Le Capitaine des Aigles va disputer en Côte d’Ivoire sa 4ème Coupe d’Afrique des Nations consécutive, après 2017, 2019 et 2021. Le latéral droit, qui évolue actuellement en Liga avec la Real Sociedad, fait ses débuts en équipe nationale le 9 octobre 2015 lors d’un match amical à Troyes face au Burkina Faso. Il est titularisé pour ce premier match officiel avec les Aigles, qui s’imposent 4-1. Depuis, il cumule plus de 50 sélections avec le Mali pour 2 buts et 4 passes décisives. Avant de rejoindre la Real Sociedad, Traoré a marqué le championnat français de Ligue 1 au Stade Rennais, où il a passé cinq années. Lors de la saison 2022-23, il dispute 36 matchs en tant que Capitaine, dont 33 titularisations, inscrit 1 but et délivre 4 passes décisives, contribuant de manière significative aux succès de son équipe. Depuis son transfert à la Real Sociedad, Traoré continue de briller. Cette saison, il a disputé 18 matchs en Liga pour 2 passes décisives, débutant en tant que titulaire à 16 reprises. En Ligue des Champions, le Capitaine des Aigles a également joué 5 matchs avec la Real Sociedad, dont 4 titularisations. Né le 27 janvier 1992 à Bamako, Hamari Traoré a été formé à l’Académie Jean-Marc Guillou avant de faire ses débuts professionnels au Paris FC, en France, en 2012. Il est également passé par Lierse SK en Belgique (2013-2015) et le Stade de Reims en France (2015-2017).
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Kamory Doumbia : en leader offensif
Kelen, fila, saba, nani. C’est ainsi que la page Facebook de la Ligue 1, toujours très inspirée, a commenté la performance de Kamory Doumbia. Le milieu offensif malien a inscrit le mercredi 20 décembre 2023, à 20 ans, un quadruplé en une mi-temps lors de la victoire de Brest face à Lorient 4-0. Il devient le 2ème joueur à réussir un tel exploit sur les 60 dernières années après l’Uruguayen Edinson Cavani, qui avait réalisé pareille performance en 2016. En réussissant ce quadruplé express, le jeune attaquant inscrit son nom dans les pages de l’histoire du championnat de France au côté d’illustres devanciers, notamment la légende Salif Keita, décédée en septembre dernier.
Pur produit de l’Académie Jean-Marc Guillou (JMG) de Bamako, qui a formé plusieurs internationaux maliens, Kamory Doumbia entame son parcours professionnel le 9 juillet 2021 en s’engageant avec le Stade de Reims. Dans un premier temps, il joue avec la réserve et est titularisé pour la première fois en Ligue 1 le 14 mai 2022, face à Saint-Étienne. Première titularisation, premier but. Aujourd’hui en prêt au Stade Brestois, Doumbia est un joueur important de l’effectif et compte cinq buts. C’est déjà mieux que sur toute la saison dernière. Alors que le secteur offensif des Aigles est celui qui pose le plus question, Kamory pourrait être celui sur lesquels vont porter les espoirs de buts. Avec moins de 10 sélections au compteur, il en a déjà inscrit 6.
Son ascension rapide dans le football professionnel démontre non seulement son talent brut, mais aussi son engagement envers l’excellence. Kamory Doumbia s’affirme comme une étoile montante du football malien.
Mohamed Camara : le « pitbull » du milieu
Mohamed Camara a tout de suite réussi à se faire une place dans le milieu monégasque à son arrivée à l’été 2022. S’il avait été l’un des éléments-clés de Philippe Clément, il est moins utilisé par le nouveau coach, Adi Hütter. Le récupérateur, apparu 13 fois en championnat cette saison, travaille toujours à affirmer son rôle au sein du club et à devenir de nouveau important. En août 2022, son nom était sur toutes les lèvres après une prestation majuscule face au Paris Saint-Germain pour sa première titularisation. Il avait régné dans l’entre-jeu, récupéré plusieurs ballons et muselé en partie Lionel Messi. Ce rôle en club, il l’étrenne aussi avec les Aigles, avec lesquels il compte 17 sélections pour 3 buts. En sélection depuis 2019, Mohamed Camara, que certains surnomment « Karamoko » pour sa piété, est devenu un joueur important dans l’entre-jeu malien. Son activité et sa capacité à gagner des duels et à orienter le jeu vers l’avant sont très appréciés par les différents sélectionneurs. Camara devrait donc jouer les premiers rôles dans le milieu des Aigles lors de cette CAN. Il n’a disputé les deux dernières rencontres du Mali pour cause de blessure légère, mais il a la confiance du sélectionneur Eric Sekou Chelle, qui le titularise fréquemment. Camara, qui va disputer sa deuxième CAN, est champion d’Afrique U-17 et U-20 avec les sélections de jeunes du Mali. Avant de rejoindre l’AS Monaco, il a passé l’essentiel de sa jeune carrière en Autriche (FC Liefering, TSV Hartberg, RB Salzburg).
Amadou Haïdara : prêt pour la bataille du milieu
Après le social, place au terrain. Moins de deux semaines après l’inauguration d’un centre de santé à Kéla, son village natal, Amadou Haïdara va prendre part en Côte d’Ivoire à sa troisième CAN. Une compétition particulière pour le milieu de terrain du RB Leipzig, qui y a fait ses débuts en sélection face aux Éléphants de Côte d’Ivoire le 6 octobre 2017. Depuis, il a disputé 35 autres matchs avec le Mali et inscrit 2 buts. À 25 ans, l’âge de la maturité footballistique, Doudou, comme le surnomment ses amis, sera l’une des attractions des Aigles en milieu de terrain. En l’absence de Cheick Doucouré, blessé, et vu le faible temps de jeu de Diadié Samassekou avec son club, le double vainqueur de la Coupe d’Allemagne aura un rôle très important. Très dynamique sur un terrain et doté d’une belle frappe de balle, Haïdara, tout comme ses coéquipiers, rêve grand du côté de la Lagune Ébrié. De retour d’une blessure au mollet fin septembre 2023, il est depuis intégré au dispositif de jeu de son entraineur en club, démarrant les matchs ou entrant en jeu régulièrement. Au cours de la saison en cours (2023-24) Haïdara a déjà disputé 14 matchs, cumulant un total de 883 minutes de jeu. Son impact sur le milieu de terrain et sa capacité à contribuer tant défensivement qu’offensivement en font un joueur incontournable pour le RB Leipzig et les Aigles.
Yves Bissouma : la CAN pour seule ambition
Il y a un mois, au cours d’une interview, Yves Bissouma donnait le ton : le Mali va en Côte d’Ivoire pour remporter la CAN. Grandes ambitions pour le milieu de terrain, revenu à son meilleur niveau sous la direction d’Ange Postecoglu à Tottenham. Même s’il lui reste encore à canaliser son jeu, puisque le milieu a déjà reçu 2 cartons rouges en 15 matches de Premier League cette saison. Bissouma va disputer sa troisième Coupe d’Afrique des Nations, après celles de 2017 et 2021. Celle de cette année sera particulière à plus d’un titre. En premier lieu parce qu’Yves Bissouma est né et a grandi en Côte d’Ivoire, avant de venir faire ses classes en football au Mali. Le milieu de terrain, passé par Lille et Brighton, a aussi inscrit son premier but sous les couleurs maliennes face aux Éléphants, lors d’une rencontre du Championnat d’Afrique des Nations, le 4 février 2016. Enfin, Bissouma, qui a plusieurs années boudé la sélection sous Mohamed Magassouba, fait aujourd’hui partie des tauliers de l’équipe, avec un rang à défendre. Dans une récente interview, le joueur, qui compte une vingtaine de sélections, a assuré vouloir « faire respecter » le Mali dans le monde, rien que ça. Pression ? Plutôt un objectif affiché, selon certains observateurs, qui estiment qu’un Yves Bissouma au jeu épuré pourrait incarner l’allant offensif et créatif d’une sélection dont l’attaque interroge. Exclu le 15 décembre dernier lors de la victoire de son équipe 2-0 face à Nottingham Forest, Bissouma n’a pas participé au marathon des fêtes en Angleterre et sera donc à la CAN assez frais. Il manquera à son club, lui qui, depuis le début de la saison, enchaine les performances de haute volée. Parmi les plus marquantes, on note une brillante victoire contre Newcastle à domicile (4-1) le 10 décembre, où il a obtenu une note de 8,20 sur 10.
Éric Sékou Chelle : à l’épreuve d’un premier grand tournoi
Nommé sélectionneur des Aigles en mai 2022, en remplacement de Mohamed Magassouba, Éric Sékou Chelle est très attendu pour la Coupe d’Afrique des Nations 2023, son premier grand tournoi à la tête du Mali.
Avec un bilan plutôt satisfaisant depuis qu’il a pris les rênes de l’équipe (14 matchs, 10 victoires, 3 nuls, 1 défaite, 31 buts marqués, 8 encaissés), l’ancien international malien a conscience des espoirs placés en lui pour le tournoi continental en Côte d’Ivoire. Pour ce faire, Éric Sékou Chelle va devoir d’abord trouver la formule pour extirper le Mali d’un groupe E assez homogène.
« C’est un groupe à notre portée, mais il n’y aura pas de place pour un relâchement. Il va falloir être efficace dans tous les sens du terme, à la fois en dehors et sur le terrain. Le premier objectif, c’est de sortir de cette poule. Ensuite, on pourra se fixer d’autres objectifs », confiait le technicien franco-malien lors d’un entretien accordé au quotidien national l’Essor en octobre dernier.
« Ma recette, c’est faire preuve d’humilité, travailler et être ambitieux à la fois dans le jeu et dans les objectifs. Bien sûr, j’essaie toujours d’apporter la vision que j’ai du football. Je ne dis pas que je détiens la science infuse, mais j’ai ma vision du jeu que j’essaie d’inculquer à mon équipe. Pour le moment, ça marche et j’en suis heureux. J’espère que ça va continuer à marcher et surtout lors de la CAN », avait-il poursuivi.
Pour plusieurs analystes sportifs, Éric Sékou Chelle devra au moins mieux faire que son prédécesseur lors des deux dernières éditions de la CAN, où le Mali avait été à chaque fois éliminé en huitièmes de finale. Le technicien le sait, cela commence par une entrée en lice réussie le 16 janvier prochain face à l’Afrique du Sud.
Campagne agricole 2023 – 2024 : des prévisions en hausse
Au début de la campagne agricole 2023 – 2024, 10,9 millions de tonnes de céréales étaient attendus au Mali. Une production en hausse de 6,4% par rapport à la campagne précédente.
Le maïs reste la principale spéculation avec 4,1 millions de tonnes, suivi du riz, 3 millions de tonnes, du sorgho, 1,7 million et du mil, 1,9 million de tonnes. Le pays exporte entre 10 et 15% de sa récolte et consomme environ 5,4 millions de tonnes. Il est le deuxième producteur de graminées en Afrique de l’Ouest derrière le Nigeria.
La production de coton devrait être d’environ 780 000 tonnes, le prix au producteur de 295 francs CFA le kg et le prix subventionné de l’engrais 15 000 francs CFA le sac de 50 kg.
Les prévisions de production révisées de céréales de septembre 2023 sont en légère hausse, de 3,3%, par rapport à celles de l’année dernière et de 5% par rapport à la moyenne quinquennale, selon le rapport de la Cellule de Planification et des Statistiques / Service du Développement rural (CPS/SDR, Septembre 2023)
Selon les perspectives sur la sécurité alimentaire de Famine early warning systems Network (FEWS Net), ces prévisions de la CPS/SDR devraient être « probablement inférieures à la moyenne quinquennale ». En raison notamment de précipitations mal réparties ayant retardé les semis, des faibles précipitations de septembre et de l’insécurité, qui a limité les surfaces cultivées dans le centre et le nord du pays, ainsi que du coût élevé des intrants.
2024 : une transition à durée indéfinie
Déjà reportée à deux reprises, l’élection présidentielle qui marquera le retour à l’ordre constitutionnel au Mali devrait se tenir en 2024. Initialement prévue pour février, en accord avec la CEDEAO, elle a été repoussée sine die en septembre dernier, sans l’approbation de l’institution sous-régionale. Même si cette dernière semble dans une nouvelle posture conciliante, ses relations avec le Mali pourraient à nouveau se tendre dans les mois à venir. Les partis politiques, dans l’incertitude, doivent se préparer pour une élection dont les dates ne sont pas encore connues.
« Les dates de l’élection présidentielle initialement prévues pour le dimanche 4 février 2024 (premier tour) et le dimanche 18 février 2024 (second tour) éventuellement, connaîtront un léger report, pour des raisons techniques (…) Le Gouvernement de la Transition précise que les nouvelles dates de l’élection présidentielle feront l’objet de communiqué ultérieurement, après échange avec l’Autorité indépendante de Gestion des Élections (AIGE) », annonçait le 25 septembre 2023 le ministre d’État de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Porte-parole du gouvernement, Colonel Abdoulaye Maiga. Trois mois après, les autorités de la Transition n’ont toujours pas communiqué de nouvelles dates pour cette élection très attendue.
S’accorder avec la Cedeao
Alors qu’elle était attendue lors du sommet du 10 décembre dernier pour se prononcer enfin sur le report de la présidentielle au Mali, la Cedeao s’est contentée d’une réaction a minima, déplorant les « décisions prises unilatéralement en ce qui concerne la mise en œuvre du programme de transition qui avait été convenu avec la Cedeao ». L’organisation sous-régionale, après avoir levé l’interdiction de voyage qui pesait sur certaines hautes autorités maliennes, a aussi décidé d’engager une Troïka présidentielle, composée des Présidents du Nigéria, du Bénin et de la Guinée Bissau, à entreprendre d’urgence des visites au Burkina Faso, en Guinée et au Mali, en vue de renouer le dialogue avec ces trois pays pour la mise en œuvre inclusive du programme de transition.
« Cette réaction de la Cedeao signifie qu’elle a pris acte du report de la présidentielle au Mali et qu’elle va s’employer à trouver avec les autorités maliennes de nouvelles dates, qui tiennent dans un délai raisonnable », estime un analyste. « Je pense que le fait de lever l’interdiction de voyage, de décider de renouer le dialogue avec les autorités de la Transition et aussi que le Représentant permanent et Ambassadeur du Mali auprès de la Cedeao ait été reçu dans la foulée par le Président de la Commission de l’institution sont autant de signes annonciateurs d’une certaine décrispation à venir dans les relations », poursuit-il.
Pour un expert politique qui a requis l’anonymat, le seul point d’achoppement entre les deux parties pourrait être la durée d’une nouvelle prolongation de la transition. « Les autorités maliennes ont annoncé un léger report. Mais, si au cours des échanges avec la Cedeao elles proposent de nouvelles dates au-delà de 2024, par exemple, évidemment que la Cedeao ne l’acceptera pas. Elle pourrait alors brandir de nouvelles sanctions contre le Mali ». Selon certains observateurs, il n’est pas exclu que le léger report de la présidentielle soit au delà de 2024. « Les autorités pensent aujourd’hui être dans une position de force vis-à-vis de la Cedeao et de la classe politique ».
Les partis politiques dans l’expectative
Si des signes avant-coureurs sont là, des partis politiques se projettent déjà vers la présidentielle. À l’annonce du report, en septembre dernier, plusieurs formations se sont opposées et exigé la tenue de la présidentielle aux dates initiales den février 2024. Mais, à défaut de pouvoir faire revenir les autorités de Transition sur leur décision, elles se préparent pour une échéance éventuelle avant la fin de l’année 2024.
À en croire Sékou Niamé Bathily, Secrétaire à l’Information et Porte-parole du RPM tendance Bocary Treta, la préparation de la prochaine élection présidentielle a débuté dans l’ancien parti présidentiel depuis la tenue du Congrès extraordinaire, en août dernier, en démarchant dans un premier temps certaines formations de la classe politique et de la société civile. « Nous avons ensuite mis en place des commissions de travail et créé des structures pour une meilleure participation à ces élections, à commencer par une commission qui a travaillé sur la carte politique, que nous avons adaptée à l’organisation interne du parti. Nous avons créé de nouvelles sections et fédérations régionales, conformément au nouveau découpage territorial à base duquel devraient se tenir les prochaines élections dans notre pays ».
Comme le RPM, l’Adema est aussi déjà tournée vers la préparation de la présidentielle à venir. Selon Yaya Sangaré, Secrétaire général du parti, il essaye d’avoir une force politique nouvelle, de tirer les enseignements de tout ce qui a été fait ces dernières années et, en raison du contexte nouveau, d’analyser la situation pour proposer une nouvelle offre aux Maliens.
« Des actions sont déjà engagées. Nous sommes en train de renouveler nos structures à la base. Nous sommes aussi engagés depuis quelques mois à mettre en place une force politique électorale avec d’autres formations, mouvements et associations politiques », confie-t-il, assurant que l’Adema aura son propre candidat, comme recommandé lors du dernier Congrès, et que le parti travaillera à ce que ce candidat bénéficie de l’accompagnement des autres partis qui vont se retrouver dans son projet de société.
Au RPDM de Cheick Modibo Diarra, on se dit également « prêt à aller à la conquête du pouvoir à tout moment », tout comme au parti Yelema, qui va d’ores et déjà désigner son candidat au prochain scrutin présidentiel à l’issue de son 4ème Congrès ordinaire, le 23 décembre 2023.
Préparation impactée ?
Si les partis politiques sont tournés vers la préparation du prochain scrutin présidentiel, cette préparation reste particulière, étant donné que les nouvelles dates de l’élection ne sont pas encore connues. « La préparation est un peu impactée parce que nous ne connaissons pas les dates de l’élection. Dans un premier temps, notre programme de société, nous l’avons calé sur une période donnée, en nous basant sur les engagements des autorités de la Transition. Maintenant que ce délai a été repoussé, bien sûr que cela nous perturbe un peu », avoue Sékou Niamé Bathily, même si, pour lui, cette situation ne constitue pas un handicap. « Cela ne met pas un frein à ce que nous sommes en train de faire. Nous continuons à nous préparer pour être prêts lorsque le collège électoral sera convoqué », assure-t-il.
« C’est à la fois un handicap et une opportunité. Mais nous pensons qu’il est bon qu’on indique une date pour que nous puissions bien nous préparer, parce qu’une élection demande beaucoup de ressources. On ne peut pas se lancer dans une campagne indéfinie », estime pour sa part Yaya Sangaré.
Tenir l’échéance 2024
Même si la classe politique a invité le gouvernement de transition à ouvrir le dialogue en vue de trouver de nouvelles dates consensuelles pour la tenue de la prochaine élection présidentielle, elle n’a jusqu’à là pas encore été sollicitée par les autorités dans ce sens. Mais, pour la plupart des partis politiques, la tenue de l’élection ne devrait pas aller au-delà de l’année 2024.
« Nous devons tout faire pour que les élections puissent se tenir avant la fin de l’année 2024. Un léger report ne devrait pas dépasser 3 à 6 mois. Les autorités doivent mobiliser toutes les ressources, créer un cadre favorable de dialogue et régler tous les problèmes techniques pour que nous allions à cette élection pour mettre fin à la Transition », préconise le Secrétaire général de l’Adema.
C’est ce qu’estime également le RPM, pour lequel le léger report ne devrait pas dépasser 6 mois au plus. « Pour nous, cette élection peut et doit se tenir en 2024. Nous croyons en la bonne foi des autorités pour aller vers une sortie de transition honorable pour tous », appuie pour sa part Sékou Niamé Bathily. Aujourd’hui, l’interrogation porte sur les actions politiques qui seront menées si la Transition se prolonge pour une durée indéfinie. Mais nul doute que la pression pourrait être forte sur les autorités, aussi bien de la part de la Cedeao, des PTF, de la classe politique et des acteurs de la société civile.
SADI : vers la dissolution du parti d’Oumar Mariko
Le parti SADI a reçu hier jeudi une assignation en justice aux fins de sa dissolution. L’audience est fixée au 8 janvier 2024. Cette décision fait suite à la requête du contentieux général de l’Etat mettant en cause les récentes déclarations du président du parti Dr Oumar Mariko notamment sur Kidal. Après l’entrée de l’armée dans la ville le 14 novembre dernier, Oumar Mariko en exil depuis avril 2022, a assuré que la situation à Kidal ne mérite ni réjouissance ni fierté. Sur son compte X, il ajoute, « le carnage à Kidal nous éloigne de l’unité et de la stabilité ». Dans un récent communiqué, il a évoqué les insurrections passées comme des réactions légitimes contre un système politique corrompu. Bien avant la prise de Kidal, Oumar Mariko a multiplié les sorties dénonçant l’offensive des FAMa. Il a même adressé des lettres au président Russe Vladimir Poutine et à celui de la Turquie, Recep Tayip Erdogan pour leur demander de cesser tout soutien aux autorités maliennes, pour la Turquie notamment, il a évoqué la vente des drones.
Oumar Mariko, interpellé en décembre 2021 a été emprisonné pour injure publique contre le Premier ministre, Choguel Maïga. Cette figure de l’opposition fait l’objet d’une nouvelle procédure depuis avril 2022, après avoir accusé l’armée d’exactions à Moura. Une affaire qui a poussé Oumar Mariko à disparaître. Aujourd’hui, son avenir politique semble très assombri et son retour au pays encore plus. La très probable dissolution du SADI intervient après celle du parti PSDA en juin dernier, pour les prises de position très hostile de son président Ismaël Sacko, également en exil. Le gouvernement a déjà annoncé ce mois-ci la dissolution de l’observatoire pour les Elections et la Bonne Gouvernance au Mali du Dr Ibrahim Sangho.
Football : TM1 et la FEMAFOOT signent un partenariat pour la diffusion des compétitions nationales
Pour le développement du football malien et la visibilité de ses actions, la Fédération malienne de football (FEMAFOOT) a décidé de faire recours aux services et au professionnalisme de la Télévision TM1 afin de diffuser les matchs du Championnat national ligue 1 Orange, de la Coupe et de la Supercoupe du Mali. La cérémonie de signature de cette convention a eu lieu ce mercredi 27 décembre 2023 au siège de la fédération.
C’est suite à un appel d’offres remporté par TM1 qu’a été posé les bases de ce partenariat sur quatre ans. TM1 diffusera les quatre plus belles affiches de chaque journée. « Le football est une entreprise et nous avons besoin des meilleures compétences pour la développer, c’est pourquoi nous avons choisi de faire confiance à TM1 ».
Ce partenariat est une chance pour TM1 ainsi que les téléspectateurs nationaux et internationaux, selon le directeur général Mahamadou Camara qui estime que la chaîne est mise au défi et fera le nécessaire pour être à la hauteur. « Nous voulons à travers ce partenariat donner beaucoup de passion chaque semaine. Grâce à la télé, nous voulons contribuer à développer le championnat malien en lui donnant une visibilité d’abord nationale, à Bamako et dans les régions, et aussi à l’international, puisque notre chaîne est reçue en Afrique et dans le monde. Cela va permettre aux personnes qui sont ailleurs de détecter des talents maliens et aux clubs de nouer des partenariats. C’est un tout projet global qui est mis en œuvre à travers la diffusion des compétitions nationales avec pour objectif de faire grandir le football malien » affirme Mahamadou Camara.
La diffusion commence dès ce samedi 30 décembre 2023 par le classico qui opposera Djoliba AC au Stade malien à partir de 16h au stade du 26 mars.
BOA – Mali : la banque fête ses 40 ans
19 décembre 1983- 19 décembre 2023, la Bank of Africa Mali a célébré son quarantième anniversaire. Un jour particulier pour les agents ainsi que les clients de la Bank Of Africa-Mali. Ces derniers, présents au siège de la banque aux horaires d’ouverture habituels, ont été un peu surpris. Tous les agents habillés aux couleurs du quarantième anniversaire de la naissance de cette banque, la première à capitaux maliens devenue depuis un groupe bancaire majeur sur le continent. L’histoire de la BOA débute au Mali en 1982. Mohamed Tiécoura Diawara, et Bouraïma Sylla, des opérateurs économiques s’allient au Français Paul Derreumaux pour lancer la banque. Comme l’expliquait Derreumaux dans un livre paru en 2023 « La saga Bank of Africa », lancer la banque au Mali s’impose pour trois raisons. La première, la connaissance du terrain et du sérail économique et politique des deux opérateurs économiques. La seconde, le secteur bancaire malien était à un stade embryonnaire, offrant donc une grande opportunité pour une nouvelle banque, et enfin le Mali offrait l’avantage d’être hors de la zone franc. 40 ans plus tard, le groupe Bank of Africa qui est détenu majoritairement depuis 2010 par la banque marocaine du commerce extérieure (BMCE Bank) est aujourd’hui présent dans 18 pays d’Afrique et en France et compte plus de 6000 collaborateurs hors Maroc. Signe de l’évolution de la banque, comme l’atteste le témoignage d’une ancienne collaboratrice qui était présente à l’ouverture des locaux le 19 décembre 1983. Elle confiera que le personnel était alors composé d’une trentaine de personnes. Elle a invité la jeune à tenir et porter haut le flambeau des devanciers. Une invite que partage Georges Nabi, le directeur général de la BOA-Mali. « Nous avons de la chance parce que nous héritons, mais nous avons aussi le devoir de faire en sorte que ceux qui viendront après nous héritent d’une banque solide ». Pour cela, il a dévoilé une partie de la stratégie orientée client. « Nous avons le devoir de mettre le client au centre de tout, mettre l’accent sur la qualité du service. Faciliter la tâche aux clients en dématérialisant les opérations avec plus de digital ». La cérémonie a pris fin par la coupure d’un gâteau aux couleurs vertes de la BOA.
Nécrologie : Décès de la célèbre animatrice-comédienne Oumou Diarra dite Dièman
Les mots étaient souvent crus, mais nécessaires pour conseiller les nombreux hommes et femmes qui la sollicitent sur leurs problèmes de couple. Oumou Diarra plus connue comme étant Diéma était devenue la mère conseillère. Animatrice et comédienne, rien ne la prédestinait pourtant à faire carrière dans ses deux mondes, si ce n’est sa voix. Une voix naturelle, grave et imposante, qui a séduit Oumar Mariko, le promoteur de la Radio Kayira. C’est avec ce média que commence son histoire radiophonique, « par un pur hasard » vers 1993 grâce au soutien de Michel Sangaré, qui l’a appelée un jour pour qu’elle vienne chercher l’un de ses parents qu’elle devait raccompagner à la maison. Arrivée sur place, raconte-t-elle, celui-ci l’a faite asseoir devant un micro et l’a testée. Puis il lui a proposé d’exercer le métier d’animatrice, en attendant le concours des Douanes . Avec son mentor, elle animera au début une émission noctambule, Guinguin Grin, qui commençait à minuit. Depuis près de 30 ans, elle conseille, éduque et sensibilise des milliers d’auditeurs à la Radio Kayira, puis à Tabalé et enfin à la Chaine 2 où elle commence à étrenner sa voix au début des années 2000. Sa célébrité s’accroît avec Guakounda, un théâtre radiophonique où elle parle de la famille communément avec son acolyte Lala Drado dite Fiman. La complicité est telle entre les deux que l’émission est connue sous le nom Fima et Dièma. Elle aussi très connue et sollicitée pour son émission 20/20. Une émission très appréciée dans laquelle elle conseille les couples. Son décès survenu dans la matinée de ce mardi 26 décembre 2023 laisse ses fidèles auditeurs inconsolables. Native de Ségou, Oumou Diarra Diéman qui avait 58 ans sera conduite à sa dernière demeure demain mercredi, après avoir presque toute sa vie durant prôné la paix et l’entente des Maliens. Ses conseils ont permis de maintenir plusieurs couples à flot. Comme elle le confiait en 2020 au cours d’une interview, certains lui ont bien rendu, elle revendiquait 25 homonymes, sans compter celles de sa propre famille.
Mahmoud Dicko : après son voyage jugé polémique en Algérie, l’imam s’explique
Dans une vidéo d’une quinzaine de minutes enregistrée le 25 décembre depuis un hôpital à Alger, l’imam Mahmoud Dicko a tenu à se justifier sur son déplacement en Algérie. Le timing du voyage de l’imam Dicko a donné lieu à de nombreuses polémiques et interprétations. Au même moment que lui, se trouvaient aussi en Algérie, les représentants des groupes signataires de l’Accord pour la Paix, qui sont dans une opposition armée avec l’Etat. L’accueil des groupes signataires n’a pas été du goût de Bamako, qui a convoqué l’ambassadeur algérien en poste au Mali pour protester contre des actes inamicaux. Même si la rencontre entre l’imam Mahmoud Dicko et le président algérien le 20 décembre n’a pas été mentionnée dans le communiqué, plusieurs observateurs estiment qu’elle a été une goutte de trop pour les autorités maliennes dont les relations avec M.Dicko sont tendues. Dans sa vidéo, l’imam Dicko assure avoir décliné à deux reprises une invitation du chef de l’Etat algérien à se rendre en Algérie. Finalement, il affirme que la troisième fois, il a accepté. Faisant le récit de son entretien avec le président algérien, il révèle que ce dernier lui a parlé de la construction de la plus grande mosquée d’Afrique dans son pays, qui en plus d’être un lieu de prière servira aussi de cadre d’échanges aux savants musulmans. « Tu as ta place » lui aurait-il dit. Le deuxième point de leur rencontre portait sur Kidal. Après la prise par l’armée malienne, le président Abdelmadjid Tebboune a souhaité que les différentes parties reviennent à la table des négociations pour mettre fin aux combats. Cette rencontre selon lui a fortement déplu aux autorités maliennes. « Cela a fait mal à certaines personnes qui en guise de représailles ont convoqué l’ambassadeur algérien pour lui demander des explications sur le fait que le président algérien a reçu un homme hostile à la transition ». Il ajoute « Heureusement qu’il a parlé du bon français car hostile à la transition ne veut pas dire hostile aux autorités de la transition. Je pose la question de savoir : allons-nous rester dans une transition qui ne finira jamais ? ». L’ancien président du haut conseil islamique assure également que depuis la prise de pouvoir officielle des colonels, il n’en a pas rencontré un seul. « Qu’est-ce qui pourrait être à l’origine de leur hostilité à mon égard » se questionne t-il. « Jamais, je ne serai l’homme qui va trahir le Mali. Si je trahis mon pays, que gagnerais-je en retour ? Où irai-je ? Tout ce que Dieu m’a donné aujourd’hui, c’est grâce au Mali ». Dicko en a aussi profité pour lancer une pique aux Politiques. « Les personnes qui m’ont utilisé pour faire chuter IBK, ont voulu m’utiliser pour s’installer à sa place. Mais je ne l’ai pas accepté. Cela a créé des tensions entre nous ».
Diplomatie : Alger rappelle son ambassadeur du Mali, Bamako applique la réciprocité
La brouille diplomatique entre Bamako et Alger est désormais officielle. Les deux pays ont décidé ce vendredi de rappeler leur ambassadeur respectif en poste pour consultation. C’est l’Algérie qui a la première a rappelé son ambassadeur, le Mali a appliqué la réciprocité quelques heures plus tard. Les relations sont tendues entre les deux voisins depuis quelques jours. L’Algérie a invité des représentants des groupes armés à des discussions sur le processus de paix. Au même moment, l’Imam Mahmoud Dicko, qui entretient des relations difficiles avec les autorités de la transition a été reçu par le président algérien. Le 20 décembre, le chef de la diplomatie malienne a donc convoqué l’ambassadeur d’Algérie au Mali pour protester contre des « actes inamicaux ». Dans la foulée, l’Algérie a aussi appliqué la réciprocité en convoquant l’ambassadeur du Mali, mais les termes employés à l’issue de cette rencontre étaient moins véhéments. L’Algérie est garante de l’Accord pour la Paix, mais est restée silencieuse lors de la reprise des hostilités entre l’armée et la CMA. Elle s’active depuis quelques jours pour tenter de relancer le processus. Cette brouille diplomatique inédite entre les deux pays intervient à un moment où l’armée malienne a procédé à des frappes de drones à Tinzawaten, à la frontière algérienne, neutralisant Hassan Ag Fagaga, une figure de la rébellion touarègue, déserteur de l’armée malienne. Le Mali est aussi invité à prendre part sur invitation du Maroc à une réunion ministérielle de concertation visant à favoriser l’accès des Etats du Sahel à l’Océan Atlantique. Le Maroc et l’Algérie sont depuis plusieurs années des « ennemis ».
Justice : Chouala Bayaya Haidara placé sous mandat de dépôt sera jugé le 12 mars 2024
Le leader religieux Chouala Bayaya Haidara a été finalement placé sous mandat de dépôt et transféré à la Maison centrale d’arrêt de Bamako ce 20 décembre 2023, après avoir été présenté mardi au procureur Adama Coulibaly du pôle spécialisé de lutte contre la cybercriminalité du tribunal de la commune VI. Alors que ses fidèles étaient nombreux devant la Brigade d’investigation judiciaire (BIJ), il a été conduit discrètement à la MCA ce matin aux environs de 11heures 30 minutes. Il est accusé d’atteinte au crédit de l’Etat, et de la diffusion de propos mensongers, de nature à troubler l’ordre public. Alors que son jugement est fixé au 12 mars 2024, l’appel du 20 février a appelé à sa libération immédiate. La CMAS de l’imam Mahmoud Dicko lui a également apporté son soutien. Le haut conseil islamique dont il est membre a convoqué une réunion extraordinaire mercredi dont les conclusions ne sont pas encore connues. Dans une récente vidéo, il a dénonce ce qu’il qualifie de détention arbitraire notamment concernant Ras Bath, Rose Doumbia dit « Vie chère » mais également Madame Bouare Fily Sissoko.
SOMAGEP-SA : facturation en cause
Si la Société malienne de gestion de l’eau potable (SOMAGEP-SA) continue de garantir un accès régulier à l’eau potable à ses clients, l’incompréhension de sa facturation menace ses relations avec les consommateurs. En effet, les cas de factures anormalement élevées se multiplient et suscitent l’inquiétude.
La SOMAGEP est chargée de la mission cruciale d’assurer l’exploitation de l’eau potable au Mali, du captage à la distribution, en incluant le contrôle qualité et la maintenance des installations, depuis la réforme des secteurs de l’eau potable et de l’électricité, en août 2010. Une mission délicate et sensible dont l’accomplissement se heurte à quelques problèmes.
Parmi eux figure la hausse significative des montants des factures d’eau. Signalées par plusieurs réclamations, ces factures sont souvent multipliées par 10 pour certains. Ainsi, certains Maliens moyens s’acquittant habituellement de factures entre 1 000 et 2 500 francs CFA voient subitement ces montants grimper à 10 000 francs, voire plus.
« Alors que je n’ai payé que 726 francs CFA pour les mois d’août, de septembre et d’octobre 2023, ma facture du mois de novembre est montée à plus de 10 000 francs », témoigne un consommateur.
Mauvaises pratiques
« Ce montant de 726 francs correspond à l’entretien de l’installation. C’est comme si vous n’aviez rien consommé durant tout le mois », explique un agent de la société. Ces cas de factures « faussement » élevées peuvent s’expliquer par 2 raisons, poursuit-il. D’une part, il peut s’agir de fuites d’eau et de la non-fermeture des robinets, contribuant ainsi à une augmentation. D’autre part, une pratique interne malheureusement répandue peut aussi contribuer à la hausse des factures.
En effet, certains agents chargés de cette tâche se contentent souvent de porter une consommation estimée, sans se déplacer. Et après une période de 2 ou 3 mois, lorsqu’ils effectuent le déplacement, ils relèvent les références du compteur qui affichent alors les consommations réelles, y compris celles précédemment non relevées. Ainsi, le consommateur se retrouve avec une facture mensuelle traduisant en réalité 3 mois de consommation.
Le Vice-Président de l’Association des consommateurs du Mali (ASCOMA) Abdoul Wahab Diakité, confirme la sensibilité du sujet. Il souligne que, dans de nombreux différends, c’est la SOMAGEP qui a souvent raison. Car les fuites d’eau et le manque de contrôles de la fermeture des robinets sont des réalités.
Pour tout recours, le consommateur doit d’abord s’acquitter de la facture émise avant de poursuivre sa réclamation. Une situation qui exige une très grande transparence dans le processus de facturation et une vigilance accrue des utilisateurs
Bandiagara : insécurité accrue
Après une relative accalmie ces derniers mois, la région de Bandiagara, au centre du pays, fait face à une nouvelle montée de l’insécurité depuis quelques semaines. Elle se caractérise par des enlèvements ciblés de bus et des prises d’otages sur l’axe Bandiagara – Bankass.
Selon des sources locales, depuis le début du mois de novembre, au moins 7 véhicules ont été enlevés sur l’axe Bandiagara – Bankass. En plus de ces enlèvements, des villages de la région sont également pris pour cibles. Le 11 décembre 2023, le village de Barassoro, dans le cercle de Bankass, a été attaqué. Bilan : 3 morts et des dégâts matériels importants. Moins d’un mois plus tôt, le 25 novembre, 6 personnes ont été tuées, des biens emportés, des boutiques incendiées et des motos brûlées lors d’une attaque perpétrée contre le village d’Allaye Kokola, dans le cercle de Bandiagara.
« On peut dire que du mois de juin à maintenant il y a eu plus de 17 villages attaqués, pas moins de 50 morts et une cinquantaine de personnes enlevées », affirme Adama Diongo, Porte-parole du Collectif des associations de jeunes du pays dogon.
« Depuis un moment, la région de Bandiagara est secouée », a reconnu à la télévision nationale le 5 décembre dernier Sidi Mohamed El Béchir, Gouverneur de la région, lors de la visite de terrain dans la localité du Commandant de la Zone de défense N°6. Le même jour, un minibus avait sauté sur une mine dans le cercle de Bankass, entre Garou et Doundé, faisant 2 blessés.
Quête de financements
Les enlèvements répétés de bus et les prises d’otages sur l’axe Bandiagara – Bankass suscitent des interrogations sur une éventuelle nouvelle stratégie adoptée par les groupes armés terroristes dans la zone. Selon Adama Diongo, c’est clairement une « nouvelle stratégie pour se faire financer ». « D’après nos informations, depuis plus d’une année, les financements extérieurs ne viennent plus. Le fait aussi d’enlever le bétail et de le vendre ne donne plus satisfaction comme avant. Pour ces groupes armés terroristes, une autre façon de se financer est d’enlever des personnes et de demander aux parents de payer pour renflouer leurs caisses », explique-t-il. « Les enlèvements se font de façon ciblée. Ils ont des informations sur le visage de certaines personnes, soit des personnes importantes dans leurs communautés, soit des jeunes influents, soit des grands commerçants, entre autres. Derrière, ils demandent des rançons », poursuit-il.
Une population excédée
Face à la résurgence de l’insécurité dans la région, une marche des femmes et des enfants a eu lieu le 5 décembre 2023 dans la commune de Dimball, dans le cercle de Bankass, aboutissant à un blocus de la RN15 dans les deux sens, Bandiagara – Bankass et Koro – Bankass.
Dans un mémorandum adressé au ministre de la Sécurité et de la protection civile, les responsables de la société civile ont demandé la libération des otages, l’arrestation des hostilités et l’installation « dans un bref délai » d’un poste de sécurité permanant entre Songobia et Parou pour protéger les personnes et leurs biens. Le blocus a été suspendu 2 jours après suite à des négociations entamées par les autorités locales.
Pont dynamité
Le 11 décembre, le Gouverneur de la région a été reçu par le ministre de la Défense et des Anciens Combattants, pour discuter des mesures « rapides et efficaces » à prendre pour restaurer la sécurité et amener la reprise normale des activités dans la région. La veille, dans la nuit du 9 au 10 décembre, le pont de Parou, qui se trouve sur l’axe Bandiagara – Bankass, ciblé à plusieurs reprises par les groupes armés terroriste depuis le début de la crise au Centre, avait été de nouveau dynamité, coupant les localités de Koro, Bankass et Bandiagara du reste du pays.
« Nous avons pris des dispositions et nous sommes en train de tout faire pour que les gens puissent circuler. Pour le moment, beaucoup empruntent la route des falaises. Pour le reste, nous sommes en train de voir avec les plus hautes autorités comment trouver les solutions adéquates pour que la population soit soulagée », assure le Colonel Aly Sidibé, Préfet du cercle de Bankass.
El Ghassim Wane : « L’opération de retrait de la MINUSMA a été complexe et difficile »
Entamé le 1er juillet dernier, le processus de retrait de la MINUSMA est presque bouclé. Après 10 ans de présence, la mission onusienne quitte le Mali, où elle a longtemps été décriée par une grande partie de la population, qui regrettait son inefficacité et son inadaptation face à la complexe crise malienne. Le Mauritanien El Ghassim Wane, nommé le 15 mars 2021 et arrivé au Mali en mai de la même année, aura passé un peu plus deux ans comme chef de la mission. Dans cette longue interview exclusive, il revient sur la rétrocession des bases, les polémiques dans la région de Kidal, l’après 31 décembre 2023, le rapport sur Moura, l’avenir de l’Accord pour la paix et fait un bilan des 10 années de la MINUSMA.
La MINUSMA a organisé une cérémonie de clôture à son quartier général le 11 décembre pour marquer le départ de la mission. Quelle appréciation faites-vous du processus de retrait ?
La cérémonie qui a eu lieu le 11 décembre était destinée à marquer symboliquement le départ de la mission du Mali, à la suite de la demande faite à cet effet par les autorités de la Transition et de l’adoption subséquente par le Conseil de sécurité de la Résolution 2690. Dans les faits, nous avons déjà fermé les dix bases qui devaient l’être d’ici au 31 décembre 2023. Les trois restantes (Bamako, Gao et Tombouctou) seront converties en sites de liquidation à partir du 1er janvier 2024. Mais, même s’agissant de ces dernières emprises, nous avons déjà procédé à une rétrocession partielle aux autorités maliennes de la base de Gao et nous transfèrerons celle de Sénou, à Bamako, d’ici la fin du mois. Pour Tombouctou, tout est fait pour accélérer la cadence et assurer la remise de l’emprise au plus tard en février de l’année prochaine. Plus des deux tiers de nos personnels civils et en uniforme ont déjà quitté le Mali. Tous les personnels restants, à l’exception de ceux qui seront impliqués dans la liquidation de la mission, auront quitté le Mali d’ici la fin de l’année. Nous sommes évidemment satisfaits des résultats obtenus. Réussir le pari d’un retrait dans les délais fixés était loin d’être acquis, compte tenu de l’environnement sécuritaire, de l’envergure de la mission, de l’immensité de notre théâtre d’opération et d’autres contraintes, y compris logistiques.
Les Nations unies craignaient que le délai prévu pour le retrait ne soit trop court. Finalement, le défi a été relevé ?
Il est évident que le délai prescrit pour le retrait est exceptionnellement court. C’est une réalité ! Dans une situation normale, une opération de retrait de cette envergure prend beaucoup plus de temps. La question n’est pas que logistique et sécuritaire, il s’agit aussi d’assurer un transfert adéquat des tâches entre la mission qui part et les autorités du pays hôte et, le cas échéant, avec l’équipe-pays des Nations unies, qui regroupe les Agences, Fonds et Programmes de l’organisation, et d’autres acteurs, de manière à ce qu’il y ait une certaine continuité dans l’effort. Il faut, dans toute la mesure du possible, éviter des vides qui seraient préjudiciables à la stabilité du pays. Une fois que le délai fut déterminé, notre responsabilité était d’œuvrer à la réalisation de l’objectif fixé en préservant par dessus tout la sécurité de nos personnels. C’est ce qui a été fait, grâce au dévouement et au professionnalisme des personnels nationaux et internationaux de la MINUSMA, qui ont travaillé d’arrache-pied et fait montre d’une résilience et d’une créativité remarquables pour surmonter les difficultés rencontrées. Il a fallu aussi une bonne coordination avec notre siège à New York, qui nous a apporté tout le soutien nécessaire, ainsi qu’avec les pays contributeurs de troupes et de personnels de police. Il est crucial de relever que, dès le départ, des mécanismes de coordination ont été mis en place avec les autorités maliennes, tant au niveau national que local, avec pour objectif de faciliter un retrait ordonné et en toute sécurité. Il y a eu indéniablement des difficultés, mais je me réjouis de ce que l’objectif commun d’un retrait d’ici à la fin de l’année soit maintenant sur le point d’être réalisé.
La mission a dénoncé des contraintes dans son processus de retrait, notamment des autorisations de vols non accordées. Cela vous a-t-il obligé à vous adapter ?
On ne le dira jamais assez : le retrait de la MINUSMA est une opération d’une très grande complexité et les délais prescrits sont sans précédent pour une mission de cette envergure. Il a donc fallu s’adapter continuellement, en gardant à l’esprit l’impératif du respect du délai convenu, que nos partenaires maliens, et c’est parfaitement légitime, ont régulièrement rappelé, et celui de la sécurité de nos Casques bleus, qui revêt une importance d’autant plus grande que nous sommes la mission la plus dangereuse jamais déployée par les Nations unies. Oui, il y a eu des difficultés et nous nous en sommes ouverts à nos interlocuteurs maliens, dans le cadre des mécanismes de coordination mis en place pour faciliter le retrait, en plus des discussions que notre siège à New York a régulièrement eues avec la Mission permanente de la République du Mali auprès des Nations unies. En tant que partenaires devant œuvrer ensemble et en bonne intelligence à l’exécution de la Résolution 2690, il était important que nous puissions échanger en toute franchise sur le processus, sur nos préoccupations respectives et sur les difficultés rencontrées pour essayer de trouver les solutions les plus idoines.
Certains Maliens ont dénoncé une trahison de la part de la mission. Les autorités ont évoqué un non-respect de la résolution des Nations unies, notamment pour la rétrocession des bases de la région de Kidal. Pourquoi avoir fait le choix de partir sans cérémonie de rétrocession ?
Je voudrais tout d’abord souligner que dans la très grande majorité des cas (Ogossagou, Douentza, Goundam, Ménaka, Mopti, Ansongo, entre autres), la fermeture de nos emprises et leur rétrocession se sont très bien passées, à la satisfaction et du gouvernement malien et de la MINUSMA. Cela dénote d’un degré élevé de coordination et de collaboration. Pour revenir plus directement à votre question, il importe d’abord de rappeler qu’avant le début du processus de retrait nous avons élaboré un chronogramme tenant compte de plusieurs facteurs, notamment logistiques et sécuritaires. Ce plan a été partagé avec les autorités maliennes et, lorsque des ajustements ont dû être opérés du fait de contraintes totalement indépendantes de notre volonté, ceux-ci furent également communiqués, dans l’esprit du partenariat qui sous-tend la bonne mise en œuvre de la Résolution 2690. La fermeture des bases de la mission a été exécutée dans les périodes prévues. Cela n’a pu être le cas à Kidal, où la période envisagée a dû être réaménagée du fait d’impératifs sécuritaires. Je l’ai dit, et le Conseil de sécurité l’a souligné, la sécurité de nos Casques bleus est une préoccupation primordiale. Dans un contexte marqué par l’absence d’un mandat substantif à la suite de la demande de retrait et de la résolution du Conseil, la réduction drastique de nos capacités à nous protéger et l’augmentation très significative des risques sécuritaires, nous avions la responsabilité, l’obligation, de ne pas mettre la vie de nos personnels davantage en danger. Que ce soit lors des retraits de Ber, dans la région de Tombouctou, ou des bases situées dans la région de Kidal, nous avons fait face à des attaques et sommes, à plusieurs reprises, passés tout près de la catastrophe. Nous devons tous être soulagés qu’aucun Casque bleu n’ait perdu la vie dans ces opérations, même s’il y a eu des blessés nombreux : c’est un motif de satisfaction pour la mission, pour les pays contributeurs de troupes et de personnels de police, ainsi que pour les familles et proches des Casques bleus, et pour l’ensemble des États membres des Nations unies, étant donné que la mission a été mandatée par le Conseil de sécurité en leur nom.
Les autorités de la Transition étaient-elles informées de votre départ précipité de Kidal et de l’intention de ne pas faire de cérémonie de rétrocession ?
Comme indiqué plus haut, nous avons établi avec les autorités maliennes des canaux de communication multiples et à différents niveaux pour assurer une exécution aussi efficace et efficiente que possible du retrait de la mission. Dans ce cadre, nous échangeons régulièrement et dans le détail sur tous les aspects du processus de retrait, son évolution et nos préoccupations respectives.
Je crois que tous les acteurs concernés avaient conscience qu’un retrait dans des délais si courts, quelle que soit par ailleurs la bonne volonté des uns et des autres, ne pouvait être sans difficultés, d’autant qu’il est intervenu à un moment où le processus de paix était paralysé. Il peut y avoir des appréciations divergentes de ce qui s’est passé. Mais nous pouvons tous nous féliciter de ce qu’il est maintenant certain que le délai convenu pour le retrait sera respecté.
Une impression générale s’est dégagée, celle d’avoir favorisé les groupes armés, notamment la CMA, en agissant ainsi. Que répondez-vous ?
L’opération de retrait de la MINUSMA a été exécutée dans des conditions dont on ne soulignera jamais assez la complexité et la difficulté. Dans des situations de ce type, il n’est pas rare que des critiques soient entendues de la part des parties. Il ne vous a pas échappé que nous avons aussi fait l’objet de critiques de la part des Mouvements signataires. Notre unique objectif était d’assurer la bonne exécution de la résolution 2690. Et, dans cette entreprise, nous ne nous sommes jamais départis des principes qui gouvernent le fonctionnement des opérations de maintien de la paix des Nations unies. Oui, il y a eu des incompréhensions et des questionnements, mais tout ceci est maintenant derrière nous. L’important, c’est la poursuite du processus de stabilisation, de paix et réconciliation et, pour cela, le Mali, qui appartient à la famille des Nations unies, pourra toujours compter sur le soutien indéfectible de l’organisation. La MINUSMA part, mais les Nations unies, à travers leurs Agences, Fonds et Programmes, restent pour continuer et renforcer la coopération existante.
Après cette phase de retrait, une nouvelle, dite de liquidation, va débuter le 1er janvier 2024. En quoi consiste-t-elle ? Comment de temps va-t-elle durer ? Quels personnels sont prévus à cet effet ?
Cette phase est mise à profit pour faire transporter hors du Mali les matériels et équipements, notamment ceux appartenant aux contingents qui n’ont pu être rapatriés avant la fin du retrait, ainsi que pour gérer tous les autres aspects, administratifs, financiers et autres, liés aux activités de la mission, et disposer de ses biens. Il importe de s’assurer que tout est en bon ordre.
L’expérience des Nations unies montre que ce type d’activités requiert normalement 18 mois pour être mené à bien. Mais mes collègues qui gèrent ce dossier ont la détermination de faire en sorte que ce travail soit accompli dans les délais les plus courts qui soient. Celui-ci mobilisera des personnels civils, avec le soutien d’effectifs limités de personnels de garde pour protéger les équipements encore au Mali et assurer la sécurité intérieure des sites de liquidation.
Combien d’agents de la MINUSMA auront quitté le Mali d’ici le 31 décembre 2023 ?
Plus des deux tiers de notre personnel sont déjà rentrés dans leurs pays respectifs. L’ensemble des personnels civils et en uniforme de la mission qui ne sont pas impliqués dans la phase de liquidation quitteront le Mali au plus tard le 31 décembre. Les personnels en uniforme – dont le nombre sera très limité – qui resteront au Mali seront ceux des unités de garde déployées sur les sites de liquidation, pour en assurer la sécurité intérieure, étant entendu que la sécurisation du périmètre extérieur de ces sites sera assurée par les autorités maliennes. Nous espérons nous accorder rapidement avec les autorités sur le détail des arrangements à mettre en place. Aux unités de garde s’ajouteront des éléments, également en nombre très réduit – post-curseurs laissés sur place par les contingents dont les équipements n’auront pu être rapatriés d’ici la fin de l’année
La MINUSMA employait de nombreux nationaux et avait des contrats avec des sociétés maliennes. Était-il prévu dans votre plan de retrait une indemnité pour ces personnes et entités ?
Le retrait est intervenu de façon abrupte et a dû être exécuté dans des délais on ne peut plus courts, apportant donc son lot de complications administratives et autres. Nous nous sommes employés à atténuer, dans le cadre strict de ce que permettent les règles des Nations unies et les règles contractuelles en cause, son impact pour nos personnels nationaux et internationaux et les entités avec lesquelles nous avons travaillé. Mais il est évident qu’il y a des limites à ce que nous pouvons faire.
Le Mali, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, a le 16 juin dernier demandé le retrait sans délai de la MINUSMA. Vous étiez présent à cette réunion du Conseil de sécurité de l’ONU. Quel était le ressenti général après cette demande ?
Comme vous le savez sans doute, le Secrétariat des Nations unies, dans le rapport soumis au Conseil de sécurité pour sa session de juin 2023, avait recommandé que le mandat de la MINUSMA fût renouvelé pour une année supplémentaire. Et des consultations informelles avaient déjà commencé entre les membres du Conseil de sécurité sur un projet de résolution. Tel est le contexte dans lequel la demande de retrait a été faite. Les opérations de maintien de la paix, qui, même dans les conditions les plus favorables, sont d’une grande complexité, sont déployées avec le consentement de l’État hôte. Et il est évident qu’en l’absence d’un tel consentement il est quasiment impossible de mener à bien un mandat. La Résolution 2690 a tiré les conséquences de cet état de fait.
Avant que le Conseil n’entérine la fin de la MINUSMA, le 30 juin dernier, y a-t-il eu des discussions pour essayer de faire changer d’avis les autorités maliennes ?
Tout ce que je peux dire est que dès lors que le Mali a annoncé sa demande de retrait, l’attention s’est portée sur les conditions et les modalités de ce retrait, culminant avec l’adoption unanime de la Résolution 2690. Celle-ci constitue le guide commun, pour les Nations unies et pour le Mali, en vue de la réalisation du retrait demandé par les autorités maliennes.
Qu’est-ce qui a, selon vous, motivé la décision des autorités maliennes de réclamer le départ de la mission ?
Le Mali a exposé ses raisons devant le Conseil de sécurité le 16 juin 2023, lors d’une séance ouverte.
Le rapport de Moura, dont la publication avait été retardée, est très mal passé auprès des autorités. Pensez-vous que cela a eu un impact sur leur décision ?
Il n’appartient pas à la MINUSMA de spéculer sur les motivations d’une décision prise par les autorités d’un pays souverain ou de les commenter. Notre rôle, à ce stade, est de mettre en œuvre la résolution du Conseil de sécurité et c’est ce à quoi nous nous sommes attelés depuis le 1er juillet 2023.
La MINUSMA était très importante dans le processus de mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Avec la reprise des hostilités, la prise de Kidal et votre départ, estimez-vous l’Accord enterré ?
Aucune des parties signataires n’a, à ma connaissance, dénoncé l’Accord, qui constitue un cadre de sortie de crise important pour le Conseil de sécurité des Nations unies, ainsi que cet organe l’a, du reste, souligné dans le préambule de la Résolution 2690.
L’appui à la mise en œuvre de l’Accord de paix était la première priorité stratégique de la MINUSMA. Et, conformément aux résolutions du Conseil mandatant la mission, celle-ci a joué un rôle crucial, tant en termes de bons offices que de soutien opérationnel. Les Nations unies, en tant qu’organisation, restent bien sûr engagées en appui au Mali dans sa quête d’une paix durable, en prenant en compte les besoins et priorités de l’État malien.
La MINUSMA était également engagée dans le processus de transition, notamment sur le plan électoral. Quid après votre départ ?
Le mandat de la MINUSMA a pris fin le 30 juin 2023, date de l’adoption de la Résolution 2690 du Conseil de sécurité des Nations unies. Dans le cadre de l’accompagnement de la Transition en cours au Mali et des cycles électoraux précédents, la MINUSMA s’était fortement impliquée, et de multiples manières. Elle a assuré la présidence du Comité local de suivi de la Transition, comprenant la CEDEAO, l’UA et la MINUSMA; apporté un soutien technique, logistique, financier et sécuritaire pour la bonne tenue des élections; œuvré à la participation des femmes et des jeunes aux élections et au renforcement de leur rôle dans la gouvernance locale et nationale; mobilisé le soutien de la communauté internationale, etc. Tout ceci a été fait dans un esprit d’excellente coopération avec les autorités maliennes compétentes. Le rôle de la MINUSMA était d’appuyer les efforts du gouvernement du Mali, et non de se substituer à l’État, qui continuera donc à mettre en œuvre ses objectifs de transition. Évidemment, les agences compétentes des Nations unies continueront, dans le cadre des priorités des autorités, à appuyer le processus électoral.
L’heure du départ est également celle des comptes. Après 10 ans de présence, quel bilan chiffré faites-vous de la MINUSMA ?
Il est impossible de faire un bilan exhaustif des 10 ans de la mission en peu de mots. Mais, pour le bénéfice de vos lecteurs, il me semble d’abord important de rappeler les conditions dans lesquelles la mission a été déployée et a opéré au Mali : le contexte sécuritaire, marqué par l’omniprésence du terrorisme, une menace asymétrique pour le moins inhabituelle pour le maintien de la paix; la taille de notre théâtre d’opération, avec une présence tant au centre que dans le nord du Mali et l’attente forte et bien évidemment légitime des populations quant à l’amélioration rapide de la situation sécuritaire et à la matérialisation des dividendes de la paix. À tout cela il convient d’ajouter la fragilité des processus politiques que nous étions mandatés à soutenir. Je peux dire avec certitude que l’action de la mission a eu des effets très bénéfiques et j’ai pu l’observer de mes propres yeux lors des très nombreux déplacements que j’ai effectués à l’intérieur du Mali. Nous avons aidé à la stabilisation des centres urbains dans les zones où nous étions déployés; exécuté des centaines de projets socio-économiques qui ont bénéficié aux populations, notamment dans le centre et le nord; réhabilité de nombreuses infrastructures aériennes, y compris à Gao, Tessalit et Kidal, ainsi que d’autres infrastructures tout aussi importantes tels des ponts situés entre Sévaré et Bandiagara, le long de la route dite du Poisson qui conduit au Burkina Faso; protégé des civils dans nos zones de déploiement; soutenu de façon multiforme la réconciliation au niveau local; apporté un appui aux forces de défense et de sécurité, y compris en conduisant à leur demande des évacuations sanitaires et médicales et en finançant la construction d’infrastructures; facilité l’acheminement de l’aide humanitaire et appuyé les efforts de promotion et de protection des droits de l’Homme, y compris à travers un programme soutenu de renforcement des capacités. Nous avons aussi, comme je l’ai souligné tantôt, soutenu la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la Transition, en plus du processus d’élaboration d’une stratégie malienne de stabilisation des régions centrales du Mali.
Estimez-vous que la mission a été accomplie et les objectifs atteints ?
L’on ne peut dire, s’agissant d’une opération aussi complexe, que les objectifs ont été complètement atteints. La quête d’une paix durable est une entreprise de longue haleine. Elle repose fondamentalement sur la volonté et les efforts des acteurs nationaux. Dans le cas d’espèce, le rôle de la MINUSMA était de les accompagner et d’appuyer leurs efforts, sans préjudice de la responsabilité première qui est la leur.
De ce point de vue, il me semble que nous avons joué notre rôle. Et il est notable que, dans les zones où nous étions déployés, notre action a eu un effet tangible indéniable et était appréciée. Bien sûr, il y a eu des critiques, et cela est normal, car aucune œuvre ne peut être parfaite. La nôtre encore moins, car dépendant de beaucoup de variables multiples et complexes.
Nous nous sommes constamment employés à renforcer l’efficacité de notre action, y compris en restant à l’écoute des autorités, des autres acteurs concernés et de la population, d’une manière plus générale. Et nous nous sommes dépensés sans compter pour la cause de la paix, de la sécurité et de la stabilité au Mali. L’engagement des personnels de la mission fut tout simplement remarquable, surtout au regard de l’omniprésence et de la gravité du risque sécuritaire. Le nombre élevé des pertes que nous avons subies et de blessures infligées à nos Casques bleus en est une claire et tragique illustration.
Permettez-moi de saisir cette occasion pour, en mon nom et au nom de l’ensemble de mes collègues, remercier le gouvernement et le peuple maliens pour leur collaboration et soutien au cours de cette décennie et de formuler les vœux les meilleurs pour l’année 2024 et, au-delà, pour l’avènement d’un Mali en paix, stable et prospère.
Youssouf Tapo : l’artiste toujours détenu en Côte d’Ivoire
L’artiste, chanteur et compositeur malien Youssouf Tapo a été arrêté le 11 novembre 2023 à Bouaké, en Côte d’Ivoire, avec 7 membres de son équipe. Une détention qui s’inscrit dans un climat de tension où les relations artistiques et culturelles entre le Mali et la Côte d’Ivoire sont de plus en plus mises à l’épreuve.
À Bouaké pour un concert qui était prévu au Centre culturel Jacques Aka, le chanteur Youssouf Tapo a été interpellé le même jour par les forces de sécurité. Et, depuis près d’un mois, l’incompréhension règne. Le manager de l’artiste, Papa Konta, affirme toujours aujourd’hui ne pas connaitre les raisons de cette interpellation, car elles n’ont pas été divulguées. Le 30 novembre 2023, la Team Maliba a organisé un point de presse afin de fournir plus de détails sur cette interpellation en terre ivoirienne et solliciter l’implication de tous pour une libération. Le manager s’est rendu durant une semaine à Bouaké sans avoir eu accès à l’artiste. Les proches de Youssouf Tapo dénoncent un manque de transparence sur les raisons de son arrestation. Selon une source sécuritaire ivoirienne, les organisateurs ont fait appel à des videurs (gros bras) d’Abidjan pour sécuriser le concert à Bouaké. Ce qui a soulevé des questions au niveau des agents de la sécurité nationale, qui ont décidé de mettre aux arrêts l’artiste, l’organisateur et les gros bras pour enquête.
Aly Inèba Guindo, Chargé de Communication du ministère de la Culture, affirme que le département est au courant de la situation de Youssouf Tapo et travaille avec le ministère des Affaires étrangères, en collaboration avec l’ambassade du Mali en Côte d’Ivoire, qui lui fait parvenir régulièrement des rapports sur la situation. Selon lui, tout est mis en œuvre pour avoir des explications sur son arrestation et obtenir sa libération. En Côte d’Ivoire, silence radio du côté des autorités, ce qui donne libre cours aux interprétations. Certains proches et internautes lient cette affaire à celle des 49 militaires ivoiriens arrêtés au Mali en juillet 2022, qui avait considérablement refroidi les relations entre les deux pays. Même si, comme le confient certains observateurs, Youssouf Tapo et son staff n’ont pas cette envergure. Toutefois, les relents de cette affaire sont toujours présents. Pour rappel, le concert de Salif Keïta prévu pour le 17 novembre dernier à Abidjan a été aussi annulé après plusieurs semaines d’appel au boycott. L’artiste ivoirien Didi B, qui devait effectuer un concert à Bamako en septembre 2022, avait dû l’annuler à cause des tensions autour des 49 militaires, quelques jours après l’artiste malienne Mariam Bah, qui devait se produire en Côte d’Ivoire.
Raffinerie d’or au Mali : pour quelle rentabilité ?
Le Mali a signé un accord avec la Russie pour la construction d’une usine de raffinage de l’or lors de la visite d’une délégation ministérielle dans ce pays ce mois-ci. D’une capacité de 200 tonnes, l’unité industrielle pourrait être la première de la sous-région. Mais le défi reste sa rentabilité, car l’or produit localement est principalement raffiné hors du continent.
Le Mali a produit 72,2 tonnes d’or en 2022, dont 66,2 tonnes dans des mines industrielles. Cet or est essentiellement raffiné hors du pays. Mené par des sociétés spécialisées, le raffinage est l’activité industrielle qui consiste à « purifier l’or pour le porter à 999,9 pour 1 000 carats ». L’or pur est destiné au marché international et, en dehors de celle implantée en Afrique du Sud, les unités de raffinage sont peu nombreuses sur le continent.
« Au Ghana, les raffineries sont devenues des éléphants blancs », explique un acteur du domaine. Parce qu’il faut une masse critique, estimée à environ 500 tonnes par an, pour les rendre rentables. Au Mali, les sociétés Marena Gold et Kankou Moussa affinent des quantités qui ne sont pas industrielles. « Elles font du service », affinent et donnent au vendeur, contrairement aux raffineries, qui vendent pour le compte des sociétés productrices.
Rentabilité
Pour atteindre ce seuil de rentabilité, le Mali pourrait compter sur l’or des sociétés qui n’ont pas de problème à vendre sur place. C’est même l’idéal, car cela diminue les risques qu’elles prennent en le transportant jusqu’à la raffinerie, ajoute notre interlocuteur. Mais il faut que la raffinerie soit d’un standard international afin de pouvoir vendre partout.
Il est possible d’avoir une raffinerie d’une capacité de 200 tonnes par an. Mais sera-t-elle rentable ? Une question essentielle, parce qu’il s’agit d’une industrie très gourmande en énergie, ce qui pourrait augmenter le coût de production de l’or et le très cher, donc peu compétitif.
Ce qui pourrait être fait est de créer un marché de consommation de l’or, en mettant en place une industrie de bijoux pour les vendre sur le marché international. L’autre alternative est d’installer des succursales de certaines raffineries, des antennes locales qui permettront aux sociétés d’exploitation d’éviter certains problèmes. Mais tout ceci est dans l’intérêt des sociétés minières. Celui de l’État demeurant le prélèvement des droits et autres taxes.
Kidal : le pari Gamou
Nommé le 22 novembre dernier Gouverneur de la région de Kidal après la reprise de la ville par l’armée malienne, El Hadj Ag Gamou est très attendu pour assurer la continuité du contrôle et de l’autorité de l’État dans la zone. Mais, pour y arriver, le Général touareg doit relever certains défis.
Deux semaines après sa nomination, le Général El Hadj Ag Gamou a quitté Bamako le 5 décembre 2023 pour l’Adrar des Ifoghas. Sa délégation a fait escale à Gao, où il a prêté serment dans la foulée.
Avant de s’envoler pour Kidal, le nouveau Gouverneur de la région a rencontré à Bamako les plus hautes autorités de la Transition, dont le Colonel Assimi Goïta. « Il a mis cette période à profit pour des rencontres avec différents ministres pour acquérir les conseils et orientations autour de ce qui l’attend. Toute cette organisation faite à Bamako, avec l’ensemble de son cabinet, entre en droite ligne avec le programme qui lui a été confié », affirme une source proche du général Ag Gamou.
Le nouvel homme fort de la région de Kidal a annoncé les couleurs de sa mission à sa sortie d’audience avec le Président de la Transition, le 24 novembre 2023. « Je vais tout faire dans l’intérêt général de la population de Kidal, faire venir tous les services sociaux de base et faire en sorte que la population de Kidal, qui a été trop fatiguée par l’insécurité, revienne chez elle et que cette région soit une région normale, comme toutes autres de la République du Mali », a-t-il promis.
Choix stratégique
L’une des principales missions assignées au Général Ag Gamou à Kidal est la consolidation de la cohésion sociale, qui passe par la réconciliation et le retour des déplacées dans la région. Issu de la fraction Imghad, dans une zone où la chefferie traditionnelle est détenue par les Ifoghas, dont sont issus la plupart des rebelles de la CMA, le nouveau Gouverneur pourrait toutefois se heurter à un rejet d’une partie des Kidalois. Contactés, les cadres de la CMA ont d’ailleurs préféré ne pas réagir à sa nomination.
Mais Alhassane Ag Hamed Ahmed, membre du Conseil communal des jeunes de Kidal, qui soutient que les Imghads et les Ifoghas de Kidal « cohabitent très bien » et qu’il n’y a « jamais eu une rivalité grave entre ces deux fractions », pense que le choix des autorités de la Transition porté sur El Hadj Ag Gamou est le bon. « Il a l’esprit d’un bon leader et, à la différence des Gouverneurs précédents, il connait bien le terrain », glisse-t-il, mettant tout de même l’accent sur l’appui indispensable du gouvernement dans la réussite de sa mission. « Les gens de Kidal n’ont pas peur de Gamou et ils le connaissent mieux que beaucoup d’autres, à Bamako ou ailleurs. Il faut qu’il ait l’appui des autorités mais aussi la pleine latitude de décider et de proposer des initiatives en tant que militaire », préconise-t-il.
Pour le géopolitologue et expert des groupes extrémistes au Sahel Dr. Alpha Alhadi Koïna, le Général Ag Gamou possède des atouts et dispose de plusieurs leviers pour réussir la réconciliation et le retour des déplacés à Kidal.
« Gamou est un symbole. Il est aussi un des cadres Touaregs qui appelle à la paix et qui a la confiance des plus hautes autorités. La majorité des Touaregs sont des Imghads. Si c’est Gamou qui les appelle à retourner à Kidal, je pense que ce sera plus écouté que si c’était fait par d’autres personnes », analyse-t-il.
Ménaka impactée ?
La nomination du Général Ag Gamou à Kidal pourrait impacter la situation sécuritaire dans la région de Ménaka, d’où il est originaire et où lui et ses hommes du Groupe d’auto-défense Imghads et alliés (GATIA) jouent un rôle-clé dans la lutte contre les groupes armés terroristes. Pour l’heure, les forces du Général Gamou y sont toujours, mais il n’est pas exclu qu’elles se déplacent vers Kidal avec l’installation du nouveau Gouverneur.
« À Ménaka, cette nomination est plutôt bien vue. Même si certains membres du GATIA de Ménaka se déplacent vers Kidal, il n’y a pas que le GATIA dans la zone. Il y a aussi le MSA de Moussa Ag Acharatoumane, qui va rester », relève Dr. Koïna.
Mais une telle situation favorisera-t-elle la multiplication d’attaques terroristes dans la région de Ménaka, qui vient par ailleurs d’être visée, avec les localités de Labbezagan, Gossi et Tessalit, le 3 décembre dernier ?
« Je pense que les groupes extrémistes et les rebelles vont plutôt chercher à déstabiliser l’armée dans d’autres zones que Ménaka et Kidal », estime l’expert.
COP 28 : le Mali cherche la bonne température
Le Mali fait partie des 20 pays les plus vulnérables au changement climatique, selon l’index Notre Dame Global Adaptation Initiative (ND-Gain). Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), en Afrique de l’Ouest, il est prévu une augmentation de la température moyenne de 3,3°C d’ici 2 100. Elle pourrait atteindre 4,7°C dans la moitié nord du Mali. Le changement climatique frappe donc durement les plus pauvres et les plus vulnérables. C’est pourquoi il est attendu des décideurs réunis à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre 2023, pour la COP 28, des mesures concrètes pour répondre à la menace immédiate.
Canicules, sécheresses, inondations, pluies torrentielles ou tempêtes, les phénomènes extrêmes dus au changement climatique se sont multipliés par 5 dans le monde entre 1970 et 2019, selon l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM). Outre les dégâts environnementaux, ces catastrophes ont négativement impacté le taux de mortalité et l’économie. Environ 2 millions de décès dus à ces catastrophes ont été enregistrés en 50 ans. Des chiffres qui ont évolué d’environ 170 morts par jour au début des années 1970 à 40 aujourd’hui.
Sur le plan économique, les pertes liées au changement climatique ont été multipliées par 7 les 50 dernières années dans le monde. Aux États-Unis, ces évènements ont coûté plus de 2 000 milliards de dollars pour la même période. Un coût qui, selon le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), pourrait atteindre entre 140 et 300 milliards de dollars par an pour les pays en développement dans les prochaines années.
Vulnérabilité accrue
Le Mali fait face depuis plusieurs décennies aux impacts de la dégradation des conditions climatiques. Désertique sur une large partie de son territoire, il compte 124 millions d’hectares, dont 60% de désert, 4% de forêts potentielles et 36% de terres utilisables pour l’agriculture et l’élevage. Estimée à plus de 22 millions d’habitants en 2022, sa population vit principalement en milieu rural et enregistre un taux de croissance annuelle de 3,3%. L’économie, essentiellement basée sur l’exploitation des ressources naturelles, accroît la dépendance aux aléas du climat. L’agriculture et l’élevage représentent respectivement 16,2% et 15,2% du PIB, le sous-secteur forêt 7,2% et la pêche 5%, selon les données de l’INSTAT.
La hausse de températures, les sécheresses, les inondations, les vents forts et les vents de sable sont des manifestations visibles de l’impact négatif du changement climatique sur l’environnement au Mali. Selon l’Évaluation environnementale intégrée au Mali (EEI), réalisée en 2022 conjointement par le PNUD et le PNUE en collaboration avec le gouvernement, les parties prenantes onusiennes et la société civile, les projections montrent que la température de l’air au Mali pourrait augmenter de 2,0°C à 4,6°C d’ici 2080 par rapport aux niveaux préindustriels. D’après les mêmes constats, le pays connaît depuis 2005 une période relativement riche en pluies. Mais celles-ci sont plus irrégulières et respectent moins la saisonnalité. En outre, elles s’accompagnent généralement d’inondations qui causent d’énormes dégâts et font des victimes. Même s’il demeure des incertitudes quant à l’évolution de la pluviométrie, en raison de sa grande variabilité, les estimations de Mali Météo font état d’une diminution de la pluviométrie de 22% sur la période 1950 – 1970 et entre 1971 et 2000, d’après une étude réalisée en 2011. « Depuis 10 à 15 ans, l’isohyète 1 500 mm a disparu, Bamako et ses environs ont connu une sahélisation et les zones désertiques et semi-désertiques ont progressé jusqu’à la latitude de Mopti (14°31’N) ».
La croissance démographique et l’augmentation de la pression sur les ressources naturelles accentuent la dégradation de l’environnement au Mali. Les superficies agricoles ont connu une augmentation annuelle de 8% entre 1984 et 2020. Le système, essentiellement extensif, se fait donc au détriment des espaces forestiers et des pâturages. Les faibles rendements ne permettent pas de couvrir tous les besoins et l’utilisation de produits phytosanitaires contribue non seulement à dégrader la santé humaine mais constitue un facteur supplémentaire d’érosion des sols, de pollution des eaux et de destruction de l’écosystème. L’agriculture irriguée est la principale consommatrice d’eau, avec 97%.
Ces facteurs climatiques, combinés à un contexte sécuritaire dégradé depuis 10 ans, contribuent à une forte urbanisation et à ses conséquences sur la diminution des espaces naturels autour des villes, ainsi qu’aux insuffisances dans la gestion des déchets solides et liquides. De 600 000 en 1960, la population urbaine est passée à 9 millions en 2020 et représente 44% de la population totale.
Solutions collectives
Même si les plus touchés ne sont pas les plus grands pollueurs, nous sommes « tous responsables, même à des degrés divers », de la planète qui souffre, explique Berthé Minian Bengaly, Directrice du Centre international pour le conseil (CICF), spécialisé en accompagnement et formation dans les domaines de la finance durable, de la sécurité et du changement climatique au Mali depuis 2010.
Puisque « les conséquences concernent tout le monde », les solutions doivent être globales. L’une des raisons de la COP, qui réunit les acteurs publics et privés. Engagée dans la sensibilisation, surtout du secteur privé, pour la prise en compte de la pertinence du changement climatique, l’organisation s’attèle à accompagner les « entreprises à changer de modèle économique » pour s’approprier des innovations liées au changement et les mettre en œuvre dans les chaînes de production.
Pour la Présidente du CICF, la COP 28 est surtout l’opportunité pour les pays en développement de se faire entendre et de mettre en œuvre la responsabilité collective. Il s’agit de nouer des contacts afin que le secteur privé puisse bénéficier des fonds disponibles, dont souvent il n’a pas connaissance ou ne sait pas comment y accéder. L’occasion est bonne pour « faire des prospections, voir le bon créneau pour être éligible et préparer l’adaptation. Car on ne peut plus évoluer de manière classique », conclut-elle.
Également présente à la COP 28, Fatoumata Boubou Koita est la Présidente du Mouvement Mali Propre (MMP), fondé en 2018. L’organisation évolue dans les domaines de la sensibilisation et de l’éducation environnementale, la communication et l’entrepreneuriat vert.
Faisant le constat qu’au Mali l’insalubrité, avec une prédominance des déchets plastiques, est un fléau qui contribue à cette dégradation de l’environnement et menace la vie des animaux, elle ne se contente d’un rôle d’observatrice. Le mouvement prépare 3 activités et envisage des projets capables d’aider les jeunes et les entreprises afin de créer une synergie d’action avec le Sahel et le monde. Le « Green circle » est destiné à faire partager les expériences et à proposer des solutions vertes. Le MMP prévoit aussi une mobilisation éducative pour participer au renforcement de capacités, parce qu’en la manière les innovations sont permanentes et qu’il faut s’en inspirer pour les adapter à notre contexte. Le film « Gnaman », « Des ordures en or ou comment transformer les déchets en richesse », sera présenté au public. Une manière d’envisager la création d’une chaîne de valeur et de réunir les acteurs « pour faire des déchets une nouvelle alternative pour créer des emplois ».
Investissements durables
Les banques multilatérales de développement ont souscrit à une déclaration commune le 3 décembre 2023 lors de la COP 28 à Dubaï. Elles se sont engagées à renforcer leur collaboration avec leurs clients, partenaires au développement, société civile et secteur privé, afin de réduire la pauvreté et les inégalités et de faire face aux crises. Déterminées à renforcer leur « ambition climatique », les banques se disent « prêtes » à « consolider les progrès et les résultats majeurs obtenus au cours de l’année écoulée ». Ainsi, en 2022, elles ont conjointement engagé 61 milliards de dollars de financement climatique pour les économies à revenu faible et intermédiaire, soit une hausse de 18% par rapport à 2021, et près de 100 milliards de dollars dans toutes les économies où elles opèrent.
Dans les pays à revenu faible et intermédiaire, le financement de l’adaptation représente 37% de cette somme et le cofinancement climatique a atteint 46 milliards de dollars, dont 15 milliards provenant de la mobilisation de financements privés.
Alliance des États du Sahel : réussir là où le G5 Sahel a échoué
Alors que le processus d’opérationnalisation de l’Alliance des États du Sahel (AES) est enclenché, le G5 Sahel, déjà à l’agonie avec le retrait du Mali en mai 2022, semble promis à une « mort » inévitable avec les retraits du Niger et du Burkina Faso. Pour plusieurs observateurs, le sort du Sahel se joue désormais au sein de la nouvelle Alliance entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger.
Depuis la signature de la Charte du Liptako-Gourma actant la création de l’Alliance des États du Sahel, le 16 septembre 2023, la page du G5 Sahel semble avoir définitivement été tournée dans la région. Après les retraits du Burkina Faso et du Niger le 29 novembre dernier après celle du Mali en mai 2022, l’organisation sahélienne est bloquée dans son fonctionnement et réduite uniquement au Tchad et à la Mauritanie.
« La naissance de l’AES marque la fin du G5 Sahel. Déjà, il était mort depuis un bon bout de temps. Depuis que le Mali s’en était retiré, il n’y avait plus de continuité géographique. Maintenant, avec l’Alliance, il est sûr et certain que le G5 Sahel ne pourra pas survivre », tranche Dr. Alpha Alhadi Koïna, géopolitologue et expert des groupes extrémistes au Sahel.
Bakary Sambe, Directeur du Timbunktu Institute, est du même avis. « Cette alliance signe la mort du G5 Sahel. Il faut savoir que le Mali, le Niger et le Burkina Faso étaient des pivots du G5 Sahel.», appuie-t-il.
Faire mieux que le G5 Sahel
Selon Dr. Koïna, l’Alliance des États du Sahel, qui réunit les 3 pays du Sahel central et dont le financement repose entièrement sur les contributions de ses membres, contrairement au G5 Sahel, qui dépendait de financements externes, est mieux outillée pour atteindre les objectifs de sécurisation et de développement de la région sahélienne.
« La mutualisation des efforts entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger a déjà permis de réaliser des succès significatifs en matière de défense », a souligné par ailleurs le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale Abdoulaye Diop le 27 novembre, à l’ouverture des travaux des experts des pays de l’AES.
En effet, les forces armées des trois pays mènent simultanément depuis quelques semaines des frappes intenses et ciblées sur les positions des groupes terroristes dans la Zone des trois frontières.
Pour le chef de la diplomatie malienne, nul doute que l’AES engrangera à long terme des résultats probants pour la région, parce que c’est un « mécanisme innovant, avec un leadership et une appropriation véritablement africains des solutions endogènes aux défis rencontrés par les pays de l’Alliance ».
ADEMA – RPM : jusqu’où ira le rapprochement ?
À l’approche des futures échéances électorales, les lignes semblent bouger dans la classe politique. L’Alliance pour la démocratie au Mali – Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA-PASJ) et le Rassemblement pour le Mali (RPM) ont tenu le 20 novembre dernier une rencontre à l’issue de laquelle les deux formations politiques ont annoncé les couleurs d’un futur cheminement commun.
« Les deux parties ont convenu de mettre en place une commission de travail paritaire pour poursuivre la réflexion sur l’élaboration d’un projet politique commun et formuler des recommandations sur l’ensemble des questions d’intérêt national soulevées », indique le communiqué conjoint ayant sanctionné la rencontre.
Les deux anciens partis présidentiels, qui ont déclaré avoir une convergence de vues sur des questions liées à leurs relations bilatérales, à la situation sociopolitique et sécuritaire du pays et l’internationale, ainsi que d’autres sujets d’intérêt, se sont également engagés à « œuvrer ensemble pour contribuer au renforcement de la sécurité de la gouvernance, à assurer la réussite de la Transition en vue d’un retour apaisé et sécurisé à l’ordre constitutionnel à travers un cadre politique beaucoup plus dynamique ».
Alliance électorale en vue
L’annonce de l’élaboration d’un projet politique commun entre l’ADEMA et le RPM sonne comme le début d’une alliance politique électorale entre les deux partis en vue des échéances électorales à venir.
D’ailleurs, à l’ADEMA, on ne s’en cache, pas d’autant plus que le parti a toujours milité pour la mise en place d’une large coalition soutenant une candidature unique à la prochaine élection présidentielle de fin de la Transition. « Avec le RPM, nous sommes tout à fait dans l’optique d’une alliance politique électorale. La raison d’être des partis politiques est la conquête et l’exercice du pouvoir. Vu le contexte actuel, il faut que nous nous mettions ensemble pour aller à cette conquête, avec un projet commun qu’on pourra offrir au peuple malien », affirme Yaya Sangaré, Secrétaire général de l’ADEMA.
Si l’aboutissement du rapprochement des deux partis à une alliance électorale n’est également pas exclu du côté du RPM, le ton y est beaucoup plus mesuré. « N’allons pas trop vite en besogne », temporise Sékou Niamé Bathily, Chargé de Communication du RPM. « Nous allons laisser le soin aux membres du comité paritaire de se retrouver et de décider ce qui va se passer après et nous verrons bien. Les deux directions vont ensuite donner le ton », glisse-t-il, soulignant que les deux formations politiques ont actuellement une convergence de vues et se dirigent « certainement vers une synergie d’actions ».
À en croire le porte-voix du RPM, le parti, à l’origine, avait décidé de démarcher plusieurs formations politiques suite à l’organisation de son 1er Congrès extraordinaire, comme c’est le cas traditionnellement après un congrès où le parti présente à ses partenaires le renouvellement de sa direction, mais aussi celui des points de convergence entre les différents camps politiques.
« C’était cela d’abord l’objectif pour le RPM, dans un premier temps. Mais, avec l’ADEMA, nous avons une histoire commune et nous partageons suffisamment de choses. C’est pourquoi nous avons jugé d’aller un peu plus en profondeur et de mettre en place un comité paritaire entre les deux partis afin de travailler à préparer l’avenir ensemble, à avoir un projet commun pour diriger les destinées du Mali à nouveau », explique M. Bathily.
Quel poids ?
L’Adema-Pasj a présidé aux destinées du Mali pendant 10 ans, de 1992 à 2002, à travers les deux mandats du Président Alpha Oumar Konaré. Le RPM, de son côté, a été au pouvoir pendant 7 ans, de 2013 à 2020, avec le Président Ibrahim Boubacar Keita. Les deux partis politiques ont également une très grande assise sur toute l’étendue du territoire national et conservent un certain poids sur l’échiquier politique.
Mais une éventuelle candidature unique, soutenue par une alliance politique, dans le contexte actuel, augmenterait-elle leurs chances de reconquérir le pouvoir ? « Je pense que non. Ils ne pourront pas briguer à nouveau la magistrature suprême, du moins pas dans l’immédiat, à l’issue de la présidentielle de fin de transition. Le RPM a considérablement baissé en popularité, d’autant plus qu’aux yeux de nombreux Maliens ce parti est plus ou moins responsable de la mauvaise gestion du Mali ces dix dernières années. L’Adema également est un peu comptable de ce bilan, parce qu’elle a toujours été dans la majorité présidentielle », répond un analyste.
G5 Sahel : le Niger et le Burkina Faso quittent l’organisation
Le Burkina Faso et le Niger, ont annoncé samedi s’être retirés de l’organisation antiterroriste G5 Sahel, suivant l’exemple du Mali, parti en mai 2022. Les deux pays «ont décidé en toute souveraineté du retrait du Burkina Faso et du Niger de l’ensemble des instances et organes du G5 Sahel, y compris la Force conjointe», à compter du 29 novembre, indiquent-ils dans un communiqué. Les deux pays justifient leur retrait par des « lourdeurs institutionnelles, des pesanteurs d’un autre âge qui achèvent de nous convaincre que la voie de l’indépendance et de la dignité sur laquelle nous sommes aujourd’hui engagés est contraire à la participation au G5 Sahel dans sa forme actuelle ». Les deux Etats n’entendent pas non plus « servir les intérêts étrangers au détriment de ceux des peuples du Sahel encore moins accepter le diktat de quelque puissance que ce soit » peut-on lire dans le communiqué. Quelques heures après l’annonce de cette décision, un document de la commission de l’Union européenne a circulé sur les réseaux sociaux. Dans ce document daté du 23 octobre, on pouvait y lire que l’UE qui finance en grande partie le G5 Sahel suspendait son soutien aux composantes nigérienne et burkinabé de la force conjointe du G5 Sahel. La décision est intervenue également alors que les trois pays : Mali, Burkina Faso, Niger renforcent leurs liens au sein de l’Alliance des Etats du Sahel. En mai 2022, le Mali, également gouverné par des militaires depuis 2020, avait quitté le G5 Sahel, invoquant une organisation « instrumentalisée par l’extérieur ».
À sa création en 2014 pour lutter contre le terrorisme au Sahel, l’organisation était composée du Mali, du Burkina, du Niger, de la Mauritanie et du Tchad. La force conjointe a elle été lancée en 2017.
Alliance des États du Sahel : la pleine opérationnalisation en marche
Instituée le 16 septembre dernier par la signature de la Charte du Liptako-Gourma entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger, dans l’objectif d’établir une architecture de défense collective et d’assistance mutuelle aux parties contractantes, l’Alliance des États du Sahel (AES) vient d’amorcer à Bamako sa pleine opérationnalisation.
Un peu plus de deux mois après sa création, l’opérationnalisation de l’Alliance des États du Sahel est en marche, conformément aux dispositions de la Charte du Liptako – Gourma qui prévoyait à son article 15 qu’elle serait « complétée par des textes additionnels, en vue de la mise en œuvre des dispositions prévues à l’article 3 », qui lui-même stipulait que « les Parties contractantes mettront en place ultérieurement les organes nécessaires au fonctionnement et mécanismes subséquents de l’Alliance et définiront les modalités de son fonctionnement ».
Aller vite et bien. Tel semble être le mot d’ordre des plus hautes autorités du Burkina Faso, du Mali et du Niger dans la mise en place de cette nouvelle Alliance, dont la phase de concrétisation est enclenchée depuis le 23 novembre 2023, avec des concertations ministérielles à Bamako.
Accélérer l’intégration économique
Une première réunion ministérielle de l’Alliance des États du Sahel sur le développement économique dans l’espace du Liptako-Gourma s’est tenue le 25 novembre 2023 dans la capitale malienne, réunissant les ministres chargés de l’Économie et des Finances, de l’Énergie, du Commerce et des Industries des pays membres. Cette réunion ministérielle sur les questions de développement économique visait à créer une synergie d’actions pour l’accélération du processus d’intégration économique et financière de l’Alliance.
Précédée de la rencontre des experts, les 23 et 24 novembre, qui ont échangé sur différentes thématiques telles que les échanges commerciaux, la circulation des personnes et des biens au sein de l’AES, la sécurité alimentaire et énergétique, la transformation industrielle, les potentialités et perspectives, le financement, l’intégration économique, l’arsenal réglementaire et les réformes nécessaires, elle a accouché de plusieurs recommandations.
Celles-ci portent sur l’accélération de la mise en place de l’architecture juridico-institutionnelle et des mécanismes de financement des instances de l’AES, l’amélioration de la libre-circulation des personnes dans l’AES et le renforcement de la fluidité et de la sécurité des corridors d’approvisionnement, en luttant notamment contre les pratiques anormales et les tracasseries dans l’espace AES.
Les ministres ont aussi opté pour l’accélération de la mise en œuvre de projets et programmes énergétiques, agricoles, hydrauliques, de réseaux de transport routier, aérien, ferroviaire et fluvial dans les États de l’AES, la création d’une compagnie aérienne commune, le développement des aménagements hydro-agricoles d’intérêt commun, pour booster la production agricole, la construction et le renforcement des projets d’infrastructures et la mise en place d’un dispositif de sécurité alimentaire commun aux trois États de l’AES à travers des organes dédiés.
Ils ont en outre recommandé la réalisation d’infrastructures adaptées pour le développement du cheptel et la mise en place d’abattoirs modernes pour l’exportation de la viande et des produits dérivés de l’espace AES, le développement des stocks de sécurité pour améliorer les capacités de stockage en hydrocarbures, la mise en place d’un fonds pour le financement de la recherche et des projets d’investissements énergétiques et en matière de substances énergétiques, notamment à partir de l’exploitation des ressources minières.
Parmi les autres recommandations figurent la réalisation des projets de centrales nucléaires civiles à vocation régionale, l’élaboration d’une stratégie commune d’industrialisation des pays de l’Alliance, la promotion du financement d’infrastructures communautaires par la diaspora, la mise en place d’un Comité d’experts pour approfondir les réflexions sur les questions de l’Union économique et monétaire, la promotion de la diversification des partenariats et la création d’un fonds de stabilisation et d’une banque d’investissement de l’AES.
Les ministres de l’Économie et des Finances des pays membres ont également décidé de la mise en place d’un Comité de suivi de la mise en œuvre de toutes les recommandations issues de leur réunion. « Il y a de bonnes idées, comme le G5 Sahel. Maintenant, il s’agit de les matérialiser. C’est cette matérialisation qui pose beaucoup de problèmes. Il ne s’agit pas de se réunir ou de seulement planifier », estime Hamidou Doumbia, porte-parole du parti Yelema.
Une architecture institutionnelle en gestation
En prélude à la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’Alliance des États du Sahel qui s’est tenue le jeudi 30 novembre, toujours à Bamako, les experts des trois pays se sont réunis les 27 et 28 novembre et se sont penchés sur des propositions pour une structure institutionnelle de l’Alliance, avec les différents organes à mettre en place et l’articulation entre ces organes, à travers des mécanismes de fonctionnement et d’articulation clairement établis.
Ils ont en outre eu pour tâche de compléter la Charte du Liptako-Gourma, texte constitutif de l’AES, pour intégrer aux aspects de défense et de sécurité la dimension diplomatique et les questions relatives au développement économique de l’espace commun aux trois États. « Nous vous chargeons de nous proposer les bases pour faire de l’AES cette Alliance que nos populations attendent, cette Alliance qui leur fera sentir et vivre des conditions améliorées, en œuvrant à la paix et la stabilité ainsi qu’au développement harmonieux de nos États », a dit le Chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, à l’ouverture des travaux.
« Nous attendons de vous des recommandations pour que le Burkina, le Mali et le Niger, liés par une histoire, une culture et des valeurs communes, mais surtout liés par une relation stratégique particulière, puissent parler d’une seule et même voix partout où cela sera nécessaire », a-t-il ajouté.
Les travaux des experts étaient organisés en différents sous-comités, dont « Diplomatie et questions institutionnelles », « Défense et Sécurité » et « Questions de développement économique ». Selon une source au ministère des Affaires étrangères du Mali, leurs recommandations, qui n’ont pas fait l’objet de communication, seront soumises à l’examen des ministres des Affaires étrangères lors de la réunion de ce jeudi, avant d’être rendues publiques à la fin de la session ministérielle.
Bras de fer en vue avec la CEDEAO ?
Le processus d’opérationnalisation de l’AES est enclenché à quelques jours de la tenue du prochain sommet ordinaire de la CEDEAO, avec laquelle sont en froid les 3 pays membres de l’Alliance. D’ailleurs, l’AES, née dans un contexte où l’institution sous-régionale ouest africaine brandissait la menace d’une intervention militaire au Niger pour réinstaller le Président déchu Mohamed Bazoum, s’apparente pour certains observateurs à une organisation « rivale » de celle-ci.
« L’alliance des États du Sahel est en train de prendre une autre forme, qui peut peut-être sembler être une substitution à la CEDEAO ou une alliance qui accepte ceux qui ne sont pas forcément en ligne droite avec les principes démocratiques. Cela me semble très circonstanciel », glisse le politologue Cheik Oumar Doumbia.
Selon nos informations, au cours du sommet de la CEDEAO prévue le 10 décembre prochain à Abuja, au Nigéria, les Chefs d’États vont à nouveau se pencher sur la situation dans les pays en transition et exiger le retour à l’ordre constitutionnel dans les délais convenus. Les sanctions contre le Niger pourraient être maintenues et le Mali pourrait en subir de nouvelles, suite au report sine die en septembre dernier de l’élection présidentielle, initialement prévue pour février 2024.
Mais, selon certains observateurs, l’opérationnalisation enclenchée de l’AES pourrait contribuer à freiner les ardeurs des Chefs d’États de la CEDEAO dans la prise de sanctions contre les trois pays de l’Alliance, qui pourraient alors claquer la porte de l’organisation sous-régionale.
« Un éventuel éloignement de l’Alliance des États du Sahel pourrait remettre en question la cohésion et la solidarité au sein de la CEDEAO. Ces trois pays sont géographiquement situés en plein cœur de la région et leur intégration est essentielle pour la mise en œuvre des projets régionaux, tels que les infrastructures de transport et le commerce transfrontalier. Leur départ pourrait donc ralentir ou compromettre ces projets », avertit un analyste.
DEF 2023 : pas d’orientations pour près de 1 700 établissements secondaires privés
Après six longs mois d’attente, les orientations du DEF session de mai 2023 sont disponibles depuis le 28 octobre 2023. Si elles mettent fin à une certaine angoisse chez les élèves, elles l’ont créée chez certains promoteurs de lycées privés, qui n’ont pas eu d’élèves orientés et qui craignent aujourd’hui de mettre la clé sous la porte.
Si pour certains observateurs et parents d’élèves les orientations du DEF session 2023 ont beaucoup tardé, car ils s’inquiètent de voir comment les établissements pourront terminer les différents programmes en six mois, sans compter d’éventuelles grèves, plusieurs établissements secondaires privés n’ont pas obtenu d’élèves cette année. Sur 72 688 élèves réguliers orientés dans les établissements secondaires, 29 900 l’ont été vers des établissements publics, au nombre de 111, soit un total de 42%, contre 41 000 élèves, soit 58%, dans 869 établissements privés sur 2 539 sur l’ensemble du territoire national. Selon un promoteur de lycée qui a requis l’anonymat, lors des orientations de la session du DEF 2021-2022, son établissement n’avait pas reçu d’élèves de la part du gouvernement, ce qui a fait que l’année dernière il n’avait pas de classe de 10ème. Cette année, le même scénario se dessine pour le jeune promoteur, qui craint d’ailleurs la fermeture de son école si la situation perdure encore l’année prochaine. M. Kaba Diok, PDG du groupe scolaire et universitaire Toubakôrô Alassane Doucouré, assure que chaque année les écoles publiques envoient des quotas au niveau de la Cellule de planification statistique (CPS) et qu’après la proclamation des résultats l’État priorise ces établissements. Ce n’est qu’ensuite qu’il partage le reste des effectifs entre les lycées et les centres de formation professionnelle. La grogne naissante des promoteurs enfle alors que depuis plusieurs jours un rapport du Vérificateur général sur la période 2017-2022 révèle 19 milliards de francs CFA de fraudes et de mauvaise gestion dans le cadre des subventions de l’État accordées aux établissements privés. Selon ce rapport, « des subventions ont été versées sur la base d’attributions irrégulières d’élèves aux établissements privés alors qu’ils étaient initialement orientés vers les établissements publics ». Un rapport similaire de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI) a fuité sur les réseaux sociaux en août dernier. L’OCLEI a par la suite rédigé un communiqué pour se désengager du contenu publié, qui n’était pas encore définitif selon la structure.
Conseil national de transition : une perpétuelle reconfiguration
Depuis sa mise en place, en décembre 2020, le Conseil national de transition (CNT) a connu plusieurs réaménagements. Passé de 121 à 147 membres en octobre 2022, conformément aux recommandations des Assises nationales de la Refondation, l’organe législatif transitoire a vu sa composition évoluer fréquemment.
Le 23 octobre 2023, le Président du CNT, le Colonel Malick Diaw, a annoncé la suspension pour 1 mois de 4 membres pour « absences non justifiées lors des travaux des commissions et des séances plénières de la session d’octobre 2023 ». Cette suspension, qui consiste en « l’interdiction de participer aux activités du CNT et la perte du bénéficie du salaire et des indemnités », concernait Mohamed Ag Intallah, Aménokal de Kidal, Mohamed Ali Ag Mattahel, Akli Ikan Ag Souleymane et Boubacar Sidigh Taleb Sidi Ali, tous proches des groupes armés du Nord. Deux d’entre-eux, Akli Ikan Ag Souleymane et Boubacar Sidigh Taleb Sidi Ali, ont annoncé dans la foulée leur démission de l’organe législatif transitoire.
Démissions et décès
Avant ces deux dernières démissions en date, le Conseil national de transition en avait connu bien d’autres. Quelques jours plus tôt, l’ancien député RPM Mamadou Diarrassouba, cité dans une affaire d’atteinte aux biens publics, avait rendu le tablier pour se « mettre à la disposition de la justice ».
Le 8 décembre 2020, trois jours après la séance inaugurale du CNT, lors de laquelle il était absent, l’Imam Oumarou Diarra s’était officiellement retiré de l’organe, expliquant dans la lettre de démission adressée au Président de la Transition que le CNT ne correspondait pas à ses attentes et qu’il aurait été une réussite seulement après une concertation entre les acteurs cités dans la Charte.
Kadidiatou Haidara, fille du leader religieux et Président du Haut conseil islamique du Mali, Chérif Ousmane Madani Haidara, qui avait été nommée au CNT en décembre 2020 mais n’y a jamais siégé, a été remplacée en octobre 2021. Par la suite, le Lieutenant-Colonel Adama Diarra avait démissionné de son poste, étant appelé à d’autres fonctions dans la lutte contre la prolifération des armes légères.
Nommés respectivement Consul général du Mali à Guangzhou en Chine, Consul général du Mali à Bouaké et Consul général du Mali à Lyon en France, Mamadou Sory Dembélé, ancien Président de la Commission Santé, le Colonel Abdoul Karim Daou et Sory Ibrahima Diakité, 4ème Secrétaire parlementaire, ont eux aussi quitté le CNT en octobre 2021. Par décret N°2023-PT-RM du 11 août 2023, ils ont été remplacés par MM. Hama Barry, Mohamed Albachar Touré et Mahamadou Coulibaly.
Dans une lettre adressée au Président du Conseil national de transition datée du 27 juillet 2023, mais rendue publique le 8 août, l’artiste Salif Keita avait également soumis sa démission « à compter du 31 juillet 2023 », pour des « raisons purement personnelles ». Le célèbre chanteur, qui a avait indiqué rester toujours « l’ami incontesté des militaires de mon pays », a été nommé une semaine plus tard Conseiller spécial du Président de la Transition.
Suite au décès de certains de ses membres, le CNT a aussi connu des changements en son sein. Décédé en janvier 2021, Abdrahamane Ould Youba a été remplacé par Sidi Mohamed Ould Alhousseini et l’ancien Président de l’ADEMA Marimantia Diarra, qui a tiré sa révérence le 23 juillet dernier, a été remplacé par l’ingénieur Oumar Maiga.
Décrets abrogés
Condamné le 14 septembre dernier à deux ans de prison, dont un ferme, pour « atteinte au crédit de l’État », le leader du mouvement « Yerewolo debout sur les remparts », Adama Ben Diarra dit « Ben le Cerveau », a vu son décret de nomination au CNT abrogé le lendemain de sa condamnation par le Président de la Transition.
Avant lui, Issa Kaou Djim, ancien grand soutien du Colonel Assimi Goita, avait connu le même sort. Poursuivi pour atteinte au crédit de l’État, interpellé sur la base du flagrant délit, placé en détention provisoire le 29 octobre 2021 puis libéré le 8 novembre 2021, l’ancien 4ème Vice-président de l’organe législatif de la transition avait vu son décret de nomination être abrogé 24h après par le Président de la Transition.
Arrêté pour son implication présumée dans une tentative de déstabilisation des institutions de la Transition, le Colonel Amadou Keita, qui occupait de hautes fonctions au CNT, a lui aussi été renvoyé de l’institution le 24 juin 2022, suite à l’abrogation de son décret de nomination.
Mise en place de délégations spéciales : la CODEM s’inquiète
À l’issue du Conseil des ministres du 18 octobre dernier, le gouvernement a annoncé la mise en place de délégations spéciales dans certaines collectivités territoriales, suite aux dysfonctionnements, irrégularités et insuffisances constatés après des missions de contrôle et de suivi effectuées par le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. À la CODEM, la pertinence « d’une telle décision à pareil moment » est mise en cause. Dans un communiqué daté du 27 octobre 2023, le parti de l’ancien ministre Housseini Amion Guindo déplore l’absence de transparence sur la désignation des collectivités territoriales concernées, s’interroge sur le suivi de la procédure légale en la matière et déplore la non dissolution des collectivités concernées au cas par cas, « seul préalable avant une telle décision, qui ne doit avoir aucun caractère global ». « Le parti CODEM suit avec beaucoup d’attention la mise en place desdites délégations spéciales, tout en souhaitant qu’elles soit faite avec objectivité et dans l’intérêt exclusif des collectivités concernées », précise le communiqué. Selon une source à la direction générale des collectivités territoriales, ces changements vont toucher les maires et conseillers communaux de Bamako notamment la Commune II, VI et le District. Les communes urbaines de Kayes, Ségou, Mopti, San, Bougouni, Kéniéba, Nioro du Sahel, Gao, Kita ainsi que certaines assemblées locales et régionales de ces localités.
Pour rappel, une délégation spéciale est une forme de gouvernance temporaire mise en place dans une municipalité ou une collectivité locale lorsque les organes normaux de gouvernance, tels que le conseil municipal, ne sont pas en mesure de fonctionner normalement. Cette mesure est généralement instaurée en réponse à une crise ou à des circonstances exceptionnelles qui empêchent le fonctionnement normal des institutions locales.
Diversifier les sources d’énergie : une solution à long terme
Le secteur de l’électricité au Mali est marqué par une forte dépendance à l’importation de carburants pour la production thermique. Selon une étude du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), en 2020 la capacité de production électrique était de 1024,92 MW, dont 835 MW pour l’ensemble d’EDM SA. Le thermique représentait 69%, pour 26,8% d’hydroélectrique et 4,2% de solaire.
En 2020, le Mali avait un taux d’électrification de 50,56% à l’échelle nationale – 96% en milieu urbain et 21,12% en milieu rural. Cela se traduisait par 10,24 millions de personnes ayant accès à l’électricité contre 10,01 millions n’y ayant pas accès. En milieu rural, 8,79 millions de personnes n’avaient pas accès à l’électricité.
Coûts et risques élevés
Malgré un potentiel important en ressource solaire, les coûts d’investissements dans les mini-réseaux solaires PV ne sont pas concurrentiels par rapport au thermique, note le rapport. Ceci s’explique par les nombreux risques d’investissement dans le contexte. Il en résulte un coût plus élevé de l’électricité produite par les mini-réseaux solaires PV. Mais l’investissement dans des actions publiques d’atténuation des risques peut créer des économies importantes et favoriser la réalisation des objectifs du Mali en termes d’électrification rurale par le biais de mini-réseaux solaires à l’horizon 2030. Le coût moyen de l’électricité produite par les mini-réseaux pourrait diminuer de 83,2 centimes de dollars US à 51,1 centimes par Kwh grâce à l’atténuation des risques.
Au Mali, la consommation finale totale (CFT) d’énergie a été estimée à 5 511 Ktep. Les produits pétroliers ont représenté 20% de cette consommation finale, soit 12% de la consommation de produits pétroliers dans l’espace UEMOA. L’électricité représente 5% de la CFT et 15% de la consommation d’électricité de la sous-région.
Selon la Commission de régulation de l’eau et de l’énergie (CREE), le coût moyen de l’électricité produite au Mali est inférieur à celui de la sous-région. En 2019, le tarif moyen de l’électricité par kilowatt était de 90 francs CFA pour un coût de production d’environ 120 francs. Un manque à gagner pour la société productrice qui est compensé par l’État en termes de subventions, même si celles-ci ne couvrent pas la totalité du gap, d’où des dettes importantes.
Ainsi, malgré des coûts initiaux d’installation élevés, l’énergie solaire présente la meilleure option, compte tenu du potentiel de notre pays en la matière. Représentant 51% de la puissance installée d’EDM SA, l’hydroélectricité, qui constitue également une énergie propre, a cependant ses limites. Les changements climatiques et la baisse du niveau des précipitations incitent à opter pour d’autres sources, comme le solaire ou l’éolien.