Face à l’instabilité persistante au Mali, Mohamed Maïga, consultant – expert en Politiques sociales et territoriales, explique pourquoi les conditions actuelles ne permettent pas d’organiser l’élection présidentielle. Il explore les raisons de ce report, ses implications pour la transition politique et les réformes nécessaires pour stabiliser le pays. Propos recueillis par Massiré Diop.
Quel est votre point de vue sur la décision des autorités de reporter l’élection présidentielle prévue pour février 2024 ?
L’instabilité généralisée et l’insécurité au Mali rendent impossible l’organisation d’élections pour l’instant. Les ressources manquent et le fichier électoral n’est pas fiable. Avant de parler d’élections, les autorités doivent se concentrer sur la stabilisation politique et la mobilisation des fonds nécessaires.
Comment interprétez-vous l’absence d’une nouvelle date pour cette élection, malgré les engagements des autorités de la Transition ?
La lutte contre le terrorisme et la rébellion reste active, rendant difficile l’établissement d’une nouvelle date. Un dialogue constructif avec les acteurs locaux est essentiel pour avancer et le Mali doit éviter de devenir un terrain d’affrontement pour les puissances étrangères.
Quels sont les impacts immédiats de ce report sur la transition politique et sur la crédibilité des autorités aux yeux de la population et des acteurs internationaux ?
La crise actuelle nécessite des solutions durables. La crédibilité des autorités devrait se juger sur leurs efforts pour sécuriser le pays et apaiser le climat politique plutôt que sur le seul report des élections. Les acteurs internationaux doivent comprendre cette approche dans un contexte mondial tendu.
Comment ce report influence-t-il les relations du Mali avec la communauté internationale en général ?
La communauté internationale traverse une crise et n’accorde pas une priorité aux élections maliennes. Le Mali doit viser un compromis interne pour assurer une transition politique stable, sans se laisser influencer par des pressions extérieures.
Quelles réformes institutionnelles et politiques seraient nécessaires pour favoriser un retour à une gouvernance démocratique stable ?
La nouvelle Constitution est un bon point de départ. Sa mise en œuvre, la lutte contre la corruption et la décentralisation seront déterminantes pour offrir des services publics efficaces aux populations locales. La stabilité reposera sur l’accès des citoyens à ces services.
Dans quelle mesure les efforts des FAMa pour lutter contre les groupes extrémistes ont-ils été affectés par la situation politique ?
La lutte contre l’extrémisme reste une priorité. Pour des résultats durables, il faut intégrer une dimension politique à cette lutte, en engageant un dialogue avec les acteurs locaux, car l’absence de synergie a freiné les progrès.