EDM : Où en est la mise en œuvre du « Plan unique » de fourniture du courant ?

Annoncé le 18 février dernier, le « Plan unique » du gouvernement prévoyait 19 heures de fourniture du courant par jour durant tout le mois de Ramadan. Quelques jours après le début de sa mise en œuvre, ses résultats sont mitigés.

Bien que des améliorations soient constatées depuis le 1er mars dans la fourniture du courant, les 19 heures promises par les autorités sont loin d’être atteintes à plusieurs endroits de la capitale et dans d’autres régions du pays.

Mardi 4 mars 2025, 9h15. Dans son atelier de soudure à Djicoroni Para, Chaka Konaté est en pause forcée. « Même ce matin, le courant n’est pas là. Nous l’attendons pour travailler », glisse-t-il, désabusé. « À notre niveau, il n’y a aucune amélioration. Nous continuons à subir les délestages. Nous avons appris la nouvelle des 19 heures par jour, nous nous en réjouissons, mais à notre niveau nous ne ressentons rien pour le moment », affirme le soudeur.

Cependant, il faut souligner que même en résidant dans une même zone, les populations ne subissent pas le même sort, en fonction des lignes de haute tension qui les alimentent. Ibrahim Diawara, tailleur à Djicoroni Para également, salue une nette amélioration à son niveau. « Avant, nous pouvions passer toute une journée sans travailler à cause des délestages. Maintenant, nous pouvons travailler toute une journée sans connaître de coupure d’électricité », se réjouit-il.

Même son de cloche chez Djemori Sogoré, habitant de Sébenicoro, en Commune IV du District de Bamako. Ce responsable d’une boutique d’alimentation générale constate une « très nette amélioration ». « Je ne saurais dire si nous avons réellement les 19 heures d’électricité par jour, mais très certainement nous en sommes à plus de 10 heures », indique M. Sogoré.

Selon nos propres constats et certains témoignages sur les réseaux sociaux, les 19 heures de courant ont été effectives par endroits à Bamako le week-end du début du Ramadan. Le 2 mars à Sogonigo, en Commune VI du District de Bamako, il n’y a eu que 5 heures de délestage en 24 heures. Mais le compte est loin d’être bon à l’intérieur du pays. À en croire une source à Mopti, la fourniture du courant n’a atteint que 6 heures par jour ces derniers temps.

Mohamed Kenouvi

Diversifier les sources d’énergie : une solution à long terme

Le secteur de l’électricité au Mali est marqué par une forte dépendance à l’importation de carburants pour la production thermique. Selon une étude du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), en 2020 la capacité de production électrique était de 1024,92 MW, dont 835 MW pour l’ensemble d’EDM SA. Le thermique représentait 69%, pour 26,8% d’hydroélectrique et 4,2% de solaire.

En 2020, le Mali avait un taux d’électrification de 50,56% à l’échelle nationale – 96% en milieu urbain et 21,12% en milieu rural. Cela se traduisait par 10,24 millions de personnes ayant accès à l’électricité contre 10,01 millions n’y ayant pas accès. En milieu rural, 8,79 millions de personnes n’avaient pas accès à l’électricité.

Coûts et risques élevés

Malgré un potentiel important en ressource solaire, les coûts d’investissements dans les mini-réseaux solaires PV ne sont pas concurrentiels par rapport au thermique, note le rapport. Ceci s’explique par les nombreux risques d’investissement dans le contexte. Il en résulte un coût plus élevé de l’électricité produite par les mini-réseaux solaires PV. Mais l’investissement dans des actions publiques d’atténuation des risques peut créer des économies importantes et favoriser la réalisation des objectifs du Mali en termes d’électrification rurale par le biais de mini-réseaux solaires à l’horizon 2030. Le coût moyen de l’électricité produite par les mini-réseaux pourrait diminuer de 83,2 centimes de dollars US à 51,1 centimes par Kwh grâce à l’atténuation des risques.

Au Mali, la consommation finale totale (CFT) d’énergie a été estimée à 5 511 Ktep. Les produits pétroliers ont représenté 20% de cette consommation finale, soit 12% de la consommation de produits pétroliers dans l’espace UEMOA. L’électricité représente 5% de  la CFT et 15% de la consommation d’électricité de la sous-région.

Selon la Commission de régulation de l’eau et de l’énergie (CREE), le coût moyen de l’électricité produite au Mali est inférieur à celui de la sous-région. En 2019, le tarif moyen de l’électricité par kilowatt était de 90 francs CFA pour un coût de production d’environ 120 francs. Un manque à gagner pour la société productrice qui est compensé par l’État en termes de subventions, même si celles-ci ne couvrent pas la totalité du gap, d’où des dettes importantes.

Ainsi, malgré des coûts initiaux d’installation élevés, l’énergie solaire présente la  meilleure option, compte tenu du potentiel de notre pays en la matière. Représentant 51% de la puissance installée d’EDM SA, l’hydroélectricité, qui constitue également une énergie propre, a cependant ses limites. Les changements climatiques et la baisse du niveau des précipitations incitent à opter pour d’autres sources, comme le solaire ou l’éolien.