Biennale artistique et culturelle : Tombouctou célèbre l’Année de la Culture 2025

Lors de sa session ordinaire du 17 janvier 2025, le Conseil des Ministres a adopté un projet de décret visant à institutionnaliser la Biennale artistique et culturelle, activité emblématique née en 1970. Cet événement s’inscrit dans le cadre de l’Année de la Culture, proclamée par le Président de la Transition, le Général Assimi Goïta, lors de son discours à la nation du 31 décembre 2024.

Depuis sa création en 1970, la Biennale artistique et culturelle est un espace d’expression des diversités artistiques et culturelles du Mali. Elle contribue à promouvoir le vivre-ensemble, tout en mettant en lumière les savoir-faire locaux et en renforçant le dialogue intercommunautaire. Pour cette édition, Tombouctou accueillera artistes, artisans, écrivains et chercheurs, offrant une vitrine exceptionnelle à la richesse culturelle de cette région mythique.
Des préparatifs en cours dans la cité des 333 saints
Rappelons Tombouctou sera l’hôte de l’édition 2025 après Mopti l’année passée. En effet, Tombouctou, ville historique classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, sera l’épicentre de cette grande célébration nationale.
La Cité des 333 Saint se prépare activement à accueillir l’événement. Depuis la passation officielle du flambeau à la région, les autorités locales, soutenues par les populations et la diaspora, ont mobilisé plus de 30 millions de francs CFA pour garantir le succès de la Biennale. Ces fonds serviront à financer la réhabilitation des infrastructures, notamment les lieux de spectacles et les espaces d’exposition, ainsi que l’organisation des nombreuses activités prévues.
Les spectacles artistiques incluront des danses traditionnelles, des ballets régionaux, des performances théâtrales et des concerts de musique moderne et traditionnelle. Des expositions d’artisanat et d’arts visuels permettront de valoriser les talents locaux, tandis que des conférences et ateliers porteront sur la préservation et la modernisation du patrimoine culturel.
Un levier économique et culturel pour la région
Outre son impact culturel, la Biennale aura des retombées économiques significatives pour Tombouctou et ses environs. En attirant des milliers de visiteurs nationaux et internationaux, l’événement stimulera le secteur touristique, redynamisera les industries créatives et favorisera la création d’emplois locaux. Les artisans et artistes auront également l’opportunité d’accéder à de nouveaux marchés et de renforcer leur visibilité.
Dans un contexte marqué par des défis sécuritaires et socio-économiques, cette Biennale représente un symbole de résilience et d’espoir pour la région. L’Année de la Culture proclamée pour 2025 reflète une volonté politique visant à renforcer la cohésion sociale et promouvoir la culture comme pilier de développement durable. Le Président Goïta a affirmé que cet événement national constitue une étape importante dans la refondation culturelle et sociale du Mali.
Des perspectives internationales
Comme mentionné dans les analyses publiées par Africa Income, la Biennale 2025 contribuera à positionner le Mali sur la scène internationale en tant que leader culturel en Afrique de l’Ouest. En plus de favoriser la coopération culturelle, elle renforcera l’image de Tombouctou comme carrefour de civilisations et lieu emblématique de dialogue entre les cultures.
Les bénéfices attendus ne se limitent pas au seul Mali. L’événement aura une portée régionale et mondiale, attirant des partenaires, des mécènes et des acteurs culturels désireux de participer à cette célébration unique. Ce rendez-vous marquera une nouvelle étape dans la valorisation du patrimoine malien, tout en réaffirmant l’importance de la culture comme vecteur de paix et de stabilité.
Tombouctou 2025 ne sera pas seulement un festival, mais un message fort de résilience, de diversité et de créativité, porté par une nation fière de son histoire et résolument tournée vers l’avenir.

Biennale : la reprise ne fait pas l’unanimité

Plus de 10 ans que la Biennale artistique et culturelle, dans sa forme initiale, est à l’arrêt. Le gouvernement du Mali entend la relancer en juillet prochain à Mopti, où elle devait se tenir après la dernière édition de 2010 à Sikasso. Alors que les autorités justifient leur démarche par une recommandation des Assises nationales de la Refondation (ANR), de l’avis de certains acteurs culturels, « la Biennale n’est plus nécessaire ».

La Biennale artistique et culturelle va revenir 6 ans après l’organisation de l’édition spéciale de 2017 à Bamako. Elle se tiendra du 6 au 16 juillet 2023 dans la Venise malienne. « Elle est une forte recommandation des ANR et une volonté politique affichée du Président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta. Elle s’inscrit également dans le cadre de la mise en œuvre du Plan d’action du gouvernement, du Cadre stratégique de la Refondation de l’État et de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, afin de répondre à une aspiration profonde des Maliens qui repose sur la paix, la quiétude, le vivre-ensemble, l’unité nationale », justifie Alamouta Dagnoko, Directeur national de l’Action culturelle (DNAC), structure en charge de l’organisation de l’évènement.

Le lancement officiel a été effectué à Mopti le 31 mars dernier, sur le thème « Le Mali, une histoire commune, une seule nation, un même destin », par Andogoly Guindo, le ministre en charge de la Culture. Signe que la reprise de l’activité culturelle est en bonne voie. Ce retour toutefois ne fait pas l’unanimité.

« La Biennale est une pratique d’un autre temps, certes populaire par la nostalgie du passé, mais imaginée pour prendre en charge des enjeux qui n’existent plus. Elle n’est pas en phase avec les réalités d’aujourd’hui et les enjeux de la culture et de la construction citoyenne. C’est d’ailleurs pourquoi les tentatives de reprise de l’événement ont échoué », a réagi l’opérateur culturel, Alioune Ifra NDiaye.

Selon ce dernier, à la place de la Biennale, il est souhaitable d’investir plutôt dans le développement d’un programme structurant, comme par exemple la création d’un réseau de diffusion sur l’ensemble du territoire. « Cela pourrait être un réseau de 70 équipements culturels, avec des espaces de 200 places en moyenne, capables de diffuser du théâtre, de la musique, de la danse, du cinéma, des expositions, des conférences-débats et d’accueillir des manifestations populaires. Ce qui ferait un potentiel de plus de 2 millions de spectateurs et de 10 080 dates par an pour les artistes et les acteurs culturels maliens », explique-t-il.