Transport aérien : pénurie de kérosène à l’aéroport de Sénou

À l’aéroport de Sénou, à Bamako, une pénurie de kérosène perturbe depuis quelques jours le déroulement normal des vols, entraînant des annulations et des reprogrammations. L’annonce provient d’un communiqué de l’Agence nationale de l’aviation civile du Mali (ANAC), ce 8 juillet 2024.

Dans une correspondance adressée à l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA), l’Agence nationale de l’aviation civile (ANAC) invite l’ASECNA à prendre les dispositions pour informer les usagers de la non disponibilité du Jet A1 à l’aéroport international Président Modibo Keïta de Sénou pour la période allant du 9 juillet 2024 au 15 juillet 2024.

Cette situation, préjudiciable aux compagnies de transport aérien, a entraîné une baisse de fréquence des vols au niveau de l’aéroport de la capitale malienne. Dans un communiqué rendu public ce 9 juillet, la compagnie Sky Mali, qui dessert quelques villes maliennes, a annoncé l’annulation de ses vols prévus pour le 10 juillet en direction de Kayes et de Tombouctou. Une situation regrettable pour la compagnie, pour laquelle il ne s’agit pas d’une première. Bamako étant sa base, elle  espère que d’ici le délai de 6 jours annoncé il y aura une solution. Mais cette situation entraînera forcément un coup sur l’exploitation, explique la compagnie.

Compagnies impactées

Ce n’est pas la première fois que l’aéroport de Sénou est confronté à une situation de manque de kérosène. Cette difficulté à fournir du carburant est consécutive à un problème d’approvisionnement, selon un acteur du domaine, qui souligne tout de même qu’ils ne sont pas en rupture. La contrainte serait due aux retards dans la livraison de Jet A. À cela s’ajoutent les travaux d’entretien sur les cuves de stockage de carburant.

Pour les compagnies aériennes, il s’agit de se réadapter en fonction des circonstances. Alors que la compagnie Ethiopian Airlines a été contrainte de modifier son horaire de départ pour son vol de ce 10 juillet, la compagnie Sky Mali a annulé ses vols à destination de Kayes et de Tombouctou et Turkish Airlines a annulé tous ses vols de la semaine.

Cette pénurie de kérosène à l’aéroport de Bamako au Mali oblige, selon le responsable de la communication de l’ASECNA – Mali, les avions à aller se ravitailler au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire ou au Sénégal. Ce n’est pas la première fois que l’aéroport de Sénou est confronté à ce genre de dysfonctionnements. En 2011, une situation similaire avait contraint les vols commerciaux desservant le Mali à se ravitailler au Burkina Faso et au Sénégal, deux pays voisins.

Transport aérien : Air France suspend ses vols vers le Mali, le Niger et le Burkina Faso

Air France a annoncé lundi la suspension de ses liaisons aériennes vers le Niger, le Mali et le Burkina Faso après la fermeture de l’espace aérien nigérien les militaires du CNSP.

« A cause du coup d’Etat en cours au Niger et de la fermeture de l’espace aérien et de l’aéroport de Niamey-Diori Hamani, Air France ne desservira plus l’aéroport Niamey-Diori Hamani jusqu’à nouvel ordre », a indiqué une porte-parole d’Air France dans une déclaration envoyée par email à Reuters. Air France a également suspendu ses liaisons aériennes vers Bamako, la capitale malienne, et Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, « jusqu’au 11 août inclus ».

Pour les autres destinations d’Afrique subsaharienne et d’Afrique de l’est, Air France prévient que la fermeture de l’espace aérien la contraint à réviser ses plans de vols. En conséquence, ces liaisons dureront entre 15 minutes et 2 heures de plus, pour le Tchad notamment.

Gouvernement – Groupe armés : jusqu’où ira la discorde ?

Le survol de Kidal, en milieu de semaine dernière, par des avions de l’armée malienne a exacerbé les tensions entre différentes parties signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger. Alors que la médiation internationale tente de trouver une voie pour la reprise du dialogue, le gouvernement malien et les groupes armés signataires campent sur leurs positions.

Que serait-il advenu ce 5 avril 2023 si, depuis le ciel du Septentrion malien, l’armée de l’air avait répondu aux tirs de sommation des combattants de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) en direction des avions de chasse qui ont survolé à basse altitude, selon plusieurs sources, certaines villes du nord dont Kidal ? Il n’en a en tout cas pas fallu plus pour que les ex-rebelles crient à une « violation patente du cessez-le-feu du 23 mai 2014 et une provocation grave opérée sous les yeux de la communauté internationale, garante des arrangements sécuritaires et de l’Accord pour la paix ».

À cette accusation à peine voilée les autorités de la Transition n’ont jusque-là officiellement pas réagi. Selon nos informations, elles ne souhaitent pas communiquer pour l’heure sur cette situation. Nos tentatives auprès de la Direction de l’information et des relations publiques des armées (Dirpa) pour plus d’informations sur l’opération de survol et les moyens mobilisés n’ont pas abouti.

Reprise des combats ?

L’Accord pour la paix et la réconciliation en lui-même est vacillant depuis des mois. En décembre 2022, les représentants des groupes armés signataires, réunis au sein du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement  (CSP-CSD) ont suspendu leur participation aux mécanismes de sa mise en œuvre.

Les différentes tentatives de la médiation internationale (Rencontre à Kidal avec les groupes armés, rencontre des groupes armés à Alger avec le Président algérien, réunion de la médiation à Bamako avec l’ensemble des parties…) pour que les différentes parties signataires reprennent le dialogue n’ont visiblement pas porté fruit.

Dans ce contexte, le récent « incident » de Kidal fait craindre à certains observateurs une nouvelle poussée de température entre le gouvernement du Mali et les mouvements armés, sans exclure une montée des tensions aboutissant à une reprise des combats armées entre les deux camps près d’une décennie après la fin des confrontations. Le 6 avril, sur les réseaux sociaux, des photos d’armes antiaériennes aux mains des mouvements signataires ont circulé lors de la célébration de l’unilatérale « indépendance » de l’Azawad. Une réponse, selon certains, au survol.

Mais, à en croire Dr. Aly Tounkara, spécialiste des questions sécuritaires au Sahel, un tel scénario est peu probable. « Quand on regarde depuis trois mois de part et d’autre les différentes déclarations qui sont faites çà et là, tout laisse entendre que des velléités sécessionnistes pourraient difficilement être déclenchées de nouveau, au regard de l’intérêt, en dépit de ces agissements, que les deux parties manifestent vis-à-vis des débuts d’accalmie que l’Accord a pu quand même instaurer entre elles depuis des années ».

Sauver l’Accord

La médiation internationale, garante du suivi de l’Accord depuis sa signature en 2015, tente de le sauver. D’ailleurs, le gouvernement de transition a toujours réitéré son attachement et son engagement à une mise en œuvre « intelligente » de l’Accord. Même s’ils semblent ne pas s’accorder sur les mêmes priorités que les autorités, les groupes armés signataires, de leur côté, restent également disposés à aller vers sa mise en œuvre.

Mais aucune des deux parties n’a pour l’heure réagi aux nouvelles « propositions concrètes » que la médiation internationale a indiqué leur avoir fait, dans un communiqué en date du 9 avril 2023. « Nous sommes en train d’étudier et de nous concerter sur ces propositions avant d’y répondre », nous a indiqué une source au sein des groupes armés qui n’a pas souhaité détailler les propositions en question.

Toutefois, selon certaines sources, il s’agirait, entre autres, de l’opérationnalisation de la Commission ad hoc sur la chaîne de commandement des forces reconstituées, d’un début de l’opération DDR sur un premier lot de 13 000 ex-combattants et de la mise à jour des arrangements sécuritaires sur le cessez-le-feu. La médiation internationale veut aller vite. Selon nos informations, elle envisage de rencontrer le gouvernement le 17 avril, avant d’élargir les discussions aux groupes armés signataires une semaine plus tard, à partir du 24.