À la tête de la CEDEAO depuis le 10 juillet 2023, Bola Tinibu, le Président du Nigéria, n’a pas le luxe de chômer. Depuis cette date, il a vécu le coup d’État au Niger contre Mohamed Bazoum, menacé d’une intervention militaire le pays, rétropédalé, assisté à l’annonce du retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de l’organisation. Il doit maintenant se pencher sur le report de la présidentielle au Sénégal, décidé par le Président Macky Sall et entériné par le Parlement lundi dernier. Sur ce dossier, la CEDEAO est très scrutée, notamment par les membres de l’Alliance des États du Sahel, qui, selon la gestion du cas du Sénégal, ne manqueront pas de crier « aux deux poids, deux mesures » ni d’arguments pour étayer leur décision de sortie. La CEDEAO est à un tournant et depuis plusieurs mois déjà nous avons l’impression de nous répéter. Elle passe au révélateur Sénégal dans un timing qu’elle aurait sûrement voulu différent. Dans son communiqué du 6 février, elle « encourage » la classe politique sénégalaise à prendre de toute urgence les mesures nécessaires pour « rétablir » le calendrier électoral conformément aux dispositions de la Constitution du Sénégal. En clair, même si elle ne le mentionne pas de manière explicite, selon certains elle invite au respect de la date du 25 février 2024 pour la tenue du scrutin présidentiel. De quels leviers dispose-t-elle pour faire pression ? Peu probable qu’elle décide de sanctionner le pays, alors même qu’elle essaye de préserver un semblant d’unité. Les divergences anglophones – francophones, déjà perceptibles autour de la monnaie unique ECO, pourraient être plus criardes, les premiers mettant un point d’honneur sur le respect des institutions et des principes démocratiques. Pour l’heure, tout ceci n’est que supputations. La CEDEAO, très attendue au tournant, est face à un nouveau dilemme.
EN CE MOMENT
29 novembre 2024
Le dilemme
À la tête de la CEDEAO depuis le 10 juillet 2023, Bola Tinibu, le Président du Nigéria, n’a pas le…