États généraux de la culture : Un initiative destinée à forger le « Mali Kura »

Le Premier ministre, le Général de Division Abdoulaye Maïga, a lancé,  le  jeudi 9 janvier 2025,  les États généraux des secteurs de la culture, du tourisme et de l’artisanat. Cet événement, qui se déroule jusqu’au samedi 11 janvier à Bamako, s’inscrit dans le cadre de la décision du Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goïta, de consacrer l’année 2025 à la culture.

Ce projet ambitieux vise à bâtir un « Mali Kura » un Mali nouveau, en transmettant les valeurs fondamentales maliennes aux générations futures tout en restructurant les secteurs culturels pour en faire des moteurs de développement économique et social.
Dans son rôle de Chef du Gouvernement, le Premier ministre Abdoulaye Maïga a rappelé, lors de la cérémonie d’ouverture, que ces assises ont pour ambition de diagnostiquer les forces et les faiblesses des secteurs concernés, tout en élaborant une nouvelle politique culturelle nationale. « Le Mali ne peut vivre en vase clos. Son histoire est façonnée par des interactions entre les populations locales et les influences extérieures, notamment le commerce transsaharien et la religion », a-t-il déclaré, insistant sur l’importance de revitaliser la culture comme outil de souveraineté et de rayonnement international. Il a exprimé ses attentes envers les participants, les exhortant à proposer des solutions concrètes et adaptées pour transformer ces secteurs en leviers stratégiques de développement.
Le ministre de la Culture, de l’Artisanat, du Tourisme et de l’Industrie Hôtelière, Mamou Daffé, a quant à lui mis en avant l’approche inclusive et participative adoptée pour ces États généraux, symbolisée par le concept « FUGA BA », qui signifie « grande vision » en bambara. « Ce moment appartient aux hommes de la culture », a-t-il affirmé, promettant de tirer pleinement parti de cette initiative pour impulser des changements significatifs dans les secteurs concernés. Le ministre a également souligné que ces travaux, organisés en 12 commissions, permettront de repenser les secteurs de la culture, de l’artisanat et du tourisme afin de les rendre viables, porteurs et générateurs d’emplois, tout en renforçant leur capacité à contribuer à la souveraineté culturelle et économique du Mali.
Ces assises visent également à répondre aux défis majeurs qui freinent l’essor des secteurs culturels au Mali, notamment le manque de financement, l’insuffisance d’infrastructures adaptées, la faible valorisation du patrimoine national et l’impact de l’insécurité dans certaines régions. Le Premier ministre a souligné que ces obstacles doivent être surmontés pour permettre à la culture de jouer pleinement son rôle dans l’édification d’un Mali nouveau.
Les recommandations issues de ces trois jours de travaux devront tracer une feuille de route claire pour la mise en œuvre d’une politique culturelle efficace. Parmi les priorités figurent la restauration des sites historiques, la promotion du patrimoine immatériel, la mise en place de circuits touristiques attractifs et le développement des industries culturelles et créatives. Ces efforts permettront non seulement de dynamiser l’économie locale, mais aussi de renforcer l’identité nationale et le rayonnement culturel du Mali sur la scène internationale.
Ces États généraux marquent une étape importante pour le Mali, où la culture, le tourisme et l’artisanat deviennent des piliers stratégiques. Avec l’engagement de tous les acteurs concernés, l’année 2025 pourrait devenir un tournant décisif pour la renaissance culturelle du pays

De la Conférence d’entente nationale au Dialogue inter-Maliens

Plusieurs fora ont précédé le Dialogue inter-Maliens, dont la phase régionale débute le 20 avril. De grandes rencontres entre les Maliens organisées pour faire le diagnostic de la crise dans le pays et trouver des solutions.

Qualifiée fin 2016 de « jalon important dans la réhabilitation de la cohésion sociale et du vivre-ensemble au Mali » par le Président de l’époque, Ibrahim Boubacar Keita, la Conférence d’entente nationale s’est tenue du 27 mars au 2 avril 2017.Cette Conférence était inscrite au chapitre 2 de l’Accord d’Alger de 2015 (abandonné par la transition en janvier 2024). Avant sa tenue, l’opposition, conduite par Soumaila Cissé, l’avait boycottée, avant finalement de rejoindre la salle où se tenait la rencontre, une présence qu’elle avait jugée symbolique par la suite. Plusieurs recommandations ont été faites à l’issue de la Conférence, dont notamment d’améliorer la gouvernance, la justice et la gestion des ressources publiques ; de criminaliser toutes les revendications basées sur la violence et l’usage des armes ou encore de négocier avec Iyad Ag Ghaly et Hamadoun Kouffa, les chefs du groupe terroriste JNIM. Alors que ces recommandations peinaient dans leur mise en œuvre, sera organisé deux ans plus tard le Dialogue national inclusif, une initiative censée trouver une solution à la crise sécuritaire et humanitaire que vivait le pays. Une nouvelle fois, l’opposition, par la voix de Soumaila Cissé, disparu le 25 décembre 2020, critiqua ce dialogue. Elle estimait que ce dialogue était « de la pure communication politique » et « une mise en scène ». Pour la plupart, les recommandations épousaient celles formulées lors de la Conférence d’entente nationale. En prenant en compte les phases locales, les participants se sont concertés du 11 au 30 décembre 2019 sur six thématiques (Paix, sécurité et cohésion sociale, Politique et institutionnel, Gouvernance, social, économie et finances et enfin Culture, jeunesse et sport). Les actions à réaliser ont été classées par priorité : court, moyen et long terme. Les participants demandaient, comme lors de la Conférence d’entente nationale, d’engager le dialogue avec les terroristes pour le retour de la paix, de procéder à une relecture de certaines dispositions de l’Accord pour la paix et la réconciliation, selon les mécanismes prévus à l’article 65 dudit Accord, ou encore de renforcer l’armée. Le coup d’État contre le Président IBK interviendra huit mois plus tard, en août 2020. Du 11 au 30 décembre 2021, les autorités de la Transition organiseront les Assises nationales de la refondation, avec pour objectif la naissance d’un « Mali Kura ». À la différence des dialogues précités, négocier avec les terroristes ne faisait pas partie des recommandations des ANR.