Le Mali ne sera pas présent lors du prochain Sommet de la Francophonie, prévu du 4 au 5 octobre prochain à Villers-Cotterêts et Paris (France). Et la langue française y est désormais, avec les langues nationales qui sont les « langues officielles », une « langue de travail ».
Ce sommet, qui se réunit tous les deux ans, regroupe les pays ayant comme langue officielle le français. Il a pour but d’assurer le bon fonctionnement de la Francophonie dans le monde. Au Mali, après la nouvelle Constitution adoptée en juillet 2023, le français a quitté son statut de « langue officielle » et et classé comme « langue de travail ». Avant cela, le Mali avait été suspendu par l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) en 2021, suite au coup d’État. Mais l’organisation avait décidé de maintenir ses programmes de coopération multilatérale francophone. Le Mali, suspendu, était donc absent lors du 18ème Sommet, qui a eu lieu en Tunisie et qui avait pour thème « La connectivité dans la diversité : le numérique, vecteur de développement et de solidarité dans l’espace francophone ». Il sera aussi absent au prochain sommet, qui aura pour thème « Créer, innover et entreprendre en français ». Brahima Kanta, un enseignant, considère que « cette non participation au prochain sommet permettra de reconsidérer les partenariats traditionnels du Mali et d’affirmer une indépendance politique ». Toutefois, il pense que cela pourrait également signifier une perte d’opportunités diplomatiques et culturelles. Setigui Kamissoko, professeur de français à l’Institut de formation et des Maîtres (IFM) de Kita, estime que « nous ne devons pas nous inquiéter de cette non participation au sommet de la Francophonie. Je pense que ça n’aura pas beaucoup d’impact pour le Mali sur le plan international ».
Coexistence
Le français est omniprésent dans la vie de tous les jours, surtout dans l’administration, mais est considéré comme une langue étrangère par une grande majorité de la population. Son usage peine à s’imposer face aux langues nationales.
Kamissoko l’affirme : « aujourd’hui, le Mali veut tourner dos à la politique et à l’idéologie de la France, qui pense que la colonisation continue. En dehors des lieux de travail, on utilise peu le français. Même dans les bureaux, certains préfèrent répondre aux questions en langue nationale. On écrit en français et on parle en langue nationale ». M Kanta soutient la même chose. « Un glissement vers une valorisation des langues nationales est en cours. Néanmoins, une coexistence entre le français et les langues nationales permettrait de tirer parti des deux approches ».
Fatouma Cissé