits humains, les deux codes adoptent une position ferme face aux pratiques abusives. Le Code Pénal, dans son article 327-11, condamne les mariages forcés, définis comme toute union contractée sans consentement libre et plein des parties, par une peine de cinq ans d’emprisonnement et une amende de 1 000 000 de francs CFA. De même, la lutte contre la traite des personnes est renforcée par les articles 324-27 à 324-31, qui incriminent toute action visant à recruter, transporter, héberger ou recevoir des individus en vue de leur exploitation, qu’elle soit sexuelle, par le travail forcé ou sous forme de servitude. Ces actes sont passibles de peines allant jusqu’à dix ans de réclusion criminelle et une amende de 5 000 000 de francs CFA, des sanctions pouvant être alourdies dans des circonstances aggravantes, notamment en cas d’implication de mineurs.
Le Code de Procédure Pénale, quant à lui, prévoit des outils adaptés pour traiter ces infractions, notamment dans le cadre des flagrants délits, où les pouvoirs des officiers de police judiciaire sont élargis afin de permettre une intervention immédiate et efficace, comme le stipulent les articles 79 à 84.
La lutte contre l’impunité est renforcée par des dispositions précisant l’imprescriptibilité de certains crimes graves. Le Code Pénal, dans ses articles 17 et suivants, stipule que les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et certaines infractions économiques graves ne sont pas soumis à la prescription. En outre, les délits sexuels et les violences basées sur le genre, qui restent des problématiques centrales, font l’objet d’une attention particulière, avec des peines exemplaires pour des actes tels que le harcèlement sexuel (article 327-5) ou l’inceste (article 327-15).
Les réformes touchent également à des aspects procéduraux majeurs. Le Code de Procédure Pénale fixe la prescription des crimes ordinaires à quinze ans, tout en permettant un délai de vingt ans pour les délits sexuels graves, comme indiqué dans l’article 18. Aussi, les mineurs bénéficient de dispositifs éducatifs spécifiques, avec des mesures de réinsertion adaptées à leur âge et leur situation. De plus, le traitement des crimes flagrants est optimisé, garantissant une réactivité accrue dans la collecte des preuves et la mise en œuvre des poursuites.
L’introduction de mécanismes modernes de gestion des peines, comme le sursis avec mise à l’épreuve ou le placement sous surveillance électronique (articles 132-28 et suivants du Code Pénal), illustre la volonté de privilégier la réhabilitation des délinquants lorsque cela est possible. Ces mesures, combinées à une sévérité accrue envers les récidivistes et les crimes graves, traduisent une approche équilibrée entre répression et réinsertion.
Par ailleurs, la mise en œuvre pratique de ces textes reste un défi, notamment dans un contexte où les ressources judiciaires et policières sont limitées. Des acteurs de la société civile appellent à une sensibilisation accrue des parties prenantes et à une formation renforcée des professionnels de la justice.
Certes, les Codes Pénal et de Procédure Pénale traduisent une volonté claire de moderniser le cadre juridique national, tout en répondant aux attentes des citoyens en matière de sécurité, de justice et de dignité. Ces textes représentent une étape importante dans la construction d’un État de droit solide, mais leur succès dépendra de leur application effective et de l’engagement des institutions à respecter les principes qu’ils véhiculent.

Messe de la Nativité : un appel à l’unité et à la paix  

Lors de son message à l’occasion de la célébration de la Nativité et du lancement officiel du Jubilé ordinaire de l’année 2025, Mgr Jonas Dembélé, évêque de Kayes et président de la Conférence épiscopale malienne, a exhorté les Maliens à s’engager pour « bâtir un Mali nouveau, un Mali de paix ».

 

Portant un message d’espérance, il a rappelé que « dans le Christ, notre espérance ne sera jamais déçue ».

Alors que Noël symbolise la joie et l’espérance pour les croyants, Mgr Dembélé a souligné la douleur qui persiste dans de nombreuses familles, particulièrement au Mali, marquées par des pertes humaines et des privations, notamment l’impossibilité d’accéder librement aux lieux de culte. Depuis 2012, le Mali subit les effets dévastateurs de l’insécurité liée aux attaques de groupes armés, entraînant morts, déplacements internes et exils. Face à cette réalité, l’évêque a adressé des vœux de paix, de réconciliation et de solidarité pour le pays.
Une mobilisation collective pour la paix
Dans son message de Noël, Mgr Jonas Dembélé a lancé un appel aux Maliens de toutes confessions – chrétiens, musulmans et adeptes des religions traditionnelles – pour une action commune en faveur de la paix. « Peu importe notre foi, nous devons œuvrer ensemble, main dans la main, pour bâtir un Mali où règnent paix et respect mutuel », a-t-il déclaré. Il a insisté sur le fait que, bien que la paix soit un don divin, elle nécessite aussi des efforts concrets de la part des citoyens. « Construire un « Mali nouveau » implique une transformation intérieure et un engagement sincère à cultiver des sentiments nobles pour promouvoir la paix », a-t-il ajouté.
En adressant ses félicitations et encouragements aux acteurs engagés pour la paix et la sécurité au Mali, Mgr Dembélé a invoqué la bénédiction de l’Enfant Jésus pour que leurs efforts produisent « des fruits abondants et durables ».
Un Jubilé placé sous le signe de l’espérance
Le Jubilé 2025, qui débutera officiellement le 24 décembre 2024 avec l’ouverture de la Porte Sainte à la basilique Saint-Pierre de Rome par le Pape François, portera le thème « Pèlerins d’espérance ». L’évêque de Kayes a annoncé que l’Église au Mali vivra cette année jubilaire dans un esprit d’espérance et de fraternité, tout en mettant l’accent sur l’importance de la prière. « Espérer, c’est croire que Dieu est à nos côtés, même dans les épreuves, et qu’il nous guide à chaque étape de notre vie », a-t-il souligné.
Malgré les défis actuels, Mgr Dembélé demeure convaincu de la possibilité d’un avenir meilleur pour le Mali, un avenir marqué par la paix, la justice et l’unité. Il a conclu en assurant qu’il continuerait à prier pour son pays ainsi que pour un monde « avide de justice et de paix ».

Super League : Rebaptisé et remodelé, le projet refait surface

Trois ans après avoir présenté un projet visant à révolutionner le football européen, qui avait suscité une vive hostilité, la Super League revient dans une nouvelle version de la compétition.

Initiée en 2021 par Florentino Pérez, le Président du Real Madrid, avec le soutien de certains des plus grands clubs européens, la Super League visait à créer un tournoi fermé réunissant les équipes les plus prestigieuses du Vieux Continent, dans le but d’accroître les revenus générés par le football de club au plus haut niveau.

Cependant, elle avait rencontré une vive opposition de la part de l’UEFA et de certaines fédérations nationales. Malgré l’abandon du projet par plusieurs clubs fondateurs sous la pression, la Super League fait aujourd’hui son grand retour.

En effet, la structure promotrice du projet, A22 Sports Management, a annoncé le 17 décembre 2024 avoir présenté un nouveau format à la FIFA et à l’UEFA en vue d’obtenir une reconnaissance officielle.

Elle s’appuie notamment sur l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) de décembre 2023 qui avait jugé que les règles imposées par la FIFA et l’UEFA concernant la création de compétitions étaient contraires au droit de l’Union européenne.

96 équipes réparties dans 4 ligues

Rebaptisé « Unify League », le projet prévoit la création de quatre nouvelles compétitions : Star, Gold, Blue et Union. Les deux premières regrouperaient 16 équipes et seraient réservées aux meilleurs clubs du continent. Ceux-ci seraient réparties en 2 groupes de 8, avec au programme 14 rencontres (7 à domicile et 7 à l’extérieur). Les 4 premiers de chaque groupe se qualifieraient pour des quarts de finale disputés en aller-retour et donnant accès à un Final Four.

Quant aux compétitions Blue et Union, elles adopteraient un format légèrement différent, avec 4 groupes de 8 équipes. Seuls les premiers de chaque groupe se qualifieraient à l’issue de 14 matchs, pour participer à un Final Four, là aussi.

Différence notable par rapport au projet polémique de 2021 : cette fois-ci, les équipes se qualifieraient pour les différentes compétitions en fonction de leurs résultats dans leurs championnats nationaux respectifs. Au total, ce sont 96 clubs de 55 pays différents qui seraient appelés à participer chaque saison.

Mohamed Kenouvi

La Chine en difficulté face à la société de consommation

 Les prouesses de la Chine en matière d’ingénierie sont tout simplement extraordinaires. Qu’il s’agisse d’infrastructures de classe mondiale, de villes respectueuses de l’environnement, de systèmes spatiaux ou de trains à grande vitesse, l’impressionnante accumulation par la Chine de capital physique de pointe a joué un rôle prépondérant dans la conduite de son économie. Seulement voilà, les accomplissements de la Chine en matière d’ingénierie physique du côté de l’offre n’ont pas été transposables aux efforts d’ingénierie sociale du côté de la demande, notamment dans la stimulation de la demande des consommateurs.

 

Ce décalage s’explique par la nature du système politique chinois moderne, qui place l’accent sur la stabilité et le contrôle. Si cette orientation a permis au pays de devenir le « producteur ultime » de la planète, elle n’a pas su révéler l’ADN du consommateur chinois. L’ingénierie sociale au travers du diktat de l’État s’inscrit en net contraste avec l’esprit individualiste, libre et basé sur l’incitation, qui façonne le comportement humain et les modèles de consommation en Occident. La part de la consommation des ménages dans le PIB chinois demeurant inférieure à 40 %, contre environ 65 % dans les économies développées, le discours de longue date de la Chine autour d’un rééquilibrage axé sur la consommation n’a produit que peu de résultats visibles.

L’expérience américaine, telle que la décrit John Kenneth Galbraith dans son ouvrage intitulé The Affluent Society, déchiffre l’ADN d’une société de consommation, qui présente pour principales caractéristiques la mobilité ascendante des revenus et des richesses, la communication et la diffusion de l’information de manière ouverte, l’individualisme et la liberté de choix, la réduction de l’inégalité des modes de vie, les transferts de richesses intergénérationnels, et enfin la possibilité d’élire des représentants politiques. Le consumérisme occidental constitue ainsi en grande partie une aspiration.

Une question fondamentale se pose alors : le système politique chinois est-il incompatible avec la culture de consommation moderne ? Cette question apparaît d’autant plus pertinente que le nouveau techno-autoritarisme chinois semble s’inscrire à l’encontre des libertés fondamentales sur lesquelles repose le consumérisme. Les récentes avancées technologiques appliquées en Chine (notamment en matière de reconnaissance faciale et autres formes de surveillance), associées à un système de crédit social ainsi qu’à une censure renforcée, sont quasiment antithétiques à la société de consommation telle que nous la connaissons en Occident.

En fin de compte, il est beaucoup plus facile de mobiliser l’appareil d’État pour exercer une influence sur les producteurs que de permettre aux libertés fondamentales de conférer du pouvoir aux consommateurs. C’était déjà vrai durant les premières années de la République populaire, lorsque les producteurs chinois étaient soumis au contrôle strict de la Commission étatique de planification, et ça l’est encore aujourd’hui, le centre de gravité de la puissance économique chinoise ne se situant plus du côté d’un secteur privé autrefois dynamique et entreprenant, mais désormais du côté des entreprises d’État.

Le resserrement des contrôles étatiques sur la société chinoise au cours de la dernière décennie s’inscrit particulièrement en contradiction avec l’objectif de l’État consistant à stimuler la consommation. En 2013, peu après son arrivée au pouvoir, le président Xi Jinping a lancé une campagne d’éducation autour de la « ligne de masse » afin de lutter contre quatre « mauvaises habitudes » – le formalisme, la bureaucratie, l’hédonisme et l’extravagance – qu’il considérait comme les principales sources de décadence sociale et de corruption du Parti communiste chinois. Cet effort, initialement considéré comme une ramification de la campagne anti-corruption de Xi, a depuis acquis une dynamique qui lui est propre.

En 2021, Xi a insisté sur ces mauvaises habitudes en prenant des mesures de répression réglementaires à l’encontre des sociétés de plateformes Internet, mesures qui ont ciblé non seulement des entrepreneurs chinois tels que Jack Ma, fondateur d’Alibaba, mais également les prétendus excès de style de vie associés aux jeux vidéo, à la musique en ligne, à la culture des fans de célébrités et aux cours particuliers. Une telle ingénierie sociale dirigée par l’État témoigne du peu de tolérance des autorités chinoises pour le sentiment de possibilités et l’optimisme qui s’inscrivent dans l’ADN des sociétés de consommation occidentales.

Un autre exemple de ce décalage entre l’ambition et l’état d’esprit réglementaire s’observe dans les tentatives chinoises répétées de résolution des vents contraires démographiques à l’origine d’une diminution de la main-d’œuvre qui devrait se poursuivre jusqu’à la fin de ce siècle, en raison de l’héritage de la politique de l’enfant unique, désormais abandonnée. Le gouvernement chinois a récemment annoncé un certain nombre de mesures visant à stimuler les taux de natalité, parmi lesquelles une amélioration de l’accompagnement à la maternité et des capacités de garde d’enfant, ainsi que d’autres efforts consistant à bâtir une société propice à la natalité. Il ne s’agit toutefois que de la dernière d’une série de campagnes de ce type, après l’adoption de la politique des deux enfants en 2015, puis de la politique des trois enfants en 2021.

Malgré ces efforts, le taux de fécondité de la Chine demeure bien inférieur au taux de renouvellement démographique, qui s’élève à 2,1 naissances vivantes par femme en âge de procréer. Les sondages révèlent deux raisons à cela : inquiétudes face à l’augmentation importante des dépenses liées à l’éducation des enfants, et enracinement profond de l’idée de famille peu nombreuse dans les normes culturelles. Ce second aspect souligne la dimension comportementale du problème, à savoir le fait qu’une génération de jeunes Chinois se soit habituée aux familles à enfant unique. Cette résistance intrinsèquement humaine aux tentatives étatiques de coercition dans la planification des naissances intervient également lorsqu’il s’agit pour Pékin d’élaborer une stratégie d’accroissement de la demande des consommateurs.

Pour libérer le potentiel de consommation de la Chine, la clé consiste à transformer la peur en confiance, une transition qui nécessite un changement fondamental dans l’état d’esprit qui façonne la prise de décisions des ménages. Or, c’est précisément sur ce point que l’État se heurte à des obstacles. L’incitation du comportement humain est radicalement différente de l’exercice consistant à imposer aux banques étatiques d’accroître les prêts aux projets d’infrastructure, ou à ordonner aux entreprises d’État d’investir dans l’immobilier.

Certes, je formule ici un point de vue occidental sur un problème chinois, et l’expérience m’a enseigné la nécessité d’aborder ce type de problèmes du point de vue de la Chine elle-même. Il n’en demeure pas moins que l’accroissement de la consommation touche à l’essence même de l’expérience humaine : peut-il exister une culture de la consommation florissante présentant des caractéristiques chinoises qui s’inscrivent en contradiction avec la philosophie d’aspiration qui sous-tend les sociétés occidentales ?

La solution ultime au problème de sous-consommation chronique de la Chine pourrait bien dépendre de ces considérations profondes sur le comportement humain. Une récente réunion de la Conférence centrale sur le travail économique de la Chine semble annoncer de nouvelles grandes mesures à venir pour stimuler la consommation. Or, si les autorités chinoises restent déterminées à renforcer le contrôle sur les normes sociales et l’esprit humain, elles auront beau appliquer toutes les mesures de relance imaginables – qu’il s’agisse de programmes de reprise d’équipements ou de réformes du filet de sécurité sociale – ces mesures risquent de ne produire aucun résultat.

 

Stephen S. Roach, membre du corps enseignant de l’Université de Yale, et ancien président de Morgan Stanley Asie, est l’auteur des ouvrages intitulés Unbalanced : The Codependency of America and China (Yale University Press, 2014) et Accidental Conflict : America, China, and the Clash of False Narratives (Yale University Press, 2022).

 

Project Syndicate, 2024.
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Finances publiques : 110 milliards levés, mais des défis budgétaires majeurs

Le Trésor Public du Mali a levé 110 milliards de francs CFA sur le marché financier de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) lors d’une émission simultanée de Bons et Obligations Assimilables du Trésor, organisée le 23 décembre 2024.

L’opération, initialement prévue pour un montant de 100 milliards de francs CFA, a enregistré un taux de couverture de 116,65 % avec des soumissions totales atteignant 116,65 milliards de francs CFA et un montant net retenu de 106,9 milliards de francs CFA. Les Bons du Trésor à 364 jours ont permis de lever 4,62 milliards de francs CFA avec un rendement moyen pondéré (RMP) de 9,42 %. Les Obligations à 2 ans ont enregistré une absorption totale avec 28,08 milliards de francs CFA levés à un RMP de 6 %, tandis que celles à 3 ans ont également connu une absorption totale avec 73,16 milliards de francs CFA levés à un RMP de 7,46 %. Les Obligations à 5 ans ont permis de mobiliser 4,14 milliards de francs CFA avec un RMP de 8,09 %.

Ces résultats traduisent la confiance des investisseurs dans les instruments financiers publics du Mali, particulièrement pour les titres à maturités moyennes. Cependant, la dépendance accrue aux Bons Assimilables du Trésor à maturité courte impose une pression significative sur les finances publiques, exigeant des remboursements rapides susceptibles de compromettre la stabilité budgétaire. Par ailleurs, le rôle prépondérant des banques maliennes, principaux souscripteurs de ces titres, concentre le risque financier et limite leur capacité à financer le secteur privé, notamment les PME qui sont cruciales pour la croissance économique.
Dans un contexte marqué par un déficit budgétaire de 686,631 milliards de francs CFA, des dépenses prévues à 3 063,742 milliards et des recettes estimées à 2 377,111 milliards de francs CFA pour 2024, les marges de manœuvre restent réduites. La transition politique en cours, caractérisée par des incertitudes, affecte également la confiance des investisseurs internationaux et complique la mise en œuvre de politiques économiques durables.
Pour répondre à ces défis, il est impératif d’allonger les maturités des instruments financiers pour réduire les pressions à court terme, de diversifier les sources de financement en mobilisant davantage de partenariats public-privé et de renforcer les recettes internes à travers une réforme fiscale ambitieuse. Une stabilité politique et des réformes structurelles sont indispensables pour restaurer la confiance des investisseurs, attirer des financements extérieurs et stimuler une croissance économique soutenue.

France : François Bayrou dévoile un gouvernement de continuité sous tension  

Le 23 décembre 2024, François Bayrou, nommé Premier ministre par Emmanuel Macron, a présenté la composition de son gouvernement de 36 membres. Ce cabinet, marqué par la continuité, intègre des figures politiques expérimentées, y compris deux anciens Premiers ministres, Manuel Valls et Élisabeth Borne, tout en excluant des représentants du Nouveau Front populaire, principal groupe d’opposition au Parlement, ainsi que des cadres du Parti socialiste.

Manuel Valls, ancien Premier ministre sous François Hollande, est nommé ministre des Outre-mer, malgré les controverses liées à son parcours, notamment son échec électoral en Catalogne. Élisabeth Borne, également ancienne Première ministre, prend la tête du ministère de l’Éducation nationale, suscitant des débats en raison de son bilan. Sébastien Lecornu conserve son poste de ministre des Armées, chargé de superviser la restructuration de l’armée française, notamment en Afrique. Éric Lombard, ancien directeur général de la Caisse des dépôts, est nommé ministre de l’Économie, une tâche délicate alors que le précédent gouvernement a été renversé sur des questions budgétaires. Bruno Retailleau reste ministre de l’Intérieur, tandis que Gérald Darmanin, ancien ministre de l’Intérieur, devient ministre de la Justice.
Ce gouvernement ne comporte pas de membres du Nouveau Front populaire ni de cadres du Parti socialiste. Les tentatives de François Bayrou de former un gouvernement d’union nationale ont échoué face au refus des Socialistes et à l’hésitation des Républicains, le contraignant à s’appuyer principalement sur les alliés centristes de la majorité présidentielle. Bayrou a annoncé qu’il prononcera sa déclaration de politique générale devant le Parlement le 14 janvier 2025, sans solliciter de vote de confiance, une décision stratégique pour éviter un rejet dans un Parlement fragmenté.
La formation de ce gouvernement intervient après la chute du cabinet de Michel Barnier, renversé par une motion de censure liée à des désaccords sur le budget. La situation reste précaire pour François Bayrou, car une nouvelle motion de censure pourrait entraîner la dissolution de l’Assemblée nationale et des élections anticipées. La capacité du gouvernement à faire adopter le budget 2025 sera déterminante pour sa survie politique.
Ces événements mettent en lumière la fragilité de la position d’Emmanuel Macron dans la dernière phase de son mandat. L’absence de majorité parlementaire stable complique la mise en œuvre de son agenda politique et pourrait limiter sa capacité à mener à bien les réformes envisagées avant la fin de son quinquennat. En outre, la situation actuelle affaiblit la position de Macron à l’approche de l’élection présidentielle de 2027, rendant incertaine sa capacité à présenter un candidat solide et à défendre un bilan positif. Le gouvernement Bayrou, bien que composé de personnalités expérimentées, fait face à des défis majeurs sur les plans économique et politique, ainsi que sa capacité à naviguer dans un paysage parlementaire fragmenté déterminera sa survie et l’issue des réformes engagées.

Développement agricole : L’ONG Sasakawa Africa Association met en lumière ses projets dans la commune du Mandé

Dans le cadre de ses journées médiatiques 2024, l’ONG Sasakawa Africa Association, accompagnée de ses partenaires et d’une forte délégation de journalistes, a effectué le 18 décembre 2024 une visite de terrain à Badougou Nafadji et Djoliba, dans la commune rurale du Mandé. L’objectif était de mettre en lumière les différents projets mis en œuvre dans ces localités.

Les journées médiatiques constituent une vitre pour l’ONG Sasakawa Africa Association afin de faire découvrir ses réalisations qui ont des impacts positifs sur la vie des communautés rurales.
Au total, 10 coopératives agricoles, réunies au sein du Centre de production, de post-récolte, de commercialisation et de formation (PHTC) de Samanko, ont bénéficié des réalisations du projet LINSAC-MOFA, visant à améliorer les moyens de subsistance et la nutrition au Mali.
Ce projet de l’ONG Sasakawa Africa Association a notamment permis la construction et l’électrification d’un centre de formation, équipé de matériel informatique et didactique pour les 10 coopératives. Il a également conduit à l’établissement d’un magasin de stockage de 200 tonnes, conçu pour réduire les pertes post-récolte et faciliter la vente groupée, ainsi qu’à l’acquisition de deux tracteurs de 50 chevaux pour mécaniser les activités agricoles. Enfin, la réhabilitation d’une retenue d’eau a favorisé l’agriculture.
Chacune des 10 coopératives a aussi bénéficié de la création d’un site maraîcher, équipé de forages et de châteaux d’eau pour assurer une production maraîchère en toute saison, ainsi que de la distribution d’équipements essentiels tels que des brouettes, des arrosoirs, des pioches, des intrants, des bottes et des râteaux.
Le projet LINSAC-MOFA a également favorisé l’installation d’équipements modernes pour la transformation alimentaire et a contribué au renforcement des capacités, ainsi qu’à la promotion de l’inclusion sociale dans ces villages, à travers des formations techniques et pratiques couvrant plusieurs thématiques clés, notamment l’agriculture régénératrice, l’agriculture sensible à la nutrition et l’agriculture orientée vers le marché.
En outre, l’ONG Sasakawa Africa Association a formé chaque coopérative des 10 villages à la création de plans d’affaires et les a orientées vers des sociétés de financement, permettant à 8 coopératives de bénéficier de financements allant jusqu’à 15 millions FCFA.
Au cours de cette visite de terrain, les bénéficiaires des différents projets de Sasakawa Africa Association ont partagé leurs témoignages sur les réalisations phares et les changements qu’a apportés cette ONG dans leur vie communautaire.
Selon différents témoignages recueillis, ces approches innovantes développées par l’ONG Sasakawa Africa Association ont contribué à lutter contre la malnutrition infantile et à promouvoir une alimentation saine et diversifiée.
« Avant, nos récoltes ne couvraient pas notre consommation annuelle. Mais depuis l’arrivée de Sasakawa avec ses initiatives maraîchères, nous parvenons à conserver nos récoltes jusqu’à l’hivernage suivant », a déclaré Nansira Keita, membre de la coopérative « Union » dans le village de Nafadji.
« Sasakawa a contribué à transformer notre manière de cultiver et à booster notre productivité grâce à des matériels mécaniques », a-t-elle ajouté.
La Sasakawa Africa Association est une ONG internationale fondée en 1986. Elle propose des activités de vulgarisation pour promouvoir des technologies agricoles améliorées auprès des exploitants familiaux en Afrique depuis plus de 35 ans. Elle est présente au Mali depuis 1996.
Mohamed Kenouvi

Sortie du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO : l’ONU alerte sur un risque pour la démocratie en Afrique de l’Ouest

Depuis l’annonce, le 28 janvier 2024, du retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), les développements se sont accélérés, suscitant de vives préoccupations quant à l’avenir de la démocratie et de la stabilité dans la région.

Le 13 décembre 2024, les autorités militaires des trois pays ont réaffirmé le caractère « irréversible » de leur décision de quitter la CEDEAO, malgré les tentatives de médiation de l’organisation régionale.
En réponse, lors du sommet du 15 décembre 2024 à Abuja, la CEDEAO a pris acte de cette décision et a établi une période de transition du 29 janvier au 29 juillet 2025 pour formaliser le départ des trois États.
L’Organisation des Nations Unies (ONU) et plusieurs acteurs internationaux ont exprimé leur préoccupation face à cette situation, craignant une déstabilisation de la région et une remise en cause des efforts prodémocratiques. Des craintes subsistent quant au fait que le retrait de ces pays puisse affaiblir les mécanismes régionaux de promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance, qui sont essentiels pour la stabilité de l’Afrique de l’Ouest.
Le départ du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO pose un défi majeur aux initiatives prodémocratiques de l’organisation. La CEDEAO, qui a joué un rôle clé dans la promotion de la démocratie et la prévention des coups d’État dans la région, voit son influence potentiellement diminuée. Les programmes visant à renforcer la gouvernance démocratique, les droits de l’homme et l’État de droit pourraient être entravés par l’absence de ces États membres.
Perspectives d’avenir
Face à cette situation, l’ONU et d’autres partenaires internationaux appellent au dialogue entre la CEDEAO et les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) afin de trouver des solutions consensuelles. L’objectif est de préserver les acquis démocratiques dans la région et d’assurer une coopération efficace contre les défis communs, notamment le terrorisme et l’insécurité.
C’est ainsi que des appels ont été lancés aux acteurs régionaux et internationaux pour qu’ils travaillent ensemble au renforcement des mécanismes de gouvernance démocratique et évitent une érosion des progrès réalisés au cours des dernières décennies en Afrique de l’Ouest. Le maintien de la stabilité et de la démocratie dans la région dépendra de la capacité des parties prenantes à surmonter ces défis par le dialogue et la coopération.

Cheick Tidiane Seck : « Il faut mettre en exergue notre histoire »

African glory est un film documentaire qui retrace la vie de l’Empereur mandingue Aboubakari II réalisé par Thierry Bugaud. Cheick Tidiane Seck, qui compose la musique du film, dans lequel il joue aussi le rôle du père de l’Empereur, nous parle de ce projet, qu’il a porté et qui le passionne.

Parlez-nous du projet African glory ?

Je n’avais pas la fibre du cinéma, pas du tout. Mes aînés, Cheick Oumar Sissoko, Sotigui Kouyaté et Sidiki Bakaba, étaient des références en la matière. Depuis l’adolescence, l’histoire d’un de nos ancêtres, Aboubakari II, m’a toujours intrigué. Appelé Mandé Boukari, il est parti pour les Amériques et n’est jamais revenu. Cela a continué à susciter ma curiosité bien avant que j’aille enseigner aux États-Unis. Là-bas, on enseignait cette histoire, qui est la nôtre. J’ai cherché le livre de Pathé Diagne contenant les preuves scientifiques. C’est Aimé Césaire qui m’avait dédicacé ce livre et c’était ma première victoire en tant que musicien, plus qu’un Grammy, vu la dimension d’Aimé Césaire.

Et le film est né…

C’est ce livre que Thierry Bugaud, le réalisateur du film, a lu. Je pense que cela a été le déclic, même s’il y avait également pensé. Nous avons commencé à réfléchir à des stratégies. J’avais pensé à un opéra mandingue. À défaut de cela, nous avons envisagé un film sur la vie d’Aboubakari II. Il a dit oui et c’est comme cela que c’est parti. Je lui ai présenté Youssouf Tata Cissé, Djibril Tamsir Niane et bien d’autres personnalités. Auparavant, j’avais présenté le projet à plusieurs cinéastes africains, mais cela n’avait pas fonctionné. Je ne les blâme pas. La plupart du temps, quand ils se présentent avec des histoires africaines, les décideurs ne se manifestent pas. Nous en sommes victimes et il est nécessaire de le dénoncer. Mais cela n’enlève rien à l’engagement et à la sincérité de Thierry Bugaud. Nous avons rencontré les Ulémas pour avoir leur bénédiction et ainsi pu réaliser le film.

D’autres projets documentaires dans le même sens sont-ils prévus ?

Thierry Bugaud vient de signer pour quatre saisons avec Canal+ pour continuer de faire des séries documentaires sur Aboubakari, Touramakan, Kankou Moussa, Soundjata, etc. Ensuite, il y aura Shaka Zulu, la Reine Pokou, etc. Il y a des histoires qu’il faut mettre à la disposition du grand public. C’est important, c’est notre ossature qui nous donne de la force. À 73 ans, je puise ma force dans nos ancêtres, je crois en eux. Ils nous incitent à mettre en lumière leur vécu pour la postérité. C’est pourquoi il faut mettre en exergue notre histoire.