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Tensions diplomatiques : Le Mali et l’Algérie au bord de la rupture ?
Une nouvelle fois, le Mali et l’Algérie traversent une crise diplomatique sans précédent, amplifiée par des accusations de soutien au terrorisme portées par Bamako à l’encontre d’Alger.
Dans un communiqué diffusé ce mercredi 1er janvier 2025, le ministère malien des Affaires étrangères a dénoncé les déclarations du ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, les qualifiant d’ »ingérence flagrante ». Cette réaction intervient après une année marquée par des tensions croissantes, notamment la convocation mutuelle des ambassadeurs en décembre 2023, suivie de leur rappel par leurs gouvernements respectifs.
Les récents propos d’Ahmed Attaf, selon lesquels « le conflit au Mali nécessite une solution politique et non militaire », ont été perçus comme une critique directe de la stratégie malienne. Bamako accuse Alger de favoriser les groupes armés terroristes en leur offrant un soutien logistique et en cherchant à s’ingérer dans les affaires internes du Mali.
Dans un précédent communiqué, en janvier 2024, le Mali avait déjà pointé du doigt la « proximité et la complicité » de l’Algérie avec les groupes armés. Cette accusation revient aujourd’hui avec plus d’intensité, alors que les autorités maliennes soulignent leur détermination à lutter contre le terrorisme dans un cadre souverain et en coopération avec la Confédération AES.
Une présidence algérienne au Conseil de sécurité de l’ONU
Dans ce contexte tendu, l’Algérie a succédé aujourd’hui, 2 janvier 2025, aux États-Unis à la présidence tournante du Conseil de sécurité de l’ONU. Alger a déclaré vouloir faire de l’Afrique et du monde arabe ses priorités, notamment dans les domaines de la paix et de la sécurité. Ce positionnement pourrait peser sur la crise actuelle, l’Algérie cherchant à jouer un rôle de médiateur influent dans la région.
Une divergence de visions stratégiques
Cette crise diplomatique reflète des désaccords profonds sur la gestion de la sécurité dans la région sahélienne. Alors que l’Algérie plaide pour des solutions politiques, le Mali, appuyé par la Confédération AES, privilégie une stratégie militaire coordonnée pour restaurer la stabilité.
Bamako accuse Alger d’être un « pompier-pyromane » qui, tout en prônant le dialogue, soutiendrait en sous-main les groupes armés. Les autorités maliennes affirment n’avoir « aucune leçon à recevoir » en matière de lutte contre le terrorisme et appellent l’Algérie à résoudre ses propres crises internes, notamment la question de la Kabylie.
Un risque de rupture totale
À mesure que les accusations s’intensifient, une rupture complète des relations diplomatiques entre les deux pays semble de plus en plus envisageable. Cette crise pourrait également affecter les efforts régionaux contre le terrorisme, alors que le Sahel reste une zone de grande instabilité.
Le Mali, toutefois, réaffirme son ouverture au dialogue à condition que l’Algérie respecte pleinement sa souveraineté. Bamako insiste sur la poursuite de son combat contre le terrorisme en partenariat avec ses alliés régionaux et internationaux.
Alors que l’Algérie prend la présidence du Conseil de sécurité de l’ONU, ses priorités en Afrique et au sein du monde arabe pourraient influer sur les dynamiques régionales. Pour le Mali, cette période marque un tournant dans ses relations diplomatiques, entre tensions avec Alger et rapprochement avec ses partenaires de la Confédération AES.
La gestion de cette crise pourrait redéfinir les équilibres stratégiques dans la région sahélienne, alors que les deux nations s’affirment dans des visions de sécurité divergentes.
Révision de la loi électorale : Une réforme stratégique pour des élections transparentes et inclusives
Discours à la Nation : Le Général Assimi Goïta définit les grandes priorités pour 2025
Dans son adresse à la nation du 31 décembre 2024, le Général Assimi Goïta, Président de la transition au Mali, a présenté un bilan des réalisations de l’année écoulée, tout en esquissant sa vision pour 2025. Axé sur les valeurs de souveraineté, de résilience et de renouveau, son discours a exploré les multiples fronts où l’action publique s’est intensifiée : la sécurité, l’économie, la culture, l’énergie et la gouvernance.
Procès : Issa Kaou Djim condamné à un an de prison ferme
Issa Kaou Djim a été condamné, le lundi 30 décembre 2024, à deux ans de prison dont un avec sursis. Cette condamnation fait suite à des propos tenus le 10 novembre 2024 lors de l’émission « Rendez-vous des idées » sur Joliba TV News, où il aurait mis en doute la crédibilité d’un supposé coup d’État déjoué au Burkina Faso, dirigé par le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré.
La fausse promesse de l’exploitation minière « responsable »
Au mois de juillet, le gouvernement de la Serbie a rétabli les permis relatifs aux projets d’extraction de lithium de Rio Tinto, après les avoir annulés en 2022 à la suite de manifestations populaires. Ce rétablissement a provoqué de nouvelles manifestations, plusieurs milliers de personnes étant descendues dans les rues de Belgrade pour exprimer leur opposition à une mine susceptible de constituer une menace pour les sources d’eau et la santé publique. Rio Tinto avait en effet déjà fait preuve par le passé d’une volonté de contourner les réglementations environnementales du pays.
Rio Tinto présente un long passé de violations présumées des droits de l’homme ainsi que de contamination et de mauvaise gestion de l’eau dans ses mines à travers le monde. Le problème ne se limite cependant pas à Rio Tinto : la corruption et la négligence sont monnaie courante dans l’industrie minière. La société Glencore a été condamnée par un juge américain à s’acquitter d’une amende de 700 millions $ pour avoir mis en place et appliqué pendant une dizaine d’années un système de corruption de responsables publics dans plusieurs pays. De même, le géant minier BHP et son partenaire brésilien Vale sont pris dans des batailles juridiques liées à la rupture du barrage de résidus miniers de Fundão – la plus grave catastrophe environnementale survenue au Brésil.
L’Union européenne prévoyant d’accroître son extraction minière intérieure de matériaux essentiels à la transition écologique ainsi qu’à de nombreuses technologies de défense et à divers produits numériques, les dirigeants politiques et les populations entendent s’assurer du caractère durable de cette démarche. C’est la raison pour laquelle le Conseil international des mines et métaux (ICMM) – une organisation que Rio Tinto a contribué à créer, qui inclut également Glencore, Vale et BHP – et plusieurs autres acteurs majeurs de l’industrie travaillent à l’élaboration d’une norme mondiale, dans le cadre de l’initiative pour une norme consolidée relative à l’exploitation minière (CMSI), permettant de certifier la production responsable des minéraux. Compte tenu de leurs antécédents, est-il raisonnable de confier à ces géants de l’industrie minière l’élaboration des règles censées leur imposer de rendre des comptes ?
Les normes et certifications volontaires ne constituent pas une nouveauté. Elles existent dans une multitude de secteurs, de l’agriculture jusqu’au bâtiment, et l’industrie minière connaît déjà de nombreuses initiatives de ce type. Les quatre organisations qui mènent la CMSI – l’ICMM, l’Association minière du Canada, le Conseil mondial de l’or, et Copper Mark – disposent en effet chacune de leur propre cadre de garantie.
Plusieurs évaluations relatives à ces programmes volontaires, conduites par Germanwatch, Mercedes-Benz et d’autres, révèlent que la plupart d’entre eux manquent en réalité de transparence, de rigueur, de contrôle, et qu’ils ne permettent pas d’assurer la mise en œuvre des contraintes. Autrement dit, ces programmes constituent une forme sophistiquée de greenwashing. Au mois de février, l’organisation Lead the Charge a publié une évaluation des programmes de garantie et d’accréditation par des tiers dans le secteur des matières premières, examinant chacun d’entre eux en fonction d’un ensemble de critères minimum de crédibilité. Constat révélateur, la procédure de l’ICMM pour la validation des prévisions de performance satisfaisait à seulement 16 % des critères.
Ces chiffres peu glorieux se traduisent par des conséquences concrètes pour les populations autochtones, les travailleurs et les communautés locales. D’après le Centre de ressources sur les entreprises et les droits de l’homme, les sociétés membres de l’ICMM, qu’elles soient directement détenues en propriété ou qu’elles participent à des coentreprises, représentent plus de la moitié des 20 entreprises responsables de la majorité des violations présumées des droits de l’homme dans l’exploitation minière des minéraux essentiels.
Dirigeants politiques et institutions financières injectent des milliards de dollars dans des projets miniers à travers le monde sur la base de certifications volontaires semblables à la CMSI actuellement proposée. La loi de l’UE sur les matières premières critiques se fonde par exemple sur ces garanties pour déterminer si les entreprises s’approvisionnent en matières premières de façon responsable. De même, 78 % des constructeurs automobiles évalués dans le cadre de l’étude de l’organisation Lead the Charge déclarent s’appuyer sur ces éléments pour prendre des décisions en matière d’approvisionnement – en particulier à mesure que l’adoption des véhicules électriques s’accélère.
Une récente analyse de la proposition de CMSI, menée par des groupes autochtones, des organisations de la société civile et des experts politiques, met en évidence plusieurs lacunes dans ce cadre, susceptibles de nuire aux communautés, et, aspect important, de présenter des risques pour les constructeurs automobiles. La norme se décompose en trois niveaux : pratiques de base, pratiques satisfaisantes, et pratiques optimales. Or, les exigences imposées au niveau basique – précisons d’ailleurs que les entreprises sont autorisées à opérer en dessous de ce seuil durant le processus de garantie – ne sont pas alignées sur les lois internationales, les normes juridiques ou les principes généralement reconnus, tels que les normes de performance de la Société financière internationale (IFC). Les sociétés minières ne seront par conséquent pas dans l’obligation de remédier aux violations graves des droits de l’homme, ce qui pourrait plus en aval exposer les constructeurs automobiles à des sanctions.
Par ailleurs, le projet de norme ne protège pas le droit des populations autochtones – qui subissent un préjudice disproportionné du fait de l’exploitation minière – au consentement libre, préalable et éclairé, qui accompagne leur droit de gouverner leurs territoires et leurs ressources, ainsi que leur droit à l’autodétermination. La préservation de ce droit doit constituer une exigence minimale au niveau des pratiques de base. Or, l’idée même que le respect des droits fondamentaux puisse faire l’objet d’une décomposition en différents niveaux de performance illustre toute la défaillance de l’élaboration de la CMSI. Une telle approche infligerait encore davantage de préjudices aux communautés autochtones, dans la mesure où plus de la moitié des minéraux critiques se situent sur leurs terres ou à proximité.
L’ICMM et ses partenaires, dont les sociétés membres du groupe consultatif de la CMSI telles que BWM et Tesla, auront beau fournir tous les efforts pour présenter cette norme comme l’instrument d’une exploitation minière responsable, il ne s’agit de rien de plus que d’une tentative du secteur de présenter un visage propre et écologique au public. Si elle aboutit, la CMSI renforcera tout simplement la puissance et l’influence de géants miniers tels que Rio Tinto, Glencore et BHP, et leur permettra d’agir impunément tout en présentant de fausses garanties à l’ensemble des principales parties prenantes.
Loin de favoriser une transition énergétique juste, la CSMI permettrait aux industries extractives de privilégier le profit au détriment de la qualité de l’air et de l’eau, des droits de l’homme ainsi que d’une planète vivable, tout en exposant les constructeurs automobiles, les États et les investisseurs à un risque d’atteinte à leur réputation. Compte tenu de l’augmentation de la demande de minerais essentiels à la transition énergétique, il est plus important que jamais de fixer des exigences élevées dans l’élaboration de règles solides et applicables au sein du secteur minier.
Chelsea Hodgkins est conseillère principale dans le cadre du programme climatique de Public Citizen sur la question des véhicules électriques.
Project Syndicate, 2024.
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45ᵉ édition du Sabre National au Niger : Aba détrône Issaka Issaka
La 45ᵉ édition du Sabre National de lutte traditionnelle, également connue sous le nom de « Kokowa », s’est achevée en apothéose, ce samedi 28 décembre, à Dosso, au sud-ouest du Niger, à environ 140 km à l’est de Niamey. Un lot de surprises et de rebondissements était au rendez-vous.
L’événement phare de la culture sportive nigérienne a vu la consécration de Aba, qui a réussi l’exploit de détrôner le sextuple champion en titre, Kadri Abdou, alias Issaka Issaka. Il enlève ainsi le Sabre National et empoche la somme de 12 millions de FCFA.
Tout au long de la compétition, Aba a démontré une maîtrise technique et une détermination exemplaire, enchaînant les victoires face à des adversaires de haut calibre. Sa performance en finale, où il a affronté et vaincu Issaka Issaka, a été particulièrement remarquable, mettant fin à une série de trois sacres consécutifs de ce dernier.
Le Sabre National est bien plus qu’une simple compétition sportive au Niger. Il s’agit d’un événement culturel majeur qui rassemble les différentes régions du pays, mettant en avant la richesse des traditions et l’esprit de cohésion nationale. Chaque édition est l’occasion pour les lutteurs de se mesurer dans un esprit de fair-play, tout en honorant les valeurs ancestrales de courage et de persévérance.
Cette édition a été marquée par l’introduction d’un nouveau code de la lutte, visant à rendre les combats plus fluides et équitables. Ces réformes, initiées par le ministère de la Jeunesse, de la Culture, des Arts et des Sports, ont pour objectif de préserver l’intégrité de la discipline et d’assurer des affrontements incontestables, reflétant le véritable talent des participants.
Malgré sa défaite, Issaka Issaka demeure une figure emblématique de la lutte nigérienne. Son palmarès impressionnant et sa longévité au sommet témoignent de son exceptionnel talent. Cette défaite pourrait bien être une source de motivation supplémentaire pour lui, en vue de reconquérir le titre lors des prochaines éditions.
Trump ne peut pas arrêter la dédollarisation
Pendant la campagne présidentielle américaine, Donald Trump s’est engagé à rendre la dédollarisation – les efforts visant à réduire la dépendance mondiale à l’égard du billet vert – trop coûteuse pour être envisagée, en promettant d’imposer des droits de douane de 100 % aux pays qui la mettraient en œuvre. Mais une telle mesure, qui s’inscrit dans le cadre d’un programme tarifaire plus important, que le président élu semble déterminé à mettre en œuvre, ne contribuerait guère à enrayer la chute du dollar.
Le billet vert reste le moyen d’échange le plus important et la réserve de valeur la plus efficace. Cela en fait la monnaie préférée pour le commerce et la finance internationaux, ainsi que pour les réserves de change détenues par les banques centrales, afin de garantir un approvisionnement régulier en importations et de se prémunir contre les crises monétaires et l’instabilité macroéconomique. Mais à mesure que le centre de gravité de l’économie mondiale se déplace vers l’est, la dédollarisation s’accélère.
La part du dollar dans les réserves de change est passée d’un pic de 72 % en 2002 à 59 % en 2023, sous l’effet d’une demande accrue de monnaies de réserve non traditionnelles, en particulier le renminbi chinois. En outre, l’année dernière, un cinquième du commerce mondial du pétrole s’est effectué dans d’autres monnaies que le dollar. Jusqu’alors, le dollar était quasiment la seule devise utilisée.
Plusieurs facteurs ont contribué à cette évolution. Les pays du Sud sont devenus les moteurs de la croissance économique mondiale, modifiant la dynamique du commerce mondial et des marchés de l’énergie. Un monde de plus en plus multipolaire a ouvert une nouvelle ère de concurrence monétaire, tandis que les innovations technologiques et financières ont rendu moins coûteux et plus efficace le règlement en monnaie locale (LCS, d’après l’acronyme anglais) pour les échanges bilatéraux.
Trump, apparemment conscient des énormes avantages économiques et géopolitiques que confère aux États-Unis le statut du dollar en tant que principale monnaie de réserve mondiale, voudrait mettre un terme à ce processus. Après tout, les États-Unis sont l’un des rares pays de l’économie mondiale hautement intégrée à disposer encore d’une souveraineté monétaire effective, c’est-à-dire de la capacité de fixer et d’atteindre ses objectifs de politique économique et monétaire sans tenir compte des autres pays.
Au contraire, au fur et à mesure que le marché de l’eurodollar est devenu l’épine dorsale d’un système monétaire international privatisé, de plus en plus de pays ont émis de la dette souveraine libellée en dollars, augmentant ainsi leur dépendance à l’égard du billet vert. En 2011, le président chinois de l’époque, Hu Jintao, l’a dit clairement : « La politique monétaire des États-Unis a un impact majeur sur la liquidité mondiale et les flux de capitaux, et par conséquent, la liquidité du dollar américain doit être maintenue à un niveau raisonnable et stable. »
Bien qu’une étude récente de la Banque fédérale de réserve de New York désigne l’éloignement géopolitique des États-Unis et les sanctions financières comme les principaux moteurs de la baisse de la demande de dollars américains, la dédollarisation n’est pas due exclusivement, ni même en grande partie, à la dépendance excessive des États-Unis à l’égard du dollar en tant qu’instrument de politique étrangère. Au contraire, de nombreux gouvernements encouragent l’utilisation d’instruments libellés dans leur unité de compte nationale, afin de profiter des gains associés à l’existence d’une monnaie internationale.
L’intégration monétaire de l’Europe en est peut-être l’exemple le plus probant. Elle a donné naissance à l’euro, qui occupe aujourd’hui une place de choix derrière le dollar, représentant environ 20 % des réserves mondiales et plus de la moitié des exportations de l’Union européenne dans le monde. En 2022, environ 52 % des biens importés par l’Union européenne en provenance de pays tiers et environ 59 % des biens exportés par l’Union européenne vers ces pays étaient facturés en euros.
Suivant les traces de l’UE, les pays du Sud tirent parti des nouvelles technologies pour promouvoir l’utilisation des LCS dans les échanges bilatéraux, ce qui peut atténuer les contraintes liées à la balance des paiements et soutenir la croissance économique. La Chine, par exemple, a développé son propre système de paiement interbancaire transfrontalier. Elle a établi des lignes de swap bilatérales avec près de 40 banques centrales étrangères et elle a réussi à faire libeller les contrats pétroliers en renminbi. L’année dernière, Total Énergies et la China National Offshore Oil Corporation ont conclu le premier achat de gaz naturel liquéfié en renminbi par l’intermédiaire du Shanghai Petroleum and Natural Gas Exchange.
En 2022, la Reserve Bank of India a mis en place un mécanisme permettant de régler les échanges internationaux en roupies, ce qui pourrait permettre d’économiser environ 30 milliards de dollars en sorties de devises si on l’utilisait pour les importations de pétrole russe. Parmi les pays du groupe Brics+ (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, Égypte, Éthiopie, Iran et Émirats Arabes Unis), les échanges commerciaux réglés en monnaie nationale auraient dépassé ceux en dollars. Les investissements transfrontaliers en monnaie locale devraient augmenter également. La nouvelle banque de développement des Brics fera passer ses prêts en monnaie locale d’environ 22 % à 30 % d’ici 2026, afin d’atténuer l’impact des fluctuations des taux de change et d’éliminer les goulets d’étranglement en matière de trésorerie, dans le cadre du financement de projets.
Pour les économies émergentes et en développement, la dédollarisation peut également atténuer les retombées négatives de la politique de la Réserve fédérale américaine. Le dernier cycle de resserrement agressif de la Fed a exacerbé l’instabilité macroéconomique et freiné la croissance, piégeant de plus en plus de pays dans des revenus moyens et empêchant la convergence des revenus au niveau mondial. Comme le montrent les recherches du Fonds monétaire international, un arrêt soudain des flux de capitaux vers une économie de marché émergente entraîne une baisse moyenne de 4,5 % de la croissance du PIB cette année-là, et de 2,2 % l’année suivante.
La dédollarisation peut également réduire la nécessité de constituer des réserves, une forme d’assurance contre les chocs extérieurs et la volatilité financière qui implique des coûts d’opportunité considérables pour les économies émergentes et en développement. Les autorités monétaires de ces pays pourraient à la place investir dans des actifs à plus haut rendement, générant ainsi plus de ressources pour relever les défis du développement, y compris les investissements qui renforcent la résilience au changement climatique.
Les réserves de précaution sont particulièrement préjudiciables pour les pays à faible revenu, qui présentent des risques de crédit plus élevés et des écarts de taux d’intérêt plus importants, car elles impliquent souvent des opérations de portage inversées. Le Bangladesh détient actuellement un montant record de 46,4 milliards de dollars de réserves de devises à faible rendement pour stabiliser le taka, tout en payant plus de 8 % d’intérêts sur ses obligations souveraines.
Le prix Nobel d’économie Joseph E. Stiglitz a estimé le coût annuel de la thésaurisation des réserves pour les pays en développement à plus de 300 milliards de dollars, soit 2 % de leur PIB combiné, au milieu des années 2000. Ce chiffre est sans aucun doute plus élevé aujourd’hui, compte tenu de l’augmentation des réserves excédentaires et du nombre croissant de pays aux mauvaises notes de crédit qui ont accès aux marchés financiers internationaux.
Certes, la dédollarisation sert également de protection contre les sanctions financières américaines, qui devraient proliférer sous Trump. Mais les innombrables autres avantages d’une telle politique, notamment en termes de gestion macroéconomique et de croissance, sont énormes et l’emporteront probablement sur les coûts des tarifs douaniers de rétorsion que Trump a promis d’imposer à ses concurrents en matière de devises.
Le processus pourrait être lent. De puissantes externalités de réseau, associées à profondeur et à la liquidité des marchés financiers américains, ont rendu difficile de déloger le dollar, même si l’Amérique a perdu son statut de première économie commerciale du monde il y a plus d’une décennie. Mais le passage à des monnaies de réserve non traditionnelles dans un système économique de plus en plus multipolaire et l’importance croissante de l’utilisation transfrontalière des monnaies nationales, pour alimenter la croissance et parvenir à une convergence des revenus au niveau mondial, laissent penser que la dédollarisation va se poursuivre. Et un tsunami de droits de douane et de sanctions sous la prochaine administration américaine ne manquera pas d’y contribuer.
Hippolyte Fofack, ancien économiste en chef de la Banque africaine d’import-export, est membre du Réseau des solutions pour le développement durable de l’université de Columbia, associé de recherche au Centre d’études africaines de l’université de Harvard, membre éminent de la Fédération mondiale des conseils de compétitivité et membre de l’Académie africaine des sciences.
Project Syndicate, 2024.
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États-Unis : Mort de Jimmy Carter
Éliminatoires du CHAN 2025 : Le Mali éliminé par la Mauritanie
Le dimanche 29 décembre 2024, au Stade du 26 Mars de Bamako, les Aigles locaux du Mali ont été tenus en échec par les Mourabitounes de Mauritanie, concédant un match nul et vierge (0-0) lors du match retour du deuxième tour des éliminatoires du Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) 2025.
Cette contre-performance, combinée à la défaite 1-0 subie à Nouakchott lors du match aller, scelle l’élimination du Mali de la compétition continentale réservée aux joueurs évoluant en Afrique.
Dès le coup d’envoi, les Aigles ont affiché une détermination palpable, prenant le contrôle du jeu et multipliant les offensives. Les attaquants maliens se sont procuré plusieurs occasions franches, mais ont manqué de réalisme face au but adverse. La défense mauritanienne, bien organisée, a su contenir les assauts répétés, tandis que le gardien des Mourabitounes a réalisé des arrêts décisifs pour préserver sa cage inviolée.
La courte défaite (1-0) concédée à Nouakchott le 22 décembre 2024 avait déjà placé le Mali dans une position délicate. Malgré une préparation intensive et le soutien fervent du public bamakois, les Aigles n’ont pas réussi à inverser la tendance lors du match retour. Cette élimination précoce constitue une déception majeure pour le football malien, qui nourrissait de légitimes ambitions dans cette compétition.
La phase finale du CHAN 2025, prévue du 1er au 28 février 2025, se déroulera pour la première fois dans trois pays hôtes : le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda. Parmi les équipes ayant validé leur qualification, on retrouve notamment le Sénégal, tenant du titre, qui a su confirmer son statut en franchissant les étapes éliminatoires avec succès. En plus du Sénégal et des trois pays hôtes, on retrouve le Maroc, la République Démocratique du Congo, la Guinée, la Mauritanie, le Niger, le Burkina Faso, l’Angola, le Rwanda, la Zambie, le Madagascar, le Soudan, le Centrafrique, Nigeria et l’Eswatini.
Une innovation majeure caractérise cette édition : pour la première fois, les sélections nationales sont autorisées à convoquer des joueurs évoluant sur l’ensemble du continent africain, et non plus uniquement dans leur pays d’origine. Cette évolution vise à rehausser le niveau de la compétition en permettant aux équipes de s’appuyer sur un vivier de talents plus large, tout en renforçant l’intégration du football africain.
Perspectives d’avenir pour le Mali
En tout état de cause, cette élimination offre une opportunité aux instances dirigeantes du football malien de procéder à une analyse approfondie des performances et de l’encadrement technique. L’objectif sera de tirer les enseignements nécessaires pour rebondir lors des prochaines échéances continentales et internationales, en misant sur le développement des talents locaux et une meilleure préparation aux compétitions de haut niveau.
Les éliminatoires, qui se sont achevées le dimanche 29 décembre 2024, ont permis de déterminer les équipes nationales qualifiées pour cette compétition réservée aux joueurs évoluant dans les championnats locaux africains.
Éliminatoires du CHAN 2025 : Le Burkina Faso prive la Côte d’Ivoire de la qualification
Le Burkina Faso a réalisé une performance remarquable en éliminant la Côte d’Ivoire lors des éliminatoires du Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) 2025. Après une défaite 2-0 au match aller, les Étalons A’ ont renversé la situation en s’imposant sur le même score lors du match retour au stade du 26 Mars à Bamako, avant de l’emporter 4-2 lors de la séance de tirs au but.
Le Sénégal, vainqueur de l’édition précédente, défendra son titre lors de cette compétition, qui s’annonce déjà comme un événement majeur du football africain.
Côte d’Ivoire : l’armée dément les accusations du Général Tchiani
L’état-major général des armées de Côte d’Ivoire a réagi, ce samedi 28 décembre 2024, aux allégations formulées par le Général Abdourahamane Tchiani, président de la transition au Niger, au cours d’une interview diffusée sur la télévision publique nigérienne et relayée sur les réseaux sociaux.
Organisation judiciaire : Une réforme ambitieuse pour un pays en quête d’équité
Adoptée par le Conseil national de Transition lors de sa séance du 1er novembre 2024 et promulguée par le Président de la Transition le 13 décembre 2024 sous la loi n°030, la réforme de l’organisation judiciaire au Mali marque une étape majeure dans l’histoire du pays. Longtemps critiqué pour sa lenteur, ses coûts élevés et son éloignement des populations, le système judiciaire malien fait peau neuve avec des innovations qui promettent de rapprocher la justice des citoyens et de garantir son équité.
Révision de la loi électorale et budget 2025 : Vers des élections en 2025 ?
Le Conseil des Ministres du Mali, réuni le vendredi 27 décembre 2024 sous la présidence du Général d’Armée Assimi Goïta, Président de la Transition, a adopté un projet d’ordonnance modifiant la Loi n°2022-019 du 24 juin 2022 portant loi électorale.
Enlèvement du Khalife Général de la Tijaniya: un acte de défiance signé Katiba Macina
Lutte antiterroriste : l’armée annonce la neutralisation du N°2 de la Katiba Serma
Les Forces Armées Maliennes (FAMa) ont intensifié leurs opérations antiterroristes ces derniers jours, selon plusieurs communiqués de l’État-Major Général des Armées publiés récemment.
Grippe aviaire en 2024 : une menace mondiale en expansion
En 2024, la grippe aviaire a connu une propagation alarmante, touchant 108 pays sur les cinq continents. Le virus, historiquement limité aux oiseaux, a franchi des barrières inter-espèces, infectant plus de 70 espèces de mammifères domestiques et sauvages, notamment des tigres, des lions et des panthères.
Naufrage tragique : Une vingtaine de Maliens parmi les victimes d’une embarcation de fortune
Le Mali est à nouveau en deuil après l’annonce du chavirement d’une embarcation de fortune transportant des migrants au large des côtes marocaines le 19 décembre 2024. Selon le Ministre des Maliens établis à l’Extérieur et de l’Intégration Africaine, Mossa Ag Attaher, 25 jeunes Maliens figurent parmi les victimes confirmées. Le drame a laissé 70 disparus et seulement 11 survivants, dont 9 Maliens.
Renommage des espaces publics : L’absence remarquée de femmes et d’anciens dirigeants
Le mercredi 25 décembre, les autorités ont procédé à la rebaptisation de plusieurs lieux publics emblématiques à travers le pays. Ce processus s’inscrit dans une démarche globale visant à tourner la page de l’héritage colonial tout en promouvant des figures et valeurs nationales. Parmi les espaces concernés figurent des rues, des avenues, des boulevards, des places publiques et des institutions académiques.
4ème édition du FoMAH : Une mobilisation collective pour la résilience et l’action humanitaire au Sahel
La 4ème édition du Forum Malien des Acteurs Humanitaires (FoMAH) s’est tenue, ce jeudi 26 décembre 2024, au Centre International de Conférences de Bamako (CICB), sous le thème « Résilience et action humanitaire dans le Sahel ». Ce rendez-vous annuel, organisé par le consortium S.O.S – Solidarité 223, OPEN Mali et SOPOTOI, a rassemblé plus de 60 organisations humanitaires locales et internationales, ainsi que des représentants de l’État et des collectivités locales.
Un nouveau pacte pour les pays en voie de développement
La récente reconstitution des ressources de l’Association internationale de développement (IDA) de la Banque mondiale, pour un montant record de 100 milliards $, constitue une étape majeure. Bien que le montant final soit inférieur aux 120 milliards $ qu’un certain nombre de dirigeants africains et moi-même avions réclamés au mois d’avril, lors du sommet IDA21 de Nairobi sur la reconstitution des ressources de l’institution, il s’agit d’une avancée cruciale. Ces nouveaux financements constituent un espoir pour plusieurs millions de personnes, et témoignent de la détermination de nos partenaires mondiaux à relever les défis immenses auxquels nous sommes confrontés.
Le sommet de Nairobi a non seulement souligné l’importance de l’IDA pour le financement du développement, mais également attiré l’attention sur le rôle central de l’Afrique dans la résolution des crises mondiales telles que le changement climatique. Depuis des années, l’IDA constitue une bouée de sauvetage pour de nombreux pays, apportant les financements concessionnels à long terme indispensables à ces pays pour investir dans des secteurs essentiels tels que la santé, l’éducation et les infrastructures. Réactive face aux crises, et capable de mobiliser 4 dollars sur les marchés financiers pour chaque dollar versé par les donateurs, l’IDA a prouvé sa valeur en tant que multiplicateur de force.
Les défis auxquels nous sommes confrontés nécessitent cependant une réponse plus audacieuse encore. Selon la Banque mondiale, le service de la dette extérieure des pays en voie de développement a atteint l’an dernier un coût astronomique de 1 400 milliards $, un chiffre qui vient éclipser les engagements même les plus ambitieux en matière de financement de la lutte contre le changement climatique. Le fardeau de la dette de l’Afrique est devenu un véritable obstacle au développement durable ainsi qu’à la résilience climatique, les paiements d’intérêts élevés détournant les ressources loin d’investissements pourtant essentiels dans la santé, l’éducation et les infrastructures.
Comme je l’ai souligné lors du sommet de Nairobi, cette réalité perpétue un cercle vicieux de vulnérabilité, aggravé par l’escalade des effets du changement climatique. Rien que l’année dernière, l’Afrique de l’Est a subi des inondations dévastatrices qui ont provoqué le déplacement de milliers de personnes et détruit des infrastructures vitales, tandis que des sécheresses persistantes dans le sud du continent ont paralysé la production agricole en Zambie et au Zimbabwe. Dans l’ouest et le centre de l’Afrique, les inondations ont fait des ravages au Nigeria, au Niger et au Tchad, déplaçant des communautés entières, et submergeant les terres agricoles.
Pendant ce temps, la désertification continue d’empiéter sur les terres arables, menaçant la sécurité alimentaire dans des pays tels que le Mali, tandis que des vagues de chaleur extrêmes mettent à rude épreuve les systèmes énergétiques dans certaines parties de l’Afrique du Nord. Perturbant vies humaines, moyens de subsistance et économies sur l’ensemble du continent, ces crises accentuent la nécessité de financements concessionnels à la hauteur du défi.
Alors que les négociations sur le nouvel objectif collectif quantifié (NOCQ) durant la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP29) de cette année avaient insisté sur l’urgence de mobiliser 1 300 milliards $ de financements climatiques chaque année d’ici 2035, les délégués ont finalement échoué, les engagements ayant atteint seulement 300 milliards $. Pour l’Afrique, ce résultat illustre la persistance d’inégalités dans les financements mondiaux, et souligne la nécessité pour des institutions telles que l’IDA de jouer un rôle encore plus important pour combler les insuffisances.
La simultanéité entre la reconstitution des ressources de l’IDA et l’adoption du NOCQ n’est pas surprenante, toutes deux visant à garantir les ressources nécessaires à la progression du développement durable. La reconstitution des ressources de l’IDA à hauteur de 100 milliards $ doit être mise à profit pour obtenir un impact maximal, notamment afin de répondre à la nécessité pour les pays vulnérables d’investir dans la résilience climatique.
Le monde ne pourra pas atteindre son objectif de zéro émission nette d’ici le milieu du siècle sans la pleine participation de l’Afrique. Au moyen d’investissements suffisants dans nos ressources énergétiques renouvelables, les Africains peuvent œuvrer au premier plan de l’agenda mondial de la décarbonation, tout en fournissant de l’électricité aux 600 millions d’habitants du continent qui n’y ont toujours pas accès.
Un certain nombre de dirigeants africains et moi-même félicitons l’IDA pour l’accent qu’elle continue de placer sur les solutions innovantes telles que les swaps dette-climat, et pour son soutien à une croissance positive pour le climat. Notre transformation économique nécessite cependant un engagement mondial collectif en faveur de réformes structurelles. Nous devons accomplir davantage pour tirer parti des droits de tirage spéciaux (l’actif de réserve du Fonds monétaire international), pour réaffecter les subventions aux combustibles fossiles, ainsi que pour renforcer la capacité de prêt des banques multilatérales de développement. Comme je l’ai rappelé à Nairobi, la recommandation du Groupe d’experts indépendants du G20 consistant à multiplier par trois la capacité de financement de l’IDA, pour la porter à 279 milliards $ d’ici 2030, demeure un objectif judicieux et nécessaire.
Adoptée l’an dernier lors du Sommet africain sur le climat, la Déclaration de Nairobi offre une feuille de route aligner le financement du développement sur l’action climatique. En nous concentrant sur les initiatives africaines, en tirant parti de notre vaste potentiel en matière d’énergies renouvelables, et en stimulant l’industrialisation, nous pouvons créer des millions d’emplois tout en garantissant un avenir durable pour le continent.
L’Afrique est prête à jouer son rôle. Nous sommes déterminés à respecter la discipline budgétaire ainsi qu’à améliorer la gouvernance, afin d’instaurer un environnement propice à l’investissement et au développement durable. Pour y parvenir, nous aurons cependant besoin que nos partenaires mondiaux accompagnent cet engagement par leur soutien et leur collaboration, ce qui signifiera notamment dépasser les niveaux actuels de reconstitution des ressources de l’IDA lors des prochains cycles de financement.
Pour nous tous en Afrique, la récente levée de 100 milliards $ constitue une étape, pas une destination. Ensemble, nous devons nous appuyer sur la dynamique créée cette année pour faire en sorte que l’IDA et le NOCQ honorent leur promesse de financements équitables, efficaces et accessibles. Il ne tient qu’à nous de transformer les défis d’aujourd’hui en opportunités pour assurer un avenir prospère à tous les Africains.
William Ruto est président de la République du Kenya, et président du Comité des chefs d’État et de gouvernement africains sur le changement climatique.
Project Syndicate, 2024.
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Promulgation du Code Pénal et de Procédure Pénale : Réformes ambitieuses pour la justice
Le pays a récemment franchi une étape importante dans la modernisation de son système judiciaire avec l’adoption de deux textes majeurs. Il s’agit de la Loi n°2024-027 portant Code Pénal et la Loi n°2024-028 portant Code de Procédure Pénale.
Messe de la Nativité : un appel à l’unité et à la paix
Lors de son message à l’occasion de la célébration de la Nativité et du lancement officiel du Jubilé ordinaire de l’année 2025, Mgr Jonas Dembélé, évêque de Kayes et président de la Conférence épiscopale malienne, a exhorté les Maliens à s’engager pour « bâtir un Mali nouveau, un Mali de paix ».
Portant un message d’espérance, il a rappelé que « dans le Christ, notre espérance ne sera jamais déçue ».
Super League : Rebaptisé et remodelé, le projet refait surface
Trois ans après avoir présenté un projet visant à révolutionner le football européen, qui avait suscité une vive hostilité, la Super League revient dans une nouvelle version de la compétition.
Initiée en 2021 par Florentino Pérez, le Président du Real Madrid, avec le soutien de certains des plus grands clubs européens, la Super League visait à créer un tournoi fermé réunissant les équipes les plus prestigieuses du Vieux Continent, dans le but d’accroître les revenus générés par le football de club au plus haut niveau.
Cependant, elle avait rencontré une vive opposition de la part de l’UEFA et de certaines fédérations nationales. Malgré l’abandon du projet par plusieurs clubs fondateurs sous la pression, la Super League fait aujourd’hui son grand retour.
En effet, la structure promotrice du projet, A22 Sports Management, a annoncé le 17 décembre 2024 avoir présenté un nouveau format à la FIFA et à l’UEFA en vue d’obtenir une reconnaissance officielle.
Elle s’appuie notamment sur l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) de décembre 2023 qui avait jugé que les règles imposées par la FIFA et l’UEFA concernant la création de compétitions étaient contraires au droit de l’Union européenne.
96 équipes réparties dans 4 ligues
Rebaptisé « Unify League », le projet prévoit la création de quatre nouvelles compétitions : Star, Gold, Blue et Union. Les deux premières regrouperaient 16 équipes et seraient réservées aux meilleurs clubs du continent. Ceux-ci seraient réparties en 2 groupes de 8, avec au programme 14 rencontres (7 à domicile et 7 à l’extérieur). Les 4 premiers de chaque groupe se qualifieraient pour des quarts de finale disputés en aller-retour et donnant accès à un Final Four.
Quant aux compétitions Blue et Union, elles adopteraient un format légèrement différent, avec 4 groupes de 8 équipes. Seuls les premiers de chaque groupe se qualifieraient à l’issue de 14 matchs, pour participer à un Final Four, là aussi.
Différence notable par rapport au projet polémique de 2021 : cette fois-ci, les équipes se qualifieraient pour les différentes compétitions en fonction de leurs résultats dans leurs championnats nationaux respectifs. Au total, ce sont 96 clubs de 55 pays différents qui seraient appelés à participer chaque saison.
Mohamed Kenouvi
La Chine en difficulté face à la société de consommation
Les prouesses de la Chine en matière d’ingénierie sont tout simplement extraordinaires. Qu’il s’agisse d’infrastructures de classe mondiale, de villes respectueuses de l’environnement, de systèmes spatiaux ou de trains à grande vitesse, l’impressionnante accumulation par la Chine de capital physique de pointe a joué un rôle prépondérant dans la conduite de son économie. Seulement voilà, les accomplissements de la Chine en matière d’ingénierie physique du côté de l’offre n’ont pas été transposables aux efforts d’ingénierie sociale du côté de la demande, notamment dans la stimulation de la demande des consommateurs.
Ce décalage s’explique par la nature du système politique chinois moderne, qui place l’accent sur la stabilité et le contrôle. Si cette orientation a permis au pays de devenir le « producteur ultime » de la planète, elle n’a pas su révéler l’ADN du consommateur chinois. L’ingénierie sociale au travers du diktat de l’État s’inscrit en net contraste avec l’esprit individualiste, libre et basé sur l’incitation, qui façonne le comportement humain et les modèles de consommation en Occident. La part de la consommation des ménages dans le PIB chinois demeurant inférieure à 40 %, contre environ 65 % dans les économies développées, le discours de longue date de la Chine autour d’un rééquilibrage axé sur la consommation n’a produit que peu de résultats visibles.
L’expérience américaine, telle que la décrit John Kenneth Galbraith dans son ouvrage intitulé The Affluent Society, déchiffre l’ADN d’une société de consommation, qui présente pour principales caractéristiques la mobilité ascendante des revenus et des richesses, la communication et la diffusion de l’information de manière ouverte, l’individualisme et la liberté de choix, la réduction de l’inégalité des modes de vie, les transferts de richesses intergénérationnels, et enfin la possibilité d’élire des représentants politiques. Le consumérisme occidental constitue ainsi en grande partie une aspiration.
Une question fondamentale se pose alors : le système politique chinois est-il incompatible avec la culture de consommation moderne ? Cette question apparaît d’autant plus pertinente que le nouveau techno-autoritarisme chinois semble s’inscrire à l’encontre des libertés fondamentales sur lesquelles repose le consumérisme. Les récentes avancées technologiques appliquées en Chine (notamment en matière de reconnaissance faciale et autres formes de surveillance), associées à un système de crédit social ainsi qu’à une censure renforcée, sont quasiment antithétiques à la société de consommation telle que nous la connaissons en Occident.
En fin de compte, il est beaucoup plus facile de mobiliser l’appareil d’État pour exercer une influence sur les producteurs que de permettre aux libertés fondamentales de conférer du pouvoir aux consommateurs. C’était déjà vrai durant les premières années de la République populaire, lorsque les producteurs chinois étaient soumis au contrôle strict de la Commission étatique de planification, et ça l’est encore aujourd’hui, le centre de gravité de la puissance économique chinoise ne se situant plus du côté d’un secteur privé autrefois dynamique et entreprenant, mais désormais du côté des entreprises d’État.
Le resserrement des contrôles étatiques sur la société chinoise au cours de la dernière décennie s’inscrit particulièrement en contradiction avec l’objectif de l’État consistant à stimuler la consommation. En 2013, peu après son arrivée au pouvoir, le président Xi Jinping a lancé une campagne d’éducation autour de la « ligne de masse » afin de lutter contre quatre « mauvaises habitudes » – le formalisme, la bureaucratie, l’hédonisme et l’extravagance – qu’il considérait comme les principales sources de décadence sociale et de corruption du Parti communiste chinois. Cet effort, initialement considéré comme une ramification de la campagne anti-corruption de Xi, a depuis acquis une dynamique qui lui est propre.
En 2021, Xi a insisté sur ces mauvaises habitudes en prenant des mesures de répression réglementaires à l’encontre des sociétés de plateformes Internet, mesures qui ont ciblé non seulement des entrepreneurs chinois tels que Jack Ma, fondateur d’Alibaba, mais également les prétendus excès de style de vie associés aux jeux vidéo, à la musique en ligne, à la culture des fans de célébrités et aux cours particuliers. Une telle ingénierie sociale dirigée par l’État témoigne du peu de tolérance des autorités chinoises pour le sentiment de possibilités et l’optimisme qui s’inscrivent dans l’ADN des sociétés de consommation occidentales.
Un autre exemple de ce décalage entre l’ambition et l’état d’esprit réglementaire s’observe dans les tentatives chinoises répétées de résolution des vents contraires démographiques à l’origine d’une diminution de la main-d’œuvre qui devrait se poursuivre jusqu’à la fin de ce siècle, en raison de l’héritage de la politique de l’enfant unique, désormais abandonnée. Le gouvernement chinois a récemment annoncé un certain nombre de mesures visant à stimuler les taux de natalité, parmi lesquelles une amélioration de l’accompagnement à la maternité et des capacités de garde d’enfant, ainsi que d’autres efforts consistant à bâtir une société propice à la natalité. Il ne s’agit toutefois que de la dernière d’une série de campagnes de ce type, après l’adoption de la politique des deux enfants en 2015, puis de la politique des trois enfants en 2021.
Malgré ces efforts, le taux de fécondité de la Chine demeure bien inférieur au taux de renouvellement démographique, qui s’élève à 2,1 naissances vivantes par femme en âge de procréer. Les sondages révèlent deux raisons à cela : inquiétudes face à l’augmentation importante des dépenses liées à l’éducation des enfants, et enracinement profond de l’idée de famille peu nombreuse dans les normes culturelles. Ce second aspect souligne la dimension comportementale du problème, à savoir le fait qu’une génération de jeunes Chinois se soit habituée aux familles à enfant unique. Cette résistance intrinsèquement humaine aux tentatives étatiques de coercition dans la planification des naissances intervient également lorsqu’il s’agit pour Pékin d’élaborer une stratégie d’accroissement de la demande des consommateurs.
Pour libérer le potentiel de consommation de la Chine, la clé consiste à transformer la peur en confiance, une transition qui nécessite un changement fondamental dans l’état d’esprit qui façonne la prise de décisions des ménages. Or, c’est précisément sur ce point que l’État se heurte à des obstacles. L’incitation du comportement humain est radicalement différente de l’exercice consistant à imposer aux banques étatiques d’accroître les prêts aux projets d’infrastructure, ou à ordonner aux entreprises d’État d’investir dans l’immobilier.
Certes, je formule ici un point de vue occidental sur un problème chinois, et l’expérience m’a enseigné la nécessité d’aborder ce type de problèmes du point de vue de la Chine elle-même. Il n’en demeure pas moins que l’accroissement de la consommation touche à l’essence même de l’expérience humaine : peut-il exister une culture de la consommation florissante présentant des caractéristiques chinoises qui s’inscrivent en contradiction avec la philosophie d’aspiration qui sous-tend les sociétés occidentales ?
La solution ultime au problème de sous-consommation chronique de la Chine pourrait bien dépendre de ces considérations profondes sur le comportement humain. Une récente réunion de la Conférence centrale sur le travail économique de la Chine semble annoncer de nouvelles grandes mesures à venir pour stimuler la consommation. Or, si les autorités chinoises restent déterminées à renforcer le contrôle sur les normes sociales et l’esprit humain, elles auront beau appliquer toutes les mesures de relance imaginables – qu’il s’agisse de programmes de reprise d’équipements ou de réformes du filet de sécurité sociale – ces mesures risquent de ne produire aucun résultat.
Stephen S. Roach, membre du corps enseignant de l’Université de Yale, et ancien président de Morgan Stanley Asie, est l’auteur des ouvrages intitulés Unbalanced : The Codependency of America and China (Yale University Press, 2014) et Accidental Conflict : America, China, and the Clash of False Narratives (Yale University Press, 2022).
Project Syndicate, 2024.
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Finances publiques : 110 milliards levés, mais des défis budgétaires majeurs
Le Trésor Public du Mali a levé 110 milliards de francs CFA sur le marché financier de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) lors d’une émission simultanée de Bons et Obligations Assimilables du Trésor, organisée le 23 décembre 2024.
L’opération, initialement prévue pour un montant de 100 milliards de francs CFA, a enregistré un taux de couverture de 116,65 % avec des soumissions totales atteignant 116,65 milliards de francs CFA et un montant net retenu de 106,9 milliards de francs CFA. Les Bons du Trésor à 364 jours ont permis de lever 4,62 milliards de francs CFA avec un rendement moyen pondéré (RMP) de 9,42 %. Les Obligations à 2 ans ont enregistré une absorption totale avec 28,08 milliards de francs CFA levés à un RMP de 6 %, tandis que celles à 3 ans ont également connu une absorption totale avec 73,16 milliards de francs CFA levés à un RMP de 7,46 %. Les Obligations à 5 ans ont permis de mobiliser 4,14 milliards de francs CFA avec un RMP de 8,09 %.
France : François Bayrou dévoile un gouvernement de continuité sous tension
Le 23 décembre 2024, François Bayrou, nommé Premier ministre par Emmanuel Macron, a présenté la composition de son gouvernement de 36 membres. Ce cabinet, marqué par la continuité, intègre des figures politiques expérimentées, y compris deux anciens Premiers ministres, Manuel Valls et Élisabeth Borne, tout en excluant des représentants du Nouveau Front populaire, principal groupe d’opposition au Parlement, ainsi que des cadres du Parti socialiste.
Développement agricole : L’ONG Sasakawa Africa Association met en lumière ses projets dans la commune du Mandé
Dans le cadre de ses journées médiatiques 2024, l’ONG Sasakawa Africa Association, accompagnée de ses partenaires et d’une forte délégation de journalistes, a effectué le 18 décembre 2024 une visite de terrain à Badougou Nafadji et Djoliba, dans la commune rurale du Mandé. L’objectif était de mettre en lumière les différents projets mis en œuvre dans ces localités.
Sortie du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO : l’ONU alerte sur un risque pour la démocratie en Afrique de l’Ouest
Depuis l’annonce, le 28 janvier 2024, du retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), les développements se sont accélérés, suscitant de vives préoccupations quant à l’avenir de la démocratie et de la stabilité dans la région.
Cheick Tidiane Seck : « Il faut mettre en exergue notre histoire »
African glory est un film documentaire qui retrace la vie de l’Empereur mandingue Aboubakari II réalisé par Thierry Bugaud. Cheick Tidiane Seck, qui compose la musique du film, dans lequel il joue aussi le rôle du père de l’Empereur, nous parle de ce projet, qu’il a porté et qui le passionne.
Parlez-nous du projet African glory ?
Je n’avais pas la fibre du cinéma, pas du tout. Mes aînés, Cheick Oumar Sissoko, Sotigui Kouyaté et Sidiki Bakaba, étaient des références en la matière. Depuis l’adolescence, l’histoire d’un de nos ancêtres, Aboubakari II, m’a toujours intrigué. Appelé Mandé Boukari, il est parti pour les Amériques et n’est jamais revenu. Cela a continué à susciter ma curiosité bien avant que j’aille enseigner aux États-Unis. Là-bas, on enseignait cette histoire, qui est la nôtre. J’ai cherché le livre de Pathé Diagne contenant les preuves scientifiques. C’est Aimé Césaire qui m’avait dédicacé ce livre et c’était ma première victoire en tant que musicien, plus qu’un Grammy, vu la dimension d’Aimé Césaire.
Et le film est né…
C’est ce livre que Thierry Bugaud, le réalisateur du film, a lu. Je pense que cela a été le déclic, même s’il y avait également pensé. Nous avons commencé à réfléchir à des stratégies. J’avais pensé à un opéra mandingue. À défaut de cela, nous avons envisagé un film sur la vie d’Aboubakari II. Il a dit oui et c’est comme cela que c’est parti. Je lui ai présenté Youssouf Tata Cissé, Djibril Tamsir Niane et bien d’autres personnalités. Auparavant, j’avais présenté le projet à plusieurs cinéastes africains, mais cela n’avait pas fonctionné. Je ne les blâme pas. La plupart du temps, quand ils se présentent avec des histoires africaines, les décideurs ne se manifestent pas. Nous en sommes victimes et il est nécessaire de le dénoncer. Mais cela n’enlève rien à l’engagement et à la sincérité de Thierry Bugaud. Nous avons rencontré les Ulémas pour avoir leur bénédiction et ainsi pu réaliser le film.
D’autres projets documentaires dans le même sens sont-ils prévus ?
Thierry Bugaud vient de signer pour quatre saisons avec Canal+ pour continuer de faire des séries documentaires sur Aboubakari, Touramakan, Kankou Moussa, Soundjata, etc. Ensuite, il y aura Shaka Zulu, la Reine Pokou, etc. Il y a des histoires qu’il faut mettre à la disposition du grand public. C’est important, c’est notre ossature qui nous donne de la force. À 73 ans, je puise ma force dans nos ancêtres, je crois en eux. Ils nous incitent à mettre en lumière leur vécu pour la postérité. C’est pourquoi il faut mettre en exergue notre histoire.