Société




Conseil national de la jeunesse : vers un nouveau départ ?

Après des années de crise au sein du Conseil national de la jeunesse du Mali (CNJ), le top départ de…

Après des années de crise au sein du Conseil national de la jeunesse du Mali (CNJ), le top départ de la mise en place des nouveaux organes sera donné le 6 juillet 2024 avec l’élection des bureaux communaux sur toute l’étendue du territoire national. Si ce processus de renouvellement des organes de la faîtière de la jeunesse malienne suscite beaucoup d’espoirs pour la reprise normale de ses activités, certains acteurs dénoncent des irrégularités considérées comme les germes de nouveaux lendemains agités.

Le processus de renouvellement des organes du CNJ était menacé de blocage quand, dans un communiqué en date du 15 mai 2024, les Présidents des Conseils régionaux de Kayes, Tombouctou , Gao, Ségou, Sikasso, Koulikoro, Taoudenit, Mopti et Ménaka avaient rejeté la décision de son démarrage prise par le ministre de la Jeunesse et des sports et dénoncé une « volonté manifeste d’instrumentalisation de la jeunesse malienne pour un agenda inavoué ».

Mais le différend n’a pas duré. À l’issue d’une réunion entre les différents Présidents des Conseils régionaux et le ministre Abdoul Kassim Fomba, le 30 mai, les différentes parties prenantes sont parvenues à un accord pour une organisation plus inclusive du processus de renouvellement.

Cet accord, qui a mis fin aux tensions entre la Commission nationale chargée de la mise en place des organes du CNJ, les Présidents des Conseils régionaux et ceux des Conseils communaux, contenait trois mesures concrètes : l’implication de tous les acteurs dans le processus (Les Présidents régionaux, communaux et locaux), la diffusion des nouveaux textes, à travers la tenue d’ateliers de restitution organisés dans les régions et les communes de Bamako, et la mise en place de Commissions régionales et communales, composées d’un représentant de l’État, de membres du bureau sortant, d’experts et de représentantes des organisations féminines, pour superviser le processus de renouvellement.

Vieux démons

Si, dès lors, le processus de mise en place des organes du CNJ suit son cours normal, il n’est pas exempt « d’irrégularités » que certains jeunes candidats au niveau communal dénoncent. À Kayes, un collectif de candidats à la présidence du Conseil communal de la ville est monté au créneau le 23 juin dernier pour s’opposer à des tentatives d’ingérence, selon lui, de représentants du ministère de la Jeunesse et des sports dans le processus électoral.

À en croire ce collectif, le ministère en charge de la Jeunesse tente de manipuler le processus électoral en imposant un candidat au niveau communal, dans le but d’affaiblir les autres en vue des élections régionales à venir.

« Nous étions 9 candidats au niveau communal, mais lors du dépouillement toutes les candidatures ont été rejetées à l’exception d’une seule. Nous savons que c’est une manœuvre visant à nous affaiblir avant les élections régionales », a clamé l’un des membres du collectif dans une prise de parole en vidéo sur les réseaux sociaux.

Selon lui, les représentants locaux du ministère de la Jeunesse et des sports auraient tenté de favoriser le candidat en question en demandant aux autres responsables des associations de la jeunesse de former un consensus autour de sa candidature.

Par ailleurs, pour le collectif, qui demande la reprise des travaux de la Commission communale « conformément aux dispositions statutaires et au règlement intérieur du CNJ », le « candidat favorisé », étant déjà membre du collège local de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE), est frappé par les textes de cette structure, qui interdit à tout membre de postuler à des postes électif, politique ou syndical.

À l’instar de ce collectif de Kayes, un autre, réunissant des candidats aux postes du Conseil communal de la jeunesse de Kita a également vivement critiqué le processus électoral dans cette commune, dénonçant de nombreuses anomalies. Dans  une déclaration vidéo, le 29 juin 2024, le porte-parole de ce collectif s’est indigné de la violation par la Commission communale des 3 principes du CNJ, l’unité dans la diversité, la participation inclusive et l’équité dans l’effort, arguant que beaucoup de dossiers de candidatures au poste de Président avaient été rejetés « juste parce que les postulants ne faisaient pas partie du bureau sortant ».

Dans la commune urbaine de Ségou, en revanche, le processus semble plus inclusif, malgré des difficultés auxquelles a fait face au départ la Commission communale lors de sa mise en place. « Pour désigner les cinq représentants du Bureau communal sortant devant siéger au sein de la Commission communale, étant donné qu’il existait deux bureaux parallèles, nous avons dû trouver un consensus en choisissant deux représentants par bureau existant et le 5ème représentant du côté du RECOTRADE », explique Ibrahim Monzon Diarra, Vice-président de la Commission de la commune urbaine de Ségou.

« Mais dans d’autres communes rurales de la région de Ségou, cette situation  cause d’énormes problèmes, parce que le processus qui a abouti au consensus que nous avons pu avoir dans la commune urbaine n’a pas continué dans ces communes rurales. Cela fait que jusqu’à présent, dans certaines communes rurales, les dépouillements des dossiers de candidatures ne sont toujours pas effectifs », reconnaît-il.

Chronogramme en marche

Conformément à l’Accord du 30 mai, la Commission nationale chargée de la mise en place du CNJ a été mise sur pied et a établi son chronogramme. Suivant celui-ci, le dépôt des dossiers de candidature aux différents niveau des communes a débuté le 30 mai et a pris fin le 22 juin 2024. Le processus s’est poursuivi avec le dépouillement et la validation des dossiers de candidature sur toute l’étendue du territoire national.

« Le processus se passe très bien. Les jeunes ont postulé dans toutes les communes du Mali. Les Commissions ont étudié les dossiers et affiché les listes des candidats. Sur les fiches de dépouillement, il y a les dossiers validés et les dossiers rejetés, avec les motifs. Les dossiers rejetés ont eu 72h pour faire une réclamation. Ces réclamations ont été étudiées, certaines ont eu des suites favorables et d’autres non », indique Sidi Dicko, Président de la Commission nationale de mise en place des organes du CNJ.

« Les Assemblées générales électives des Bureaux communaux auront lieu ce samedi 6 juillet 2024 sur toute l’étendue du territoire national. Le vote se fera poste par poste », poursuit-il. Après les élections des Bureaux communaux, le processus de renouvellement des organes du CNJ se poursuivra avec, entre le 7 et le 10  juillet, le dépôt des dossiers de candidatures au niveau régional.

Le 13 juillet 2024 se tiendront les Assemblées générales électives au niveau des régions, du District de Bamako et de la diaspora. Les dépôts de dossiers de  candidature au niveau national auront lieu du 16 au 23 juillet et l’Assemblée générale élective du Bureau exécutif national du CNJ se tiendra le samedi 27 juillet 2024.

La suite du chronogramme prévoit la validation des listes des membres du Bureau exécutif national et des Bureaux régionaux, communaux et de la diaspora par une  décision du ministre en charge de la Jeunesse le 29 juillet 2024, suivie de l’organisation d’une cérémonie solennelle de la rentrée des élus le 1er août.

De cette date jusqu’au 10 août, la Commission nationale procédera à l’élaboration du rapport général de mise en place des organes, achevant ainsi le processus.