Le bras de fer opposant les autorités et des entreprises minières opérant dans le pays se poursuit. Le Pôle économique et financier de Bamako a émis des mandats d’arrêt internationaux contre Mark Bristow, PDG de la société canadienne Barrick Gold et Cheick Abass Coulibaly, directeur général du complexe minier Loulo-Gounkoto, pour des accusations de blanchiment de capitaux et de violations des réglementations financières.
Ces accusations concernent des faits présumés survenus entre 2019 et 2023, liés à un différend sur le non-respect d’un accord financier entre Barrick Gold et le gouvernement malien, notamment en matière de paiement des taxes et impôts. En octobre 2024, Barrick Gold avait pourtant annoncé avoir trouvé un accord avec les autorités maliennes, acceptant de verser 50 milliards de FCFA (environ 80 millions d’euros) dans le cadre de négociations pour résoudre ces différends. Cependant, le gouvernement malien a ultérieurement accusé la société de ne pas avoir respecté certains engagements liés à cet accord, notamment en matière de responsabilité sociétale et environnementale, alimentant ainsi les tensions.
Cette action judiciaire s’inscrit dans un contexte de relations tendues entre le Mali et les compagnies minières internationales, exacerbées par des allégations de détournement de fonds et des litiges sur la répartition des bénéfices. Fin novembre 2024, quatre autres employés maliens de Barrick Gold avaient déjà été inculpés et placés en détention en attendant leur procès. Ces arrestations reflètent la volonté des autorités maliennes de renforcer le contrôle sur les opérations minières et les revenus générés par l’exploitation des ressources naturelles.
Parallèlement, la société minière australienne Resolute Mining a également été confrontée à des actions similaires. Le 8 novembre 2024, le PDG Terence Holohan et deux autres employés ont été arrêtés à Bamako lors de discussions avec les autorités maliennes concernant des différends financiers. Pour obtenir leur libération, Resolute Mining a accepté de verser 160 millions de dollars au gouvernement malien, soulignant ainsi la détermination de l’État à percevoir des revenus supplémentaires du secteur minier.
Ces événements s’inscrivent dans le cadre du nouveau code minier malien de 2023, qui vise à augmenter la participation de l’État dans les entreprises minières et à maximiser les bénéfices tirés des ressources naturelles du pays. Lors du Conseil des ministres du mercredi 4 décembre 2024, le gouvernement malien a décidé de prendre des parts dans plusieurs mines du pays, affirmant sa volonté de renforcer la souveraineté économique nationale.
Cette série d’actions judiciaires, combinée aux réformes législatives, reflète une stratégie plus large du Mali pour rééquilibrer les relations avec les multinationales minières et assurer une distribution plus équitable des richesses générées par l’exploitation de ses ressources naturelles. Toutefois, ces mesures suscitent des inquiétudes quant à l’attractivité du pays pour les investisseurs étrangers et pourraient avoir des implications significatives pour l’avenir du secteur minier malien.