La France a officiellement rétrocédé la base militaire de Port-Bouët aux forces armées ivoiriennes, le 20 février 2025, marquant une étape significative dans les relations franco-ivoiriennes. Cette cérémonie, présidée par le Vice-Président ivoirien Tiémoko Meyliet Koné, en présence du ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, symbolise la fin d’une présence militaire française de plusieurs décennies en Côte d’Ivoire.
La base de Port-Bouët, située à l’entrée est d’Abidjan, a été établie en 1978, succédant au 4ᵉ Bataillon d’Infanterie de Marine (BIMa). Elle a abrité le 43ᵉ BIMa, unité héritière du 43ᵉ Régiment d’Infanterie Coloniale, jouant un rôle stratégique dans la coopération militaire entre la France et la Côte d’Ivoire. Durant la crise politico-militaire ivoirienne de 2002 à 2011, la base a servi de point d’appui pour les opérations françaises, notamment l’opération Licorne, visant à stabiliser le pays.
Les négociations pour la rétrocession de la base ont débuté en avril 2023, reflétant une volonté commune d’adapter la coopération militaire aux réalités contemporaines. Les discussions ont porté sur la réorganisation des forces françaises en Afrique et le renforcement des capacités des forces ivoiriennes. Aucune résistance majeure n’a été signalée, les deux parties s’accordant sur l’importance d’une transition harmonieuse. L’opinion publique ivoirienne a majoritairement accueilli favorablement cette décision, y voyant un pas vers une souveraineté renforcée.
Lors de son allocution du 31 décembre 2024, le Président Alassane Ouattara a annoncé la rétrocession imminente de la base militaire de Port-Bouët. Il a souligné que cette décision résultait de la modernisation continue des forces armées ivoiriennes et de la volonté de renforcer la souveraineté nationale. Pour honorer la mémoire du Général de Corps d’Armée Ouattara Thomas d’Aquin, premier chef d’état-major de l’armée ivoirienne, le Président a déclaré que le camp porterait désormais son nom.
Contrairement à la Côte d’Ivoire, plusieurs pays du Sahel ont opté pour une rupture plus abrupte avec la présence militaire française. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont exigé le retrait rapide des troupes françaises, souvent dans un contexte de tensions diplomatiques et de rapprochement avec d’autres partenaires. Le Tchad, en novembre 2024, a décidé de rompre les accords de coopération militaire avec la France, jugeant ces accords « obsolètes » et « surannés ». Cette décision a conduit à la rétrocession de la dernière base française au Tchad le 30 janvier 2025.
Le Sénégal, en novembre 2024, a également annoncé son intention de mettre fin à la présence militaire française sur son territoire, devenant ainsi la première nation démocratiquement gouvernée de la région à demander le retrait français. Cette décision s’inscrit dans une volonté d’affirmer la souveraineté nationale et de redéfinir les relations avec les partenaires étrangers.
Malgré la rétrocession, la France maintient une présence militaire réduite en Côte d’Ivoire. Un détachement de 80 soldats français demeure sur place pour assurer des missions de formation et de conseil auprès des forces armées ivoiriennes. Cette coopération est prévue pour une durée indéterminée, avec des évaluations régulières pour adapter les besoins. Les coûts associés à cette collaboration sont partagés entre les deux nations, reflétant un partenariat équilibré.
La réorganisation de la présence militaire française en Afrique s’inscrit dans une dynamique de redéfinition des partenariats stratégiques. Outre la Côte d’Ivoire, la France conserve des bases à Djibouti, où environ 1 500 soldats sont stationnés, jouant un rôle clé dans la surveillance maritime et la lutte contre la piraterie. Au Gabon, un contingent réduit est également présent. Face aux retraits successifs, la France explore de nouvelles stratégies pour maintenir son influence sécuritaire, notamment par le biais de coopérations renforcées avec des partenaires européens et africains.
Réactions des autres puissances mondiales
Les réajustements de la présence militaire française en Afrique ont suscité des réactions variées sur la scène internationale. Les États-Unis suivent de près ces évolutions, préoccupés par la montée en puissance d’autres acteurs sur le continent. La Côte d’Ivoire, tout en consolidant sa coopération avec la France, explore également des partenariats avec d’autres nations pour diversifier ses alliances stratégiques.
La rétrocession de la base de Port-Bouët symbolise une évolution majeure dans les relations franco-ivoiriennes, reflétant une volonté commune d’adapter leur partenariat aux défis contemporains. Cette transition, menée dans un esprit de concertation, contraste avec les dynamiques observées dans d’autres pays du Sahel, illustrant la singularité de la démarche ivoirienne.